Disclaimer: Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si!

Couple: Harry / Draco.

Evaluation: M.

C'est pas bien, hein ?

Lys : Nan, c'est pas bien.

Bon, bah tant pis, j'essaierai de m'en sortir pour la prochaine fois…

Lys : Bon, salut les gens ! Vous devez vous demander POURQUOI un chapitre est posté une semaine (si je ne me trompe pas) après le précédent chapitre, non ?

Tous simplement parce que de charmants lecteurs m'ont rappelés que cette fic avait un an…

Lys : DEJA ?! O.O

… et donc, il faut bien fêter ça ! Oh, je suis toute émue… Je vous remercie tous d'être encore là après 1 an ! Merci à tous !

Lys : Elle a pas vraiment eu le temps de lire vos reviews, trop occupée qu'elle était à réviser ses partiels et terminer le chap…

Oui car, si j'ai coupé le chapitre 24 en deux parce qu'il était trop long, ça ne veut pas dire qu'il était terminé…

Lys : Sinon, nous avons une nouvelle annonce à faire !

En plus d'avoir demandé si des gens voulait bien me faire des petites illustrations (MERCI à ceux qui m'en ont envoyé, je vais vous répondre et les mettre sur mon blog !!!), je voulais savoir si quelqu'un était d'accord pour être ma bêta. Oui, je m'abaisse enfin à demander une bêta parce que relire 30 pages en une soirée, c'est pas faisable, j'en peux plus XD ! Donc si quelqu'un est intéressé… C'est juste pour corriger mes (nombreuses) fautes…

Lys : Sur ces mots, nous vous embrassons…

Et nous vous souhaitons un joyeux Noël (en retard) et une bonne fin d'année, en espérant que ce chapitre spécial Noël (la fic a fêté son anniversaire le 24 !) un peu en retard vous plaira !

Bonne lecture !


Chapitre 25

« Dray… ?

- Hum ?

- J'ai mal à la tête…

- Et tu as une haleine atroce, aussi. »

Complètement dans le cosmos, Harry hocha vaguement la tête. Draco pouvait imaginer derrière son visage tiré un mal de tête affreux, comme un gros nœud qu'on ne pouvait défaire. Il avait l'air vaseux, aussi. Il fallait dire que Fred et Georges n'y étaient pas allés mollo avec lui.

« Allez lève-toi. Tu vas prendre une douche, ça va te faire du bien. »

Le tatoueur fit un effort surhumain pour quitter son lit et sortir de la chambre, suivi de près par Draco. Ils se douchèrent, l'un victime d'une jolie gueule-de-bois, l'autre relativement bien dans sa tête. Il avait bu un peu, ce qui était inhabituel, mais pas de quoi en faire tout un drame. Mais la tête qu'avait Harry était mémorable, aucun doute qu'il s'en rappellerait longtemps. Néanmoins, il parut un peu plus réveillé une fois qu'il eut passé un coup d'eau froide sur sa tête et qu'il eut brossé ses dents.

« Maintenant que j'ai une haleine potable, tu veux bien m'embrasser ou tu préfères attendre que ma gueule-de-bois soit passée ?

- A mon avis, celle de Théo est pire que la tienne.

- Sauf que c'est moi que tu embrasses, pas lui. »

Encore heureux, songea Draco alors que Harry enroulait ses bras autour de son cou. Il ne manquerait plus que ça pour ce pauvre Théo qui allait sûrement faire un infarctus en visionnant les vidéos d'Angelina et les photos des jumeaux. Ron aussi, d'ailleurs, car il n'avait pas fini la soirée dans le meilleur des états, loin de là…

Ensemble, ils descendirent les escaliers et entrèrent dans la cuisine où se trouvait déjà Isaline qui préparait le déjeuner. Les amoureux regardèrent l'heure : une heure et demie. Ah oui, il était temps de manger, en effet…

« Ryry, tu as une tête affreuse.

- Dray me l'a déjà dit, merci.

- Tu veux un cachet ? »

Tout en se laissant tomber sur la première chaise venue, le brun hocha la tête. Blaise les rejoignit, encore en pyjama et l'air pas du tout réveillé. Isaline s'attela à la distribution de cachets tout en se moquant gentiment de ses deux zombis. Elle faillit éclater de rire en voyant Seamus et Théo arriver, complètement pommés et les yeux à peine ouverts, souffrant tous deux d'une sublime gueule-de-bois. Même Draco dut faire appel à tout son self-control pour ne pas éclater de rire en voyant les deux hommes arriver, les cheveux dans tous les sens et le visage brouillé par la cuite qu'ils s'étaient offerte la nuit dernière.

« Heureusement qu'il y a des toilettes au rez-de-chaussée, quand même…

- Tais-toi, Isaline, grogna Théo.

- T'aurais eu l'air malin avec le balai et la serpillère, tiens ! »

Draco lança un regard entendu à Harry qui détourna les yeux. Dans la nuit, ou plutôt très tôt le matin, il était sorti du lit pour se ruer dans la salle de bain et vomir une bonne quantité de ce qu'il avait mangé la veille. Puis il était revenu dans la chambre, un peu pâle, et s'était écroulé dans le lit sans un mot à ajouter. Il était encore un peu vaseux mais il semblait aller bien mieux que les deux autres zouaves.

« Bon, t'as fini, oui ?

- Théo, vous avez fait un bouquant pas possible, ça m'a même réveillée !

- Un rien te réveille, Tata, rétorqua Harry, son bol de chocolat au bord des lèvres.

- Nan mais là, ils vomissaient carrément leurs tripes, leur estomac flottait dans la cuvette des toilettes…

- Isaline, gémirent Seamus et Blaise.

- Toi aussi, Blaise ? S'étonna Draco.

- Ils ont fait trop de bruit, je pensais résister mais j'ai pas pu…

- En gros, je suis le seul à ne pas avoir vomi hier soir, c'est ça ?

- T'as vomi Ryry ? Demanda Théo en haussant un sourcil tandis que Harry hochait la tête.

- Ouais mais il a été plus discret et il n'a pas passé son temps à se lamenter dans les toilettes.

- Isaline !! »

Toute cette histoire semblait bien l'amuser, même si elle avait passé un début de matinée effroyable. Entendant du remue-ménage en bas, elle était descendue en catastrophe avec juste son peignoir sur le dos alors que Théo rendait le contenu de son estomac dans les toilettes. Elle lui tapota le dos jusqu'à ce qu'il ait terminé puis elle aida Seamus à en faire de même, ce qui n'était guère agréable pour la vue mais surtout pour le nez. Elle n'était pas délicate mais bon, ça lui donnait envie à elle aussi de dégueuler… Surtout que Blaise ramena sa fraise, le visage un peu trop pâle pour un métis… De vrais gamins…

« Et sinon, ta soirée avec ton médecin ? Demanda soudainement Draco.

- On est resté à la maison, finalement.

- Tu ne devais pas aller au restaurant ?

- Si mais on a changé nos plans, répondit la tatoueuse tout en lui resservant une tasse de café. C'était sympa. »

Alors que ses invités étaient en train de reprendre pied peu à peu dans la réalité, Isaline se remémora la soirée de la veille. C'était Allan qui avait insisté, donc ce n'était pas son père qui allait refuser, bien au contraire. Rémi s'absenta quelques minutes le temps d'appeler sa mère qui avait tenté de joindre alors qu'il était en train de conduire. Pendant ce laps de temps, Allan s'était glissé dans la cuisine et, timidement, il avait avoué à Isaline qu'il l'aimait bien.

Ces quelques mots avaient fait brûler un feu de joie dans son cœur. Jamais elle ne se serait attendue à ce que l'adolescent l'accepte aussi vite : il avait une mère et Isaline fréquentait son père. Elle s'attendait à un peu plus de résistance de sa part, il avait treize et c'était l'âge rebelle : on acceptait encore moins de choses à cet âge-là qu'à d'autres moments. La tatoueuse avait même pensé qu'Allan disait ça pour la piéger, mais elle avait toujours été douée pour lire dans les gens comme dans ses livres ouverts et l'adolescent était trop jeune pour pouvoir lui mentir ou essayer de la manipuler. Elle vit de la sincérité sur son visage, alors qu'il lui disait, tout en se tordant les doigts, que ça ne le dérangeait pas qu'elle fréquente son père.

Après cela, Rémi était revenu dans la cuisine et Allan était redevenu lui-même, fier et sûr de lui. Un léger sourire aux lèvres, Isaline avait préparé le dîner pour eux trois et ils avaient mangé dans la cuisine avant que Rémi n'insiste pour rentrer, vu qu'il travaillait le lendemain. Après avoir déposé un baiser sur les lèvres d'Isaline, il était parti avec son fils. La tatoueuse put donc se coucher avec l'esprit léger. Jusqu'à ce que des bourrins rentrant d'une fête d'anniversaire arrivent et dégueulent dans ses toilettes.

Ah, la jeunesse…

OoO

Le retour à la vie réelle fut quelque peu douloureux, en particulier pour Blaise qui commençait très tôt le lundi. Enfin, il avait eu tout son dimanche pour se remettre de ses émotions, mais cela n'avait pas suffi. Il n'aurait jamais pensé être autant épuisé par une fête d'anniversaire, et en même temps, il n'était pas habitué à ce genre de soirée dont le principe était juste de s'amuser. Enfin, d'un autre côté, il avait rarement fêté des anniversaires avec les jumeaux Weasley qui avaient tendance à resservir les invités en boisson tout en mettant une animation d'enfer, au point que personne ne se sentait plus forcé de danser ou de faire l'idiot.

Ces fêtes n'étaient que du bonheur, on s'amusait du début à la fin. Cela dit, les lendemains étaient difficile et, bien que nous soyons lundi, c'était quand même laborieux d'aller en cours malgré la journée de repos qu'il s'était donné pour se remettre sur pied. Blaise était resté chez Harry à faignanter devant la télévision, son meilleur ami et le brun calés l'un contre l'autre dans le canapé à côté de lui. Pendant ce temps-là, Isaline avait ramené Seamus et Théo chez eux et préparé une tarte aux pommes que les garçons avaient mangée en guise de goûter. Enfin, elle les avait ramenés chez eux à leur tour en ricanant : pas sûr qu'ils soient bien frais le lendemain malgré cette journée de repos.

Contrairement à Blaise, Draco s'en sortait plutôt bien. Il fallait dire qu'il avait moins bu que lui, en tout cas pas assez pour en tomber malade, mais il était quand même fatigué d'avoir autant bougé. Cela dit, la dispute qu'il avait eue avec Harry, loin des regards indiscrets, lui avait donné comme un coup de fouet : il était revenu sur terre et c'était lui qui avait guidé les autres quand ils avaient dû rentrer.

Draco lui avait raconté ce qu'il s'était passé et Blaise avait froncé les sourcils. De façon très sérieuse, il l'avait mis en garde : à être trop possessif et jaloux, ça allait se passer comme avec Seamus, sauf que ce serait lui qui finirait largué. Harry l'aimait et tenait à lui, mais il arriverait un moment où ça finirait vraiment pas péter. Il valait mieux éviter que cela arrive vraiment, car tous deux finiraient blessés. Harry avait pleinement confiance en lui, Draco devait en faire de même : il était inutile de se poser des questions sur Seamus qui ne lui arrivait même pas à la cheville, surtout dans le regard de Harry.

En l'entendant lui parler ainsi, alors qu'ils déjeunaient dans un restaurant asiatique du coin, Draco avait soupiré en lui disant qu'il commençait lentement mais sûrement à se remettre dans le droit chemin. Voir Harry avec les larmes aux yeux, ses émotions décuplées par l'alcool qu'il avait bu joyeusement, lui avait fait vraiment prendre conscience du ridicule de la situation. Il lui fallait bien quelque chose pour le réveiller, et cela avait été cette dispute.

Blaise soupira en se disant que Draco, même s'il était son meilleur ami et qu'il le connaissait bien, l'étonnerait toujours. Il avait presque l'impression de voir en lui et Harry la même situation que le blond avait vécu avec Seamus, même si leurs comportements respectifs étaient différents. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, Draco était fou de Harry et dépendait de lui, il avait secrètement besoin d'être rassuré. En même temps, on ne pouvait pas dire que Harry soit le « dominant » dans leur relation, il était tout aussi dépendant de Draco… Mais c'était quoi ce couple prise de tête ?

« M. Zabini, pourriez-vous suivre le cours s'il vous plait ?

- Mais je suis le cours !

- Non, vous êtes ailleurs. Tenez-vous droit et suivez un peu au lieu de rêvasser, je vous rappelle que vous avez des examens à la fin du semestre. »

Comme s'il n'était pas au courant… Il jeta un regard agacé à son professeur qui poursuivit le cours d'une voix monocorde, poursuivant son discours à la fois ennuyant et inintéressant. À côté de lui, Draco prenait des notes, son stylo plume glissant de façon rapide et sèche sur le papier, ne décollant quasiment pas les yeux de son papier. Blaise avait toujours admiré sa faculté à pouvoir suivre un cours sans intérêt ou ennuyant avec la même facilité que lorsque le cours était passionnant. La seule exception était les langues, et en même temps, Draco n'avait plus rien à apprendre en anglais et l'espagnol n'était pas une langue compliquée, du moins pour lui.

« Dray, j'ai faim, gémit Blaise d'un air pitoyable.

- Mange ton poing, répondit le blond du tac-au-tac.

- Isaline a une mauvaise influence sur toi. Tu crois que le prof va me jeter des craies si je mange un Twix ?

- Fais attention, les Babybel n'étaient pas discrets, la dernière fois, répliqua Draco sans quitter sa feuille des yeux.

- T'en veux ? Proposa le black. Je veux pas passer pour un goinfre. » (Note : véridique XD)

De la poche avant de son sac, Blaise sortit deux Twix et en posa un sur la cuisse de Draco. Alors que le professeur se retournait pour écrire sur le tableau blanc de l'amphithéâtre, le blond baissa les yeux et ouvrit le sachet de la confiserie alors que Blaise était déjà en train de l'avaler. Il faillit se faire voir du professeur qui leva la main, tenant sa craie, le menaçant de la balancer sur lui. Blaise lui fit un sourire angélique avant de regarder Draco.

« Mais qu'est-ce qu'il me veut, merde ? J'ai le droit de dormir si je veux !

- Blaise, tu fais parti des meilleurs éléments de cette année, les profs ne veulent pas que tu te perdes en chemin.

- Je risque pas de me perdre avec toi pour meilleur ami, grommela Blaise en fouillant dans son sac pour attraper un deuxième Twix.

- Ne prend pas notre amitié comme une corvée mais plutôt comme un point positif, répliqua Draco avec un léger sourire.

- T'en veux un ?

- Tu veux que je grossisse ?

- Ouais, t'es trop maigre. »

Blaise releva le nez et posa une confiserie sur la cuisse de son meilleur ami. Quand il voulut ouvrir la sienne, une craie atterrit violemment sur son crâne et il poussa un petit cri surpris, ce qui entraîna l'hilarité dans la salle et des remontrances de la part du professeur, excédé : ce crétin mangeait sous son nez en pensant qu'il ne le voyait pas !

Draco leva les yeux au ciel et, se laissant aller contre le dossier de son siège, il croqua dans le Twix sous les yeux stupéfaits du professeur qui se mit à gueuler de plus bel : même M. Malfoy s'y mettait ?! Mais où allait le monde ?!

OoO

On sonna à la porte d'entrée. Harry se leva du canapé et quitta le salon, où se trouvait sa tante, Nymph', Remus et Teddy, ainsi que Draco et Blaise. Ces derniers étaient venus juste après leur après-midi à l'hôpital. Enfin, Draco aurait préféré rentrer chez lui mais Blaise lui avait fait se yeux de chien battu, voulant à tout prix aller chez Harry : il avait réussi à obtenir une copie de la vidéo d'Angelina ainsi que des photos et le black voulait tout voir. Théo et Seamus devraient venir eux aussi, ils étaient attendus ainsi qu'Hermione et Ron. Enfin, à la base, rien n'avait été prévu, Harry avait juste planifié une soirée tranquille devant la télé. Sauf qu'il avait fait l'erreur d'appeler Ron pour le taquiner et la nouvelle avait été diffusée à la vitesse de l'éclair. Si Cho n'avait pas été occupée pour une soirée des plus romantiques avec sa bien-aimée, elle aurait ramené aussi ses fesses chez lui.

Harry arriva dans le couloir qu'il traversa, Liloute au garde-à-vous devant la porte. Il l'ouvrit et vit avec plaisir son parrain, un joli sourire sur le visage et ses cheveux un peu raccourcis après un tour chez le coiffeur. Harry lui sauta au cou, heureux de le voir : ça faisait un bout de temps qu'il n'était pas passé chez eux et il n'avait pas eu le temps de lui rendre visite. Sirius l'accueillit dans ses bras chaleureusement et déposa un baiser dans ses cheveux. Il avait l'impression de revivre quand il tenait son filleul dans ses bras et, quand ce dernier s'écarta de lui pour le laisser entrer, ses yeux sombres brillaient de mille feux.

« Comment tu vas, mon Harry ? Tu as l'air en forme. Tiens, tu ne t'es pas refait tes mèches ? S'étonna Sirius tout en prenant une Liloute surexcitée dans ses bras.

- Si et je me suis coupé un peu les cheveux, ça partait dans tous les sens, répondit Harry en passant une main dans sa chevelure noire aux mèches pourpres.

- Je ne veux pas te vexer, mais on ne peut pas dire que tes cheveux soit très disciplinés, d'habitude, répliqua Sirius tout en retirant ses chaussures. T'es bien comme ton père toi !

- Nan mais c'était pire que d'habitude, là…

- T'as pas changé la couleur aussi ? C'était plus pétant, avant, remarqua son parrain.

- Si mais Draco voulait que ça soit moins pétant alors j'ai changé un peu. »

Bon, en soi, la couleur était toujours la même, sauf que les mèches n'étaient plus écarlates mais bordeaux. Dimanche, Harry avait dit à Draco qu'il passerait au coiffeur le jour suivant, ses cheveux devenaient vraiment du grand n'importe quoi. Et vu qu'ils n'étaient jamais coiffés, pour que Harry dise lui-même qu'ils ne ressemblaient à rien, c'était que, vraiment, leur état était lamentable. Draco lui avait répondu que, en effet, ça commençait à devenir grave mais c'était comme tout, il s'y était fait. Cela dit, tant qu'à faire, autant qu'il se fasse des mèches bordeaux. Ça changerait un peu. Harry avait alors décidé de « changer un peu », histoire de lui faire plaisir.

Ensemble, ils se rendirent dans le salon. Isaline se leva et se jeta sur Sirius pour lui faire un gros câlin, comme si ça faisait des mois qu'elle ne l'avait pas vu. Tout le monde vint embrasser Sirius qui riait en serrant des mains et embrassant des joues. Il finit par attraper Teddy dans ses bras et le caler sur ses épaules, ce qui faisait glousser l'enfant. Puis, on sonna à nouveau et Harry alla ouvrir, découvrant Théo, Seamus, Millicent, Ron et Hermione sur le pallier. Il fut étonné de les voir tous là en même temps jusqu'à se rappeler que Ron était censé chercher les garçons en voiture, les deux filles revenant de leur fac de droit. Harry serra donc la main des hommes puis il fit la bise aux filles, jetant un rapide regard à Seamus sans s'attarder sur lui, même si le jeune homme semblait particulièrement heureux de le voir.

Tout le monde alla dans le salon qui accueillait un peu trop de monde selon Harry, ce qui, par contre, ne dérangeait pas du tout de sa tante qui était aux anges. Il monta dans sa chambre chercher le CD et redescendit pour voir que tout le monde avait pris ses aises : les uns étaient sur le canapé et les autres assis par terre, ce qui ne semblait gêner personne. Haussant les épaules, sans penser que les « vieux » n'avaient rien à faire là, Harry alluma le lecteur et la télévision, inséra le disque. Puis, quelques secondes plus tard, le film se mit en marche tandis que Harry s'asseyait entre l'accoudoir et Draco, qui passa un bras autour de ses épaules.

La vidéo parut durer des heures, parmi lesquelles tout ne fut plus que rires éclatants, hurlement révoltés et cris de surprise. Angelina se tenait derrière la caméra et elle filma les préparatifs de la fête d'anniversaire, montrant les jumeaux et les autres décorer le salon, puis ils virent Théo se faire plaquer sur un lit et dévorer de baisers par Fred et Gorges, de grosses marques de rouge à lèvres plantées sur son visage, puis ce fut au tour de Ron. Les deux concernés poussèrent des cris de protestations alors que Sirius et Nymph' pleuraient de rire. Puis la fête débuta, Angelina zoomait sur Ron et Hermione, ces deux-là rougirent comme des tomates trop mûres, puis sur Théo s'enfilait un verre, avant de braquer l'objectif sur Fred et Georges qui entamaient une valse ensemble.

Puis vint le moment où Théo et Seamus se jetèrent sur la piste, rapidement suivis par Harry et Draco, ce qui entraîna une sorte de défi entre eux, à celui qui danserait le mieux. Isaline et Nymph' sautèrent sur le pauvre Théodore en lui hurlant qu'il n'était qu'un homo refoulé, ce à quoi le jeune homme répondit qu'il était bourré et que ça comptait pas ! Il eut beau protester comme quoi il n'était pas une tarlouze efféminée refoulée, les deux femmes gloussaient en le voyant se dandiner avec Seamus dans les bras, ce qui faisait bien rire Sirius aussi.

Alors que Harry cachait sa bouche de sa main, dans une vaine tentative de masquer son hilarité, il sentit le souffle de Draco dans son cou, alors que ce dernier embrassait tendrement la peau fragile et sensible. Le brun tourna légèrement la tête vers Draco, croisant son regard, ces yeux bleu gris qui brillaient doucement. Il déposa ses lèvres contre les siennes, lui offrant un léger baiser tout en tendresse. Sauf qu'un pachyderme vint les déranger avec l'élégance d'un hippopotame.

« Et pourquoi on me fait chier alors que ces deux-là s'embrassent devant vos yeux ?! S'écria Théo en levant un doigt accusateur vers les deux coupables.

- Parce qu'on est des tapettes, des vraies, répondit simplement Draco, ce qui fit rire Blaise et Millicent.

- Et alors ? Ça veut dire quoi, ça ?

- Simplement que t'es en passe d'en devenir une », répondit Harry en tirant légèrement la langue.

Théo explosa littéralement mais c'était sans compter Isaline et Nymph' qui en rajoutèrent une couche alors que, à la télévision, les couples avaient déjà changé, et c'était à présent Harry qui dansait avec Seamus. Mais cette scène ne dura pas longtemps et Angelina passa à autre chose, filmant par exemple Millicent en train de se faire draguer par un Blaise en manque d'amour ou encore Ginny en train de discuter avec Marietta.

La vidéo se poursuivit, montrant des délires inimaginables qui emplirent le salon de rire : les jumeaux avec des bouteilles dans les mains, Harry qui boit sa énième coupe de champagne, Cho qui court dans les toilettes pour vomir, Ginny gloussant comme une dinde avec une coupe dans la main, Hannah et Neville se pelotant dans un coin, Olivier emmenant une Millicent pompette sur la piste, Marietta planquant sa petite amie dans le canapé pour lui rouler la pelle de sa vie, Ron mangeant une part de gâteau avec l'élégance d'un petit cochon alors que Hermione qui tente d'avoir une conversation civilisée avec Draco, ce qui semble perdu d'avance vu son état, et le blond regarde avec étonnement Blaise danser la Macarena avec Ron, Angelina, Marietta et Cho. Côté danse, le pire fut quand le couple de filles, Angelina et Ginny se mirent à danser sur Caramell dansen, rapidement accompagnées par les jumeaux Fred et Georges ainsi qu'Hannah... et terminer par la Danse des canards

Une soirée mémorable…

OoO

La veille, il avait appris que Cédric Diggory serait libéré courant avril. Aucun doute que Harry allait recevoir, dans les jours à venir, un courrier mentionnant ce fait. Il pouvait presque imaginer son visage alors qu'il lisait les caractères noirs imprimés sur la feuille blanche. Il pouvait presque voir son visage pâlir, son regard s'éteindre, et son cœur battre plus vite à l'idée qu'il serait à nouveau en liberté.

D'un autre côté, Cédric ne pourrait pas rester éternellement en prison. Il n'avait pas commis de meurtre ou de crime abject et sa peine était déjà bien lourde. Néanmoins, ce qu'il avait fait à Harry avait laissé de graves séquelles en lui et des peurs qui ne seraient jamais totalement apaisées. Bien sûr, Cédric n'avait pas le droit de s'approcher de Harry, c'était évident, mais Marcus n'avait aucun doute : il essaierait de se rapprocher de Harry, à tout prix, et de la façon la plus lente possible afin de regagner sa confiance.

Marcus était allé le voir quelques jours auparavant afin de prendre de ses nouvelles. Cédric avait paru heureux de le voir. Il semblait aller mieux et ils discutèrent longtemps : il avait besoin de parler à quelqu'un, de se confier, surtout qu'il pensait qu'il ne reverrait plus jamais Marcus. Sauf que ce dernier n'était là que pour deux raisons. La première était qu'il voulait savoir dans quel état d'esprit Cédric se trouvait, savoir s'il comptait aller en France pour retrouver Harry ou rester sagement en Angleterre. La deuxième raison était qu'il voulait être sûr de ne plus rien éprouver pour lui.

La conclusion était simple. Cédric, malgré ses propos, irait à Paris pour retrouver Harry. C'était clair comme de l'eau de roche, rien ni personne ne parviendrait à le retenir. Comprenant cela, Marcus lui avait demandé de se tenir tranquille car il ne serait pas là pour réparer les pots cassés. Alors Cédric avait froncé les sourcils, sans comprendre, et son visage se brouilla quand Marcus lui annonça qu'il sortait avec Olivier Dubois. Qu'il se sentait bien avec lui. Cédric s'était alors mis en colère, lui interdisant de fréquenter ce type, le traitant de tous les noms possibles et inimaginables. Marcus l'avait écouté en silence, comme s'il approuvait ses dires.

Et alors que son ami lui ordonnait de quitter cet homme qui ne valait absolument rien, qui se foutait de lui, hétéro pur et dur, Marcus se disait que ce qu'il ressentait autrefois pour Cédric s'était définitivement évaporé. Enfin, il restait encore quelques traces, mais rien qui ne lui permette de revenir en arrière. Marcus se leva donc et demanda à son ami de ne pas faire de bêtises, Harry ne méritait pas cela. Alors Cédric avait ricané en lui demandant depuis quand il s'intéressait à lui.

« Depuis qu'il s'est retrouvé à l'hôpital à cause de toi. »

Marcus avait quitté la pièce en laissant un Cédric Diggory pâle et la tête baissé, dans un signe de remord sincère. Sur un coup de tête, il décida de prendre quelques jours de repos et aller à Paris, chez Olivier. Il avait envie de le voir, sa vie monotone à Londres avait quelque chose déprimant. Il faisait froid, le ciel était gris et il ne cessait de pleuvoir.

Cela faisait quelques semaines qu'il n'avait pas vu Olivier et il éprouvait déjà le besoin de le revoir. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Peut-être parce que voir Cédric lui avait à nouveau prendre conscience de ce qu'il était : un type pas très beau avec un travail pas très bien payé dans un quartier pas très bien fréquenté. Avec les dents un peu jaunies à cause du tabac, les cheveux pas très bien coiffés et le regard sombre. Pas le genre d'hommes qui intéressait les femmes, ni même les hommes. Ou alors Marcus ne les apercevait pas. Pourtant, Olivier avait su trouver quelque chose de pas trop mal dans cet amas d'idées noires, il semblait éprouver autre chose que de la répugnance quand il l'embrassait et, quand il le touchait, cela semblait tellement naturel que Marcus en avait des frissons.

C'était con à dire, mais Marcus avait besoin d'être rassuré, d'être certain que tout cela n'était pas un rêve. Il voulait être sûr qu'Olivier pensait toujours à lui, que ces petits espoirs qu'il avait laissé entrevoir n'étaient pas des illusions. Il ne savait pas vraiment où il allait, il savait juste qu'il laissait son ami derrière lui. Il fallait croire qu'il n'était pas aussi solide qu'il en avait l'air, et qu'il y avait en lui quelques failles. Alors Marcus avait appelé Olivier, lui demandant s'il pouvait passer. Après avoir hésité quelques secondes, il avait accepté, en lui disant qu'il s'arrangerait avec Cho. Puis, il avait raccroché.

A présent, il se retrouvait dans le train le menant en France, assis dans un siège peu confortable, en train de regarder vaguement par la fenêtre. Un livre était posé sur ses genoux, un roman sombre de John Connolly, mais il avait du mal à se concentrer sur sa lecture. Marcus était le genre de personne qui avait besoin de tout planifier, de penser à tout. Vu qu'Olivier ne viendrait pas le chercher, il devrait donc emprunter les transports en commun, ou alors un taxi, mais il préférait faire quelques économies. Marcus menait une vie modeste et il n'aimait pas les dépenses inutiles, déjà qu'il payait les transports pour aller en France et à la prison…

Ainsi, pendant de longues minutes, Marcus se vit en train de regarder le plan du métro parisien, composter son ticket, attendre dans les rames que les stations défilent avant d'enfin arriver à celle qui se trouvait à une vingtaine de minutes à pied de chez Olivier. Il devrait donc emprunter le bus, et il ferait déjà nuit, à cette heure-là. Les yeux mi-clos, Marcus se vit dans un bus à moitié plein avec sa valise, puis marcher dans les rues sombres avant d'atteindre l'appartement d'Olivier. Il se sentait épuisé à la simple idée qu'il aurait tout ce chemin à parcourir pour le rejoindre chez lui.

De longues minutes plus tard, le train s'arrêta à la gare. Avec des gestes mécaniques, Marcus Flint récupéra ses affaires et quitta le wagon. Il avait l'impression d'être comme tous ces passagers, se fondant dans la foule, avec la seule hâte de rentrer chez soi, ou plutôt de trouver un lit confortable où dormir. Sa seule consolation était qu'il n'aurait pas à supporter la présence de Cho Chang, vu qu'elle passerait quelques jours chez sa petite amie. D'ailleurs, Marcus ne comprenait pas pourquoi cette fille avait viré lesbienne. Elle l'était déjà avant mais elle était sortie avec Cédric et elle paraissait sincèrement amoureuse de lui. La nature était parfois étrange…

Marcus fit quelques pas, traînant sa valise, les yeux dans le vague. Il y avait trop de monde sur le quai, des gens stationnaient en plein milieu, d'autres poussaient ou tentaient de se créer un chemin par la force… Marcus ne laissait pas sa part au chat non plus, lançant des regards acérés à ceux qui osaient le toucher ou bousculer sa valise.

« Marcus !! »

L'homme leva le nez, étonné. Il chercha des yeux l'origine de cette voix avant d'apercevoir Olivier qui tentait de se frayer un chemin parmi la foule, bousculant accidentellement des mamies qui rouspétèrent après lui. Bien que son visage demeurât de marbre, Marcus ressentit au fond de lui un sentiment de soulagement qui lui gonfla le cœur. Olivier était venu le chercher et cela suffisait à lui retirer sa morosité du cœur.

Olivier se planta devant lui, l'air un peu bête. Enfin, Marcus trouvait son air un peu bête.

« J'ai pu me libérer. Tu viens ? »

Marcus secoua la tête, alors qu'Olivier prenait sa valise d'un geste adroit et vif. Marcus allait ouvrit la bouche quand le joueur de football lui glissa à l'oreille qu'il lui avait manqué. Alors Marcus esquissa le premier sourire de la journée, et le suivit hors de la gare, en se disant qu'il passerait un bon séjour à Paris.

OoO

D'un geste las, Théodore Nott ouvrit la porte de l'appartement qu'il referma derrière lui. Pendant quelques secondes, il s'y appuya, avant de se ressaisir et pendre son manteau, puis retirer ses chaussures. Traînant les pieds, il entra dans la cuisine et prépara le repas, de simples pâtes, qu'il mangea seul dans le canapé devant la télévision.

Il y avait des moments, comme ça, où avoir un colocataire n'était pas aussi embêtant que cela en avait l'air. L'avantage était que, quand il y avait quelqu'un, dîner seul était relativement rare, à moins que l'autre ne sorte régulièrement le soir, ce qui n'était pas vraiment le genre de Seamus. Du moins depuis qu'il ne sortait plus avec Dean, qui l'emmenait souvent dehors. Mais Seamus était célibataire et il avait peu d'amis, ou du moins n'étaient-ils pas assez proches de lui pour qu'il ait envie de sortir avec eux. Les rares fois où il était absent au dîner, c'était quand il allait voir ses parents. Sauf que ce soir, c'était une exception : il s'était fait kidnappé par une dangereuse criminelle du nom de Cho Chang.

En effet, Seamus avait accepté de poser pour elle, vu qu'elle avait besoin d'un modèle. Pas un seul instant, il ne s'était douté de la torture qu'il allait subir, et ce n'était certainement pas Théo qui allait l'en informer : si Seamus acceptait, Cho laisserait forcément les autres tranquilles et elle n'aurait pas à trouver une autre idée farfelue pour son devoir. Ainsi, l'irlandais avait passé l'après-midi avec elle et Marietta qui, à tous les coups, en avaient fait ce qu'elles voulaient.

D'après ce qu'il avait compris, ou du moins ce que Harry lui avait expliqué, Cho comptait prendre un homme en photo et le faire passer pour une femme sur les clichés. Il lui fallait donc un homme avec des petites choses féminines, telles que les mains, ou du moins ne pas ressembler à Olivier qui avait une carrure des plus masculines. Elle avait d'abord pensé à Draco qui avait de très belles mains, selon elle, mais Seamus semblait plus indiqué pour cette tâche.

Sur un ton de confidence, Harry lui avait révélé que Cho et Marietta comptait épiler les jambes, voire même le torse si besoin, de Seamus, ou même ses bras. Théo avait alors esquissé un léger sourire et, malgré la demande de Harry, il refusa de le dire à son colocataire : ce dernier lui avait fait une mauvais blague récemment en fourrant avec ses sous-vêtements et ses tee-shirts blancs un pull rouge qui déteignait au lavage, rendant ainsi ses caleçon roses, ce qui était un tantinet ridicule. Cette séance de beauté lui ferait certainement le plus grand bien…

Théo partit dans la cuisine pour laver son assiette, puis il sortit ses deux pythons de leur vivarium, installant Sahara près de lui sur le canapé tandis qu'il caressait les écailles de Crystal, posée sur ses épaules. Il prit la télécommande et changea de chaîne, arrivant directement sur Les experts Miami. Il se dit que, tant qu'à faire, autant regarder Horatio Caine résoudre son enquête plutôt que de changer de chaîne et se rendre compte à quel point les programmes télé étaient mal fichus.

Alors qu'il s'installait confortablement dans le canapé, la porte d'entrée s'ouvrit et quelque chose ressemblant à un hippopotame en train de rendre l'âme s'écroula dans l'entrée, poussant un gémissement d'agonie.

« Je suis crevé !!

- Alors meurs en silence.

- Tu m'avais pas dit que c'était aussi crevant ! En plus, elles m'ont épilé, ces garces ! »

Cela expliquait pourquoi elles l'avaient gardé aussi longtemps : il était parti depuis onze heures du matin et il était presque neuf heures. Il fallait du temps avant que les rougeurs dues à l'épilation disparaissent.

« Tu t'épiles pourtant, nan ?

- Mais seulement quand je suis en couple, et pas les jambes entières ! Et elles m'ont obligé à m'épiler le torse ! Alors que j'ai rien du tout ! »

Ah oui quand même, songea Théo sans quitter l'écran des yeux. A tous les coups, comme Seamus était brun, il devait y avoir un peu de duvet sur son torse ou près de son bas-ventre, ce qui n'avait sans doute pas plu aux deux filles : elles voulaient un homme qui ressemblait à une femme, pas un gorille. Bien que Seamus soit certainement l'un des hommes les moins poilus que Théo ait vu dans sa vie, avec Harry. Sauf que ce dernier n'était pas un adepte des bandes de cire, ayant été traumatisé à vie par Nymph' qui voulait savoir comment ça marchait et qui les avait essayées sur lui.

« En plus, Cho est trop exigeante, elle est jamais contente… »

Seamus arriva dans le salon et se laissa tomber à côté de Théo, épuisé.

« Je me ferai plus jamais avoir ! »

Seamus poursuivi son récit palpitant, décrivant chaque phase de la séance qui s'était étirée pendant des heures, entre épilation, maquillage et coiffage, puis prises de photos, critiques, reprises, fous rires et grignotage. Seamus s'était autant amusé qu'énervé, ne cessant de contredire Cho qui lui donnait des ordres plus ou moins faciles à suivre, mais la journée s'était plutôt bien terminée. Ils s'étaient quittés en bons termes même si Seamus lui avait bien fait comprendre qu'il lui faudrait une très bonne raison pour qu'il pose à nouveau pour elle. La chinoise lui avait fait un sourire innocent, l'air de dire « je vois pas pourquoi tu dis ça ».

« Tu as dîné ?

- J'adore ta compassion, Théo… Oui, Cho m'a invité chez ses parents, c'est pour ça que je suis rentré tard. Bref, et toi, ta journée ? »

L'étudiant haussa les épaules : c'était une journée comme les autres, où il avait étudié et passé quelques heures chez un lycéen qui avait besoin de cours à domicile, ayant beaucoup de mal en physique. Théo avait toujours été assez bon dans cette matière, comme en mathématiques. Il avait toujours trouvé ça assez logique, les points perdus étant souvent des erreurs d'inattention qui faisaient foirer tous les calculs. Puis, il était rentré chez lui.

« Je vais me laver. »

Théo acquiesça et Seamus se leva pour aller prendre sa douche. A nouveau seul, il tenta de se concentrer sur le film mais il avait perdu le fil, il regarda donc les images défiler avec plus ou moins d'attention.

« Tu peux y aller. »

Seamus était revenu, portant un simple peignoir beige qui s'arrêtait à ses genoux et ouvert sur une partie de son torse, révélant ses jambes pâles et imberbes ainsi que sa gorge dénudée. Quelque chose en Théo se mit à rugir et il sentit ses joues rougir. Précipitamment, il retira Crystal de ses épaules et partit dans la salle de bain, dans laquelle il s'enferma.

Dos contre la porte, il se prit la tête dans les mains. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, en ce moment. Ou, plutôt, depuis sa fête d'anniversaire. Depuis qu'il était rentré chez lui, Théo se sentait particulièrement troublé par Seamus. Ils avaient dansé ensemble, leurs corps avaient été proches, et cela s'était fait avec tellement de naturel que, après coup, Théo en était chamboulé.

Il était hétéro, merde ! Il avait horreur des homosexuels, surtout ceux qui se comportaient de manière efféminés. Seamus était le pire exemple, il se comportait comme une tapette, il s'épilait, se rasait, mettait des heures à choisir ses vêtements, à se coiffer… Il draguait dans la rue, il faisait ses yeux de biche aux premiers beaux gosses venus. Théo n'avait fait ça que pour rigoler et parce qu'il avait un peu bu. Cela aurait dû en rester là, et c'était le cas pour Seamus, mais lui, il n'arrêtait pas de penser à ça. De penser à leur façon de danser, au sourire de son colocataire et de sa main qui prenait fréquemment son bras de façon naturelle et innocente.

Sans qu'il ne s'en aperçoive vraiment, ils s'étaient beaucoup rapprochés, en termes d'amitié. Sauf que quelque chose clochait chez Théo, il était troublé, alors que cette histoire ne rimait à rien. Les hommes ne l'avaient jamais attiré, le simple fait d'imaginer un homme nu le répugnait. Enfin, il était un homme, il en avait les attributs c'était certain, mais imaginer qu'il y ait quelque chose, ne serait-ce que prendre la main, cela le dégoutait. Irrémédiablement. Alors pourquoi était-il gêné quand il voyait Seamus à demi-nu, pourquoi se sentait-il embarrassé quand il pensait à la danse sensuelle qu'ils avaient interprétée ensemble ?

Il ne comprenait pas. Et quand il revint dans le salon, il n'avait pas plus de réponses. La seule chose qui avait changé, c'était que Seamus s'était habillé, portant un pyjama sous son peignoir dont la ceinture était dénouée. Les yeux posés sur le poste de télévision, il semblait préoccupé, parti loin dans ses pensées. Sahara était posée sur ses genoux, sa tête posée sur l'articulation tandis que son corps ondulait sur ses cuises, le reste sur l'accoudoir. Théo prit place à côté de lui et chercha Crystal des yeux : elle s'était enroulée dans le fauteuil.

« Théo ?

- Hm ?

- Je peux te parler de quelque chose que tu garderas pour toi ?

- Oui, bien sûr. »

L'étudiant regarda son colocataire, les sourcils froncés. Ce n'était pas vraiment le genre de Seamus de dévoiler son cœur, de parler de se confier, bien qu'ils soient tous les deux assez proches. D'un autre côté, songea-t-il, Seamus n'avait pas beaucoup d'amis proches, vu que les seuls personnes avec lesquelles il se dévoilait vraiment étaient ses petit-amis. Et comme il était célibataire…

« Tu me promets que tu garderas ça pour toi, hein ? Insista Seamus. Tu n'en parleras à personne.

- Je sais tenir des promesses ! Si tu n'as pas confiance en moi, va voir quelqu'un d'autre.

- Je crois que je suis amoureux. »

Voilà autre chose, soupira Théo, avec une drôle de sensation dans le cœur. Non seulement il se retrouvait colocataire d'une tapette, mais en plus, il lui servait de journal intime. Qu'avait-il fait pour mériter ça ? Se demandait-il en rejetant violemment ces troubles qui faisaient battre son cœur de façon anormale.

« Vraiment amoureux.

- Eh bien fonce, si c'est le cas, soupira Théo. Ah vous les gays, vous tombez amoureux sans arrêt, pas capable de tenir en place…

- Je ne te permets pas !

- Seamus, en un an, tu as eu trois mecs ! Draco, un crétin donc je ne me rappelle plus du nom et l'autre, le black…

- Dean, précisa Seamus en serrant les dents. Arrête de te foutre de moi, tu veux ? Là, c'est du sérieux ! »

Théo n'en était pas si sûr. Pour noyer son chagrin, Seamus avait jeté son dévolu sur un charmant jeune homme rencontré pendant ses vacances en Irlande, mais cela ne dura pas très longtemps. Ce gars était passé à Paris et avait tenté de renouer contact avec lui mais il découvrit que son ex sortait avec un autre, Dean. Malgré lui, Théo s'était retrouvé dans l'embrouille et avait failli appeler les flics quand les deux prétendants s'étaient mis à se battre dans son salon. Entre autres, il comprit que Seamus avait couché avec les deux. Ce qui n'avaient rien de choquant, en soi, sauf qu'il n'était pas resté très longtemps avec eux, ce que Théo interprétait ainsi : Seamus était n'était pas un homme difficile.

« Je suis vraiment amoureux…

- Et en quoi je peux t'aider ?

- C'est Harry. »

Soudain, toutes ses idées s'éclaircirent. Evidemment que c'était de Harry qu'il parlait, il aurait dû le deviner avant. Théo était trop fatigué pour faire le rapprochement, mais là, c'était presque trop évident. Il ferma se bouche, attendant la suite. Il était énervé. Ce qui était étrange, venant de lui.

« Je suis allé le voir, hier. »

Seamus n'avait pas cours le mercredi après-midi et, avant d'aller chercher l'enfant qu'il devait garder, il était passé chez le tatoueur, à qui il faisait croire qu'il éprouvait des sentiments pour quelqu'un mais il ne savait pas comment le lui avouer. En son for intérieur, Théo se dit que Harry n'avait pas compris toute l'affaire pour la bonne et simple raison que ça devait lui sembler impossible que Seamus puisse éprouver des sentiments pour lui, le petit ami de son ex.

« Plus je le vois, et plus je me rends compte que je l'aime.

- Moi, j'appelle ça plutôt un coup de cœur.

- Tu ne peux pas comprendre, toi. »

Seamus avait dit ces mots d'un air dédaigneux avant d'argumenter : les rares filles avec lesquelles il était sorti, d'après ce qu'il avait entendu dire, n'avaient jamais déclenché d'effusions d'amour en lui, tout au plus quelques attentions, mais rien de bien romantique. A croire qu'il n'éprouvait aucun sentiment pour elles. Ces mots firent mal à Théo qui serra les dents sans rien dire : dans le fond, il n'avait pas tout à fait tord.

Et alors que Seamus lui expliquait pourquoi il savait qu'il ressentait quelque chose de sérieux pour Harry, Théo sentait son cœur se serrer, pour une raison qu'il ne parvenait pas à définir. Peut-être parce qu'il sentait que la situation allait dégénérer ou parce que Seamus s'imaginait déjà en couple alors que lui, Théo, demeurait définitivement seul.

« Seamus, tais-toi.

- Bah pourquoi ? Ça te gêne que je te parle de ça, n'est-ce pas ?

- C'est pas ça. Enfin, t'es en train de parler d'un de mes meilleurs potes, là, donc oui, ça me gêne. Mais c'est surtout parce qu'il est déjà pris, au cas où tu l'aurais oublié.

- Je sais… Gémit Seamus en se prenant la tête dans les mains. Il est avec Draco.

- Je ne te comprends pas, avoua Théo. Tu détestais Harry, avant, et maintenant tu l'aimes !

- Parce que j'ai appris à le connaître.

- Il ne montre que ce qu'il veut bien te faire voir, tu ne sais même pas ce qu'il pense de toi.

- Ne dis pas ça ! Je suis sûr qu'il m'apprécie…

- Plus que Draco ? Je veux pas rentrer dans les détails, mais je te rappelle que Harry était puceau avant de sortir avec Draco, tu crois vraiment, après tout ce qui lui est arrivé, qu'il va le lâcher pour toi ? Alors qu'il ne sait presque rien de toi ?

- Putain Théo ! Tu crois pas que je le sais, ça ?! Tu crois pas que ça me fait mal de penser qu'il aime Draco à ce point-là ?! Que je n'aurais peut-être aucune chance ?! Tu crois que ça me fait plaisir, ça… »

Les larmes brillaient dans ses yeux sombres, alors qu'il continuait de crier. Puis, furieux, Seamus se leva et courut dans sa chambre, claquant la porte derrière lui.

Théo poussa un soupir à fendre l'âme. Il ne savait pas s'il devait ouvrir la porte pour essayer de calmer Seamus ou alors aller se coucher. D'un côté, le voir comme ça lui faisait du mal, il n'était pas un sans-cœur non plus, mais en même temps, il ne pouvait pas l'encourager, même s'il était son ami. Harry était heureux avec Draco, il n'avait pas à encourager Seamus à vouloir briser leur couple, surtout que Théo n'approuvait pas du tout ce que ressentait son colocataire : pour lui, c'était un coup de cœur, rien de plus.

Résistant à l'envie d'aller le réconforter, l'étudiant alla se coucher, en sentant que cette histoire allait très mal tourner.

OoO

Un jour où ils n'avaient rien à faire, Harry et Nymph' avaient décidé de faire un concours de dessin. Sauf que cette gamine avait gribouillé sur celui de Harry qui en avait fait de même avec le sien et cela s'était terminé en baston. Isaline intervint donc et les punit comme des gosses, leur donnant une feuille et un crayon avec une dissertation à faire: « Quel est le pire tatouage que vous avez fait dans votre vie et pourquoi ? ». Ils en étaient venus à lister les pires tatouages qu'ils avaient fait, ou le genre de tatouages qu'ils n'aimaient pas faire.

A l'époque, Harry devait avoir dix-sept ans et Nymph' vingt-cinq et ils vivaient encore à Londres. Malgré les années, ils avaient gardé cette liste, qu'ils remplissaient régulièrement. Et les tatouages que Harry n'aimait pas faire, c'étaient les portraits. Les dessiner au crayon comme il était en train de le faire, cela ne le dérangeait pas. Il avait toujours été doué pour les portraits et ce n'était pas de la vantardise mal placée. Cela dit, quand il fallait tatouer un portrait sur la peau d'un client, il s'agissait d'un travail terriblement méticuleux. Il suffisait de peu pour que le portait soit raté, et il n'y avait pas de gomme pour effacer.

« Ryry, tu fais quoi ??

- Je dessine.

- Tu dessines quoi ??

- Louis de Funès.

- C'est qui ??

- Un acteur. »

Pensif, Teddy regardait le visage que Harry dessinait sur son calepin, une photo épinglée sur le côté de la feuille.

« Et pourquoi ??

- Pour faire parler les Teddy. »

L'enfant lui tira la langue de façon taquine avant de s'intéresser à nouveau à la télévision, qui diffusait un épisode de Bob le bricoleur. Teddy aimait bien regarder son parrain dessiner, mais pas quand il faisait des portraits ou des trucs moches. Cela dit, avant de pouvoir tatouer quelqu'un, Harry devait redessiner le tatouage afin de se familiariser avec l'image, et non partir comme un touriste pour se rendre compte ensuite qu'il ne faisait que des bêtises. Plus encore quand il s'agissait d'un portait, ou d'un tatouage compliqué avec maints détails. Enfin, il y avait aussi les tatouages « pervers » qui requérait une certaine préparation psychologique, mais en général, ils étaient moins complexes…

On sonna. Étonné, Harry regarda l'heure sur son réveil et vit qu'il était cinq heures trente. Il fronça les sourcils en se demandant qui pouvait bien venir à une heure pareille : Draco devait travailler donc ils ne se voyaient pas et aucun de ses amis n'avait prévu de passer à la maison. Ah, c'était peut-être Rémi et son fils qui arrivaient en avance.

« Tu restes là, d'accord ? Dit-il à son filleul.

- Promis ! »

Harry posa son calepin et son crayon, puis il sortit de sa chambre, descendit les escaliers et enfin arriva devant la porte d'entrée. Il la déverrouilla et vit avec stupeur Seamus sur le pallier. Harry eut comme un mauvais pressentiment mais il le laissa entrer quand même. Il allait lui proposer de retirer son manteau quand, nerveusement, l'irlandais prit la parole.

« Harry, je dois absolument te dire quelque chose.

- Heu…

- C'est vraiment important pour moi. Je sais que ça peut te paraître bizarre ou surprenant, mais… Je suis amoureux de toi. »

Un ange passa. Puis deux. Puis trois.

« Pardon ? »

Harry semblait clairement stupéfait, comme s'il ne croyait pas du tout ce que Seamus venait de lui dire. Ce dernier était tellement nerveux qu'il s'énerva.

« Je suis amoureux de toi !

- Tu te fous de moi, là ?

- Mais non, pas du tout !! »

Après la stupeur, le pire sentiment que Seamus redoutait apparut sur le visage de Harry Potter : celui de la gêne. Il était embarrassé par cette déclaration, par ce qu'elle impliquait. Le brun se mordilla la lèvre et passa une main dans ses cheveux.

« Harry, écoute…

- Non, toi, écoute-moi. Je suis flatté, mais…

- Laisse-moi…

- J'aime Draco. C'est tout. Je sais pas ce que tu t'es imaginé, mais… oublie, Seamus. Laisse tomber. »

D'habitude, il était plus doux, plus gentil. Il était plus compréhensif, il ne rejetait pas les autres de cette façon. Mais pas ce soir. Pas ce soir, alors qu'il s'était maintes fois disputé avec Draco, alors que Seamus lui disait qu'il était amoureux de quelqu'un sans vouloir lui dire son nom. Harry ne voulait pas que ça aille plus loin.

« Harry, je ne te demande rien, tenta Seamus, le regard désespéré, alors que son cœur battait à toute allure.

- Alors pourquoi tu m'avoues tes sentiments ? Je ne sais pas si tu es sincère, Seamus…

- Harry !!

- … ou si tu me mens, mais ça ne m'intéresse pas. Laisse tomber, s'il te plait…

- Putain Harry, mais si tu étais amoureux de quelqu'un, tu crois vraiment que tu pourrais laisser tomber ?!

- Mais on ne se connait même pas, Seamus ! Répliqua Harry. Tu ne sais pas qui je suis vraiment et moi non plus, je ne te connais pas.

- Alors laisse-moi te connaître. Au lieu de me rejeter comme tu le fais, laisse-moi une chance de te connaître ! Je suis sérieux, tu sais, je…

- Moi aussi je suis sérieux, Seamus. Et moi, je veux que tu t'en ailles. »

Harry vit de la souffrance dans les yeux de Seamus. De la douleur, du chagrin. Son cœur se serra, sa gorge aussi. Il ne voulait pas lui faire de mal, il ne voulait pas le voir dans cet état-là. Mais aller dans son sens, se montrer trop gentil était inutile, cela engendrerait des situations trop conflictuelles, aussi bien avec lui qu'avec Draco qui ne laisserait pas passer ça, à juste titre. Les larmes au bord des yeux, Seamus se retourna et ouvrit la porte. Puis, avant de s'enfuir, il se retourna et cria à Harry qu'il le détestait.

OoO

Son dossier était enfin terminé. Il y avait passé beaucoup de temps ce soir-là, passant rapidement dîner avec ses parents avant de remonter dans sa chambre pour ne pas perdre le fil. Il y avait des moments comme ça où il était passionné par ce qu'il faisait et, tant qu'à faire, autant aller jusqu'au bout et voir ensuite ce qui clochait. Il devait faire ce travail avec Blaise et, dans l'après-midi, ils avaient bien mis en commun leurs différentes parties, il ne restait donc plus qu'à les rédiger et les corriger. La correction viendrait sûrement le lendemain, Draco ferait cela à tête reposée, mais au moins, tout le corps du dossier était rédigé. Et Blaise, connecté sur MSN, lui disait qu'il avait presque terminé sa partie de son côté. Il ne leur restait plus qu'à s'envoyer mutuellement leur travail, mais ils feraient cela le lendemain aussi : Draco sentait sa tête un peu embrouillée et il préférait, comme son ami, voir cela à tête reposée.

Draco se laissa aller en arrière, soulagé : son travail était terminé, voilà une contrainte en moins. Il cliqua dans la barre d'outils afin d'ouvrir la page MSN, puis se mit « en ligne ». Quelques secondes plus tard, Hermione apparut dans une nouvelle fenêtre et lui demanda de ses nouvelles, avant de se plaindre : elle n'avait toujours pas commencé à réviser ses partiels et elle était dans un embarras monstre. Draco se retint de lui dire que nous n'étions qu'en Mars et qu'elle avait encore un peu de temps, ses partiels étant en juin.

Alors qu'il allait lui répondre que stresser comme une folle ne lui servirait pas à grand-chose lors de ses examens, son téléphone portable vibra. Draco termina sa réponse et chercha son mobile des yeux : il était sur sa table de chevet. Il se leva et fit le tour de son lit avant d'attraper son téléphone et regarder qui l'appelait à neuf heures du soir. C'était Harry.

« Allô ?

- C'est moi. Tu vas bien ?

- Ça va. Et toi ? Ca a été ta journée ? Lui demanda Draco tout en s'asseyant sur son lit.

- Plus ou moins. Toujours les mêmes clients. Enfin ce soir, Rémi et Allan sont venus manger et ils restent dormir, c'est plutôt sympa. Enfin, le moustique est en train de regarder la télé dans ma chambre, j'arrive pas à l'en décoller…

- Le moustique ? S'étonna le blond.

- Ouais, il est trop maigre, ce gamin, expliqua Harry. Il s'est déshabillé tout à l'heure, tu le verrais, presque un anorexique. Tu crois que c'est la crise d'adolescence, ça ?

- J'étais très maigre quand j'avais treize ans.

- Ah bon…

- Tu m'appelais pour me dire que ton futur demi-frère était en train de voler ta chambre ou tu as autre chose à me raconter ?

- Bah…

- Arrête de tourner autour du pot, my angel. »

Il y eut un petit silence avant que Harry ne se remette à parler.

« Seamus est venu me voir, aujourd'hui, fit le tatoueur d'une voix hésitante.

- Et… ?

- Il m'a dit qu'il m'aimait. »

Cette fois-ci, ce fut Draco qui ferma la bouche pendant quelques secondes. Il ferma les yeux, aussi, tentant de calmer la colère qui montait en lui. Il ne devait pas s'énerver, sinon il se disputerait encore avec Harry et ça se terminerait mal. Il devait au contraire se calmer.

« Dray ?

- Et qu'est-ce que tu lui as répondu ?

- A ton avis ? Soupira Harry d'un air agacé. Que ça tombait bien, que j'étais fou de lui moi aussi ?

- Arrête… Et comment il a réagi ?

- Il était triste. J'ai été un peu méchant avec lui, mais… Bon… Je ne veux pas qu'il se fasse de faux espoirs.

- C'est maintenant que tu réagis, toi, grommela Draco. Qu'est-ce que je t'avais dit, hein ? J'avais raison, non ?

- Dray… Protesta Harry, faiblement.

- Je t'avais dit qu'il avait un comportement bizarre vis-à-vis de toi. Si tu m'avais écouté, on n'en serait peut-être pas là ! Mais comme tu n'en fais qu'à ta tête…

- Draco, j'ai vraiment pas envie qu'on se dispute ce soir.

- Moi non plus. Mais avoue que tu avais tord.

- Tu veux toujours avoir le dernier mot, hein ?

- Et alors ? »

Harry s'excusa de façon sincère : il n'avait pas voulu voir ce qui avait paru évident pour Draco. Le fait qu'il reconnaisse son erreur ne procurait aucune satisfaction à Draco, qui ne cessait de penser à ce crétin de Seamus Finnigan qui semblait bien décidé à lui pourrir la vie. Il regrettait amèrement d'être sorti avec cet irlandais qui, après lui avoir fait subir maintes crises de jalousie, essayait de lui prendre son petit-ami. Il ne savait même pas à qui il devait en vouloir, Harry qui avait de la merde dans les yeux ou Seamus qui promenait un peu trop ses yeux là où il n'avait pas à le faire.

« Je ne veux plus que tu le vois. Plus du tout.

- Je suis libre de faire ce que je veux, Draco, répliqua Harry.

- Alors tu vas le fréquenter comme si de rien n'était ?!

- Non, mais… Je ne sais pas…

- Tu es avec moi, Harry, précisa Draco, les dents serrées et les doigts crispés sur le téléphone. Tu es mon petit-ami.

- Je sais. C'est juste que je ne veux pas lui faire de mal…

- Justement, évite-le. Ne le tente pas.

- Tata m'appelle, je dois raccrocher.

- C'est pas une tentative foireuse d'écourter la conversation ? Grinça le blond.

- Draco, je sais que tu as raison et que j'ai tord, soupira Harry. Je viens te chercher demain ?

- D'accord. Harry ?

- Hm ?

- Je t'aime.

- Moi aussi. T'as pas intérêt à en douter. »

Ces quelques mots arrachèrent un sourire à Draco qui coupa la communication. Seul dans sa chambre, enveloppé de son peignoir et assis sur son lit, il ne put s'empêcher d'être inquiet : comment allait évoluer la situation ? Il ne se laisserait pas faire. Seamus n'aurait pas Harry. Jamais de la vie.

OoO

Contrairement à ce qu'il aurait pu penser, Seamus ne lâcha pas du tout l'affaire. A un tel point que Harry ne savait pas s'il devait en parler à Draco ou garder ça pour lui.

Quand il avait eu son altercation avec Cormac McLaggen, Draco lui avait dit qu'il se vengerait grâce à ses relations. Par la suite, Harry apprit par Hermione que des photographies et des vidéos relativement perverses, voire même pornographiques, furent diffusées sur Internet et dans l'école où le jeune homme étudiait. Personne ne parvint à savoir qui était la cause de tout cela, mais une chose était certaine : Cormac ne remit plus jamais les pieds dans l'établissement. Des rumeurs chuchotèrent qu'il était parti de France, honteux comme jamais.

Hermione n'allait pas jusqu'à accuser Draco, mais elle avait de sérieux doutes sur son innocence dans cette affaire, et Harry aussi. Draco n'était pas du genre à faire appel à des gens pour des motifs stupides, comme une petite humiliation, mais il y avait des limites chez lui qu'il ne fallait pas dépasser, comme celle d'insulter son amant ou ses amis. Evidemment, s'approcher un peu trop près de son petit ami faisait partie de ces limites à ne pas franchir et Harry se demandait sérieusement si Draco ne prendrait pas des mesures pour écarter Seamus définitivement de lui.

Ainsi, le tatoueur préférait tout garder pour lui, bien qu'il en ait parlé un peu à Isaline : Seamus lui téléphonait régulièrement, tentait de lui parler sur MSN et sur Facebook… Cela faisait quatre jours qu'il lui avait avoué ses sentiments, quatre jours qu'il tentait de le joindre pour lui parler. De dépit, Harry avait décroché une fois et avait dû écouter une tentative foireuse de Seamus qui voulait s'excuser pour son comportement, lui demandant s'ils pouvaient rester amis. Harry avait émis quelques réserves mais il s'était montré indulgent. Peut-être trop. Car après ce coup de téléphone, il cessa de répondre aux autres messages, qui changèrent du tout au tout : Seamus criait haut et fort qu'il l'aimait. La seule chance de Harry était que Draco n'allait jamais sur Facebook. Ce qui n'était pas le cas de Ron.

Il n'allait pas jusqu'à dire qu'il passait sa vie sur Facebook, mais il y passait suffisamment de temps pour se rendre compte que quelque chose clochait, et autant dire qu'il fut choqué quand il lut les messages de Seamus. De même, Cho écarquilla ses grands yeux noirs avant d'appeler Harry en catastrophe. Ce dernier les avait supplié de ne rien dire à Draco, ou sinon ça tournerait très mal.

Le pire fut sans doute aujourd'hui car Seamus passa à la boutique. Par chance, Harry était à la cave en train de chercher des écarteurs pour Nymph' et Isaline envoya gentiment balader le jeune homme, envoyant discrètement Teddy pour prévenir Harry de rester là où il était. Seamus se faisait un peu trop présent, ce qui gênait terriblement Harry. Il ne savait pas comment se sortir de là…

OoO

« Ça commence à bien faire, toute cette histoire !

- Tata…

- J'en peux plus ! Harry, il faut que tu fasses quelque chose, j'en ai trop marre ! Crois-moi que si tu n'agis pas au plus vite, j'appelle Draco !

- Tu ne ferais pas ça ?!

- Et pourquoi pas ?! »

Ils se jaugèrent du regard pendant de longues secondes avant que Harry ne baisse les yeux, vaincu. Isaline croisa les bras et attendit qu'il dise quelque chose mais son neveu ne paraissait pas du tout décidé à lui dire ce qu'elle voulait entendre.

« Ryry ? Amour de ma vie ?

- J'adore quand tu me parles comme ça…

- Et moi, j'adore quand tu arrêtes de me pourrir la vie avec tes histoires de cœur. »

Il poussa un soupir à fendre l'âme avant de hocher la tête.

« Je vais essayer d'arranger les choses. »

Plus ou moins satisfaite, Isaline prit ses clés et fit signe à Harry de sortir. Le jeune homme passa la porte et attendit que sa tante l'ait fermée à clé avant de lui avouer qu'il ne savait pas comment se sortir de l'affaire.

« Pour être honnête, je ne sais pas quoi te dire, mon chéri. Tu as le don pour te fourrer dans des histoires pas possibles.

- Je vais devenir fou, avec cette histoire… »

Deux jours auparavant, Seamus était venu à la boutique, exigeant de voir Harry. Ce dernier, bien décidé à remettre les points sur les « i », l'emmena dans le salon et lui fit bien comprendre qu'il ne voulait plus jamais le revoir. Ses appels et ses messages commençaient sérieusement à lui chauffer les oreilles, on pourrait assimiler ça à du harcèlement, et Harry ne voulait pas que toute cette histoire se poursuive. Jamais il ne laisserait la moindre chance à Seamus pour la bonne et simple raison qu'il était déjà casé avec Draco. Pour rien au monde, il ne quitterait le blond qu'il aimait de tout son cœur, donc il était inutile d'insister.

Pourtant, l'étudiant avait essayé de le convaincre, soulignant tous les défauts de Draco, des faits que Harry ne pouvait nier. Cela dit, le brun avait passé l'âge de s'appesantir sur de tels détails, il acceptait Draco dans son ensemble et il n'était pas assez stupide pour croire que l'homme parfait existait, lui-même était loin d'être idéal. Il n'avait pu que jeter Seamus dehors, bien que cette attitude ne lui ressemblât pas.

Il aurait pu croire que cette histoire s'arrêterait là si Draco n'avait pas ramené ses jolies fesses rebondies à peine cinq minutes après le départ de Seamus, assistant alors à une dispute entre Harry et sa tante justement à propos de cet étudiant un peu trop pressant. Autant dire que le blond avait moyennement aimé que son amant soit ainsi harcelé par son ex petit ami, et en avait découlé un énième conflit qui s'était clôturé par le départ de Draco. Bien que Harry ait essayé de le joindre ce jour-là, ainsi que les suivants, Draco refusa de répondre, très certainement furieux.

La journée d'aujourd'hui n'avait guère été meilleure, étant donné que, dans la matinée, Ginny était venue pour se faire tatouer, accompagnée de son nouveau petit ami. Vu que le tatouage de la jeune fille se trouvait sur sa hanche et qu'elle portait un string, Harry était obligé de toucher ses fesses, de façon purement professionnelle, mais cela ne plut pas du tout à l'homme qui voulut se battre avec Harry, un peu trop proche de Ginny et certain qu'il la draguait à répondre de façon aussi familière à ses paroles. En moins de deux secondes, il fut éjecté de la boutique par une Isaline légèrement sur les nerfs.

La journée aurait pu se terminer de façon relativement correcte si Seamus n'avait pas décidé de ramener sa fraise et il ne fut pas déçu : hors d'elle, Isaline lui avait demandé avec la plus grande politesse de dégager ou sinon elle lui referait le portrait, au point que même sa mère ne le reconnaîtrait pas. L'irlandais tenta un esquive mais la tatoueuse, pas commode du tout, lui montra la sortie en lui disant que Harry avait autre chose à faire que de papoter avec lui, ils sortaient ce soir. L'étudiant partit donc avec la queue entre les jambes, alors que le tatoueur terminait sa toilette à l'étage.

A présent, ils se dirigeaient vers la maison de Nymph' qui fêtait son anniversaire ce soir-là, mais aucun des deux n'était d'humeur à s'amuser. L'un supportait mal la colère froide de Draco qui ne répondait toujours pas à ses appels et qui l'avait certainement bloqué sur MSN, tandis que l'autre ruminait sa première dispute avec Rémi.

Ce dernier s'était mis en tête de la présenter à sa famille. Son père organisait un dîner dans les jours à venir afin de réunir toute la famille. Isaline aurait pu réfléchir à la proposition si Rémi ne lui avait pas précisé que sa sœur cadette était mariée au frère de son ex-femme, ce qui signifiait que cette dernière et ses parents seraient présents au dîner. Alors, de façon logique, la tatoueuse avait refusé de s'y rendre : il était trop tôt pour qu'elle rencontre les parents de Rémi et encore plus pour qu'elle soit confrontée à toute la famille, dont son ex-femme. Ils s'étaient donc disputés la veille et Isaline n'en démordait pas, refusant obstinément de l'appeler pour tenter de calmer les choses.

Nymph' était bien sûre au courant de tout cela et, honnêtement, elle ne savait pas quoi dire. D'une part, elle refusait d'entrer dans les histoires de Harry qui se révélaient toujours très compliquées, du moins pour elle. A la place de Harry, elle aurait fichu une bonne claque dans la tête de cet irlandais de malheur, histoire de lui remettre les idées en place. Et quant à Isaline, Nymph' préférait ne pas s'y mêler : pour avoir dîné un soir chez la patronne en compagnie du médecin et de son fils, elle avait rapidement compris qu'il y avait quelque chose de sérieux entre lui et Isaline. Enfin, leur relation était chaste et très récente, mais elle sentait qu'il y avait des sentiments entre eux, à la façon dont il la regardait et prenait sa main. En plus, elle aimait bien le gamin, un rebelle de quatorze ans qui pleurnichait encore dans les jupes de son père. Trop mignon… Cela dit, elle savait que les histoires de sa mère de substitution étaient compliquées et il était hors de question qu'elle s'en mêle aussi, au risque que la tatoueuse lui pourrisse la vie de façon aussi subtile qu'efficace…

Enfin, même si tous deux étaient de mauvaise humeur, il était hors de question de gâcher l'anniversaire de Nymph' pour ces histoires. Ainsi, quand ils aperçurent la petite maison, tous deux cessèrent de parler de leurs problèmes respectifs, même si Harry avait un avis assez partagé concernant Isaline. Comme Nymph', il pensait qu'elle avait peur d'aller trop vite, d'être rejetée par la famille de Rémi et qu'il la quitte du jour au lendemain pour cette raison. Evidemment, elle ne pouvait pas dire cela explicitement au médecin, elle ne le disait même pas à sa famille, mais là était le nœud du problème.

Ils sonnèrent au portail et Remus vint leur ouvrir avec un grand sourire aux lèvres. Isaline le prit dans ses bras et embrassa affectueusement ses joues, puis elle entra dans la maison, fuyant le froid, tandis que Harry serrait la main du professeur avec un grand sourire aux lèvres. Ils entrèrent à leur tour et virent Isaline sauter sur Nymph' et lui souhaiter un bon anniversaire pour la dixième fois de la journée. Et, pour la dixième fois de la journée, Nymph' gloussa et la remercia en rougissant. De vraies gamines, ces deux-là…

Alors que Harry retirait ses chaussures, Teddy arrivait dans le couloir. L'enfant sautilla devant lui en tendant les bras pour qu'il le porte et le tatoueur céda à sa demande, le soulevant avec facilité avant d'embrasser ses cheveux bruns. Tenir le petit garçon dans ses bras lui procurait une agréable sensation de réconfort. Harry entra ensuite dans le salon et constata que Sirius et Severus n'étaient pas encore arrivés, ce qui ne devrait pas tarder. Il s'assit dans le canapé, Teddy installé sur ses genoux, et Isaline vint le rejoindre avec Minidoux dans les bras.

« Toujours aussi gros, ce chat, fit Isaline en caressant les poils épais du félin.

- Nymph' le gâte trop. Vous voulez boire quelque chose ? Proposa Remus.

- Oui, s'il te plait ! »

Alors que le professeur quittait le salon pour aller chercher des verres dans la cuisine, Harry se pencha vers sa tante, le regard décidé.

« Je vais accepter un de ses rendez-vous.

- Mauvaise idée.

- C'est la seule façon pour qu'il comprenne que je ne veux pas de lui. Je dois arrêter de le fuir.

- Je suppose que je dois garder ça pour moi ? »

Elle lui lança un regard incertain, mais Harry hocha la tête : la prochaine fois que Seamus viendrait, il accepterait un rendez-vous. En espérant que Draco ne découvre pas le pot-aux-roses.

OoO

Il s'en rongeait presque les ongles. Il savait que ce qu'il faisait n'était pas bien du tout, il en avait plus que conscience. Mais quelque chose le poussait à aller plus loin, même s'il savait qu'il était en train de jouer avec le feu : dans cette histoire, soit il perdrait Harry, soit il gagnerait son cœur. Il n'y aurait pas de juste milieu.

Quand Seamus voulait quelque chose, il l'avait. Cela avait toujours été ainsi, surtout quand il s'agissait de relations amoureuses. Il avait rarement eu d'échec de ce point de vue-là, au contraire, les hommes ne lui résistaient pas. Cela dit, Harry était un cas bien différent, de part son passé et l'amour qu'il éprouvait pour Draco, un homme que Seamus avait toujours considéré comme réservé et plutôt froid, mais qui avait réussi à changer au contact du brun. Leur relation était fusionnelle et la briser serait difficile.

Penser qu'il détruirait un couple dérangeait beaucoup Seamus : il détestait mettre les pieds dans le plat de façon aussi directe et saccager tout autour de lui. Lui-même était un homme possessif et jaloux, il le savait, et la simple idée que son petit ami puisse draguer à droite et à gauche, ou qu'il puisse être dragué le mettait dans une colère noire. Alors autant dire que sa propre attitude vis-à-vis de Harry ne lui plaisait pas des masses, d'où toutes ses hésitations, mais penser au brun, à ses yeux, à son visage, son rire et son corps lui faisait passer outre ses principes. Et il en venait à le harceler…

Cela ne lui ressemblait pas et Théo ne cessait de lui gueuler dessus : appeler Harry, laisser des messages mails et aller le voir aussi souvent étaient tout simplement inutile, le tatoueur ne lui laisserait jamais la moindre chance, déjà parce que cette attitude ne lui plaisait pas du tout, mais en plus parce que, au risque de se répéter, il aimait son mec.

Pourtant, l'irlandais ne parvenait pas à lâcher l'affaire, d'autant plus qu'il ne savait pas comment s'y prendre avec Harry. En effet, dans le fond, il ne connaissait pas grand-chose de lui et il ne savait pas ce qui pourrait lui faire plaisir, ce qui pourrait mettre Seamus en valeur… Harry était un type d'hommes à part, le genre de personnes simple qui ne voulait rien en particulier, un casse-tête ambulant pour trouver un cadeau d'anniversaire. Un homme simple dont on avait du mal à cerner les contours, surtout quand il fallait faire plaisir. Seamus pouvait lui faire un cadeau, mais quoi donc ?

Il avait pensé à lui acheter un vêtement, mais vu comment Harry s'habillait, nul doute qu'il aurait été compliqué d'en trouver un qui lui plaise, et puis même, c'était bien trop : Harry le repoussait et il allait lui acheter une fringue ? La peur au ventre, Seamus marchait donc les mains dans les poches vers la boutique, venant tout juste de sortir du métro.

Dans le fond, il comprenait le rejet de Harry, mais il était blessé de le voir aussi méchant avec lui. Enfin, il n'était pas cruel : il aurait pu se moquer de ses sentiments ou lui dire des choses bien pires. Cela dit, le tatoueur ne semblait éprouver aucune tolérance vis-à-vis de lui, comme si rien de ce que qu'il ressentait n'était sérieux. Et ça faisait mal, car Seamus ressentait de vrais sentiments pour lui. Il voulait que Harry lui laisse ne chance de lui montrer ce qu'il valait, qu'il était mieux que Draco, il avait des défauts mais aussi des qualités. Il se sentait capable d'aller au-delà de sa jalousie naturelle, de mettre tous ses doutes de côté pour Harry. Il se sentait prêt à faire des efforts pour lui. Il en avait vraiment l'envie…

La boutique était ouverte. Nous étions jeudi, Seamus était déjà passé la veille mais il n'avait pas pu voir Harry, sa tante l'ayant presque jeté dehors, apparemment sur les nerfs. Seamus s'était demandé si Draco savait qu'il éprouvait des sentiments pour Harry. Enfin, il était au courant, très certainement, mais savait-il qu'il les avait avoués au principal concerné ? Rien dans l'attitude du blond ne le montrait, il était toujours aussi distant et, pour être honnête, Seamus le voyait peu. Alors qu'il allait passer la porte de la boutique, un sentiment d'ironise se glissa dans son cœur : Draco l'avait blessé en le quittant, et lui prendre Harry serait une jolie vengeance…

Quand Seamus entra, Harry était posté derrière le comptoir. A croire qu'il l'attendait. Sans même lui dire « bonjour », il lui fit signe de le suivre dans l'arrière-boutique et ils se retrouvèrent dans la cuisine en moins d'une minute.

Quelques minutes plus tard, à la plus grande stupeur de Seamus, Harry accepta un rendez-vous. Un seul et unique. Le visage peu engageant, une lueur de défi dans le regard.

« Ce sera le seul, Seamus, et tu as intérêt à te montrer convaincant.

- Je ne rêve pas, Harry, tu es avec Draco et tu ne vas pas le quitter au bout d'un rendez-vous.

- J'ai toujours eu pour principe d'accorder au maximum trois rendez-vous, mais la plupart du temps, je ne dépasse pas le premier. A toi de jouer. C'est ça ou rien. »

Seamus se mordilla la lèvre, en se disant que Harry ne se laissait certainement pas aller comme s'il était célibataire. Et, en même temps… il était en train de tromper Draco, en lui laissant une chance… une seule, mais une chance quand même…

OoO

« C'est une très mauvaise idée.

- Je sais.

- Non, tu ne sais pas.

- Théo, s'il te plait… Luna m'a déjà dit que ce n'était pas une bonne idée, tu ne vas pas…

- Si, je vais m'y mettre aussi. Tu lui donnes de faux espoirs, et si jamais Draco apprend que tu es sorti dîner avec lui…

- Il ne le saura pas. Et puis je vais le lui dire. On se sent vraiment soutenu…

- Tu fais une connerie, je ne vais pas t'encourager, non plus !

- Tu promets de garder ça pour toi ?

- Ouais, bien sûre… »

C'était ça d'avoir des amis communs : on jouait sur un double tableau sans vraiment le voir. A la fois Théo ne voulait pas que Seamus souffre, et en même temps, il ne pouvait pas l'encourager à casser le couple de son meilleur ami. Putain, qu'est-ce que c'était galère, cette histoire de tarlouzes…

Théo raccrocha quand il entendit Seamus sortir de la salle de bain et courir dans sa chambre pour s'habiller. L'étudiant se dit que cette histoire allait très mal tourner. D'un autre côté, il ne voyait pas ce que Harry pouvait faire pour calmer Seamus, une vraie tête de mule quand il voulait. Cette solution n'était pas la meilleure mais elle serait peut-être la plus efficace : Harry était un homme difficile à convaincre, il avait passé trois ans célibataire avant que Draco ne lui vole son cœur, aucun doute qu'il serait particulièrement dur avec Seamus.

D'ailleurs, ce dernier mit un temps fou à se préparer. Il mit bien une demi-heure à sortir de sa chambre pour ensuite revenir dans la salle de bain et repartir à nouveau dans sa chambre. Théo crut bon de crier que, même si Draco était toujours classe, ce n'était pas ça qui avait intéressé Harry au premier abord. Seamus rétorqua que la première impression était toujours celle qui comptait. Alors Théo grogna dans sa barbe que, précisément, Seamus ne lui avait pas fait bonne impression : la première fois qu'il lui avait adressé la parole, c'était pour l'insulter.

Quand il fut enfin prêt, Seamus se présenta à Théo, les mains sur les hanches. Il portait un pantalon noir qui mettait en valeur ses jambes fines, et sûrement encore douces de sa dernière épilation, ainsi qu'une chemise gris perle qui mettait en valeur son teint clair. Ses cheveux noirs ondulaient autour de son visage. En clair, il était très beau, Théo devait bien le reconnaître. Mais cela le refrogna plus que cela ne l'éblouit. Il se sentit même un peu jaloux. De quoi ? De son corps ? De sa façon de porter ce genre de fringues ? Peut-être. Ça ne lui allait pas à lui…

« Comment tu me trouves ?

- Parfait.

- Tant mieux ! Bon, je t'emprunte ta voiture, à plus tard ! »

Et, quelques secondes plus tard, la porte claqua derrière lui. Théo grogna et se fit violence pour ne pas décrocher le téléphone : il voulait appeler quelqu'un, Harry ou Draco, n'importe, mais empêcher ce rendez-vous. Pourtant, il resta à sa place, avec Crystal sur les épaules, en ruminant ses pensées.

OoO

Le téléphone sonna. Installé sur un oreiller du canapé, Liloute leva la tête alors que sa maîtresse laissait tomber tout ce qu'elle avait dans les mains, à savoir son fer à repasser, et se rua hors du canapé pour décrocher le téléphone.

« Allô ?

- Bonsoir Isaline. C'est moi.

- Bonsoir Rémi. Tu vas bien ?

- Mieux depuis que tu as décroché. Et toi ?

- Ça va.

- Ecoute, je voulais m'excuser. Je sais, c'est un peu tôt pour que tu rencontres mes parents, mais… c'est pas grave. Je me suis emporté.

- Un peu trop, oui.

- Tu sais… j'ai discuté avec Harry… »

Isaline se mordilla la lèvre en se demandant ce que son imbécile de neveu avait encore fait. La veille, il y avait eu grève des transports en commun. Allan prenait le bus pour aller au collège et Rémi ne pouvait pas l'emmener, commençant à l'heure où les cours de son fils débutaient. Harry s'était alors proposé pour emmener le gamin au collège sur sa moto, ce que le médecin avait accepté après un bon quart d'heure de supplications de la part de son fils. La conversation avait eu lieu lors du dîner chez Isaline et, quelques jours plus tard, Rémi apprit qu'il était de service de nuit. Ainsi, comme il le faisait à chaque fois dans ce genre de cas, il laissait Allan chez ses parents. Il dit alors à Harry qu'il n'était pas obligé d'emmener Allan, son père s'en chargerait, mais pour ne pas décevoir l'adolescent, l'affaire avait été maintenue.

Résultat, Harry était allé chez les parents de Rémi pour prendre l'adolescent. Isaline craignit qu'il fasse mauvaise impression, même si elle était très fière de son neveu. Au contraire, il fut très bien accueilli par les parents de Rémi. Enfin, ils étaient apparemment un peu méfiants, mais ils furent totalement conquis quand Harry se mit à relire les devoirs d'anglais d'Allan et sa cousine Kimiko, tous deux dans la même classe, qu'ils faisaient sur la table de la cuisine vu qu'ils les avaient complètement oubliés. Le fait qu'il soit bilingue, souriant et que, en plus, il ait bu une tasse de café avec eux les avait tout simplement charmés. Enfin, Harry avait dit que cela s'était bien passé, Rémi avait été un peu plus descriptif… en passant les détails concernant son fils qui était ravi d'être monté sur la moto de Harry, surtout en partant du collège.

Dans l'après-midi, Harry était reparti le chercher, s'arrêtant près de l'entrée de l'école. Autant dire qu'Allan était fier de monter sur la moto derrière Harry devant ses petits camarades de classe, ce qui faisait bien rire le brun. C'était si facile de faire plaisir à un gamin… Le tatoueur l'avait ramené chez lui, Rémi étant rentré de son service, et il l'avait accueilli. Et, là, ils avaient eu une petite conversation…

« Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Pas grand-chose. »

A part qu'elle n'avait jamais eu de relations amoureuses très sérieuses et qu'elle n'attendait plus grand-chose des hommes. A part qu'elle craignait que ça aille trop vite, que la famille de Rémi ne l'accepte pas et que tout s'arrête aussi vite que c'était arrivé.

« Ah, fit Isaline, ne sachant que dire.

- Il te connait bien. Et il t'aime, aussi.

- C'est moi qui l'ai élevé, ce gosse.

- Tu es libre, ce soir ? Demanda-t-il soudainement.

- Oui.

- Je passe te chercher dans une demi-heure, ça te va ?

- D'accord, je t'attends. »

Et il raccrocha. Isaline sentait son cœur battre un peu plus vite que la normal et elle sourit bêtement : la dispute ne s'était pas vraiment réglée mais tous les deux avaient besoin de se voir, ce qui était une bonne chose. Elle retourna donc dans son salon et débrancha son fer, rangea la table à repasser et voulut monter à l'étage pour se changer : avec ses cheveux dans tous les sens et ses vêtements de la journée, elle avait l'air d'un épouvantail. Enfin, pas pire que Harry dans ses grands jours, mais tout de même. Cependant, elle ne put faire un pas car la sonnette retentit dans l'entrée. Que Rémi l'appelle à six heures et demi du soir, pourquoi pas, mais que quelqu'un sonne à sa porte à la même heure, ça, c'était louche.

Néanmoins, elle alla ouvrir, et elle découvrit avec horreur un beau gosse blond planté sur son pallier. Elle faillit hurler au scandale mais elle se retint et lui fit un joli sourire, alors qu'elle était en train de maudire son imbécile de neveu qui avait bien choisi son jour pour faire chier le monde. Oui, sa règle du « on parle pas comme un charretier chez moi » était mise au placard, ce soir-là…

« Salut beau blond, tu vas bien ?

- On fait aller, et toi ? Répondit Draco tout en embrassant ses joues.

- Pareil, on fait aller. »

Difficilement, mais on fait aller…

« Je viens voir Harry. Je me suis disputé avec et j'ai besoin de le voir. »

Ça ne faisait pas très longtemps qu'ils se faisaient la tête, trois ou quatre jours, mais c'était bien assez pour que Draco ressente un manque et qu'il ait besoin de le voir, même s'il savait que son petit ami avait tord. Harry avait essayé de l'appeler mais, fier et têtu, Draco n'avait pas répondu. Il était tard et il rentrait tout juste d'un de ses cours particulier. Même s'il ne restait pas longtemps, il avait besoin de voir son amant, ne serait-ce qu'une dizaine de minutes.

« Désolé beau blond mais Harry n'est pas là.

- Où est-il ?

- Chez Ron. Besoin de passer la soirée entre hommes.

- Chez Ron ? »

Draco semblait dubitatif, les sourcils froncés. Isaline se demanda si elle était une mauvaise menteuse ou si Draco avait des doutes sur quelque chose.

« Pourtant, Hermione est censée sortir avec lui, ce soir. »

Non, elle n'était pas une mauvaise menteuse, c'était juste que Harry n'avait pas prévu que Hermione dise à Draco qu'elle sortirait avec Ron. En fait, il n'avait pas du tout prévu que Draco sonne à leur porte ce jour-là, et non pas un autre.

« C'est ce qu'il m'a dit.

- Où est Harry ?

- Chez Ron.

- Arrête de me mentir, Isaline. Où est Harry ? »

Draco restait calme, mais la tatoueuse pouvait voir dans ses yeux qu'il avait compris que quelque chose n'allait pas. Et il n'allait pas tarder à savoir quoi…

« Ecoute, il m'a dit que…

- Il est avec lui, pas vrai ? »

Sa voix avait changé, et son regard aussi. De la méfiance, il était passé à quelque chose entre la colère et la panique. Isaline s'en voulut de lui mentir alors qu'il savait très bien quelle était la vérité.

« C'est ça, hein ?

- Dray…

- Qu'est-ce qu'il fout avec lui ?! Putain, mais qu'est-ce qu'il fout ?! »

Il n'y avait pas que de la colère dans ces yeux, mais la souffrance de la trahison. Harry l'avait trahi. Il était sorti avec Seamus. Il lui avait accordé un rendez-vous. Un seul. En cachette. Et voir Isaline chercher quelque chose à dire lui fit encore plus mal.

« Dray, écoute…

- Pourquoi il est avec lui ?

- Je ne sais pas, Harry veut…

- Il sort avec lui, là ! Il est en train de me tromper !

- Non !!

- Il m'en aurait parlé, sinon ! Il est avec lui… »

Quelque chose se brisa dans son regard. Il paraissait hors de lui, au bord des larmes, tout simplement perdu. Il tourna les talons et courut dans sa voiture. Isaline voulut le rattraper mais il fut trop rapide et elle était pieds nus. Elle eut beau l'appeler, il ne revint pas en arrière. La voiture démarra en trombe et il disparut dans la nuit, les larmes au bord des yeux.

OoO

Seamus était venu le chercher en voiture et il roulait trop vite sur la route. Quand Harry avait allumé la radio, l'irlandais n'avait pas compris, étant donné qu'il était en train de lui parler, alors le brun lui précisa qu'il avait le mal des transports. Seamus ralentit alors l'allure mais ce n'était pas suffisant et Harry laissa la radio. Ça lui rappelait Draco au tout début…

Ils allèrent dans un restaurant relativement classe où ils dînèrent tranquillement, sans précipitation. Du moins pour Seamus qui tentait d'allonger la durée du repas, en discutant de sujets et d'autres avec son invité. Et il fallait dire qu'il avait de la conversation, ce que Harry ne pouvait qu'apprécier.

Ils commencèrent par une entrée avant de venir au plat principal. Il fallait dire que les plats étaient bons et ils s'abstinrent de boire du vin ou autre : Seamus conduisait et il se refusait à boire ne serait-ce qu'un verre. Quant à Harry, il n'était pas friand de vin et, honnêtement, il n'avait ni très faim ni soif. Il était même mal-à-l'aise, ne cessant de penser à Draco.

Pourtant, Harry essayait de jouer le jeu : autant se montrer objectif avec Seamus même s'il était évident qu'il ne changerait pas de position ce soir. Néanmoins, il ne devait pas rejeter Seamus sous prétexte qu'il était déjà pris : pour qu'il comprenne que ce ne serait pas possible entre eux, il devait lui expliquer avec d'autres arguments, d'autres choses qui ne lui plaisaient pas chez lui. Des défauts comme il en avait trouvés chez d'autres hommes, ce qui avait entraîné son célibat pendant trois années.

Cela dit, même en essayant de demeurer objectif, Harry ne parvenait pas à l'être vraiment. Seamus était comme tous les autres hommes qui avaient essayé de le séduire. Il essayait de le séduire, de façon certes tranquille et non forcée, mais il y avait des gestes, des signes qui gênaient Harry. Il mettait de côté le fait qu'il avait déjà quelqu'un, c'était surtout que Seamus était trop familier avec lui. C'était quelque chose qui avait toujours gêné Harry lors de ses précédents rendez-vous, cette façon que les autres avaient de vouloir effleurer sa main ou la prendre, carrément, alors qu'ils se connaissaient à peine, ou du moins ils n'étaient pas assez proches pour avoir ce genre d'attention réciproquement.

Quand il voyait Seamus le draguer, Harry pensait irrémédiablement à Draco. Lui s'était monté plus… respectueux ? Non, ce n'était pas le mot. Harry dirait plutôt qu'il s'était montré très séducteur, certes, mais il n'avait pas passé son temps à essayer de l'effleurer. Son avis sur lui avait changé quand il avait montré sa véritable personnalité, néanmoins, Draco n'avait pas pris sa main dès le premier rendez-vous en essayant de le séduire. Ainsi, malgré lui, Harry en venait à comparer Draco et Seamus, en se rendant compte à quel point le blond était différent des autres. Bien sûr, c'était son avis à lui. Mais dans la situation où il se trouvait, c'était le plus important, non ?

Ils terminèrent par le dessert, puis ils rentrèrent. L'atmosphère autour de la table avait été agréable, du début à la fin, même si Harry avait été plutôt gêné par les prix des menus. Seamus voulait payer la totalité mais Harry avait refusé, même si l'irlandais affirmait qu'il avait les moyens. Il le ramena donc lui et, quand la voiture s'arrêta devant sa porte, Seamus attendit le verdict.

Une chance. Une toute petite chance.

« Alors ? Fit-il, nerveux. Tu as apprécié la soirée ?

- Oui. Mais mon avis ne change pas.

- Pardon ?

- Il ne pourra jamais rien y avoir entre toi et moi, Seamus. »

La lumière était allumée dans la voiture et Harry regardait le conducteur droit dans les yeux, l'air sérieux, alors que le cœur de Seamus, douloureux, battait à la chamade. De panique.

« Mais…

- Je suis désolé. Mais tu es comme tous les autres. Il y a des choses que tu fais qui ne me plaisent pas, ta façon d'essayer de me draguer, de vouloir toujours me toucher la main, de la prendre… Il y a des gestes que je n'aime pas, tu es trop prévenant, on dirait que je suis une fille.

- Draco n'est pas parfait non plus !

- Non, il n'est pas parfait, mais je ne faisais pas référence à lui. Mais puisque tu insistes, je vais te dire que je n'aimais pas non plus son comportement au début, mais il n'a jamais été trop instant, il n'a jamais essayé de me toucher, il a toujours essayé de me connaître.

- Moi aussi je… »

Mais ça ne collait pas. Il n'y avait pas ce petit quelque chose qui faisait toute la différence. Pas parce que Draco était là, tout simplement parce que, même en étant célibataire, Harry ne pourrait pas sortir avec lui. Son caractère ne collait pas au sien, sa façon de gesticuler, de parler… Être ami avec lui, pourquoi pas ? Mais être amoureux, non. Harry se connaissait assez pour le savoir.

Et au fur et à mesure qu'il parlait, Harry pouvait voir de la douleur sur le visage de Seamus Finnigan, ses yeux s'abaisser de déception, les coins de sa bouche tirer vers le bas. Le voir ainsi fit mal à Harry, il ne voulait vraiment pas le blesser. Mais il allait trop loin, il avait besoin d'avoir le tatoueur, ce qui était impossible. Il devait l'arrêter, au risque de lui faire mal. Avant de quitter la voiture, il s'excusa. Sincèrement.

« Je te demande pardon, Seamus. Je ne veux pas te faire de mal. »

Et puis il sortit, fit quelques pas sur le trottoir et entra chez lui. Quand il referma la porte, la fatigue lui tomba sur les épaules avec violence. Chancelant, il s'appuya contre la porte et poussa un profond soupir : voilà une chose de faite. Cela le rendait tout triste, la vue du visage aussi triste que déçu de l'irlandais le remuait, Harry détestait voir les gens malheureux, surtout à cause de lui. Mais il n'avait pas le choix. Encore une fois.

Assommé, il retira ses chaussures et son manteau, puis entra dans la cuisine pour se servir un verre d'eau : il avait la gorge nouée. Quand il alluma la lumière, il fit un post-it rose fuchsia collé sur la table. Haussant un sourcil, Harry se pencha et lut le message. Il pâlit affreusement tandis que son cœur se mettait à battre trop vite.

« Remi est venu me chercher pour aller dîner. Draco est passé avant que je parte et il a compris que tu étais avec Seamus (il sait que Hermione sort avec Ron ce soir). Il n'était pas bien du tout, on aurait dit qu'il allait pleurer. Essaie d'arranger les choses. Tata qui t'aime même si t'es un chieur. »

Harry ferma les yeux quelques secondes et prit une inspiration. Il sentit la panique monter en lui avec violence, envahir son cœur et son esprit. Harry serra les dents et ferma les points, imaginant le visage blessé de Draco, les yeux emplis d'incompréhension, alors qu'il comprenait où se trouvait le brun.

Ce n'était pas bon du tout, ça, pas du tout du tout. Draco n'était pas censé passer à la maison et encore moins savoir que Ron sortait avec Hermione. D'ailleurs, même lui n'était pas au courant que Ron sortait avec sa copine, il lui avait assuré qu'il n'avait rien de spécial à faire ce soir-là. À moins que ce soit une visite surprise… Quoi qu'il soit, Draco croyait qu'il le trompait dans son dos, et ça, c'était très mauvais. Il devait l'appeler. Tout de suite.

Harry dégaina son portable et chercha le numéro de son homme dans le répertoire. Il trouva son nom, appuya sur la touche du téléphone vert puis porta le mobile à son oreille. Les tonalités durèrent si longtemps que Harry crut que Draco ne répondrait jamais.

« Allô ?

- Dray, c'est moi. »

Silence. Long silence.

« Je suis désolé.

- Je ne vois pas pourquoi.

- Je ne t'en ai pas parlé.

- Tu me l'as caché. Tu m'as trompé. »

Harry serra les dents. Ces mots lui faisaient mal, ça sonnait comme une sentence. Il avala sa salive, la gorge sèche.

« Non. Je… je voulais juste passer une soirée avec lui pour lui faire comprendre qu'il n'y aurait jamais rien entre nous. C'est tout. Je… je ne voulais pas te faire de mal, tu sais, mais je savais que tu t'énerverais. Tu sais, je ne t'ai pas trompé. C'est pas comme si j'y étais allé pour voir comment il était vraiment.

- Mais tu y es allé.

- Oui. Et ça ne m'a pas plu. Ça me rappelle les autres qui ont voulu me séduire, avant toi. Toujours pareil, de la drague, effleurements… Un peu comme toi, au début, mais tu étais différent. Tu sais, je voulais juste l'écarter. Pas te blesser. J'ai jamais voulu te faire de mal. J'ai fait une bêtise, ce n'est pas la première. Tu ne peux même pas savoir comme je m'en veux. »

Maintenant qu'il l'avait au téléphone, il sentait le remord lui bouffer le cœur. Il imaginait Draco arriver ici, comprendre que Harry était avec Seamus. A sa place, il aurait éprouvé de la souffrance mêlée au goût amer de la trahison. Il aurait dû lui dire et ne rien lui cacher.

« C'est ça, oui…

- Qu'est-ce que je peux faire pour me faire pardonner ? Je ne t'ai pas trahi, Draco. Je te le jure. Je suis à toi, rien qu'à toi. Qu'est-ce que je dois faire, Draco ?

- Viens chez moi. Tout de suite. »

Il y eu un instant de flottement. Puis, Harry répondit.

« J'arrive tout de suite. »

Quelques minutes plus tard, Harry ouvrait le garage et sortait sa moto, avant de le refermer et monter à bord de son bolide, en direction de la demeure de Draco Malfoy. Le chemin lui parut effroyablement long, il se demanda même si le sort ne jouait pas contre lui. De plus, il craignait la colère de Draco, une colère compréhensible mais qui serait sûrement difficile à canaliser.

Ainsi, la peur au ventre, il arriva devant la belle villa, éclairée par la lumière froide des lampadaires. Aucune lumière ne s'échappait des fenêtres, la demeure paraissait endormie. Harry se gara contre un lampadaire, posa un antivol, puis il sonna au portail, qui ne tarda pas à s'ouvrir. Le tatoueur traversa le petit chemin qui menait à la maison, puis il toqua à la porte.

Ce fut un Draco enveloppé d'un épais peignoir blanc qui vint lui ouvrir, la mine sombre et le regard glacé. En le voyant ainsi, si loin de ce qu'il était habituellement, Harry ouvrit la bouche avec le désir de se justifier, de lui demander pardon, de lui expliquer pourquoi il avait fait ça.

Mais il se passa quelque chose. Il ne savait pas vraiment quoi. Mais une impulsion soudaine le poussa à prendre le visage de Draco dans ses mains pour ensuite l'embrasser avec passion. Il sentit les mains du blond se poser ses épaules pour le repousser, mais Harry enserra son cou de ses bras et glissa sa langue dans la bouche de Draco, qui tentait de protester. Le tatoueur, qui caressait langoureusement la langue de son petit ami de la sienne, se mouvant contre sa bouche, sentit la résistance du blond s'effriter rapidement. Il entendit juste la porte se refermer avant que les bras de Draco ne s'enroulent fermement autour de sa taille, ce dernier répondant fiévreusement à ce baiser.

Pourquoi répondait-il ? Pourquoi répondait-il à ce baiser, à cette bouche collée à la sienne qui l'emportait dans un tourbillon de sensations ? Pourquoi refermait-il ses bras autour de sa taille avec autant de possessivité alors qu'il lui en voulait, alors qu'il avait été trahi ? Blessé, comme jamais il ne l'avait été ?

Parce qu'il l'aimait. Même s'il était en colère, même s'il souffrait de cette cachoterie, de cette trahison, il l'aimait. Là se trouvaient les perversités de l'amour, cette façon que les hommes et les femmes avaient d'accepter les erreurs de leurs compagnons en dépit de la douleur qui écrasait leur cœur. Malgré son envie de se décoller de lui, de lui crier dessus, de lui faire comprendre qu'il avait eu mal et de lui faire du mal, Draco ne pouvait le repousser. Au contraire, il l'attirait à lui, son dos percutant le mur tandis que Harry l'entourait de ses bras, possédant sa bouche et tout son être.

Draco sentait l'excitation monter en lui, alors que la main de son amant descendait sur sa cuisse. Il releva la jambe, permettant à Harry se rapprocher encore plus que lui, alors qu'elle s'enroulait autour de ses hanches. Leurs bouches se décolèrent soudainement, leur permettant de reprendre leur respiration, mais pas longtemps : les lèvres de Harry voyagèrent dans son cou et Draco ferma les yeux, alors que son amant lui murmuraient quelques mots à l'oreille.

« Je t'aime… »

Ces mots remuèrent quelque chose en lui, quelque chose de douloureux.

« Prouve-le. »

C'était la première fois qu'il ressentait cela. Ce besoin de sentir un homme contre lui, d'être aimé, d'être possédé. C'était la première fois qu'il était assailli de doutes et qu'il voulait se prouver que son homme n'appartenait qu'à lui. Alors Draco ouvrit les yeux et rencontra les orbes émeraudes de son petit ami, brillantes de luxure.

Ce qu'il ne savait pas, c'était que ce jeune homme si près de lui, si passionné et téméraire était terrorisé. Car quand Draco lui avait ouvert la porte, il avait imaginé pendant quelques secondes que leur relation était terminée. Dans ses yeux gris et froid, il avait lu la trahison, et sur son visage pâle et fermé, il avait vu des reproches. Et Harry voulait effacer ces sentiments, les détruire.

Prouver à Draco qu'il l'aimait. Qu'il n'appartenait qu'à lui.

OoO

La maison était sombre et apparemment vide. Ils traversèrent les couloirs, s'arrêtant par moments pour s'embrasser, avant de poursuivre : s'ils se laissaient aller, ils feraient l'amour contre un mur ou à même le sol. Par miracle, ils parvinrent à la chambre à coucher. Une chambre pâle et froide, comme Draco. Une chambre qui semblait revivre, maintenant que Harry était revenu.

Draco alluma la lumière, ou plutôt la petite lampe sur sa table de chevet. Il voulait voir le visage de Harry, il n'aimait pas faire l'amour dans le noir. Son petit ami le poussa vers le lit où il s'allongea, attirant le brun contre lui. Ainsi, les jambes écartées et les pans de son peignoir entrouverts, Draco accueillit son amant dans ses bras, enlaçant ses épaules, caressant ses cheveux noirs, alors que leurs bouches s'unissaient à nouveau, leur langue entamant un ballet sulfureux.

Harry s'était attendu à autre chose. Honnêtement, il aurait pensé que Draco se serait montré exigent, dominateur. Il pensait qu'il aurait joué ce rôle qu'il avait toujours eu, de celui de l'homme, qui mène leur couple et leurs ébats. Mais au contraire, le blond était alangui sous lui, comme s'il désirait autre chose. Etre dominé. Etre celui qui subissait les coups de butoirs, être celui qui fermait les yeux et savourait le moment. Pas celui qui menait la danse, celui qui déployait des trésors de tendresse et d'amour pour satisfaire son partenaire.

Draco voulait être celui qui serait aimé, celui à qui on prouverait des sentiments sincères et sans taches. Alors Harry, ce soir, se montrerait fougueux, amoureux, oserait aller plus loin et déclarerait son amour dans chacun de ses gestes. Et tandis que Draco caressait ses cheveux, Harry se faisait la réflexion que cette nuit serait différente des autres, ses mains caressant la hanche de Draco et une cuisse pâle, descendant vers ses fesses.

Soudain, la situation s'inversa : Draco se retrouva sur Harry, à demi-nu, alors que le brun avait encore tous ses vêtements. Sans briser le baiser, ils continuèrent à s'allumer, envoyant des frissons d'anticipation dans le corps de l'autre, avec leurs mains, leurs bouches, mais aussi leurs membres excités qui se touchaient à travers le pantalon de Harry. Les mains de ce dernier étaient posées sur les épaules de Draco, elles descendaient le long de son dos, caressant ses omoplates avant de toucher sa colonne vertébrale et sa chute de reins, poussant doucement le peignoir. Enfin, elles s'arrêtèrent aus fesses et, sa bouche envahie par la langue de Draco, Harry ne put s'empêcher de rougir, bien que son visage doit déjà bien coloré par l'excitation qu'il ressentait : ça commençait à aller trop loin, il ne savait pas faire l'amour correctement, il avait peur de mal faire et de blesser Draco, plus qu'il ne l'était déjà.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, le blond brisa leur baiser et le regarda droit dans les yeux. Ses prunelles sombres cerclées d'iris bleu gris brillaient et sa bouche était rougie par leurs baisers. Ses cheveux blonds partaient dans tous les sens, ébouriffés. Il était beau. Les épaules nues et son visage éclairé par la lampe de chevet étaient un appel à la luxure. Harry en resta sans voix.

« Tu m'aimes ?

- Tu as de ces questions…

- Réponds-moi.

- Oui, je t'aime. Je n'aime que toi. Sinon, je ne serais pas là ce soir. Je ne serai pas sorti pour essayer d'arranger les choses et je ne serais pas venu chez toi pour les arranger à nouveau. Je suis à toi. »

Ces derniers mots remuèrent quelque chose en Draco. Ses yeux brillèrent à nouveau et son visage changea. C'était un peu comme s'il était ému, un peu comme si ces mots réchauffait son cœur malmené. Il avait cette sensation que Harry lui appartenait, qu'il était à lui, mais il mettait cela sur le compte de ses sentiments qui créaient en lui une possessivité naturelle. Et entendre Harry prononcer ces mots soulevait quelque chose en lui. Cela le rassurait presque.

Alors Draco se pencha vers lui, tenant son joli visage entre ses mains.

« Aime-moi. Laisse-moi t'appartenir, aussi. »

Puis, il se pencha vers Harry et baisa sa bouche, pressant ses lèvres contre celles de l'homme qu'il aimait, à demi nu sur lui et tenant son visage dans ses mains. Harry répondit à ce baiser chaste avec tendresse et entrouvrit ses lèvres quand la langue de Draco caressa l'entrée de sa bouche, effleurant ensuite ses dents et enfin sa jumelle. Le brun leva les bras et enserra le cou de Draco, le cœur battant à la chamade, caressant ses cheveux blonds avec une infinie tendresse.

Puis, Harry le fit basculer sur le côté et s'allongea sur lui. Il caressa son corps, caressa ses cuisses, ses hanches, son torse. Brisant le baiser langoureux qu'ils échangeaient, le tatoueur fit dériver ses lèvres sur la joue de son amant, puis le long de son cou. Il embrassa une clavicule, la mordilla légèrement avant de suçoter une petite parcelle de peau. Il entendit Draco gémir, puis il descendit plus bas, arrivant alors à son torse pâle. Ses tétons étaient érigés, sa peau frissonnante et un peu moite. Entre ses lèvres humides, Harry prit un mamelon, le suçota aussi, le faisant rouler sous sa langue, mordillant avec ses dents. Il s'attaqua au premier avant de passer au deuxième, se régalant des soupirs du blond. Il ne faisait que reproduire les gestes que Draco avait parfois avec lui. Il avait été tendre la première fois, mais Harry avait découvert à quel point il pouvait être sauvage, laissant des suçons sur sa peau à des endroits stratégiques, comme s'il marquait son territoire.

Alors que sa bouche s'activait, ses mains n'en demeuraient pas en reste, elles échauffaient elles aussi le corps de Draco, touchant tout ce qui leur était accessible. Il savait que Draco n'aimait pas tant que ça les caresses, sauf à certains endroits. Il n'aimait pas qu'on lui touche les fesses, mais quand on lui effleurait le creux du dos, ses hanches ou ses épaules… quand on griffait ses épaules…

Soudain, Draco se redressa et tira sur le pull de Harry. Il était bien trop habillé à son goût, il voulait toucher sa peau et non pas la laine râpeuse ou le tissu froid et épais de son pantalon. En moins de quelques minutes, Harry fut nu, ses vêtements volant dans sa chambre. Durant cet effeuillage, Draco voulut le toucher, mais le brun le repoussa sur le lit, et une fois dénudé, il se réinstalla sur le blond, le contact de leur peau moite et de leurs sexes dressés allumant un brasier en eux. Ils frissonnaient, leurs gestes en devenaient presque frénétiques. Draco voulait plus que ça, plus que caresser son dos et descendre jusqu'à ses fesses. Il voulait le posséder, être possédé…

Alors Harry descendit à nouveau, jusqu'à se retrouver avec le visage près du sexe érigé de Draco. Ce dernier ferma les yeux et poussa malgré lui un gémissement de surprise mêlé au plaisir quand des lèvres moites se refermèrent sur le gland, une langue taquine glissa sur la peau fragile et frémissante. Harry s'appliqua à cajoler le sexe ferme et dressé, léchant sur toute la longueur avant de mordiller la peau, prenant enfin le membre dans sa bouche pour faire des allées et venues, d'abord lentes, puis de plus en plus rapides. Draco gémissait, ses mains crispées aux draps, alors que plaisir irradiait son bas-ventre, coulant dans ses veines brulantes. Son esprit était embrumé. Plus rien n'existait mis à part la bouche de Harry qui honorait ce qui faisait de lui un homme, cette langue chaude qui brûlait sa peau sensible, et ces mains qui caressaient ses cuisses, le creux de son genoux.

Puis ses fesses. Un doigt inquisiteur qui se fraye un chemin dans son intimité, cet endroit fragile et peu exploré qui recelait monts et merveilles. Cet endroit que Draco craignait, qu'il n'avait offert à personne avant Harry, et qui le faisait à présent trembler de plaisir, alors que Harry suçait cette partie intime de lui-même tout en caressant l'intérieur de son corps, le préparant à quelque de plus jouissif et douloureux. Un autre doigt vint et Draco ferma les yeux, alors qu'ils le préparaient doucement comme pour ne pas le blesser. Un troisième vint, mais le blond avait envie de plus. Ça faisait un peu mal, quelques picotements. Rien de bien méchant. Rien de bien conséquent…

Mais soudain, Draco ouvrit les yeux en grand et faillit hurler quand il sentit quelque chose d'humide contre son intimité. Les dents serrées et le corps tremblant, il peina à réaliser la situation, ou plutôt ce que Harry était en train de lui faire. Ce que sa langue était en train de lui faire. Légèrement. Sans approfondir. Ou un peu. Un tout petit peu. De quoi transformer ses gémissements en sanglots et faire blanchir ses phalanges, cramponnées aux draps. Tandis qu'un plaisir fou prenait d'assaut tout son corps, le transformant en un véritable brasier.

Enfin, Harry se redressa et plongea son regard dans les yeux de Draco. Ses orbes vert émeraude brillaient de mille feux, c'était un spectacle tout simplement magnifique. Il semblait gêné, sûrement pour son audace. Draco tendit les bras et l'attira à lui, lui ravissant ses lèvres tendrement, attendant la suite. Il n'était plus qu'une loque, une chose qui avait besoin de sa moitié, de quelque chose qui pourrait le compléter et lui faire voir autre chose que cet univers noir et blanc qu'il côtoyait tous les jours. Il voulait voir les étoiles, flotter au-dessus de la maison, mourir dans les bras de Harry.

Et quand Harry plongea en lui, blessant sans le vouloir cette partie si fragile et sensible de son être, si intime et secrète, c'était comme s'il s'approchait du ciel. Oui, cela faisait mal, oui, c'était douloureux, mais ce n'était pas cher payé pour ce qui viendrait ensuite. Car Harry amorça un mouvement, puis un second, et un troisième, envoyant des ondes de plaisir dans le corps de celui qu'il aimait, irradiant son corps.

Peu à peu, le mouvement lent de Harry devint de plus en plus rapide, presque frénétique. Harry aurait voulu être lent, faire durer le plaisir, faire languir Draco comme ce dernier l'avait déjà fait. Il voulait privilégier son plaisir, tout lui donner pour qu'il atteigne les cieux en premier, qu'il plane le plus haut possible. Il voulait lui faire l'amour, le vénérer, lui apporter tout ce qui pourrait être bon. Mais ces sensations qu'il tirait de cet acte l'empêchaient d'y voir clair et de prendre son temps : il avait besoin d'aller plus loin, de faire plus, de plonger encore dans ce corps chaud et accueillant, de sentir sa peau glisser contre celle de Draco, le sexe de ce dernier touchant son ventre, alors que les mains du blond étaient crispées sur ses épaules, plantant ses ongles dans sa peau.

Ces mêmes mains descendirent sur ses hanches, comme si elles voulaient qu'il aille plus vite, que ses coups de boutoirs soient plus violents, plus rudes, frappant encore plus fort sur sa prostate, cet endroit caché et sensible de lui-même. Harry prit ces mains dans les siennes et les releva au-dessus de la tête de Draco, continuant d'aller et de venir en lui, maladroitement mais sûrement, allant toujours plus vite, guidé par sa recherche de plaisir, ses veines brûlantes comme de la lave en fusion réclamant toujours plus de cet oxygène. Et sous lui, Draco se tortillait, perdu de cet océan. Il gémissait, criait parfois, quand c'était trop fort, trop bon, et Harry lui aussi laissait sa gorge exprimer tout ce qu'il ressentait.

La jouissance vint, aussi soudaine que plaisante, les expulsant hors de leurs corps pendant quelques instants, dans un état de félicité total, de bonheur sans limite. La descente fut douce, sans violence, et pendant de longues minutes, les membres emmêlés et le souffle erratique, ils restèrent l'un sur l'autre, reprenant leur souffle, attendant que leurs corps palpitants et emballés comme un cheval fou s'apaisent.

Quand Harry reprit ses esprits, il se retira du corps chaud de Draco. Ce dernier avait toujours les bras au-dessus de sa tête, ceux de Harry posés nonchalamment dessus, leurs doigts étroitement noués. Le brun caressa les mains blanches de Draco qui repoussa gentiment cette marque de tendresse pour enrouler ses bras autour de la taille de son amant qui soupira d'aise. Il embrassa la joue du blond, effleurant ses cheveux. De tels gestes firent douter Draco, ou plutôt, ils mirent en cause ses doutes : devant de tels gestes naturels d'affection, d'amour, comment avait-il pu douter de lui ?

Cette question vague flotta dans sa tête quand il sentit soudain une main se refermer sur son membre. Il ferma les yeux un court instant : Harry voulait remettre ça ? Draco avait passé une journée exécrable et ce moment fusionnel l'avait pleinement contenté : Harry avait une façon de faire l'amour qui faisait passer l'autre avant lui-même, privilégiant le plaisir de son partenaire par rapport au sien. Et Harry voulait quand même recommencer…

Pourtant, son membre ne tarda pas à se redresser, grâce aux caresses de Harry. Draco déglutit et poussa un léger soupir quand son sexe fut abandonné. Harry se redressa et prit ses lèvres, alors le blond ferma les yeux et répondit à son baiser.

Il entendit Harry gémir et fut étonné, mais comprit rapidement pourquoi : Harry se frottait légèrement contre lui et, quand Draco glissa sa main le long de son dos, il sentit le bras de Harry qui s'étendait dessus, sa main posée un peu trop bas pour que ce soit naturel. Il se préparait. Lui-même. Et cette simple évocation séduisait Draco qui sentit son membre réagir joyeusement. Plus encore quand le brun brisa le baiser pour se redresser et jeter au blond un regard quelque peu coquin. Il s'assit sur les hanches de Draco, excité, et continua de se préparer, les joues rouges et une gêne évidente sur le visage. Draco le regarda faire, hypnotisé, semblant ignorer l'embarras de son amant.

Enfin, Harry se suréleva et prit le sexe de Draco dans sa main. Alors qu'il descendait sur le membre érigé, il ferma légèrement les yeux, grimaçant sous l'intrusion de ce membre conséquent dans son intimité. Il resta quelques secondes ainsi, à califourchon sur les hanches de Draco, à s'habituer à la présence de son sexe en lui. Puis, il descendit complètement, le prenant en entier en lui, arrachant un gémissement pur plaisir à l'homme qu'il aimait.

Il voulait aller jusqu'au bout. Il lui avait l'amour, il l'avait pris, de façon maladroite mais passionnée, en essayant de lui donner le meilleur. Maintenant, il se donnait à lui, lui apportait du plaisir d'une toute autre manière. Mais en menant la danse. Parce que c'était ce que Draco voulait : être aimé.

Alors, les mains sur le torse de Draco, Harry amorça un mouvement de bassin, puis un autre, et encore un autre. Il n'avait jamais expérimenté cette position, terriblement gênante puisqu'il était assis sur les hanches de Draco, totalement nu et livré à son regard. Mais cela avait quelque chose d'excitant, de sentir le sexe dur et chaud se frayer un chemin en lui alors qu'il dominait le blond, ses mains écartées sur son torse haletant.

Sous lui, Draco haletait, le cœur cognant contre sa cage thoracique. Jamais il n'aurait pensé que cette position serait aussi excitante, il avait toujours répugné à adopter d'autres positions que celle traditionnelles où les deux partenaires étaient face à face. Pourtant, voir Harry au-dessus de lui, admirer toutes les expressions de son visage, son corps musclé et moite bouger sur lui pour lui apporter du plaisir, cela avait quelque chose de terriblement plaisant et excitant. Harry était beau, son corps était beau, avec ses arabesques noires sur son épaule et ce papillon bleu sur son cœur, et son visage aux yeux mi-clos encadré de cheveux noirs indomptables était un appel à la luxure.

Draco posa alors ses mains sur ses hanches, Harry allait trop lentement et il se sentait à deux doigts d'exploser, mais le brun prit ses mains et les posa sur son propre torse pâle et noua leurs doigts. Ainsi, s'appuyant, sur lui, Harry se mit à se mouvoir de façon plus rapide. Il n'était pas très adroit, il arriva que le membre de Draco s'échappe de l'antre chaud, ce qui faisait gémir le blond, au supplice, mais son corps bougeait de manière si sensuelle, rapide, à la recherche d'un plaisir connu et à la fois nouveau, allant et venant sur ce membre dressé, que trouva rapidement de quoi le contenter. Il accompagna les mouvements de Harry, bougeant son bassin, frustré de ne pouvoir toucher son torse, ses hanches ou ses fesses, son sexe qui le narguait, serrant à la place les doigts de Harry noués aux siens.

Ainsi, Harry lui fit l'amour, abandonné et suivant des mouvements passionnés, fougueux. Il gemissait, criait parfois, quand le sexe dur de Draco tapait sa prostate un peu trop fort, quand le mouvement était trop bon, et les bruits de sa gorge se mêlaient à ceux de Draco qui mêlait soupirs et gémissements sous lui. ils étaient en harmonie, perdus à nouveau dans l'océan du plaisir et de l'amour.

Quand Harry sentit la jouissance venir, il alla plus vite encore si c'était possible, ancrant son regard dans celui de Draco. Puis, il ferma les yeux et se libéra dans un gémissement rauque, tandis qu'il sentait un liquide chaud se répandre en lui. Épuisé, il libéra les mains de Draco et s'appuya sur son torse, cherchant vaguement des yeux un endroit ou se poser, le cœur battant à la chamade, l'esprit embrumé par la jouissance et le corps tremblant. Draco l'attira mollement à lui et Harry s'effondra pour la seconde fois sur son corps.

Ils mirent du temps à reprendre une respiration normale. Ils prirent tout leur temps, savourant ce moment idyllique qu'ils n'auraient jamais imaginé passer ensemble. Harry souffla quelques mots à l'oreille de Draco qui l'embrassa sur le front, quelques mots doux qui apaisait les cœurs ou les révoltait, selon les moments. Mais en ce cas présent, il réchauffait les âmes.

Etroitement enlacés, le visage tout près l'un de l'autre, ils se laissèrent emmener par Morphée qui les berça dans ses bras vaporeux, les guidant vers le monde des rêves.


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !