Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si!

Couple : Harry / Draco.

Rating : M.

Salut les jeunes !

Lys : Hello :)

Eh non, je ne suis pas morte mais biiiiiien vivante ! Enfin, on fait aller quoi… Donc voici un nouveau chapitre…

Lys : … qui, nous l'espérons, vous plaira…

… Mais je ne suis pas du tout convaincue. Je sais qu'il y a plusieurs choses à revoir sur ce chapitre mais… je ne sais pas quoi changer. Je n'ose pas le relire, regarder ce qui ne va pas, corriger… J'essaierai de faire mieux au prochain, qui est vraiment un gros morceau, et dont l'atmosphère sera bien différente (pour des raisons que vous comprendrez à la fin de ce chapitre).

Lys : En attendant, j'ai deux nouvelles à vous annoncer ! Déjà, Papillon a atteint les 700 reviews. Nous vous en sommes infiniment reconnaissantes.

Car sans vous, jamais je n'aurais autant écrit. Je vous remercie tous infiniment, pour laisser des petits mots, qui me font tous chaud au cœur, et aussi pour suivre mon histoire malgré tout ce temps.

Lys : Aussi, la 600e page (taille 10, Times New Roman) a été atteinte !

O.O

Lys : Donc, pour tous vous remercier, chaque personne qui postera un review recevra un morceau du prochain chapitre (quand il sera en cours d'écriture bien sûr). Et ce n'est pas pour avoir plus de reviews mais pour tous vous remercier d'être toujours là à nous suivre ! :)

Voilà qui est bien dit ! :D J'espère que vous aimerez ce chapitre. Je veux remercier aussi Ammara et Havirnyrce Vince (connecte-toi plus souvent, que je puisse te remercier en direct live) pour avoir relu ce chapitre aussi rapidement (Ammara, t'es trop forte ! XD). Je remercie, en passant, Piou qui me tanne pour que je poste le plus rapidement possible la suite, jojo aquarius qui lit mes chapitres en soutenant que je suis trop pessimiste (juste réaliste), Enais66, soizic… tout plein de monde quoi ! Et surtout vous mes lecteurs :).

Je rappelle l'adresse de mon blog : http : // didi-gemini . skyrock . com/ (quelqu'un pourrait me faire un Théo/Seamus ou un Blaise Luna en fanart ? Ca existe pas T___T Ou alors m'en montrer un :D).

Bonne lecture !


Chapitre 28

« Vamos à la playa ! Oh o-o-o-oh ! … Tu sais, tu peux le dire si tu me trouves conne.

- Je ne me permettrai pas.

- J'en ai marre ! Je veux aller à la plage !

- Roseline, arrête un peu de te plaindre, tu veux ?

- T'as pas envie d'aller te baigner, toi ? Aller dans la mer, faire bronzette, manger des glaces… Surtout que t'as un copain, il pourrait te tartiner le dos de crème solaire ! »

Sauf que Harry était le genre de personne qui ne connaissait pas la crème solaire mais qui se barbouillait de crème hydratante, voire de Biafine©, après avoir cramé au soleil comme un homard. Et, honnêtement, il se voyait davantage en train d'appliquer de la crème sur la peau claire de Draco plutôt que le contraire, son petit ami lui avait clairement dit qu'il n'aimait pas bronzer et encore moins avoir des coups de soleil.

« Toi aussi, tu as un copain, non ?

- Nan, je l'ai quitté, c'est un con. Franchement, c'est de l'arnaque ! Isaline se barre en vacances et moi je suis comme une conne dans ma chambre à t'appeler.

- Merci pour moi…

- Nan mais je t'aime mon Ryry, et tu le sais en plus ! Nan mais ce que je veux dire, c'est que je me fais chier dans ma chambre devant mon cahier d'espagnol alors qu'Isaline mange des glaces sur la plage, quoi !

- Roseline, c'est pas que tu m'ennuies, mais…

- Mais je t'ennuie. Tu sors ? On est samedi, non ?

- Oui, mais la boutique est fermé à partir de quatre heures et mon copain ne va pas tarder à arriver.

- Je veux trop le rencontrer, celui-là… Quatre ans que t'es célibataire et tu trouves la perle rare !

- On va dire ça… Bon, je te laisse, à plus tard.

- Bisous ! Et profite bien !

- Bisous. »

Harry raccrocha, les yeux posés sur le réveil entreposé sur le meuble de l'entrée. Draco ne devait pas tarder à arriver et il savait que quand Roseline, la demi-sœur d'Isaline, appelait, cela prenait facilement une heure. Le tatoueur savait bien que, derrière ses airs de gamine et sa bonne humeur, se cachait un manque cruel d'amour et d'attention. Son père était loin d'être méchant mais il était souvent absent, voyageant beaucoup et emmenant sa fille unique avec lui. Surtout qu'il l'avait eue sur le tard… Et Roseline avait besoin de s'attacher à des personnes fixes dans sa vie si mouvementée et parler de choses souvent inutiles mais qui lui faisaient du bien. Les vrais problèmes qui lui faisaient du mal, c'était à Isaline qu'elle les confiait. La jeune fille cherchait une maman en elle, une personne qui pourrait l'engueuler comme il faut quand elle faisait des bêtises mais qui la rassurait malgré les kilomètres qui les séparait.

Après avoir poussé un léger soupir, Harry monta à l'étage puis entra dans sa chambre. Il eut à peine le temps de prendre son portefeuille qu'on sonnait, en bas. Le brun se regarda : il portait un jean un peu trop large et un sweet-shirt bleu foncé par-dessus avec des mots anglais. En somme, il était débraillé. Haussant les épaules, le tatoueur ressortit de sa chambre et alla dans le couloir pour ouvrir la porte. Là, debout sur le pallier, Draco l'attendait, toujours aussi classe, portant un jean serré et une veste qui devait valoir assez chère.

Contrairement à autrefois, à leur tout début, le blond ne haussa pas un sourcil en voyant son petit ami ainsi vêtu, mais se pencha vers lui pour planter un baiser sur ses lèvres. Liloute dévala les escaliers et vint souhaiter la bienvenue à l'étudiant qui lui câlina la tête, le temps que Harry enfile ses Converses© jaunes. Puis, ils fermèrent la porte, laissant la petite chienne derrière, cette dernière allant se recoucher dans son panier.

« Tu n'es pas en avance ?

- Si, un peu. Pourquoi ? Je te dérange ?

- Non, pas du tout. Je viens de discuter avec Roseline, lui dit Harry tandis que Draco déverrouillait les portes de sa voiture.

- Roseline… Ah, la demi-sœur d'Isaline ? Comment elle va ?

- Pas très fort. Elle aurait voulu parler à Tata, mais comme elle est partie… »

Nous étions samedi, Isaline était partie la veille pour Rome avec Rémi et son fils Allan. Elle l'avait appelé le matin pour lui dire qu'elle était bien arrivée, que l'hôtel était impeccable et qu'il faisait beau. La patronne lui avait demandé si tout allait bien et Harry, après avoir regardé sa montre, lui avait répliqué qu'il ne pouvait rien arriver de mal à neuf heures du matin, la boutique n'était même pas encore ouverte et il était toujours en caleçon. Alors sa tante l'avait incendié en lui ordonnant de s'habiller, elle ne l'avait pas nommé responsable de la boutique pour rien, il devait bosser !

« Elle a la pêche, ta tante, pouffa Draco en démarrant la voiture.

- Elle ose pas me le dire, mais elle est heureuse d'être partie. Elle n'a pas pris de vacances depuis Noël… Et encore, je n'appelle pas ça des vacances, on n'est pas partis.

- Vous allez où, d'habitude ?

- Dans le sud, ou alors dans un pays étranger. Quand on vivait à Londres, on se baladait dans le pays. On a été en Ecosse, et tout… »

Pendant une bonne partie du trajet, ils parlèrent de leurs voyages, qu'ils avaient eus étant plus jeunes. Ils avaient déjà évoqué cela, mais Harry aimait entendre son petit ami parler de son enfance. Leurs discussions sur ce sujet étaient assez rares, Draco ne semblant pas vraiment aimer parler de son enfance. Certes elle n'avait pas été malheureuse, mais il y avait toujours eu une sorte de manque en lui. Lorsqu'il quitta Londres pour s'installer à Paris, il ressenti une étrange sensation de renouveau, au point qu'il préférât sa vie dans la capitale Française plutôt que là-bas, dans ces vieilles maisons huppées où vivaient les membres de sa famille.

Ils en vinrent à parler de Sirius, qui partait toujours avec eux en vacances avec Severus. Draco lui demanda de leurs nouvelles et Harry lui apprit avec joie que tout semblait aller pour le mieux, même si c'était bien lent. Sirius avait accepté de retourner voir un psychiatre mais pas sûr qu'il poursuive une si belle initiative.

« Ce serait bien qu'il continue, ça lui ferait bien. Pas tout de suite, mais sur le long terme. Isaline aussi devrait aller voir un psy, ça lui ferait du bien.

- Une vrai tête de mule, elle refuse, soupira Harry en se laissant aller contre son siège. J'ai essayé de la convaincre, Nymph' aussi, mais elle ne veut rien entendre.

- Une force de la nature, cette bonne femme, fit Draco en se disant qu'Isaline était plus têtue d'une mule. Ça y est, on est arrivé. »

En effet, ils étaient dans le parking du centre commercial. La veille, Harry avait appelé Draco pour savoir s'il pouvait venir le chercher mais le blond lui avait répliqué qu'il avait du travail et que c'était donc inutile, ils ne se verraient pas plus de quelques minutes, mais qu'au contraire, ils pouvaient passer l'après-midi et la soirée ensemble le samedi, vu que Harry fermait plus tôt la boutique. Et ce n'était pas le tatoueur qui allait dire non, loin de là…

Ils ne tardèrent pas à arriver dans le cinéma, où se trouvaient Blaise, Millicent, Hermione et Ron, avec qui ils avaient finalement décidé de passer l'après-midi, se réservant leur soirée, et plus si affinités. En effet, Draco ne cessait depuis deux jours de lui envoyer des SMS un peu… taquins, à la fois parce qu'il s'ennuyait et aussi pour l'embêter, mais il n'en était pas moins sérieux…

Ils firent la queue pour prendre leurs places tandis que les filles allaient chercher du pop-corn. Blaise discutait avec Ron qui avait toujours son bras dans le plâtre, ce qui l'ennuyait prodigieusement, mais il pourrait bientôt le retirer et il en était content. L'étudiant lui fit tout de même remarquer qu'un tel accident nécessitait une rééducation et Ron en avait bien conscience, mais ce serait toujours mieux que ce truc autour de son bras : au moins il pourrait se laver sans sac plastique et il pourrait couper ses aliments lui-même.

Alors que Blaise lui décrivait en détails comment se passait l'opération pour lui retirer son plâtre, Harry tapotait un SMS, son bras autour de la taille de Draco qui enserrait ses épaules, lisant discrètement ce qui apparaissait sur l'écran du téléphone. C'était Cho qui chouinait parce qu'elle s'était disputée avec Marietta et Harry essayait de la rassurer : sa copine ne pouvait pas l'avoir trompée, elles étaient soudées comme les doigts de la main, toujours fourrées ensemble depuis qu'elles se fréquentaient…

« Qu'est-ce qui s'est passé pour que Cho doute à ce point de Marietta ?

- Eh bien… Hésita Harry. Marietta s'est mise à fréquenter une de ses ex, et Cho apprécie moyennement.

- Je la comprends, répliqua Draco.

- Toi, tu fréquentes tes ex et je ne dis rien, rétorqua Harry en levant le nez vers son petit ami.

- On ne peut pas dire que ce soit le grand amour avec Seamus, dernièrement.

- Encore heureux. »

Avec un léger sourire, Draco effleura ses lèvres. Harry répondit légèrement au baiser et esquissa à son tour un sourire qui se voulait naturel et qui devait l'être.

Dans le fond, il n'était pas bien, mais il n'osait en parler à personne. Quelques temps auparavant, il avait appris que Cédric serait libéré, et la veille, la chose fut faite. Harry avait caché la lettre à Isaline pour qu'elle ne la voie pas et soit perturbée pendant tout son voyage, ou pire encore, qu'elle l'annule. Mais le brun en avait parlé à Nymph', Remus et Sirius, les prévenant que son ex petit ami et bourreau était à nouveau en liberté. Normalement, il n'avait pas le droit de l'approcher, mais Harry savait de quoi Cédric était capable et il se doutait qu'il finirait par venir le voir, à un moment ou à un autre.

Harry n'était pas bête, il savait parfaitement que Cédric viendrait le voir, pour mille raisons différentes : lui demander pardon, comprendre, prendre de ses nouvelles, renouer un contact, le reconquérir, le détruire… Harry savait de quoi il était capable, mais il ignorait tout de ses intentions. Pourrait-il s'en prendre à Draco, il en serait capable, mais en aurait-il envie ? Voulait-il à nouveau Harry pour lui seul, considérerait-il le blond comme une gêne ?

Peut-être. Sûrement.

Pour être honnête, Harry avait peur. Il était mal dans sa peau depuis qu'il avait reçu cette lettre. Il ne cessait de penser à ce que Cédric pourrait faire. Il pensait l'avoir totalement oublié avec Draco, mais ce n'était évidemment pas le cas. Le jeune homme ne pourrait jamais pardonner à son ex, mais il savait que Cédric ne pourrait passer sa vie en prison, et dans le fond, Harry ne le voulait pas. Il l'avait aimé à une époque et il avait droit à une seconde chance. Mais loin de lui. Très loin de lui, de l'homme qu'il aimait, de sa famille.

Et puis… comment réagirait Draco en voyait Cédric ici ? Se demanda Harry en levant les yeux vers son petit ami qui regardait un écran fixé au mur. Le tatoueur savait parfaitement que Draco était jaloux de Cédric, ils en avaient déjà parlé et Harry sentait à chaque fois une haine et une jalousie mêlées chez son copain. Un jour, Draco lui avait dit que ce type était trop parfait pour être net, et cela sur un ton dédaigneux, le regard assombri. Et Harry avait beau lui dire qu'il le préférait largement, que Cédric n'était que de l'histoire ancienne, le brun se doutait que son amant avait des doutes.

Pourtant, Harry aurait voulu lui dire, lui faire comprendre à quel point il l'aimait, à quel point il était important pour lui. Cela dépassait tout ce qu'il avait ressenti auparavant, il serait capable de tout pour Draco. Et pourtant, Harry ne parvenait pas à lui dire que Cédric venait d'être remis en liberté, il gardait ça pour lui, jusqu'au moment où il aurait le courage de le lui avouer. Peut-être ce soir. Peut-être pas.

Sûrement pas.

Ils passèrent à la caisse et Draco paya sa place, malgré ses protestations. Puis, ils montèrent dans les étages pour accéder à la salle, où ils regarderaient le dernier film d'action sorti. Il y avait déjà du monde sur les rangs mais ils parvinrent à se caser tous à la suite dans une rangée, Harry assis entre son petit ami et Hermione, avec laquelle il bavarda un long moment avant que les bandes annonces ne commencent. Enfin, le film démarra et de façon presque automatique, Harry posa sa tête contre l'épaule de Draco, se callant contre lui.

Lui dire ou ne pas lui dire ?

Harry ferma les yeux.

Il ne le lui dirait pas.

OoO

Il avait fait beau toute la journée. Le soleil haut dans le ciel avait réchauffé leur peau et grandement amélioré leur humeur : Paris et son stress semblait bien loin d'eux, et pourtant, ils n'avaient fait que quelques heures d'avion seulement avant d'arriver dans la belle ville de Rome.

Dans le fond, c'était une capitale comme les autres, avec son trafic et ses habitants pressés dans les rues, mais le fait d'être en vacances, même un simple week-end, relaxait les touristes qui se prenaient bien moins la tête. C'était du moins le cas du trio qui avait passé la journée à visiter la capitale dans la bonne humeur, plus ou moins guidés par Allan qui voulait tout voir, enchanté par ce voyage. Derrière lui, Isaline et Rémi se tenaient la main et le suivaient, abandonnant ces restrictions qu'ils s'imposaient en sa présence, savourant une sorte d'intimité dont il ne pouvait bénéficier quand l'adolescent était près d'eux, ressentant une certaine gêne.

Ils visitèrent donc les grands monuments, tels que la fontaine de Trevi ou le colisée. Isaline fit part de sa culture générale concernant ce grand édifice, ayant appris pas mal de choses durant ses années de travail à la boutique, vu qu'elle voyait défiler aussi bien des adultes que des jeunes étudiants. Allan l'écoutait car elle parvenait à l'intéresser, ne lui racontant pas un bête cours qu'elle connaissait sur le bout des doigts, ce qui était lin d'être le cas. Même Rémi l'écoutait, connaissant deux, trois choses à peine sur cette ville et son patrimoine.

Ils déjeunèrent dans un restaurant où Isaline paya la note, toute contente de ce voyage qui la détendait à un point admirable. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas eu de vacances, ou du moins qu'elle n'était pas partie… Elle aurait pu le faire pourtant à Pâques, mais pour aller où ? Nymph' était partie avec son mari et son fils, Harry en avait fait de même pendant une semaine avec Draco, alors avec qui aurait-il pu aller en vacances ? Sirius ? Il était trop pris à ce moment-là, il n'avait pas la tête à ça, et puis elle s'était cassée la jambe… une bête jambe qui avait changé un peu sa vie, et en bien…

En tout cas, elle passait un très bon séjour, sans penser au lendemain qui serait consacré à la flânerie, aux boutiques et à quelques visites s'ils en avaient le temps. Allan voulait tout acheter pour tout le monde, bien que son père lui répète que son argent de poche avait des limites. Isaline aussi avait envie de dépenser ses sous en souvenirs.

Et pourtant, elle ne dépensa pas grand chose. Postée quelque part dans la boutique, elle regardait Allan hésiter, ses yeux voyageant sur les souvenirs entreposés sur les étalages. Quand elle regardait le jeune homme, elle tentait de s'imaginer l'enfant qu'elle n'avait jamais eu, ce bébé qu'elle avait tant désiré mais qui n'était jamais venu, et en même temps, elle revoyait Harry, son Harry, le nez froncé sous ses lunettes, hésitant entre tel ou tel cadeau pour ses amis.

Tout allait trop bien, en ce moment, songeait-elle sans cesse. Harry s'était trouvé quelqu'un, elle-même semblait avoir trouvé un homme, Sirius se remettait tranquillement… C'était étrange que tout aille aussi bien. Ça faisait du bien, certes, c'était reposant, et Isaline en avait vu assez dans sa vie comme ça. Mais elle ne pouvait s'empêcher de songer que quelque chose allait arriver, que ce n'était pas normal que tout soit si parfait…

« Isaline, tu rêvasses ?

- Hm ? »

La tatoueuse sortit de ses rêveries tandis que son compagnon sortait de la salle de bain où il avait pris une douche, portant un pyjama. Elle se leva alors et partit à son tour dans la salle de bain pour se laver, tandis que le médecin ouvrait le lit.

Ils s'étaient arrangés de la façon suivante : tous deux dormaient dans une chambre où il y avait un grand lit tandis qu'Allan avait une chambre pour lui tout seul juste à côté. Bien qu'ils soient contents d'avoir l'adolescent avec eux, cela ne réduisait en rien leur envie d'intimité et aucun des deux ne voulaient d'Allan dans leur chambre, même s'ils comptaient simplement dormir.

De toute façon, ils ne se gênaient plus, qu'Allan soit là ou non, et leurs gestes ne semblaient pas du tout perturber l'adolescent qui, au contraire, zieutait sur eux de temps à autre, sans savoir s'il était soulagé ou indifférent à les voir ainsi. Soulagé de voir son père un peu plus souriant et détendu, ou indifférent de le voir prendre la main et embrasser une autre femme que sa mère. Dans les deux cas, cela ne choquait pas Allan qui laissait faire, se disant que, de toute façon, il n'y aurait jamais de retour en arrière possible, et ce n'était pas comme s'il ne voulait plus voir Isaline avec son père.

La veille, Rémi et Isaline avaient dormi ensemble, ou plutôt, ils s'étaient écroulés sur le lit après une journée épuisante, quelques heures dans un avion puis dans un taxi les menant jusqu'à l'hôtel. Ils s'étaient changés rapidement, passant quelques minutes sous la douche avant d'enfiler quelque chose et se blottir l'un contre l'autre sur le lit. Cela leur avait paru assez naturel, mais ce soir, Rémi se sentait un peu plus tendu. Ils n'étaient pas épuisés, bien qu'ils aient les jambes en compote d'avoir tant marché.

Et sa tension ne fit que croitre quand Isaline sortit de la salle de bain, en chemise de nuit assez courte, révélant les tatouages qu'elle portait sur ses épaules et ses jambes. Rémi était en train d'attendre dans le lit, savourant cette agréable sensation qu'il ressentait maintenant que ses jambes étaient allongées sur le matelas. Isaline se glissa à son tour dans le lit et éteignit la lampe de chevet avant de se blottir contre Rémi qui la prit dans ses bras.

Cela lui faisait étrange de tenir cette femme contre lui, ce corps chaud qui épousait la forme du sien. Sentir ses cheveux contre son bras, son souffle tout près de son visage, sa main sur sa taille, ses jambes emmêlées aux siennes…

Tellement étrange… et agréable.

OoO

Plongé dans une réflexion intense et les yeux rivés sur la porte de la chambre, Allan n'avait plus ou peu conscience du monde qui l'entourait. Il ne voyait que cette porte, à quelques centimètres de lui, et il ne savait pas s'il devait toquer, l'ouvrir ou retourner dans sa propre chambre.

Il était neuf heures, et l'adolescent était debout depuis une bonne demi-heure. Las d'attendre les adultes qui n'avaient pas décidé de se lever en avance, il s'était tâté avant de se lever et de se planter devant leur porte, ne sachant quoi faire : frapper pour les réveiller, entrer et les déranger, ou bien ne rien faire et retourner sur son lit à feuilleter les guides touristiques en italien.

Finalement, prenant son courage à deux mains, il posa sa main sur la poignée et voulut ouvrir, mais la porte était fermée, le verrou devait être posé. Faisant la moue, Allan toqua à la porte.

« Papa ! Isaline ! Vous êtes réveillés ? »

Il reçut la réponse de son père qui lui dit de s'habiller et d'aller prendre son petit-déjeuner, ils le rejoindraient en bas, le temps de se préparer. Allan haussa les épaules et retourna dans sa chambre.

Pendant ce temps-là, les deux adultes en questions émergeaient. Isaline était entre la réalité et le rêve, l'homme qu'elle aimait collé contre son dos. Elle en conclut vaguement qu'elle avait bougé pendant la nuit et que, naturellement, Rémi s'était collé à elle, recherchant sa chaleur et le contact de sa peau nue. Elle sentait son bras autour de sa hanche et son souffle contre son épaule, effleurant ses cheveux.

« Je crois que ton fils veut qu'on se lève.

- Si je m'écoutais, je resterais là.

- Moi aussi. Allez, debout fainéant. »

Rémi poussa un soupir en se laissant aller sur le dos, tandis qu'Isaline se redressait. Tirant le drap sur elle, la tatoueuse chercha ses vêtements du regard. Le médecin la regarda, dans la semi-pénombre de la chambre, cette femme de quarante ans, tatouée, les cheveux bruns aux nombreuses mèches blondes. Son dos était découvert. Il passa une main légère sur sa hanche, touchant sa peau. La femme assise sur le matelas baissa les yeux vers lui et il lui dit quelques mots, qui ne l'effleuraient qu'à présent.

« On ne s'est pas protégé. »

C'était un fait et Rémi ne semblait pas du tout inquiet, alors qu'il aurait pu. Isaline eut un sourire et pouffa. Elle secoua légèrement la tête, ses doigts se resserrant un peu sur le drap qu'elle tenait contre elle.

« T'as pas grand-chose à craindre, tu sais.

- Pourquoi tu dis ça ?

- J'ai quasiment jamais pris la pilule dans ma vie. Quelques mois à peine, en vingt ans. Et je suis jamais tombée enceinte. »

Il faisait sombre dans la chambre, mais Rémi parvenait à distinguer ses traits. Des traits un peu tristes, mélancoliques. Quelque chose qu'elle n'avait peut-être dit à personne.

« Tu as fait des tests ?

- Non. Je n'avais pas envie qu'on me dise que j'étais stérile. »

Elle baissa les yeux vers ses genoux pliés devant sa poitrine, ses cheveux tombant dans son dos. La main de Rémi monta dans son dos et elle baissa à nouveau les yeux vers lui. Elle se sentit attirée par lui, et elle se baissa alors pour se blottir dans ses bras qui se refermaient sur elle, contre son torse qui l'accueillait tendrement. Rémi la serra fort contre lui, caressant ses cheveux, baisant son front, faisant peu à peu taire ces petites souffrances, ces doutes et ces déceptions qui avaient ponctué sa vie, avec la douceur d'un amant, avec la tendresse d'un amoureux.

OoO

Le téléphone sonna. Une fois. Puis deux. Puis trois…

« Alloooooo ?

- C'est moi. »

Aussitôt, le sourire de Cho s'effondra et une sombre lueur apparut dans ses yeux noirs. Le visage crispé, la main figée, elle lutta pour ne pas raccrocher aussi sec.

« Olivier n'est pas là, dit-elle d'une voix froide.

- Pas grave.

- Tu le rappelleras, j'ai pas envie de te parler, Marcus.

- Moi non plus. Cédric est sorti. »

Ses lèvres s'entrouvrirent, ses yeux s'écarquillèrent en une expression de stupeur.

Soudain, elle se sentit seule. Seule dans ce petit appartement, où des vêtements traînaient un peu partout, ainsi que des clichés, des bouquins, des papiers… Seule, les pieds posés sur le sol, immobile, dans la peur de tomber en arrière ou en avant…

« Enfin, ça fait quelques jours.

- Combien ? »

Sa voix était… lointaine. Comme si elle venait d'un endroit qu'elle ne connaissait pas, comme si ce n'était pas sa voix qui parvenait jusqu'au combiné.

Pendant un instant, alors que Marcus lui répondait, Cho revit ce visage qu'elle avait aimé, ce visage de beau jeune homme. Ses cheveux brun teintés de miel, ses yeux mordoré, son sourire doux, mystérieux, et sa voix… Ses manières, son rire, ses caresses… Ses mains…

Et le visage blessé de Harry à l'hôpital, ses yeux vert émeraude perdus dans le vide, les bandages autour de lui, et Isaline lui tenant la main, le visage pâle, ses yeux fatigués soulignés de cernes violacées…

« Il va venir. Je le sais, même s'il ne me l'a pas dit.

- Pourquoi tu appelles ? »

Pourquoi prévenait-il, pourquoi appelait-il ? Pourquoi faisait-il cela maintenant, alors que tout le monde était prêt à protéger Harry, à l'aider en cas de besoin ? Pourquoi prévenait-il alors qu'il n'avait rien fait pour lui quatre ans auparavant, le laissant aux mains de Cédric au lieu de le protéger, ou du moins le préserver de tout ce qu'il voulait lui faire subir ?

« Parce que Harry a quelqu'un et je pense que ça va mal se passer. Tu connais Cédric… »

Oh oui elle le connaissait. Elle le connaissait bien, ce salopard. Nul doute que Draco en prendrait plein la gueule si jamais Cédric apprenait qu'ils étaient ensemble, plus encore s'il apprenait qu'ils ne s'étaient pas limités aux baisers, mais qu'ils étaient allés bien plus loin, comme c'est le cas dans la plupart des couples. Harry avait donné à Draco ce qu'il avait toujours refusé à Cédric et la pilule serait dure à avaler.

« Harry sait que…

- Il doit le savoir, oui. Et à mon avis, il doit flipper. Préviens Olivier.

- D'accord. »

Marcus Flint raccrocha, mais Cho mit un temps avant de poser à son tour le combiné sur son support. Les idées bouillonnaient dans sa tête, une peur étrange et saisissante avait pris possession de tout son corps. Elle craignit pour l'avenir, ce qui pourrait advenir de Harry et Draco. Surtout le premier, qui devait ruminer dans son coin, ne sachant que faire, à part attendre l'inéluctable…

OoO

Il était à nouveau allé au cinéma avec des amis. Il y avait quelques potes de Théo, Ron, Neville, et puis Seamus avait demandé s'il pouvait se joindre à eux, et personne n'avait émis d'objection. Néanmoins, Harry avait envoyé un SMS pour dire à Draco que l'irlandais était de la partie, le blond lui avait répondu : passe une bonne soirée. Harry ne voulait plus de doutes et de disputes, il préférait noyer son petit ami de textos pour lui dire qu'il voyait le jeune homme plutôt que de se taire et que le blond se fasse des idées ou rumine dans son coin.

Harry avait envie de sortir et de s'aérer la tête. Ou, plutôt, il ne voulait pas penser davantage à Cédric. Il angoissait seul chez lui et il en avait assez de se monter la tête. Draco avait passé la nuit chez lui et l'avait quitté dans la matinée : leur soirée avait suffi pour détendre Harry et lui faire oublier son anxiété. Néanmoins, quand son petit ami remonta dans sa voiture pour rentrer chez lui, le tatoueur fut assailli d'idées noires. Il n'en montra rien pourtant, ni à Nymph' quand il alla manger chez elle, ni à Sirius quand il passa chez lui dans l'après-midi, et encore moins quand Ron lui dit qu'il voulait aller voir un film qui atteignait les dernières dates de diffusion. Une sortie fut organisée en moins de deux minutes.

Harry avait sauté sur l'occasion, car sinon, il devrait suivre Sirius à l'aéroport pour récupérer Isaline. Il avait prétexté cette sortie pour ne pas y aller, il savait que sa tante comprendrait, après tout, il serait tard quand elle poserait les pieds à Paris, et il avait autre chose à faire que de la récupérer, elle qui serait fatiguée par un tel voyage. Dans le fond, il aurait voulu la voir. En fait, il mourrait d'envie de revoir sa tante, et surtout, de lui parler. De lui parler de cette lettre qu'il avait reçue, de ce qu'elle impliquait, et de cette peur qui s'amplifiait de jour en jour. Ce n'était même pas pour lui qu'il avait peur, enfin pas seulement, mais aussi pour Draco. Et s'il allait la chercher, il lui dirait alors ce qu'il avait sur le cœur, il en était certain.

C'était pour cela qu'il était sorti. A l'heure où il rentrerait, elle serait couchée, sans doute dormirait-elle, et c'était ce qu'il souhaitait. Il ne voulait pas bousiller sa soirée, ses souvenirs de voyage. Il préférait attendre avant de lui annoncer la nouvelle. Et encore. Combien de temps attendrait-il ? Il n'en avait aucune idée. Quand il la saurait à la maison en train de dormir, il pourrait se détendre et envisager de tout lui dire de façon calme et reposée, sans panique, ce qui ne serait pas le cas s'il allait la chercher avec Sirius.

Peut-être lui dirait-il tout le lendemain. Peut-être. Mais pas ce soir. Pas ce soir alors qu'elle rentrait avec des paysages plein les yeux, des moments plein la tête. Pas alors qu'elle venait de passer un bon séjour avec l'homme dont elle était amoureuse et le fils de ce dernier.

Alors il restait là, assis sur la chaise peu confortable, à mâcher son hamburger, à côté de Ron, Seamus en face de lui. Ce dernier paraissait préoccupé, trempant ses nuggets dans la sauce Barbecue avant de les porter à sa bouche. Lui aussi avait bien besoin de se détendre. Les amis de Théo et Ron tentèrent de le dérider mais l'irlandais ne faisait que sourire par moment, sans plus.

A un moment donné, Harry lui demanda ce qui n'allait pas et l'irlandais haussa les épaules, lui répondant que ce n'était pas bien important. Il finit quand même par avouer au tatoueur que son père était malade et qu'il allait subir une opération dans les jours qui venaient, ce qui l'inquiétait. Seamus n'était donc pas du tout d'humeur à s'amuser, mais c'était soit ça, soit rester chez lui à ruminer de sombres pensées et de l'angoisse. Autant qu'il soit là, cela ne pouvait pas lui faire de mal.

Harry passa donc la majeure partie de sa soirée avec l'irlandais qui causait peu, lui parlant un peu de ses parents, de ce père tolérant et aimant qu'il chérissait et de sa mère si gentille qui ne s'était jamais opposée à sa sexualité. C'était déjà plus compliqué avec son grand-frère, qui pouvait se montrer très ouvert un instant avant de se refermer comme huître la minute d'après. Harry l'écoutait, les mains dans les poches, tous deux marchant bien derrière les autres, car il sentait que Seamus avait besoin de parler.

Il avait toujours senti que le jeune homme avait un constant besoin de parler, de parler de ce qu'il ressentait ou du moins de ce qu'il avait sur le cœur, mais il semblait incapable de le faire avec ses petits copains, encore moins avec ses amis, avec lesquels il n'était pas si proche que ça. L'irlandais était une personne un peu étrange, qui ne savait pas vraiment doser avec les gens, les haïssant, les aimant, parvenait difficilement à entre-deux. Seamus était parvenu à obtenir cela avec Théo, avec le temps, mais l'irlandais devait en avoir assez d'ennuyer sans cesse son colocataire avec ses histoires, mais il n'avait personne à qui vraiment parler de ses soucis.

Alors ce soir, il se tournait vers Harry, qui l'écoutait, ce dernier oubliant alors ses propres soucis. Ils restaient un peu en retrait des autres, oubliant leurs différents, ce qui les avaient rapprochés et à la fois séparés il n'y a pas si longtemps. Néanmoins, Seamus finit par demander à Harry si ça ne dérangeait pas Draco qu'ils se voient et le tatoueur lui répondit qu'il était au courant et que ça ne semblait pas l'embêter. Alors l'irlandais poussa un petit soupir soulagé. Et quand ils se quittèrent après la séance de cinéma, Seamus lui demanda pardon pour le mal qu'il leur avait fait. Harry lui prit alors le visage dans les mains et lui dit de ne pas s'inquiéter, tout irait bien pour son père, il ne devait pas avoir des idées noires comme cela. L'irlandais haussa les épaules. Ça irait sans doute mieux le lendemain.

OoO

Un hurlement. Puissant. Comme sorti des profondeurs…

Aussitôt, comme montée sur un ressort, elle se leva et ouvrit la porte violemment, se précipita dans le couloir, et déboula dans l'autre chambre. Il gémissait, sanglotait, les yeux grands ouverts dans le noir.

Elle s'allongea dans le lit et le prit dans ses bras, caressant ses cheveux, calmant ses soubresauts.

Il ne viendra plus. Ce n'était qu'un cauchemar, Harry. Il ne viendra plus jamais.

Si, il va revenir.

Il est libre.

Il va revenir…

OoO

Son semestre était assuré et sa moyenne était somme toute assez correcte. Géniale pour certains, qui passeraient les rattrapages à la fin de l'année, enviable pour ceux qui frôlaient la moyenne, acceptable pour ceux qui le dépassaient, et de loin. Il fallait dire que cette année-là était difficile, en raison de l'alternance entre les cours, les stages, et ses boulots. Il y avait des moments, comme ça, où il avait envie de prendre un prêt étudiant ou demander un peu d'aide à son père, mais ce serait, pour l'un, trop de difficultés après coup, et un échec, pour l'autre.

Et puis, de toute façon, il n'était pas malheureux. Il y avait des baisses de régime par moment mais rien de définitif. Surtout que les beaux jours arrivaient, ses journées au marché étaient donc moins épuisantes car il n'avait pas à affronter le froid et attendre les clients sans bouger. Les gens sortaient davantage quand le soleil se montrait clément avec eux, mettant un peu de chaleur dans les rues pourtant fraiches, mais Théo savait qu'il suffisait de quelques rayons pour que la clientèle apparaisse et ait envie de fraises.

Ainsi, il ressentait une agréable sensation de bien-être, car tout semblait aller dans le bon sens pour lui. Il avait hâte que le semestre se termine, et en même temps, il craignait les prochains partiels décisifs pour l'obtention de son année. Mais bon, bien que l'été soit encore loin, la saison approchait et Théo préférait largement travailler dans ces conditions-là, pouvant sortir sans mettre un manteau épais, vendre sans avoir les doigts gelés, plusieurs couches sur son torse et du papier journal dans ses chaussures.

C'était à cela que Théo pensait tout en picorant dans son assiette, entouré de ses amis de la fac. Ils étaient au restaurant universitaire, attablé devant une pizza ou un steak haché avec des frites, un repas chaud bien que répétitif. Malgré les protestations de certains, Théo continuait à manger là à chaque fois qu'il en avait l'occasion, car l'assiette était chaude et le prix correct. Il était de ceux qui s'habituaient aux repas insipides de la cantine qui lui remplissaient le ventre pour pas cher.

A côté de lui, se trouverait Veronica, sa petite amie. Depuis qu'ils sortaient ensemble, elle le collait au point que s'en était étouffant. Elle était en troisième année de médecine et elle zieutait sur lui depuis un petit moment. Théo la connaissait, certains de ses amis avaient retapé leur année et il l'avait donc rencontrée par amis communs. Un jour, elle lui avait demandé de sortir avec elle, et la trouvant à son goût, il avait accepté.

Il ne savait pas s'il regrettait ou si cela lui était égal. Etonnement, Veronica ne le lâchait pas, même s'il avait tendance à peu montrer son affection, se montrant câlin par instant avant de la traiter comme une banale connaissance, lui tenant peu la main, la calculant à peine… et pourtant, elle demeurait toujours dans son champ de vision, patiente, attendant un geste de lui, un baiser, une caresse…

Dans le fond, c'était une fille banale. Un peu garçon manqué dans ses manières, grande gueule par moment mais timide avec lui, comme si elle avait peur de lui déplaire. Sans savoir qu'elle avait emmené Théo dans le piège du couple sans avenir, qui se fréquentait parce que l'un voulait et que l'autre n'y voyait pas d'objection. Ils avaient même couché ensemble récemment. Cela ne ressemblait pas tellement à Théo d'être aussi rapide, mais cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu de petite amie et Veronica pensait obtenir là plus d'attention de sa part.

Sauf qu'il n'y avait rien. Juste un assouvissement de la part de Théo, qui apportait néanmoins un peu plus d'affection à sa petite amie, et une sensation d'intimité de la part de la jeune femme. L'un ne pensait pas trop à ça, l'autre se montait la tête. L'un se disait que ce n'était pas vraiment sérieux, l'autre que cela durerait longtemps.

A vrai dire, tout cela ne perturbait pas Théo. Il ne jugeait pas sa relation avec Veronica très sérieuse : pour lui, une fille ne devait pas se donner aussi rapidement. Certes, il avait consommé sans protester, car malgré tout, il restait un homme, mais il n'y avait pas de vrais sentiments entre eux et il s'était attendu à un peu plus de sa part. Sans oublier que, en ce moment-même, il ne se jugeait pas vraiment de bonne compagnie et il se doutait qu'elle finirait par s'en aller. Et il pensait cela sans se douter des sentiments de la fille pour lui, ni aux regards que les autres lui jetaient, rêvant de briser la carapace de cet homme cynique qui ne dévoilait jamais vraiment ce qu'il pensait.

En fait, ce qui préoccupait Théo dans cette relation, c'était l'attitude de Seamus. Ce dernier, comme une mère refusant de voir partir son poussin avec une autre donzelle, critiquait ouvertement Veronica et lui trouvait tous les défauts du monde, ce qui s'ensuivait de disputes aussi stupides qu'inutiles. Il ne comprenait pas cette attitude de la part de son colocataire qui semblait rejeter en bloc sa relation avec Veronica, alors qu'il ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Et non seulement cela intriguait fortement Théo, mais en plus, il trouvait cela étrangement valorisant. Enfin, le mot n'était le bon. Plutôt… « agréable ».

Et il se maudissait de penser cela. L'attitude de Seamus n'avait rien d'agréable, au contraire, cela lui prenait la tête, mais il ne pouvait empêcher son cœur de battre un peu plus vite quand Seamus lui faisait de scènes proches de la crise jalousie. Des scènes qui avaient tendance à se répéter, vu que Théo le fuyait depuis sa fête d'anniversaire.

Aussi loin qu'il s'en souvienne, Théo avait toujours été attiré par les femmes. Il avait un type particulier, le genre de filles un peu banales, qui préféraient les baskets aux souliers à talons. Voire même un peu garçon manqué. Les hommes ne l'avaient jamais tellement attiré, surtout depuis ce jour où il se fit presque agresser par un chien en chaleur qui voulait le tripoter dans les toilettes, et plus si affinités. Il avait même développé une sorte d'homophobie qu'il n'avait pu maîtriser qu'avec Harry, qui était bisexuel, et qui était devenu son ami avant de lui avouer ses penchants. Néanmoins, l'homosexualité lui paraissait toujours aussi dérangeante car contre nature : on ne pouvait faire l'amour qu'à une femme, car c'était normal, et productif. Théo ne se voyait pas mettre son engin autre part que dans le vagin d'une femme. Il lui suffisait de s'asseoir sur les toilettes pour imaginer la douleur de l'autre s'il le faisait…

Pourtant, il en avait eu, des conversations avec Harry et Seamus. Le premier maintenait que c'était possible avec une douleur réduite, il suffisait d'y être habitué, mais Théo affirmait que cet endroit-là n'avait pas été créé à cet usage-là. Et même quand Seamus, dans ses grands moments, lui montrait des images de femmes subissant une double pénétration, Théo demeurait campé sur ses positions.

Et elles étaient gênantes, ses positions. Accepter les penchants de Harry, Draco et Olivier étaient une chose : ils étaient quand même assez discrets, dans leur façon d'être, même si ça se voyait davantage pour Harry, mais ce dernier était son ami bien avant de lui avouer son inclinaison, et ce n'était pas comme s'il lui faisait du rentre-dedans pour l'embêter.

Seamus, c'était une autre affaire : il était clairement homosexuel, limite pédale dans sa façon d'agir. Il avait cessé de compter les disputes, assez mauvaises au début de leur colocation, puis de plus en plus taquines. Depuis le début, l'irlandais ne changeait pas de comportement, s'épilant les jambes, passant des heures dans la salle de bain pour la laisser empestée par du parfum et son déodorant, il se collait à Théo quand ils regardaient la télé, lui embrassait la joue quand il rentrait… Des gestes naturels pour l'un et horrifiants pour l'autre, qui avait néanmoins réussi à s'y habituer.

Il s'y était habitué. A la proximité de Seamus, son besoin perpétuel d'attention… Et c'était ça, le pire. Il s'y était habitué. Et Théo n'aimait pas leurs disputes, car Seamus le boudait, mais paradoxalement, Théo le fuyait car il sentait que sa relation avec son colocataire prenait trop d'ampleur dans sa vie. Il suffisait de voir leur comportement respectif lors de la fête d'anniversaire de l'irlandais, où il avait dansé avec ce dernier de façon assez sensuelle, l'esprit un peu embrumé par l'alcool. Où ils avaient été proches. Où Seamus l'avait embrassé sur la joue, pour le remercier de cette soirée. Et le lendemain, Théo ne pensait qu'à ça, cette soirée, et à tous les gestes que l'irlandais avait eus à son encontre, comme ce baiser lors du Nouvel An, dont le souvenir avait électrisé l'étudiant de façon aussi agréable que terrifiante.

Théo n'était pas pédé. Putain de merde, il n'était pas pédé. Alors pourquoi Seamus le troublait-il à ce point ? Ce n'était pas normal. La seule explication que Théo trouvait, c'était que Seamus était le premier garçon à manifester son amitié de cette façon et l'étudiant en était troublé. Cela ne pouvait être que ça, car Seamus, pourtant bien foutu, ne lui plaisait pas le moins du monde et Théo n'éprouvait, heureusement, aucune attirance sexuelle pour lui. Encore heureux, ou alors il serait tombé bien bas…

Le repas était terminé. Ils prirent leurs plateaux, les emmenèrent vers le tapis roulant menant aux cuisines, puis sortirent du restaurant universitaire. Aussitôt qu'il eut les mains libres, Veronica vint enlacer ses doigts aux siens et Théo fut tenté de la repousser, mais il ne fit rien, ses pensées tournées bien malgré lui vers Seamus qui serait bientôt dans le métro pour aller garder un enfant chez un couple.

OoO

Assis devant la table basse du salon, Severus était en train de corriger des copies, tentant de déchiffrer l'écriture abominable de certains élèves qui parvenaient à peine à écrire une phrase sans une faute d'orthographe, pire encore, en langage SMS. Severus n'avait pas une belle écriture, elle était petite et serrée, et il arrivait qu'il fasse encore des fautes de grammaire aujourd'hui, étant d'origine anglaise et ayant appris le français à l'école. Sirius faisait des fautes encore plus grosses que lui bien qu'il écrive ses romans le plus souvent en français. Son problème était qu'il parlait remarquablement bien cette langue mais il avait toujours du mal avec la conjugaison, écrivant des verbes de telle façon car il savait que ça se disait ainsi mais ignorant quel temps il employait.

D'ailleurs, avant de présenter son manuscrit à son éditeur, Sirius demandait toujours à son compagnon de le relire, afin d'éliminer certaines tournures étranges adaptées de l'anglais et les fautes de grammaire. Cela lui permettait aussi d'avoir un avis extérieur, et bien que les critiques fusent, Severus devait reconnaître que son compagnon avait un style agréable à lire et ses histoires, bien qu'originales et bien pensées, n'étaient pas prise de tête. Ce n'était cependant pas du tout le genre de livres que Severus pourrait lire…

Enfin bref. Il se trouvait devant sa table basse à corriger ses copies pendant que Sirius faisait le ménage, la chaîne hi-fi faisant tourner un album de Within Temptation. Severus écoutait vaguement, appréciant peu ce genre de musique. Il entendit son amant se déplacer dans le salon, abandonnant le chiffon et le produit à vitre, pour arrêter la chaîne hi-fi. Le professeur espéra bêtement qu'il changerait de registre mais Sirius mit un autre CD du même groupe et zappa les chansons jusqu'à arriver à The heart of everything. Alors Severus haussa les épaules en se disant que, de toute façon, il n'aimait pas vraiment la musique que Sirius écoutait en général, qu'elle soit anglaise ou française. En fait, il préférait le silence, et quand il devait écouter quelque chose, il préférait du classique ou des chansons qui avaient vraiment du texte.

Néanmoins, si cette musique de sauvage pouvait permettre à Sirius de faire le ménage, elle ne devait pas être si horrible que cela… Alors Severus ne dit rien même s'il n'en pensait pas moins, barrant de larges passages de sa copie avec son stylo rouge et écrivant rapidement une note peu fameuse dans un coin. Il la posa sur la pile de feuillets corrigés et en prit une autre qui semblait un peu meilleure que la précédente, et il s'avéra qu'elle dépassait à peine la moyenne. Mais c'était toujours ça, songeait-il : mieux valait comprendre la moitié que rien du tout…

On sonna. Étonné, il leva le nez de ses copies tandis que Sirius lâchait tout ce qu'il avait dans les mains pour aller ouvrir. Il prit le combiné de l'interphone et le porta à son oreille : c'était Isaline. Il déverrouilla le portail et laissa la porte d'entrée ouverte, puis rentra dans le salon pour ranger un peu le bazar qu'il avait laissé. Severus se leva et vint accueillir la tatoueuse qui l'embrassa sur les deux joues, la mine maussade. Severus fronça légèrement les sourcils.

« Quelque chose ne va pas ?

- Ouais, fit-elle, las.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? S'étonna Sirius. T'avais la pêche hier soir.

- Harry a fait un cauchemar cette nuit. Et il m'a avoué qu'il avait reçu une lettre : Cédric est libre. »

Sirius pâlit puis ferma les yeux et inspira profondément avant d'expirer, tentant de calmer le subit emballement de son cœur. La vision de son filleul malade, les yeux cernés et errant dans la maison comme une âme en peine explosa à ses yeux et le fit frissonner.

Severus les regardait, alors qu'une inquiétude pointait le bout de son nez dans son être. Il n'avait pas particulièrement d'affinités avec Harry, bien qu'il l'apprécie et qu'il s'entende assez bien avec lui, mais il devait reconnaître que ce qu'il avait vécu était traumatisant et savoir le tortionnaire en liberté ne pouvait que l'angoisser.

« De toute façon, il ne pouvait pas passer sa vie en prison, il a déjà reçu une lourde peine, dit Severus, avec raison. Et il ne serait pas à son avantage de venir en France, ni de s'approcher de Harry. Il n'en a pas le droit, de toute façon.

- Parce qu'on a le droit de kidnapper des gens et les séquestrer pendant un mois ? Répliqua Isaline, acide.

- Non, mais aujourd'hui, il a un casier judiciaire et les juges seront sévères si jamais il faisait une bêtise pareille.

- Harry flippe, même s'il essaye de le cacher. Il a gardé ça pour lui en plus, il a reçu la lettre Samedi. Il ne voulait pas me le dire maintenant, mais vu qu'il a cauchemardé hier soir…

- Il faut le rassurer, dit Sirius calmement. Il ne faut pas qu'il ait peur. Cédric, dans le cas où il viendrait en France, ne peut pas lui faire de mal dès la première rencontre. Il va essayer de lui parler, d'abord. C'est par la suite qu'il faudra faire attention : Harry a refait sa vie avec quelqu'un d'autre et je doute que Cédric l'accepte facilement, à moins qu'il ne se soit repenti.

- Ah, je ne crois pas, non… Fit Isaline avec un sourire mauvais.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Olivier m'a appelé aujourd'hui : Marcus l'a prévenu que Cédric était en liberté et il est persuadé qu'il viendra en France voir Harry.

- Ça ne change rien, continua Sirius. Je vais aller voir Harry et le rassurer : ça ne sert à rien de flipper, ça va lui pourrir la vie. Il ne faudra s'inquiéter que si Cédric vient vraiment ici, et suivant son comportement vis-à-vis de Harry. Et toi aussi il faut que tu te calmes, Isaline.

- Tu as sûrement raison… »

Mais c'était difficile pour elle. Elle avait vécu un Enfer, quatre ans plus tôt, pendant un long mois, et savoir ce type en liberté l'inquiétait grandement, surtout qu'elle savait que Harry angoissait, même s'il tentait d'apaiser ses peurs en y pensant peu. Isaline, quant à elle, était à la fois énervée et inquiète, ne sachant à quoi s'attendre d'une ordure pareille.

« Mais tu as l'air d'oublier quelque chose. »

Mais ce qui lui faisait le plus peur, pour être honnête, c'était…

« Draco. Quand Cédric va le voir, il va moyennement digérer le fait que Harry ait refait sa vie.

- Isa…

- Elle a raison, approuva Severus. En voyant ce type, Draco va essayer de marquer son territoire et ça va mal tourner. C'est un garçon raisonnable mais il est certain qu'il va vouloir protéger Harry et leur histoire.

- Draco est au courant ?

- Non. Harry ne lui a pas dit, et il ne veut pas le faire. »

C'était son choix, et arriverait le jour où il serait obligé d'avouer à son petit ami que son ex était libre. Isaline, ainsi que les deux hommes, était persuadée qu'il attendrait le moment où il rencontrerait Cédric. Car elle ne doutait pas une seule seconde qu'il viendrait ici, à Paris, malgré les interdictions. Diggory n'était pas le genre d'hommes qui respectait les règles quand elles ne l'avantageaient pas…

Isaline finit par s'asseoir sur le canapé et parla un long moment avec ses deux amis. Ils en conclurent qu'il valait mieux attendre pour voir comment avançaient les choses et, surtout, rassurer Harry. Alors, quand Isaline décida de partir, Sirius l'accompagna pour aller parler à Harry. Il n'était pas la meilleure personne pour le rassurer, lui qui passait son temps à faire des bêtises, mais il pouvait au moins essayer. Et, malgré tout, il savait que Harry l'écoutait et prenait le plus souvent en compte ce qu'il disait.

OoO

D'un geste las, Olivier sortit les clés de sa poche et ouvrit la porte blindée. Il rentra dans l'appartement, sombre, et alluma la lumière en appuyant sur l'interrupteur de l'entrée.

Cho n'était pas rentrée de sa soirée avec Marietta. Il y avait quelques tensions entre elles depuis quelques temps, surtout que Cho s'était encore fourrée dans les emmerdes en reprenant contact avec un homme peu fréquentable qu'elle avait connu lors d'une fête réunissant des amis communs. Dans la journée, Harry était intervenu, recevant un appel désespéré de la chinoise qui se retrouvait coincée dans une superette, n'osant sortir, et d'après ce qu'elle avait pu dire à Olivier, Harry s'en sortait avec un banal bleu sur l'abdomen. Pas de quoi fouetter un chat…

Le voyant prête à passer sa soirée à se morfondre chez elle, vu que Harry était pris pour un dîner avec Isaline, Sirius et Severus, le tatoueur lui avait ordonné d'aller se réconcilier avec sa petite amie et Olivier s'en voyait ravi : une Cho de mauvaise humeur était encore plus bordélique qu'une Cho dans son état normal.

Olivier rentra dans le salon et constata à quel point son salon était en mauvais état. C'était un petit appartement, assez simple, comparé à ce qu'on lui avait proposé. Il payait un loyer modeste, le partageant avec la chinoise, bien qu'il perçoive des revenus bien plus élevés qu'elle. Malgré son poste dans l'équipe de foot du Paris Saint-Germain, Olivier continuait de vivre une vie somme toute assez banale et qu'il ne voulait changer pour rien au monde. Il avait été tenté de fréquenter d'autres personnes que ses amis, mais perdre la complicité qui le liait à des personnes comme les Weasley, Harry ou bien Théo, ce serait comme creuser un trou dans sa vie et son cœur. Déjà qu'il avait craint de perdre un peu de tout ça en sortant avec Marcus…

Tout en ramassant les fringues qui traînaient sur le canapé, Olivier pensa à Marcus, qui menait sa petite vie tranquille à Londres, travaillant dans sa banque avant de rentrer chez lui ou passant quelques soirées avec certains de ses amis. Marcus, un homme pas spécialement beau, ni sympathique, qui avait pourtant remué quelque chose en lui et qu'il n'avait jamais pu oublier. Leur relation n'avait guère évoluée, bien qu'ils aient déjà couché ensemble. C'était une première pour Olivier et une banalité pour Marcus. Pourtant, ce dernier s'était montré patient, bien que peu tendre, comme toujours, avare sur les gestes doux et amoureux qu'Olivier attendait par moments. Pourtant, même si Marcus demeurait réservé, Olivier le sentait de plus en plus proche de lui, il sentait un besoin de l'autre à son encontre : il l'appelait de temps en temps, alors qu'avant, il fallait qu'Olivier le fasse pour une fois un simple « je vais bien ».

Il y avait donc du progrès, et le fait que Marcus n'ait pas essayé de voir Cédric à sa sortie de prison avait provoqué un soulagement sans nom dans le cœur d'Olivier. Il craignait le fait que le brun se détourne de lui pour retomber dans le piège de Cédric, revivant alors les sentiments qu'il avait éprouvés à son égard. Mais il fallait croire que Marcus préfèrait rester fidèle à Olivier et ignorer son ancien ami, ce qui était comme une marque de respect vis-à-vis du sportif. Peut-être lui mentait-il, et peut-être l'avait-il vu, mais Olivier avait décidé de lui faire confiance.

Concernant son entourage, la nouvelle qu'il fréquente un homme avait fait peu de bruit. Il l'avait annoncé à ses parents qui avaient tiré une drôle de tronche, étant habitués à ce que leur fils fréquente des filles, bien que ses histoires de cœur soient toujours compliquées. Néanmoins, ils avaient déjà aperçu Marcus Flint, et ils étaient persuadés que ça ne durerait pas longtemps. Et c'était ce que pensaient les autres personnes qui étaient au courant, notamment son entraîneur, à qui il ne l'avait pas caché. Se mordillant la lèvre, il avait demandé à ce que cette relation reste discrète. Les homosexuels demeuraient mal vus, mais Olivier Dubois était un bon joueur, c'était un homme sérieux qui ne faisait pas du tout tapette, et l'entraîneur mettait beaucoup d'espoirs en lui. Alors il décida de ne pas faire de remarque.

Les autres joueurs avaient aussi été mis au parfum par des sous-entendus. Olivier craignait de perdre sa place en le leur disant, ayant déjà eu peur en parlant à son entraîneur. Il reçut des moqueries, entendit des blagues salades. Cependant, la majeure partie de l'équipe appréciait bien trop ce joueur sérieux et endurant qui ne faisait jamais d'histoires, alors les quelques hommes au comportement peu sympathique furent remis dans le droit chemin. Olivier se disait que, s'il n'était pas resté comme avant, ignorant cette différence, il se serait fait mangé par les joueurs. Or, il n'avait pas changé. Et, encore une fois, on pensait que ça ne durerait pas.

Pourtant, Olivier souhaitait que ça marche. Certes, sa vie serait bien différente que s'il avait une copine. Toute sa vie, il serait pointé du doigt, car bien que la nouvelle soit passée parmi ses coéquipiers et demeure discrète, elle finirait par être diffusée. Marcus s'en fichait pas mal, il assumait assez bien son homosexualité, se jugeant perdu d'avance, mais il apprécierait moyennement d'être pris en photo parce qu'il sortait avec un joueur de foot. D'autant plus qu'il ne se considérait pas comme beau. Ce qui n'était pas tout à fait faux, il n'avait pas le charme d'Olivier, mais il dégageait quelque chose, il avait une présence, une personnalité… Quelque chose d'attirant…

Le sportif savait bien que Marcus n'était pas prêt à assumer leur relation au grand jour, et peut-être n'éprouverait-il jamais rien pour Olivier. Pourtant, ce dernier espérait quelque chose de véritablement sérieux. Il était prêt à déménager à Londres pour vivre avec lui, mais nul doute que Marcus ne voulait pas de lui dans ses pattes dans l'immédiat.

Olivier soupira en pensant à cela. Il alla dans le cagibi pour mettre ces fringues sales dans la machine à laver, en se demandant quand reverrait-il Marcus. Ce dernier ne pouvait pas quitter Londres à cause de son travail et lui-même ne pouvait pas se déplacer pour le moment, et Olivier n'en avait aucunement l'envie : Cédric était en liberté et, dans l'immédiat, il devait rester à Paris, des fois que Harry ait besoin d'être rassuré. Cet homme n'était pas dangereux pour le moment : tant qu'il n'aurait pas parlé à Harry, tant qu'il ne saurait pas qu'il avait quelqu'un, le tatoueur n'avait rien à craindre. Mais s'il tentait quelque chose, Harry aurait besoin d'aide, et ce n'était pas une furie et un gros bras qui allait le protéger bien longtemps qu'un homme comme Cédric qui, malgré tout, avait le bras long, et de l'argent. Et une haine viscérale pour Isaline Anderson, qui avait tout fait capoter…

C'était pour elle qu'il devait rester, aussi. Elle en avait bavé et c'était le genre de personne qui ne disait pas ce qu'elle ressentait, préférant tout garder pour elle. Elle affrontait les problèmes seule et de façon musclée : aucun doute que si personne ne l'avait retenue, elle aurait envoyé Marcus à l'hosto, quelques mois auparavant. Elle n'avait pas une force extraordinaire, mais la colère échauffait son esprit et son corps. Et il savait que s'il arrivait le moindre problème à Harry, elle souffrirait.

Bien qu'Olivier le montre peu, il appréciait beaucoup cette femme. Elle était gracieuse, aimante, et elle savait profiter de la vie. Une vie un peu compliquée qu'elle avait passée en mère célibataire, se battant pour des personnes qui ne faisaient même pas partie de sa famille et qui constituait son chez elle. Il n'avait jamais vu Harry avant que Cho ne le lui présente. En fait, elle était passée à Londres, pour voir Harry essentiellement, et il l'avait accompagnée. Autant dire voir ce jeune homme pâle, amaigri et blessé avait remué quelque chose en lui, et même quand il le regardait à présent, vivant, il repensait à ce gamin hantant sa maison, sans la moindre envie d'avancer… Et à Isaline qui avait tout plaqué pour qu'il se sente mieux.

S'il était honnête pour lui-même, Olivier avouerait qu'il aurait peur, à la fois pour Harry, Draco, et Isaline. Il fuyait ce genre de conflits et il ne comprenait même pas que Marcus soit tombé amoureux d'un être aussi vil que Cédric, de même pour Harry. Pourquoi fallait-il qu'ils s'embarquent dans des situations aussi compliquées ? Cela lui échappait complètement…

OoO

« Quand je dors, j'en sors beaucoup moins, des bêtises…

- Ça, c'est certain.

- Tu crois qu'elle m'en veut ?

- Aucune idée. Mais pour le moment, je pense qu'elle a juste envie de t'étriper. »

Ouais, c'était bien ce qu'elle pensait. Nymph' se gratta la tête puis poussa un soupir à fendre l'âme. Pendant ce temps-là, un client entrait dans la boutique, celui dont la tatoueuse devrait s'occuper. L'homme se présenta et ils allèrent vérifier l'heure du rendez-vous sur l'agenda et aussi ce qu'il comptait se faire tatouer, bien que Nymph' se rappelle bien des exigences de son nouveau client, qu'elle ne verrait pas plus d'une séance. Elle le guida dans l'arrière-boutique, l'esprit toujours aussi perturbé, et avant de suivre l'homme, elle lança un regard triste à Harry qui lui fit un sourire encourageant.

Ne travaillant pas ce jour-là, Rémi était passé déjeuner chez eux, puis il comptait se balader avec Isaline, qui ne travaillait donc que le matin, enchaînant les piercings et une séance de tatouage. Après le déjeuner, tandis qu'Isaline mettait ses pompes, Nymph' lui avait dit, sans penser aux conséquences directes, que son ex était passé la veille et qu'il voulait absolument lui parler à propos d'une bague qu'il lui avait offerte et qu'il voulait récupérer. Autant dire que le visage d'Isaline se tendit immédiatement et son regard à l'encontre de son employée se fit noir : Rémi était derrière elle et ce n'était sans doute pas quelque chose qu'il avait envie d'entendre. La patronne était donc partie crispée et gênée avec son petit ami, laissant Harry et Nymph' gérer la boutique.

Nymph' s'en voulait d'avoir laissé échapper une telle information mais elle avait toujours autant de mal à se faire à l'idée qu'Isaline avait quelqu'un et ce qui aurait pu lui paraître banal ne l'était pas pour sa patronne. Évidemment, si cette dernière disait à Remus qu'une ancienne fiancée exigeait de récupérer un cadeau qu'elle lui avait fait, et ce devant elle, Nymph' ne laisserait pas passer la chose sans rien dire, ou du moins sans rien ressentir. Elle s'en voulait d'avoir dit une telle chose, elle savait que les histoires de cœur d'Isaline n'étaient jamais simples et une explication entre elle et Rémi s'imposerait dans la voiture.

Enfin… Elle n'avait plus qu'à attendre avec une certaine angoisse le retour d'Isaline et tatouer son client. Quand elle arriva dans l'arrière-boutique, son client hésitait à baisser son pantalon et Nymph', levant les yeux au ciel, lui dit de prendre ses aises, elle ne pourrait pas le tatouer s'il garder son froc. Il voulait qu'elle lui tatoue sur la fesse droite une poche de pantalon, il n'allait pas faire le prude maintenant…

Tandis qu'elle préparait son matériel et parlait au client, Harry s'occupait d'une cliente régulière, Malika, qui, ce jour-là, venait poursuivre une fresque du genre old school sur son bras droit. Il était en train d'appliquer la couleur, le visage concentré et le regard rivé sur son travail, ses mains gantées maintenant l'appareil ou touchant la peau claire de sa cliente. En fond sonore, ils avaient Bénabar, et Harry, en son for intérieur, priait pour que la chanson se termine et vire sur un autre chanteur. C'était la nouvelle lubie de Nymph' : elle écoutait ses albums en boucle et Harry avait dû monnayer pour qu'elle mette la radio à la place, mais il fallait que la station diffuse encore une chanson de cet homme…

« C'est l'effet papillon… Petites causes… »

Grosses emmerdes…

« Harry, tu peux pas changer de chanson ?

- Non, j'ai mes gants. Attends un peu, ça va passer…

- Si ça me met Ronan Luce ou Les crêpes aux champignons, je pète un câble ! »

Malika poussa un juron assez imagé quand la voix d'Olivia Ruiz se fit entendre dans la pièce. Harry rigola en lui disant d'être patiente, elle lui répondit que c'était vraiment de la musique de merde, elle préférait encore écouter Céline Dion. Le tatoueur répliqua qu'elle avait fait de jolies chansons, Malika répliqua que c'était toujours la même chanson, comme avec Mylène Farmer. Ils eurent alors un long débat sur les chanteuses françaises, incluant Céline Dion quand elle produisait des albums français, en passant par Zazie, Diam's ou encore Isabelle Boulay. Harry avait du mal avec les chanteurs français, il en écoutait certains, mais il était peu au courant de l'actualité, écoutant plus volontiers des artistes anglophones, quand Malika écoutait des rappeuses ou des chanteuses pour petites filles comme Ilona Mitrecey, il eut du mal à s'imaginer la chose.

C'était dans ce genre de moment qu'il se rendait compte à quel point la culture des différents pays pouvait être différente, rien que dans la musique, et ce débat sur la musique n'alla pas bien loin, les connaissances de Harry étant limitées dans le domaine, bien qu'il vive depuis quatre ans en France. Déjà qu'il avait un peu de mal avec la politique, pour reconnaître les différents membres du gouvernement… Bon il était anglais, il n'était pas concerné par les élections présidentielles, mais tout de même, les impôts, les lois et les réformes n'étaient pas mises en place que pour les français…

Contrairement à lui, Draco avait obtenu la nationalité française quand il eut dix-neuf ans. Harry avait été très surpris que Draco demande la nationalité française et ce dernier lui avait expliqué qu'il ne se voyait pas faire sa vie autre part qu'en France, à Paris principalement. Il aimait cette ville, ce pays et se sentait davantage chez lui qu'en Angleterre. Ainsi, il avait demandé la nationalité française, afin de pouvoir participer à la vie politique du pays et n'être pas un simple spectateur alors qu'il comptait passer sa vie là. Dans le fond, il avait passé la moitié de sa vie à Paris. Ses parents n'avaient pas vraiment émis d'objections, même si sa mère aurait préféré qu'il demeure anglais. Son père savait parfaitement que son fils passerait sa vie en France, car il avait tout dans ce pays : ses amis, l'homme qu'il aimait, ses études… Son univers était à Paris.

Harry continua de travailler un long moment sur le tatouage de sa cliente qui lui parlait de son petit-ami, blanc comme un cul et qui refusait de se faire un piercing au nombril, mais ses pensées à lui dérivèrent dans une autre direction. En effet, Draco l'avait averti qu'il devait se rendre à la soirée d'anniversaire d'une connaissance et que Harry serait évidemment de la partie. Ce dernier lui avait demandé, morne, si c'était bien nécessaire qu'il vienne aussi, ce à quoi Draco avait répliqué que la personne était homosexuelle et, accessoirement, un de ses ex, donc il préférait que Harry soit présent. Ce dernier lui avait alors demandé mais pourquoi donc il devait aller à une soirée pareille.

« Mon père me l'a ordonné, et si je n'y vais pas, il me déshérite », avait-il dit.

Harry ne comprenait vraiment pas pourquoi Draco devait aller à ce genre de fête d'anniversaire alors que cela lui était inutile, et surtout, il ne voyait pas quel avantage Lucius Malfoy pouvait en tirer. Draco avait tenté de lui expliquer que sa présence attirait du monde et, bien qu'il soit casé avec un homme, il demeurait attractif et on ne refusait pas l'invitation du fils d'un ami de Lucius Malfoy. Buté, le tatoueur les traitait tous de barges.

Néanmoins, il finit par accepter de venir, vu que Blaise, Théo et Seamus seraient présents. Il s'étonna que Théo soit invité lui aussi, ce dernier lui raconta au téléphone qu'il avait rencontré Kevin Whitby lors d'une soirée avec ses amis, puis ils s'étaient revus lors de quelques soirées mondaines, et ils avaient sympathisé. Jusqu'à ce que Draco en fasse une tapette… Autant dire que Harry s'écroula de rire quand Théo se mit à injurier Draco pour avoir fait de cet hétéro pur et dur un homosexuel… Avant il ne savait pas qui avait bien pu contaminer un type baraqué comme lui, et maintenant, il savait…

Le tatoueur n'était pas très chaud pour accompagner son petit ami à une telle fête. Il en avait assez de rencontrer ses ex, surtout que ça se passait le plus souvent mal, du moins pour lui. Entre le mannequin Astoria et le jaloux Seamus, il en avait eu assez… Mais il était tout simplement hors de question, dans ces circonstances, que Draco aille seul à cette soirée. Cette soirée avait lieu en fin de semaine, le vendredi, mais Draco lui assurait qu'ils ne resteraient pas longtemps, le temps que le gâteau soit servi, et de toute façon, la mère de Blaise ne voulait pas que ce dernier reste dehors trop longtemps et Théo devait renter chez lui pour dormir un peu et livrer le marché le lendemain matin. Harry avait haussé un sourcil : quel était le rapport entre la fête et la mère de Blaise ?

« Elle traverse une crise de couple, apparemment, et elle se défoule un peu sur Blaise. Donc il doit sortir moins souvent. S'il lui désobéit, crois-moi que ça pourrait très mal se passer… »

Ça arrangeait bien Harry, en tout cas… Et on ne pouvait pas dire qu'il avait hâte d'y être…

OoO

Il y avait des serpents. Ils ondulaient devant lui, caressaient ses jambes, effleuraient son cou, envoyant dans tout son corps des frissons désagréables. Leurs yeux jaunes étaient fixés sur lui, leurs langues fourchues taquinaient ses joues. Il voulut fermer les yeux mais il n'y arriva pas, et la scène se poursuivit, désagréable, sur un fond de couinements… Et la scène changea, se mouvant doucement, dérivant vers une autre vision : celle d'un lit blanc où reposait un corps malade. Les serpents toujours autour de lui, il vit le visage fatigué et si familier, ses cernes sous ses yeux… Il dut hurler et se réveiller quand les serpents se glissèrent sur le corps faible et voulurent l'étreindre à son tour…

Les yeux grands ouverts sur le noir, le souffle haletant, Seamus sentit les larmes lui piquer les yeux. Il se mordilla la lèvre inférieure, revoyant les serpents que Théo venait tout juste de nourrir glisser sur le corps amaigri de son père. Il ferma les yeux mais c'était une mauvaise idée : la vision demeurait imprimée sur sa rétine. Angoissé et le corps encore tremblant du cauchemar qu'il venait de faire, l'irlandais alluma la lumière et prit son coussin avant de se rendre dans la chambre de Théo. Il en poussa la porte, les larmes au bord des yeux, et le bruit du battant couinant sur ses gonds sembla réveiller son colocataire, car la lumière se fit dans la pièce, révélant le visage à demi-endormi de Théo.

« Qu'est-ce t'as, Seam' ?

- Cauchemar… »

Sa voix était mouillée, il était ridicule à venir quémander un peu de réconfort auprès de Théo, comme un enfant viendrait squatter le lit de sa mère. Pourtant, il demeurait là, les yeux humides, sachant qu'il ne pourrait dormir de la nuit avec cette image de son père malade dans la tête.

« De quoi t'as rêvé ?

- Mon papa… »

Seamus vit alors Théo pousser un soupir avant de se décaler dans son lit et repousser sa couette, l'invitant silencieusement à venir. L'irlandais s'avança jusqu'au lit et grimpa dessus. Il y avait deux oreillers dans le lit, Seamus abandonna le sien et posa sa tête contre celui que Théo venait de laisser. Ce dernier lui monta presque dessus pour éteindre sa lampe de chevet avant de se rallonger et lui tourner le dos, tentant de retrouver le sommeil. Seamus se calla contre son dos, respirant le parfum laissé sur l'oreiller. Il se sentait rassuré, même si Théo ne faisait pas preuve d'une grande compassion à son égard, pris dans un cocon de chaleur. Il finit par se rendormir.

OoO

Il appuya sur le bouton de l'unité centrale après avoir allumé l'écran. Alors l'appareil vrombit, se mettant en marche, tandis qu'il prenait place sur la chaise du bureau. Il regarda a l'écran les messages défiler, le logo Windows©, puis une fenêtre s'ouvrit, exigeant un mot de passe. Draco haussa un sourcil et pencha sa tête en arrière, le regard rivé sur la porte ouverte.

« Harry ? C'est quoi ton mot de passe ?

- Va te faire voir ! »

Le blond haussa son deuxième sourcil.

« T'avais pas plus original comme mot de passe ?

- C'est ce que j'ai dit à Cho quand elle m'a demandé de l'accompagner à une soirée. Mets pas les espaces. »

Draco se retourna vers l'ordinateur, fit coulisser la planche sous le bureau pour avoir accès au clavier, et tapota sur les touches noires. Une fois le mot de passe entré, il valida et arriva sur le bureau, où il y avait toujours le fond d'écran d'une photo où ils étaient tous les deux, assis dans un canapé. Draco ouvrit MSN©, se connecta sur le compte de Harry comme ce dernier le lui avait demandé, et il ouvrit sa boite mail. Il avait bien reçu le message de Ron, mais au lieu de l'ouvrir, les yeux de Draco furent attirés par un autre message que Harry avait reçu de Cho, car le nom du message était : « photos Seamus ! ) ». Ne pouvant résister, il cliqua dessus.

Cho avait envoyé depuis quelques jours les photos qu'elle avait prises de Seamus à Harry. Draco lut vaguement qu'elle avait oublié de le faire et qu'elle s'en excusait, mais cela l'intéressait peu. Il visionna les photos sans les ouvrir, dans le mail, et découvrit son ex petit-ami, ou plutôt des parties de son corps, sur des photographies, semblables aux atouts d'une femme. Il était vrai que ses mains, ses jambes, son épaule ou sa tête et sa nuque, prisent de cette façon, avec ces vêtements, et avec cet arrière-fond laissait transparaître un côté androgyne au corps de Seamus Finnigan, jusqu'à la dernière photo, où on voyait clairement son visage d'homme.

Draco était bien moins emballé par ces photos que par celles que Cho avait prises de Harry, qui étaient tout simplement sublimes, mais il était vrai que ces clichés étaient beaux. Il s'attendait en fait à ressentir quelque chose, un petit reste de l'affection qu'il avait éprouvée autrefois pour Seamus pour en regardant ces photos, mais il n'y avait plus rien. Et, au fond de lui, cela le rassura, d'une certaine manière.

L'étudiant entendit Harry monter les escaliers quatre à quatre. Il ferma donc le message et revint sur la page où s'étendait la liste de ses e-mails. Le tatoueur entra, posa sa main sur l'épaule de son petit ami, puis se pencha pour ouvrir le message de Ron qu'il lut en diagonale, avant de fermer la page internet.

« Pourquoi tu n'as pas voulu aller à cette soirée avec Cho ? Lui demanda Draco. Tu pouvais, tu sais…

- Je commence à en avoir plein le dos de ses histoires. Elle s'était calmée, là, mais ça recommence à tourner mal et je ne veux pas continuer à jouer les chevaliers servants. »

Harry avait l'air un peu énervé et cette impression ne fit que s'accentuer quand il se posa contre le bureau, les mains dans les poches et la mine boudeuse. Cette attitude étonna Draco : il n'avait jamais vraiment connu Cho dans ses moments de détresse, ni Harry quand il devait voler à son secours.

« Il s'est passé quelque chose ?

- Disons qu'elle a repris contact avec un de ses ex, un type louche, lui raconta Harry avec une certaine mauvaise grâce. Et il la harcèle, d'une certaine façon. Elle s'est retrouvée coincée dans une superette et elle m'a appelé pour l'aider. Résultat, je me suis battu avec ce type.

- Tu t'es battu ?

- J'ai rien de grave, juste un bleu.

- Fais voir. »

Harry retira ses mains de ses poches et souleva son pull et son tee-shirt, révélant un bleu sur son abdomen, résultat d'un coup un peu trop violent qui lui avait coupé le souffle, avant qu'il ne reparte à l'attaque et règle le compte de ce type qui l'avait pris par surprise. Le brun vit Draco froncer les sourcils et toucher la blessure avec le dos de ses doigts.

« Tu n'as pas mal ?

- J'ai vu pire.

- Quand même… Soupira Draco. Évite de rentrer dans des histoires pareilles. Cho n'est plus une enfant, elle devrait essayer de mûrir un peu.

- C'est ce que je lui ai dit. Je ne veux plus de ces embrouilles, et Olivier va finir par la quitter aussi. Il faudrait qu'elle mûrisse, mais tu sais, elle en a vu de toutes les couleurs, et elle n'a pas peur de jouer avec le feu. Le problème, c'est les conséquences qui suivent.

- Elle n'a pas eu une vie heureuse ? Lui demanda le blond, un peu étonné. Mis à part Cédric, j'entends. »

Cho était aimée de ses parents et ils avaient essayé de toujours faire attention à leur fille. Mais elle était fantasque et elle passa des années à se chercher, fréquentant des garçons, avant de rencontrer des femmes, tomber amoureuse d'hommes, et s'enticher de demoiselles. Elle avait connu des désillusions, des déceptions. Cédric n'était pas le seul à lui avoir fait du mal, il y en avait eu d'autres, et elle se laissait faire la plupart du temps, parce qu'elle pensait qu'elle était heureuse alors que rien n'allait dans le bon sens. Et puis, Harry savait que ce qu'il avait lui-même vécu avait fait du mal à Cho. C'était une fille sensible, elle l'avait vu amant de son petit-ami, puis malade à l'hôpital et enfin dépressif. On avait fait du mal à quelqu'un de bien, qui ne le méritait pas, et ce genre de douleur, elle le prenait pour elle.

« Elle est amoureuse de Marietta, mais elle continue à se chercher, tu vois. Cho cherche la stabilité mais elle a du mal à rester en place. Elle est un peu compliquée, en fait…

- Tu as vraiment des amis louches.

- Draco ! S'exclama le brun.

- Je n'aime pas quand tu te bats, Harry, dit Draco avec sérieux. Ça m'inquiète. Et tu le sais.

- Bah oui, c'est pour ça que je ne t'en parle pas.

- Tu devrais.

- Il y a plein de choses que je devrais faire mais que je ne fais pas. »

Harry fit un sourire malicieux à son petit ami qui leva les yeux au ciel. Cette attitude détendue de Harry ne pourrait jamais laisser penser à Draco qu'il était tourmenté, qu'il ne cessait de penser à Cédric et à sa possible venue à Paris. Harry hésitait toujours à le lui dire, car il savait que lui parler de cela l'amènerait à lui dévoiler son angoisse, et ça, il voulait le garder pour lui. Il savait déjà que Sirius et Severus étaient au courant, Isaline était allée les voir, et son parrain lui avait longtemps parlé pour le rassurer. Et honnêtement, Harry se sentait mieux depuis que Sirius avait eu cette discussion avec lui, mais ce soulagement n'avait été que de courte durée. Harry n'avait aucun doute que Nymph' soit aussi au courant, même si elle ne lui en avait pas parlé, et Remus devait avoir été mis au parfum.

Mais Draco ne savait rien. Harry faisait un blocage complet, et pourtant, son petit ami lui avait fait promettre qu'il lui dirait tout ce qu'il avait sur le cœur, du moins qu'il essaierait. Mais Harry ne parvenait pas à se dévoiler, il se contentait de serrer les dents et essayer de sourire comme d'habitude. C'était peut-être une façon de préserver Draco d'une angoisse peut-être stupide, vu que rien ne laissait entendre que Cédric viendrait vraiment en France, mais Isaline lui avait bien fait comprendre que ce n'était pas du tout une excuse valable. Néanmoins, elle ne disait rien à Draco, vu que Harry voulait garder ça pour lui.

La blond se leva du siège où il était installé et alla s'asseoir sur le lit, rapidement suivi de Harry, qu'il renversa soudain sur le côté, montant sur lui, alors que le brun riait. Les lèvres de son petit ami se posèrent sur son cou tandis que ses mains se faisaient baladeuses. Quelques mois auparavant, Harry aurait rougi de gêne et l'aurait repoussé le plus gentiment possible, mais en cet instant, il se laissait faire, répondant même à ses caresses, de façon plus légères certes, mais tendre aussi.

« Harry ?

- Hm ?

- Si tu avais un problème, tu me le dirais ? »

Harry fit tous les efforts du monde pour ne pas se tendre, demeurant calme, et poursuivant ses caresses dans le dos de Draco et dans ses cheveux blonds. Avant de répondre, il nota que son petit ami était vraiment vicieux : lui poser une telle question alors qu'il était allongé sur lui, l'idéal pour savoir s'il était nerveux ou non…

« Oui, pourquoi ?

- Je te sens préoccupé, en ce moment. Tu as des soucis ? Mis à part Cho… Lui dit Draco en le regardant dans les yeux, essayant de lire dans le regard vert de Harry.

- Non, pas spécialement. Cho me préoccupe un peu, c'est vrai. Mais il n'y a rien. »

Draco le regarda, peu convaincu, mais il finit par hausser les épaules et se réattaquer à son cou, pendant que Harry poussait un soupir de soulagement trop discret pour être perçu. Il ferma un court instant les yeux, des remords l'asseyant de toute part. Il s'en voulait de lui mentir et lui cacher ses angoisses, mais… il ne voulait pas en parler.

« Et toi Draco, tu m'en parlerais ?

- Tu sais bien que je te dis tout, ou presque. »

Ce n'était pas faux, Draco ne lui cachait quasiment rien. Et puis, ils parlaient beaucoup, se téléphonant ou parlant sur MSN quasiment tous les jours. La plupart du temps, ce n'était pas de longues conversations qui prenaient des heures, un simple bonsoir leur suffisait, mais ils avaient besoin tous deux d'avoir un petit contact. Cela allait bien faire six mois qu'ils étaient ensemble et ils avaient passé beaucoup de temps tous les deux, dont la plupart des vacances. Ils avaient donc vécu dans une certaine intimité et ce besoin d'être proche perdurait. Draco n'avait jamais vécu ça avant de connaître Harry, et pourtant, cela ne le gênait pas le moins du monde, au contraire.

« Dis Draco, tes vacances tombent bien la semaine prochaine ? Demanda soudain Harry, histoire de changer de sujet.

- Oui c'est ça, pourquoi ? Tu veux partir ? Je dois réviser, je passe mes partiels après les vacances.

- Et juste quelques jours ?

- Ça peut se monnayer, répondit le blond avec un sourire pervers, ce qui fit rougir Harry. Tu veux aller quelque part ?

- Bah en fait Théo a envie de prendre des vacances, mais il ne peut pas partir le week-end, et Ron aussi a envie de quitter Paris. On pensait prendre quelques jours tous ensemble, tu vois…

- Et ce serait pour aller où ? »

Harry lui expliqua qu'Isaline possédait un appartement dans une résidence dans le sud de la France, acheté autrefois par son père et dont elle avait hérité à sa mort. Avec les années, Sirius, Remus et Harry avait aussi acheté chacun un appartement dans cette résidence. Quand Nymph' et Remus s'étaient mariés, ils passaient leurs vacances chez Isaline et ils finirent par décider de s'offrir eux aussi un appartement, et la tatoueuse leur prêta l'argent nécessaire le temps qu'ils la remboursent. Sirius avait déjà acheté des années auparavant un appartement qu'il louait toute l'année à différentes personnes et Isaline en avait fait de même pour Harry, afin qu'il ait un endroit où passer ses vacances, quand il serait plus grand.

« Et où se trouve cette résidence ?

- Au Cap d'Agde. Non Draco ! Fit Harry en le voyant ouvrir la bouche. On ne va pas chez les naturistes ! »

Draco lui fit un sourire innocent, l'air de dire : « je n'avais pas pensé à ça ». Il écouta Harry lui parler de la station balnéaire, où il allait quasiment chaque année avec sa famille, sauf quand Isaline avait envie de voir du pays. Dans ces cas-là, vu que cela se prévoyait longtemps à l'avance, ils descendaient à Pâques, histoire de passer un coup de balai, ou c'était les autres qui le faisait dans les appartements. Ils ne faisaient plus de location, sauf pour des personnes de leur entourage proche, donc les appartements demeuraient de longs mois sans entretien.

Vu que Théo et Ron manifestaient l'idée de partir en vacances, loin de Paris, le rouquin avait émis l'idée de partir dans le sud, même s'il ne faisait pas chaud au point de se mettre en maillot de bain, histoire de changer d'univers, et Harry avait accepté de les loger chez lui. Ne sachant combien ils seraient exactement, il avait demandé à Isaline si elle serait d'accord pour les loger chez elle et la tatoueuse avait accepté sans hésiter.

Le blond semblait tout simplement charmé à l'idée de partir ainsi en vacances avec son petit ami et d'autres personnes de son entourage, bien que peu d'émotions passent sur son visage. Il était toujours parti en vacances avec Blaise, du moins depuis qu'il le connaissait, et il n'avait jamais expérimenté de voyage avec plusieurs amis. En même temps, il en avait peu, juste Blaise, Hermione et Millicent, et aucun d'entre eux n'avait franchi le cap en organisant un voyage ensemble.

« Et qui viendrait ?

- Je ne sais pas trop… Luna a décidé de prendre une semaine de vacances et elle va venir avec nous, il y aura Ron, Théo…

- Blaise voudra venir, si elle est là, le coupa Draco.

- J'allais te le dire, lui fit Harry avec un sourire. On va demander à Hermione et Millicent… Théo va sûrement demander à Seamus…

- Ah là, ça va être difficile, dit le blond en fronçant les sourcils.

- Draco, c'est des vacances entre amis, et « l'affaire Seamus » est terminée, répliqua le tatoueur en mimant les guillemets avec ses doigts. Théo va le mettre au parfum. Tu sais bien qu'il l'apprécie beaucoup, c'est son ami. Il faudra jouer le jeu, et tout se passera bien. De toute façon, ils ne dormiront pas avec nous, on va se débrouiller. T'es de la partie ?

- Bien sûr, qu'est-ce que tu crois ?

- Cool ! S'exclama Harry en levant les bras en signe de victoire, toujours allongé sur le lit avec Draco sur lui.

- Juste une question : On prend le train ou…

- Nan, la voiture. Prépare-toi à faire au minimum sept heures de route.

- Quoi ? »

Harry lui fit un sourire « ultra-white » et Draco fronça les sourcils, attendant les précisions sur ce voyage. Harry lui avoua qu'il était trop tard pour prendre des billets de train, il ne voulait pas passer des heures sur un strapontin qu'ils se partageraient à dix, donc ils devraient descendre en voiture. Théo et Ron avaient la leur, mais il ne fallait pas oublier les bagages à prendre, même s'ils ne seraient pas spécialement gros, vu qu'ils ne passeraient que quelques jours là-bas.

« On va être épuisés…

- Et encore, je te dis sept heures, mais ça c'est avec Sirius et Isaline !

- Comment ça ? »

Harry lui expliqua que Nymph' prenait toujours le train avec Teddy et Remus, ce dernier ne pouvant supporter un voyage aussi long en voiture. Severus accompagnait donc son compagnon et Isaline prenait le volant avec Harry à ses côtés. Enfin, un Harry préalablement drogué aux somnifères, histoire de ne pas lui faire une crise d'hystérie quand sa tante roulait à 140 km/h sur l'autoroute avec Sirius devant ou derrière elle.

Draco l'écoutait avec des yeux ronds, surtout quand Harry lui précisa qu'ils avaient droit à deux pauses pipi pendant les sept heures. Le blond lui demanda pourquoi donc il montait avec Isaline si c'était pour dormir pendant toute la durée du trajet, le brun lui répondit qu'Isaline détestait être seule dans sa voiture pendant ce genre de voyage, elle préférait avoir son neveu endormi que rien du tout. Remus était aussi sensible que Harry quand la voiture allait trop vite et roulait trop longtemps, et Nymph' refusait de faire le voyage avec seulement deux pauses pipi.

« Donc je pense qu'on va mettre un peu plus de temps. Et encore ! Il parait que c'est mieux depuis qu'ils ont construit le Viaduc de Millau. Toujours tenté ?

- Oui…

- Génial ! Je vais appeler Théo, on va faire ça pour la première semaine des vacances.

- Ca veut dire que je n'ai même pas une semaine à me préparer psychologiquement à dix heures de route ?

- Exactement. »

Harry leva un peu son visage pour embrasser les lèvres de Draco qui bougonna pour la forme, demandant à Harry s'ils ne pourraient pas faire une pause à un hôtel au milieu du chemin, mais le brun lui avoua que, connaissant Ron et Théo, ils préféreraient faire tout le voyage en un seul coup et être tranquilles. Au milieu du chemin, ils échangeraient le volant avec Blaise, Seamus prendrait la place de Théo, mais il ne savait pas qui pourrait remplacer Ron. Si Hermione et Millicent étaient de la partie, ayant toutes les deux le permis, elles pourraient s'arranger à trois.

Belle aventure en perspective…

OoO

Tout fut organisé en moins de deux. Apprenant que Luna serait présente et très emballé à l'idée de partir en colonie de vacances, Blaise accepta tout de suite de venir avec eux. Seamus fut aussi de la partie, ainsi qu'Hermione et Millicent.

Concernant le trajet, ils décidèrent de faire plusieurs pauses et de changer de chauffeur à chaque fois. Draco roulerait dans une voiture avec Harry et Blaise. Théo conduirait en compagnie de Seamus. Ron aurait à bord Luna, Hermione et Millicent. Chacun avait un remplaçant, même Ron : Millicent ne se sentait pas capable de tenir la route, mais Luna avait son permis. Draco, Blaise et les deux autres filles furent tentés de protester, se demandant si Luna serait vraiment capable de rouler aussi longtemps, mais les autres acceptèrent sans hésiter : elle avait beau avoir l'air lunatique, elle savait très bien conduire.

Pour les appartements, ils s'arrangèrent de la façon suivante : Harry, Draco, Blaise, Luna et Millicent iraient dans l'appartement du tatoueur tandis que les quatre autres se débrouilleraient dans celui d'Isaline. Harry avait la possibilité d'héberger jusqu'à six personnes et Isaline quatre. Cette répartition convint à tout le monde. Aussi, ils prévoyaient de partir le lundi tôt le matin et de repartir le vendredi. La fête d'anniversaire de Sirius avait lieu ce soir-là et Kevin Whitby fêtait ses vingt-trois ans le vendredi, Théo travaillait le week-end… Tout était réglé.

Harry appréhendait grandement le moment où il devrait prendre la voiture, mais en même temps, il savait déjà qu'il passerait la majeure partie du temps à dormir. Il était content de voir que Draco était motivé pour passer ces vacances avec eux, malgré ses révisions. Ça ferait du bien à tout le monde de se détendre, même si Draco ne serait libre qu'après ses partiels.

L'année était presque terminée pour lui, vu que le mois d'avril était bien entamé. Néanmoins, partir au mois de mai ne semblait arranger personne, hormis les étudiants : Isaline avait besoin de Harry à la boutique, Théo comptait partir à Londres en mai pendant quelques jours pour rendre visite à ses grands-parents, et Ron ne pouvait se libérer avant le mois d'août, de même pour Luna. Néanmoins, aucun étudiant ne semblait être en retard d'un point de vue révisions : une fois de plus, Harry se rendait compte que ses amis étaient vraiment des intellectuels… Sans oublier qu'ils auraient le temps de revoir leurs cours là-bas.

Harry pensait à tout cela tout en se changeant dans sa chambre, enfilant un pantalon et un pull léger. Severus et Sirius avaient organisé l'anniversaire de ce dernier et aussi celui du professeur, passé depuis quelques jours, mais qui n'avait pas été fêté. Draco avait été invité et il se trouvait pour le moment avec Isaline dans le salon, cette dernière étant déjà prête. Elle semblait enchantée que tout ce petit monde prenne quelques jours de vacances tous ensemble, elle-même n'aimait pas partir seule, elle s'ennuyait. Et, même si elle ne le disait pas, elle pensait que cela permettrait à Harry de se détendre un peu et d'oublier Cédric.

Et, dans le fond, elle n'avait pas tout à fait tord. Voir son amoureux, planifier des vacances et partir loin de Paris distrayaient un peu l'esprit de Harry. Et plus vite il partirait, mieux ce serait. Ce soir, ils fêteraient les quarante-deux ans de Sirius et Severus dans leur maison. Cette fête était censée être assez tranquille mais elle se révèlerait assez arrosée, au point que Draco renoncerait à prendre sa voiture pour rentrer chez lui, et il ne se ferait guère prier quand Harry lui proposerait de rester dormir.

Et pendant qu'ils feraient la tête, Cédric Diggory planifierait déjà une sortie le lendemain pour préparer sa venue à Paris…

OoO

A nouveau, Harry regarda l'heure dans le coin droit de son ordinateur. Draco arrivait dans une trentaine de minutes à bord de sa voiture pour l'emmener à l'anniversaire de son ex petit ami. Harry était fin prêt, habillé avec les vêtements que Draco lui avait acheté et qu'il ne sortait que pour les « grandes occasions », vu que cela tenait autant à cœur à son copain. Il avait essayé de se coiffer, sans succès, et avait enfilé des anneaux à ses oreilles. Une personne extérieure aurait pensé qu'il était canon, dans ce style à la fois simple et élégant, mais lui se jugeait… trop voyant. Et nu.

Il discutait avec Cho, qui avait décidé de les accompagner pour leurs vacances. Marietta ne pouvait pas se libérer et leurs disputes commençaient vraiment à lui peser, alors elle avait décidé de prendre quelques jours de vacances, histoire de se détendre un peu et s'éloigner de Paris, et notamment de sa petite amie. Un break, en quelque sorte. Personne n'y avait vu d'objection, l'appartement de Harry pouvait contenir au maximum six personnes, ils feraient des roulements.

Là, elle était en train de lui parler de tout et de rien dans un anglais approximatif, commençant une phrase avant de la terminer en français. Harry était habitué à ses tentatives foireuses d'aligner deux mots en anglais et parvenait à comprendre ce qu'elle racontait, malgré les fautes et les incohérences.

« Sinon, tu sais quoi ? J'ai un nouveau rat ! »

Qu'est-ce que c'était que ça encore… Se demanda-t-il avant de se rappeler de ce jeu en ligne où il fallait élever des rongeurs virtuels. Cromimi quelque chose…

« Ah oui ?

- Ouais ! Mais le bébé cromimi est moche. Il me fait peur… »

Voilà autre chose… Elle lui envoya le lien et Harry cliqua dessus. Il vit en effet un bébé souris qu'il trouva peu… cromignon.

« En plus, il fait beaucoup caca è__é. »

Harry éclata tout bonnement de rire pendant que Cho lui détailla toute la petite vie du bébé Cromimi et des crottes qu'elle devait ramasser. A ce moment-là, Isaline entra dans sa chambre et siffla en le voyant aussi bien sapé, ça changeait un peu ! Le tatoueur rougit et tourna la tête vers son écran, gêné. Il n'aimait pas être habillé de cette manière mais Draco aimait bien lui. Bien qu'il lui ait avoué récemment qu'il s'était fait à ses vêtements déformés et que ça lui était complètement indifférent, maintenant. Harry avait haussé un sourcil étonné, se rappelant très bien du regard réprobateur de son petit ami au début de leur relation et Draco avait haussé les épaules, rajoutant qu'il était tombé amoureux d'un homme, pas de ses vêtements. Harry s'était senti bêtement heureux.

« Il arrive quand, le beau blond ?

- Dans un quart d'heure, répondit Harry en regardant pour la énième fois le coin de son écran. Je le sens pas du tout, cette soirée.

- Moi non plus. Allez à l'anniversaire d'un ex de ton copain…

- Draco est obligé, répliqua Harry de mauvaise grâce.

- Et quand Lucius Malfoy veut quelque chose, il l'obtient ! »

Harry poussa un soupir en songeant que c'était à cause de lui qu'ils devaient se rendre tous les deux à cette soirée. Draco participait de moins en moins à des soirées de ce genre depuis qu'il sortait avec Harry, déjà parce qu'il n'en avait plus envie et en plus parce que cela n'avait aucune utilité. Il ne pouvait occuper sa soirée à draguer, étant casé, et cela l'ennuyait plus qu'autre chose d'emmener Harry : il n'était pas de leur monde et c'était assez délicat. Le blond préférait largement passer une soirée devant Dr House avec son petit ami dans les bras.

Son absence n'avait pas passée inaperçue et son père avait laissé faire, mais là, il s'agissait du fils d'un homme avec qui il faisait affaire. Lucius savait parfaitement que son fils avait eu une aventure avec lui et que les fêtes que Kevin Whitby organisaient rassemblaient en majeur partie des homosexuels, ce que le père du jeune homme ignorait totalement. Néanmoins, il fallait que Draco s'y rende : Lucius avait affaire avec M. Whitby et il comptait sur le fait que Draco adresse deux, trois mots à son fils pour que la chose se conclue rapidement. Ce que l'étudiant ne savait pas, c'était que son père imaginait même le contraire : que tout se passe mal et que Lucius joue au provocateur. Si ce Kevin avait un mauvais comportement, ce qui pourrait arriver vu son caractère, il suffirait qu'il fasse pression sur le père et tout s'arrangerait. Cela dit, il préfèrerait que tout se passe dans de bonnes conditions…

Depuis que Draco fréquentait Harry, il semblait s'être apaisé et paraissait plus ouvert. C'était du moins l'impression qu'avait Lucius quand il parlait avec son fils, à table. Contrairement aux autres fois, Draco parlait un peu de Harry, de ce qu'il faisait avec lui, alors qu'il était bien rare que le jeune homme évoque ses relations amoureuses. Aussi, Lucius sentait que son fils avait bien changé, outre le fait qu'il soit plus ouvert. Il y avait des petites manies, des sujets de conversation, des opinions… Rien que le fait qu'il parte en colonie de vacances avec des amis en voiture et non en train prouvait bien que quelque chose avait changé chez son fils. Mais cela ne dérangeait pas vraiment Lucius, il sentait que le contact de Harry était bénéfique pour Draco. Et ce qui l'importait vraiment, dans le fond, malgré son caractère, ses attentes et la façon dont il dirigeait sa vie, c'était le bonheur de son fils unique. Et il savait que son épouse Narcissa en pensait de même.

Cela dit, il devait être présent ce soir-là et avec Harry. Enfin, ses parents n'avaient pas insisté sur le fait que son petit ami soit présent, mais son charmant paternel lui avait suggéré d'emmener son petit ami avec lui. Draco aurait pu paraître surpris s'il n'avait pas compris le message : il allait à l'anniversaire de son ex et mieux valait que son copain soit présent plutôt qu'il se fasse des idées, ou pire, que Kevin vienne le draguer, ce qui passerait encore plus mal. Et c'était d'ailleurs pour cette raison que Draco voulait absolument que son petit ami vienne.

D'ailleurs, en parlant de Draco, il sonna à la porte, tandis qu'Isaline discutait avec Harry. Ils descendirent tous les deux et ce fut la patronne qui ouvrit à Draco avec un sourire. Ce dernier regarda son petit ami de haut en bas d'un regard appréciateur avant de daigner lui dire bonjour, ce qui gêna Harry, mais il ne dit rien, effleurant ses lèvres des siennes avant de mettre ses chaussures et enfiler une veste. Puis, ils dirent « au revoir » à Isaline et montèrent dans la voiture du blond. Ils prirent Blaise au passage et se rendirent chez Kevin Whitby, Harry manipulant nerveusement son portable tandis que Blaise se plaignait de sa mère qui voulait absolument qu'il ne rentre pas trop tard, au risque de se fâcher tout rouge s'il n'abdiquait pas.

« Blaise, tu es majeur et vacciné. Prend donc un peu sur toi et…

- Tu connais ma mère, Dray ! Une vraie cinglée quand elle veut !

- Elle tient à toi, soupira Draco. Tu es son fils unique et elle t'aime assez pour s'inquiéter pour toi constamment. »

Ce qui n'était pas vraiment le cas de sa mère, qui prenait tout juste des nouvelles de ses examens à venir alors qu'Isaline lui laissait de fréquents SMS pour savoir si tout se passait bien, même si elle l'avait vu la veille. D'un autre côté, Narcissa Malfoy savait que son fils travaillait bien et que tout se déroulait à la perfection, alors qu'Isaline était bien moins habituée à ça : Nymph' avait arrêté ses études et Harry n'était pas un élève particulièrement brillant, bien qu'il ait toujours obtenu des moyennes correctes.

« Je commence sérieusement à penser à me prendre un appartement.

- T'as pas les moyens, Blaise…

- Mais si ! Protesta le métis.

- En effet, vu le compte en banque que ta mère a rempli après toutes ces années…

- D'accord, j'ai pas les moyens.

- De toute façon, tu devras bien toucher à cet argent un jour, répliqua Harry en rangeant son téléphone dans sa poche. Si ta mère t'exaspère, utilise-le.

- Ouais, mais ça me gêne qu'elle me paye mon loyer. Et en même temps… Fit Blaise, hésitant. Tu vois, je vis chez elle, donc je suis dépendant d'elle, mais prendre un appartement et lui faire payer le loyer, dans le fond, ça revient au même : je l'aurai quand même sur le dos.

- Harry, tu as l'air nerveux, dit soudain Draco, tournant légèrement le volant vers la gauche. Qu'est-ce que tu fais avec ton portable ?

- C'est Cho. Elle s'est disputée avec Marietta.

- Encore ? S'exclama Blaise, stupéfait. Mais elle passe sa vie à se disputer avec elle, en ce moment !

- Disons qu'elles ne sont pas sur la même longueur d'onde…

- A mon avis, elles vont casser, dit Blaise. Ou au moins faire un break. Ça le ferait vraiment du bien de prendre un peu de distance, au lieu de s'engueuler à tout va.

- C'est pour ça qu'elle vient avec nous, dit Harry avec un léger soupir. Elle veut se reposer un peu et changer d'air.

- En parlant de ça, Luna arrive quel jour ? »

La conversation dériva donc sur les vacances. Luna était censée arriver dimanche, dans la journée, et dormirait chez Harry la nuit, étant donné qu'ils partaient le lendemain matin. Blaise était enchanté à l'idée de partir en vacances avec des amis. Il gardait de mauvais souvenirs des « colonies de vacances » où il était seul ou accompagné d'autres personnes avec qui il s'entendait pour la forme mais qu'il ne revoyait jamais une fois le séjour terminé. Draco était bien sûr une exception, les meilleures vacances qu'il avait passées étaient celles où son meilleur ami l'avait accompagné. En fait, le lieu importait peu pour Blaise, le principal pour lui était de s'amuser, et il ne risquait pas de s'ennuyer avec des phénomènes comme Théo, Ron ou Harry, et même Luna et Cho.

Ils ne tardèrent pas arriver dans la demeure de Kevin Whitby. Harry ne fut guère étonné en voyant la maison immense de ce type. Draco se gara un peu plus loin, vu la file de voitures qui se trouvait dans la rue, puis ils sortirent du véhicule et marchèrent un peu dans la fraicheur de la rue avant d'arriver au portail où se trouvaient des hommes baraqués aux allures de garde-du-corps. Tandis que Blaise extirpait son carnet d'invitation et le présentait aux vigiles, Harry glissa à Draco qu'il ne sortait décidément qu'avec des riches. Le blond lui répliqua que, au contraire, il avait tendance à fréquenter les « pauvres », mais il ne gardait jamais contact avec eux, vu qu'ils n'étaient d'aucune utilité pour son père. Harry médita cette réponse alors que son petit ami présentait à son tour son carton d'invitation et précisait que le jeune homme à son bras l'accompagnait.

Il y avait déjà de la musique à l'intérieur de l'immense pièce qui devait habituellement servir de salon mais qui là ressemblait davantage à une boite de nuit. On les débarrassa de leurs manteaux avant de les laisser entrer. Dans le vaste salon, Harry fut très surpris de voir des couples homosexuels clairement affichés, se tenant le bras ou la main, sans la moindre gêne. Il leva un regard incertain vers Draco qui haussa un sourcil, lui demandant implicitement ce qui n'allait pas.

« Si je te roule une pelle ici et maintenant, ça ne choquera personne ?

- Personnellement, je ne préférerais pas. Mais non, ça ne choquera personne. »

Harry se dit qu'il ne comprendrait jamais rien à toutes ces histoires de riches qui faisaient des fêtes en invitant des gens qu'ils n'aimaient pas. Le blond, comprenant mal son expression un peu exaspéré, se pencha vers son oreille et lui glissa qu'il n'aimait tout simplement pas être embrassé de cette façon en publique, et son petit ami lui répliqua qu'il ne pensait pas à ça, il s'en fichait.

« C'est quoi, ces messes basses ? Fit Blaise d'un air moqueur.

- Occupe-toi de tes affaires, Blaise Zabini, répondit sèchement Harry, l'air hautain, ce qui fit pousser le black.

- On dirait Draco ! Tu l'imites trop bien ?

- C'est vrai ?

- Ouais, la même voix traînante !

- Merci pour moi, soupira Draco.

- Qu'est-ce qui vous fait rire comme ça ? »

Ils tournèrent la tête et Daphné Greengrass, dans toute sa splendeur, apparut. Elle portait une robe vert d'eau qui soulignait la finesse de sa taille et la courbe de ses seins refaits, et ses cheveux blonds étaient rassemblés en chignon. Les hommes la saluèrent et Blaise lui répondit qu'ils taquinaient un peu Draco. D'ailleurs, ce dernier s'étonna de voir Daphné présente à cette fête mais il se dit, à juste titre, qu'elle parvenait toujours à s'inviter à toutes les soirées mondaines, surtout les anniversaires. Il n'y avait pas que des homosexuels, ici, mais une grande partie d'hétéro.

Dans le fond, Draco était un peu dégoûté de se retrouver ici, surtout qu'il savait que c'était lui qui avait fait changer de bord Kevin. Il avait craqué sur cet homme blond, au teint halé et aux sublimes yeux bleus. Musclé et quelque peu tatoué, Draco avait vu en lui un défi de taille : rendre un hétérosexuel pur et dur homosexuel. Et il avait réussi avec brio en lui faisant connaître les joies du sexe entre hommes, en le faisant tomber irrémédiablement amoureux de lui. Cependant, bien qu'il se laissa faire, Kevin voulut aussi être le dominant, mais rien ne put dompter le froid et sarcastique Draco Malfoy, qui avait davantage une place de dominant malgré sa silhouette moins développée. De plus, Draco se lassait de cette relation qui lui paraissait purement physique.

Leur liaison ne fut donc pas très longue et Draco ne ressentit pas de tristesse particulière quand il décida de casser, mais ce ne fut pas le cas de Kevin qui mit des mois à se faire une raison, amoureux qu'il était. Il dériva alors et laissa de côté tous ses penchants hétérosexuels pour se plonger dans des relations complexes et sans avenir, sans parvenir à oublier définitivement Draco.

Au téléphone, l'étudiant avait longuement parlé à Harry de Kévin, ou plutôt de leur relation passée. Il l'avait déjà évoqué mais Draco n'avait pas pour habitude de parler à son petit ami de ses ex, tout comme il ne voulait pas entendre parler de Cédric, mais pour la soirée en vue, il ne pouvait pas vraiment y échapper. Harry s'était contenté de lui ordonner de ne pas s'approcher de ce type en son absence, et Draco sentit dans sa voix que ce n'était pas une parole en l'air.

« Bonsoir, Daphné, fit Harry avec un léger sourire tandis qu'elle sautillait vers lui pour lui faire la bise. Ça fait longtemps.

- Oui, c'est vrai ! Qu'est-ce que tu deviens ? Toujours tatoueur ? »

Et nous, on compte pour du beurre ? Se dit Blaise alors que la jeune femme partait dans un long monologue dont Harry ne suivait même pas le tiers. Il fallut que Draco lui serre la main pour qu'il détourne son attention de Daphné et suive le regard de son petit ami. Et il vit Kevin Whitby venir vers eux.

C'était un homme musclé, fréquentant assidument les salles de sport, et son teint halé n'avait rien de naturel et n'était le résultat que de quelques séances d'UV dans un salon de beauté. Ses yeux bleus étaient magnifiques et ses cheveux d'un blond presque doré qui paraissait naturel. Une vraie gravure de mode qui déplut immédiatement à Harry, non pas parce qu'il s'agissait d'un ex de Draco, mais tout simplement parce que ce n'était pas du tout le genre d'homme qu'il aimerait fréquenter, déjà de part son aspect…

« Bonsoir, Draco », fit l'adonis d'une voix suave.

… et son comportement. Mais à part son physique, qu'est-ce que Draco avait pu aimer chez cet homme ? Et alors Harry se rappela que Draco avait tendance à s'engager dans des relations sans sentiments avec des personnes qui lui plaisaient physiquement. Harry avait tendance à l'oublier, étant donné que Draco et lui étaient liés par des sentiments assez forts pour passer outre leurs disputes et… leurs différents familiaux. Au contraire, ce qui reliait Draco à ses ex était quelque chose d'assez superficiel. Tellement superficiel que ces derniers et dernières rêvaient d'un… plus…

« Bonsoir, Kevin, répondit le blond avec politesse. Tu m'as l'air en pleine forme, cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vus.

- Oh oui, mais tu n'as pas changé, Draco, toujours aussi beau. »

Pendant l'espace d'un instant, Harry comprit ce que ça faisait que d'être une potiche au bras d'un bel homme. Kevin ne lui avait même pas accordé un seul regard, toute son attention rivée sur Draco, qui ne tarda pas à remettre les pendules à l'heure.

« Je te remercie. Oh, mais je ne t'ai pas présenté Harry, fit le blond avec un étonnement feint, avant de se tourner vers son amant. Harry, je te présente Kevin. Kevin, Harry. »

Alors l'homme tourna enfin ses yeux bleus sur Harry et lui lança un regard froid, presque dédaigneux, et le tatoueur se retint de sourire, ou de rire, quand Kevin Whitby le salua poliment. Puis, il se retint de pousser un soupir quand l'ex petit ami de Draco prit de ses nouvelles, lui reprochant d'être insaisissable : les quelques fois où il passait à la faculté de médecine, Draco était soit en cours, soit en train de travailler à la bibliothèque, ou alors il était déjà parti. Le blond, avec un sourire sarcastique, répliqua qu'il n'était pas à l'université pour passer du bon temps mais pour étudier, et quand il n'avait pas besoin d'y être, il était soit chez lui, soit avec son petit ami.

Ces derniers mots firent tiquer Kevin. Draco s'attendit à une réflexion de sa part et elle vint, de façon plus ou moins dissimulée.

« Au fait, Harry, que faites-vous dans la vie ?

- Je suis tatoueur.

- Tatoueur ? Non, sérieusement Dray, tu sors avec un tatoueur ? »

C'était dit sur le ton de la rigolade, et quelqu'un de normalement constitué aurait rougi de gêne et, peut-être, aurait jeté un regard sombre à celui qui avait osé créer cette hilarité. Or, Draco ne réagit pas à cette moquerie et Harry ne se tendit pas, comme il l'aurait fait plusieurs mois auparavant. La moquerie tomba donc à plat, surtout quand Draco répliqua d'une voix aussi traînante que froide.

« Je préfère sortir avec un tatoueur plutôt qu'avec des hommes tellement efféminés qu'il est possible de douter de leur sexe. Si tu vois ce que je veux dire. »

Kevin rougit et lui lança un regard noir, auquel Draco répondit par un ricanement, de même pour Blaise, qui écoutait tout depuis le début. Harry ne comprit pas et ne chercha pas à savoir, d'ailleurs. Son regard capta l'arrivée de Théo et Seamus et il en fit part à Draco. Ce dernier en profita pour mettre un terme à cette conversation inutile, mais Blaise fit la moue quand ils quittèrent Kevin pour saluer leurs amis : la conversation commençait à être marrante…

Les deux colocataires se trouvaient à la porte du salon. Théo était habillé tout en noir et de façon très élégante malgré sa simplicité. Il portait la plupart du temps des couleurs sombres, à l'image de ce qu'il était, disait-il, mais toujours de façon à être à son avantage. Les seuls moments où il ne faisait aucun effort, c'était quand il travaillait ou quand il faisait des sorties avec ses amis les plus proches. Quant à Seamus, ses vêtements le rendaient plus efféminé que viril, mais il était à tomber, avec ce pantalon noir qui soulignait la finesse de ses jambes et cette chemise claire dont les premiers boutons étaient ouverts, faisant ressortir la pâleur de son teint. En somme, ils faisaient un couple assez harmonieux, bien qu'ils soient loin d'être ensemble…

Ils se saluèrent donc. Théo serra leurs mains et glissa à Draco qu'il était vraiment con d'avoir amené un hétérosexuel du côté obscur de la force, ce à quoi le blond répondit avec un sourire charmant qu'il pourrait très bien se charger de convertir une autre personne. Théo fit une grimace éloquente et Harry pouffa. Ce dernier fit la bise à Seamus, qui hésita longuement entre un baiser ou une main tendue pour saluer Draco, et finalement le blond lui tendit sa propre main, en un signe de relative paix. Ils allaient passer quelques jours ensemble en vacances, autant se montrer courtois. Cela ne l'enchantait pas des masses, mais Théo semblait y tenir, et dans le fond, les autres aimaient bien Seamus, malgré ses conneries. Enfin, tout le monde n'était pas au courant de ce qui s'était passé…

La fête fut ennuyeuse pour Harry : Draco passait son temps à aller d'invité en invité, et cela en tentant d'échapper à Kevin qui revenait toujours à la charge. Harry tentait de participer mais tout cela l'ennuyait plus qu'autre chose. Il fallut que Théo vienne le voir pour l'inviter à danser pour qu'il se déride un peu. Néanmoins, le tatoueur lui demanda s'il n'avait pas déjà une copine et son ami lui répondit que c'était le cas jusqu'à la veille : il avait cassé, n'éprouvant rien pour cette fille qui était prête à tout lui donner. Et là, il avait besoin de compagnie.

Relativement confiant, le blond avait laissé son copain partir sur la piste avec Théo. Ils firent leur numéro, s'allumant mutuellement, dansant de façon rythmée pour attirer les regards et à la fois pour oublier un peu le monde qui les entourait. Blaise, près de son meilleur ami, faillit éclater de rire quand il vit le pauvre Théo se faire accoster par des hommes et s'accrocher à un Harry hilare, qui tentait tant bien que mal lui aussi de repousser les avances trop franches de certains hommes. Une fille finit par attirer le regard de Théo et il en fit sa cavalière, tandis que Harry se mettait à danser avec homme.

Alors Draco vit rouge. Certes, c'était gentil, chaste, Harry ne se frottait pas à ce type qui s'amusait plus qu'il ne le draguait. Cependant, il se sentit mal-à-l'aise en voyant son petit ami danser avec un autre que lui, mais il se refusait à jouer au jaloux et donc à aller le récupérer sur la piste. Ils s'étaient promis de faire des efforts, et de se faire confiance, donc Draco ne devait pas faire de scène de jalousie, surtout qu'il n'avait pas spécialement envie de danser. Il ne pouvait que le regarder de loin et le surveiller.

Cela faisait presque six mois qu'ils étaient ensemble. Draco n'avait pas vraiment la mémoire des dates… Mais le fait était qu'ils formaient un vrai couple et Draco n'avait pas vraiment la manie de regarder les personnes alentours quand il sortait avec Harry, donc il ne faisait pas attention aux envieux, et il faisait suffisamment confiance à Harry pour être certain qu'il n'irait pas voir ailleurs : il ne sortait pas des masses, ou alors c'était avec des amis proches. Sa jalousie concernait surtout Seamus, qui avait représenté une menace réelle, bien que Harry ne soit pas tombé sous son charme. C'était donc étrange de voir Harry se faire draguer au milieu de cette foule. Draco était placé de façon à pouvoir voir son petit ami et, après qu'il eut essuyé diverses avances, il s'était arrêté sur un homme un peu plus âgé que lui et qui semblait clairement s'amuser, mais les voir danser ensemble provoquait quelque chose en Draco.

Quand Harry dansait, c'était pour s'amuser, se défouler. Qu'importe qu'il danse avec Thé, Cho, Sirius ou Luna, cela revenait au même. Et ici, au milieu de cette foule qui dansait au rythme d'une musique techno à la mode, Harry adoptait exactement le même comportement qu'il avait habituellement, mais c'était plus ou moins bien perçu par son entourage. Et au fil des minutes, Draco vit bien que son partenaire avait tendance à laisser ses mains s'égarer. Il allait mettre un terme à cette danse quand Harry quitta la foule, sans transition, et s'avança vers lui, beau comme le jour, avec ses cheveux noirs aux mèches bordeaux plus ébouriffés que jamais et ses yeux verts pétillants de malice.

« Viens danser avec moi, Draco ! »

Habituellement, il aurait hésité, restant discuter avec les personnes qui l'entouraient. Mais cela faisait trop longtemps qu'il entretenait leurs conversations insipides et écoutait leurs voix désagréables. Alors, sentant la main chaude de Harry dans la sienne si froide, il le suivit sur le piste de danse après un léger signe de tête à ses interlocuteurs qui voulurent le retenir encore un peu. Mais déjà, Draco était emporté par la musique et Harry tout contre lui, qui l'embrassa.

Un long baiser. Ses lèvres chaudes et pulpeuses contre les siennes, ses mains sur son cou et remontant vers ses cheveux blonds, ses pouces sur ses joues pour maintenir son visage avec douceur, et sa langue qui se glissait dans sa bouche…

Encore une fois, Draco se laissa faire, profitant de ce baiser langoureux, de cette tendresse qu'avait Harry de taquiner sa bouche et caresser son visage. Puis le brun se décollé de lui pour lui lancer un regard malicieux et le blond se rappela de cette conversation qu'il avait eue avec lui, quand ils étaient arrivés : « si je te roule une pelle ici et maintenant, ça ne choquera personne ? ». Non, ça ne choquerait personne. Ça ne ferait que des envieux… On envierait Harry Potter de faire ainsi craquer le froid et réservé Draco Malfoy… On envierait le riche étudiant d'avoir su trouvé un homme aux airs à la fois sauvages et doux…

Ils dansèrent un long moment avant de quitter la piste, la gorge sèche et les jambes un peu engourdies. Ils se posèrent près du bar pour prendre un verre et, aussitôt, ils se firent accoster. Daphné sauta sur Harry comme la misère sur le monde. Le tatoueur lui dit de se calmer, il avait besoin de souffler un peu, et la jeune fille accepta de l'attendre pour danser avec lui. Le brun fut étonné qu'elle soit encore célibataire et elle lui répondit que ce n'était pas le cas, mais son copain n'avait pas pu venir et elle s'ennuyait. Quant à Draco, ce fut Kevin qui vint lui demander de danser avec lui, mais le blond lui répliqua qu'il ne dansait qu'avec ses partenaires, et ce soir, comme depuis presque six mois, c'était Harry.

Autant dire que Kevin apprécia moyennement la réponse, alors il insista, faisant du gringue à Draco qui retint une réplique acerbe. Il n'eut pas à se maîtriser longtemps, Harry envoya l'homme bouler à l'autre bout de la salle à l'aide d'un regard sombre et de quelques mots bien sentis, voire même quelque peu… familiers. Draco le regarda avec un drôle d'air et Harry leva un nez hautain : ces avances, ça allait bien deux minutes !

« Je n'ai rien dit quand tu t'es fait draguer tout à l'heure.

- T'avais qu'à venir, répliqua Harry en soupirant. Et puis, c'est pas comme si j'y répondais.

- Harry, tu viens danser avec moi ?

- Daphné…

- Allez, s'il te plait ! Exigea-t-elle, les mains sur les hanches. Mon copain n'a pas voulu venir, danse avec moi ! Je m'ennuie ! »

Harry lança un regard à Draco qui haussa les épaules. Le blond lui dit qu'il allait chercher Blaise, vu qu'il n'avait plus envie de danser, alors Harry se laissa entraîner par Daphné sur la piste de danse. Prenant un cocktail sans alcool au passage, Draco parcourut les invités qui se tenaient au bord de la piste, n'arrivant pas à trouver son meilleur ami dans la masse. Il se résigna à le chercher parmi les danseurs, ce qui l'étonnait : casé, Blaise n'avait pas vraiment de raisons pour danser, du moins pas aussi longtemps. Alors qu'il longeait le bar, il vit Seamus en train de siroter un verre, le dos appuyé contre le meuble. Jouant la carte de la courtoisie, Draco s'avança vers lui et fut surpris par sa mine un peu sombre.

« Seamus ? »

L'étudiant tourna la tête à l'entente de son nom. Il fit un léger sourire à Draco avant de rebaisser les yeux vers son cocktail. Le blond lui demanda alors si quelque chose n'allait pas et l'irlandais lui répondit qu'il ne se sentait pas très bien. Il avait quelques soucis, mais il n'évoqua pas lesquels, et Draco respecta son choix.

« Tu ne danses avec personne ? Tu as le choix, pourtant.

- Le seul type potable que j'ai trouvé m'a invité à me faire culbuter dans sa voiture, répondit Seamus sombrement, le regard perdu dans son verre comme s'il voulait s'y noyer.

- Ah, fit Draco en grimaçant. Et il n'y a pas autre chose de potable ?

- Bof. Pas envie. Je vais aller chercher Théo, je m'ennuierai moins. Où est Harry ?

- En train de danser avec Daphné. Je te suis, je dois retrouver Blaise. »

Seamus hocha vaguement la tête et ils partirent tous les deux à la recherche de leurs amis en silence. De toute façon, parler était difficile vu l'ampleur du son qui faisait vibrer les murs du salon. Ils parvinrent à les retrouver, entourés d'autres personnes avec lesquelles ils discutait, Blaise un peu pompette, pour ne pas dire autre chose, et bien seul, ainsi que Théo, une fille somme toute assez banale au bras. De façon purement mécanique, Draco jeta un regard à son ex qui fronça les sourcils, serrant son verre entre ses doigts. Pour une raison qui lui échappait, il le sentait tendu, mais il ne dit rien et s'avança avec lui vers ses amis. Blaise sembla assez content de le retrouver : étant casé, il ne pouvait draguer personne, et ce n'était pas comme s'il en avait envie, sans compter qu'aucunes filles présentes dans cette pièce accepterait d'être sa cavalière simplement pour s'amuser.

« Et pourquoi tu n'inviterais pas un homme ? Lui demanda Draco avec un sourire en coin.

- Stop, je t'arrête ! S'exclama Théo. Tu as déjà fait assez de dégâts comme ça, tu crois pas ?

- Je peux encore en faire, tu sais… »

Draco lui coula un regard langoureux, un beau sourire sur ses lèvres, et Seamus explosa littéralement de rire en voyant la mine hallucinée de Théo. Blaise ricana puis rit franchement quand son meilleur ami s'avança d'un pas félin vers le pauvre étudiant qui poussa un cri d'horreur, se réfugiant derrière sa cavalière d'un soir qui gloussait d'amusement.

De loin, Kevin Whitby regardait la scène, un verre d'alcool au bord des lèvres. Ses yeux étaient posés sur le visage souriant de Draco Malfoy qui ricanait, s'amusant de la réaction de Théo qui semblait le traiter de tous les noms. Cela faisait un bout de temps que Kevin connaissait Théo et ils s'entendaient très bien, jusqu'à ce qu'il devienne homosexuel. Théo ne l'avait pas rejeté en bloc mais il l'avait fréquenté de moins en moins. Dans un accès de colère, Kevin l'avait traité de sale homophobe intolérant, en l'invitant cordialement à aller se faire foutre si son homosexualité le gênait. Cela avait marqué la fin de leur amitié. Ce ne fut que bien plus tard qu'un ami commun lui glissa que, ce qui avait amené Théo à s'éloigner de lui, c'était son attitude vis-à-vis des autres, sa façon de reluquer les hommes sans vergogne, les essayant comme une chemise avant de les jeter, rouler des pelles énormes à ses copains devant lui… Un comportement que Théo ne supportait pas. Kevin parvint à reprendre contact avec lui, mais leur amitié ne revit jamais vraiment le jour.

Cela lui manquait, pourtant. Les piques de Théo, son humour, sa façon de grimacer quand un homme osait le regarder un peu trop, son vocabulaire un peu trop familier, voire vulgaire… La complicité qui les avait liés à une époque lui manquait, honnêtement, et il se sentait jaloux de le voir ainsi s'exciter sur Draco qui n'avait fait que le taquiner. Et en même temps, il se sentait jaloux de son ancien ami d'être aussi familier avec son ex.

Draco Malfoy. L'homme qui l'avait fait changer de bord, qui lui avait montré qu'il était possible d'aimer un homme, son corps et son cœur. Qu'il était possible de trouver du plaisir avec un homme, que la passion était toute aussi forte qu'avec une femme. Le seul homme qu'il ait aimé dans sa vie, qu'il avait tenté d'oublier, mais qu'il continuait à désirer malgré tout. Cela faisait des années qu'ils n'étaient plus ensemble et Kevin avait vécu des histoires longues avec d'autres hommes, mais le seul qui parvenait à allumer un brasier en lui demeurait Draco.

Draco Malfoy. Ses cheveux blonds, signe d'une origine nordique, peut-être allemande. Ses yeux bleus, qui pouvaient être froids, passionnés, moqueurs. Son visage aux traits fins mais indéniablement masculins, aristocratique. Sa silhouette mince et sa présence, son charisme… Un homme beau, qui avait du caractère, et qu'il avait essayé de récupérer en vain pendant des mois. Il avait souffert de cet abandon et il lui était parfois arrivé de regretter ses exigences, mais à chaque fois qu'il le voyait, ne serait-ce que quelques minutes, il se souvenait à quel point il était désirable et à quel point il avait envie de lui. Une envie non réciproque.

A présent, Draco sortait avec un tatoueur. Kevin le savait déjà, il en avait entendu parler. En effet, depuis qu'il sortait avec ce Harry, il se rendait moins aux soirées et, quand il le faisait, il était toujours accompagné par son copain qu'il ne traitait pas avec réserve, comme c'était le cas ce soir. De plus, c'était la première fois que Draco Malfoy restait aussi longtemps avec quelqu'un, hommes et femmes comprises. En entendant parler du nouveau copain de son ex, Kevin n'avait pas pensé une seule seconde que leur relation puisse être aussi sérieuse, mais ce soir, il devait bien se rendre à l'évidence : quelque chose de fort les liait, une sorte d'intimité, de proximité que Kevin et Draco n'avaient jamais eue. Cela se voyait à leur façon de se tenir, de s'embrasser, ou d'envoyer bouler leurs prétendants respectifs…

Mais Kevin savait que ce couple était bien trop jeune pour tout supporter. Le doute était courant, surtout avec un homme comme Draco, tant désiré…

OoO

Draco regarda sa montre et haussa un sourcil. Il tapota l'épaule de Blaise qui riait à une blague et lui montra sa montre. Le black se calma aussi sec et grimaça : ils n'allaient pas tarder à partir, vu que sa mère exigeait qu'il ne rentre pas trop tard. Ils attendraient encore un peu pour le gâteau et la remise des cadeaux, puis ils s'en iraient.

« Je vais aux toilettes et je reviens », lui dit Draco à l'oreille.

Blaise acquiesça et le laissa partir. Draco connaissait cette maison pour y être déjà allé deux ou trois fois, à l'époque où il sortait avec Kevin, il ne mit donc pas bien longtemps avant de trouver les commodités. Le couloir était silencieux et cela n'avait vraiment rien d'avenant. Il pensa que la soirée s'était assez bien passée bien qu'il se soit vraiment ennuyé. En plus, il avait passé son temps à éviter Kevin, qui fêtait pourtant son anniversaire, alors qu'il avait promis à son père de faire un effort. Enfin, Lucius devait se douter que son fils ne parlerait pas beaucoup à Kevin, il savait que ce type était horripilant. A se demander comment son fils avait pu avoir une relation avec lui. Enfin, d'un autre côté, elle était juste physique et leur liaison était plus un défi qu'autre chose.

En tout cas, plus vite le gâteau arriverait, et plus vite ils pourraient quitter cette soirée. Draco se dit qu'une fois retourné dans la salle, il choperait Harry et ils attendraient calmement que la soirée se termine. Mais quand Draco sortit des toilettes, ses pensées se figèrent et son corps se tendit.

Kevin se tenait devant lui, droit, fier, et un sourire séducteur sur les lèvres. De façon purement mécanique et non paranoïaque, le blond calcula mentalement qu'il aurait beau gueuler, personne ne l'entendrait vu le volume du son dans le grand salon et il n'avait aucune possibilité de retraite stratégique. Parce que, non, les toilettes étaient certainement pas le premier endroit où se réfugier quand un homme aussi musclé et au regard si pervers vous regardait comme une proie potentielle…

Enfin, Draco ne se laissait pas impressionner par son ex. Il n'était impressionné par personne. Sauf par son père, mais c'était un cas à part…

« Tiens tiens Draco, ton toutou t'a abandonné ?

- Personnellement, je ne me balade pas avec des caniches en chaleur, donc je te prierai de rester poli. »

Kevin tiqua. Voilà ce qui était plus qu'emmerdant avec Draco : il avait des dossiers sur bon nombre de personnes et Kevin en faisait partie.

« Tu ne changeras jamais, Draco, soupira-t-il.

- Pardon ?

- Toujours avec tes dossiers. Tu peux pas arrêter d'écouter les potins deux minutes ?

- Je n'écoute pas les potins, je sais juste que tu as des fréquentations peu recommandables, et tu as de la chance que ton père n'en sache rien, ou sinon tu passerais un mauvais quart d'heure.

- C'est à cause de toi que je suis devenu comme ça, répliqua Kevin.

- Je t'ai fait changer de bord mais je ne t'ai pas…

- C'est à cause de toi que j'ai dérivé. Je t'aimais, Draco…

- Stop, je t'arrête ! S'exclama Draco en levant les mains en signe de paix. On ne va pas rentrer dans un débat là-dessus, Kevin. C'est bon, on a passé l'âge. Tu es majeur, vacciné, et on est sorti ensemble il y a plusieurs années. Maintenant reprends-toi, arrête d'embrasser tous les hommes qui passent comme c'est le cas depuis le début de la soirée, et trouve-toi quelqu'un de sérieux.

- C'est quelqu'un comme toi que je veux.

- Il en existe d'autres, Kevin, soupira le blond. Jamais je n'aurais imaginé me retrouver avec un tatoueur, et ça fait six mois qu'on sort ensemble, alors… »

La parole de trop. Draco le comprit quand deux mains puissantes emprisonnèrent ses poignets pour les plaquer contre le mur derrière lui, et un corps se coller au sien. Il frissonna, pas de plaisir, mais de dégoût et de panique. Oui, de la panique. Kevin le plaquait contre le mur, une érection naissante touchant sa cuisse, ses mains enserrant ses poignets avec force. Draco voulut le repousser mais Kevin était dix fois trop imposant, le dépassant de quelques centimètres. Pendant un instant, Draco se rappela d'un jour où Harry l'avait plaqué sur le lit, maintenant ses poignets avec fermeté, et il avait été incapable de lui faire lâcher prise à l'aide de sa propre force.

Kevin tenta de l'embrasser, mais Draco tourna la tête et lui jeta un regard à faire froid dans le dos. Il avait beau essayer de bouger, il ne parvenait pas à mouvoir ses membres.

« Lâche-moi, dit-il, entre ses dents, furieux comme jamais. Tout de suite.

- Non. Je te veux, Draco. Ça fait si longtemps que je te veux…

- Lâche-moi immédiatement ou tu vas le regretter, crois-moi.

- Qu'est-ce que tu trouves à ce mec ? A ce tatoueur de merde ? Il baise bien, au moins ?

- Lâche… »

Tout alla très vite. Soudainement, une main se posa sur l'épaule de Kevin et il fut tiré en arrière. Il eut à peine le temps de se retourner qu'il reçut un poing directement dans sa joue gauche, le faisant valdinguer contre un mur. Le souffle court, Draco vit Harry jeter un regard terrifiant à Kevin, la mâchoire serrée, les poings noués et tendus. Kevin se redressa, reprenant ses esprits, et se jeta sur Harry qui évita le coup et l'envoya bouler à l'autre bout du couloir.

Il allait lui casser la gueule. A son regard, cette aura de haine qui entourait Harry, Draco vit le voyou qu'il avait pu être à une époque et qui n'avait pas peur de régler quelques comptes à coups de poing quand c'était nécessaire. Alors il lui attrapa le bras et le tira en arrière.

« Harry, arrête ! »

Son petit ami tourna la tête vers lui et Draco crut bien qu'il allait lui en coller une à lui aussi. Pourtant, il ne le fit pas, se calmant un peu, ou du moins assez pour le tirer hors de ce couloir, alors que Kevin gémissait en se tenant le ventre, le souffle coupé. Ils traversèrent le couloir, Harry tirant Draco par le bras, furieux.

« Harry, ce n'est pas ce que tu crois… Ecoute-toi, Harry ! »

Mais ils débouchèrent sur le salon. Blaise, Théo et Seamus, entouré d'autres personnes, ne se trouvaient pas loin de la porte d'entrée. Harry leur fit signe de ramener leurs fesses et leurs amis quittèrent la salle, inquiets. Ils virent que quelque chose n'allait pas à l'expression de Harry, qui semblait hors de lui bien qu'il se contienne, mais aussi au visage de Draco, qui semblait tout simplement chamboulé.

« On se casse. »

La voix de Harry était implacable. Sans lâcher Draco, il marcha à grandes enjambées vers l'entrée de la villa tandis que ses amis cherchaient à comprendre. Il fallut qu'ils s'arrêtent pour récupérer leurs manteaux pour que Draco avoue à demi-mots ce qui s'était passé. Seamus écarquilla de grands yeux tandis que son colocataire tirait une tronche à mourir de rire. Blaise était carrément choqué et il tapa franchement l'épaule de Harry quand il comprit que ce dernier lui en avait collé une.

Ils sortirent dehors, sans un regard vers la villa et les gens qu'ils laissaient derrière eux, notamment Kevin, qui ne manquerait pas de se plaindre. Sauf s'il avait de la jugeote : autant dire que Lucius Malfoy ne laisserait pas passer une histoire pareille. On pouvait emmerder son fils mais pas s'en prendre à lui de cette façon.

Théo décréta qu'il conduirait la voiture de Draco, n'ayant rien bu, jusqu'à chez lui, et il ramènerait Blaise au passage. Pendant ce temps, Seamus les suivrait avec l'autre voiture, pour récupérer Théo une fois Draco amené à bon port. Puis, Théo alla vers Harry pour tenter de le calmer mais ce dernier ne décolérait pas. Draco s'en voulait terriblement : jamais il n'aurait pensé que Kevin s'en prendrait à lui de cette façon et encore moins que cela se terminerait ainsi. Harry lui faisait la tête, à juste titre, refusant d'écouter ses arguments. C'était un affreux quiproquo et le blond savait qu'il valait mieux se taire et attendre que l'autre se calme avant de tenter une approche. Et lui-même avait besoin de reprendre ses esprits…

Ils marchèrent jusqu'à la voiture et, malgré les protestations de Draco, Théo prit le volant, Blaise à sa droite, et les deux autres à l'arrière. L'étudiant démarra et un silence mal-à-l'aise régna pendant quelques minutes dans le véhicule, jusqu'à ce que Blaise le brise. Il parla d'un sujet banal, sans évoquer ce qui s'était passé peu de temps auparavant, voyant dans le rétroviseur que Draco n'était pas très bien. Assis derrière Théo, il regardait la vitre, un peu pâle et préoccupé. Autant dire qu'il digérait mal ce qui s'était passé, la panique soudaine qui avait envahi son être transformée ensuite en gêne et à présent en une colère grandissante qui mettait à mal ses pensées rationnelles. A présent, il regrettait de ne pas avoir laissé Harry refaire le portrait de ce connard, ou alors de ne pas l'avoir refait lui-même tant la haine qui faisait à présent bouillir son sang était puissante en lui.

Et Harry assis à côté de lui ne le regardait pas non plus, le visage tourné vers la vitre, les dents serrées. Il semblait se calmer, mais Draco ne pouvait pas vraiment juger : il faisait nuit, des lumières orangées passaient par moments dans la voiture pour éclairer leurs visages, et le blond ne lui jetait que quelques coups d'œil à la dérobée. Non, il n'aurait pas pu laisser Harry démolir Kevin, même si le brun en avait eu terriblement envie. Il s'en serait voulu à un moment donné, Harry était quelqu'un de gentil, pas un voyou…

Putain… Il s'était fait agressé… par son ex…

Ils arrivèrent chez Blaise, avec une bonne avance sur l'heure fixée. Quand son meilleur ami quitta la voiture, Draco insista pour conduire à son tour. Théo protesta, il avait autre chose à penser que conduire sa voiture, il était certain que ça ne dérangeait pas Seamus de les suivre. En fait, c'était surtout qu'il ne voulait pas laisser ces deux-là seuls, mais il finit par abdiquer. Il retourna dans sa voiture, laissant Seamus conduire, et les deux amants passèrent au premier rang du véhicule.

Et le silence perdura. Un silence étrange, entre le malaise et l'énervement. Draco sentait pourtant que Harry s'était calmé, mais était-ce une apparence ? Et lui-même se sentait mal, sale. Il n'avait qu'une envie : rentrer, se doucher et se coucher pour oublier le fait qu'il s'était fait plaquer contre un mur par un homme plus fort que lui. Quelle honte…

Sa conduite était nerveuse. Draco ne se sentait pas à l'aise, il avait envie de se garer sur le côté et appeler un taxi, tant cela lui demandait des efforts de se maintenir sur la route. Il pensait à Kevin, à la façon dont il lui ferait payer ça, la colère échauffant son esprit. Il se vengerait. Il se vengerait pour cette honte qu'il lui avait mise, pour la colère de Harry à son encontre…

« Harry ? »

Le brun ne tourna même pas la tête vers lui mais Draco crut l'entendre soupirer, signe qu'il l'écoutait.

« Ce n'est pas ce que tu crois. Je…

- Tais-toi, Draco. S'il te plait.

- Tu es énervé. »

Ce n'était pas une question. Le blond se mordilla la lèvre, s'attendant à des reproches.

« Oui.

- Je ne t'ai pas… trompé. »

Que c'était dur de prononcer ces mots…

« De quoi ? »

Le feu rouge n'était pas à loin, à quelques mètres seulement. Draco attendit d'être arrêté dans la file de voitures pour tourner la tête vers son petit ami et constater qu'il ne paraissait pas comprendre ce qu'il disait. Incertain, l'étudiant répéta, surveillant du coin de l'œil les voitures devant lui.

« Je ne t'ai pas trompé.

- Mais je le sais, ça, dit Harry. Je suis pas en colère pour ça. »

Ce fut au tour de Draco d'être surpris : Harry ne doutait pas une seconde de lui ? Il ne pensait pas du tout que Draco ait pu se laisser emmener dans un coin par son ex, pendant qu'il était occupé à danser avec Daphné Greengrass ? Le cœur du blond battait à la chamade…

« Pourquoi tu es en colère, alors ?

- Le feu est vert. »

On klaxonna derrière eux et Draco repartit, alors que Harry poursuivait, nerveux, regardant fixement le par brise.

« Je t'ai laissé seul et il… J'aurais dû être là. Je suis dégouté, aussi… Il… Il avait pas le droit… »

Son cœur semblait battre encore plus fort dans sa poitrine. Harry tentait de formuler ce qu'il avait ressenti mais ses mots semblaient réveiller la colère qu'il avait tentée de canaliser pendant ces longues minutes à regarder la vitre de la voiture, à l'arrière. C'était des paroles maladroites, Harry avait un peu bu et cette rage mêlée à l'alcool l'empêchait de s'exprimer aussi clairement qu'à l'accoutumée, lui qui tentait de se calmer sans grand succès. Draco aurait presque fermé les yeux pour l'écouter, tant il était soulagé. Il venait d'éviter un conflit aussi gros que la voiture : Harry était furieux après cet homme et après lui-même pour ne pas avoir été là plus tôt, et non après Draco.

« Harry, calme-toi, fit le blond doucement. Tu n'y es pour rien, tout est de ma faute.

- Non, j'aurais dû…

- Je ne pensais pas qu'il ferait ça. Je pensais que tu étais énervé à cause de ce quiproquo…

- Mais non, tu ne pourrais pas me tromper, dit Harry comme si c'était évident. Toi, tu quittes, tu trompes pas. »

Pas faux, songea Draco, tandis que son petit ami repartait dans des accusations, portées à lui-même et à Kevin. Le blond pensa que Harry avait décidément des réactions bien excessives quand il avait un peu bu, pleurant lors de l'anniversaire de Ron et Théo et ce soir se battant contre ce type. En même temps, bien que ce soit mal, Draco se sentait fier d'avoir été ainsi défendu par son copain. Un copain qui, même sobre, n'aurait pas réagi autrement qu'avec un coup de poing en pleine mâchoire…

« Harry, arrête de ressasser ça.

- Je sais que c'est pas bien mais j'aurais bien voulu continuer à le taper, moi…

- La violence ne résout rien, énonça philosophiquement Draco, tournant sur la droite.

- Il n'avait pas à te coincer contre un mur de cette façon.

- Tu viens chez moi ? Ou je te ramène.

- De toute façon, tu as pris le chemin de chez toi, répondit Harry avec un sourire un peu crispé. Désolé, je suis énervé…

- Tout ira mieux demain. Moi aussi je suis énervé. »

Ils rentrèrent donc chez Draco, dans un silence plus confortable. Harry digérait comme il pouvait son excès de colère tandis que l'étudiant se concentrait sur sa conduite. Ils mirent un peu de musique, le son bas. Puis ils arrivèrent dans la villa du blond, où toutes les lumières étaient éteintes, sauf une : celle du salon. Draco en conclut que ses parents étaient encore réveillés, ou du moins son père. Vu l'heure, sa mère devait être couchée.

Il rangea sa voiture dans le garage, puis ils entrèrent tous les deux dans la maison. Ils passèrent par le salon, où son père était effectivement présent, lisant son journal, ses longues jambes croisées. Il haussa un sourcil en les voyant là, tous les deux, à la porte du salon et à une heure pareille. Il se leva, le regard rivé sur Harry qui semblait mal-à-l'aise, comme c'était de toute façon le cas depuis un bon bout de temps.

« Bonsoir Draco. Harry, fit Lucius Malfoy avec un léger mouvement de tête. Vous rentrez bien tôt.

- On a eu… un problème.

- Quel genre de problème ?

Tandis que Draco racontait l'affaire, Harry détaillait son père. Il devait frôler la cinquantaine d'années mais il demeurait mince et élancé, la taille haute, le visage rigide et pâle encadré par de longs cheveux blonds qui tiraient à présent sur le blanc. C'était encore un bel homme, Harry devait bien le reconnaître, semblable à Draco dans la stature, le visage, mais indéniablement différent sur le caractère.

Au fil des secondes, il vit la surprise puis une colère sans nom briller dans les yeux de glace de Lucius Malfoy, alors que son visage demeurait de marbre. Sèchement, il envoya les deux jeunes hommes se coucher, puis quitta le salon pour montrer à l'étage. Harry le regarda partir, ne sachant comment prendre cela, et Draco lui glissa à l'oreille que son père était tout bonnement furieux et que ça allait chauffer pour Kevin Whitby.

Enfin, après une bonne douche, ils allèrent se coucher dans le grand lit froid de Draco, fermant les yeux pour essayer d'oublier cette fâcheuse soirée.

OoO

Une tête blonde, une tête blonde… Ce n'était pas compliqué, pourtant ! Il cherchait une tête blonde…

« Blaise, un peu de calme… Harry, viens ici ! »

Une tête blonde…

« Blaise, Harry ! Mais c'est pas vrai, de vrais gamins ! »

Draco les choppa tous les deux par le col de leurs pulls et les tira en arrière. Blaise et Harry protestèrent avant de repartir à la quête d'une Luna Lovegood, perdue dans cette foule. Ils avaient beau regarder un peu partout, impossible de la trouver. Certes, elle n'était pas bien grande, mais vu le look qu'elle avait, on ne pouvait pas la louper, pire qu'un gosse armé d'une casquette rouge et d'un tee-shirt jaune pour aller à Disneyland©.

Draco regardait son meilleur ami et son copain surexcités à l'idée de revoir la jeune fille avec lassitude. Pourtant, il était content de revoir Luna, une fille assez loufoque mais qu'il aimait bien : elle n'était pas prise de tête et, honnêtement, elle était adorable. Il paria mentalement sur celui qui parviendrait à la localiser le premier et il gagna son pari haut la main quand Harry fonça dans une direction totalement opposée à la leur, ayant détecté sa meilleure amie. Blaise le suivit et Draco en fit de même mais plus tranquillement, tentant de ne pas se casser la figure sur les valises posées n'importe où.

Quant il arriva jusqu'à eux, Harry lâchait Luna pour la laisser se faire soulever par Blaise qui la serrait fort contre son cœur, embrassant ses cheveux et lui murmurant sûrement de jolies choses à l'oreille. Draco eut un sourire en voyant la mine joyeuse de son petit ami. Il se souvenait encore de cette soirée merdique où il avait collé un pain à Kevin Whitby, qui semblait déjà avoir des ennuis, au vu des insinuations de son père, qui ne digérait toujours pas le fait que son fils se soit fait malmené de la sorte. Draco lui avait dit que ça aurait pu être pire si Harry n'avait pas été là et son père s'était contenté de posée une main franche sur l'épaule de son gendre et lui assurer que cette « vermine » paierait. Pas très rassurant…

Une fois que Luna fut remise sur pieds, elle tourna la tête vers Draco et s'avança à pas légers vers lui. Elle n'avait pas changé, toujours ses éternels cheveux blonds ondulés et mal coiffés qui tombaient en cascade dans son dos et son air rêveur sur le visage. Des radis pendaient à ses oreilles, un crayon s'était faufilé derrière l'une d'elles, et la jeune fille portait un pantalon et une veste de couleur respectivement rouge vif et bleu roi, ainsi que des Converse© jaune canari. Une écharpe orange et verte complétait le tout. Etait-ce vraiment possible d'être aussi mal habillé tout en restant joli ? Un véritable mystère…

Luna se mit sur la pointe des pieds pour lui embrasser les deux joues puis lui fit un joli sourire, suivi d'un « bonjour ». Ça faisait du bien de la revoir et Blaise manifesta rapidement son besoin de contact, et notamment de câlins. Tous les quatre sortirent de la gare, pensant aux vacances qui montraient le bout de leur nez.

OoO

Leur premier jour de vacances fut le lundi, où ils firent le voyage en voiture. Ils avaient au total trois voitures : Draco prenait le volant de sa Mercedes avec Blaise, Luna et Harry, tandis que Théo conduisait sa Peugeot avec Seamus à côté de lui, et enfin, Ron roulait à bord de sa Fiat avec Hermione, Millicent et Cho. Ils se répartirent les bagages, qui en somme n'étaient pas bien lourds : ils partaient seulement quelques jours et ils avaient la machine à laver sur place.

Le trajet fut long et entrecoupé par des pauses sur des aires d'autoroutes peu encombrées où ils pouvaient aller aux toilettes ou faire une pause café. Pendant tout le voyage, Harry dormit les poings fermés, préalablement drogué aux somnifères, au point que Draco s'inquiéta de son état. Mais Luna le rassura : c'était toujours pareil quand il fallait faire de longs trajets en voiture. Cela rassura peu le blond qui ne se sentit mieux que quand Harry se réveilla quand ils entrèrent dans la ville d'Agde.

En somme, le voyage fut assez paisible, si on omettait le fait que Ron et Théo se firent la course plus d'une fois sur l'autoroute, dépassant les 130km/h préconisés par le code de la route. Draco les suivait à une allure correcte sans jamais les perdre de vue, ou alors il donnait le téléphone à Blaise pour qu'il leur dise d'arrêter leurs conneries. Ils ne purent être stoppés que quand les chauffeurs quittèrent le volant pour le laisser aux autres : Blaise remplaça Draco qui ne manqua pas d'invectiver Cho et Seamus qui se mirent à jouer au même jeu, l'un encouragé par son colocataire et l'autre désireuse d'aller plus vite. A l'arrière, Luna parlait de ses sombrals et de ses doxys pendant que Harry dormait comme un loir.

Dans la voiture de Théo, l'humeur était un peu plus festive, dirons-nous. Il avait mis de la musique à fond et chantait tout en se dandinant sur son siège, heureux de se détendre autre part que dans cette ville polluée aux RER crade qu'était Paris, ce qui faisait rire Seamus. Ce dernier se laissait porter par son euphorie.

Au contraire, dans la voiture de Ron, c'était déjà moins amusant. En effet, Millicent et Hermione se révélèrent être très malades en voiture. Enfin, c'était déjà le cas de Hermione qui avait besoin de concentration pour faire abstraction de son mal des transports. Elle parvint à se maîtriser quand Ron prit le volant malgré sa conduite et Millicent fit tout pour contrôler son malaise, mais elles ne purent que succomber aux vomissements quand ce fut Cho qui reprit le volant : elle faisait tout pour emmerder Seamus et il le lui rendait bien. Les pauses aux aires de repos étaient donc les bienvenues…

Ils arrivèrent au Cap d'Agde vers deux heures et demie de l'après-midi. Blaise conduisait la voiture et il regardait avec étonnement la route qui les menait à la résidence, tout comme Draco. Cela n'avait rien d'exceptionnel mais c'était joli, les routes bordées de palmiers et de buissons de lauriers où des fleurs roses naissaient, points roses dans un amas vert foncé. A l'arrière, Harry était réveillé et tripotait son téléphone portable pour prévenir Isaline qu'ils étaient arrivés.

La résidence comportait un grand parking, une place étant réservée par appartement. Elle comportait quelques immeubles au style un peu particuliers qui étaient constitués de studios relativement grands, pouvant contenir un certain nombre de personnes, le plus souvent quatre, voire cinq. Au milieu, se trouvait une piscine en pleine air qui était encore fermée.

Aussitôt arrivés, ils déchargèrent les valises. Ron, Hermione, Théo et Seamus passeraient la nuit dans l'appartement d'Isaline qui se trouvait rez-de-chaussée de l'immeuble numéro deux. L'appartement contenait deux lits superposés et un lit deux places, ils alterneraient donc suivant les jours. Quant aux autres, ils devaient tout monter au troisième étage, le dernier, où des canapés formaient un lit pouvant accueillir trois personnes et une mezzanine avait été construite sous le toit pour deux à trois personnes.

Ensuite, ils partirent aussi sec faire les courses, et accessoirement manger quelque chose de consistant. Ils s'entraidèrent pour monter les courses au troisième étage, étant donné qu'il n'y avait pas d'ascenseur. Un nettoyage s'en suivit : le balcon du dernier étage et la terrasse du rez-de-chaussée devaient être lavés et balayé, et les draps passés à la machine à laver, sans compter la poussière qui s'était accumulée au fil des mois sur les meubles. Une fois ce nettoyage de printemps accompli, complètement amorphes, les amis décidèrent de se balader le long de la jetée et de se poser dans un restaurant où ils commandèrent un bon repas. A moitié morts, ils rentrèrent enfin chez eux pour prendre un repas bien mérité.

OoO

Le mardi matin, Draco fut réveillé par les gigotements de Harry qui se réveillait entre ses bras. Ce soir-là, ils dormaient dans la mezzanine construite il y avait quelques années par Sirius. Enfin, c'était lui qui commandait les opérations mais tout le monde avait mis la main à la pâte. Harry et Draco avaient donc investi le matelas deux places et Cho dormait sur le une place juste à côté.

En bas, Blaise, Luna et Millicent dormaient à poings fermés. Enfin, c'était ce que Draco pensait, jusqu'à regarder l'heure et voir qu'il était huit heures et demi. Aussitôt, il se cacha la tête sous la couette, ce que faisait en fait Harry quand il gigotait. En effet, chaque matin, Luna se réveillait aux alentours de huit heures et demie. Et des cris de souffrance fusèrent dans le logement quand elle appuya sur le bouton du store pour qu'il se lève, la lumière blafarde du petit matin explosant sur les murs de l'appartement.

Ils prirent leur petit-déjeuner sur la terrasse, une fois que tout le monde fut habillé. Il faisait un peu frais mais très beau pour un mois d'avril. Ils portaient des pulls mais il était possible de manger du pain grillé tartiné de beurre en-dehors du studio. Au rez-de-chaussée, Théo et Ron avaient installé la table dehors tandis que Seamus faisait aussi griller du pain, Hermione s'empressant de faire les lits, rapidement aidée par son petit ami. Tous les quatre profitèrent de leur vue imprenable sur la rangée de bateau qui longeait la jetée. Ils étaient détendus, loin de Paris et de son stress. Ils avaient passé une nuit un peu agitée à cause de leur nervosité causée par la route et les lits auxquels ils n'étaient pas habitués.

Ça n'avait pas empêché Blaise, Cho, Théo et Ron de ronfler comme des sonneurs une bonne partie de la nuit… Luna balança son oreiller sur la tête de son petit ami et Harry en fit de même avec la chinoise, tandis que Hermione donnait des claques au rouquin, et Seamus était carrément descendu sur le deuxième lit superposé pour dormir près de Théo, histoire de lui en mettre une à chaque fois qu'il osait ouvrir un peu trop la bouche. Autant dire que l'étudiant apprécia peu de se retrouver avec son colocataire sur lui…

La journée fut consacrée à la balade. Cette zone du Cap d'Agde était consacrée aux résidences et à la plage qui longeait une partie du lieu, l'autre étant bordée par les bateaux. Le groupe se balada donc sur la plage puis flâna le long des longues rues marchandes. Draco et Harry marchaient main dans la main, leurs doigts à peine noués. Ça leur rappelait Londres où ils avaient eu la sensation d'être dans un autre monde, plus libres et sereins qu'à Paris, où ils vivaient une routine à la fois agréable et quelque peu monotone. Ça faisait du bien de casser un peu les habitudes et c'était ce que Ron et Hermione pensaient eux aussi.

Théo et Seamus ne se lâchaient pas non plus. Enfin, c'était plutôt Seamus qui ne lâchait pas Théo, ayant décidé de lui pourrir la vie vu qu'il lui avait pourri sa nuit. Quant à Cho et Millicent, elles se tenaient par le bras et bavardaient gaiment, l'une tentant d'oublier un peu son ex copine qui lui manquait malgré tout, et l'autre à son petit ami, Gregory Goyle, qui devait travailler comme un fou dans son restaurant.

Ils terminèrent leur virée par une balade le long d'une jetée qui menait au Fort Brescou. Le long du chemin bétonné qui menait à un petit phare destiné à dirigé les bateaux, se trouvait un amoncellement de pierres volcaniques où les enfants s'amusaient de marcher jusqu'à un certain stade, où les roches devenaient trop irrégulières pour être franchies sans danger. Comme des gosses, Théo, Ron, Blaise et Harry s'y aventurèrent, Cho et Luna les suivant tant bien que mal.

Draco, Millicent, Hermione et Seamus les regardaient progresser en riant. Cho fut la première à laisser tomber, puis ce fut Blaise qui craignit de se faire mal. Luna avait apparemment du mal à suivre mais elle continuait à avancer, sautant sur les pierres comme un elfe. Ron finit par laisser tomber, dérapant sur une pierre, ce qui fit crier Hermione : qu'il descende, mince ! Restaient encore Théo, Harry et Luna. Ils faillirent se casser la figure plusieurs fois et, finalement, ils descendirent tous les deux et forcèrent la jeune fille à les suivre, cette dernière ne comprenant pas pourquoi on arrêtait le jeu, alors que les pierres devenaient vraiment dangereuses. Seamus enguirlanda son colocataire qui s'était égratigné le genou, et il n'était pas le seul, et ils terminèrent la balade jusqu'au phare où ils prirent quelques photos.

Une brise marine balayait le lieu, mais sa fraîcheur ne sembla pas ennuyer les promeneurs. Seamus et Harry s'assirent sur une pierre, ce dernier armé de son appareil photo, avec lequel il prenait le profil de Draco qui discutait avec Théo et Blaise. Soudainement, Harry sentit l'irlandais se pencher vers lui, sur le côté, et lui prendre le bras. Le brun allait le repousser quand il tourna la tête et vit que Seamus regardait quelque chose près des pierres. Suivant son regard, Harry comprit qu'il matait un homme présentant dans un groupe de jeunes et qu'il avait enlacé son bras de façon plus ou moins instinctive. Draco perçut ce geste de Seamus et vint aussitôt vers eux mais l'irlandais lui ordonna de se pousser, il lui gâchait la vue !

Tout le reste du chemin, la conversation tourna autour de ce mystérieux inconnu que Seamus était sûr d'avoir aperçu dans la résidence alors que Draco lui assurait qu'il se faisait des films, Harry répliquant que c'était peut-être un locataire, ce n'était pas rare à cette époque de l'année étant donné que les propriétaires avaient tendance à venir seulement pendant l'été. Théo, quant à lui, bougonnait en traitant son colocataire de tapette en manque de sexe…

Ils finirent la soirée dans l'appartement du rez-de-chaussée, où ils programmèrent déjà une sortie pour la fête foraine du coin, accessible par bateau.

OoO

Le mercredi qui suivit aurait pu être une journée de détente : les hommes décidèrent de paresser dans les logements tandis que les filles se baladaient le long des rues marchandes, pour acheter des souvenirs ou tout simplement se détendre. Un coussin coincé entre son dos et le mur, Harry était installé sur un canapé-lit et caressait machinalement les cheveux blonds de son petit ami assis entre ses jambes, la tête calée sur son épaule, le regard rivé sur ses cours. Juste à côté d'eux, Blaise feuilletait Public tandis que Ron regardait la télévision. Théo révisait avec Seamus sur la table, posée sous la mezzanine.

L'ambiance était donc studieuse dans l'appartement. Ron avait proposé d'éteindre la télévision mais les étudiants avaient répliqué que ça ne les dérangeait pas. Le seul à ne pas réviser était Blaise, mais il avait eu largement le temps de le faire chez lui et ce n'était pas le genre de personne qui ressentait un stress énorme avec l'arrivée des examens, ce qui était moins le cas de Draco. Il avait beau connaître ses cours sur le bout des doigts, il avait besoin sans cesse de les revoir, cela le rassurait. Et les caresses de son petit ami dans ses cheveux ne pouvaient que le détendre un peu plus.

C'était peut-être le cadre, le fait qu'ils étaient dans le Sud de la France, les mouettes qui gloussaient pas très loin d'eux, mais le fait était que ces révisions ne prenaient pas un caractère forcé, de corvée. Théo faisait réviser Seamus, revoyant le programme de l'an dernier par la même occasion, et l'irlandais semblait bien enclin à l'écouter et enregistrer.

Quand les filles rentrèrent, l'ambiance paisible se brisa. Elles préparèrent une plâtrée de pâtes à la bolognaise et tout le monde se mit à table, les uns sur la table et les autres sur les canapés, par manque de place. Puis, ils décidèrent de se dégourdir un peu les jambes et allèrent jusqu'à la plage. Théo et Ron insistèrent pour qu'ils mettent un maillot de bain et tout le monde s'y plia bien que personne ne soit décidé à mettre n'était-ce qu'un pied dans cette mer gelée du mois d'avril. C'était plus pour qu'ils arrêtent de les ennuyer avec cette histoire de baignade.

La plage n'était pas très loin de la résidence, à une dizaine de minutes à pieds. Il faisait très bon, chaud même. On installa des serviettes sur le sable, on trempa ses pieds dans l'eau qui demeurait assez froide, trop pour s'y risquer. Alors les jeunes restèrent sur le sable à discuter. Jusqu'à ce que Harry et Théo se chamaillent, ce qui se termina par un défi : Harry devait se jeter à l'eau. Et il le fit, jetant son pantalon, ses tongs, son pull et son tee-shirt sur le sable.

Draco regarda son copain courir vers la mer et y plonger avec stupeur, la bouche bée, et il sembla revenir sur terre quand Théo le rejoignit en riant et que Ron commençait aussi à se déshabiller. L'assistance stupéfaite se mit à crier après ces fous qui osaient se jeter à la mer de cette façon. Blaise riait comme jamais, se tenant les côtes, mais il fut stoppé net quand il vit sa petite amie se dévêtir à son tour, se retrouvant en maillot de bain orange, et s'en aller tranquillement vers la mer. Cho la suivit et se jeta à l'eau avant de hurler à la mort parce qu'elle était froide. Elle voulut sortir mais Ron et Harry la choppèrent et la coulèrent.

Les étudiants restants se regardèrent, les prenant pour des fous, les regardant jouer comme si l'eau était à 25°C. Finalement, Ron et Théo sortir de l'eau et choppèrent Hermione qu'ils jetèrent toute habillée dans l'eau, ignorant royalement ses hurlements terrorisés, puis ils coururent après la pauvre Millicent qui se fit chopper à son tour ? Seamus sortit crocs et griffes mais il n'échappa pas à la trempette, Théo l'ayant même forcé à mettre la tête sous l'eau pour « que son corps s'habitue bien à la température de l'eau ».

Draco, refusant d'être jeté à la flotte comme un vulgaire sac à patate, décida de prendre son courage à deux mains et de se déshabiller à son tour. Bien qu'il soit plus costaud que Seamus, nul doute que ces deux dégénérés parviendraient à le soulever et le balancer à la flotte, alors autant sauver l'honneur et y aller de lui-même. Il fut accueilli à bras ouverts par son petit ami, mais l'eau, parvenue aux genoux, étaient bien trop froide et Draco sentit son courage flancher. Jusqu'à ce que Luna lui saute sur le dos et le fasse tomber en avant, et donc dans la mer gelée. Blaise ria aux éclats, jusqu'à ce se faire chopper à son tour, et être jeté à la mer tout habillé lui aussi, n'ayant pu vaincre ces deux forces de la nature.

Pour ces parisiens qui ne voyaient la mer que rarement, la mer était absolument gelée, et pourtant, ils restèrent un long moment dans cette eau saline à jouer comme des gosses. Harry se colla à son petit ami, son corps froid envoyant des frissons dans tout le corps de Draco qui appuyait sur sa tête pour le noyer, mais il manquait lui aussi de boire la tasse, Luna ne cessant de grimper sur son dos comme un singe. Le blond lui dit au bout d'un moment qu'elle pouvait aller sur le dos de Blaise mais, de façon très logique, elle lui dit qu'elle préférait être sur le sien car son petit ami bougeait trop. Et, en effet, lui, Hermione et Millicent s'étaient liguées contre Ron et Théo pour leur faire payer ce manque de délicatesse. Cho se mêla à la partie, du côté des garçons, histoire que ce soit équilibré. Seamus s'avança vers le trio, gelé jusqu'aux os, mais un grand sourire aux lèvres.

Aussi bleus que des schtroumpfs, ils quittèrent l'eau quand ce devint insupportable et tentèrent de s'essuyer avec les quelques serviettes qu'ils avaient apportées. Ils rentrèrent rapidement à la résidence avant de chopper du mal et certains passèrent la soirée à claquer des dents, Draco dans les bras de Harry, Blaise dans ceux de Luna, Seamus dans ceux de Théo. Les filles avaient froids mais supportaient mieux ce changement brutal de température, elles ne se gênèrent pas à traiter les garçons de fillettes. Et la soirée se termina par les restes des spaghettis.

OoO

Le jeudi sonnait un peu comme leur dernier jour de vacances. Ils partaient le vendredi vers midi, le temps ranger les appartements, mettre leurs affaires dans la voiture et repartir. Ces vacances avaient été bien courtes, à peine quelques jours, mais cela avait eu un effet positifs sur les étudiants qui avaient un peu déstressé. Ils décidèrent de vivre cette journée à fond et cela se traduisit pas une nouvelle virée dans la station balnéaire.

Tout le matin, ils se baladèrent, découvrant de nouvelles plages où les vacances ne se bousculaient pas, des criques abandonnées et la grande falaise qui séparait deux plages, l'une de sable blanc, l'autre de sable noir. Ils déjeunèrent au restant le midi, puis se séparèrent pour ce dernier après-midi. La veille, Seamus était parvenu à retrouver cet homme qu'il avait aperçu lors de leur première balade : il était à la résidence et il n'eut aucun mal à obtenir un rendez-vous avec ce charmant garçon. Cela ne semblait pas faire vraiment plaisir à Théo qui fut traîné par Cho et Millicent dans les boutiques. Ron et Hermione s'isolèrent un peu, de même pour Blaise et Luna qui savouraient ces quelques moments passés ensemble.

Quant à Harry et Draco, ils avaient décidé de se balader une fois de plus sur la plage. Cela devenait répétitif, mais Draco aimait beaucoup la mer, sans pour autant éprouver le besoin d'y nager. Il aimait regarder les vagues aller et venir, surtout quand elles étaient fortes. Cela avait quelque chose d'apaisant, et ce n'était pas Harry qui allait s'opposer à ce genre de promenade : il aimait cela lui aussi.

Se retrouver tous les deux dans ce cadre un peu particulier, marchant sur le sable pâle de la plage et sous ce ciel bleu, leurs mains liées et l'esprit serein leur fit le plus grand bien. Ils retardèrent au plus le moment du retour, sachant que leurs vacances se terminaient déjà. Draco avait connu plus mouvementé comme expedition, et bien moins fatiguant, mais il était charmé par cet endroit et rien ne valait ces moments d'hilarité et de complicité avec ses amis. Avoir Seamus près de lui ne le gênait même plus, il éprouvait moins de jalousie, c'était davantage de la méfiance, et il sentait que l'irlandais passait vraiment à autre chose, parlant à Harry comme il l'aurait fait avec n'importe qui, quoique avec un peu plus de familiarité.

Cette ambiance paisible ne dura évidemment pas très longtemps quand ils rentrèrent à la résidence. Pas très loin, une base de loisirs avait été crée, ce qui permettait aux gens, surtout les jeunes, d'accéder à diverses activités sans prendre la voiture, ou avec un trajet relativement court. L'île des loisirs contenait en autre une discothèque, un casino, un cinéma et une fête foraine, où le groupe avait prévu d'y aller, à l'aide d'un bateau qui jouait un rôle de taxi dans tout le Cap d'Agde, faisant le tour de diverses stations implantées sur la baie.

Les étudiants, hormis Théo, n'étaient jamais allés dans une fête foraine. Il y avait bien la foire du trône à Paris, mais Draco n'était pas du genre à monter sur des montagnes russes ou autres manèges dans ce style-là et Blaise n'en avait jamais vraiment eu l'envie, pas plus que Seamus, qui avait ces choses-là en horreur. Quant aux filles, il fallait bien le dire, ce n'était pas vraiment leur genre d'aller dans ces endroits-là, préférant l'atmosphère calme des bibliothèques. Aussi, quand ils virent les stands de barbes à papa, de tirs à la carabine, de cordes à tirer ou encore de manège à sensation, ils furent quelques peu déboussolés…

Mais ils passèrent à un nouveau une bonne soirée. Ils firent déjà un premier tour, histoire de voir les différentes attractions. Harry et Ron se plantèrent devant une attraction où, entre autres, les gens se retrouvaient balancés dans tous les sens, et regardèrent l'engin avec une fascination… déconcertante. Draco fronça les sourcils quand les deux énergumènes se retournèrent, des étoiles dans les yeux, et piaillèrent qu'ils voulaient monter dedans. Le blond eut beau ordonner à Harry de ne pas montrer dans cette chose-là, son petit ami n'en fit qu'à sa tête et courut acheter des tickets. Théo se laissa tenter et proposa à Luna de l'accompagner, ce qu'elle accepta volontiers. Autant dire que Draco, Blaise et Hermione étaient bien peu rassurés en voyant cette machine secouer leurs amis. Seamus était allé chercher une barbe à papa pour éviter de voir ça…

Quand ils descendirent du manège, Blaise se jeta sur sa copine et l'assomma de questions. Luna ne semblait pas particulièrement sonnée et lui répondait aussi étrangement que d'habitude, alors que Ron avait du mal à marcher droit, comme s'il était ivre. Théo et Harry avaient un grand sourire sur le visage, ce dernier encore plus ébouriffés qu'à l'accoutumé.

S'enchaîna un autre manège à sensation où Draco faillit sentir son cœur s'arrêter : une boule reliée à des élastiques renfermait les deux victimes alors jetées dans le vide. Ron avait accepté de le suivre. Hermione faillit hurler quand ils entamèrent leur chute libre… Puis il y eut des tirs à la carabine. Harry et Ron avaient tellement joué à ces trucs-là quand ils étaient mômes, l'un avec son parrain et l'autre avec ses grands-frères, qu'ils parvenaient à chaque à fois à gagner une peluche. Théo dut s'y prendre à deux fois avant de gagner un espèce d'éléphant gris bleu sur lequel Seamus lorgnait depuis qu'ils étaient passés devant le stand. Autant dire que l'irlandais fut heureux quand il peut tenir la peluche dans ses bras, au point qu'il embrassa Théo sur la bouche, faisant gueuler ce dernier, sous les rires.

A un autre stand, Harry gagna une Playstation2© qu'il offrit à Théo, ne sachant quoi en faire, tandis que Ron gagnait un micro-onde, qu'il donna aussi à Théo : c'était bête, il venait tout juste de changer le sien, Neville avait cassé le bouton… Tout content, l'étudiant se retrouva couvert de cadeaux sans avoir dépensé un sous.

Blaise voulut briller lui aussi et montrer ses talents à sa petite ami et il parvint, après trois tours, à gagner un lot au tire à la carabine. Luna choisit la peluche la plus grosse qui lui était permise et la transporta fièrement dans ses bras. Les autres filles avaient elles aussi gagné leur lot de peluches : Cho avait une vache, Hermione un ours et Millicent un Titi.

Pendant tout le trajet, ils se gavèrent de barbe à papa, censée à être parfumée à la fraise, à la menthe ou à la pêche, et de sucreries diverses, telles que les pommes d'amour. Draco croqua dans l'une d'elle et eut l abouche couverte de caramel, ce que son petit ami s'empressa de nettoyer avec sa propre bouche. Ce baiser sucré fut hautement apprécié par le blond…

Ils quittèrent assez tard la fête foraine, prirent le bateau puis rentrèrent à la résidence où ils prirent un repos bien mérité.

OoO

Ranger les valises, caser ces fichues peluches dans les voitures, passer un coup de serpillères dans les appartements, couper l'eau et le courant… Un vrai capharnaüm régna dans les studios avant que le groupe d'amis ne parte à bord de leurs bolides, direction Paris : ils s'étaient levés tard et n'avaient quasiment rien fait la veille, pensant que ce serait du rapide… Eh bien ils s'étaient trompés…

Ils prirent donc la route vers midi, avec un Harry drogué aux somnifères et les passagers entassés dans les voitures, entre des objets divers et variés. Le voyage serait long jusqu'à Paris…

OoO

Une Mercedes déboula dans la rue. Cela le surprit : la voiture était imposante et devait coûter assez cher, il ne voyait pas qui dans la famille pouvait posséder un engin pareil. Et il eut rapidement la réponse à sa question quand un jeune homme blond qu'il ne connaissait pas descendit de la voiture, se levant du siège passager, rapidement suivi par un homme noir, et une fille blonde, qui lui disait quelque chose.

Mais surtout…

Surtout…

Il en sortit. Lui. De la voiture. Ses cheveux noirs, bouclés, qui partaient dans tous les sens, où se perdaient quelques mèches bordeaux. Ses lunettes posées sur le bout de son nez. Son sourire, ses vêtements mal taillés, sa voix…

Harry…

Tout son corps tremblait. Son cœur battait à la chamade, alors qu'il voyait le seul homme qu'il ait aimé dans sa vie apparaître sous ses yeux, beau comme le jour.

Ça faisait si longtemps… Si longtemps qu'il ne l'avait pas vu… Et la dernière fois, c'était un être brisé, qu'il avait lui-même détruit, qui s'était présenté à ses yeux… Quelques années étaient passées, Harry semblait avoir mûri, grandi peut-être, mais le fait était qu'il était encore plus beau qu'auparavant, si c'était possible…

La porte de la maison s'ouvrit et Isaline Anderson apparut. Sans attendre, elle se jeta sur son neveu, poussant des cris de joie à le retrouver.

Une haine sans nom assombrit les yeux de Cédric Diggory quand il vit cette chienne parler à Harry. Il tenta de se calmer, se retenant de sortir de son coin et traverser la rue. Mieux valait rester caché là, derrière ses lunettes de soleil et sa tête recouverte par une capuche. Mieux valait rester calme, et attendre…

La vengeance était un plat qui se mangeait froid…

Il attendit un peu, le temps que Harry rentre dans la maison avec ses amis. Cédric le dévora des yeux.

Il était beau.

Toujours aussi beau…


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !