Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si!

Couple : Harry / Draco.

Rating : M.

Salut les jeunes ! Je suis de retouuuuuur !

Lys : Pour vous jouer un mauvais tour… et accessoirement pour poster ce chapitre qu'elle aurait dû mettre sur le site une semaine auparavant.

Mais disons que je n'ai pas eu le temps et je suis partie en vacances pendant une semaine. Comme certains ont pu le remarquer, je devais le poster hier, mais il se trouve que j'ai eu des soucis de connexion Internet samedi soir et, évidemment, tout est fermé le dimanche. En somme, j'ai fait le tour du monde pour comprendre où était le problème alors que c'était bêtement un fil qui ne marchait plus… Et le type de l'agence, il a pas été foutu de branche LE fils en question et comprendre que, en effet, la Live Box n'avait aucun problème mais que le fil en avait un.

Lys : J'ai beaucoup aimé la théorie de ton père : quand un homme de 100 kg rencontre un type de 60 kg, bizarrement, le type de 60 kg écoute l'autre :D.

Ca marche à tous les coups… -_-''

Lys : Bref ! Tout ça pour dire que ce soir, un nouveau chapitre est posté !

Et merci à tous ceux qui m'envoient de si gentilles reviews ! Elles me font toutes super plaisir :).

Lys : Par contre, si les anonymes pouvaient laisser leur adresse mail, ce serait pas mal, pour qu'on leur réponde. Je répète notre adresse : didi . gemini arobase hotmail . fr (retirez les espaces)

Voilà… Que dire d'autre… Ah, et mon blog aussi, au cas où : http : / / didi-gemini . skyrock . com (enlevez les espaces)

Lys : Sinon, pour les concernés, nous espérons que les épreuves du bac se sont bien passées :).

Exactement. J'espère que ce chapitre vous plaira. Merci à tous pour votre soutien !

Bonne lecture !


Chapitre 30

Théodore Nott jeta un regard mauvais au ciel. Assez clair, bien que peu chaleureux, il virait dangereusement au gris. Près de lui, Harry et Seamus discutaient, indifférents au temps qu'il faisait. Ou, plutôt, qu'il allait faire. Théo était persuadé que ça allait péter, et dans pas longtemps, alors que les deux autres pensaient qu'il allait juste un peu pleuvoir.

Harry avait appelé Théo pour lui dire qu'il passerait le voir. Il avait besoin de s'aérer un peu la tête et sa tante avait des envies de tarte aux pommes. Ainsi, au lieu de rester cloitré chez lui, Harry s'était rendu au marché où Théo travaillait. En chemin, il avait rencontré Seamus qui avait l'intention de passer l'après-midi chez ses parents et il était chargé d'apporter une pâtisserie pour le dessert. Sachant qu'il y avait un stand de boulangerie dans le coin, Seamus en avait profité pour aller voir Théo. Ils firent donc le chemin ensemble jusqu'au stand de Théo, où ils l'attendirent quelques minutes, le temps qu'il aille demander sa pause.

Ils se rendirent au stand de pâtisserie où Seamus fit quelques achats. Théo regardait le ciel d'un mauvais œil et il grogna quand il se mit doucement à pleuvoir. Les gens commencèrent à sortir les parapluies ou à sa réfugier sous les stands. Soudainement, ce fut un vrai déluge : les gouttes de pluie s'écrasaient avec violence sur le béton abîmé de la chaussée dans un bruit de fracas. Harry, Seamus et Théo se collèrent au stand tandis que des gens courraient à la recherche d'un abri, la majorité se refugiant vers le marché couvert. Le parapluie au-dessus d'eux se soulevait et Seamus craignit qu'il ne s'envole.

En face, la bâche du stand de fruits et légume se souleva, mal attachée. Aussitôt, Théo, en tee-shirt, traversa le rideau de pluie, rapidement suivi par Harry. Ils entrèrent dans le stand en panique et parvinrent, avec l'aide d'un autre employé et d'autres vendeurs voisins, de chopper la bâche et ils la tinrent en place, le temps que les autres l'attachent. Trempés jusqu'aux os, les bras en l'air, l'eau dégoulinant le long de leurs bras et tombant sur leur tête, ils restèrent quelques minutes ainsi. Enfin, le toit fut remis en place. Les deux bruns attendirent en frissonnant que la pluie s'arrête de tomber, en compagnie d'autres vendeurs venu au secours du maraicher, n'osant remettre la tête dehors. De l'autre côté, Seamus gloussait en les regardant, pour les taquiner, et les deux concernés lui tirèrent la langue de façon très mature.

Enfin, il cessa de pleuvoir, mais le temps ne s'éclaircit pas pour autant. Seamus put quitter le stand et retrouva ses deux amis trempés jusqu'aux os. Ils s'ébrouèrent, secouant leurs cheveux qui tombaient sur leur visage. Seamus rigola, leur trouvant un air de chien mouillé. Malgré lui, son regard s'attarda sur le torse de Harry et Théo, mais plus particulièrement celui de ce dernier : Harry portait un tee-shirt noir et son ami un blanc, devenu alors transparent. Banal. Mais non moins agréable… Puis il tourna la tête, se maudissant d'avoir de telles pensées…

Le tatoueur dit à Théo qu'il allait rentrer chez lui et lui ramener un sweat ou sinon il allait chopper froid. L'étudiant était arrivé le matin avec un léger pull et ses cheveux étaient mouillés : il allait attraper du mal, si légèrement vêtu. Théo n'allait pas refuser : il n'avait pas froid, il faisait bon pour un moi d'avril, mais il savait qu'il allait tomber malade s'il restait comme ça toute la journée.

Ainsi, Théo retourna à son stand tandis que Harry et Seamus allaient en direction de la boutique. La station était tout près, leur chemin était le même. L'irlandais lui parla de cet homme qu'il avait rencontré dans le sud et qu'il avait bien envie de rencontrer en vrai, même si Théo n'était pas très chaud, persuadé que cette histoire ne durerait pas. Harry haussa les épaules : Seamus pouvait faire ce qu'il voulait, cela ne le regardait pas. Le brun avait toujours eu du mal avec les histoires des autres et il savait que l'étudiant les collectionnaient. Le tatoueur en venait même à se demander comment on pouvait sortir avec autant d'hommes et faire l'amour avec eux en éprouvant des sentiments sommaires. Il fallait croire qu'il avait une idée un peu trop romantique de l'amour…

Ils ne tardèrent pas à arriver près de chez Harry. Le brun vit la voiture de son petit ami dans la rue, garée juste devant la porte du garage. Il se demanda pendant un instant pourquoi Draco serait chez lui, ils n'avaient pas prévu de se voir. Enfin, l'anniversaire de Blaise avait lieu ce soir-là, mais le blond devait venir le chercher chez lui bien plus tard.

« Seamus ?

- Ouais ? Tu veux que je m'en aille parce que ton copain t'attend chez toi ? Fit l'irlandais, las.

- Non, pas vraiment, je voudrais plutôt que tu m'accompagnes pour apporter le pull à Théo. »

Seamus hocha la tête et le suivit chez lui. Quand ils entrèrent, Liloute leur sauta dessus et l'étudiant l'attrapa au volant tandis que Harry retirait rapidement ses chaussures et montait à l'étage chercher quelque chose pour Théo. Le temps qu'il arrive là-haut, Isaline et Draco sortait de la cuisine, se demandant ce qui se passait. Seamus leur fit un geste de la main, les bras occupé par la petite chienne qui lui léchait la joue, et leur expliqua ce qui s'était passé au marché.

Draco haussa les sourcils, étonné, et leva les yeux vers l'étage quand il vit soudain son petit ami trempé descendre les escaliers à toute allure. Isaline gloussa en le voyant dans un état pareil. Ses cheveux noirs étaient plaqués sur sa tête, quelques mèches ondulant sur son front, et son tee-shirt noir collait à son torse comme une seconde peau. Draco le trouva incroyablement sexy mouillé de cette façon et il fit tous les efforts du monde pour détourner la tête. Harry se pencha vers lui pour l'embrasser sur la joue puis tendit un sweat vert bouteille à l'irlandais qui posa Liloute par terre pour prendre le vêtement. Puis, il partit.

« Tu devrais aller te sécher Harry ou tu vas attraper du mal, lui dit sa tante en ricanant.

- Ce serait une bonne idée, oui, lui répondit-il en lui tendant son sachet de pommes. Tu viens, on monte ? »

Draco hocha la tête et le suivit à l'étage. Il attendit son petit ami dans sa chambre qui revint avec une serviette autour de la taille, se séchant les cheveux avec une autre serviette éponge. Draco le regarda traverser la chambre et, un sourire aux lèvres, se leva quand Harry fut devant son armoire. Le blond se glissa derrière lui et posa ses mains sur ses hanches, le faisant sursauter. Sa bouche se posa dans son cou encore humide et il sentit la peau sous ses lèvres frissonner.

« Dray…

- Hm ? »

Ses bras se refermèrent sur sa taille et le blond le tint contre lui, embrassant son cou. Harry se laissa faire, se reposant contre lui. Il était soulagé de le savoir là, auprès de lui. Cela avait quelque chose de rassurant, un peu comme si rien ne pouvait lui arriver. C'était pourtant lui qui était plus musclé que Draco, qui savait se battre et faire face à maintes situations. Mais il avait l'impression d'être en sécurité.

« Je dois m'habiller. Lâche-moi ou je te pousse.

- Tu ne pourrais pas faire comme tout le monde et emporter tes fringues dans la salle de bain ?

- Regarde autre part si ça te gêne ! »

Mais cela ne le gênait pas du tout, au contraire. A regrets, Draco se décolla du dos encore un peu humide de Harry et retourna vers le lit tandis que celui-ci s'habillait, ne retirant sa serviette qu'une fois son boxer enfilé. Draco le regarda s'habiller, sagement assis sur le lit : son petit ami enfila un vieux jogging qui lui tombait sur les hanches, révélant un instant l'élastique du boxer, avant qu'il ne mette un tee-shirt par-dessus. Puis, le brun vint près de lui.

« Qu'est-ce que tu fais ici aussi tôt ? Tu ne devais pas passer dans l'après-midi ?

- Oh si, mais mon cours a été annulé à la dernière minute et… je voulais… te parler de quelque chose. »

Harry fronça les sourcils, se demandant où il pouvait bien en venir. Il se doutait que cela concernait Cédric : Draco était suivit de près par des sortes de garde-du-corps payés par son père, ce qui l'agaçait prodigieusement, mais il n'avait guère le choix. Harry ne doutait pas que ces hommes se trouvaient actuellement en bas de chez lui à attendre que Draco sorte pour le suivre distance.

Le blond lui avait parlé au téléphone des nouvelles mesures mises en place par son père, des mesures qu'il ne supportait pas du tout et qui lui rappelait l'époque où il était harcelé par un homme de l'âge de son propre père qui voulait en faire son amant. Lucius avait proposé à Sirius d'en faire de même avec Harry mais ce dernier avait refusé, imaginant Isaline prendre toutes ses casseroles dans ses bras et les balancer sur les êtres nuisibles qui entouraient sa maison. D'ailleurs, c'était bien pour ça que Mr Malfoy s'était adressé au cousin de son épouse, Isaline ne voudrait pas entendre raison. Or, Sirius non plus : pour lui, ce n'était pas la meilleure solution. Harry n'avait rien à craindre et il ne devait pas donner la sensation à Cédric qu'il se sentait en danger.

« Vas-y, dis-moi.

- Ecoute, j'en ai parlé avec Isaline, pendant que tu étais au marché. J'ai mis longtemps à la convaincre mais elle pense aussi que c'est une bonne solution que ça pourrait… non pas résoudre nos soucis mais ce serait un bon début.

- Mais de quoi tu parles ? Demanda Harry, ayant du mal à saisir.

- Il faut que tu vois Cédric. »

Il eut un silence. Puis, le verdict tomba.

« Non.

- Harry…

- C'est hors de question. Je l'ai déjà vu dans la rue, et…

- Ce que je veux dire, Harry, c'est que tu dois vraiment le rencontrer, fit Draco, comme s'il expliquait une théorie compliquée à un enfant. Pas comme ça, en deux minutes, toi avec la peur au ventre et lui content parce qu'il arrive enfin à t'avoir en face de lui après tant d'années. Non, tu dois le rencontrer à un endroit, comme un restaurant par exemple, et lui parler. Vraiment lui parler. Tu dois prendre sur toi et mettre les choses au clair. Je suis sûr que c'est ce qu'il veut, lui : te rencontrer dans un endroit disons neutre et te parler.

- Mais…

- Et c'est comme ça que les choses avanceront Harry. Ne t'imagine pas que ça me fasse plaisir que tu rencontres cet homme, au contraire, mais je pense que c'est ce qu'il y a de mieux. Le fuir est inutile, ça ne fera pas avancer les choses et il continuera à te poursuivre. C'est comme une obsession. Donne-lui ce qu'il veut : une heure de ton temps pour poser les choses à plat. Tu ne seras pas seul, on t'accompagnera. En tout cas, moi, je serai là. »

Que ce soit dans un coin éloigné de l'établissement ou dehors, de façon à voir Harry près de la fenêtre. Draco serait là pour surveiller Harry et Cédric. Il avait pensé à tout cela quand Harry avait quitté sa maison. Il aurait dû être en colère après Harry mais il n'y arrivait pas. Il était furieux après Cédric et inquiet. Malgré lui, le jeune homme voyait l'ancien prisonnier comme un rival, un concurrent, le premier amour de Harry. Il essayait d'oublier ce fait mais il lui revenait sans cesse en pleine face. Et ce qu'il voulait, c'était que tout cela s'arrête : ce harcèlement, cette omniprésence de Cédric dans les pensées du tatoueur. Et pour cela, il fallait qu'ils se parlent et mettent les choses au point.

Il avait parlé de tout cela à Isaline qui avait été difficile à convaincre. Juste avant, Draco avait appelé Sirius qui avait trouvé cette idée très bien mais il lui avait assuré qu'Isaline refuserait. Or, elle avait fini par accepter, et dans le fond, elle n'avait pas été très difficile à convaincre. Pas autant qu'il l'aurait cru de prime abord. Soit c'était parce qu'il avait raison, soit c'était parce que c'était lui. Et il était certain que, si quelqu'un d'autre avait été à sa place, la personne n'aurait pas réussi à la convaincre.

Harry l'écoutait, sans parler. Et plus les minutes passaient, plus il était convaincu que c'était la meilleure chose à faire. Au bout d'un moment, il se cala contre Draco qui passa un bras autour de sa taille en un geste rassurant. Il ferme les yeux et réfléchit : il n'était pas prêt à affronter Cédric dans un repas, mais il se rendit à l'évidence, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Il hocha donc la tête mais précisa à Draco que ce serait difficile et qu'il ne voulait pas être seul. Evidemment, personne ne pourrait l'accompagner, mais au moins, il voulait qu'on le surveille.

Harry avait peur des coups dans le dos.

« Evidemment que je serai là ! Et je ne serai pas le seul, je pense. Il est hors de question que tu parles avec ce malade avec personne autour de toi.

- Il est pas si malade que…

- Oh je t'en prie Harry ! Avec ce qu'il t'a fait, ne me dis pas que c'est pas un malade ! »

C'était la première fois que Draco haussait le ton depuis qu'il savait. Il s'en voulut immédiatement, alors que Harry rentrait sa tête dans ses épaules, se détachant un peu de lui. Le blond poussa un soupir et le força à le regarder dans les yeux, tenant son visage par le menton.

« Je me fais du souci pour toi. Pour nous. Et même si je veux que tu le rencontres, même si j'ai l'air calme, ne t'imagine pas que tout cela me fasse plaisir. Je suis énervé et inquiet.

- Je sais…

- Non, tu ne sais pas. Tu peux pas savoir, Harry. Tu gardes tellement de choses pour toi qu'il faut tout deviner ou attendre que tu en parles. Je n'ai pas envie de m'énerver avec toi, je pense que tu te sens suffisamment mal comme ça.

- J'ai voulu…

- Arrête ! Je te connais assez maintenant, n'essaie pas de m'embobiner. Je voyais bien que tu n'étais pas bien mais j'ai décidé de te faire confiance.

- Je t'ai déçu ?

- Oui. »

Harry baissa la tête, se mordillant la lèvre inférieure. Draco se pencha vers son oreille et y souffla quelques mots.

« Tu m'aimes ?

- Tu en doutes ?

- Qui sait ?

- Dis pas ça…

- Si tu m'aimes, Harry, tu dois l'affronter et mettre les points sur les i : tu es avec moi et tu es heureux. Il doit cesser d'espérer. »

Harry posa sa tête contre celle de Draco, de façon à ce que leurs joues se touchent. Il lui chuchota à l'oreille qu'il le ferait. Même s'il avait peur, même s'il ne savait pas si c'était une bonne idée.

Il le ferait. Pour lui.

OoO

La fête d'anniversaire de Blaise avait lieu le soir-même et chez ce dernier. Il y avait pas mal de chambres d'amis, du moins assez pour caser toutes les personnes qu'il voulait inviter. A une époque, ses anniversaires rassemblaient pas mal de monde, souvent des personnes influentes, mais il avait décidé cette année d'arrêter avec ça. C'était vrai qu'on entendait longtemps parler de ses soirées et il s'amusait comme un fou, mais quand il avait commencé à réfléchir à sa fête d'anniversaire, il avait décidé d'organiser une petite soirée tranquille avec seulement les personnes qu'il aimait. Sa mère avait vu ça d'un mauvais œil : elle adorait quand son fils organisait de grandes soirées.

Depuis que Harry était entré dans la vie de Draco, Blaise avait été amené à fréquenter d'autres personnes d'un autre milieu et il appréciait davantage ces gens-là plutôt que les crétins qu'il se coltinait toute l'année. Il aimait la jovialité et la simplicité de Ron, le côté déluré de Cho, le cynisme et l'humour de Théo… Il savait que c'était des amis et qu'il pouvait compter sur eux s'il avait un problème. De plus, l'étudiant n'avait jamais été abonné aux relations durables, elles finissaient toutes par capoter, mais depuis qu'il sortait avec Luna, il s'était assagi. Il était vraiment amoureux et cette fille était simple, sans chichis. Dans le fond, organiser de grandes fêtes ne lui apportait pas grand-chose, si ce n'était de bons échos, mais il ne passerait pas sa vie à fréquenter ces soirées-là. Draco n'y allait plus du tout, ce qui en avait étonné plus d'un. Blaise avait décidé d'en faire de même.

Cette année, il voulait juste ses amis et sa copine. De la musique, des boissons, de la nourriture et une bonne ambiance. Ron et ses frères jumeaux seraient présents, ainsi que Hermione et Millicent, accompagnée de Gregory. Blaise voulait inviter Théo avec qui il s'entendait vraiment bien et il avait décidé d'inviter aussi Seamus : il avait passé un bon séjour avec lui et, dans le fond, il l'aimait bien. Draco n'avait fait aucune difficulté. Il avait aussi proposé à Cho de venir aussi. Faire les invitations lui avait permis de faire un grand tri parmi ses amis et il en avait conclu que, dans le fond, avant de connaître Harry et ses amis, il n'avait que des connaissances mais personne hormis Draco n'était réellement important dans sa vie. Certes, il avait quand même invité d'autres personnes de son entourage, comme quelques cousins et cousines, des amis du lycée ou de la faculté, que Draco, Hermione et Millicent connaissaient assez bien.

Ainsi, la fête serait en petit comité, pouvait-on dire. Cela semblait convenir à tout le monde, surtout au principal concerné, bien que sa mère soit aussi étonnée que déçue. Ayant un seul enfant et ayant vécu dans le luxe toute sa vie, elle était habituée à cette vie mondaine qu'elle menait et elle aurait voulu que, d'une certaine manière, Blaise la suive sur ce chemin, alors qu'il s'écartait de plus en plus des soirées, limitant son groupe d'amis.

D'ailleurs, elle ne connaissait quasiment personne de ces amis-là et elle n'avait jamais rencontré la petite amie de son fils, bien que ce dernier lui parle régulièrement d'elle, comme d'une fille assez étrange, toujours dans la lune, mais adorable. Elle avait hâte de la rencontrer, depuis le temps que son fils allait et venait dans des relations plus ou moins sérieuses qui finissaient toutes par un échec.

Dans la journée, tandis qu'un décorateur s'occupait de son salon pour préparer sa fête d'anniversaire, Blaise avait accueilli deux cousins et deux cousines qui dormiraient dans les chambres d'amis. Ses deux cousins, Patrice et Connor, avaient à peu près son âge et le deuxième était noir, plus foncé que Blaise, ce qui faisait ressortir la blancheur de ses dents bien alignées. Quant à ses cousines, elles étaient un peu plus jeunes, rentrées néanmoins dans les études : Susana était dans la branche blanche de la famille de Blaise, mais pas Mirella qui était métisse. Tous les quatre semblaient vraiment contents de voir leur cousin et de passer cette soirée avec lui et ses amis.

Blaise était certain qui s'entendraient bien avec les autres. Ils connaissaient déjà Millicent, Hermione et surtout Draco. D'ailleurs, Mirella, de trois ans leur cadette, avait dragué Draco à une époque, très attirée par le jeune homme, mais le blond l'avait repoussée. Il n'était pas du tout attiré par elle et il sortait en plus d'une rupture : Astoria lui avait pompé l'air et il ne voulait plus entendre parler de femmes avant un bon moment. Mirella avait pris ce rejet comme du racisme : elle était métisse donc il ne voulait pas d'elle, cela ne pourrait que salir sa famille. Blaise avait essayé de la raisonner : lui-même était à moitié noir et ça n'avait jamais empêché Draco de l'aimer comme un frère. Au final, sa cousine laissa tomber l'idée d'avoir une relation avec cet homme complètement insensible à son charme. Elle savait qu'il était bisexuel, mais elle était certaine que ses parents ne toléreraient jamais une relation longue avec un homme. Et justement, Blaise craignait sa réaction quand elle verrait Draco et Harry ensemble.

Il était presque dix-neuf heures et les invités n'allaient pas tarder à arriver. Blaise avait fait appel à un Disc-jockey pour mettre de l'ambiance. En compagnie de ses cousins et cousines, dans cette grande maison où il habitait depuis environ sept ans, il attendait ses invités avec impatience. Sa mère et son oncle avaient quitté la maison dans la journée, partant pour un long week-end en amoureux en Italie. Tant mieux, il ne les aurait pas dans les pattes.

Millicent et Gregory arrivèrent pile à l'heure. Cela faisait quelques mois qu'ils sortaient ensemble, tous les deux, formant un couple assez discret qui tenait malgré le travail de Gregory et donc ses horaires plus ou moins changeants. En effet, il avait rapidement quitté le lycée pour devenir cuisinier et il avait ouvert son propre restaurant, Au septième ciel. Ils semblaient tous les deux assez amoureux, ce qui faisait plaisir à voir. Blaise les accueillit chez lui chaleureusement. Millicent embrassa ses joues et Gregory lui serra franchement la main, content de le revoir après tout ce temps et vraiment heureux qu'il ait pensé à l'inviter.

Les autres invités suivirent, les uns après les autres. Ron et Hermione arrivèrent avec les jumeaux et Cho. Fred et George avaient une pêche d'Enfer et, en les voyant, Blaise sut tout de suite que cette soirée serait un succès : ils étaient faits pour mettre de l'ambiance, ces deux-là. Cho, quant à elle, portait une petite tenue élégante mais un peu courte, ce qui étonna les gens qui ne la connaissaient pas, alors que Blaise ne s'était pas attendu à autre chose de sa part. D'ailleurs, la chinoise lui sauta dessus comme la misère sur le monde pour l'embrasser sur les joues, adoptant une pose sensuelle. Le black lui répliqua qu'il était pris, Cho lui répondit qu'elle s'en foutait, elle était gouine. Il leva les yeux au ciel et éclata de rire quand le chinoise lui dit que, s'il voulait, il pouvait toujours essayer de lui faire changer de bord, il n'y avait aucun problème.

Ensuite, ce fut au tour de Théo et Seamus d'arriver. Ca faisait un peu bizarre de les voir toujours ensemble, quand on connaissait leur caractère, en particulier celui de Théo qui avait tendance à parler de façon un peu crue, notamment concernant les homosexuels. Cela dit, Blaise, comme la plupart de leurs amis, s'était fait à voir ce couple assez étrange venir ensemble aux soirées, comme si c'était normal, l'un sombre et un peu cynique, l'autre élégant et enjoué. Cela dit, ce n'était pas vraiment ces deux-là qui étaient étonnants, c'était plutôt le fait que Harry et Luna soient avec eux.

Normalement, Draco devait récupérer Luna à la gare avec Harry, la ramener chez ce dernier pour qu'elle puisse se changer, et enfin aller chez Blaise. Pourtant, Draco n'était pas là. Néanmoins, Blaise accueillit ses amis chaleureusement et serra fort sa petite amie dans ses bras, embrassant ses cheveux, ses bras noués autour de sa taille. Elle lui paraissait toujours si fragile, si petite contre lui, et ça lui donnait envie de protéger ce petit oiseau tombé du nid. Puis, il salua Harry, qui avait ait un bel effort vestimentaire.

« Bonsoir, Harry, dit Blaise en lui serrant la main. Où est Draco ?

- Il a amené Luna à la maison et il est rentré chez lui. Je ne sais pas si tu le sais, mais ses parents partent demain matin pour l'Angleterre très tôt et il est passé leur dire au revoir, mais sa maman ne se sentait pas bien, alors il est resté jusqu'à ce que le médecin arrive. Il a appelé Théo pour qu'il vienne nous récupérer, Luna et moi. »

Blaise hocha la tête : il comprenait. Il espérait que tout aille bien pour la mère de Draco et que ce dernier arrive vite. Il savait que ses parents étaient censés partir sous peu rendre visite au père de Lucius, de façon à ce que le vieil homme ne se rende pas à Paris. Depuis qu'il avait appris que son petit-fils avait tendance à fréquenter des hommes plutôt que des femmes, il lui menait la vie dure, et vu ce que Harry vivait actuellement, le couple avait préféré faire le déplacement plutôt que d'accueillir le grand-père chez eux.

Néanmoins, même si cela lui paraissait normal que Draco reste un peu avec sa mère, Blaise avait vraiment hâte que son meilleur ami arrive. Depuis le matin, il recevait une avalanche de « Joyeux anniversaire », sa messagerie était saturée car tout le monde voulait l'avoir au bout du fil. Draco était quasiment le seul à avoir pu le chopper au téléphone pour lui souhaiter un bon anniversaire, ses vœux les plus sincères. Cela dit, il aurait préféré l'avoir avec lui…

Pour la énième fois, Blaise fit les présentations. Autant dire que ces quatre-là firent un certain effet : le langage de Théo, l'homosexualité clairement affirmée de Seamus, l'air rêveur de Luna et la bonne humeur de Harry. Lui aussi ferait honneur à la fête, se dit Blaise.

La fête avait lieu dans le salon décoré de façon festive mais sans trop de superflu, le large canapé poussé dans le fond, des chaises entreposées çà et là. La pièce était assez grande pour contenir une longue table destinée aux repas. Une employée de la maison Zabini était restée pour leur servir le repas. Mais pour le moment, les invités visitaient un peu et certains étaient dehors pour admirer la piscine creusée au milieu de la pelouse.

Il y avait au total vingt-six personnes, certaines ne se connaissaient pas et se découvrirent. Harry fit le tour de tout le monde. Il embrassa des joues, serra des mains et, entre autres, essuya une tentative de meurtre non préméditée, quoique on en doutait, de Cho qui faillit le faire tomber la tête la première dans la piscine vide car en plein nettoyage, en voulant lui dire bonsoir. Le tatoueur salua les amis de Blaise qu'il ne connaissait pas, quelques filles et quelques garçons qui avaient l'air assez sympas, ainsi que les membres de sa famille.

Harry tapa dans l'œil de Mirella, la cousine de Blaise. Elle le trouvait mignon à tomber par terre, souriant et gentil comme tout, sans compter qu'on devinait ses muscles sous son tee-shirt noir qui moulait de façon agréable son corps. Ses lunettes rondes ne le mettaient pas du tout en valeur mais il avait des yeux splendides, couleur sirop à la menthe. Elle se dit qu'elle en croquerait bien un morceau, de ce charmant jeune homme…

Les convives furent emmenés dans la salle à manger, après que Harry ait convaincu Blaise que c'était inutile d'attendre Draco : le blond lui avait dit au téléphone qu'ils ne devaient pas l'attendre et qu'il s'énerverait si la soirée ne se déroulait pas comme Blaise l'avait prévu à cause de lui. Alors le jeune homme abdiqua et tout le monde se mit à table. Ils cherchèrent leurs places, choisies par leur hôte. Draco était assis face à Blaise, à l'autre bout de la table, son petit ami et Gregory à ses côtés. Harry se retrouva alors à côté d'une place temporairement vide et à côté de Mirella, avec Gregory et Millicent en face de lui. Blaise s'était mis à l'autre bout de table, Luna et Hermione à ses côtés. En somme, le plan de table semblait convenir à tout le monde.

L'entrée fut servie et les conversations commencèrent réellement. Aussitôt, Mirella se mit à interroger Harry, lui demandant ce qu'il faisait dans la vie. A sa plus grande surprise, le jeune homme lui répondit qu'il était tatoueur. De mémoire, Blaise n'était pas tatoué, elle se demanda donc quel était le rapport entre son cousin et lui, mais elle ne s'attarda pas sur le sujet.

Elle mit en marche son jeu de séduction mais comprit bien vite que ce n'était pas un garçon comme les autres. Ses tentatives de charmes glissaient sur lui sans l'atteindre, il discutait avec Gregory en face de lui qu'il faisait rire et avec sa copine Millicent qui gloussait, tentant vainement de se cacher derrière sa serviette. Au bout d'un moment, un certain Théo assis à côté d'elle se mêla de la conversation et finit par traiter Harry de tapette, ce qui outra Mirella, puis la stupéfia quand Harry, avec un grand sourire, lui dit qu'il n'était qu'un homo refoulé. Gregory et Millicent n'en finissaient plus de rire.

C'était un groupe d'amis assez étrange, avec un humour étrange. Néanmoins, Mirella fut loin d'être rebutée, au contraire : ce garçon l'intriguait et la faisait sentir toute chose. Il était gentil, sans faux semblants, et riait de bon cœur. Elle aimait ce genre d'homme, c'était rafraichissant. Elle avait craqué à une époque pour Draco, qui se faisait désirer, parce que c'était un très bel homme et il paraissait mystérieux, réservé sur ses sentiments…

D'ailleurs, en parlant de lui, il entra soudainement dans la pièce. Aussitôt, on l'acclama, applaudissant et levant les bras au ciel. Un sourire amusé sur les lèvres, la démarche assurée, Draco Malfoy atteignit la table.

« On t'attendait plus !

- Ah, c'est tout un art de se faire désirer… »

Charmant, il fit le tour de la table pour saluer chaque invité, commençant par Gregory à qui il sera la main. Il connaissait tout le monde, il n'avait pas vu certaines personnes depuis longtemps. Quand il arriva à Blaise, ce dernier se leva et il le prit dans ses bras, le serrant fort contre lui, ce qui suscita des applaudissements et des sifflements appréciateurs. Les jumeaux, frappant avec leurs couverts sur la table, exigèrent « Le bisou ! Le bisou ! » qui ne vint pas, Blaise affirmant qu'il n'était pas pédé. Draco lui tira la langue en répliquant que, lui, il l'était.

Le blond continua son tour de table. Mirella lui fit la bise, un léger sourire aux lèvres. Puis, elle se tourna vers Harry. Elle eut une vision plus que surprenante : le tatoueur se pencha en arrière, souriant, et se laissa embrasser par Draco. La jeune femme n'en crut pas ses yeux, regardant le blondinet s'asseoir, ce dernier posant un regard tendre sur le tatoueur. Le genre de regard qu'on ne pouvait poser que sur une personne qu'on aimait. Elle se mordilla la lèvre, comprenant alors pourquoi Blaise avait invité ce tatoueur à sa fête d'anniversaire : c'était le copain de son meilleur ami. Elle fut déçue.

Le repas fut très convivial. Les uns bavardaient avec les autres, les rires fusaient. Blaise et Draco étaient assis à chaque bout de table, l'un en face de l'autre, et tous les invités de chaque côté. Les jumeaux mettaient de l'ambiance, d'autres les rejoignaient dans leur délire, comme Ron, Harry et deux amis de Blaise qui s'amusaient comme des fous à faire rire toute la tablée.

Il y avait une sorte de noyau, un groupe d'amis qui se connaissaient bien et qui savaient vanner sans vexer : Cho faisait la folle, Théo se faisait traiter de tapette et il insultait Seamus qui gloussait avec sa flute de champagne, Ron balançait des boulettes de pain à Harry qui faisait rire Millicent à la faire hoqueter… Pourtant, ils parvenaient à faire entrer les autres dans leurs délires et de façon plutôt efficace. Mirella riait à gorge déployée, prise entre Harry et Théo qui ne cessaient de s'envoyer des vannes.

Blaise, quant à lui, était aux anges. Luna était assise juste à côté lui, égale à elle-même, semblant nullement fatiguée par le voyage et mangeant tranquillement son assiette. Elle portait une robe bariolée dans les tons chauds qui descendait jusqu'à ses genoux et dévoilait ses épaules. Ses cheveux étaient ramenés en chignon, elle lui révéla que c'était Isaline qui l'avait emmenée chez une amie à elle qui était coiffeuse. Blaise eut donc la surprise d'apprendre que sa petite amie s'était un peu coupé les cheveux, ce qui n'était pas vraiment visible vu sa coiffure. Il avait hâte de la voir avec sa chevelure blonde libre de tout ornement.

En somme, il la trouvait très jolie, comme toujours. Elle n'était pas maquillée, parce qu'elle ne savait pas le faire et parce qu'elle n'aimait pas ça, et des perles ornaient ses oreilles. Luna demeurait égale à elle-même, naturelle et sans artifice. Elle lui paraissait pure et innocente, surtout quand il prenait sa petite main blanche dans la sienne, large et métissée. Un tel contraste entre leurs deux peaux avait toujours le même effet sur lui, une certaine gêne, parce qu'il savait que ce contraste attirait toujours les regards, mais en même temps, Blaise avait la furieuse envie d'embrasser cette main, de la poser contre sa joue. Il n'avait pas envie de lutter et de se prendre la tête avec ses pensées stupides : Luna se fichait pas mal de ce genre de choses, et lui-même devait apprendre à cesser de penser comme les autres mais de penser pour lui-même.

En face de lui, Draco dînait tout en discutant avec Gregory. Le voir à sa table lui faisait aussi beaucoup plaisir. Il était son meilleur ami, et même s'ils avaient parfois des mésententes, même s'ils étaient très différents tous les deux, il l'aimait comme un frère et le savoir là était sans doute ce qui le rassurait le plus. Car il savait que Draco ne le quitterait jamais, il y avait vraiment quelque chose de fort entre eux. Il était presque un pilier dans son existence…

Bientôt, le D-J mit de l'ambiance, s'installant aux platines. Un petit nombre de personnes se leva pour danser au rythme de Bad Romance de Lady Gaga. Bientôt, le centre du salon fut reconverti en piste de danse, avec des spots et de la musique assez forte. Un des jumeaux était armé d'une caméra, un ami de Blaise d'un appareil photo, et Ron et Harry se défoulaient sur la piste. Le rouquin avait invité Hermione à venir danser mais elle refusa, embarrassée dans sa robe écarlate qui arrivait à ses genoux, alors il se reporta sur une copine de Blaise, Gaëlle, qui se montra ravie d'avoir trouvé un cavalier. Draco ne voulant pas danser pour le moment, Harry invita Mirella assise à côté de lui qui accepta aussitôt, tandis que Théo choppait Cho pour la faire valser.

De son côté, Blaise se glissa près de son meilleur ami pour lui demander avec plus de sérieux comment allait sa mère et le blond lui répondit qu'elle allait bien, même si elle était un peu faible. Elle et son père avaient reporté leur départ au lendemain. Blaise hocha la tête et regarda la piste de danse, où on le réclamait. Il finit par rejoindre la piste, accosté par sa cousine Susana qui lui sauta dessus en exigeant une danse, abandonnant Ron qui partit à la recherche sa petite amie qu'il traina presque de force sur la piste. Hermione ne consentit à le suivre que quand Millicent accepta en rougissant l'invitation de Gregory. Enchanté, le rouquin l'emmena et la fit danser, lui faisant oublier qu'elle portait une robe un peu trop courte à son avis et profitant de son joli sourire.

Seamus, un peu seul à table avec deux, trois personnes, se glissa près de Draco. Le blond le regarda sans rien dire, sirotant un verre de champagne. Soupirant, l'irlandais allait se relever pour s'écarter de son ex, mais le blond lui attrapa le bras, l'air de dire : c'est bon, reste là. Alors le jeune homme se rassit et regarda la piste avec envie.

Il aurait voulu se jeter dedans et danser comme eux, mais encore fallait-il qu'il invite quelqu'un. Toutes les filles étaient prises et aucun homme ici ne semblait être homosexuel, ni être prêt à danser avec lui. Il aurait voulu chopper Harry, qui pouvait danser avec n'importe qui, ou encore Théo.

Non. En fait, surtout pas Théo. Il savait qu'il perdrait les pédales s'il dansait avec lui…

« Ca n'a pas l'air d'aller, Seamus. »

L'irlandais tourna la tête vers Draco, qui le regardait de façon neutre, quoiqu'un peu inquiet.

« Si, je vais bien, répondit-il avec un léger sourire.

- Je t'ai connu plus jovial. Tu n'es pas content d'être ici ?

- Oh, si…

- Va danser, lui dit-il en buvant une gorgée. Si tu le demandes à Harry, il sera d'accord.

- Tu acceptes que je danse avec ton mec ?

- Tu n'as pas l'air dans ton assiette. Et, honnêtement, j'en ai assez de voir Mirella se frotter à lui. »

L'irlandais chercha le couple des yeux et gloussa en voyant que, en effet, la métisse tentait de se frotter contre Harry qui repoussait tant bien que mal ses avances. C'était amusant parce que le brun esquivait ses avances de façon plutôt habile, mais il était vrai que cela avait quelque chose d'énervant.

Sans vraiment s'en rendre compte, Seamus se replongea dans ses pensées, regardant vaguement le tatoueur, ses yeux se posant presque instinctivement sur Théo qui dansait sensuellement avec une Cho déchaînée qui le draguait ouvertement, ce qui faisait rire Millicent à ne plus pouvoir tenir debout et Hermione qui pouffait dans le cou du rouquin.

« Seamus ? »

A nouveau, l'irlandais tourna la tête vers le blond qui, cette fois, le regardait d'un air inquiet.

« Je ne plaisante pas, tu peux aller danser avec lui.

- Draco…

- Tu n'as vraiment pas l'air bien.

- C'est étonnant que tu t'inquiètes pour moi. Surtout après tout ce qui s'est passé.

- Seamus, honnêtement, je ne te déteste pas. J'ai été jaloux à un moment donné, ce qui peut se comprendre, mais ce n'est pas pour autant que je suis content quand tu ne vas pas bien. Ca se voit comme le nez au milieu de la figure que tu te sens mal. Harry m'a dit tout à l'heure qu'il te trouvait triste. Et c'est assez inquiétant de te voir comme ça…

- A ce point-là ?

- Oui. Et je te connais assez bien pour savoir que quelque chose cloche. Tu n'es pas du genre à rester silencieux dans ton coin. »

C'était aussi étonnant que réconfortant que Draco s'inquiète pour lui. Il avait l'impression de retrouver une part de lui qu'il avait chérie autrefois : cette faculté qu'il avait d'être indifférent un instant puis de prendre un air inquiet l'instant d'après. Seamus n'avait pas pour habitude qu'on s'inquiète pour lui et encore moins qu'on remarque sa morosité, lui qui essayait toujours, en public, de cacher ses états d'âme.

Savoir que Draco était prêt à l'écouter lui faisait du bien. Pourtant, il ne se sentait pas prêt à lui révéler le fond de sa pensée. Il ne l'avait jamais fait, après tout. Il avait cessé de se voiler la face, de se dire qu'il se faisait des idées, mais le constat qu'il avait fait ne lui plaisait pas pour autant.

« Draco… Franchement, qu'est-ce que ça peut te faire que je me sente pas bien ? »

Le blond soupira et détourna les yeux, regardant la piste où son petit ami dansait avec la cousine de Blaise.

« Si tu ne veux pas en parler, reste dans ton coin alors.

- Tu ne m'aimes pas, Draco, énonça Seamus en articulant bien ces mots, comme pour les faires rentrer dans la tête de Draco.

- Mais à une époque, on est sorti ensemble. Et je n'ai pas pour habitude de sortir avec des gens qui ne me plaisent pas. »

Ces mots lui firent mal. Seamus se mordilla la lèvre. Il avait tant cherché à récupérer Draco, à retrouver cette affection, ces quelques traces de tendresse qu'il lui avait offertes… Il l'avait aimé, ce mec, il l'avait aimé à en être malheureux…

Et ces mots le ramenèrent à la dure réalité. Il était seul. Ce qu'il voulait ne lui appartiendrait jamais, car il était sans cesse attiré par l'impossible…

« Je suis attiré par quelqu'un qui n'est intéressé que par mon corps et par un homme que je n'aurai jamais. »

Seamus regardait son verre d'eau et il sentit le regard de Draco sur lui, attendant la suite, mais elle ne vint pas. Tout était dit. Il avait l'impression d'avoir dit une énormité, et dans le fond… c'en était une.

« Pourquoi tu n'auras jamais ce type ?

- Parce que… hésita l'irlandais. C'est… un ami.

- De mémoire, ça… ne t'a jamais empêché de draguer, répliqua Draco, à tâtons.

- C'est vrai. Mais tu sais, Draco… Moi, je n'ai pas beaucoup d'amis.

- Arrête…

- Je ne suis pas aussi sûr de moi que j'en ai l'air. Tu le sais, ça. J'ai un côté timide et maladroit. Je n'arrive pas à me faire de vrais amis, car je ne suis pas toujours très honnête. Je suis homosexuel et j'en ai souffert quand j'étais jeune, et j'ai encore peur de souffrir. Un jour, le propriétaire de l'appartement qu'on loue avec Théo m'a surpris avec Dean et il m'a manqué de respect devant Théo. C'est mon ami, il m'a défendu, mais ça m'a quand même fait mal… »

Indifférent à la musique forte et entraînante, Draco écoutait Seamus d'une oreille attentive. Il sentait qu'il avait besoin qu'on l'écoute, que quelqu'un qui le connaissait l'écoute vraiment. Personne ne savait que Seamus avait ce côté fragile en lui, qu'il pouvait se montrer timide et triste, lui qui était toujours si énergique. Théo devait connaître cette part de lui, certainement…

« Je pense que je suis tombé amoureux d'un homme comme toi parce que tu es quelqu'un de stable et de solide, tu peux me protéger. C'est le genre de personne que je recherche. Dean était comme ça, aussi. »

Quelqu'un pour le protéger du monde extérieur, quelqu'un qui assume leur homosexualité et leur relation. Ne pas être tout seul face aux regards, aux blagues, aux remarques…

« Et… Harry aussi. J'ai été attiré par lui car c'est quelqu'un d'ouvert, j'avais l'impression que je pourrais être libre, avec lui, sans contraintes. Mais, avant tout… c'était mon ami. Je n'en avais pas vraiment conscience, mais c'était un ami. Et quand… enfin, quand j'ai compris qu'il n'y aurait jamais rien… J'ai eu peur de le perdre. J'ai pas beaucoup d'amis, moi, et j'ai eu peur de perdre tout ce qu'il représentait : toi, Blaise, des amis, des soirées… Tout ça pour dire que quand on sort avec un ami, ou quand on veut sortir avec, au final, si ça se termine, plus rien n'est pareil après. »

Il avait vécu ça avec Dean. C'était un très bon ami à lui, avec qui il s'était consolé : sa rupture avec Draco avait été douloureuse et il avait ressenti un manque cruel d'affection. Seamus avait cherché à savoir pourquoi ça n'avait pas fonctionné, et pourquoi Draco ne parvenait pas à l'aimer. Il avait fini par céder aux avances de Dean, et au final, ils s'étaient séparés.

« Maintenant, même si je le fréquente encore, c'est plus vraiment mon ami. J'ai pas envie de sortir avec lui le soir, j'ai pas envie de le suivre dans des soirées. Et je sais que… que si je montre à cette personne que je l'apprécie un peu trop, ça cassera tout. »

Son regard était posé sur la piste de danse où les invités se déchaînaient, s'échangeant leurs partenaires. Harry avait emprunté Hermione à Ron qui dansait avec Mirella, tandis que Théo dansait doucement avec une Luna un peu maladroite qui s'était fait volé Blaise par une Cho endiablée.

« Et j'ai pas envie de perdre ça. J'ai failli tout perdre avec cette histoire avec Harry et toi, et j'ai pas envie que ça recommence. J'ai vraiment la sensation d'être bien dans mes pompes, en ce moment, j'arrête de courir les soirées qui se terminent en gueules de bois mémorables, tout ça, quoi…

- Je le connais ? »

Seamus ne répondit pas. Il semblait fragile, en cet instant. Son visage était éclairé de rose par les spots, ses cheveux bruns encadraient son joli visage. Draco comprenait en cet instant pourquoi il avait été attiré par lui : outre son corps et son caractère bien trempé, ce côté fragile qu'il ne montrait à personne l'avait séduit. Mais il avait cessé de fréquenter ce garçon qui continuait à se chercher, se casant avec un homme qu'il aimait comme jamais.

Intérieurement, Draco essayait de savoir qui pouvait correspondre à la personne dont Seamus parlait, mais malheureusement, il y avait trop de personnes pouvant ressembler à ce profil.

« Il est hétéro ?

- Pur et dur. Un problème de plus. »

Seamus lui fit un maigre sourire.

Disparu cette envie de le séduire, ce défi dans ses yeux, et cette envie de le surpasser en séduisant Harry. Ne restait plus que le jeune homme un peu triste qui avait du mal à gérer ses sentiments et qui faisait souvent des bêtises.

« Je ne sais pas quoi te dire.

- Alors ne dis rien. C'est déjà bien que tu m'écoutes. Merci. »

De loin, Harry les regardait. Il avait à nouveau Mirella dans ses bras, et de là où il était, il pouvait voir Draco penché vers Seamus, écoutant ce que ce dernier lui racontait. A époque, il aurait été jaloux de les voir aussi proches l'un de l'autre, et de voir l'irlandais sourire légèrement à son ex. Mais en cet instant, c'était tout le contraire : il sentait que quelque chose n'allait pas. Alors il cessa de danser et, la jeune fille à son bras, il se rapprocha de la table.

« Je peux savoir ce que vous faites, tous les deux ? »

Draco leva lentement les yeux vers lui et Seamus prit un air agacé.

« Je drague, alors de l'air !

- Et tu penses que je vais te laisser faire sans rien dire ?

- Ce serait bien. »

Draco pouffa et se laissa aller contre le dossier de son siège. Il regarda Harry, qui semblait lire dans ses yeux.

« Tu peux le faire danser ?

- Draco !

- Déride-le un peu ou il ne va pas tarder à sauter dans la piscine.

- Surtout qu'elle est vide, il va se faire mal.

- Mais tu danses avec moi, Harry ! Protesta Mirella.

- J'ai bien le droit de changer un peu, non ? Allez, Seamus ! »

Harry fit le tour de la table, se dégageant du bras trop possessif de la jeune fille, et saisit le bras de l'irlandais qui soupira mais se laissa entraîner. Boudeuse, la cousine de Blaise partit chercher un cavalier tandis que le tatoueur faisait déjà rire Seamus, le taquinant et dansant avec lui en rythme et avec énergie. Une vraie pile électrique, songea Draco avec un sourire. Il suffisait de quelques verres de champagne pour le voir partir au triple galop. En même temps, lui aussi avait bu un petit verre de trop…

Il les regarda danser pendant quelques minutes. Même s'il avait demandé à Harry de danser avec l'étudiant, Draco savait qu'il serait jaloux de les voir si proches, mais en fait, il ne ressentit rien de négatif. Il n'avait plus le cœur qui battait à toute allure de façon malsaine, le regard fixe et les lèvres serrées. Il sentait que Seamus n'était plus une menace pour son couple. Certes, il venait de lui parler à cœur ouvert, mais même sans cela, Draco avait cessé de le craindre depuis cette petite semaine de vacances qu'ils avaient prise tous ensemble.

A vrai dire, il avait l'impression de retrouver le Seamus qu'il avait connu autrefois et avec qui il avait formé un couple. Ce n'était pas désagréable : Draco n'avait jamais su s'entendre avec ses ex et avoir l'irlandais dans son entourage ne lui était pas désagréable, précisément parce qu'il n'essayait plus de le séduire ni de s'en prendre à son amant. De plus, le blond était à présent habitué à l'avoir dans son sillage et il s'était fait à sa présence dans son entourage.

En cet instant, il avait envie de se lever et de séparer Seamus et Harry, mais simplement pour avoir son amant contre lui. Un amant qui lui causait bien du souci… Il avait presque envie de penser qu'il y était habitué. Il découvrait les secrets de Harry au compte-goutte et il s'impliquait comme il le pouvait dans ses problèmes, espérant les régler et soutenir son petit ami par sa présence…

« Putain, je suis mort ! »

Avec la grâce digne d'un éléphant, Théo se laissa tomber sur la chaise où Seamus se trouvait quelques temps auparavant, juste à côté de Draco. Le blond tourna la tête vers lui et le regarda se servir un verre d'alcool dans le verre que Seamus sirotait avant d'aller danser. Il fronça les sourcils, tandis que Théo buvait une gorgée de boisson. Puis, hésitant, il baissa les yeux vers la table, avant de les relever vers Théo.

Attiré par un homme qu'il n'aurait jamais.

Hétéro pur et dur.

« Dis-moi, Théo… Je peux te poser une question indiscrète ?

- Ça dépend à quel degré elle est indiscrète.

- Seamus a un mec en ce moment ?

- Ouais. Le type rencontré en vacances. Ils se sont revus. Mais c'est pas le grand amour, si tu veux mon avis. Une histoire de cul, rien de plus.

- C'est le style de Seamus d'avoir des histoires sans lendemains, mais pas de se prendre la tête avec un type qui vit à Clermont…

- A mon avis, ça cache quelque chose.

- C'est-à-dire ?

- Je sais pas, il a pas l'air dans son assiette en ce moment. Son père était malade mais il va bien mieux, et il ne veut pas me dire ce qui lui prend la tête…

- Tu penses pas… qu'il pourrait être amoureux de quelqu'un ? »

Draco s'attendit à beaucoup de réactions, mais pas au fait que Théo faillit s'étouffer avec son verre d'alcool, qui lui ressortit à moitié par le nez. Toussant comme un perdu, il se fit taper le dos par un Draco en panique avant de rire de nervosité, le nez en feu et continuant de tousser. Malgré lui, le blond rit aussi, essayant de se retenir mais en vain, sachant que son ami lui en voudrait de se moquer ouvertement de lui. Mais l'étudiant se laissa aller en arrière, s'éventant avec sa main et buvant un verre d'eau à petit gorgée pour faire passer le choc.

« T'es pas possible, toi…

- Mais toi aussi, avec tes questions à la con ! Putain, je me suis foutu la honte…

- Ma question était si… marrante que ça ?

- Heu, disons que je pense que Seamus est le genre de type qui s'éprend de n'importe quel mec, à partir du moment où il est bien foutu. Et je pense pas qu'il se prenne autant la tête : quand il veut quelque chose, il l'a, ou sinon, il gueule. »

Pas faux, pensa Draco. Théo avait bien résumé la situation et c'était d'autant plus étrange que Seamus ait autant peur de se jeter à l'eau, ami ou non. A moins qu'il n'ait muri… C'était bien possible, il s'était rendu compte ce que c'était que d'avoir de vrais amis et il ne voulait pas perdre ça. Draco était bien intrigué, et… il aurait bien voulu savoir qui c'était…

« Tu le connais bien.

- Bah tu sais, depuis le temps qu'on vit ensemble… Tiens, ça fait plus longtemps que toi et Harry, en fait ! Mon dieu, que le temps passe vite, c'est fou…

- A qui le dis-tu… »

Une demi-année. Ca faisait plus de six mois qu'ils étaient ensemble, avec leur lot de disputes et de moments de bonheur, d'incertitudes et de joie… La plus longue relation qu'il avait eue dans sa vie, et la plus belle aussi. Il aimait cet homme comme il n'avait jamais aimé personne.

Et en voyant cela, Seamus avait sans doute envie de vivre un peu la même chose, au lieu de baser ses relations avec les hommes sur des sentiments à sens unique, que ce soit les siens ou ceux des autres, et du sexe.

Avec un ami à lui et hétéro pur et dur…

« Théo, tu voudrais pas me rendre service ?

- Dis toujours.

- Tu veux pas aller danser avec Seamus ?

- Hein ?

- J'ai envie de danser avec Harry, tu peux pas prendre Seamus ? Allez, Théo… Insista le blond en le voyant grimacer.

- Bon, ok, céda-t-il dans un soupir. Mais c'est bien parce que c'est toi. »

Draco lui fit un sourire et ils se levèrent avant de se lancer sur la piste. Draco se glissa dans le dos de son petit ami qui se laissa aller contre lui. Sans comprendre l'arrivée du blond, Seamus regarda le couple et en perdit son sourire, mais aussitôt, Théo le choppa sans aucune grâce et entreprit de le faire danser. Aussitôt, on les siffla et Théo fit un beau doigt d'honneur aux jumeaux qui crièrent au scandale devant un tel manque de politesse.

Le DJ faisait danser le groupe d'amis, mettant une ambiance d'Enfer dans le salon. Blaise était aux anges, tout se passait très bien, sans aucun problème. L'alcool était à disposition mais ne coulait pas à flots, tout le monde jouait le jeu et venait danser. Théo et Seamus étaient au centre de la piste et mettaient de l'ambiance à eux tout seul, faisant rire les gens autour d'eux. Harry et Draco dansèrent un long moment ensemble avant que le tatoueur ne vire Seamus et vienne aguicher Théo avec qui il joua leur numéro de séduction, qu'ils faisaient autrefois quand ils allaient en boite. L'irlandais se retrouva avec Cho tandis que Draco faisait valser une timide Luna qui était pourtant parvenue à s'échapper des bras de son petit ami… On n'était décidément pas aidé…

Vint le moment du gâteau. Draco avait fait un sondage auprès de tous les convives pour savoir quel genre de gâteau ils voudraient pour l'anniversaire de Blaise. Et une proposition avait attiré le blond et avait fait exploser de rire Gregory, qui avait composé lui-même la pâtisserie. Le cuisinier et Draco amenèrent donc le gâteau d'anniversaire et de grands rires emplirent la salle en voyant la chose. Bouche bée, Blaise regarda son meilleur ami, souriant de toutes ses dents, et son ancien camarade de classe hilare porter un plateau qui contenait un énorme escargot, l'animal fait de nougatine moulée pour former le corps et la coquille composée d'un nombre impressionnant de choux à la crème. De façon très révélatrice, il tourna la tête vers Luna qui regardait avec admiration l'amas de choux qui ne tarderait pas à être dévoré par les convives.

Fiers de leur effet, les deux complices se tinrent de chaque côté du gâteau, la tête de l'animal surmonté d'une bougie posée sur un support, à côté du chiffre vingt-trois. Blaise, qui aurait normalement dû rire, se cachait la bouche avec sa main, et Draco vit que ses yeux brillaient de larmes. Il s'avança vers lui alors que le métis cédait à l'émotion et le prit dans ses bras, se montrant plus tendre que d'habitude avec son meilleur ami, son frère.

Un noir. Un mec qui n'avait rien à voir avec lui. Caractère différent, famille différente… Peau différente…

Son frère. Celui qu'il n'avait jamais eu et en qui il avait une confiance absolue…

Les photographes en herbe mitraillaient l'escargot. Certains se remettaient difficilement de leur fou rire, dont Harry et Cho, la chinoise s'étant assise sur les genoux du tatoueur qui s'éventait avec sa main. Blaise finit par se détacher de Draco, sécher les quelques larmes qui s'étaient échappées de ses yeux, pour enfin participer aux photos délires devant la montagne de choux. Enfin, il souffla l'unique bougie et il tenta, avec l'aide des professionnels du couteau, de découper la coquille de l'escargot et des morceaux de nougatine en essayant de ne pas anéantir le tout trop vite, ce qui échoua lamentablement.

Chacun s'installa où il put, sur le canapé ou sur les chaises mises à disposition. Draco, ayant enfin fini de servir les parts de gâteau avec Gregory et Blaise, chercha une chaise des yeux et les restantes se trouvaient près de Mirella, et vu les regards qu'elle lui lançait depuis le début de la soirée, à cause de Harry évidemment, il n'avait pas vraiment envie de s'installer à côté d'elle, et en même temps, prendre une chaise ne serait pas spécialement bien vu… Harry finit par l'appeler et lui montrer ses genoux. Draco haussa un sourcil dubitatif et son petit ami leva les yeux au ciel : ok, d'habitude c'était lui qui s'asseyait sur ses genoux, mais ils pouvaient bien changer pour une fois…

Finalement, mettant de côté son côté un peu… macho, Draco s'installa sur les genoux de son petit ami, un peu gêné, mais ne les quitta pas tant que Blaise ne le tira pas de force pour le faire danser à nouveau. Donc il dégusta l'excellente pâtisserie, la main de Harry sur sa hanche et son assiette sur les genoux. En le voyant faire, le blond lui demande si son but premier n'était pas, en fait, de se trouver une « table » pour mettre son assiette et son petit ami, avec tout le tact du monde, lui dit qu'il n'était pas un poids plume et qu'il n'avait jamais su manger avec son assiette dans la main ou posée sur ses cuisses.

« En gros, ton homme est un objet décoratif, là, en conclut Gregory en mâchant un choux.

- Ouais, une table en amélioré. T'as déjà vu une table qui fait des bisous ?

- Tu rêves. »

Harry rigola alors que le blond tournait la tête d'un air vexé, sa cuillère dans la bouche. Harry prit son autre main dans la sienne et l'embrassa. Draco lui lança un regard peu avenant tandis que son amant lui faisait ses yeux de chien battu. Soudain, le blond se pencha vers lui et s'empara de ses lèvres, appuyant les siennes contre celles de son petit ami qui poussa un soupir de contentement. Harry rougit quand il sentit une langue indiscrète tenter de franchir la barrière de ses lèvres qu'il entrouvrit avec plaisir.

Des sifflements se firent entendre alors que Draco l'embrassait langoureusement, son bras enlaçant son cou, son visage si près du sien que Harry sentait son souffle sur sa joue. Il savourait ce baiser, cette langue qui caressait la sienne. Il sentit un flash : on les prenait en photo. Il se dit que Draco avait dû abuser de la boisson pour avoir ce genre de comportement, mais ce n'était pas lui qui allait s'en plaindre, bien au contraire…

Quand ils se séparèrent, un peu haletants, on les applaudit. Harry, le sourire aux lèvres, planta un dernier baiser sur les lèvres de l'homme qu'il aimait avant de reprendre la dégustation de ses choux, le goût de la bouche du blond encore sur les lèvres.

La fête se poursuivit tard dans la nuit. Blaise, Gregory et les jumeaux prirent un malin plaisir à servir sans cesse des verres à Draco. Ce dernier, qui à la base voulait juste faire honneur à l'anniversaire de son meilleur ami, ne fit pas tellement attention à ce qu'on lui servait et Harry eut le plaisir de passer un long moment sur la piste avec un blondinet déchainé qui lui fit carrément du rentre-dedans. Harry n'était pas des plus sobres non plus et il s'amusa comme jamais. Blaise était dans le même état que le blond, faisant danser sa petite amie qui volait dans ses bras, touchant à peine le sol. Ses cousins et cousines se mêlaient à ses amis, riant aux éclats. Cho se déhanchant sans gêne près de Susana qui gloussait. Les jumeaux étaient torses nus sur la petite estrade où le DJ se démenait pour faire danser tous ses jeunes, Théo avait choppé Mirella alors que Seamus dansait avec Millicent…

Vers quatre heures du matin, ils se décidèrent à aller se coucher, mais cela se fit petit à petit. Les filles allèrent se coucher dans les chambres d'amies, enfin, surtout Hermione, Millicent et Luna qui s'allongèrent toutes les trois dans le même lit. Finalement, les hommes qui en avaient la force ou qui n'étaient pas en train de rendre leurs tripes dans les toilettes installèrent des matelas dans le salon.

Harry et Draco emmenèrent Blaise dans sa chambre, alors que Seamus s'était effondré sur un matelas avec Théo, Gregory pas loin d'eux avec la bouche grande ouverte pour ronfler à son aise, alors que les jumeaux étaient couchés en travers du matelas, les membres complètement emmêlés. Les autres amis de Blaise étaient eux aussi allongés, les cousins et cousines tentant de monter tant bien que mal à l'étage, Patrice resta en bas, allongé sur le canapé.

Une fois Blaise dans son lit, Harry et Draco rejoignirent leurs chambres. Le tatoueur se changea puis se laissa tomber sur le lit, complètement crevé, et accueillit mollement son petit ami contre lui. Ils s'endormirent.

OoO

Malgré la fatigue qui engourdissait ses membres, il parvint à se redresser sur le lit. Il entendit l'autre remuer dans le lit, mais il n'y fit pas attention : il se traina jusqu'aux toilettes, la main devant la bouche, et se laissa tomber devant la cuvette pour vomir. Les larmes aux yeux, la main sur le cœur, il cracha le liquide âpre, se forçant presque pour évacuer ce qui restait de mauvais dans son ventre. Puis, il se laissa aller sur le côté, les genoux replié et ses coudes posés dessus, reprenant sa respiration. Draco ne tarda pas à le rejoindre, aussi malade que lui : son noble corps semblait avoir gagné le combat intérieur livré avec son esprit, et ce corps réclamait l'apaisement.

Ainsi, le blond se retrouva au bord de la cuvette dans une position compromettante où il recracha tout ce qu'il avait mangé dans la soirée. Malgré lui, Harry eut un petit rire. Il était près de son petit ami en souffrance, retenant ses cheveux blonds. Quand Draco en eut terminé avec son affaire, il eut aussi un petit rire nerveux, grognant un « on fait pitié… ».

Ensemble, comme un vrai couple, ils se levèrent, se soutenant à moitié et allèrent dans la salle de bain, sous les exigences de Draco, pour se brosser les dents. Le blond, malgré son esprit embrumé, avait honte de son état et il voulait absolument se rafraichir la bouche, et accessoirement celle de son copain. Ensuite, ils retournèrent se coucher, dans les bras l'un de l'autre.

Ils se réveillèrent vers dix heures du matin. Le nez enfoui dans le cou de Draco, Harry mit un long moment avant de bouger la tête, savourant les caresses lentes et molles du blond dans ses cheveux noirs. Ils se câlinèrent un long moment dans le lit, paresseusement. Puis, ils discutèrent un peu : le tatoueur se moqua gentiment de Draco qui avait trop bu la veille et qui s'était alors retrouvé complètement désinhibé, au plus grand plaisir du brun qui en avait bien profité. Mort de honte, le blond se retourna dans le lit, montrant son dos à Harry qui gloussait derrière lui.

Le brun posa sa main sur son épaule et voulut le retourner mais l'étudiant boudait, priant pour que la vidéo tournée ce soir-là ne soit jamais diffusée. Certes, il n'avait rien fait de compromettant à part draguer ouvertement son copain, ce qui en soit n'était pas un crime, et l'embrasser langoureusement, ce qui n'avait rien de bien choquant quand on savait que ça faisait six mois qu'ils étaient ensemble. Mais tout de même !

« Arrête Dray… Cho a carrément montré sa culotte, t'en es pas arrivé là…

- Encore heureux…

- Je t'ai jamais vu comme ça, c'était étonnant.

- Harry… »

Le jeune homme eut un petit rire avant de s'asseoir sur le lit et s'étirer. Il avait mal à la tête et il se sentit tout mou, son corps épuisé par la soirée de la veille. En général, les fêtes auxquelles il participait, enfin celles de ses amis, n'étaient pas aussi arrosées car le plus souvent il y avait des parents : le débit d'alcool était un peu plus régulé car il fallait quand même tenir la route devant eux. Là, c'était différent, et Harry avait eu envie d'oublier tout ce qui lui prenait la tête dernièrement.

« Harry ?

- Hm ?

- Tu as réfléchi à ce dont je t'ai parlé hier ?

- T'as vraiment envie qu'on remette ça sur le tapis ce matin ?

- Réponds-moi. »

Harry poussa un soupir à fendre l'âme. Toujours allongé sur le lit, Draco le regardait, essayant de ne pas fixer le papillon bleu sur son cœur quand son petit ami se tourna vers lui.

« Je te l'ai dit : je le ferai.

- Il faudra que tu sois convaincant et que tu ne fuis pas.

- C'est pas toi qui t'es retrouvé enfermé pendant un mois dans une petite chambre de bonne avec lui. »

Ses mots étaient durs, son regard sombre. Draco inspira difficilement et tourna la tête sur le côté, comme s'il s'en voulait.

« C'est facile pour toi de dire tout ça, mais pas pour moi.

- Je sais, Harry…

- Je vais faire ce que je peux, mais ne t'attends pas à des merveilles.

- Ca me rend malade de le savoir ici. »

Harry haussa les sourcils. Draco ne le regardait pas, la tête tournée ostensiblement sur le côté.

« J'ai peur de ce qu'il peut faire, j'ai peur qu'il t'écarte de moi… Et il t'a fait tellement de mal, il n'a pas le droit d'être ici… »

Draco sentit le drap qui les recouvrait se soulever et Harry s'allongea sur lui. Puis le brun prit son visage dans ses mains, le regardant droit dans les yeux, avant de l'embrasser avec tout l'amour qu'il éprouvait pour lui. Les mains de l'étudiant se posèrent sur ses hanches avant que ses bras ne l'enlacent avec possession. Il lui rendit son baiser avec passion, l'emprisonnant contre lui. Ils se séparèrent après un long moment, ce sulfureux échange se terminant par des caresses de papillon. Enfin, Harry cacha son visage dans le cou du blond, et lui chuchota quelques mots à l'oreille.

« J'en ai assez de répéter la même chose.

- J'en ai assez de m'inquiéter.

- Je t'aime.

- Moi aussi.

- Salut les jeunes ! »

Hein ?

« Rooooh, vous vous faites des câlins ! »

Agitée comme une puce, Cho Chang courut dans la chambre et sauta sur le dos d'un Harry aux yeux écarquillés, couché sur un Draco tout aussi halluciné. Ils poussèrent un cri quand la grosse patate leur tomba dessus en rigolant comme une baleine.

« Cho, putain, bouge !

- Vous vous faites des papouilles !

- Arrête, t'es lourde !

- Est-ce que vous êtes à poil ?

- Dray, bouge tes mains. »

Le blond dégagea ses bras d'entre le dos de Harry et la… poitrine de Cho. De façon brusque, Harry se redressa, faisant crier la jeune femme, puis roula sur le côté. Draco se boucha les oreilles en entendant le cri suraigu qu'elle poussa en tombant sur le côté avant de glousser. Alerté par ces bruits, les jumeaux débarquèrent dans la chambre. En voyant un Draco avec les mains sur les oreilles et les coudes levés, un Harry échoué sur le côté complètement échevelé et Cho en nuisette en train de rigoler, ils crièrent un…

« Partouze ! »

Et ils sautèrent à leur tour sur le lit. Draco poussa un cri de colère avant d'essayer de se défaire de ces boulets roux. Les autres arrivèrent : Blaise, Théo, Seamus et Gregory mirent un peu d'ordre sur le lit, ou du moins, ils permirent à Harry de se décoller de Cho et, entre autres, de prouver qu'il n'était pas nu même s'il n'avait pas de haut. Il put regagner les bras de Draco qui avait, lui, gardé son haut de pyjama car il n'avait pas eu si chaud que ça cette nuit.

Le grand lit ressemblait à un vrai champ de bataille. Assis entre les cuisses de Draco et sa taille entourée de ses bras, Harry regardait ses amis investir le lit, s'asseyant sur les draps froissés sans aucune gêne. En temps normal, la plupart serait parti pour s'habiller et ils se seraient tous rejoints dans la salle à manger pour grignoter quelque chose, mais aucun n'avait échappé à la traditionnelle gueule-de-bois qui suivait le genre de soirée qu'ils avaient passée la veille : les jumeaux Fred et Georges avaient les yeux explosés, discutant d'une voix un peu pâteuse dans un coin du lit.

Complètement à la ramasse, Blaise était étendu sur le lit, les bras en bois, l'un d'eux pendant dans le vide, alors que Théo s'allongeait en travers du matelas, sa tête posée sur ses bras croisés. Aussitôt, Seamus s'assit sur ses hanches et son colocataire se mit à beugler en lui ordonnant de descendre. Entre temps, Cho avait fait un aller-retour entre sa chambre et celle-ci pour prendre son appareil photo et elle mitraillait les deux hommes, à la plus grande horreur de l'un d'eux. Surtout quand Seamus s'allongea sur lui et enfouit son nez dans son cou, adoptant alors une pause sensuelle…

Draco regardait tout ça d'un air exaspéré : peu habitué à ce genre de réveil, il était un peu grognon. Il aurait préféré passer sa matinée tranquillement dans ce lit avec Harry, mais personne ne semblait réaliser à quel point ils étaient d'un sans-gêne pas possible… Néanmoins, il ne dit rien. Il posa les yeux sur Gregory Goyle, cet homme robuste qui avait su garder un tour de taille correct pour le chef cuisinier qu'il était. Il formait un joli couple avec Millicent, malgré les problèmes d'emploi du temps : Gregory dirigeait son propre restaurant alors que la jeune femme était encore étudiante. Cela dit, ce qui avait été un temps une petite amourette sans grand avenir s'était transformée en une relation sérieuse qui avait aidé Millicent à s'épanouir.

Il en était de même pour Hermione qui avait complètement oublié Viktor Krum, son ex petit ami bulgare, même si elle avait éprouvé quelques doutes bien compréhensifs en le revoyant. Elle avait réalisé que Ron était l'homme qui lui fallait : gentil, attentionné et d'un autre univers.

Draco avait réalisé depuis longtemps que, dans son cas, il valait mieux que la personne qu'il fréquentait soit d'un autre univers, afin d'avoir d'autres conversations que les études notamment, et pourtant, la plupart du temps ces personnes-là ne restaient pas longtemps dans sa vie, précisément parce qu'ils étaient trop différents. Avec Harry, ils avec réussi à créer une sorte d'équilibre, et d'une certaine manière, Hermione et Ron en avaient fait de même. Oubliant ses livres de droit, Hermione écoutait son copain parler de mécanique, musique, il l'emmenait dans des endroits où elle n'avait jamais mis les pieds, il la faisait danser… L'étudiante ne se sentait pas enfermée avec lui. Et, surtout, ils pouvaient se disputer sans que cela ne rime avec rupture.

D'ailleurs, Ron ne tarda pas à les rejoindre, complètement amorphe. Il se laissa tomber à côté de Gregory avant de demander ce qui s'était passé dans la chambre : le lit ne ressemblait plus à rien et il avait entendu de drôles de bruits. Le plus naturellement du monde, Gregory lui répondit que Cho et les jumeaux avaient sauté sur Harry et Draco et, à eux seuls, ils avaient à moitié démonté le lit. Se satisfaisant de cette explication, Ron croisa les bras sur le matelas, assis par terre, et posa sa tête dessus. Harry rigola.

Voulant retrouver un peu de tranquillité, Draco ouvrit la bouche pour leur demander de sortir, ils se retrouveraient en bas. Mais il fut interrompu net par les filles qui entrèrent dans la chambre, Luna en tête : elle tenait dans ses mains un plateau plus grand qu'elle contenant des tasses, du jus de fruits et du café alors que Millicent et Hermione se partageaient la confiture, la pate à tartiner, la brioche et le pain. Les demoiselles furent accueillies par des sifflements joyeux, des rires et des applaudissements alors que le blond se tapait le front le front de dépit.

Les plateaux furent posés en plein milieu du lit et chacun prit ce qu'il voulait. Hermione s'occupa du service, servant du café à Draco et Blaise et du jus d'orange à Cho et Harry. Millicent tartinait le pain grillé de confiture, beurre ou Nutella. Luna, quant à elle, était prisonnière des bras de Blaise qui refusait de la lâcher, la calant entre ses cuisses. Elle protesta jusqu'à ce qu'il lui donne un verre de lait mélangé à du jus d'orange. Trouvant tout cela quelque peu suspect, Gregory demanda aux filles comment elles avaient pu préparer un tel petit-déjeuner en si peu de temps. Hermione et Millicent haussèrent les épaules : Luna s'était occupée de tout, elles n'avaient eu qu'à tout mettre sur les plateaux. Voyant que personne ne réagissait, le cuisinier décida de se satisfaire de cette réponse.

Ils passèrent un agréable moment, profitant de ce moment de complicité un peu particulier. Cho s'amusait avec son appareil photo, s'amusant à prendre sur le fait Fred qui léchait ses doigts englués de marmelade, Ron qui se goinfrait de pain beurré ou encore Luna qui semblait partie loin, très loin, son verre de lait et d'orange porté à ses lèvres, comme un bébé téterait son biberon. Dans leur coin, Draco et Harry n'avaient pas bougé, seul le brun se décollait quelques fois du torse de son petit ami pour prendre quelque chose sur les plateaux. Il était également l'un des seuls à être torse nu, Ron et Théo avaient aussi trouvé qu'il faisait chaud, mais ce dernier avait remis son haut de pyjama.

Cho prenait en photo ce couple, même si Draco faisait la tête. Elle aimait les regarder, ces deux-là, car ils lui faisaient oublier à quel point Harry avait souffert par le passé. Ron sortit une connerie et, quand Cho appuya sur le bouton, elle prit une photo où ils riaient tous les deux, les bras de Draco enserrant la taille de Harry, ce dernier torse nu avec ce papillon bleu tatoué sur son cœur, ses lignes tribales sur son épaule et sur son poignet. Rentrant dans le délire, Cho leur demanda de s'embrasser et tout le monde se mit à crier : le bisou ! le bisou !

Clic. Harry qui lève les yeux vers Draco qui sourit à peine.

Clic. Leurs bouches qui se rapprochent, s'effleurent.

Clic. Un léger baiser, lèvres contre lèvres, empli de tendresse…

Clic…

OoO

Pendant un long moment, elle resta dans sa voiture, les mains sur le volant. Elle n'osait pas les retirer car elle ne savait pas si sa main droite allait se poser sur la clé de contact ou si la gauche ouvrirait la porte. Un gros débat intérieur faisait rage en elle, ses mains la démangeaient, comme si elles avaient une volonté propre et qu'elle refusait de les laisser s'exprimer.

Finalement, la main gauche remporta le combat et Isaline ouvrit la porte de sa voiture avant d'en sortir et la claquer, faisant un gros bruit sec dans la nuit tombante. Elle leva les yeux vers le bâtiment devant lequel elle s'était garée, vers l'étage où Rémi et Allan vivaient.

Depuis sa confrontation avec Cédric, elle n'avait aucune nouvelle de son amant. Il ne l'avait pas appelée et elle non plus, d'ailleurs. Isaline le fuyait, passant à côté du téléphone sans jamais le décrocher, et tentait de l'oublier. Elle savait qu'elle s'était comportée comme une brute et qu'il avait moyennement accepté ce coup d'éclat. En fait, Isaline comprenait parfaitement son comportement et elle aurait pu avoir honte du sien, s'il n'y avait pas une signification derrière tout cela.

Le fait était que Rémi lui manquait affreusement et elle voulait lui demander pardon. Cela faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé, la tatoueuse ne savait même plus à quand remontait la dernière fois, mais elle voulait lui ouvrir son cœur. Elle voulait tout lui raconter, ce cauchemar interminable qui l'avait tenue éveillée pendant un mois, pourquoi elle vivait à Paris...

Tout lui raconter, comme pour alléger un peu le poids qui pesait sur ses épaules, le poids des secrets et des souffrances enfouies...

Alors elle était là, plantée devant l'immeuble où l'homme qu'elle aimait vivait. Elle ne lui avait jamais dit qu'elle était amoureuse, d'ailleurs. Pas grave. Il devait le savoir. Et lui aussi, il devait l'aimer...

Un homme sortit de l'immeuble, poussant la lourde porte blindée et vitrée qui menait au hall d'entrée. Isaline en profita pour se faufiler dans la bâtisse. Elle monta dans l'ascenseur, son cœur battant violemment dans sa poitrine, fermant les yeux pour tenter vainement de se calmer. Puis, une fois arrivée, elle se posta devant la porte et hésita quelques secondes avant de sonner, avec l'ai d'un condamné à mort.

Ce ne fut pas Rémi, ou même Allan, qui vint lui ouvrir. Ce fut la cousine de ce dernier, la jeune Kimiko, qui apparut devant elle. L'adolescente lui fit un grand sourire et se mit sur la pointe des pieds pour lui faire la bise. Isaline se baissa, le visage détendu, alors que tout son esprit était en panique : ce soir, Rémi recevait ses parents, voire d'autres personnes...

Elle aurait dû rester chez elle au lieu de venir, sur un coup de tête.

Isaline entra dans l'appartement tandis que Kimiko annonçait sa venue. Elle entendit la voix de Rémi qui apparut dans le couloir. Son visage semblait contrarié : il n'était pas content de la voir. D'un coup, Isaline se sentit misérable. Elle portait un vieux jean délavé, des baskets et une veste de cuir élimé qui masquait à peine son léger pull noir. Ses cheveux teints étaient ramenés en arrière à l'aide d'un élastique.

Misérable. Une pauvre conne qui tapait sur les gens, qui gueulait comme un porc qu'on égorge. Une simple tatoueuse au corps bariolé.

Misérable...

« Bonsoir, Rémi.

- Bonsoir. Je peux savoir ce que tu fais ici ? »

Et lui, médecin chirurgien, solide bien qu'avec un peu de ventre, les cheveux bruns sans mèche grise, des yeux mordorés encore vifs. Il était beau, vivait dans un bel appartement rangé, toujours habillé sobrement mais avec de la marque.

Misérable...

« Je ne suis venue te parler, répondit-elle, un peu timidement.

- Ce n'est pas le bon moment.

- Ce n'est jamais le bon moment. Je peux revenir plus tard, si tu veux.

- Je n'ai pas envie de te voir, en ce moment, la coupa-t-il sèchement.

- Je t'ai déçu, hein ? »

Isaline Anderson avait maintenant un sourire amer. Elle avait l'impression d'être une gamine devant lui. Isaline était de ces femmes qui ne se laissaient pas dominer, et en cet instant, elle courbait l'échine car l'homme en face d'elle était quelqu'un en qui elle tenait. Elle ne voulait pas le perdre et elle voulait vraiment lui parler, lui raconter, lui expliquer...

Misérable...

« Tu ne peux pas savoir à quel point.

- Rémi, je peux t'expliquer...

- Je ne veux pas d'explication. Pardonne-moi l'expression, mais tu t'es comporté comme une conne. Tu as tabassé ce type, tu as gueulé, tu as insulté Harry... »

Il parlait doucement, et on n'entendait pas de bruits dans le salon. Rémi se tenait près d'elle, la regardant droit dans les yeux.

Lui parler... Elle voulait lui parler...

« Je sais que je me suis mal comportée...

- Va-t-en.

- Non, attends...

- Je reçois mes parents. Je ne veux pas te voir.

- Attends, s'il te plait. »

Elle lui prit le bras, les yeux paniqués.

« J'ai besoin de te parler...

- Rien ne justifie ton acte.

- Rémi, s'il te plait...

- Va-t-en. »

Une voix ferme. Deux cœurs qui battent trop vite. Un regard implacable, l'autre suppliant. Puis fatigué. Résigné.

Misérable...

« D'accord. »

Elle serra les dents pour ne pas pleurer, en priant pour que les coins de sa bouche ne s'affaissent pas. Elle baissa la tête, lâcha le bras de Rémi, et passa la porte de l'appartement. Lasse, Isaline descendit les escaliers et arriva dans le hall. Elle poussa difficilement la lourde porte blindée et grise, puis monta dans sa voiture.

A nouveau, un débat intérieur fit rage en elle, alors qu'elle était assise sur le siège conducteur : devait-elle pleurer ou soupirer de lassitude avant de s'en aller ? Elle opta pour la seconde option, mais son corps en décida autrement : des larmes perlèrent de ses yeux et, la mine sombre, elle les laissa couler.

Isaline Anderson ne se sentait pas bien. Elle se sentait vieille, dépassée et prise de court. Elle avait quarante ans, ce qui n'était pas si vieux, mais la moitié de sa vie avait été consommée sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. La meilleure partie sa vie, sa jeunesse... A présent, elle était une femme démodée qui tentait de marcher droit sans tomber, mais ce soir, elle sentait son corps flancher.

Elle se demandait ce qu'elle avait fait, dans la vie. Pourquoi elle était célibataire, pourquoi elle n'avait pas d'enfants, pourquoi elle avait bossé dans cette boutique au lieu de la laisser à un gérant. Pourquoi elle n'avait pas de famille à elle, pourquoi elle passait son temps avec des bras cassés.

Peut-être parce qu'elle en était un, de bras cassé. Peut-être qu'Isaline était comme eux : née par accident, comme une tuile tombant malencontreusement sur la tête d'un homme, elle avait passé son enfance à sourire devant son père et pleurer en silence dans son dos quand sa mère la frappait. Une gamine endurcie par la vie qui avait décidé de ne pas se laisser faire et qui se laissait guider par son cœur qu'elle avait gros comme une maison.

Une fois son père décédé, elle s'était retrouvée seule et la vie avait mis sur son chemin Harry, Nymph', Sirius. En somme, ils lui avaient apportés autant d'ennuis que de bonheur. Toute sa vie, Isaline Anderson s'était accrochée à eux comme à une bouée de sauvetage : elle se rendait utile, elle se sentait importante pour eux. Elle avait l'impression d'exister, d'être vraiment utile à quelque chose. Abandonner ses études et reprendre la boutique de son père l'avait rendue plus responsable, elle pensait pouvoir tout arranger, même la santé dégradée de son père et, au final, son décès l'avaient plongée dans un état de pessimisme et d'auto-flagellation mentale : tout était de sa faute, elle avait échoué, elle n'était pas une bonne fille. Trouver de l'amour dans les yeux verts de Harry l'avait comme sortie d'un long sommeil.

Mais jamais elle ne s'était pardonnée.

Et, toujours, elle pensait aux autres avant elle-même.

Peut-être que si elle avait été plus égoïste, si elle avait davantage pensé à elle-même, tout aurait été différent. Harry aurait grandi avec des valeurs plus sûres, une figure plus solide d'un père, et peut-être avec des frères et sœurs avec lesquels il se serait épanoui au lieu de grandir trop vite.

Oui... elle aurait dû être plus égoïste. Cesser de faire des scandales quand on lui cachait quelque chose, les laisser se démerder dans leur coin et vivre sa propre existence. Cesser de sécher les larmes alcoolisées de ce sale cabot, de dresser cette gamine qui n'en faisait qu'à sa tête et courir après cet enfant qui découvrait douloureusement les réalités de la vie.

Ne pas fermer sa gueule, dire ce qu'elle ressentait, pousser une gueulante non pas pour critiquer mais pour alléger ce poids sur son cœur.

Pleurer un bon coup et dire qu'elle avait des faiblesses.

S'enfuir loin d'ici et oublier que ce qui avait constitué sa vie pendant treize ans la quittait ou la quitterait bientôt pour fonder un foyer...

OoO

En plein milieu de la nuit, alors que la famille de Rémi s'apprêtait enfin à quitter l'appartement du médecin, Harry appela ce dernier et lui demanda quand Isaline comptait-elle rentrer. Etonné, le médecin lui dit qu'elle n'était pas chez lui, qu'il ne voulait pas la voir donc qu'elle était partie à peine entrée. Aussitôt, Harry s'affola : il n'avait pas de nouvelles d'elle depuis cinq heures de l'après-midi, étant donné qu'elle comptait voir quelqu'un avant de venir chez lui.

Ce fut au tour de Rémi de se faire un sang d'encre : malgré sa colère vis-à-vis d'elle, de cette estime qui avait chuté en l'espace de quelques secondes, il était terriblement inquiet. Vers trois heures du matin, ne pouvant dormir, il appela Harry qui décrocha tout de suite. Aucun des deux n'avait Isaline chez eux.

Ils furent tentés d'appeler la police, mais ils ne préfèreraient pas. Autant attendre jusqu'au lendemain. Peut-être qu'elle était chez quelqu'un. Peut-être.

Qui sait ?

OoO

Sept heures du matin. Un réveil qui sonne, et personne dans la maison à part lui. Isaline n'était toujours pas rentrée, et lui, il n'avait pas dormi de la nuit, pas plus que Sirius, Nymph' et Rémi qu'il avait appelé en catastrophe. Ils avaient fait le tour des contacts de la disparue sans jamais la trouver nulle part.

Ils ne savaient pas qu'elle avait passé la nuit à rouler, à s'arrêter quelque part, boire un verre, repartir, manger un morceau, rouler à nouveau, regarder la tour Eiffel de loin, l'Arc de Triomphe ou encore le Louvre, éclairés par les lumières de Paris plongé dans les ténèbres de la nuit.

Elle ne dormit pas. Elle but, manga, roula. Elle tourna, freina, se gara... Des choses inconsidérées, qui ne servaient à rien. Mais elle en avait envie. Oublier qui elle était, oublier que sa vie ne rimait plus à rien, qu'elle finirait vieille et seule dans une maison de retraite à ressasser ces années où elle aurait pu créer autre chose que des pansements pour des estropiés du cœur. Juste envie de faire quelque chose d'inconsidéré.

Rouler jusqu'à ce que le soleil se lève à nouveau et lui remette en pleine gueule la réalité de la vie. Une réalité pas longue à résumer.

Isaline Anderson. 40 ans. Nationalité anglaise. 1m68, 62 kg. Femme célibataire, jamais mariée. Ancienne tutrice de Harry Potter et Nymphadora Tonks. Marraine de Teddy Lupin. Patronne d'un salon de tatouages et piercings.

OoO

Les mains dans les poches, la tête baissée vers ses chaussures, Cédric Diggory marchait lentement dans la rue. Il errait encore là, comme s'il espérait encore quelque chose, alors qu'il était tout simplement désespéré.

Harry était amoureux. Il avait quelqu'un. Il avait refait sa vie.

C'était presque évident, mais au fond de lui, Cédric espérait qu'il ne l'aurait pas oublié. De façon égoïste et mauvaise, Cédric avait pensé qu'il ne se serait jamais remis de ce qui lui était arrivé et qu'il avait vécu un blocage affectif. Il fallait croire que ce n'était pas le cas, songeait-il. Son avis changerait en apprenant que Harry avait fréquenté Draco après trois ans de célibat, mais pour le moment, il imaginait son ex dans les bras d'autres hommes, voire d'autres femmes.

Le savoir avec une fille aurait sans doute été moins douloureux. Cédric savait que Harry avait déjà été attiré par des filles sans jamais sortir avec aucunes d'entre elles, et par des connaissances communes, il avait appris qu'il avait tendance à s'attacher à des personnes qui avaient du caractère. Harry était un homme « passif », il avait besoin de se sentir protégé et aimé. Il avait cherché ça chez Cédric et chez Draco, un endroit qui pourrait le protéger du monde extérieur et qu'il pourrait chérir.

C'était stupide de trainer là comme une âme en peine parce que l'homme qu'on a aimé et détruit ne voulait plus de vous. C'était pitoyable, et il le savait. Cependant, rester chez lui ne lui apporterait rien de bon, il ruminerait dans son coin des idées noires. Autant qu'il prenne l'air... et rester dans le quartier montrerait à Harry qu'il pensait à lui, qu'il avait besoin de lui.

Besoin de lui parler...

Soudain, il s'arrêta de marcher. A l'autre bout de la rue, Isaline Anderson se tenait près sa voiture, garée le long du trottoir. Elle le regardait fixement, comme une lionne regarderait un ennemi qu'elle s'apprêterait à dévorer. Persuadé que ses pas le mèneraient à un nouvel affrontement, Cédric voulut faire demi-tour, mais il se refusait à fuir la queue entre les pattes comme un lâche devant elle.

Il n'avait jamais aimé Isaline Anderson. Il la trouvait vulgaire, trop sûre d'elle... En vérité, il lui trouvait tous les défauts du monde, car en fait, il la détestait parce qu'elle avait un pouvoir impressionnant sur Harry. Ses dires étaient parole d'évangile. Quand il venait chez eux, elle le regardait toujours du coin de l'œil, méfiante. Elle avait mis comme une barrière entre eux et c'était à lui de la franchir. Or, il n'y était pas parvenu : il avait beau se montrer le plus aimable possible, il n'était pas parvenu à créer une complicité entre elle et lui, ni à obtenir sa confiance. Il avait fini par en conclure qu'il était trop parfait, qu'il ne montrait pas assez qui il était réellement, et c'était ce qui la rendait méfiante.

Cédric avait décidé de vivre avec ça, comme on vit avec une porte qui grince continuellement, mais quand Isaline avait découvert le pot-aux-roses, quand il s'était mis à harceler Harry, elle avait réagi au quart de tour. Il s'était retrouvé blessé et humilié : une femme qui avait quasiment l'âge d'être sa mère lui avait collé la raclée de sa vie. Mort de honte, il avait porté plainte, sa colère le poussant à tenter le tout pour le tout : il devait récupérer Harry.

Jamais Isaline Anderson ne s'était démontée. Elle avait ordonné à Harry de rester sur ses positions et ne pas céder.

Alors, Cédric Diggory avait employé la manière forte.

Les finances d'Isaline Anderson souffrirent beaucoup pendant cette période : elle travaillait peu, employait des détectives pour retrouver son neveu, et après, elle paya un avocat. Elle fit tout pour l'enfoncer, et elle y parvint. On le fit passer pour un malade obsessionnel. Son père travailla dur pour réduire sa peine. La sentence ne plut à personne.

Cédric Diggory resta avec cette haine dans le cœur, pour toutes ces raisons, mais aussi parce qu'elle n'avait jamais su l'accepter. Dans le fond, il savait que c'était une femme bien, aimante, et elle n'avait jamais su lui ouvrir son cœur. La vie aurait pu être différente si elle avait essayé de le comprendre et de l'aider, comme Harry l'avait fait. Mais elle lui avait fermé les portes de sa vie, les laissant d'abord entrouverte avant de les claquer violemment et l'expulser de leur existence.

Il s'accrochait à ça. Il se donnait des excuses, et quand elles ne tenaient plus, il en trouvait de nouvelles. Mais il était vrai qu'Isaline Anderson était une ombre dans sa vie qui aurait pu devenir une étoile, mais qui lui avait tourné le dos et qu'il n'avait su charmer. Et à présent, elle était là, devant lui, le regardant droit dans les yeux d'un air résigné.

Elle n'avait jamais eu peur de lui. Jamais. Et elle n'aurait jamais peur.

« T'enfuis pas et viens ici.

- J'ai pas d'ordre à recevoir.

- Alors va te faire foutre. »

Elle baissa la tête et se redressa, décollant son derrière de la portière de sa voiture. Aussitôt, Cédric comprit que la laisser partir serait une erreur. Sans se formaliser de ce qu'elle lui avait dit, il se rapprocha d'elle.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Sa voix à lui était dure, tout autant que celle de la patronne qui le regardait, sans éprouver la moindre émotion. Ni colère, ni haine...

Rien.

La haine valait mieux que l'indifférence.

« T'es libre demain ?

- Pourquoi ?

- C'est moi qui pose les questions.

- Oui, je suis libre.

- Alors rendez-vous demain à 11h30 au restaurant français du coin de la rue, près de la pharmacie. Harry veut te voir. »

Le regard de Cédric s'illumina puis s'assombrit : ça sentait le piège à plein nez. C'était déjà un miracle qu'ils n'aient pas portés plainte, vu qu'il n'avait rien à faire là, et maintenant, Harry voulait le voir, avec apparemment le consentement de sa tante...

« Ils pensent que ça arrangerait pas mal de problèmes. A leur aise.

- Et tu es d'accord avec eux ?

- Pas le choix. Sois à l'heure. »

C'était tout. Elle ne lui dirait rien de plus. Elle paraissait fatiguée, de légères cernes soulignaient ses yeux, un peu comme si elle n'avait pas dormi de la nuit. Peut-être que c'était le cas.

Pendant un instant, repensant à cette petite boutique de tatouages dans un petit quartier de Londres, il revit cette maman joyeuse qui couvait Harry du regard. Une maman qui lui avait fait envie, moins fade que la sienne. La tendresse qui émanait d'elle lui avait toujours fait envie. Il l'avait haïe pour ça, pour ne l'avoir jamais aimé, pour l'avoir éloigné de Harry, pour s'être opposé à eux...

Son visage furieux...

Son regard arrogant...

Sa voix mouillée, sur sa messagerie, quand elle l'avait supplié de lui rendre son fils...

Un visage qu'il avait essayé de casser, un regard qu'il avait voulu baisser, une voix qu'il avait détruite en même temps que son téléphone...

« Pourquoi tu ne m'as jamais aimé ? »

Elle allait monter dans sa voiture. Elle leva la tête et, à nouveau, le regarda de ses yeux clairs. Un peu comme si elle lisait en lui.

« Tu voulais que je t'aime ?

- Oui. »

Ne pas voir l'aspect négatif des choses, ne pas la voir s'arrêter de vivre quand il était là... Ne pas entrer dans une pièce et être suivi par son regard en coin…

Être tenu dans ses bras et la voir naturelle avec lui…

Isaline le regarda franchement, un peu comme si c'était la première fois qu'elle le voyait. Et, d'une certaine façon, lui aussi la regardait de cette manière-là. Quatre ans qu'il n'avait pas vu cette pouffiasse qui se croyait tout permis. Quatre ans qu'il avait haï son nom, qu'il avait écrasé dans son esprit son visage, qui en fait, n'était pas si horrible que ça.

« J'aurais pu t'aimer.

- Et pourquoi tu ne l'as pas fait ?

- Parce que tu n'es pas honnête. »

Ses yeux clairs et pénétrants qui lisaient en lui comme dans un livre ouvert.

« Ni envers les autres, ni envers toi-même. »

Quelque chose se serra en lui. Son cœur, peut-être, ou alors sa gorge. Sa voix semblait sortir des tréfonds de sa mémoire, comme s'il avait déjà entendue ces mots quelque part.

« Si tu t'étais ouvert, si tu avais arrêté de jouer ton rôle, j'aurais pu t'aimer. Mais tu avais honte de lui. Tu avais honte de sortir avec un jeune homme de dix-sept ans, tatoueur, toujours décoiffé et mal habillé. J'aurais fini par t'accepter, Cédric, par amour. Mais il y a des choses qui ne se font pas.

- Je…

- C'était pas la faute de Harry. Il n'y était pour rien, dans cette histoire. C'était pas de sa faute s'il était un homme et que tu l'aimais. Il n'avait pas à subir tout ça, à se laisser faire en espérant que tu ailles mieux. Tu n'avais pas à le frapper."

Tant de lassitude dans sa voix implacable qui énonçait des vérités, sans jugement. Et ça faisait d'autant plus mal...

« Tu peux pas...

- Il ne devait pas être mêlé à ça. Je sais que c'était dur à assumer, ton homosexualité. Mais c'est comme ça. Tu devais vivre avec, assumer. Je pense que je t'aurais aimé si tu ne t'étais pas caché comme tu l'as fait. Tu n'avais pas à le frapper, et tu n'as pas à le poursuivre comme ça. Tu as cassé quelque chose en lui et jamais il ne pourra oublier ce qu'il a vécu.

- Je...

- Je vais te dire une chose, Cédric Diggory : ce que tu fais ne sert à rien. Jamais Harry ne reviendra vers toi.

- Parce que tu ne le veux pas ?

- Non. Parce qu'il a avancé. Toi, tu fais du sur-place."

Elle lui lança un dernier regard las, ennuyé, fatigué, puis monta dans sa voiture. Cédric eut envie de tendre la main vers elle, mais s'il l'avait fait, il ne savait pas si elle l'aurait frappé ou juste pris le bras en signe de désespoir. Alors sa main resta près de son corps.

Il était perdu. Depuis sa sortie de prison, il était perdu. Quatre ans étaient passés et, lui, il n'avait pas changé, enfermé dans une prison à attendre que le temps passe, à regarder les minutes filer en espérant qu'elles aillent plus vite...

Et pendant ce temps-là, Harry tombait amoureux.

Et l'oubliait.

OoO

Vers onze heures, Harry entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Liloute se précipita hors de la cuisine et il découvrit sa tante dans l'entrée, soulevant la chienne dans ses bras pour la calmer.

Comme Liloute, Harry eut envie de se précipiter vers elle et de la serrer dans ses bras avant d'exiger des explications. Mais le regard qu'elle lui lança le dissuada d'aller plus loin. Elle semblait fatiguée, lasse, la bouche fermée, sans un sourire. Elle posa la chienne sur le sol, retira ses chaussures et sa veste, avant de traverser le hall. A sa hauteur, elle s'arrêta un court instant, avant d'hausser les épaules et de monter à l'étage lentement, comme si cela représentait un effort surhumain.

Aussitôt qu'elle fut montée à l'étage, Harry appela Sirius et Remus, puis Remi, les intimant tous de ne pas ramener leurs fesses à la maison. Seul Rémi fit le chemin, lui désobéissant. C'était à son tour de vouloir parler avec Isaline, malade d'inquiétude et regrettant de l'avoir jetée dehors comme ça. La patronne l'envoya bouler, lui disant qu'elle était fatiguée et que toute cette histoire ne le regardait pas. Le médecin s'énerva : elle lui en voulait de l'avait repoussée de cette façon mais il était désolé, il s'en voulait vraiment. La tatoueuse lui répondit qu'il la dérangeait, qu'elle avait envie dormir, et que s'il n'était pas content, c'était pareil.

Elle passa la journée devant la télévision, sans toucher à la comptabilité ni à quoi que ce soit touchant à la vie de cette maison. Harry se chargea d'avancer dans les factures, nerveux, ne sachant ce qui était passé dans la tête sa tante. Il prenait le parti d'attendre qu'elle se livre à lui.

Dans la soirée, elle lui dirait qu'elle avait eu envie de parler à Rémi mais qu'il n'avait pas voulu l'écouter. Elle avait eu une crise existentielle et elle avait passé la nuit à traîner dans la capitale. Harry ne poserait pas de questions. Il serait triste. Il lui dirait que Sirius, Nymph' et Remus s'étaient fait un sang d'encre. Elle hausserait les épaules. Il serait encore plus triste.

Elle lui dirait aussi qu'il avait rendez-vous le lendemain à onze heures et demie au restaurant du coin. Elle ne préciserait par le nom de l'autre convive car il saurait déjà qui s'était.

Mais pour le moment, il restait là, dans la chambre de sa tante, à étudier les factures.

OoO

Cela faisait à peine cinq minutes que Draco se trouvait dans sa voiture, et il en venait à se demander si c'était vraiment une bonne idée. Pour lui, c'était la meilleure solution, vu la situation, mais dans son cœur, il ne se sentait pas bien du tout à la perspective que Harry rencontre Cédric.

Dans le fond, il savait que personne ne voulait que ça se produise, mais il était inutile de fuir. Mieux valait affronter ses peurs et régler le problème. Draco était parvenu à rassurer Harry, à lui faire comprendre que c'était le mieux à faire, et ce sans lui montrer qu'il était malade à l'idée que le tatoueur rencontre l'ancien prisonnier.

Près de lui était installé Sirius, la mine sombre. Il avait insisté pour venir lui aussi et il n'avait pas rencontré beaucoup de résistance de la part de Draco. Ce qui les stupéfia tous les deux, c'était qu'Isaline ne voulut pas venir, préférant rester chez elle. Un peu comme si tout cela n'avait pas d'importance.

Sa petite fugue de la veille n'était pas passé inaperçu et inquiétait tout le monde, même si personne n'osait en parler. Ils s'accordaient tous sur le fait qu'elle avait pété un câble et qu'elle avait besoin qu'on la laisse tranquille. En attendant, c'était à eux de s'occuper de Harry et de le surveiller.

A onze heures et quart pile, Harry sortit de la maison et s'assit à l'arrière de la voiture. A une époque, l'odeur du cuir ou du tissu usé des sièges lui donnait mal au cœur, à peine assis dans le véhicule, mais étrangement, monter dans la voiture de Draco ne le rendait pas malade, au contraire, ça le rassurait. Le jeune homme se pencha en avant et lui embrassa la joue avant de se tendre vers son parrain et en faire de même.

Le rendez-vous était fixé non loin du quartier, à quelques minutes en voiture. C'était un restaurant assez simple, pas très grand. Draco gara son véhicule de l'autre côté de la rue. Harry hésita, puis il se pencha en avant, tourna le visage de son petit ami vers lui et l'embrassa de façon appuyée, comme pour se donner du courage. Draco répondit à ce baiser, caressant sa joue, avant que le brun descende et entre dans le restaurant.

Le rendez-vous dura une demi-heure.

OoO

Harry entra dans le restaurant, la peur au ventre. Peu sûr de lui, il se présenta au serveur qui le conduisit à une table au fond de la salle où Cédric se trouvait déjà. Le voir là l'angoissa immédiatement, empirant son état déjà très nerveux. Néanmoins, il prit sur lui et s'assit à table.

En face de lui, Cédric semblait clairement enchanté, ses yeux pétillants de vie et ses lèvres esquissant un léger sourire. Son cœur s'emballa à la vue de son ex, qui avait mûri avec les années mais qui était toujours aussi beau. Il portait un jean délavé et un sweat prune par-dessus un tee-shirt blanc. Egal à lui-même, il n'avait toujours pas compris que ces fringues ne le mettaient pas du tout en valeur. Son mec acceptait-il vraiment de traîner avec lui quand il portait ces guenilles, qui le rendaient pourtant assez cool ?

Quant à Cédric, il était habillé très simplement d'un pantalon noir et d'une chemise beige, les premiers boutons d'ouverts, sa veste posée sur le dossier de sa chaise. Il respirait la classe, la douceur, et autant l'avouer, il était à tomber. Ses cheveux bruns étaient bien coiffés, quelques boucles s'échappant ça et là de la sévérité de sa coiffure, et ses yeux mordorés pétillaient.

Voilà l'homme que Harry avait aimé. Un homme beau, au sourire magnifique orné de dents blanches et bien alignées, qui savait parler, séduire, rassurer. Le voir le troublait, il avait l'impression de faire un saut en arrière. C'était bien différent de le voir avec une casquette et des lunettes dans la rue. A présent, il le redécouvrait. Il n'avait pas changé. A la fois, cela le détendait, et paradoxalement, ça l'angoissait.

« Bonjour, Harry. Comment vas-tu ?

- Bonjour, Cédric. Assez bien, et toi ?

- Bien mieux depuis que tu es arrivé. »

Dès qu'Harry fût installé et le serveur vint leur apporter les menus, puis les laissa seuls. Il y eut d'abord un silence gêné, Harry regardait la fourchette qu'il faisait tourner entre ses doigts. Finalement, Cédric brisa le silence, démarrant sur des sujets banaux, comme la boutique de tatouages. Il n'évoqua jamais le fait qu'Isaline elle-même lui avait précisé l'heure et le lieu du rendez-vous. Harry ne le fit pas non plus.

Le serveur vint prendre leur commande et il constata que l'humeur de la table était plutôt agréable. Il nota sur son calepin les plats et les boissons choisies, de l'eau avec un steak et des frites pour Harry, du vin et du poisson accompagné de légumes pour Cédric. Ce dernier avait essayé de le convaincre de prendre autre chose que ce plat mais Harry secouait la tête, demeurant fidèle à ses habitudes. Il prenait toujours ça quand il allait dans un restaurant, sauf quand Draco se mettait en tête de lui faire manger autre chose, et la plupart du temps, le blond ne se trompait pas.

C'était quelque chose qui n'avait pas changé, comme tant d'autres détails chez Harry. Ses cheveux noirs mal coiffés parsemés de mèches rouges, son léger sourire quasiment toujours esquissé par ses lèvres, ses piercings à ses oreilles, sa main qui ne pouvait s'empêcher de tripoter quelque chose quand il était nerveux, cette cicatrice dans le coin droit de son front, son rire et cet accent typiquement anglais si joli à l'oreille.

Pendant quatre ans, Harry était devenu un rêve, un homme disparu dont il gardait un souvenir plus ou moins idéalisé. Aujourd'hui, son rêve se concrétisait et il avait l'impression que ces mois passés avec lui n'étaient pas le fruit de son imagination, que sa disparition pure et simple de son univers n'était pas un leurre. Il se sentait bien, ragaillardi, admirant ce jeune homme plein de vie qui avait tout supporté par amour, et à qui il avait fait du mal par folie et égoïsme.

Il ne recommencerait plus. Cédric se l'était juré : plus jamais il ne lui ferait de mal, plus jamais il ne le ferait souffrir. Au contraire, il voulait être là pour lui et lui montrer qu'il était toujours le même, que sa folie avait disparu et qu'il ferait n'importe quoi pour lui. Le fait que son amour demeure malgré les aléas du temps, malgré tout ce qui s'était passé était tout simplement un miracle et l'ancien prisonnier s'émerveillait de ressentir autant d'amour pour le tatoueur malgré tout ce qui s'était passé. Et il restait persuadé que, au fond de lui, Harry était troublé de le revoir.

Et c'était le cas. Harry était troublé comme jamais de revoir Cédric, même s'il essayait de ne pas le montrer. Le revoir à nouveau lui-même, beau comme le jour, fragile mais souriant... Harry en venait à se demander comment tout cela avait pu dériver avant de se rappeler, après des sourires, quelques rires, que Cédric était un être à double visage. Le premier côté était un soleil séducteur, le deuxième côté une lune destructrice. D'une part, le garçon charmant qui l'avait trompé avec des filles, et de l'autre part, un garçon malade qui l'aimait et le frappait.

Le tatoueur pensa à Draco qui l'attendait dans sa voiture, sûrement plus stressé que lui. Il l'imaginait angoissé, les mains cramponnées au volant ou se tordant les doigts. Une bouffée de chaleur lui remplit le cœur soudainement et il esquissa un léger sourire en se remémorant son visage. Cédric interpréta très mal son expression presque amoureuse alors que les plats venaient d'arriver. Il n'avait jusque là jamais évoqué ses sentiments, cette situation difficile dans laquelle ils se trouvaient. Osant le tout pour le tout, il posa sa main sur celle de Harry.

Aussitôt, le brun retira sa main sèchement, lui jetant alors un regard étonné puis mauvais. Cédric déglutit, se rendant compte qu'il avait fait une gaffe. Le visage de Harry se détendit et il prit ses couverts s'apprêtant à commencer à manger, la mine fermée.

« Harry, je suis désolé, s'excusa-t-il avec honnêteté.

- Pas grave.

- Si, tu t'es refermé, objecta Cédric. Je suis désolé, je suis allé trop vite.

- C'est pas une question d'aller trop vite, fit Harry en soupirant. Le problème, c'est que tu te fais des illusions. »

Le tatoueur leva les yeux vers lui, avalant un morceau de viande qui lui fit l'effet d'un bout de carton pâte entre ses dents.

« Ecoute-moi, Harry, je...

- J'ai un copain, Cédric.

- Je sais, je l'ai vu. Comment s'appelle-t-il ?

- Tu le sais. »

Evidemment qu'il le savait. Draco Malfoy. Le regard de Cédric s'assombrit, il allait devoir la jouer serrer pour ne pas perdre Harry, alors qu'il le tenait enfin.

« C'est lui qui m'a convaincu de venir ici, lui avoua le brun. Il pensait que c'était la meilleure solution pour régler le problème.

- Moi aussi je voulais te voir, dans ces conditions-là, ajouta Cédric, parlant sur un ton raisonnable comme un s'adresserait à un enfant. Ca me permet de vraiment te parler, et de te demander pardon pour tout ce que je t'ai fait. Je l'ai écrit mille fois dans ces lettres auxquelles tu n'as jamais répondues.

- Je ne les ai jamais ouvertes. »

Coup de poing. Pas le premier. Mais douloureux quand même.

« Je sais que tu m'en veux et c'est normal, reprit-il, imperturbable, les mains croisées. Je ne vais pas m'étendre sur les détails, ça ne sert à rien, mais le fait est que je regrette profondément et que ces années de prison m'ont aidées à prendre du recul. Je me suis soigné, et...

- C'est vrai que je t'en veux, Cédric, et au fond de moi, je ne pourrai jamais te pardonner, même avec toute la volonté du monde.

- Je ne te demande pas de me pardonner, mais au moins de tolérer ma présence...

- Je ne peux pas.

- Harry !

- Je ne peux pas. Vis-à-vis de Draco, je ne peux pas. »

Nouveau coup de poing. Pas le premier, ni le dernier.

« N'imagine pas que, moi, j'en ai envie. Mais avant de penser à moi, je pense à lui. Il est important pour moi. Déjà qu'il est énervé que je sois là...

- C'est pourtant lui qui t'as convaincu de venir, grinça Cédric.

- Mais attends, mets-toi un peu à sa place ! Je suis ici avec mon ex, un mec qui m'a fait du mal...

- Non, je ne me mets pas à sa place. »

Son regard chaleureux vira au noir. Non, il ne pouvait pas se mettre à la place de ce type, il le haïssait. Il se demandait bien ce que Harry pouvait trouver à cet homme. Il n'avait pas l'air très aimable, voire même hautain. Etudiant en médecine, élève brillant, Harry devait en baver avec un type pareil...

Un type du même gabarie que Cédric...

« Je n'aime pas ce type.

- Le contraire m'aurait étonné.

- Qu'est-ce que tu lui trouves ? Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ?

- Tout. »

Harry prit une frite, la mit dans sa bouche et la mâchouilla un peu avant de l'avaler, sans quitter Cédric des yeux. Ses mains ne tremblaient pas, mais son cœur battait très vite. Il pouvait presque le voir se lever et lui en coller une d'un geste rapide de la main.

« Il a des défauts, comme tout le monde. Mais lui, il ne m'a jamais frappé. Il m'aime, il n'a pas honte de moi, il a accepté qui j'étais, mon passé et mon travail. On a nos disputes, on a failli se séparer. Ca fait six mois qu'on sort ensemble, c'est mon premier copain depuis toi. J'ai jamais pu tourner la page avant lui, car j'avais peur d'être déçu et de souffrir. Mais lui, il m'a tout donné. Ca s'est fait progressivement, pas tout d'un coup, mais avec lui, j'ai découvert qu'être homosexuel n'était pas une tare et qu'on pouvait vivre avec. »

Ses yeux vert émeraude brillaient et sa langue se déliait. C'était un peu comme s'il lui ouvrait son cœur.

Il ne connaissait pas cet Harry-là. Il ne connaissait pas cet homme-là, qu'il avait à peine aperçu par moments, et qui lui parlait avec son cœur sans s'autocensurer. Pendant un instant, il revit le jeune homme sanglotant dans son coin parce qu'il s'était pris un coup.

Cédric serra les dents. Il avait mal.

Il ne connaissait pas cet Harry-là.

Celui qui n'avait peur de rien, ni de ses mots, ni de ses actes.

Le Harry libéré qui vivait, enfin.

« Et moi je l'aime. J'ai vraiment l'impression de vivre quand je suis avec lui. Je sais que je peux tout lui dire et il est ouvert avec moi. Il a besoin de moi autant que j'ai besoin de lui.

- Tu m'as oublié ? »

Des mots douloureux à articuler. Faisaient mal.

« Oui. Depuis longtemps. Mais j'ai vraiment tourné la page avec Draco.

- Je t'aime, Harry. Je t'aime encore, je... »

OoO

Sirius regarda sa montre, puis il se dit que c'était inutile de regarder l'heure comme ça : Harry ne sortirait pas du restaurant avant un bout de temps, ce qui était normal après tout. Néanmoins, plus vite il sortirait, mieux il se sentirait.

Près de lui, Draco était de plus en plus nerveux. Il l'était déjà quand Harry était sorti de la voiture, d'où ce baiser que le brun lui avait donné, à la fois pour se donner du courage et aussi pour rassurer son homme.

Brisant le silence de la voiture, Sirius avait eu une conversation avec Draco qui lui avait avoué avoir peur que Harry le quitte pour Cédric, le découvrant sous un nouveau jour bien plus saint. On n'oublie jamais une personne qu'on a aimée, dit-on. Sirius avait alors entrepris de lui expliquer que, précisément, Harry ne pourrait jamais oublier Cédric mais il avait tiré un trait sur lui depuis bien longtemps.

Depuis qu'il sortait avec Draco, Harry s'était comme réveillé d'un long sommeil. Il était plus épanoui, des étoiles brillaient dans ses yeux. En somme, il était plus heureux. Sirius ne l'avait jamais vu ainsi. Dans son cœur, c'était son homme, l'idéal, l'être parfait qui lui fallait. Après, les années pouvaient dégrader cette image d'idole et le couple venait à se séparer. Mais pour le moment, Harry ne voyait que Draco et ce n'était pas Cédric qui allait le détrôner de son cœur.

Le blond parut plus rassuré quand il lui dit ces mots, mais l'angoisse demeurait. Sirius était étonné qu'on se batte autant pour un simple tatoueur. Certes, il avait du charme, mais tout de même. Enfin, ça avait quand même quelque chose de valorisant, qu'on s'arrache son filleul.

Tout d'un coup, Sirius sortit de ses pensées : Harry quittait le restaurant. Etonnés, ils virent le tatoueur s'apprêter à traverser mais Cédric, sortant à son tour, le tint par le bras. Il parut suppliant, la mine triste, les yeux sans doute paniqués. Inflexible, Harry le regardait droit dans les yeux, sans grande émotion. On aurait dit qu'il lui annonçait sa sentence, qui paraissait sans appel. Puis, il dégagea son bras et traversa la route, sans un regard en arrière. Cédric voulut le poursuivre mais, répondant à un coup de sang, Draco ouvrit la porte de sa voiture et se leva. Il lui jeta un regard terrible, tandis que Harry entrait dans sa voiture. Le genre de regard qui vous arrêtait en pleine course, qui vous glaçait le sang.

Puis, il se rassit et démarra.

OoO

Assise dans son salon, Isaline les entendit entrer dans la maison en silence. Liloute se leva pour les accueillir puis revint vers sa maîtresse. La tatoueuse ne bougea pas d'un pouce, les yeux fixés sur l'écran de la télévision. Son coup de blues la maintenait clouée au canapé. Pour une fois, elle ne se mêlerait pas de ce qui ne la regardait pas.

De leur côté, Harry et Draco se retrouvèrent dans la chambre, assis sur le lit, l'un contre l'autre. Le jeune homme n'avait pas été très bavard dans la voiture. Draco avait déposé Sirius chez lui, le remerciant d'être resté avec lui, puis il avait roulé jusqu'à la boutique. Là, Harry s'était penché vers lui et lui avait dit qu'il voulait lui raconter. L'étudiant ne se le fit pas répéter deux fois.

Pendant un long moment, Harry lui raconta ce qui s'était passé. Il lui raconta que ça avait été agréable de passer ce moment avec lui, qu'ils avaient parlé de tout et de rien avant d'arriver aux sujets qui fâchent. Il lui répéta ce qu'il avait déjà dit à Cédric. Contrairement à ce que le brun avait pensé, la mine sombre de Draco ne s'éclaira pas quand il lui fit cette déclaration d'amour indirecte. Il pensait qu'il aurait au moins une petite réaction, mais non. Rien du tout. A croire qu'il lui parlait du débat intérieur qui faisait rage en lui à chaque fois qu'il achetait des croquettes pour Liloute.

Finalement, quand le récit fut terminé, Draco ouvrit la bouche.

« Comment tu te sens ?

- Pardon ? S'étonna Harry.

- Comment tu te sens ? Tu es troublé ? »

Cette question le prit au dépourvu et Harry voulut ne pas répondre, mais il décida d'être honnête.

« Oui. J'ai été troublé. »

Le regard de Draco ne changea pas mais il se mordilla légèrement la lèvre inférieure.

« Je n'arrive pas à le haïr, expliqua le brun avec franchise. Je lui en veux, c'est vrai, je ne lui pardonnerai jamais. Mais tu sais, quand je suis rentré et que je l'ai vu si heureux, je me suis senti bien.

- Il te plait encore, alors, en conclut Draco.

- Je n'ai pas dit ça, protesta Harry.

- Mais tu le penses.

- Pas du tout ! Il a été mon amoureux à une époque, c'est normal que je sois troublé en le voyant. A ma place, tu aurais agi d'une autre façon ?

- Harry... »

Draco sentit une paire de lèvres sur sa joue. Il ferma les yeux un court instant, puis tourna la tête vers Harry, qui semblait désolé. Désolé de l'inquiéter, de créer de l'angoisse dans son cœur, de le faire douter. Le blond prit sa main dans les siennes, en caressant le dos puis ses doigts.

« Sois honnête avec moi, Harry. Ne me dis pas ce que tu devrais me dire, à moi, ton petit ami. Dis-moi ce que tu ressens vraiment pour lui et pour moi. Je ne le prendrai pas mal : je saurai quoi faire selon la situation. »

Draco ne le regardait pas, et alors, Harry se rendit compte à quel point il était malheureux de cette situation. Lui qui lui paraissait toujours au-dessus de tout, sachant gérer toutes les situations...

Alors Harry décida d'être honnête.

« Je suis troublé par Cédric, parce que ça fait bizarre de le voir comme ça après quatre ans, mais pas au point de mettre en doute ce que je ressens pour toi. Je t'aime, et c'est pour ça que j'ai quitté le restaurant : je ne veux pas de lui autour de moi, ni dans ma vie. Lui, il le voudrait et il n'accepte pas le fait que j'ai quelqu'un. Mais j'ai un copain, j'ai un amoureux, et rien ni personne ne pourra changer tout ça. »

Draco opina de la tête puis porta la main qu'il tenait entre les siennes à ses lèvres. Il l'embrassa doucement et ce geste ému Harry au plus haut point. La tête baissée, Draco regarda cette main contre ses lèvres, contre son visage. Le brun se pencha vers lui et chuchota, comme une confidence, quelques mots.

« Ne doute pas de moi, Draco. Tu es le seul. Tu seras toujours le seul. J'ai presque envie de remercier Cédric de m'avoir fait ça, car sinon, je ne t'aurais jamais rencontré."

Draco serra sa main avec plus force, la gardant toujours contre son visage. Harry se demanda l'espace d'un instant si c'était possible de tomber encore plus amoureux d'un homme qu'il ne l'était déjà à présent.

OoO

« Allo ?

- Théo, c'est Ron ! Tu vas bien ?

- Ouais, on fait aller.

- Ca n'a pas l'air...

- Bah je sais pas, on dirait que Sahara est malade.

- Ca peut tomber malade, un python ?

- Bien sûr, couillon !

- Et qu'est-ce qu'elle a ?

- Je sais pas, elle a pas faim, et puis je la trouve bizarre. Crystal a la pêche, par contre.

- Bah tant mieux. Je t'appelais pour savoir si t'étais libre demain soir, je sors avec Hermione et mes frères. Harry et Draco doivent venir, ça va les dérider un peu. Tu viens avec Seamus ?

- Ouais, pourquoi pas... Je te rappelle ce soir, l'autre tafiole est pas là.

- Ah bon ?

- Ouais, rendez-vous galant.

- Ca n'a pas l'air de t'enchanter des masses.

- Son mec a une tête de con. Enfin, celui qui devrait devenir son copain si tout se passe bien ce soir.

- Bah en même temps, t'as pas une meilleure tête, toi.

- Mais je t'emmerde !

- Moi aussi, ça tombe bien ! Allez à plus, oublie pas de m'appeler !

- Ok, à plus. »

OoO

Les mains tendues, il attendit avec un sourire que sa marraine y dépose l'œuf en chocolat qu'elle lui avait promis s'il était sage. Une fois son œuf Kinder© posé au creux de ses paumes, Teddy galopa dans le salon où Isaline, le suivant, lui mit un autre DVD : La belle et la bête. Elle se dit que, malgré la nouvelle génération de dessins animés qui polluaient leurs écrans, il y avait encore des gosses qui étaient charmés par les chefs-d'œuvre de Walt Disney. Enfin, il ne devait pas être le seul, ces vieux animés étaient devenus un peu ringards, alors que certains gosses avaient grandis avec La petite sirène et Aladdin. Un léger sourire aux lèvres, elle se revit valser avec Sirius dans le salon tout en chantant la chanson du bal dans la Belle et la Bête, à moitié bourrée, sous les rires de Nymph' et Harry.

De bons souvenirs, tout ça, et ça la faisait rire quand Teddy se protégeait derrière un oreiller quand la Bête apparaissait pour la première fois. Ca lui rappelait Harry qui se cachait la tête sous un oreiller du canapé quand la sorcière de Blanche-Neige apparaissait, ne la sortant que quand elle n'était plus là.

La tête pleine de souvenirs, Isaline sortit du salon tandis que son filleul demeurait devant la télévision, assis par terre devant de la table basse, à grignoter son œuf Kinder©. Il ouvrit le petit œuf jaune en plastique à l'intérieur sans difficultés pour en extraire le jouet. Quand il était plus petit, son parrain utilisait ses dents pour l'ouvrir car l'entreprise n'avait toujours pas compris que c'était une tannée à ouvrir pour des enfants. Sa marraine le grondait à chaque fois, mais ça ne l'empêchait pas de recommencer.

Teddy était jeune, trop petit pour comprendre ce qui se passait autour de lui. Pourtant, il savait que quelque chose n'allait pas. Tout était tendu autour de lui, que ce soit sa maman qui baissait les yeux sans dire un mot, sa marraine qui ne l'écoutait pas beaucoup ou encore Harry qui ne finissait pas son assiette. Pour compenser, Teddy faisait des sourires à tout le monde, écoutait ce qu'on lui disait et mangeait tout, même s'il n'aimait pas trop.

Le petit garçon se sentait un peu inquiet, voire même un peu triste. Voir les gens se faire la tête, se gronder ou garder le silence l'angoissait, lui qui était tant habitué aux rires, aux longs bavardages qui le berçaient. Même à la maison, c'était tendu entre sa maman et son papa. Il ne savait pas pourquoi, mais ils s'étaient disputés très fort la veille.

La seule chose qui était bien, en ce moment, c'était que Draco passait souvent à la maison. Teddy aimait bien Draco parce qu'il était gentil avec lui : il pouvait rester longtemps sur ses genoux sans qu'il ne dise rien et il avait le droit de piquer dans son assiette avec sa fourchette. C'était l'amoureux de Harry, il lui faisait des bisous. A Teddy aussi, il faisait des bisous, des fois.

En fait, tout le monde était gentil avec Teddy, mais tout le monde était triste aussi, donc l'enfant l'était aussi. Assis dans le canapé, le papier aluminium de l'œuf et le jouet démonté sur la table, il caressait le vendre de Liloute allongée contre lui, semblant dormir. S'il avait été plus grand, il aurait compris que cette angoisse qu'il ressentait était due à des évènements assez graves. Mais il était trop jeune pour comprendre que le couple fragile d'Isaline menaçait de se casser la figure, que Harry vivait un moment compliqué et que sa maman supportait tout ça sans rien dire.

OoO

Des gardes du corps le suivaient toujours. Draco trouvait cela lassant, mais il laissait faire. Harry avait fini par décliner l'offre de Lucius Malfoy : il sortait peu de chez lui et il ne voulait pas se cacher derrière de gros malabars parce qu'il avait peur d'un type fragile et qui n'avait plus les moyens de lui faire du mal. Draco et son père voulurent protester mais rien n'amena Harry à changer d'avis. De dépit, Draco avait demandé de l'aide à Isaline pour le convaincre. Elle n'avait pas réagi.

En quittant la maison, après le rendez-vous, Draco s'était disputé de façon assez sérieuse avec elle. Il lui reprochait de rester complètement à l'écart de cette affaire depuis quelques jours. Ils ne savaient pas où elle était passée ni ce qui lui était passé par la tête, ce qui avait inquiété tout le monde. De plus, la vie Harry était menacée, un malade d'amour le poursuivait et pas sûr qu'il s'arrête là malgré leur rencontre. Elle pouvait donc avoir des soucis de cœur, mais cela ne concernait en rien Harry qui avait besoin de soutien. A croire qu'elle s'en fichait, de tout ça !

Draco Malfoy avait oublié quelque chose. Il avait oublié que cette femme avait du caractère, qu'elle avait été patronne toute sa vie et qu'elle ne laisserait jamais un gamin de presque vingt-trois ans lui dicter sa conduite. Il avait oublié que c'était une femme qui avait de la répartie et, quand elle voulait dire quelque chose, ne passait pas par trente-six chemins.

En moins de dix minutes, Isaline Anderson le remit à sa place de façon mémorable. Furieuse qu'il lui parle de cette façon et qu'il lui fasse ce genre de reproches, elle objecta que c'était la première fois depuis qu'ils se connaissaient tous les deux qu'elle faisait un acte irréfléchi, et à ce qu'elle en savait, c'était toujours Harry ou Sirius qui faisaient des conneries, comme des tentatives de suicide, des cachotteries, des sorties imprévues... Elle ne dérangeait jamais personne et restait dans son coin à se ronger les sangs.

Quant à Harry, elle estimait s'être fait suffisamment de soucis à son sujet. Pour une fois, c'était à Sirius et Nymph' de gérer la situation. Harry avait fermé sa bouche parce qu'il avait peur de sa réaction, à elle, alors maintenant, Isaline ne se mêlait plus de rien, elle les laissait agir comme des grands. Si Harry avait besoin de soutien, il pouvait compter sur elle, mais pour le moment, elle était fatiguée de s'inquiéter pour tout alors que les autres laissaient couler.

Draco se fit démonter en moins de dix minutes. Harry voulut protester et le défendre mais elle lui dit de se la boucler, cette conversation ne le concernait pas. Le blond ne put rien dire, elle réfutait chacun de ses arguments. Hors de lui, il quitta la maison en claquant la porte, serrant les dents si fort que cela lui fit mal aux mâchoires. Le soir même, Harry l'appela en s'excusant, mais il était toujours sur les nerfs.

Le lendemain seulement, Draco s'apaisa et comprit son comportement. Lui-même avait toujours l'habitude de se référer à elle, de lui parler et de s'arranger avec elle, sans jamais vraiment prendre en compte Sirius ou Nymph'. Elle était comme un pilier indestructible dans leur existence, et dans celle de Draco, aussi. Il comprenait qu'elle soit lasse et qu'elle en ait marre. Il en venait à regretter ce qu'il lui avait dit et il avait honte de s'être fait démonté de cette façon par une femme qui avait l'âge d'être sa mère.

Le mieux était de lui demander pardon, mais Draco était tellement embarrassé qu'il n'osait pas aller chez Harry pour s'excuser auprès d'elle. Evidemment qu'elle n'était pas bien, se faisant du souci pour son neveu, mais elle avait décidé que, pour une fois, elle ne gérerait pas la situation. Elle avait déjà donné. C'était une sorte de crise existentielle qui ne tombait vraiment pas au bon moment...

Près de lui, Blaise se faisait aussi du mouron. Tous leurs amis savaient que Cédric était de retour dans le coin, Olivier avait proposé de s'occuper de son cas, rapidement rejoint par Ron et Théo. Draco les imaginait parfaitement faire la misère à Cédric, mais encore une fois, ce n'était pas la bonne solution. Cho, quant à elle, restait dans son coin sans se manifester, bien qu'Olivier ait fait comprendre à Draco qu'elle était d'une humeur noire.

En somme, tout le monde était inquiet car personne ne savait comment Cédric allait effectivement réagir. Draco n'était pas dans un meilleur état, même s'il était quelque peu rassuré. Harry avait besoin de lui et il montrait l'importance qu'il accordait à Draco de diverses manières, ce qui ne pouvait que le conforter dans l'idée qu'il était le seul amoureux de Harry.

Il en avait parlé avec Blaise. Voir Cédric en vrai avait remué quelque chose en lui. Cela n'avait pas duré longtemps, pourtant. Il avait vraiment vu son visage le jour de la rencontre, où il était sorti pour rattraper Harry. Et, quelque part au fond de lui, il avait eu mal. Cédric devenait plus concret, il voyait l'homme qu'il était et il imaginait l'homme qu'il avait été. Il voyait un Harry de dix-sept ans lui tenant la main, un sourire éclatant aux lèvres.

Il n'y avait pas que de la jalousie. Il y avait de la peur et de la douleur aussi. Ces pensées ne cessaient de revenir encore et encore, il passait son temps à les ressasser, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que Harry avait vraiment aimé cet homme pour supporter tout ce qu'il avait subi, et autant l'avouer, Cédric Diggory était beau. Le genre d'homme parfait qui n'existe que dans les magazines. Draco se sentait fade à côté, moins brillant, plus froid...

Harry l'avait rassuré, il avait essayé d'atténuer ses doutes. C'était plus ou moins réussi. Draco avait décidé de lui faire confiance.

Ce n'était pas pour autant qu'il se sentait bien, loin de là. Il était en train de sortir de la salle de cours, où il avait passé trois heures en compagnie de Severus Rogue, et il s'apprêtait à aller bosser à l'hôpital. Dehors, il faisait bon, mais Draco avait du mal à s'en réjouir : une voiture l'attendait dans un coin, avec à bord deux gardes du corps. Là étaient ses exigences : il ne voulait personne dans ses pattes quand il était dehors, donc la surveillance devait être la plus discrète possible.

Il allait se rendre à la voiture, accompagné de Blaise qui avait les mêmes horaires, quand soudainement il s'arrêta. Son ami s'en étonna et l'interrogea du regard. Draco avait regard fixe, dirigé vers sa droite. Blaise comprit rapidement pourquoi il regardait cette direction, et quand Draco alla de ce côté-là sans lui adresser un mot, il le laissa faire, le regardant de loin.

Lentement, comme dans les films, Draco s'avança vers Cédric Diggory qui se tenait non loin de la route, le regardant de loin. Draco l'avait immédiatement reconnu : il ne portait pas de casquette ni de lunettes. Plus il avançait vers lui, plus il se disait que ce type était en trop bonne forme pour être un ancien taulard. Il était musclé, sans doute plus que Harry, ses cheveux n'avaient pas perdu leur éclat et il n'y avait rien de dépressif dans ses yeux.

De même, Cédric le détaillait. Draco Malfoy était un homme de taille normale, de la sienne en fait. Fin, blond comme les blés, il avait le teint clair et des yeux bleus. En somme, c'était une beauté nordique, un homme avec beaucoup de charme, si on aimait les glaçons sur pattes. Le genre de garçon ténébreux et secret que les filles s'arrachaient. Pas du tout le genre de Cédric, mais bien celui de Harry. Pourtant, Cédric ne pouvait s'empêcher de penser que, même s'ils venaient du même milieu, cet homme avait l'air radicalement différent de lui.

Il paraissait sérieux. Pas un petit ami de passage.

Ils furent l'un en face de l'autre, se jaugeant du regard. Draco n'avait absolument pas peur de lui, ni de ses mots, ni de ses poings. Son cœur battait à la chamade. Il s'efforçait de garder une attitude neutre, sans colère ni haine. Ce qui était moins le cas de son vis-à-vis.

« Je peux savoir ce que tu fais ici ? Lui demanda Draco sans faire de détour.

- Te parler.

- Y'a d'autres endroits pour parler que le parvis de ma fac.

- J'allais pas sonner chez toi, tu ne m'aurais jamais ouvert, répliqua Cédric avec un sourire amer.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Le coupa-t-il. De quoi veux-tu parler ? Tout a été dit, je crois.

- Harry est parti avant.

- Avant quoi ? Que tu ne lui déclares tes sentiments, que tu ne lui dises que tu es prêt à changer ? Tu aurais dû faire ça avant, pas quatre ans après, et pas après l'avoir torturé comme tu l'as fait. »

Il savait tout. Harry lui avait tout raconté de A à Z. Une fois de plus, Cédric le maudit. Ce type était plus jeune que lui et lui parlait d'un ton supérieur, comme s'il était mieux que lui, comme si Cédric n'était qu'un tas de détritus. Il devait se sentir en position de force par rapport à lui.

« Tu ne sais rien de moi, rien de Harry, objecta Cédric. Tu ne sais pas qui je suis.

- Ca ne m'intéresse pas, répliqua Draco.

- Harry et moi, nous avons vécu une véritable histoire. Il m'aimait assez pour tout supporter et vouloir m'aider...

- Cédric, stop, fit soudain le blond en levant les mains. J'ai pas envie d'écouter ce long discours, t'as pas à te justifier devant moi. C'est à Harry et à ceux que tu as blessés que tu dois le faire. Comme tu le dis, je ne te connais pas et je ne veux pas savoir qui tu es. Tu fais partie du passé de Harry. Je suis son présent.

- Ne te fais pas d'illusions, répliqua l'ancien prisonnier. Tu penses vraiment être important pour Harry à ce point ? Je l'ai troublé, je le sais. Il agit comme il est obligé d'agir : il me repousse et reste avec toi. Mais qui dit qu'il n'a pas envie de me redonner une chance ? Que je sois au moins... »

Soudain, Draco éclata de rire. Un rire froid, mauvais.

Il le prenait pour un con.

« Pourquoi tu ris ? S'écria Cédric, les poings serrés.

- Parce que tu agis dans la précipitation sans réfléchir. Toi non plus tu ne sais pas qui je suis. Tu n'as pas assez de recul, je pense. Tu me prends pour un abruti et tu penses que ce sera facile de me faire douter. Ne crois pas ça : Harry est honnête avec moi. S'il te voulait dans sa vie, il me le dirait.

- Non...

- Oh si. Harry déteste mentir et il sait que je le vivrais très mal s'il me cachait ce genre de choses. Je préfère savoir et agir en conséquence. Or, tu n'es pas un concurrent pour moi.

- C'est ce que tu penses. Ou, plutôt, ce que tu veux croire. Moi, je crois le contraire. Je connais Harry et je sais ce qu'il aimait chez moi, ce qu'il aimait que je fasse. Je sais ce qui le fait craquer. Je l'ai vu, au restaurant : il était à l'aise, trop à mon avis. Il suffirait d'un peu pour qu'il me tombe dans les bras. »

Le sourire de Cédric était suffisant, mais Draco ne flancha pas. Il voyait à son attitude que le comportement du blond le déroutait et, le mieux dans cette situation, c'était de continuer à jouer le mec froid, un peu méprisant et sûr de lui.

Et pourtant...

« Il suffit d'être naturel avec lui, de ne pas jouer les hommes séducteurs, sur-jouer un rôle préconçu. En se montrant soi-même, en prenant soin de lui, en lui donnant au compte-goutte ce qu'il veut, il est possible de l'apprivoiser. Harry est un homme complet qui a tendance à penser aux autres avant lui-même, qui se sent heureux quand les autres le sont. Je ne dis pas qu'il est facile à manipuler, mais il n'est pas compliqué à séduire. Il suffit de le connaître et de le faire rêver. »

Menteur. C'était des mensonges.

« Je ne suis pas quelqu'un qui prend son temps : quand je veux sortir avec quelqu'un, c'est tout de suite. Bien sûr, avec lui, j'ai longuement hésité, pour des raisons que tu imagines. Mais en fait, je n'ai pas mis longtemps à l'avoir dans ma poche. »

Il avait mis plus de trois ans avant de refaire confiance à quelqu'un. Il ne s'était jamais donné à Cédric...

« Tu n'es qu'un substitut, Draco Malfoy.

- Un substitut de quoi ? D'un schizophrène qui aime un homme mais qui le frappe parce que leur relation est un crime ? Oh je t'en prie, tout mais pas ça ! »

Draco prit un air agacé, les poings sur les hanches. Cédric, coupé dans son argumentation, fronça les sourcils.

« Tu ne peux pas comprendre.

- Ah oui, tu crois ? Dis-moi, Cédric Diggory, fit Draco avec un léger sourire sur le ton de la confidence. Harry t'a-t-il déjà parlé de ce qui est arrivé à Nymph' ? Tu sais, Isaline voulait sa garde, et...

- Bien sûr, qu'est-ce que tu crois !

- C'est mes parents qui voulaient sa garde. »

Cela jeta comme un froid entre eux. L'ambiance tendue se resserra. Le cœur de Draco battait si fort qu'il sentait son sang pulser dans ses tempes. Il le dominait. En cet instant, alors que Cédric assimilait la situation, Draco comprit qu'il le dominait. L'ancien prisonnier en resta sans voix.

« C'est pas possible.

- Si. Je ne le savais pas. Disons qu'Isaline a tout fait pour qu'on ne le sache pas. Mais quand mon père et Harry se sont rencontrés, il y a eu comme un clash. Ca ne nous pas empêché de rester ensemble. Isaline et mes parents se détestent, mais ils nous acceptent sans aucun problème. Qu'as-tu à répondre à ça ? »

Rien. C'était vrai : Cédric était venu le voir sans vraie préparation, pensant qu'il l'impressionnerait et parviendrait à lui faire peur, mais c'était loin d'être le cas. Cet homme se tenait fermement sur ses jambes, au courant de tout et préparé à une confrontation, semblait-il.

Il avait envie de le frapper. De le tuer. D'écraser son visage contre le sol. Ce joli visage qui avait charmé Harry, qui l'avait rendu important à ses yeux.

Un homme qui avait été capable de faire ce que lui n'avait jamais pu faire. Il avait été capable de se comporter normalement avec lui sans jamais avoir honte de leur relation, l'assumant au grand jour, comme si c'était normal de sortir avec un homme.

Cédric n'avait pas pu. Il n'avait pas su. Il y avait trop de poids sur ses épaules, trop d'attentes. Son père voulait quelque chose de bien, de grand, de beau pour lui. Cédric était un estropié, son rêve de devenir sportif de haut niveau avait volé en éclats. Sa vie était chaotique, entre ce qu'il faisait et ce qu'il voulait faire, entre ce qu'il était et ce qu'il devait être. Harry était son péché, un amour essentiel à sa vie, le seul de son existence, et qui en même temps représentait le pire crime qu'il aurait pu commettre.

Il l'avait frappé. Il lui avait fait du mal. Il avait essayé de l'aimer comme il faut, mais il avait échoué. Harry l'énervait, l'exaspérait, le menait à bout. Harry le laissait faire, subissait, acceptait tout. Un cercle vicieux qu'il ne parvenait pas à quitter : Harry était à lui, il le lui disait, il ne le quitterait jamais. On peut faire ce qu'on veut avec ce qui est acquis.

Et puis Harry était parti. Il l'avait récupéré. Il le voulait, en entier. Mais Harry se refusait, parce qu'il lui faisait mal. Cercle vicieux. Brisé par une porte défoncée par des flics.

Quatre ans étaient passés. Quatre ans et Harry avait refait sa vie, fréquentant un homme différent de lui et qui le rendait heureux.

« Renonce à lui. »

Regard sombre. Regard mordoré blessé. Métal brisé. Cœur écrasé.

« Non.

- Ce n'est pas un conseil.

- Tu ne peux pas le récupérer. Tu l'as perdu il y a longtemps.

- C'est ce que tu crois.

- Il y a quelque chose que tu n'as pas l'air de comprendre : tu lui as fait du mal. Tu saisis, ça ? Non, tais-toi ! S'exclama soudain Draco, haussant le ton. Il a souffert à cause de toi et la seule chose que tu trouves à faire c'est de venir le voir et d'exiger une chance comme si c'était un dû. »

Draco s'approcha de lui. Cédric le regarda avancer, perdu. Ses idées étaient embrouillées. Il n'aurait pas dû venir sur un coup de tête.

« Eloigne-toi de lui, dit l'étudiant d'une voix basse. Ne l'approche plus. Laisse-nous vivre. Ou ça ira très mal pour toi. Tu n'es pas le seul à avoir des amis. »

C'était une menace voilée, et aussi un sous-entendu. Cédric serra les dents. Il était pathétique et il en avait conscience.

Draco pensa à tourner les talons et aller vers la voiture où ses gardes du corps l'attendaient. Mais le regard de Cédric se durcit. Draco sentit que quelque chose clochait, mais il ne savait pas quoi.

Il le sut rapidement.

« J'ai semé le doute en Harry. Je l'ai vu à ses yeux. Il est trop gentil pour me laisser moisir dans mon coin. Et si tu connais Harry, tu sais qu'il est capable de mentir, et tu n'y verras rien. Je le connais mieux que toi. Je sais comment il fonctionne. Je connais ses faiblesses. Tu penses m'être supérieur parce que tu as réussi là où j'ai échoué ? Mais n'oublie pas une chose, Draco Malfoy : j'ai été la première personne qu'il a aimée, et s'il a éprouvé ces sentiments pour moi, s'il m'a supporté tout ce temps, c'est qu'il y a bien, une raison, non ? »

Ne rien dire. Ne pas bouger.

Ne pas crier.

« Tu penses que je lui ai toujours fait du mal ? Qu'on a jamais été heureux ? Pour être amoureux, il faut s'accrocher à quelque chose. Quelque chose d'important. Je n'ai pas passé tout ce temps à le frapper, tu sais… Je l'ai aimé, et je le lui ai montré. Certains moments que tu passes, avec lui, je les ai vécus, moi aussi. »

Pendant un instant, Draco se rappela de la petite crise de larmes que Harry lui avait faite, le jour de l'anniversaire de Ron et Théo, lui avouant qu'il était un peu jaloux de Seamus, avec qui l'étudiant avait eu une relation relativement longue. Et à présent, il comprenait ce que Harry avait ressenti : tous les deux avaient vécu une histoire avec un homme, et s'ils étaient resté avec lui, il y avait bien une raison. Une raison plus profonde pour Harry. Il aimait Draco au delà des mots. Mais à une époque, ce n'était pas lui, c'était Cédric…

Aucune émotion ne transparaissait sur le visage de Draco, qui regardait Cédric droit dans les yeux. Mais ce dernier souriait légèrement. Il tourna les talons et s'en alla, montant dans sa voiture de location, plantant l'étudiant là où il était. Se reprenant, ce dernier retourna à sa propre voiture, suivant Cédric du regard jusqu'à ce que son véhicule disparaisse de son champ de vision. Une fois installé dans la voiture, Draco Malfoy ordonna à l'un des types d'arrêter de le surveiller mais de tourner autour de la boutique de tatouages où Harry travaillait.

Pendant tout le trajet, Draco serra les dents, les sourcils froncés. Quelque chose en lui paniquait, et il avait la désagréable envie de pleurer.

C'était stupide, pourtant.

Vraiment stupide…

Mais ses yeux piquaient…

OoO

Rémi était encore passé, et une fois de plus, Isaline l'avait envoyé bouler. De façon assez douce, certes, mais elle l'avait quand même jeté dehors.

Le médecin ne comprenait pas son comportement, ça le dépassait, et il s'était énervé : qu'elle lui fasse la tête, d'accord, mais là elle dépassait un peu les bornes. Demander pardon le lassait, surtout qu'elle ne semblait même pas lui en vouloir : elle voulait juste être seule. Rémi avait essayé de comprendre pourquoi elle s'entêtait à ne plus lui parler, elle s'était contentée de soupirer en lui disant qu'elle voulait un peu de silence. Finalement, elle s'énerva à son tour et le mit dehors, décidant que, pour le coup, autant utiliser une bonne raison bidon pour le faire déguerpir : il l'avait jetée dehors sans l'écouter, c'était à son tour maintenant.

Le souci était que le médecin n'était pas parti. Il restait dans sa voiture, à attendre. En sortant, il lui avait dit qu'il attendrait toute la nuit s'il le fallait, mais il aurait une réponse. Cela faisait bien deux heures qu'il attendait dans sa voiture, alors que le soir tombait, et Isaline tournait dans la maison sans oser en sortir. Elle avait envie qu'on la laisse seule, elle avait envie de vivre à fond son coup de blues sans personne autour pour venir l'enquiquiner. On ne pouvait pas respecter un peu son souhait, pour une fois ?

Le téléphone sonna. La patronne attendit que la messagerie se mette en route. Dès qu'elle entendit la voix de Draco, elle décrocha.

« Salut beau blond, tu vas bien ?

- Oui et toi ?

- Jamais aussi bien porté. Pour information, oui, Harry a bien égaré son portable pour la énième fois. On la retrouvé déchargé dans la boite à pharmacie.

- T'as pensé à faire une liste de tous les endroits où vous retrouvez ce téléphone ?

- On y a pensé, mais elle serait trop longue. Harry ! Y'a le beau blond au téléphone !

- Isaline ?

- Ouais ?

- Pardon.

- Pardon aussi.

- J'ai été bête.

- Je ne suis qu'une vieille conne qui sait pas ce qu'elle veut. Pas un pour rattraper l'autre. »

Draco eut un léger rire, elle pouvait presque le voir se détendre dans son siège. Harry arriva dans l'entrée et prit le téléphone, tandis qu'Isaline rentrait dans le salon où Liloute l'attendait sagement, dormant à moitié sur un gros oreiller. Bientôt, elle n'entendit plus la voix de son neveu, qui remonta à l'étage.

Isaline Anderson hésita. Elle ne voulait pas sortir. Elle avait envie de partir très loin de là avec sa chienne dans sa valise et revenir dans un mois, le temps de faire le vide dans sa tête. Elle savait qu'elle n'en serait tout simplement pas capable car elle était trop attachée à sa famille et elle aurait du mal à laisser la boutique sans surveillance, même si ça lui était déjà arrivé de le faire. Et puis même, ce n'était pas son style. Elle n'aimait pas être seule.

Alors elle se leva en soupirant, faisant craquer son dos. Elle sortit du salon, marcha dans l'entrée, enfila de vieilles chaussures avant de sortir. Près du garage se trouvait la voiture de Rémi, ce dernier installé sur le siège passager pour être plus à l'aise. La tatoueuse ouvrit la porte, à son grand étonnement, et s'assit sur ses genoux, les jambes ballantes en dehors, avant de passer ses bras autour de son cou et de se blottir contre lui. Le médecin l'enferma dans une chaleureuse étreinte, la serrant contre lui, sans prononcer un mot.

Elle ne savait pourquoi, mais elle craqua. Il s'en aperçut quand il sentit de l'humidité dans son cou. Elle pleurait. Alors il caressa ses cheveux, sans lui poser de questions. Il la revit sur le pas de sa porte, le regardant avec des yeux suppliants, lui demandant de l'écouter. De vraiment l'écouter, pour une fois, parce que ce qu'elle voulait lui dire, c'était important.

Ils restèrent dans cette position un long moment avant que la tatoueuse ne se redresse et s'essuie les yeux comme un enfant, les poings serrés avant d'utiliser sa manche. L'espace dans la voiture était exiguë, elle était assise en travers de ses jambes, les siennes dépassant dehors, la portière grande ouverte. On aurait dit une petite fille qui avait besoin de réconfort, ce qui n'était pas faux.

Avec tendresse, Rémi l'embrassa sur la joue, essuyant les dernières traces de larmes sur l'autre du bout des doigts. Elle frissonna, renifla.

Doucement, comme sur le ton de la confidence, elle lui raconta tout. Elle pleura parfois. Elle ne lui cacha rien. Peu à peu, les pièces du puzzle de sa vie s'assemblèrent et formèrent un tout cohérent. Le trou béant qu'elle n'avait jamais évoqué se remplissait. Il savait à présent pourquoi elle avait quitté Londres. Il comprenait mieux pourquoi elle se faisait autant de soucis pour tous. Et, surtout, il apprit à quel point elle était forte, et à quel point elle était capable d'intérioriser les choses en essayant de faire comme si elles ne polluaient pas son esprit.


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !