Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M.
Ami du soir, bonsoir !
Lys : Eh oui, nous revoilà ! Avec un chapitre tout chaud :D
Au passage, je fais une petite dédicace à Hiro, pour qui j'ai écrit le passage sur Théo et Seamus pour son anniversaire :3
Lys : Nous vous informons au passage que le TOME 2 de Papillon est actuellement mis en vente par le fanzine Sectumsempra, mon amour ?. Pour se le procurer, nous vous invitons à nous retrouver à la Yaoi Yuri Con et à Paris Manga, mais surtout, à réserver vos tomes.
Certains personnes sont arrivées à la JE en pensant l'acheter sur place alors que j'avais bien précisé que ce n'était pas possible… Nous avons recommandé des TOME 1, donc si vous êtes intéressé, envoyez-moi un mail, je suis à votre disposition !
Lys : Oui, n'hésitez pas à nous envoyer un message pour toute information complémentaire !
Bisous à tous !
Sectumsempra, mon amour ?
Le fanzine sera présent à la Yaoi Yuri Con qui se déroulera à Lyon, les 27 et 28 octobre prochain ! Si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas à passer nous voir !
Tout un tas de surprises vous attendent !
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Bonne lecture !
Chapitre 39
Le mois de juillet fila à toute allure. Draco ne l'avait pas vu passer, entre son travail à la banque, ses sorties et ses week-ends passés en général chez Isaline, bien qu'il lui arriva de bouger un peu de la maison pour aller voir du monde.
Après l'entretien que Harry avait eu avec Cédric, leur vie changea complètement. Car, après une fin de journée triste à pleurer et une nuit quelque peu agitée, Harry ayant eu beaucoup de mal à s'endormir, le moral de ce dernier creva le plafond…
L'ambiance à la maison changea du tout au tout. Harry semblait clairement plus joyeux et de bien meilleure humeur, se rendant sans broncher au kinésithérapeute, faisant des exercices dans sa chambre et descendant quasiment à chaque repas pour le partager avec eux. Auparavant, il lui y arrivait encore de faire des petites crises, surtout à Draco, et sur des choses anodines. Et à partir de ce jour-là, elles cessèrent, pour être remplacées par des disputes de couple habituelles, bien plus faciles à gérer pour le blond qui avançait en terrain connu. Il préférait largement que Harry lui prenne la tête parce qu'il avait trop bien rangé la chambre et qu'il ne parvenait pas à remettre la main sur un taille-crayon, plutôt qu'il se mette soudain à bouder car il l'aidait à aller aux toilettes.
Son comportement rendait les choses plus faciles. Et Draco avait la sensation d'enfin retrouver l'homme qu'il aimait, et non pas l'ombre de lui-même, qui essayait tant bien que mal d'émerger. Enfin, il pouvait l'embrasser, le toucher et le taquiner comme il le faisait auparavant, sans redouter un regard de travers, une remarque stupide ou encore un rejet, pour une raison quelconque. Bien que Harry soit encore bloqué par son plâtre et qu'ils se soient mis d'accord pour ne rien faire tant qu'il ne serait pas retiré, Draco avait enfin droit à plus de liberté, et il ne se gênait pas pour chauffer impunément son petit ami… qui se laissait faire, tout aussi impunément.
Leur couple qui battait de l'aile commençait à se stabiliser, au plus grand soulagement de leurs proches, et notamment d'Isaline, Nymph' et Sirius, qui les côtoyaient tous les jours. La patronne était titillée par ses angoisses, ses hormones et tout un tas de choses qu'impliquait son début de grossesse, et voir enfin son neveu et son petit ami heureux en ménage, même s'il y avait encore du chemin à faire, lui retirait un poids du cœur. C'était déjà un problème de réglé, se disait-elle, elle qui avait tant craint cette confrontation avec Cédric et ses répercussions.
Quant à Nymph' et Sirius, ils pensaient à peu près la même chose et étaient heureux de voir enfin le jeune homme retrouver le sourire et déconner à table comme il le faisait auparavant, cessant de se plaindre de son plâtre, sauf quand il fallait descendre les escaliers. Et encore, à force d'efforts, il parvint à se débrouiller seul, comme un grand. Harry retrouvait sa joie de vivre, son côté débrouillard et sa force de caractère.
Un tel changement, assez radical, en étonna plus d'un. Ses amis, qui s'étaient quelque peu éloignés de lui, envahirent son espace de vie, s'incrustant chez lui, l'embarquant certains soirs pour aller au cinéma ou manger chez l'un ou chez l'autre. Forcément, Draco l'accompagnait dans tous ses déplacements et lui-même retrouvait un peu plus le sourire, s'ouvrant à nouveau et se détendant au contact de leurs proches. Il redécouvrait les plaisirs simples, comme tenir la main de son petit ami devant un bon film, boire un verre dans le canapé destroy de Ron et Neville, et même se balader dans Paris, sur les Champs Élysée, avec toute la marmaille qui braillait autour d'eux…
Ces balades leur permirent d'ailleurs de détruire ce tabou qu'était le siège roulant. Harry l'utilisait tout le temps, mais détestait s'assoir dedans, et encore moins sortir avec, alors que c'était son utilité première. Ce furent Fred et Georges qui forcèrent le jeune homme à monter dedans pour une première virée dans Paris : ils comptaient se faire un Mcdo' avant d'aller se taper un bon gros film américain. Ils réussirent en un quart d'heure ce que ni Draco, ni Isaline, ni Sirius n'étaient parvenus à faire depuis le retour de Harry à la maison : le faire monter dans son siège et le balader où bon leur semblait.
Toute la soirée, Draco avait craint une crise. Il se doutait que Harry prendrait sur lui en présence de ses amis, ou du moins il essaierait, alors il n'avait pas touché les poignées du siège, les laissant aux jumeaux qui semblaient clairement s'amuser avec. Mais le tatoueur y avait pris du plaisir… il s'était amusé. Il avait aimé voir autre chose que sa chambre, manger avec ses amis et terminer la soirée calé dans un siège confortable du premier cinéma venu. Le voir ainsi avait réchauffé le cœur du blond, qui le voyait revivre sous ses yeux. Et ça faisait du bien…
La station de métro à côté de la boutique n'était pas bien aménagée pour les personnes à mobilité réduite. Ils devaient donc être à plusieurs pour monter et descendre Harry, qui se cramponnait à quelqu'un pour affronter les escaliers, tandis qu'une ou deux autres personnes s'occupaient de son siège. Et ce ne fut qu'une fois sorti de la station, flanqué des Weasley et de Neville, que Draco prit enfin les poignets du fauteuil. Le voyant se glisser derrière, Harry l'avait suivi des yeux et, quand il fut positionné, il lui avait souri gentiment. Un peu… comme si ça lui faisait plaisir. Que ça ne le dérangeait pas.
Mais le fait est que Draco ne prenait pas souvent les poignées du fauteuil, car c'était devenu quasiment un jeu pour leurs amis de pousser Harry… une compétition, même. Il n'y avait bien que Théo pour regarder leur petit manège d'un œil atterré, surtout quand Seamus allait faire du charme à Harry qui, jouant le jeu, l'autorisait à le pousser, ce qui faisait bien gueuler Cho ou les jumeaux, voire même Ron. Avec le blond, il était le seul à ne pas se battre pour jouer avec le fauteuil roulant… Enfin, Seamus, c'était plus pour embêter les autres que pour jouer avec…
Avec l'afflux d'amis à la maison et le nombre croissant de sorties, qui promettaient des vacances riches en émotions, Draco était de plus en plus confronté à la présence de Seamus dans leur chambre. Bien qu'il travaille, il venait très régulièrement voir Harry, ne serait-ce que pour une heure, voire un peu moins. Au début, bien que le blond parvienne à faire la part des choses et soit au courant de son histoire avec Théo, il s'était montré très méfiant envers l'Irlandais, qui devenait de plus en plus proche de Harry. Il lui fallut une sérieuse discussion avec son ex puis avec son petit ami, que le blond amena de façon naturelle, pour comprendre que Seamus avait besoin de se confier avec quelqu'un, et ce quelqu'un, c'était Harry.
Draco le savait, Seamus avait peu d'amis. Il avait des connaissances, des copains et des copines, mais rien d'assez sérieux pour qu'il puisse parler à cœur ouvert sans crainte qu'on lui rejette tout à la figure du jour au lendemain. Le seul qui avait toute sa confiance, c'était Théo, et il était bien évident qu'il ne pouvait pas se confier à lui à propos de leur relation… sinon, « il aurait une trouille d'enfer », comme disait Seamus, « et il ne m'approcherait plus à moins de cinq mètres ». La seconde personne qui semblait avoir acquis sa confiance, c'était étonnement Harry. Et ce dernier, moins avare en détails, lui fit bien comprendre que l'Irlandais avait besoin de parler de ce qu'il avait sur le cœur, de ses sentiments envers Théo, de la difficulté de leur relation, de son envie de lui… Il y avait des choses qui avaient besoin de sortir.
Alors, le blond lui avait demandé si ça ne lui faisait pas bizarre d'entendre toutes ces choses, en sachant que Théo était l'un de ses meilleurs amis. Harry lui avait répondu qu'en fait ce n'était pas si dérangeant, que Seamus avait une façon de parler assez respectueuse et que ça lui faisait plaisir de l'aider, d'autant plus qu'il sentait que l'Irlandais comprenait Théo, même si parfois son comportement était un peu trop entreprenant, quand on connaissait l'énergumène qu'il tentait de convertir. Et puis, autant l'avouer, Harry aimait beaucoup le jeune homme, il s'entendait vraiment bien avec lui. Il parvenait à faire la part des choses : oui, il avait été le copain de Draco, oui, ils avaient couché ensemble, mais c'était de l'histoire ancienne, autant pour lui que pour l'Irlandais qui avait déjà tourné la page depuis un bout de temps, et qui en entamait une autre. À partir de ce moment-là, le jeune homme devenait plus sympathique, et Harry l'aimait bien.
Dans un sens, Draco était content que ça se passe comme ça, car il ne se faisait absolument aucune illusion : si Seamus y trouvait son compte, Harry n'en était pas en reste. Ils étaient tous les deux en train de devenir de petites commères, à parler de leurs copains respectifs… Et Théo, plus qu'au courant de ces visites régulières de Seamus, pensait exactement la même chose que Draco… qui le poussait à parler de ses propres problèmes davantage avec le blond qu'avec Harry.
Une fois, il avait parlé de ça à Isaline. Elle avait pouffé en lui disant qu'ils faisaient une drôle d'équipe, tous les quatre… Entre Harry frustré par son immobilité et son manque d'activité sexuelle, Seamus tout aussi frustré et désirant une espèce d'homo' refoulé au langage délicat, Théo entre deux eaux, luttant contre une part de lui et réduit à cacher son attirance pour un garçon, et Draco, qui ne savait plus trop où donner de la tête.
Les choses avaient pris un tournant assez étonnant.
Oh oui, ce mois de juillet fila à toute allure… mais il fut très riche en émotions….
OoO
« Je le pensais déjà avant, mais c'est fou ce que les études coûtent cher…
- Pourquoi tu dis ça, beau blond ? … Oh mon dieu ! Mais… mais…
- C'est dans ces moments-là que je regrette de ne plus être chez mes parents…
- Mais… heu, t'as besoin d'aide, ou…
- Non ça va, j'ai de quoi payer.
- Mais ça fait mal au cul ! »
Isaline regarda à nouveau le petit ticket de carte bancaire que Draco, dépité, venait de sortir de son portefeuille. Il était passé à la faculté pour régler ses frais d'inscription, et autant dire que ça faisait un joli trou sur son compte. Dans un sens, il n'avait pas à se plaindre, il n'avait pas de difficultés financières et la pension alimentaire qu'Isaline lui demandait était ridicule, mais ces frais lui restaient quand même en travers de la gorge…
« C'est dingue, je pensais pas que c'était si cher… Enfin, chaque année, Théo s'en plaint, mais vu qu'il se plaint tout le temps de sa fac…
- La faculté est un monde cruel. Je t'aide à faire quelque chose ?
- Non c'est bon, va te détendre. Y'a Cho et Hermione en haut. »
Le blond acquiesça, las, rangea son portefeuille et monta les escaliers, son sac sur l'épaule, alors que la patronne retournait à ses fourneaux. Il avait mal au dos et le crâne douloureux, à force de passer du temps sur son ordinateur. Il n'était sans doute pas le meilleur employé de l'entreprise mais il se débrouillait très bien avec les logiciels et exécutait son travail sans broncher, alors ses collègues et supérieurs lui en donnaient sans hésiter, et ne supportant pas l'inactivité, Draco pianotait et cliquait. C'était ça ou compter les heures…
Quand il voulut entrer dans la chambre de Harry, qui était également devenue la sienne, il faillit se prendre la porte en pleine tête. Surpris, il s'arrêta net et Cho, sursautant en le voyant soudain devant elle, mit sa main devant sa bouche en réalisant qu'elle avait été à deux doigts de lui péter le nez…
« Oh mon dieu, j'ai failli te tuer Draco !
- Ou tuer mon nez…
- Toi qui as un si joli nez, ç'aurait été dommage ! Faudrait que je te prenne en photo de profil un jour, tu as un nez très bien dessiné, je dirais même qu'il est magnifique, et…
- Cho, ne me dis pas que tu fantasmes sur mon nez ?
- Elle fantasme bien sur les fesses de Théo, tu sais…
- Nan, mais t'as déjà maté son cul ?!
- Et sur les oreilles de Ron.
- Raaaaaaaaaaah mais elles sont parfaites, ses oreilles !
- Elle est sérieuse ? »
Draco n'aurait su dire si la voix douce de Hermione était moqueuse, ironique, ou tout simplement incrédule. Et il se posait la même question…
« Mais bien sûr que je suis sérieuse ! Attends, t'es sa copine, t'as bien remarqué ses oreilles ! »
Hermione la regarda, dubitative, et préféra hausser les épaules. Un instant, Draco voulut faire remarquer à l'asiatique que les oreilles, ce n'était certainement pas ce qu'on regardait en premier chez quelqu'un, et pour lui, les oreilles de Ron n'avaient absolument rien d'extraordinaire. Pas plus que son nez, d'ailleurs… ni le popotin de Théo, qu'il n'avait même jamais pensé à regarder un seul instant…
« Bon, bref. On s'en va ? Je vais être en retard et tu dois me ramener. »
Cho secoua vivement la tête puis se mit sur la pointe des pieds pour faire une bise bruyante sur la joue de Draco, qui se frotta discrètement la joue pour être sûr qu'il n'y ait pas de rouge à lèvres alors que la jeune femme descendait les escaliers. Le voyant faire, Hermione gloussa puis l'embrassa plus légèrement avant de le quitter. Et enfin, il put entrer dans la chambre où l'attendait un Harry plutôt souriant.
« Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ?
- Tu sais ce qu'elle adore chez moi ?
- Ton tatouage ?
- Nan.
- Tes cheveux ? Tes yeux ? Ta bouche ?
- Ça, c'est ce que, toi, tu aimes, Dray.
- Je donne ma langue au chat.
- Mes pieds.
- Pardon ?!
- Ils sont petits pour un homme. »
La main encore sur la poignée de la porte qu'il venait de fermer, Draco le regarda, s'attendant à le voir rire à cause de sa blague. Mais, manifestement, ce n'était pas une blague…
« Tu te fous de moi ?
- J'en ai l'air ?
- Désolé Angel, j'ai jamais remarqué à quel point tes pieds sont magnifiques…
- Surtout qu'un des deux est bousillé.
- Dis pas ça…
- Mais apparemment c'est pas grave, elle est fan de mon nombril. »
Draco devait tirer une drôle de tronche, car Harry explosa de rire, partant dans un fou rire incontrôlable qui le plia en deux. Le blond, perplexe, secoua la tête en se disant que c'était du n'importe quoi… Soupirant face à la crise de rire que Harry était en train de lui faire, il s'assit près de lui sur le lit et attendit patiemment qu'il ait fini de se moquer de lui.
« Ma tête était si marrante que ça ?
- Oh oui…
- Écoute, je n'y peux rien si je n'ai jamais remarqué la perfection de tes pieds et de ton nombril ! Elle a de ces idées, Cho, y'a quand même des choses plus jolies chez toi !
- Comme mes cheveux, mes yeux et ma bouche.
- Par exemple. Mais pas que ça… »
Le blond lui coula un regard presque félin alors qu'un sourire des plus séducteurs se dessinait sur sa bouche. Il vit avec plaisir Harry rougir un peu, puis il se pencha pour prendre ses lèvres tendrement. Oui, il aimait sa bouche. Mais à vrai dire, il aimait tout chez lui que ce soit son torse musclé, bien qu'il ait perdu avec sa convalescence, son popotin rebondi, ses mains plus viriles que les siennes… Mais il avait un si beau sourire, une telle expressivité que, oui, il préférait ses yeux et sa bouche. Et ses cheveux, quand il les avait plus longs. Pour la bonne et simple raison que leur allure désordonnée restait un véritable mystère pour lui… et ça, Harry le savait très bien, vu que c'était une énigme pour lui aussi…
« Tes cheveux commencent à repousser.
- Dis pas ça, c'est pas vrai…
- Si si. Écoute, je te vois tous les jours, je sais ce que je dis, quand même !
- Bref. T'as été te réinscrire ?
- Oui. Et comme vient de me dire ta tante, ça fait mal au cul.
- Ah. Si t'as besoin…
- Non, c'est bon. T'en fais pas, j'ai la chance de vivre ici, je vais pas me plaindre. Mais ça coute cher…
- Allez, encore quelques années et c'est fini. »
Le brun lui caressa la joue. Sans beaucoup de surprise, Draco avait validé son année. Isaline avait tenu à fêter ça, bien sûr, parce que c'était inconcevable de ne pas sortir une bouteille de champagne pour un tel évènement et préparer un bon repas, mais le blond n'avait pas tenu à organiser une soirée particulière, ni même Blaise, Théo, Seamus, Hermione et Millicent qui avaient également obtenu leur année. À la place, ils étaient tous sortis manger quelque part, histoire d'être ensemble.
À vrai dire, c'était presque une routine pour Draco qui, avouons-le, avait ressenti un peu de joie et de fierté grâce à la bonne humeur de son petit ami et de sa famille. Alors que pour lui, réussir était une évidence, comme toujours… Il avait bien eu un appel de son père et de sa mère, qui essayaient de se tenir un peu au courant de sa vie, mais leur réaction n'avait pas différé de celle des années précédentes. Pour eux aussi, c'était une évidence, alors sa mère s'était contentée de le féliciter et de passer à autre chose, et quant à son père, il avait eu une réaction semblable, mais lui demanda néanmoins s'il avait besoin d'argent pour ses frais de réinscription.
Autant dire que l'enthousiasme d'Isaline, Sirius, Nymph' et Remus, le soir même le chamboula quelque peu. De même pour Théo, qui apprit ses résultats le jour même. Après un odieux chantage affectif, il consentit à venir chez Isaline qui l'accueillit comme si de rien n'était. Seamus l'accompagnait également, à la plus grande surprise de Draco, qui le prit à part pour lui demander pourquoi il n'était pas chez ses parents. L'Irlandais avait haussé les épaules en lui disant qu'il s'était fâché avec son frère, qui avait foiré son année, et qu'il préférait venir ici plutôt que boire un verre chez ses parents. Et il lui avoua que c'était en partie pour ça que Théo avait accepté de venir, car sinon ses parents auraient bien été fichus de se pointer à l'appartement, et il ne serait pas capable de ne pas leur ouvrir.
« J'ai hâte. J'ai envie de bosser.
- Dr Malfoy… Ça sonne bien. Ca sonne classe.
- N'est-ce pas ? Et puis, blouse blanche, stéthoscope…
- Tu vas faire rêver toutes les infirmières de l'hôpital.
- Les malades, aussi, qu'est-ce que tu crois ?
- Oh mon dieu, j'ai les images de Grey's anatomy dans la tête…
- Je n'ai pas dans l'idée de m'envoyer en l'air avec mes collègues dans les vestiaires à chaque pause, rassure-toi.
- Y'a intérêt ! »
Il avait le sourire, et riait, lui tenant la main. Son visage était plus doux, plus rayonnant, et il avait beau dire, ses cheveux repoussaient, son ancien visage réapparaissant au fil des jours, des semaines… À vrai dire, à ses yeux, il embellissait de jour en jour, son Harry.
De jour en jour…
« Au fait, heu… Je me demandais… c'est quand, déjà, l'anniversaire de ton père ?
- Dans deux semaines.
- Ah… Bon, je n'aurai plus mon plâtre alors.
- Mais tu seras toujours en fauteuil. Ne me dis pas que tu angoisses ?
- Ça fait longtemps que je l'ai pas vu, ton père. T'es parti de chez eux à cause de moi et…
- Harry, s'il te plait, on en a déjà parlé, donc ne dis pas ça.
- Excuse-moi. Mais bref, je sais pas si…
- Il a insisté pour que tu viennes. Ça va bien se passer, ne te prends pas la tête. Et puis, si tu ne viens pas, c'est moi qui vais avoir la pression. »
Il n'avait pas non plus envie de se retrouver en présence de ses deux parents, et ça, Harry en avait également conscience. C'était bien la seule raison qui le poussait à accepter ce dîner avec ses beaux-parents, qu'il n'appréciait pas particulièrement et qui devaient quand même un peu lui en vouloir de les avoir éloignés de leur fils. À vrai dire, Harry craignait autant Lucius que Narcissa, mais si ça pouvait aider Draco, il n'avait pas à dire non. D'autant plus que…
« D'autant plus que ce n'est pas toi qui vas jouer le fil parfait et sans tâche devant tous les amis de ses parents le soir même. Je ne comprends même pas qu'ils me forcent à venir, tout le monde sait que je suis parti de la maison et avec qui je vis… »
Personne n'était dupe, et certainement pas les proches de son père qui étaient déjà parfaitement au courant de la dernière lubie amoureuse de son fils, une lubie qui durait depuis déjà une dizaine de mois. Mais Lucius Malfoy demeurait égal à lui-même : il avait un fils bisexuel, à tendance gay d'ailleurs, et il sortait avec un tatoueur, et si vous n'êtes pas content, allez donc voir ailleurs si j'y suis. Pour ne pas dire autre chose. Car quand quelque chose emmerdait Lucius Malfoy, en général, cette emmerde dégageait de sa vie de façon radicale, et rapidement…
« Enfin, si ça lui fait plaisir.
- Combien, déjà ?
- Quarante-huit ans. Et encore, il n'y aura que la famille en France… Imagine quand il aura 50 ans...
- Qu'est-ce que ça va être, hein ?
- Il y aura mon grand-père.
- Heu, lequel ?
- Du côté de mon père. Enfin, du côté de ma mère aussi, mais je m'entends pas du tout avec le père de mon père. Je t'en ai déjà parlé, je suis une erreur de la nature, tout ça, quoi…
- Je suppose que je ne serai pas le bienvenu.
- C'est dans deux ans. Tu vois loin… »
Soudain, Harry piqua un fard monstrueux qui empira quand Draco éclata de rire, le trouvant terriblement mignon. Il sentait son cœur battre plus vite dans sa poitrine, emporté à l'idée de vivre les deux années suivantes avec lui. La relation la plus longue de sa vie, et il espérait qu'elle resterait la seule…
OoO
Dans un sens, il n'avait jamais tellement compris ses parents. Il les aimait et n'avait pas souffert de leur étroitesse d'esprit, là n'était pas la question. Mais par moments, il aurait aimé qu'ils s'intéressent un peu plus à lui. Qu'ils lui disent : « Au fait, Seamus, et les amours ? T'as un copain ? Et ton travail, pas trop difficile ? Tu vois tes amis, au moins, tu sais il faut te détendre un peu… ». Mais non. Ils lui demandaient simplement si ses examens s'étaient bien passés et s'il n'avait pas besoin d'argent.
Ses parents avaient toujours eu une curieuse façon de lui montrer leur affection. En fait, ils étaient un peu… lunatiques. Surtout sa mère. Un coup elle se montrait ultra protectrice, un coup presque indifférent, et quant à son père, plus les années passaient, et plus son amour se traduisait par des virements faits sur son compte. Il fallait dire, même s'il acceptait la sexualité de son fils, et ce depuis longtemps, il avait toujours du mal à parler avec lui de ses amours. En fait, ça le bloquait complètement.
Depuis qu'il était adolescent, Seamus affichait plus ou moins son homosexualité, en ayant assez de lutter contre cette part de lui-même. Ses parents l'avaient accepté, même si ce n'était pas toujours facile pour eux, mais ils étaient assez ouverts d'esprit pour continuer à aimer leur fils en dépit de sa sexualité. Les choses s'étaient un peu corsées quand il avait commencé à ramener des garçons à la maison, mais il était jeune encore, alors ses parents laissaient faire. Quand il coucha pour la première fois, la donne changea. Il allait sur ses dix-sept ans.
Avoir fils pédé, d'accord. Qu'il se fasse sodomiser, non, hors de question.
Le débat fut rude avec son père. Il employait des mots rudes, crus, pour qualifier ce qu'il était et ce qu'il aimait. Oui, il avait été dessous, eh oui, ça lui avait fait mal, mais, oui, il avait aimé ça. Même si c'était bizarre, même si ce n'était pas fait pour ça. Son père devait se rendre à l'évidence, il n'était pas un dominant. Bien sûr, il était déjà sorti avec des garçons et avait été dessus, prenant le rôle de « l'homme » dans le couple, si on pouvait le qualifier ainsi, mais au fond de lui, ce qu'il aimait, c'était qu'on prenne soin de lui et qu'on le protège. Et ça, son père avait eu du mal à le digérer. Mais il n'avait pas eu le choix… car Seamus avait une vie sexuelle des plus remplie.
Quand il devint majeur, Seamus ramena de moins en moins de conquêtes à la maison. Il savait que ça dérangeait un peu son père, et puis il préférait leur présenter ses copains quand c'était sérieux. Un temps, sa mère avait cru que son fils s'assagissait, qu'il cessait de courir après les garçons. Mais elle dut rapidement se rendre à l'évidence : Seamus vivait sa vie sentimentale et intime hors de la maison et attendait longtemps avant de l'y faire rentrer.
Cependant, cela faisait plus d'un an que Seamus n'avait ramené personne chez ses parents. Oui, bon, il y avait bien eu Dean, mais il ne l'avait pas vraiment présenté, à la base c'était juste un pote de fac, et ils étaient passés à la maison pour récupérer un truc. Le dernier petit ami qu'il avait ramené, c'était Draco, et ses parents l'avaient beaucoup aimé : il était charmant, beau, poli et très intelligent. Il leur avait plu tout de suite et ils avaient été déçus quand Seamus leur avait annoncé leur rupture. Et puis… plus rien. Et ça ne semblait pas choquer ses parents, qui, c'était vrai, lui demandaient parfois comment ça allait, niveau sentiments, mais qui ne cherchaient jamais vraiment à creuser la question.
Évidemment, jamais Seamus ne leur aurait avoué sortir avec un homophobe qui ne comprenait pas exactement ce qu'on pouvait désirer chez un homme et qui, en plus, parlait comme un charretier. Mais dans le fond, ça lui aurait fait plaisir que ses parents le titillent, cherchent à savoir s'il avait quelqu'un… même s'il savait qu'ils ne l'aimeraient pas. Pour plusieurs raisons. Mais il aurait aimé. Vraiment…
Enfin, on ne pouvait pas tout avoir, songea-t-il en cherchant ses clés dans son pantalon. Il avait appris à se défaire de ses parents et à les aimer un peu de loin. Il n'était pas malheureux, mais il aurait aimé qu'ils s'intéressent un peu plus à sa vie sentimentale, mine de rien. Même si, encore une fois, il savait pertinemment qu'ils n'aimeraient pas Théo et qu'ils feraient tout pour le convaincre de ne pas continuer avec lui…
Alors que, lui, il était tellement fier de sortir avec ce con…
La vie n'était parfois pas très juste.
Il ouvrit la porte de l'appartement, qui était silencieux. Enfin, il entendait le bruit de la télévision, dont le son avait été baissé, comme à chaque fois que Théo faisait une sieste après le boulot. En silence, Seamus retira ses chaussures et posa son sac sur le sol avant d'aller dans le salon. Au passage, il regarda l'heure dans la cuisine et il fronça les sourcils : il allait devoir le réveiller, sinon il ne parviendrait pas à se rendormir ce soir.
Comme chaque après-midi, après son travail, Théo était allongé de tout son long sur le canapé, un de ses bras pendant dans le vide et l'autre posé sur son ventre. Ses cheveux sombres étaient étalés sur l'oreiller et son visage arborait une expression des plus paisibles. Debout près de lui, Seamus le regardait en souriant tendrement, charmé par cette vision. Pourtant, Dieu savait comme il avait pu le voir ainsi endormi dans le canapé, mais à chaque fois, il était attendri par son air si serein, ses traits se détendant, au point qu'il avait l'air presque sévère quand il était réveillé.
Le fait qu'ils sortent ensemble changeait beaucoup de choses. Son regard posé sur lui n'était plus le même. Ce n'était plus celui qu'il aurait posé sur un ami, ou sur un potentiel petit copain. C'était son mec qu'il regardait. Cette pensée lui réchauffait le cœur. Il avait des papillons dans le ventre et les lèvres qui picotaient.
Oui, il était fier de sortir avec lui, même si ça faisait trop peu de temps pour qu'il puisse appeler ça une relation stable, d'autant plus que Théo était d'humeur changeante, le laissant venir vers lui avant de le repousser, pas toujours très gentiment. De plus, même si officiellement ils étaient ensemble, rien ne voulait dire qu'ils le seraient encore avant ces vacances passées ensemble, avec leurs amis, ni même après d'ailleurs… Seamus était prêt à jouer le jeu du colocataire sympa qui le connaissait sur le bout des doigts, mais pour quel résultat ? Pour le voir draguer des nénettes dans la piscine ou à la plage, pour le suivre en boite de nuit et danser avec une inconnue pour la forme ? Pour qu'au final, le côtoyant non-stop torse nu et en slip de bain, Théo lui dise que ce ne serait pas possible…
Dans un sens, Seamus était serein. Il en avait vu d'autres. Et dans un autre, il angoissait. Il connaissait Théo, il savait qu'il serait respectueux et ne lui ferait pas de mal inutilement, et qu'il ne jouerait pas avec ses sentiments non plus. Il n'aurait pas eu autant de mal à lui faire comprendre qu'il lui plaisait, sinon… Mais dans un autre sens, il avait peur, car il serait peut-être déçu. Peut-être qu'il se ferait des idées, qu'il gouterait à une relation saine, et qu'au moment où il deviendrait accro, il lui faudrait tout arrêter.
Et il ne voulait pas que ça s'arrête. Il avait envie de lui. De ses mains, posées sur ses joues, dans ses cheveux, sur sa taille. De sa bouche sur la sienne, dans son cou, sur son front… Il avait envie de le sentir contre lui, d'avoir tout ce que ces filles avaient eu avant lui. Il avait envie qu'il le protège, qu'il prenne soin de lui… Théo l'attirait, depuis pas mal de temps, et il s'était refusé trop longtemps d'y croire. Et à présent qu'il l'avait, il en voulait plus. Pas de l'insurmontable, il ne pouvait pas trop en demander… mais il y avait des choses…
Rien que, lui tenir la main.
Même dans le noir, au cinéma, même devant la télévision, sur le canapé…
Rien que, lui tenir la main, c'était agréable. La chercher, l'air de rien, la toucher, et sentir ses doigts se refermer sur les siens…
Parfois, il se faisait l'effet d'une collégienne bourrée d'hormones. Mais ça faisait trop longtemps qu'il n'avait eu personne, et bien trop longtemps qu'il n'était pas sorti avec quelqu'un de sérieux, lui offrant une relation saine.
Poussant un soupir, Seamus se laissa tomber sur le canapé, tout contre le corps de son colocataire, et s'évertua à le réveiller gentiment, lui secouant l'épaule tout en l'appelant. Théo ne tarda pas à ouvrir des yeux ensommeillés, se les frottant comme un gamin, le visage chaud et les cheveux dans tous les sens.
« On se réveille, la belle aux bois dormants. Tu vas plus dormir, après. »
Sa main voyagea dans ses cheveux indisciplinés, et l'autre se laissa faire. Il était encore dans le cosmos et ne devait pas tellement avoir conscience de son geste. Seamus aimait bien toucher ses cheveux, entre le noir et le marron, assez sombres cependant.
« Il est quelle heure ?
— Six heures. Je vais préparer le repas. Tu veux manger quelque chose en particulier ?
— Nan. T'n'as pas fini de me tripoter les cheveux ?
— Ils ne ressemblent à rien, tes cheveux.
— Ça ne t'empêche pas de les toucher.
— Tu ne veux pas que je te les coupe ? Je fais ça très bien, tu sais.
— Non merci. Mais tu vas arrêter oui ?! »
Seamus éclata de rire alors que Théo chassait sa main. Il était enfin réveillé et commençait à récupérer la totalité de ses facultés. Toujours grognon au réveil… Toujours grognon tout court, en fait…
Puis, il y eut comme un blanc. Ils ne parlaient pas, ne se souriaient pas non plus. Ils se regardaient, plutôt. Un peu comme le jour où Seamus l'avait embrassé, en réponse à un premier baiser volé de la part de Théo, quelque temps auparavant, et où il s'était fait rejeter, méchamment.
« Ça ne va pas ?
—… J'ai envie de t'embrasser. »
Mais il avait peur. Comme à chaque fois qu'il avait envie de poser ses lèvres sur les siennes. Peur du rejet, du mauvais regard, de la gêne. Car de la gêne, il y en avait souvent… Théo ne l'embrassait jamais de lui-même, c'était toujours Seamus qui faisait les premiers pas, l'embrassant par surprise, ou attendant un signe de désaccord avant de se lancer. Il voulait donner du temps à son colocataire, mais il avait besoin de contacts, et, surtout, il avait besoin de baisers. Mais l'idée qu'il peut à nouveau se faire repousser le bloquait. Ça faisait trop mal… et Théo savait appuyer là où ça faisait mal.
Et dans ses yeux, comme à présent, il y avait toujours cette lueur d'hésitation, ce doute, quant à lui dire oui ou non.
« C'est nouveau que tu demandes.
— La dernière fois qu'on a été dans cette position et que je t'ai embrassé, tu m'as envoyé bouler.
— On ne sortait pas ensemble.
— Tu considères qu'on est vraiment ensemble, là ?
— Pas vraiment… Mais je ne t'ai jamais repoussé, depuis qu'on… "S'est mis d'accord", il me semble.
— Tu pourrais. Ça fait mal, quand tu m'envoies chier. »
Le regard de Théo était indéchiffrable. Seamus n'aurait su dire ce qu'il pensait, s'il était énervé, indifférent… Ce type était un véritable mystère pour lui.
Soudain, il se redressa, et Seamus, surpris, se recula un peu. Un peu plus grand que lui, Théo le regarda droit dans les yeux, sérieux comme jamais, puis prit son menton entre son pouce et son index et se pencha vers lui pour l'embrasser.
Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Et, Bon Dieu, c'était un baiser des plus chastes. Appuyé, certes, mais chaste. Un frisson remonta son échine, son cœur battait à ses tempes, ses lèvres picotaient.
C'était la première fois qu'il l'embrassait, de lui-même, depuis qu'ils s'étaient mis ensemble.
Et c'était la première fois qu'il l'embrassait aussi tendrement.
Le bonheur inondait ses veines, son cœur et sa tête. C'était juste trop bon…
Cela dura un temps infime. Puis, Théo recula. Son cœur à lui aussi tambourinait dans sa poitrine, mais il n'en montra rien. Par contre, Seamus, lui, était tout rouge…
« Ça va mieux, maintenant ? »
L'Irlandais se contenta de hocher vigoureusement la tête, alors que l'autre se rallongeait sur le canapé. Il laissa tomber sa main sur le genou de Seamus et lui demanda s'il pouvait faire des spaghettis à la bolognaise ce soir, il savait bien les faire. Retrouvant le sourire, l'Irlandais acquiesça.
Ses lèvres étaient brulantes, il sentait encore celles de son petit ami sur les siennes. Il aurait aimé plus. Mais espérer que Théo lui roule une pelle de lui-même, c'était bien trop demander… Et pourtant, c'était déjà arrivé, qu'ils s'embrassent de cette façon…
Et Théo embrassait plutôt bien…
Le téléphone du jeune homme, posé par terre, vibra. Théo tendit le bras pour le récupérer, tournant la tête sur le côté et se redressant. Mais il ne vit pas la main de Seamus qui se posa sur sa joue, mais la sentit lui tourner le visage, et il eut soudain sa bouche sur la sienne. Surpris, il ne réagit pas tout de suite, sentant son cœur s'emballer à nouveau. Pire encore quand il sentit un bout de langue caresser ses lèvres, en quémandant l'entrée.
Un instant, il songea à le repousser. Ça allait trop vite, pour lui. Il lui en demandait trop, ces derniers temps… Mais il savait que ça lui ferait mal, et il lui en faisait déjà bien assez subir quand ils sortaient avec les autres et qu'il restait à une distance respectable de lui…
Alors Théo entrouvrit les lèvres et le laissa guider le baiser, l'entendant soupirer, et même gémir au bout d'un moment. Il l'embrassait avec tendresse, sans cette fougue qui caractérisait leur premier vrai baiser et qui l'aurait fait paniquer, mais plus avec cette douceur, qui était la sienne, et son besoin de contacts, de le sentir… à lui. Et Théo répondit, timidement au début, car c'était toujours difficile pour lui de l'embrasser, lui, un homme, mais surtout un ami, puis avec plus de franchise, et quand il eut la malheureuse idée de laisser sa main voyager dans ses cheveux, parce que, merde, il aimait bien toucher les cheveux de ses partenaires quand il embrassait, le baiser se fit plus intense. Seamus semblait clairement excité par ce geste, et ces mains qui caressaient ses joues le maintenaient prisonnier de ce baiser presque vorace… et d'une incroyable volupté.
Ils se séparèrent pantelants, les lèvres humides et le goût de l'autre dans la bouche. Théo le regardait, ses cheveux ondulés auréolant sa tête et ses yeux brillants de mille feux. Il ne savait pas qu'il attisait lui-même le désir de Seamus, qui en aurait bien fait son quatre heures…
« Tes cheveux non plus, ils ressemblent à rien…
- Va chier, pauvre con.
- T'aimes embrasser, toi, hein ?
- Oui, et ?
- Et rien.
- T'embrasses bien.
- T'en as connu des meilleurs que moi.
- L'important c'est pas que j'en ai connu des meilleurs, c'est que tes baisers me fassent de l'effet.
- Si jamais tu bandes, je te prierai de t'écarter de moi immédiatement. »
Et Seamus n'en put plus : il explosa de rire et s'effondra sur le torse de Théo, pris dans un fou rire comme il n'en avait pas eu depuis longtemps. Levant les yeux au ciel, Théo trifouillait ses cheveux, parce que, oui, il aimait bien les cheveux, en se disant qu'il aurait vraiment paniqué si jamais ça s'était produit…
Bon sang, il était irrécupérable…
OoO
« Allan, arrête de manger mes pommes, je ne vais plus en avoir après !
- Avec tout ce que t'as ? C'est pas un petit bout qui va changer…
- Me fais pas ces yeux-là, t'en bas pas pris qu'un seul !
- Ça commence si tôt, les envies de femmes enceintes ?
- En ce qui concerne les tartes aux pommes, elle a jamais eu besoin d'être enceinte pour en avoir envie… »
Du bout de la table, où Isaline était en train d'éplucher ses dernières pommes, la tatoueuse jeta un regard mauvais à Nymph' qui lui fit un sourire des plus innocent. L'adolescence ricana tout en tendant la main vers un autre quartier de pomme, mais Isaline lui tapa sur la main, comme elle l'aurait fait avec un jeune enfant, ce qui le surprit, et la tronche qu'il tira fit éclater de rire Nymph' qui repartit sous son regard vexé.
« Va t'en éplucher une si tu as faim.
- J'aime pas faire ça.
- Dis plutôt que tu ne sais pas le faire. Il en met du temps à rentrer, ton père, non ?
- Il devait passer chez Papy après le travail, c'est pour ça.
- Ah. »
Oui, comme tu dis, pensa l'adolescent, en regardant la patronne continuer à peler ses pommes, son léger sourire disparu.
« Ça s'arrange pas, hein ?
- C'est pas comme s'ils s'étaient attendus que tu tombes enceinte, enfin pas aussi rapidement… Pourtant, ils auraient bien voulu que Papa se fixe avec quelqu'un. Mais je sais pas, c'est bizarre, parce que…
- Je suis pas la belle-fille idéale, Allan. Et on est à un âge où on fait pas un gosse parce qu'on a oublié la capote. »
Son père avait été très clair avec lui sur ce point. Allan n'aurait jamais pensé avoir ce genre de conversation avec lui : il n'était pas assez bête ou niais pour croire une seule seconde qu'il n'y ait rien eu de poussé entre son père et Isaline, mais ça restait de l'abstrait, quelque chose à laquelle il ne voulait pas penser. Et soudain, son père évoquait cet aspect de sa relation avec sa petite amie… mais dans un sens, Allan avait aimé son honnêteté. Il savait quoi en penser.
C'était une erreur, Isaline était tombée enceinte parce qu'elle était persuadée d'être stérile, et ils ne s'étaient pas protégés. Son père avait eu des doutes sur cette stérilité, et s'il avait fait comme si de rien n'était, c'était parce qu'il désirait, au fond de lui, que ce genre de choses se produise. Pas aussi rapidement… mais que ça arrive, un jour. Isaline avait toujours rêvé d'avoir un enfant, ils étaient heureux tous les deux. Fin de l'histoire.
« Isaline, t'es pas parfaite, mais Papa va mieux depuis que t'es là, et puis…
- T'es trop jeune pour comprendre. »
Elle souriait à nouveau, de ce léger sourire apaisant, qui cachait ce qu'elle ressentait au fond d'elle-même. Car Allan n'était pas dupe, il savait très bien qu'elle n'allait pas bien, que ces conflits entre son père et son grand-père lui faisaient du mal.
Parce qu'elle n'avait pas voulu que ça arrive, pas comme ça.
Et parce qu'elle aurait voulu être mieux, pour lui… plus conforme, à ce qu'il était…
« Mais ne te prends pas la tête, mon grand. C'est des histoires de grands.
- Facile à dire… C'est peut-être vos histoires, mais je suis concerné, moi. Tout le monde s'en fout que je sois content de la situation… »
Alors qu'il levait les yeux vers Isaline, agacé et les sourcils froncés, il lut dans ses yeux une sorte d'étonnement… et de soulagement. Elle savait, pourtant, que cette nouvelle l'enchantait, qu'il était heureux que son père se fixe avec qu'elle, qu'il ait un bébé et qu'ils forment tous une famille… Mais l'entendre semblait lui faire du bien.
Alors Allan le lui disait souvent. Qu'il était content, qu'il avait hâte de voir son ventre grossir et s'arrondir, de venir emménager ici, dans la chambre d'amis, même si ce ne serait que temporaire. Il avait hâte que sa vie change et qu'ils prennent, lui et son père, un nouveau départ…
« Faut que je parle à Papy et Mamie.
- Allan… Laisse ton père s'occuper de ça, ne t'en mêle pas s'il te plait.
- Mais on parle dans mon dos ! Je le sais, mes cousins me l'ont dit, ils disent que ça doit être dur pour moi, que je suis pas prêt à ça…
- Ils n'ont pas tord…
- … mais merde !
- Langage !
- Je le vis bien, moi, c'est vrai que j'ai jamais aimé aucune des ex de mon père, mais là c'est différent, je veux vivre ici, je veux être grand frère…
- Parles-en à ton père d'abord. Ça ne ferait qu'envenimer les choses… Allan, repose cette pomme ! Bon Dieu, mais t'es pas mieux que Teddy, va t'en couper une !
- Encore une tarte aux pommes ?
- Beau blond, si c'est pour te plaindre du menu, tu peux toujours remonter dans ta chambre… »
Draco haussa un sourcil étonné puis haussa les épaules avant de prendre un quartier de pomme, s'attirant les foudres de sa logeuse. Ce qui ne semblait pas du tout l'atteindre, il en avait vu d'autres… Au passage, il passa une main affectueuse dans la tignasse désordonnée d'Allan avant de s'adresser à lui.
« Alors ? Bientôt le grand départ ?
- Oh ne m'en parle pas…
- Tu n'aimes pas la Bretagne ?
- J'aime pas la Bretagne avec ma mère.
- Ne tire pas cette tête, je suis sûre que tu vas passer un bon séjour. Ça va te faire du bien de passer du temps avec elle. »
L'adolescent n'avait pas l'air franchement convaincu. Ses relations avec sa mère n'étaient pas au beau fixe et il n'était guère enthousiaste à l'idée de passer deux semaines avec elle. Il avait confié à Harry, mais également à son père qu'il savait qu'elle le critiquerait sans cesse, lui et Isaline, à cause du bébé, et de tout le reste. Et c'était sans doute la dernière chose dont il voulait parler avec sa mère…
« Et puis, dis-toi que ce n'est que pour deux semaines, et qu'après tu pars une semaine avec ton père.
- Oh on va pas loin, grommela Isaline. Si on s'était connu avant on aurait pu prévoir des vacances plus longues et partir ailleurs…
- Je suis jamais allé à Londres, moi !
- C'est une ville comme les autres, pas de quoi fouetter un chat…
- Ne gâche les vacances les plus funs de toute ma vie ! »
Isaline ignora superbement les ricanements de Draco qui la regardait d'un air moqueur. Forcément, pour un adolescent qui n'était jamais allé à l'étranger, Londres était comme une destination de rêve… Et dans un sens, c'était un peu le cas de Rémi aussi, qui pourrait enfin oublier tout le stress de son travail dans un environnement complètement différent. Elle les imaginait déjà tous les deux complètement pommés et se tournant vers elle à chaque fois qu'on leur parlerait anglais… Elle allait jouer les traductrices pendant une semaine, ça allait lui faire tout drôle…
Elle aurait aimé passer plus de temps avec eux, mais leurs vacances ne coïncidaient pas vraiment. Isaline fermait la boutique tout le mois d'août et Rémi avait pris deux semaines de vacances, la dernière du mois de juillet et la première d'août. En tant que patronne, Isaline aurait pu décaler ses vacances, mais elle était juste financièrement et elle savait pertinemment qu'elle rouvrirait avant la date prévue.
Elle en avait parlé avec Rémi qui lui avait suggéré de commencer le déménagement lors de sa première semaine, ce qui avait excédé Isaline : il était fatigué et avait besoin de repos, le déménagement pourrait bien attendre. D'autant plus qu'Allan allait s'installer dans la chambre d'ami qu'il allait falloir refaire, en partie. Ce ne serait que temporaire… étant donné que Draco lui avait clairement fait comprendre que lui et Harry quitteraient la maison une fois qu'il serait capable de se débrouiller à peu près tout seul.
Quand l'étudiant lui avait parlé de ça, Isaline avait eu comme un coup au cœur. Elle ne s'attendait pas à ça, pas après tout ce qui s'était passé dernièrement. Harry vivait encore chez elle, à vingt-deux ans, et il n'avait jamais eu de relations sentimentales qui aient remis en cause sa vie chez elle. Ils étaient fusionnels et les derniers évènements les avaient une fois encore rapprochés comme jamais. Et soudain, Draco lui parlait de partir…
Elle avait été tentée alors de se lever, de se précipiter dans la chambre de Harry et d'essayer de comprendre, mais le blond avait été plus rapide et lui avait dit de but en blanc que s'il lui en parlait, c'était parce que Harry n'osait pas le faire lui-même. Ces mots l'avaient clouée à son siège. Alors l'étudiant avait continué, lui expliquant qu'ils avaient eu une conversation, tous les deux, et que la meilleure solution était de partir. Pas maintenant, car Harry n'en était pas capable, et cela lui déchirait bien assez le cœur comme ça d'y songer, mais ils devaient s'en aller. Il était temps qu'il commence une vie ensemble, et surtout, Isaline allait avoir un enfant et former une famille, avec Rémi et Allan, et la maison n'était pas assez grande pour qu'ils puissent tous y vivre confortablement.
C'était la meilleure solution.
Et elle le savait.
Ce qui l'empêcha de quitter la cuisine pour se cacher dans un coin et pleurer, ce fut le visage de Draco, et sa vie… Il semblait avoir mal, et il n'éprouvait aucun plaisir à lui parler de cela.
Draco lui dit aussi qu'ils feraient tout pour loger à côté, de façon à limiter les déplacements de Harry et à rester près d'elle. Isaline, qui était restée muette jusque-là, avait secoué la tête en lui disant qu'un peu de métro ou de bus ne ferait pas de mal à son neveu et que…
« Il est absolument hors de question que nous vivions loin de toi. Ça le rendrait fou et, même si ça te paraitra invraisemblable, j'ai aussi besoin d'être près de toi, et de vous tous », lui avait-il dit d'un ton sans réplique.
Oh, elle avait pleuré, bien sûr. Elle s'était cachée dans son lit, avait pleuré un bon coup, et quand elle avait vu Rémi le lendemain, elle avait chouiné dans son cou avant de s'endormir comme un bébé. Puis, les yeux secs, elle s'était enfin décidée à prendre Harry entre quatre yeux et lui parler sérieusement de ce projet de vie à deux. D'abord, son neveu n'avait pas osé lever les yeux vers elle, puis c'était lui qui avait laissé couler quelques larmes, car l'idée de partir d'ici, de laisser sa chambre et cette maison l'angoissait comme jamais. Et pourtant, c'était lui qui avait abordé le sujet avec Draco, qui lui avait demandé, à tâtons, si ça lui plairait qu'ils vivent ensemble.
Pour soulager Isaline.
Pour la laisser construire sa famille.
Pour elle…
Pour eux…
Leur conversation ne s'était pas terminée dans les larmes, la colère, la trahison, et la déception. Il n'y avait pas eu de non-dits non plus. Et cela leur avait permis d'envisager le départ du jeune homme de façon plus sereine. Bien sûr, ce serait difficile le jour venu, mais il n'y avait pas de souffrance inutile dans leur cœur ou de sentiments négatifs. Il fallait bien que ça arrive… et autant en parler longtemps à l'avance, histoire de se faire à l'idée.
Et puis, Allan allait avoir sa chambre. Ce dernier avait exigé que tous les meubles dont Harry voulait se séparer restent dans la chambre. Ils referaient le papier peint, repeindraient le plafond… Mais tout resterait tel quel. Autant dire que le tatoueur avait été étonné qu'Allan veuille tout garder. Les murs non surchargés lui permettaient de la personnaliser et d'en faire son univers, mais il restait quand même perplexe… L'adolescent, lui, adorait la chambre de celui qu'il considèrerait comme son grand frère et ne voulait pas en changer l'ameublement. Le voyant si entêté, le brun lui avait dit qu'il lui laisserait tout, sauf son lit. Rémi ne comprenait toujours pas pourquoi son fils en était si heureux…
« Y'a plein de trucs que je veux faire ! Comme…
- Je sens que tu vas nous couter cher, toi… Heureusement que je paye pas le logement.
- T'exagères… Tu sais, Harry m'a dit qu'il m'emmènerait en vacances l'été prochain, si sa jambe va mieux.
- Si ça se fait, on n'ira pas loin, le prévint Draco. Ça met du temps à guérir, tu sais.
- Nan, mais je m'en fous d'où on part, l'important c'est de partir avec lui. J'aurais trop aimé partir avec vous cet été… Oui je sais Draco, c'est trop compliqué pour vous et Harry ne voudrait pas que je le vois comme ça… Mais j'aimerais l'aider…
- Tu l'aides déjà en venant le voir régulièrement, mon chéri. Tu sais, il n'en demande pas plus. »
Ils entendirent soudain la porte d'entrée s'ouvrir, puis la voix de Rémi qui annonçait son arrivée. Allan se leva aussitôt pour aller l'accueillir, alors qu'Isaline en faisait de même pour enfourner sa tarte. Draco la regarda faire, avant de la suivre dans l'entrée.
Rémi s'y trouvait, en jean et tee-shirt, l'air fatigué mais apparemment de bonne humeur. Il serra affectueusement la maison du blond avant d'embrasser Isaline, la prenant dans ses bras. Allan et Draco s'éclipsèrent, alors que le médecin serrait fort contre lui la future mère de son second enfant.
OoO
Assise entre Hermione et Gregory, qui riait un peu fort à une énième blague des jumeaux, qui semblaient particulièrement déchainés ce soir-là, Millicent conversait joyeusement avec Cho qui semblait avoir un ver dans le derrière tellement elle gigotait sur son siège. L'ambiance était agréable autour de la table de ce modeste restaurant coréen où ils avaient tous débarqué, sans doute à la plus grande horreur des serveurs qui maudirent celui qui leur avait envoyé cette bande d'une dizaine de jeunes affamés et extrêmement bruyants… dont un en fauteuil roulant.
Quel bazar ça avait été, de les placer, en jouant à tétris avec les tables et le fauteuil de Harry et en essayant de combler les un et les autres : les jumeaux ne voulaient pas être au bout, Hermione voulait être non loin de Cho et Millicent, Seamus voulait être à côté de Théo pour l'emmerder, et ce dernier n'en voulait pas, ou encore Ron qui voulait pas de ses frangins à moins de deux mètres de lui… Les serveurs les avaient laissé faire, et encore heureux, sinon ils se seraient arraché les cheveux… Même Harry s'était demandé si c'était une bonne idée de manger dans un endroit pareil et non pas à Mcdo', où c'était bien plus simple de caser son siège…
La commande avait été aussi compliquée que l'installation, et ça faisait bien longtemps que Harry n'avait pas ri comme ça en voyant le pauvre serveur essayer de s'organiser, entre ceux qui prenaient un plat ou une entrée en guide de plat, ceux qui partageaient une assiette, les autres qui débutaient par un apéritif ou un thé… Sans compter ceux comme Cho, Olivier et les jumeaux qui changeaient d'avis toutes les deux minutes…
De là où elle était, Millicent avait une large vue sur toute la tablée et prenait part à la plupart des conversations. Son cœur battait fort dans sa poitrine, emporté par la bonne ambiance qui régnait autour de la table, une ambiance qu'elle n'avait pas connue depuis une éternité… Tous étaient de bonne humeur, même Harry, particulièrement déchaîné… Certes, son humeur s'était considérablement améliorée depuis quelque temps, et notamment parce que ses amis avaient brisé le tabou enrobant son fauteuil roulant, mais ce soir, il redevenait le jeune homme pétillant qu'elle avait connu…
Et Draco, assis en face de lui, redevenait son ami un peu sur la réserve, mais taquin et moqueur, n'hésitant pas à tacler Blaise, Théo ou encore envoyer bouler les jumeaux quand ils s'intéressaient un peu trop à sa vie personnelle. Par moments, il prenait la main de Harry, sur la table, et lui glissait des regards tantôt tendres, tantôt… provocateurs. Et elle était très loin de se douter que le brun lui faisait allègrement du pied sous la table, ce qui ne manquait pas d'émoustiller l'étudiant…
Un dîner fort agréable, qui leur rappelait leurs soirées précédentes et qui annonçait des vacances prometteuses, en dépit du handicap du tatoueur. Millicent, comme la quasi-totalité du groupe, savait que ce ne serait pas facile tous les jours, qu'il faudrait faire des concessions et qu'il serait compliqué de sortir Harry de l'appartement, pour aller à la piscine se dorer au soleil ou à la plage pour se détendre avec eux. Cependant, ce dernier avait le sourire, et c'était déjà ça…
Il était même peut-être un peu trop souriant, se disait parfois la jeune femme en le regardant rire à une bêtise de Cho, ses doigts enlacés à ceux de Draco. Elle se demandait si ça ne cachait pas un profond mal-être qu'il essayait d'oublier ou de cacher en se montrant plus joyeux, plus ouvert… Il voyait une psy', Draco lui en avait parlé, et apparemment, Harry demeurait assez fermé, la spécialiste ne parvenait pas à faire tomber les barrières.
Et parfois, Harry faisait des rechutes…
Parfois, Harry se mettait à pleurer, sans aucune raison, ou s'énervait pour une broutille… Il se réveillait dans la nuit et restait éveillé des heures durant, au point qu'il arrivait que ce soit lui qui réveille Draco, le matin… Et parfois même, il piquait des crises montres, à s'en rendre malade…
Mais ça, elle ne le savait pas.
À vrai dire, personne ne le savait, mis à part Blaise, Théo et Seamus. Le premier parce que Draco avait besoin de parler avec quelqu'un de ce qu'il vivait, le second parce qu'il était parfois le seule capable de remettre Harry sur les rails, et le dernier parce que c'était parfois dur pour Théo d'encaisser ça, et qu'il avait besoin d'une oreille attentive. Et qu'il savait que Seamus ne baverait pas, et qu'il aidait parfois son ami à y voir plus clair…
Le travail sur lui-même qu'il devait effectuer prendrait du temps… Draco craignait plus que tout la rechute, celle qui risquerait de les briser et qu'il ne parviendrait pas à supporter…
Mais pour le moment, ça allait.
Ça allait…
Donc il fallait profiter de la vie et ne pas se laisser aller à la déprime. Il ne fallait pas aller dans son sens et l'encourager quand il voulait sortir et changer d'air. Les choses n'étaient pas toujours faciles avec un handicapé, mais affronter ces difficultés à Paris leur permettait de les envisager pour leurs vacances.
Après ce dîner, ils se rendirent tous ensemble au cinéma. Là encore, c'était toute épreuve, mais ils commençaient à avoir l'habitude. Les gros bras de la bande, à savoir Olivier et Ron, portaient Harry pour descendre les escaliers alors que Théo et Draco, à force d'habitude, s'occupaient du siège. C'était loin d'être le plus lourd, mais c'était bien peu pratique à transporter… Théo détestait prendre les transports avec Harry, trop peu de stations de métro étaient équipées pour les handicapés, ce qu'il trouvait absolument lamentable. Il était alors toujours partant pour prendre la voiture et l'emmener où bon lui semblait. Mais ce n'était pas possible avec cette bande dégénérés qui ne pouvaient pas se faire un resto' sans boire, et ne voulaient pas se prendre la tête dans Paris avec la bagnole…
Il était d'ailleurs bien le seul à ne pas prendre de gants avec Harry. Enfin, au début, il tâtonnait, comme tous les autres, mais il avait fini par en avoir assez de ne pas lui dire clairement ce qu'il pensait et il en vint à dire sans humour que c'était chiant de se déplacer avec lui dans Paris sans voiture. Ce qui choqua énormément Ron, Neville et Cho alors présents… mais Harry parut bien le prendre. C'était du Théo tout craché, jamais content, grognon et qui insultait chaque escalier qu'il rencontrait, et Dieu savait comme il pouvait y en avoir dans le métro parisien… Draco pensait, à juste titre, que le fait que Théo prenne la voiture systématiquement, quitte à se taper des bouchons d'enfer, pour sortir Harry hors de chez lui aidait beaucoup… Car, soyons honnête, le brun préférait largement quand son ami le baladait en auto…
Les choses se passaient un peu mieux au cinéma, même s'il fallait toujours l'aider à se déplacer et l'installer dans un fauteuil à un bout de rangée pour sa jambe, rangeant le siège roulant dans un coin pour ne déranger personne. En général, Draco se mettait toujours près de lui, lui tenant la main dans la pénombre, se rappelant de leurs premiers rendez-vous dans ces salles obscures… Il écoutait Harry lui glisser des remarques à l'oreille, souriait en le sentant l'embrasser sur la joue ou dans le cou, capturait ses lèvres par moments, le sentait fondre contre lui…
Et rêvait du moment où il pourrait le posséder à nouveau, l'embrasser comme un perdu et lui faire l'amour comme il ne lui avait jamais fait…
Surtout quand Harry lui glissait de petites phrases ambigües au creux de l'oreille, éveillant ses sens et lui donnant envie de plus…
Le retour était en général plus compliqué que l'aller, car ils étaient moins patients et moins tolérants envers les gens qui se pressaient autour d'eux. Ils formaient comme un mur infranchissable autour de Harry qu'ils calaient contre les strapontins, jetant des regards malveillants à toute personne tentant de leur résister ou de les coller contre le siège roulant plutôt que d'attendre la rame suivante. Et s'ils étaient relativement patients à l'aller, le retour était toujours plus tendu, et il était arrivé que Cho, Ron ou Théo haussent la voix pour qu'on leur laisse la place. Les gens n'étaient pas toujours très compréhensifs…
Mais en général, ça se passait toujours plutôt bien. Ils préféraient rire de ça plutôt que pester sans cesse après des comportements qui ne changeraient jamais. Le pire fut sans doute le jour où une petite vieille exigea que Harry se déplace des strapontins pour lui laisser la place, sous prétexte qu'elle était âgée… La tronche éberluée de Théo valait tout l'or du monde… Draco avait vraiment cru un moment qu'il allait sauter sur la vieille et lui faire comprendre sa philosophie de vie, mais il s'était retenu, se contentant de la traiter de « vieille peau » et de lui conseiller gentiment d'aller faire chier quelqu'un d'autre pour avoir une place assise. Autant dire que la brave dame ne le fit pas répéter deux fois… Il fallut quand même un petit bout de temps à Théo pour s'en remettre…
Alors que Harry, Hermione, Millicent et Seamus n'en finissaient plus de rire…
OoO
Il était allongé sur lui. Son corps, habillé d'un fin pyjama, était alangui sur le sien. Ses mains étaient partout, sa bouche avait été emprisonnée par la sienne pour un baiser des plus torrides… Un de ceux qu'ils s'échangeaient, quelque temps auparavant… avant la catastrophe. Le genre de baiser qui lui faisait voir les étoiles, qui annonçait un corps à corps chaud bouillant.
Ils ne feraient pas l'amour, ce soir. Il y avait toujours ce maudit plâtre qui l'empêchait de bouger, et ils se refusaient à employer la méthode de facilité, en le tournant sur le côté. Ou bien il pourrait rester allongé, et l'autre le chevaucherait, mais si Draco était prêt à le faire, ce n'était pas le cas de son amant…
Qui voulait le sentir en lui. Sentir ses bras, autour de lui, leurs torses se toucher, ses cuisses contre les siennes, ses mains sur ses hanches, ses fesses, et sa bouche… Il voulait se sentir bien, protégé, tout contre lui… Pas un coup à la va-vite…
C'était compliqué. Gérer son envie, envie de lui offrir son corps un jour, parce qu'il savait qu'il avait du mal à tenir, mais le lendemain, se rétracter, et lui demander d'attendre…
Alors, ne restaient plus que les caresses, de plus en plus intimes, de plus en plus poussées. Ils s'étaient jurés de se retenir, mais le manque devenait insupportable. Les baisers, aussi fougueux soient-ils, ne suffisaient plus à combler le manque, pas plus que leurs câlins devant la télévision.
Ils comptaient les jours…
Avec crainte, et envie…
Soudain, Harry le sentit se décaler, enjambant son plâtre, et appuyant sur son entrejambe, lâchant ses lèvres pour l'entendre gémir. Sa main glissa sur sa cuisse et remonta sa jambe, la calant contre sa hanche, les rapprochant intimement.
C'était insoutenable…
Insoutenable…
OoO
On toqua à la porte. Le genre de toc-toc de politesse qui n'attendait pas de réponse…
« Salut Harry ! »
Ça ne pouvait être que lui, se dit le jeune homme alors que Seamus lui sautait littéralement dessus, le serrant fort contre son cœur avant de l'embrasser sur les deux joues. Bon, certes, Harry était habitué à ses témoignages d'affection, et depuis qu'il était plus ou moins libéré de son immobilité, l'Irlandais avait tendance à rattraper le temps perdu et à le prendre dans ses bras. Cependant, il se demanda sérieusement si venir le voir était vraiment la seule raison à son bonheur…
« Bonjour Seamus. Tu m'as l'air de bien bonne humeur…
- J'ai plein de trucs à te raconter, mais là je peux pas, ils sont en bas et ils vont pas tarder à monter !
- Théo est là ?
- Ouais, il voulait venir te voir donc je me suis incrusté ! »
Ou plutôt, il avait dû lui faire ses yeux de chien battu pour que, enfin, il accepte de rendre visite à Harry en sa compagnie, ce qu'il avait jusqu'alors toujours refusé.
« Là, il est en train de discuter avec Isaline et Nymph'. Et toi, ça va ?
- Très bien.
- Sûr ?
- Sûr de sûr.
- Et avec Draco ? »
Harry hésita un court instant avant d'esquisser un sourire complice, ce qui fit glousser Seamus. Ce dernier dut se mordre la langue pour ne pas enchaîner car il se tut en entendant les deux hommes monter les escaliers en discutant. Ils ne tardèrent pas à entrer dans la chambre l'un après l'autre.
Théo avait l'air d'aller bien. Il semblait avoir repris des couleurs, paraissait plus souriant, et déconnait avec Draco. C'était agréable de le voir comme ça, moins coincé, moins sur la réserve, parce qu'il avait peur de le froisser ou de dire quelque chose qu'il aurait mieux fait de garder pour lui… L'un de ses meilleurs amis revivait sous ses yeux…
Le jeune homme se baissa vers lui pour lui serrer la main affectueusement, souriant, naturel. Il fit le tour du lit et se laissa tomber à côté de Harry, alors que Draco s'asseyait sur la chaise de bureau qu'il fit rouler tout près de Seamus. Tout se faisait si naturellement que cela parut un peu étrange pour l'alité, qui s'attendait à une gêne, même minime, notamment entre le nouveau couple. Mais ces deux-là continuaient à s'envoyer des vacheries comme avant, un peu comme si leur relation n'avait pas évolué et qu'ils ne sortaient pas ensemble depuis plusieurs semaines…
Il n'était pas le seul à se faire ce genre de réflexion. De son côté, Draco était persuadé que la discussion déraperait et qu'ils auraient droit à un échange houleux entre les deux colocataires ou une gêne qu'il faudrait dissiper, mais les deux hommes restaient les mêmes, s'envoyant des pics à longueur de temps. Cependant, il y avait des choses qui ne trompaient pas… car Draco était placé de façon à bien voir le visage de Seamus et Théo, et les regards que l'Irlandais lançait parfois à son colocataire le trahissaient.
Car Bon Dieu, ce qu'il avait envie de se lever pour lui faire un câlin et l'embrasser… La voir si loin de lui ne le blessait pas, mais lui laissait une impression de vide. Cependant, le fait que Théo ne l'évite pas rendait les choses plus faciles… Il ne détournait pas le regard, répondait à ses vannes, et même s'ils n'avaient eu aucun geste ou aucun mot évoquant leur relation, il ne mettait pas de barrières entre eux, et ça, c'était agréable…
Nous étions enfin d'après-midi, début de soirée. Théo était passé prendre Seamus après son travail, ayant subi un chantage affectif indécent auparavant, et était passé à la boutique sans penser s'y attarder, mais, au final, ils restèrent dîner. Isaline allait passer la soirée chez Sirius et Severus, alors ils commandèrent des pizzas et campèrent dans la chambre de Harry. Il y eut un véritable débat idéologique entre Théo et Seamus quant au choix des pizzas et Draco joua littéralement les arbitres : en plein milieu de leur dispute, il sortit un sifflet de nulle part et souffla un grand coup dedans ! Faisant rire son petit ami aux larmes…
La soirée était agréable, détendue. Harry regardait avec plaisir Draco s'ouvrir et rire des bêtises que Théo lui racontait, et apparemment, il en avait beaucoup en stock… Seamus, lui, s'était installé à côté de Harry et participait activement à la conversation, tout en le tenant au courant des derniers potins, et notamment la récente conquête de Cho…
Mais jamais, au cours de la soirée, il n'y eut le moindre rapprochement entre Théo et Seamus. Même s'il était évident que les regards de l'Irlandais envers son colocataire portaient à confusion, ils ne se touchèrent pas une seule fois et aucun de leurs mots n'évoquèrent leur relation. Et ce n'était pas Harry ou Draco qui allaient en faire la remarque, même s'ils auraient voulu que tous deux se montrent un peu plus proches…
Jusqu'au moment où, au moment de partir, Seamus posa sa main sur l'épaule de Théo.
Alors, Harry vit une sorte de douceur dans les yeux de son ami quand, assis sur le lit, il les leva vers son colocataire pour lui répondre.
Ce fut le geste le plus intime qu'ils échangèrent lors de cette soirée.
Et il en disait long…
OoO
« Moi, j'dis, faut organiser une fiesta !
- Ça te prend comme une envie de pisser ?
- Attends, ça va être l'anniversaire de Hermione, faut une méga fête !
- Tu sais, honnêtement, je l'aime bien Hermione, hein, elle me fait triper avec sa manie de stresser pour ses examens six mois avant la date, mais je vois pas le rapport entre son anniversaire et la grosse fiesta du siècle…
- Sur ce point, je rejoins Théo, perso', même si je suis pas contre l'idée ! »
Ron leva les yeux au ciel, alors que Théo et Cho se regardaient, sans trop comprendre où il voulait en venir. Non loin, Neville préparait leur repas du soir avec Seamus qui faisait bouillir l'eau pour le riz, écoutant la conversation d'une oreille distraite.
« Mais vous comprenez rien…
- Ça, je te le confirme.
- Mais c'est un prétexte pour s'amuser ! Y'a son anniversaire, mais y'en a d'autres qu'on n'a pas vraiment pu fêter avant, genre celui de Millicent, et puis même, on a besoin de se détendre !
- Là, je te suis un peu mieux.
- Mais… et Harry ?
- Mais Cho, justement, ça fera du bien à Harry ! Bon c'est vrai qu'il a une mobilité très réduite, mais ça lui fera surement du bien aussi ! J'ai un peu évoqué l'idée et ç'avait l'air de l'emballer ! On se fait une bonne soirée chez mes parents…
- Ils accepteraient de nous laisser la maison ?
- Mais ouais…
- L'air dubitatif de Neville me rassure pas ! »
Cho éclata de rire alors que Neville se dandinait d'un air indécis, mettant clairement en doute la bonne volonté des parents de son colocataire. Ron lui jeta un regard mauvais alors que Seamus ricanait dans son coin.
« Nan, mais l'autre jour, les jumeaux ont fait une petite fête chez mes parents et c'était un peu le bordel, quoi…
- Quand on connait leur définition du « pas très bien rangé », je n'ose imaginer…
- Mais si je dis que toi, tu viens, ils me laisseront faire !
- Théo est l'argument de confiance ?
- Hey, toi, retourne à ton riz, tu veux ?! »
Cho ricana en voyant la mimique moqueuse de l'Irlandais qui retourna à ses oignons.
« Bon, on va essayer de faire ça. Comment on s'organise ? »
Alors que leurs deux cuisiniers en herbe s'activaient derrière les fourneaux, les trois amis commencèrent à programmer la fête, la fixant au week-end suivant, ne travaillant pas exceptionnellement le samedi, il pouvait donc faire la java la veille sans en souffrir le lendemain matin. Enjoués, Ron et Cho faisaient des plans sur la comète, Théo les écoutant vaguement en se demandant comment il allait gérer cette affaire… car il n'était pas dupe, c'était le meilleur moment pour lui d'avouer à ses amis qu'il sortait avec Seamus, dont le regard était constamment posé sur lui.
Ça ne servait plus à rien de se cacher. C'était lourd, beaucoup trop lourd, et beaucoup trop difficile pour lui.
Non, il n'était pas homosexuel. Non, il n'éprouvait pas de désir sexuel pour Seamus, il n'en était pas amoureux non plus, et il était très loin d'accepter l'idée qu'il fréquentait effectivement un homme, et que c'était… agréable. Oui, ses baisers étaient agréables, mais ils finissaient toujours par lui laisser un goût amer dans la bouche… le goût de la culpabilité. Parce que ce n'était pas normal, parce que ça lui donnait mal au ventre quand il y pensait trop, parce que putain Seamus était son ami, merde…
Mais la vérité… c'était que Seamus lui correspondait. S'il avait eu un vagin et une paire de seins, il aurait été pile ce qui lui plaisait. Théo avait fini par le comprendre, à force de se demander pourquoi Seamus le troublait et pourquoi il se laissait faire… Il était son genre. Mais c'était un mec. Le problème majeur résidant dans son caleçon… car c'était pas comme s'il était sorti avec des filles ayant des grosses poitrines, ça n'avait jamais été son truc…
BREF.
Ça ne pouvait plus durer. De toute façon, il avait un problème. Ça faisait des années qu'il se voilait la face, qu'il faisait comme si de rien n'était, mais il avait un problème. Il ne voulait pas réfléchir aux causes du pourquoi il était devenu si réfractaire, pourquoi il avait un problème avec les homos, car non, ce n'était pas ce type qui avait essayé de le chopper dans les chiottes qui avait causé tout ça, ce n'était que la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, il y avait d'autres choses, beaucoup d'autres…
Il avait un problème. Et le problème majeur, c'était qu'il se détestait. Qu'il se dégoutait, et ce depuis des années. Mais ça, il l'avait oublié, jusqu'à ce que Seamus lui fasse comprendre qu'il n'était définitivement pas normal, jusqu'à ce qu'il le force inconsciemment à se regarder vraiment dans une glace et retomber dans ce dénigrement systématique dont il avait souffert dans son adolescence…
Il devait éclaircir la situation. Il devait essayer. ET ce n'était pas en se cachant comme il le faisait qu'il allait en savoir plus sur lui-même. Il savait pertinemment qu'il ne serait pas plus démonstratif devant les autres, mais quand ils le sauraient, ce serait plus facile, pour lui, pour Seamus qui prenait sur lui pour ne pas craquer. Ce serait plus dur de gérer cette partie de lui qui rejetait tout en bloc, d'accepter, peut-être, et assumer… mais il devait aller de l'avant. Se prendre en main.
Et surtout…
Ne plus lui faire de mal…
« Bon, alors, on fait comme ça ?
- Nikel.
- Chaud devant ! »
Seamus posa un dessous de plat juste avant que Neville ne pose une marmite toute chaude remplie de riz mélangé à de la crème fraiche, de l'escalope de dinde et des champignons.
« Désolé, on n'a plus grand-chose dans les placards, j'ai fait avec ce que j'ai. Bon appétit ! »
Les deux cuisiniers s'assirent à table, Neville en bout de table et Seamus juste en face de Théo, contre le mur. Il sentit son pied taquiner le sien et se retint pour ne pas le lui écraser bien comme il faut, car sinon Cho lui aurait pris la tête avec ça. Déjà qu'en ce moment elle ne le lâchait pas, ne comprenant pas qu'il soit encore célibataire, elle avait plein de copines à lui présenter… Le pire fut sans doute quand elle parla de cela lors d'une de leurs sorties au restaurant. Théo avait vu le regard de Seamus durcir et ses doigts se crisper sur sa fourchette, et, pris de court, il ne sut quoi répondre à l'asiatique, qui fut aussitôt happée par Harry qui lui retourna la question : quand est-ce qu'elle leur représenterait une petite copine ? Théo l'aurait presque embrassé…
Et la conversation repartit sur la fête ainsi que leurs prochaines vacances, mettant un coup de pression à Théo qui se demandait vraiment comment il allait gérer tout ça…
Il était mal barré.
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
