Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M.

Eh oui eh oui, après des mois et des mois d'attente, voici le nouveau chapitre de Papillon !

Lys : Posté le 24 décembre, pour vous souhaiter un joyeux noël et pour fêter un bon anniversaire à cette fic, publiée depuis 2008 ! Ca commence à dater !

En espérant que ce nouveau chapitre vous plaira :D Désolée pour l'attente...

Bonne lecture !


Tome 1 et 2 de Papillon

Comme vous le savez sans doute, un premier tome de Papillon a été imprimé par le fanzine Sectumsempra, mon amour ?. Il est toujours disponible, tout comme le tome 2 ! L'association sera présente à la prochaine Paris Manga, les 9 et 10 février 2013 :)

A bientôt !


Chapitre 40

Assis à ses pieds, Teddy s'échinait à dessiner une maison avec ses gros feutres sur son plâtre, concentré comme jamais et ayant du mal à parvenir au résultat qu'il souhaitait, la surface n'étant ni plane ni régulière. D'un œil tendre, mais distrait, son parrain le regardait faire, surveillant plus les feutres qu'il laissait parfois non-bouchonnés sur le sol que le travail de cet artiste en herbe. Et il avait hâte qu'il termine son œuvre, il n'y avait quasiment plus de place sur son plâtre, donc il avait dû adopter une pose peu confortable pour que son filleul puisse trouver un endroit où dessiner…

Quand Teddy eut terminé, il se releva, fier de lui, et montra du doigt son dessin en demandant son avis à son parrain qui fit mine de regarder et le félicita, ayant trop mal au dos pour se courbaturer davantage, pour le bon plaisir de l'enfant…

« Maman ! J'ai fait un beau dessin ! »

Tonks ne tarda pas à répliquer et ne manqua pas d'admirer un long moment le chef-d'œuvre de son fils, s'attirant le mépris évident de Harry, qui n'en pouvait plus. Quand Teddy voulut aller chercher sa marraine, qui était en train de travailler, le brun se remit correctement sur le canapé et poussa un soupir.

« Que ne ferais-tu pas pour ton filleul, hein ?

- Je confirme. J'ai mal au dos, maintenant…

- Tu veux un massage ? Souris pas, je suis sérieuse !

- T'en fais pas.

- Bientôt le grand jour, hein ?

- Ouais.

- Tu flippes ?

- Ouais… »

Le rendez-vous à l'hôpital pour retirer son plâtre et voir l'état de son pied et de sa jambe était pour bientôt, et il ne savait pas si c'était lui ou Draco qui stressait le plus. Lui, parce qu'il ne savait pas comment il réagirait en voyant sa jambe et son pied mis à nu, et apprendre qu'il aurait certainement une autre opération, ou aucune… Après tout, il n'avait pas sauté de si haut, et peut être que son pied n'avait besoin de rien, si ce n'est de temps… Et Draco, plus que craindre l'avis des médecins, avait peur de son état, quel qu'il soit, après ce rendez-vous, auquel il ne pourrait pas assister. Non pas qu'il aurait été d'une grande aide, mais au moins il aurait été là. Au cas où. Car quand Harry n'allait pas bien, il était aux premières loges et subissait en premier ses colères et crises de désespoir…

Mais il fallait bien en passer par là. Harry avait rêvé du jour où n'aurait plus ce plâtre autour de la jambe, un peu comme une victoire, mais les choses n'étaient pas aussi faciles qu'elles en avaient l'air. Le jeune homme avait fini par prendre conscience que ce n'était pas le retrait de ce plâtre qui le soulagerait de tous ses maux. Il aurait encore mal au dos et au cou, il faudrait continuer à rééduquer son bras, et sa jambe ne serait pas utilisable avant un long moment. L'admettre lui en avait couté…

C'était difficile d'admettre que notre vie ne serait plus comme avant, qu'on avait mal, et qu'on ne pourrait rien y faire…

« Bah, ça va aller. La vie sera plus facile pour toi ! Et ton chéri en a vu d'autres. »

Ce n'était pas ce qu'il craignait le plus. Cela ne faisait pas encore un an qu'ils étaient ensemble, et Draco l'avait déjà aidé dans des tâches relativement ingrates. Si au début de leur relation on lui avait dit que son petit ami l'aiderait un jour à se laver, s'habiller et aller aux toilettes, il ne l'aurait jamais cru… Pas plus que Draco, d'ailleurs… Certes, une certaine angoisse existait encore, car peut-être que, sait-on jamais, le blond aurait peut-être un électrochoc en voyant sa jambe, et peut-être qu'il comprendrait enfin toute l'ampleur de son handicap et le poids qu'il représentait pour lui… Mais il préférait ne pas y penser. L'idée de le perdre définitivement était trop douloureuse.

Non, c'était plutôt de l'avenir, dont il avait peur. Un avenir difficile, avec les séquelles qu'il trainerait toute sa vie… Il allait mieux, parce qu'il avait décidé d'aller mieux, parce qu'il ne voulait plus voir cette tristesse dans les yeux des gens qu'il aimait, mais il avait toujours cette crainte, et il l'aurait des années, jusqu'à retrouver confiance en lui et son autonomie d'antan.

La première étape de ce long chemin, c'était le retrait du plâtre.

« Tu veux vraiment pas que je vienne ? Tu sais, Isaline a dit que…

- Moins il y aura de monde et mieux je me sentirai. Vraiment. »

Quatre personnes l'accompagnaient. C'était beaucoup, mais c'était essentiel. Isaline et Sirius avaient été intransigeants, refusant que l'un des deux seulement l'accompagne. Puis, Théo et Ron s'étaient plus ou moins imposés. Si Luna avait été là, elle serait venue sans demander son avis, mais Harry ne pouvait pas compter sur elle, et il avait besoin d'être avec des proches. Des personnes devant qui il pouvait craquer, et qui seraient capables de lui apporter du réconfort. Cho s'était proposée, mais ils savaient tous les deux que ç'aurait elle qui aurait pleuré, alors il avait gentiment refusé sa proposition. Elle avait paru un peu soulagée…

Draco aurait voulu venir. Il le lui avait clairement dit, mais Harry avait quand même pris rendez-vous en journée pour qu'il ne puisse pas être là. Énervé, le blond lui avait répliqué qu'il pouvait très bien prendre un jour de congé sans solde et l'accompagner, et s'en était suivi une dispute, jusqu'à ce que l'étudiant cède et accepte plus ou moins l'idée de ne pas être présent. Il savait très bien que ce serait un moment difficile pour son petit ami, mais précisément, il aurait voulu être là pour le soutenir, mais manifestement, Harry ne voulait pas lui faire subir cela. Autant qu'il soit là pour l'aider, après son rendez-vous…

« Okay. Et puis bon, après ton chéri va te réconforter, hein ? Te fais des papouilles, et tout…

- Ou autre chose…

- Pas de détails ! »

Nymph' se boucha les oreilles avec ses mains en secouant la tête alors que Harry explosait de rire, ce qui fit redevenir Teddy dare-dare. Il les regarda en se demandant pourquoi son parrain riait comme ça, alors que sa maman se dandinait en mimant la gêne, refusant d'entendre et de voir Harry qui n'en finissait plus de rire… Teddy décida quand même d'avoir le fin mot de l'histoire en tirant sur la jupe longue de sa mère, essayant de capter son attention.

« Maman… Se passe quoi ?

- Parrain dit que des bêtises !

- Tout de suite…

- Ne salis pas les oreilles chastes de mon fils !

- Ne t'inquiète pas, il a bien le temps pour être dévergondé…

- Mon bébé ! »

Nymph' se baissa et le chopa, le collant contre sa poitrine d'un air protecteur.

« Mon Dieu, comment ce sera quand tu seras grand, beau et sexy en diable, dans ce monde rempli de jolies filles vicieuses qui…

- Et d'hommes vicieux…

- Ah non ! Mon fils ne sera pas homo ! Je ne pourrai pas emmerder son mec comme je veux, il pourrait avoir le culot de m'envoyer chier si je vais trop loin ! Personne ne peut être aussi parfait que mon Remus… Non, il lui faut une nana, une vraie, avec qui je pourrai jouer le rôle de belle-mère tyrannique !

- … J'aime ton raisonnement.

- Ne t'inquiète pas, mon bébé, maman te protège… »

Harry leva les yeux au ciel alors que Nymph' berçait son fils, qui souriait gentiment, adorant être dans les bras et surtout bercé.

« Je rigole le jour où il te ramène quelqu'un à la maison…

- Que ce jour arrive le plus tard possible…

- Et Remus en pense quoi, de tes bêtises ?

- C'est pas des bêtises d'abord ! Et Rem', bah il s'en fiche, « du moment que mon fils est heureux », et gnagnagna, 'fin tu vois le genre ? Mais non ! Il comprend pas que…

- Je le plains d'avance… »

Et Nymph' enchaîna, se plaignant de Remus qui ne semblait pas du tout prêt à faire la misère aux conquêtes de son fils, quelles qu'elles soient. Il avait eu Teddy assez tard et pensait ne jamais avoir d'enfant, il se voyait donc mal ennuyer son garçon sur ce plan-là. Et, de toute manière, ce n'était pas dans son caractère d'emmerder les autres, loin de là…

Harry regarda Teddy, qui venait de mettre son pouce dans sa bouche, blotti tout contre sa mère qui ne cessait de bouger en parlant. Il se demanda un instant quel serait son avenir, si un jour il aurait une famille, à lui… S'il aurait des enfants. Il en souhaitait, ayant eu une enfance chaotique, et il avait toujours aimé les enfants. Mais… Il était homosexuel. Et Draco ne semblait pas particulièrement disposé à avoir des enfants. Ils n'en avaient jamais vraiment parlé, mais le blond avait vécu différemment sa condition de fils unique, et il semblait capable d'envisager son avenir sans bébé…

Même s'il n'était pas totalement fermé…

Peut-être qu'ils en auraient un, un jour. Peut-être…

OoO

Il avait pleuré. Un long, long, long moment. Les larmes avaient coulé toutes seules sur ses joues, s'échappant de ses yeux sans qu'il ne s'en rende compte. Il avait fallu qu'Isaline les essuie du bout des doigts pour qu'il prenne conscience que ses nerfs étaient en train de lâcher…

Pourtant, il tenait le choc. On l'avait assis, on lui avait parlé, histoire de le détendre, alors que, merde, comment voulait-on qu'il se détende, alors qu'il ne savait pas dans quel état il allait retrouver sa jambe et son pied défoncé par le choc… L'angoisse qui lui bouffait le cœur et l'empêchait de dormir depuis deux jours avait augmenté d'un cran quand on avait apporté la scie pour ouvrit son plâtre en deux. Les yeux rivés sur les mains du médecin qui s'activait à le libérer, il avait suivi l'opération avec un nœud dans le ventre, le cœur au bord des lèvres. Un cœur au rythme anormalement calme, au vu de la peur qui lui bloquait la tête et tendait tout son corps fatigué…

Oui, il tenait le choc. Il avait envie de vomir, l'estomac noué, et l'esprit en ébullition, mais ça allait. Pas de crise d'angoisse, ou de peur, avec des cris, des gémissements… Il ne pensait à rien, se contentant de regarder le médecin, ses mains, la scie…

Et puis… il avait craqué, et il avait mis longtemps à se remettre. Hagard, il avait regardé un long moment sa jambe, blessée, abîmée… Et son pied, aussi, qui avait subi une opération pour tout remettre en place…

Et il avait pensé à Draco.

À Draco, qui poserait ses yeux bleus sur son membre endommagé…

Et il avait pensé à son avenir.

À son avenir, avec lui, qui n'existerait peut-être pas…

Alors il avait pleuré.

Un long, long…

Long moment.

OoO

« Alors ?

- Ça va pas.

- À ce point-là ?

- Je l'ai rarement vu comme ça. On dirait que le ciel lui est tombé sur la tête.

- Mais son pied est dans un état si…

- Non, pas tant que ça… enfin le médecin était optimiste, il a bien guéri, et tout, bon y'a encore un gros travail, faut pas rêver, hein… Il a le genou fragilisé, il ne mettra pas le pied par terre avant un bon moment, et surtout, y'a tout un travail de rééducation derrière. Le fait qu'il n'ait pas sauté de très haut a limité les séquelles.

- Il pourra donc remarcher un jour.

- Ça mettra du temps… mais normalement oui.

- Il a eu de la chance, ç'aurait pu être bien pire. Je sais de quoi je parle. »

Isaline touilla son café nerveusement. Elle n'avait même pas envie d'imaginer l'état dans lequel il pourrait être, après ce qu'il avait fait… Rémi ne lui parlait jamais des cas qu'il avait rencontrés ou qu'il voyait encore tous les jours à l'hôpital. C'était d'ailleurs bien la seule chose dont il ne lui parlait pas quand il évoquait son travail, mais Dieu savait ce qu'il avait pu voir…

« Il lui faut du temps. Ce n'est pas facile de se remettre de ce genre de traumatisme, et personnellement, je trouve que Harry s'en sort bien. Il a le désir d'avancer, et il fait des efforts. Il est toujours suivi ?

- Oui.

- Il prend quelque chose ? Il boit, ou mange, ou…

- Non non. Bon, je sais qu'il abuse un peu quand Draco ou ses amis l'emmènent dehors, mais non, il ne prend rien. Il doit attendre le retour de Draco, là…

- Sa réaction est déterminante, alors. Il rentre à quelle heure ?

- Aucune idée. Il ne dîne pas avec nous ce soir, mais avec ses parents, son père l'a appelé dans la matinée. Apparemment son père à lui est arrivé en France ce matin, et s'ils ne dînent pas ensemble ce soir, ce sera ce week-end…

- Comment Harry a réagi ?

- Il préfère qu'il dîne avec ses parents ce soir. À mon avis, plus il rentrera tard, et mieux ce sera pour lui. Mais rêve pas, hein, il m'a clairement fait comprendre qu'il fera pas long feu chez ses parents, il ne s'entend pas avec son grand-père, il fait ça juste pour sa mère. »

Quand Draco l'avait appelé à sa pause déjeunée, elle avait senti son énervement dans le ton de sa voix. Il paraissait profondément agacé à l'idée de dîner avec son grand-père, qui pour des raisons personnelles ne pourrait être présent au gala organisé par son fils unique, alors il avait décidé de passer le voir un peu avant. Mais le jeune homme n'était pas dupe, il savait que ce vieux fourbe venait un peu avant afin de s'adonner à l'un de ses passe-temps favoris : s'attaquer à sa belle-fille, qui serait plus disponible qu'à une soirée mondaine. Et si Draco y allait, c'était uniquement par respect, et amour, pour sa mère.

« Il n'est pas commode, le grand-père ?

- Draco ne peut pas le voir en peinture, pour être polie. C'est pas pire que l'autre qui lui est indifférent…

- Il est gâté !

- Draco n'a pas une famille très… fusionnelle. Enfin, il n'est pas proche des membres de sa famille, quels que soient les degrés. Même avec ses parents, il fait des blocages. C'est pour ça qu'il est bien, ici, il a ce qu'il n'a jamais eu. Je ne dis pas qu'il n'a pas été aimé, c'est pas vrai, mais il a certains manques, certains besoins qui n'ont jamais été comblés.

- C'est un peu bizarre ce que tu me dis là…

- Au début de leur relation, ils sont allés à une soirée. Draco conduisait, il n'avait rien bu, et il raccompagnait Harry et deux amis. Il s'est fait percuter par une voiture. Il a appelé sa mère. Elle n'est même pas venue le chercher… »

Elle se rappelait encore de cet épisode, de cette soirée où Harry l'avait appelé, la voix fatiguée, lui expliquant la situation. Affolée, elle s'était précipitée au commissariat, et toute sa vie, elle se souviendrait du visage pâle du blond, emprunt de culpabilité, et de ses yeux baissés, comme si tout était de sa faute. Elle l'avait pris dans ses bras en même temps que Harry, et pendant un instant, il n'avait pas su comment réagir…

Personne ne le prenait jamais dans ses bras.

Personne.

Car à chaque fois qu'elle le prenait contre elle, il ne savait jamais où mettre ses mains…

« Isaline, personne n'est comme toi. Tu serais capable de faire le tour du monde pour les gens que tu aimes, mais…

- C'est son fils unique, Rémi ! Tu ne connais pas Draco… Quand ça ne va pas, il est concis, sans donner de détails. Il ne se plaint jamais, il prend ses responsabilités et ne demande jamais d'aide. C'est un garçon qui se débrouille, tout seul. Il est orgueilleux. Et sa mère le connait…

- Et son père ?

- Il était en déplacement, je crois. Mais il se serait déplacé. Il n'est pas très proche de son fils, mais il tient à lui comme à la prunelle de ses yeux. Il a juste du mal à montrer son affection. En général.

- Tu as l'air de bien les connaître, ses parents…

- Draco m'en parle. »

Depuis qu'il vivait ici, il s'était ouvert à elle. Elle était devenue, en quelque sorte, comme une seconde maman. Une sorte de confidente plus âgée, plus mature. Ce n'était pas comme parler à Blaise ou Harry, qui avaient son âge et une perception des choses assez proche de la sienne, car Isaline était de la génération de ses parents, et elle avait assez vécu pour pouvoir porter des jugements différents, et relativiser les choses.

Souvent, Draco lui parlait de ses parents, de ses regrets et de ses manques, de l'amour qu'il le portait, mais qu'il peinait à exprimer, trop peu habitué aux effusions d'amour. Isaline ne les aimait pas, ses parents. Pas du tout, même. Mais elle aimait Draco, ses petits côtés acides, sa gentillesse, qu'il cachait derrière du cynisme et des attitudes de petit bourgeois. C'était un brave gamin qui connaissait la valeur des choses, et la valeur des sentiments.

On ne pouvait pas dire qu'elle comprenait ses parents. En dépit de leur éducation et de leur caractère respectif, elle ne parvenait pas à comprendre qu'ils ne puissent pas se montrer plus sensibles envers leur fils unique, surtout en ces temps difficiles. Draco avait quitté leur maison, vivait chez elle, et partirait dans quelques mois s'installer avec Harry. La rupture avait été soudaine, et autant dire qu'Isaline n'aurait jamais supporté que son enfant parte de la maison comme ça et disparaisse de sa vie. Non, définitivement, elle ne les comprenait pas, d'autant plus qu'ils n'avaient que lui…

Mais dans un sens, Isaline pouvait leur trouver des excuses, ou tout du moins, elle pouvait expliquer leur comportement. Pour Draco, c'était plus difficile, il n'avait pas assez de recul ni l'envie de chercher en profondeur pourquoi ses parents ne réagissaient pas comme Isaline ou la mère de Ron le ferait à leur place, tant elles étaient attachées à leurs enfants ou à leurs proches. Ce n'était donc pas évident de faire comprendre à ce jeune adulte que ses parents avaient grandi dans un monde sans grande affection.

Son père, fils unique et destiné à succéder à son père, n'avait pas bénéficié des attentions de sa mère qui s'était mariée par pur intérêt. Quant à Narcissa, elle avait grandi dans une maison trop froide, trop triste, entourée de ses sœurs qu'elle avait perdues successivement. Tous deux n'étaient pas destinés à se marier, et encore moins à s'aimer et concrétiser leur union par un enfant. Ils n'avaient pas vécu pour avoir cette vie-là, destinés tous deux à reproduire le modèle de leurs parents et se marier à quelqu'un qu'ils n'aimeraient jamais, tenant le rôle qui était le leur.

Cette explication n'était pas suffisante, il y avait sans doute beaucoup d'autres choses qui les avaient peu à peu éloignés les uns, des autres, mais Isaline ne les connaissait pas assez pour cela. Elle avait sa vision des choses, celle d'une famille aisée à deux vitesses. Mais ils s'aimaient quand même. De loin, mais ils s'aimaient. Narcissa était perdue, ne sachant plus comment prendre son fils, et Lucius essayait tant bien que mal de rattraper un peu le retard… Mais sa tolérance envers la sexualité de son fils, son couple avec un tatoueur, et ce projet de vie dont il n'avait sans doute pas été mis au courant, mais dont il devait se douter, tout cela prouvait qu'il tenait à son fils et le soutenait dans toutes ses démarches.

Ils n'étaient pas de mauvais parents. Elle avait beau les détester, il y avait des choses sur lesquelles elle ne pouvait pas les critiquer. Ils avaient un bon gamin. Ils l'avaient pas raté, c'était certain…

« C'est étonnant qu'il le fasse alors que tu les détestes. Enfin, tu es pleine de paradoxes, donc ça ne m'étonne qu'à moitié…

- Retire-moi ce sourire… Au fait, tu es libre demain soir ? Nymph' organise une soirée, histoire de remonter le moral des troupes.

- Je termine tard demain soir, j'ai un collègue qui est malade.

- Bon, tant pis…

- Je peux vous rejoindre, mais je ne resterai pas longtemps, je ne sais pas si ça vaut le coup, sans compter qu'Allan a cours le lendemain, et je ne peux pas le laisser seul à la maison.

- Vous pouvez dormir ici. Je te signale que c'est ici que tu vas vivre, hein… »

Rémi eut un sourire. Vivre ici avait été comme une évidence pour lui, quand Isaline lui avait annoncé sa grossesse. Certes, il aurait été absurde de lui demander d'aller ailleurs, étant donné que son affaire était au rez-de-chaussée, mais surtout, il avait toujours été à l'aise dans cette maison, en dépit du désordre ambiant.

Le médecin lui avait cependant annoncé qu'il y aurait des choses à revoir, il comptait faire des travaux, comme le papier peint, la moquette ou encore changer des meubles. Isaline l'avait regardé d'un air suspicieux, lui demandant sans détour s'il était capable de manier un pinceau à colle et un marteau. La tête qu'il tira donna un fou rire incontrôlable à Sirius, Remus et Harry, et quelques rougeurs à Severus, Draco et Nymph', alors en présence. Il lui avait alors demandé le plus délicatement possible pourquoi elle pensait qu'il était incapable de monter un meuble : il avait quand même fait lui-même les travaux de son appartement et il n'appelait pas systématiquement son plombier quand son robinet fuyait. Isaline avait haussé les épaules en lui disant que, pour une fois, elle tombait sur un homme, un vrai. Puis elle était retournée à ses fourneaux.

Perdu, Rémi avait interrogé l'assemblée des yeux, ne comprenant décidément pas le sous-entendu. Il n'était pourtant pas si raté que ça, son intérieur, si ? Ayant pitié de lui, Remus lui avait gentiment expliqué qu'Isaline était régulièrement tombée sur des hommes pas vraiment fans du bricolage et qu'elle avait dû toujours se débrouiller toute seule, Nymph' étant tout juste capable de poser de la colle sur du papier et le plier en deux, et Harry avant souvent été trop jeune pour l'aider efficacement. Sirius étant le seul opérationnel, et des plus polyvalents, elle le mettait aux travaux les plus compliqués. Le professeur de droit n'avait pas manqué de lui préciser que, dans leurs trois couples, il y avait systématiquement quelqu'un qui ne savait pas bricoler… ce qui fit gueuler Nymph' qui avait enfin appris à poser un clou, alors que ses deux comparses levaient orgueilleusement le nez. Alors Rémi avait décidé de ne pas se vexer… vu qu'il était un homme, un vrai…

« Allan ne connait pas bien les transports, dans le coin, pour aller au collège.

- Je l'emmènerai en voiture ?

- Isaline…

- Dis-le-moi carrément, si t'as pas envie de venir !

- C'est pas ça, c'est juste Allan, il faut qu'il passe à la maison prendre ses affaires, qu'il vienne jusqu'ici, c'est quand même pas la porte à côté, c'est pas pratique…

- J'irai le chercher, ton gamin… Avoue, tu n'as pas envie de me déranger et tu trouves que je m'occupe trop de lui, c'est ça ? Ton sourire en dit long, mon cher ! Bon, c'est réglé, je vais le chercher demain après l'école. Parle en lui ce soir, mais je ne pense pas qu'il dira non.

- Il ne te dit jamais non… Si seulement ça pouvait être aussi simple avec sa mère…

- Tu angoisses déjà. Vous vous mettez trop la pression, c'est dingue ça… Sa mère n'est pas si terrible que ça, tu l'as épousée, que je sache.

- Elle a changé, Isaline, elle a beaucoup changé depuis l'époque où nous nous sommes rencontrés. Et Allan est dans l'âge bête. Il la cherche, il la provoque, comme il l'a fait avec moi, et comme il le fait toujours d'ailleurs…

- Moi je l'envoie bouler quand il me prend la tête.

- C'est pour ça qu'il ne le fait pas souvent…

- Tu es trop gentil. Mais c'est ton seul fils, c'est normal.

- Plus pour longtemps. »

Isaline sentit ses joues rougir quand il prit sa main dans la sienne et la caressa du pouce, tendrement. Elle avait encore du mal à prendre conscience qu'elle allait avoir un bébé et que ça se passait si bien avec Rémi. Il acceptait tellement bien l'idée d'être à nouveau papa que c'en était déconcertant. Mais non moins agréable…

« Tu préfèrerais un garçon ou une fille ?

- Qu'importe. Un enfant en bonne santé, c'est tout ce que je veux. »

Il porta sa main à sa bouche et en baisa le dos. Elle était à mille lieues de s'imaginer l'émotion que cette prochaine naissance créait en lui. C'était sans doute la plus belle chose qui aurait pu lui arriver, après la venue de son fils, ce qu'il avait de plus cher au monde. Ce n'était sans doute pas comparable avec toutes ces émotions qui chamboulaient Isaline chaque jour que Dieu faisait, mais le bonheur d'être à nouveau père le transportait comme jamais… C'était un peu comme une nouvelle vie qui commençait…

« Mais on n'y est pas encore. Nous avons huit mois devant nous. Mais toi, tu aurais une préférence ?

- Pas vraiment. Je pense comme toi. »

Il lui embrassa à nouveau le dos de la main et esquissa un sourire tendre. Elle lui renvoya son sourire, plus timide.

Bon Dieu, ce qu'elle pouvait l'aimer, cet homme…

OoO

De là à dire que ce fut le pire dîner de sa vie, c'était plutôt exagéré. Cependant, ce repas n'en demeurait pas moins horrible… Rien qu'à y penser, il avait les poils qui se hérissaient…

Pourtant, tout avait plutôt bien commencé. Sa mère, toujours aussi élégante, l'avait accueilli avec beaucoup de tendresse. Une tendresse qu'il ne lui connaissait pas vraiment, d'ailleurs : elle l'avait pris dans ses bras et l'avait serré fort contre elle avant de l'embrasser sur les deux joues, une main légère effleurant ses cheveux. Ces gestes l'avaient complètement retourné et l'avaient mis dans de bonnes dispositions : au moins, sa mère était de bonne humeur et plutôt positive à son égard. Quant à son père, il se trouvait dans le salon avec son grand-père, et s'il n'avait pas été aussi démonstratif, il avait tout même été souriant. Son géniteur était dans la pièce, il ne pouvait guère se permettre davantage. Mais Draco avait pu lire dans ses yeux acier qu'il était heureux de le voir là.

À vrai dire, tout avait dérapé quand il avait fallu saluer son grand-père. Âgé, légèrement plus petit que son fils, les cheveux blancs clairsemés et le regard glacial, il s'était contenté d'un léger hochement de tête quand Draco s'était avancé, un léger sourire aux lèvres, la main tendue. Il avait décidé de ne pas en tenir compte et passer outre cette impolitesse, mais son grand-père ne semblait pas décidé à en rester là, lui glissant que sa tenue vestimentaire était des plus négligées, mais après tout, quoi de plus normal, quand on voyait dans quel milieu il vivait actuellement.

Petite pique sans importance qui lui mit les nerfs en pelote, car à l'instant même où son grand-père évoqua son cadre de vie, Draco savait qu'il lui ferait des reproches toute la soirée. Et, forcément, il n'y coupa pas… Le dîner dura deux bonnes heures, ce qui était bien peu compte tenu de ce qu'il avait déjà vécu plus jeune, mais bien assez pour recevoir toutes les critiques possibles et inimaginables de la part de son grand-père. Il lui reprocha son homosexualité, cet homme qui ne faisait même pas partie des hautes sphères de la société, ses études qui ne correspondaient pas à ses capacités intellectuelles et sa putain d'allure négligée…

Forcément, sa mère prit sa défense, reprochant à son beau-père son regard négatif et sa mauvaise foi : Draco était un excellent élève et il faisait ce qu'il aimait, la carrière de médecin chirurgien était des plus respectables, et au cas où il l'aurait oublié, cet enfant faisait partie de la famille Malfoy et avait hérité d'une bonne partie de leur héritage génétique, donc qu'il cesse de lui reprocher sa sexualité déviante, qui n'était plus qualifié comme étant une maladie depuis des années ! Et quant à son allure, elle n'était guère plus négligée qu'habituellement, le regard qu'il posait sur lui était simplement plus critique…

Et, forcément, son grand-père s'énervait de plus belle, s'attaquant à sa belle-fille qui était cependant habituée à ses accès de colère et ses critiques. Cela faisait des années qu'elle les subissait et qu'elle répondait à cette espèce de vieil aristocrate d'une autre époque qui avait éduqué son fils sans une once de sentiment pour en faire un héritier convenable.

Cependant… ce qui surprit énormément Draco, qui le retint à table également, ce fut la réaction de son père : il le défendit. Il fut tellement… estomaqué par son intervention qu'il ne remarqua pas le silence de mort qui régnait alors autour de la table.

Alors qu'on leur servait leur dessert, alors que le jeune homme était à deux doigts de quitter la table, la voix de son père s'était élevée et il avait remis calmement son géniteur à sa place, ce qui stupéfia ce dernier, au point qu'il ne pipa mot jusqu'à la fin du repas. En général, Lucius ne disait jamais rien, laissant sa femme et son fils s'embrouiller avec son père, suivant le débat d'un œil curieux, comme on suivrait un match de tennis. Mais il semblerait que son père ait été trop loin, quand il avait évoqué les relations sexuelles des plus discutables de son petit-fils. Et pourtant, ce n'était pas la première fois qu'il lui en faisait le reproche, c'était même ce qui était le plus douloureux…

Le fait que son père le défende, pour une fois, lui avait mis du baume au cœur, même si Draco ne l'avait pas montré. Il avait terminé son dessert dans un silence pesant, son père ne disant plus rien, et son grand-père encore moins, jusqu'à ce que sa mère brise la glace et relance la conversation, du moins entre elle et son époux. Tu parles d'un repas d'anniversaire, s'était dit Draco à la fin du repas. Il aurait préféré un petit repas plus intime que ça

Alors qu'il allait partir, le cœur un peu lourd, à cause de ce dîner catastrophique et l'idée qu'il allait retrouver son petit-ami complètement déprimé à cause de sa jambe et de son pied, son père l'avait attrapé dans l'entrée et lui avait demandé s'il accepterait de venir déjeuner ici avec Harry, le dimanche suivant. Ou bien dîner, comme cela les arrangeait. Draco n'avait pas caché sa surprise face à cette demande, il se doutait bien que ses parents lui demanderaient de revenir, mais inviter Harry… Cependant, il avait accepté, sans pouvoir lui garantir sa venue. Et il lui avait précisé qu'il lui offrirait son cadeau la prochaine fois… Alors son père avait eu un petit rire, sachant pertinemment pour quelle raison Draco n'avait rien apporté, et le laissa partir.

À bord de la petite voiture d'Isaline, sur laquelle son grand-père n'avait pas manqué de bien vomir son mépris, Draco rentra chez lui. Enfin, chez Isaline… mais c'était un peu pareil. Il avait hâte de rentrer, en dépit de cette boule qu'il avait au ventre, et de regarder cette fameuse jambe qui, en fait, n'allait pas si mal que ça. Il avait appelé dans l'après-midi, et Harry n'avait pas répondu à son portable, alors il avait appelé sur le fixe, et Isaline lui avait expliqué que son pied était fragile et mettrait du temps à guérir, mais la distance entre la fenêtre et le sol n'était pas assez haute pour que son pied ne s'en remette pas. La guérison serait longue, il aurait des séquelles, mais il s'en tirerait.

À la fin de ses explications le blond lui avait demandé si Harry l'avait autorisé à lui parler de tout ça : il ne répondait pas au téléphone, mais ça ne voulait pas dire que… Mais la patronne l'avait coupé : Harry voulait qu'il sache, et que ce soit elle qui lui en parle. Alors l'étudiant avait soupiré, ce qui avait fait un peu rire son interlocutrice, qui lui avait demandé si elle pouvait s'absenter ce soir-là : la sœur de Rémi les invitait à dîner sur un coup de tête, elle avait dit non, mais elle avait insisté, et…

Tu peux y aller, lui avait-il répondu. Tu peux y aller…

Ce fut donc avec un certain soulagement que Draco gara la voiture et entra dans la maison sans lumière, accueilli par la petite Liloute dont il câlina la tête avant de retirer sa veste et ses chaussures. Le blond monta à l'étage et alla directement se laver plutôt que de passer par la case « chambre ». Il se doutait que Harry devait l'avoir entendu arriver, l'écoutant monter à l'étage, mais plutôt que lui dire bonsoir et l'affronter, autant prendre une douche, se détendre et pouvoir ainsi se coucher sans devoir quitter la chambre avant, hygiène oblige…

Il sortit de la salle de bain le corps un peu détendu et ce fut donc avec un sourire relativement rassurant qu'il entra dans la chambre. À peine poussa-t-il la porte entrouverte que Harry tourna la tête vers lui pour lui faire un sourire incertain. Le jeune homme était assis dans son lit, sa couette recouvrant ses jambes. Le blond se rendit compte que ses cheveux avaient déjà commencé à bien repousser et il ne manqua pas d'y passer une main quand il se pencha pour l'embrasser sur la bouche, ce qui lui arracha un soupir.

« Bonsoir, Harry. J'ai pris une douche avant, j'avais vraiment besoin de me détendre…

- C'était si terrible que ça ?

- Tu ne peux même pas imaginer… »

Le tatoueur eut un petit rire alors que Draco se laissait tomber sur le matelas, tout près de sa jambe blessée. Il lui raconta sa soirée : le mépris de son grand-père, le calme olympien de son père et la colère de sa mère. Harry l'écoutait et essayait de le consoler, et le blond eut beau lui dire qu'il n'en avait pas besoin, il n'était pas triste, le brun n'était pas dupe et savait parfaitement que son petit ami était, au fond de lui, un peu blessé par l'attitude de son grand-père, si mauvaise envers lui. Il aurait sans doute préféré l'indifférence à ça…

« Et toi, ton rendez-vous ? C'était si terrible que ça ?

- Dis pas ça comme ça…

- Tu avais tellement d'appréhension, c'est étonnant que tu sois de si bonne humeur ce soir. »

Alors qu'il lui parlait, Draco avait posé sa main sur sa cuisse, un peu plus bas que ce qu'il avait pris l'habitude de faire depuis plusieurs semaines. C'était étrange de ne plus voir la silhouette de sa jambe plâtrée sous la couette, qui ne moulait certes pas son membre, mais qui laissait présager sans détour son épaisseur. Et c'était tout aussi étrange de savoir que sa jambe était libérée, qu'il pourrait à nouveau toucher sa peau et le prendre contre lui sans entrave…

Pour être honnête, son cœur débordait de joie. Cela faisait bien un quart d'heure qu'ils discutaient et Harry semblait de bonne humeur, même s'il sentait dans son attitude une certaine nervosité, comme s'il attendait ce moment tout en le craignant : celui où Draco évoquerait sa jambe. Mais il n'y avait rien de négatif, il n'était pas en colère ou énervé, ni même agressif, alors le blond pouvait se laisser aller à une joie intérieure et au bonheur de retrouver son petit ami sur la voie de la guérison, aussi bien physique que mentale…

« J'ai eu le temps de pleurer avant.

- Tu as… pleuré ?

- Elle ne te l'a pas dit ?

- Non. Mais je ne lui ai pas demandé non plus. Quand est-ce que tu as pleuré ? Quand on te l'a retiré ?

- Ouais. »

Sa main glissa jusqu'à la sienne et leurs doigts s'entrelacèrent. Le visage du tatoueur s'était assombri, mais il avait toujours un léger sourire aux lèvres, semblant essayer de se contenir.

« C'était… pas facile. Enfin, je sais que c'est bizarre, mais…

- Ça n'a rien de bizarre. Il vaut mieux que tu pleures un bon coup plutôt que tu te lamentes pendant des mois.

- Je pensais tenir le coup…

- Ça ne veut pas dire que tu es faible.

- Pour moi un peu quand même.

- Tu es quelqu'un de fort, Harry. »

Peut-être… mais bordel, ce qu'il avait pu pleurer… Personne n'osait le toucher, et on avait beau lui parler, il ne réagissait pas. Quand il se mit à sangloter, ses nerfs lâchant d'un seul coup, ce fut Théo, tout près de lui, qui le prit dans ses bras, et jamais son ami ne l'avait tenu aussi fort… Il lui avait chuchoté à l'oreille qu'il était fort, que c'était une épreuve de la vie, mais qu'il arriverait à la surmonter, qu'il était fier de lui, qu'il pouvait bien pleurer si ça pouvait le soulager… Qu'il était là, qu'ils seraient tous là, pour lui, pour l'aider…

Pleure, Harry…

Oh oui, Théo l'avait serré si fort… Et Ron, qu'il avait senti dans son dos, lui chuchotant à son tour des paroles rassurantes, qui lui gonflèrent le cœur…

« Je sais. Mais…

- Je peux voir ?

- Non.

- Pourquoi ?

- C'est… moche. Non, je ne veux pas que tu regardes.

- Harry, honnêtement, tu crois vraiment que je suis à ça prêt ? N'ai-je pas vu des choses pires que ça, comme ta blessure à la tête ? Ne sois pas têtu et laisse-moi regarder.

- Pourquoi tu me demandes si tu te fiches de mon avis ?

- Peut-être parce que j'espérais une réponse positive de ta part, mais manifestement, tu n'as pas assez confiance en moi pour…

- J'ai du mal à la regarder moi-même, cette jambe ! Je sais que t'en as vu d'autres et t'en as pas fini avec moi, mais… je n'irai pas jusqu'à dire que ça me répugne, c'est pas vrai, mais… c'est insurmontable. J'y arriverai jamais…

- Mais pourquoi tu dis ça, Harry ? »

Il venait de baisser les yeux, alors Draco lui releva le menton et le regarda, inquiet.

« Pourquoi tu dis ça ? T'es en vie, Harry, ta jambe est niquée, c'est vrai, ça sert à rien de le cacher, ton pied mettra du temps avant de fonctionner à nouveau normalement, mais bordel, ta colonne vertébrale va bien, tu n'es pas immobilisé… Ça va guérir. On prendra le temps qu'il faudra, mais ça va guérir, chéri… Ne baisse pas les bras, pas maintenant. Je sais que ce n'est pas facile, je le vois tous les jours que tu souffres, au fond de toi, tu as du mal à envisager l'avenir dans ton état. Mais ça va aller… Ça va aller, Harry… »

Le tatoueur hocha la tête, se mordillant les lèvres et les yeux humides. Ce n'était pas fini, mais ça irait mieux, après… Ce serait encore long et douloureux, mais à deux, ils s'en sortiraient… Ils s'aimaient, après tout…

Bon dieu, oui, il l'aimait…

Harry baissa la tête, dégageant son menton des doigts du blond, puis tira sur sa couette, lui faisant comprendre en silence qu'il acceptait de lui montrer sa jambe. Draco se leva et l'aida à retirer la couette, son cœur battant à la chamade.

Et il fut surpris.

S'agenouillant devant le lit, il toucha sa jambe du bout des doigts, effleurant son genou alors enrobé de compresses, car encore fragile, et son pied qui avait subi le même traitement, quoi qu'il devait avoir une attelle la plupart du temps, mais sans doute Harry n'avait-il pas voulu la mettre ce soir-là. Il sentait des frissons parcourir sa peau alors qu'il l'effleurait doucement, admirant cette jambe blanche qui retrouverait sa validité, à force de séance chez le kinésithérapeute et investissement de leur part à tous. Draco eut un léger sourire.

« Tu frissonnes.

- Tu as les doigts froids… »

Le blond sursauta et tourna la tête vers lui à s'en dévisser le cou, se rendant compte que Harry était en train de pleurer. Il se releva un peu trop vite et manqua de tomber, alors que son petit ami retirait ses lunettes pour se frotter les yeux.

« Ha… Harry ? Mais pourquoi tu pleures ?!

- Pour rien…

- Mais si, il y a bien une raison ! Si c'est parce que j'ai touché, excuse-moi, je sais pas, elle est belle ta jambe, j'imaginais quelque chose de pire, je sais que ton pied…

- C'est rien, Dray. Maintenant, ça ira mieux… »

C'était juste la pression qui retombait, des larmes qu'il n'arrivait pas à contenir, mais il souriait, ou du moins, la grimace qu'il faisait s'en rapprochait. Au fond de lui, il était soulagé. Il ne savait pas vraiment ce que Draco aurait pu dire ou faire pour le blesser, involontairement, mais il avait tout de même craint sa réaction toute la journée. Et même s'il avait encore un nœud dans l'estomac… ça allait.

Soudain, il sentit sa bouche sur la sienne et ses mains prendre son visage. À peine Harry eut-il le temps de répondre qu'il prenait s'assaut ses lèvres avec sa langue, et le baiser qu'il lui offrit fut sensationnel… Complètement déboussolé, ne comprenant pas le soudain engouement de son petit ami, le brun se laissa faire, savourant à sa juste valeur ce baiser passionné qui lui donna le rouge aux joues. Quand Draco lâcha ses lèvres, pour respirer, Harry s'attendit à tout, sauf à d'autres baisers, qu'il déposa sur ses joues, son cou, alors que ses mains entreprenaient de lui retirer son haut de pyjama ! Complètement largué, le tatoueur lui résista.

« Mais… mais qu'est-ce que tu fais ?!

- Ta tante est pas là ce soir, n'est-ce pas ? Fit-il entre deux baisers.

- Non, mais…

- Je t'ai promis que tu passerais à la casserole quand tu n'aurais plus tes plâtres. Tu vas pouvoir crier autant que tu veux… »

Sa voix suave et son regard de braise le firent complètement fondre… Ne croyant pas à ce qu'il entendait, Harry eut un léger sourire timide, n'osant y croire.

« T'es sérieux ? T'es vraiment sérieux, là ? »

Et Draco hochait la tête, embrassant sa bouche et ses joues, ses mains s'activant pour le déshabiller. Il sentit son cœur battre plus fort quand Harry eut un léger rire, ses bras alors nus enlaçant ses épaules, son cou à découvert.

Il entreprit à son tour de déshabiller Draco, lui retirant son débardeur, qui devait très certainement lui appartenir vu sa largeur, et ce fut avec un plaisir évident qu'il put à nouveau parcourir ses épaules et le haut de son dos, caressant sa peau pâle avec une certaine douceur. Il rit à nouveau quand Draco jeta sur le côté la couette qui recouvrait son autre jambe et s'installa confortablement sur lui, leurs torses se touchant alors, ainsi qu'une certaine partie de leur anatomie… qui leur arracha un gémissement.

« Tu vas vraiment le faire…

- Tu doutes de moi, là ?

- Ça va pas être pratique avec mon pied…

- Tu crois pas qu'on en a assez bavé avec ta jambe ? Elle ne fera plus la loi, maintenant ! »

Et il rit encore contre son cou, alors que leurs corps en contact se frottaient, s'éveillaient à de nouvelles sensations qu'ils connaissaient pourtant par cœur… Ils sentaient leurs sexes se réveiller, durcir dans leur pantalon de pyjama, et ils gémirent ensemble…

C'était un peu comme s'ils se retrouvaient, après des mois et des mois de séparation…

Un peu comme s'ils retrouvaient de cette complicité qui avait disparu avec cet accident, remplacée par une autre moins charnelle, plus forte et solide. Cependant, se toucher à nouveau, sentir leurs corps se mouvoir, les mains de l'autre, sa bouche, c'était tout un tas de sensations et de gestes tendres qui leur avait terriblement manqué. Ils savaient tous deux que ce ne serait pas aussi intense qu'ils le souhaitaient, ce soir, qu'ils ne se boufferaient pas comme ils en avaient terriblement envie, parce qu'ils n'en étaient pas capables, parce que ça faisait trop longtemps, parce que Harry avait encore mal, parce que ce serait gâcher leurs retrouvailles…

Non, ils prendraient leur temps, réapprenant à se toucher, à s'aimer… Ce serait tout aussi intense, dans le fond… Tout aussi sensuel… Juste moins violent que ce qu'ils désiraient tous les deux… mais tout aussi sensuel…

Sauf que Harry ne pouvait guère bouger, et alors que le blond embrassait son cou, suivant la courbe de son épaule avant de descendre vers son torse, il se rappela de leurs premiers ébats, où il était trop timide pour oser le toucher et lui prodiguer de pareilles attentions. Il gémit quand Draco suça ses tétons, les emprisonnant l'un après l'autre entre ses lèvres, les mordillant, et les suçotant avec des bruits mouillés qui ne manquèrent pas de l'exciter. Alors qu'il sentait ses mains descendre sur ses hanches, puis sur ses fesses, Harry ébouriffait la chevelure blonde de son amant, caressait ses épaules, les griffant légèrement avec ses ongles, souriant en le sentant frissonner…

Et Draco s'attardait sur son torse, ses tétons, son nombril, sans jamais vouloir descendre plus bas, alors que Bon Dieu, qu'il en avait envie, au moins sa main, bordel, au moins sa main… mais elles restaient toujours trop sages, et repoussaient celles de Harry, condamné à lui caresser les cheveux et les épaules, lui chuchotant qu'il voulait plus, bien plus…

Mais le blond voulait le manger. Le faire languir. Le sentir fondre sous lui, geindre sous sa bouche… Ça faisait trop longtemps qu'il attendait, qu'il luttait pour ne pas céder et lui faire l'amour comme un dingue…

Il voulait tout effacer, et retrouver l'homme qu'il aimait, définitivement…

Quand il consentit enfin à baisser le pantalon de son amant, il l'entendit soupirer de soulagement, et quand il leva les yeux vers lui, il vit qu'il avait fermé les siens, les joues rougies, la tête sur l'oreiller et une de ses mains le tenant fermement. Un léger sourire sur les lèvres, il regarda un instant le sexe dressé de son petit ami, qui désirait très certainement quelques caresses… mais pas tout de suite. Non, pas tout de suite…

Enivré par l'excitation qui coulait dans ses veines comme un torrent de lave, il déposa des baisers à la base du pénis, savourant le couinement hautement masculin que le brun poussa avant de se cacher la bouche. Il le trouva beau, tellement beau qu'il sentit sa bouche s'assécher et son cœur faire un bon dans poitrine, débordant d'amour. Puis, ignorant l'objet de toutes ses attentions, il remonta vers ses cuisses, embrassant l'intérieur tendre et sensible. Au bord des larmes, la gorge nouée, Harry rouvrit les yeux et eut honte un instant de son corps, dont les muscles développés avaient quasiment disparu et qui s'était un peu arrondi par le manque d'exercice, mais à peine y pensa-t-il, de ce corps mis à nu que Draco était en train de caresser, que ce dernier lui prodiguait la plus intime des caresses…

Il gémit sans aucune retenue. Il n'y avait personne à la maison, et il n'avait pas envie de se retenir… car plus il gémissait, et plus c'était bon… C'en était même indécent, à quel point c'était bon, de sentir sa bouche, ses lèvres, sa langue qui le parcourait de haut en bas, suçant le gland avant de revenir vers la base, et s'attarder sur ses bourses sensibles et délicates… Ça n'avait jamais été aussi intense, aussi bon… Draco s'appliquait, se régalant des gémissements de plaisir qu'il émettait, et Harry, bouche asséchée, désirait ardemment lui rendre la pareille…

Et c'est ce qu'il fit, lui demandant de se mettre debout sur le lit afin qu'il puisse s'assoir et lui faire l'amour avec sa bouche, lui arrachant des gémissements qui lui donnaient juste envie de jouir… Ça faisait trop longtemps qu'il se retenait, qu'il n'y avait rien eu d'aussi chaud entre eux, et sentir sa bouche sur lui, c'était comme un renouveau. C'était si sensuel, si chaud, de le regarder faire, de sentir ce plaisir grimper en lui, couler dans ses veines, faire battre son cœur plus vite encore…

Ses mains, sur ses fesses, qui caressaient ses cuisses et ses jambes, avant de remonter vers ses hanches, et redescendre… Ses mains tendres, aussi douces que lui, aussi aimantes qu'il l'était…

S'en suivit un long moment câlin, où ils testèrent leurs limites, collés l'un contre l'autre. Allongé sur Harry, Draco l'émoustillait, cajolant tout son corps, emprisonnant sa bouche en un ballet effréné, le dévorant littéralement, alors que le brun tentait tant bien que mal de retenir ses gémissements, parcourant son dos, ses reins et ses fesses de ses mains, redécouvrant son corps et le bonheur de l'avoir tout contre lui, si passionné, si désirable… et son sexe, qui frottait contre le sien, le torturant comme jamais… Harry essaya de tenir, résistant au plaisir qui envahissait ses reins, mais peine perdue, il finit par se rendre entre leurs corps, et il gloussa quand Draco, repu, cessa de bouger, effleurant paresseusement son cou de ses lèvres.

« Prêt pour la suite ? Lui chuchota-t-il à l'oreille d'une voix essoufflée.

- Quand tu veux, mais tu vas avoir du mal avec mon pied…

- On essaie ?

- J'attends que ça… »

Il fut coupé par la bouche de son amant qui la posséda paresseusement, ses mains et son corps commençant lentement à se mouvoir. Il avait à peine savouré sa première jouissance qu'il était reparti… Alors que, les yeux clos, Harry l'entendait farfouiller dans la petite table de chevet à la recherche du lubrifiant, ce dernier se dit que si jamais ça se passait sans encombre, Draco ne manquerait pas de réitérer l'expérience jusqu'à être satisfait. Un léger sourire orna ses lèvres à cette idée, il le connaissait trop bien…

« Pourquoi tu souris ?

- Pour rien.

- Tu n'as plus ce sourire béat que tu fais après avoir joui. Dis-moi…

- Je te le dirai plus tard, si t'es sage. »

Le blond lui fit la moue, mais apparemment, il ne mourrait pas d'envie de le savoir car déjà, il enduisait ses doigts de crème. Harry le regarda faire, les yeux emplis de désir, qu'il ferma quand il en sentit un doigt pénétrer son intimité. Il sentit l'excitation monter et son sexe se réveiller, tout juste remis de sa jouissance. Il frémit en sentant un deuxième, puis un troisième doigt pénétrer son intimité, grimaçant légèrement. Ce n'était pas douloureux, mais la suite promettait de l'être, et il le savait…

Cela faisait trop longtemps qu'ils n'avaient pas fait l'amour, et Harry avait beau s'être parfois caressé, à sa plus grande honte, en touchant cet endroit, ce ne serait pas suffisant pour rendre ce moment sans douleur. Et il ne semblait pas être le seul à en avoir conscience, Draco faisait tout pour le détendre, ce qui le fit à nouveau sourire, surtout quand il vint déposer un baiser appuyé sur sa bouche avant de lubrifier généreusement son sexe en érection.

« Ça devrait le faire…

- Je te fais confiance.

- Si ça va pas, tu me le dis.

- Je ne veux surtout pas que tu t'arrêtes… »

Le son de sa voix basse l'électrisa et balaya toutes ses réticences. Fin prêt, il eut un instant de réflexion, regardant la jambe de Harry, son entrejambe, puis sa jambe, puis… et le brun éclata de rire, partant dans un fou rire dévastateur, alors que son pauvre amant, l'air boudeur, semblait vraiment préoccupé. Comment tenir ses jambes et le pénétrer en même temps… ? Et ce crétin qui se moquait clairement de lui, écarlate et le visage luisant… Il fallut que Harry tende le bras, se redressant un peu, et effleure son sexe pour que le problème soit réglé…

Draco attrapa comme il put les deux jambes de son amant, en particulier celle blessée, soulevant alors son pied sensible, ce qui les tendit tous les deux, cessant le rire du tatoueur qui craignit la douleur… mais bien que son genou soit un peu douloureux, son pied ne fit pas des siennes, du moins pas tout de suite, alors il guida le membre de son homme vers son entrée, son cœur tapant contre sa cage thoracique comme s'il voulait en sortir, les yeux rivés sur lui, admirant son beau visage, ses joues rosées et ses yeux brûlant d'envie.

Un gémissement sortit de sa bouche quand il sentit le phallus se frayer un chemin en lui, timidement. C'était douloureux, son visage crispé n'en cachait rien, mais dans le fond… cela lui faisait du bien, aussi. Il crut qu'il allait pleurer quand il le sentit enfin tout entier en lui, imposant, chaud, et dur… C'était un peu comme s'il se sentait à nouveau entier, aimé, désiré… Homme à part entière. C'était un peu comme si leur relation abîmée, blessée, était en train de guérir.

Draco allait doucement. Ce n'était pas facile pour lui de bouger, car il avait peur de lui faire mal, mais aussi parce qu'il tenait fermement sa jambe gauche, craignant que son pied ne touche ou tape quoi que ce soit. Le tout, c'était de ne pas lui faire mal, surtout pas… Tant pis pour son désir, pour son envie de le plaquer sur le lit et d'aller et venir en lui comme un dingue, l'entendre geindre et perdre la tête sous ses assauts… Il ne voulait pas qu'il ait mal.

Alors il alla doucement, se frayant un chemin en lui, allant et venant en leur arrachant des gémissements de plaisir et de contentement. À croire que cela faisait une éternité qu'ils n'avaient pas fait l'amour… C'était si bon d'être en lui, de sentir ses chairs tout autour de son sexe, ses cuisses contre les siennes, et voir son visage rougir, sa bouche humide haleter… Désirable au-delà des mots…

Le rythme s'accéléra petit à petit, sans précipitation. Par moment, son pied blessé tapait, et Harry se plaignait, gémissant de douleur, avant de se perdre dans les assauts de son petit-ami qui tentait d'effacer la douleur de ses maladresses par des assauts toujours plus rapides, toujours plus profonds…

C'était de l'amour maladroit, avec des petits loupés et des douleurs non désirées, mais c'était de l'amour quand même. C'était leur amour à eux, tâtonnant, en pleine redécouverte, avec des petits gloussements, quand Harry jurait sous la douleur, quand son sexe glissait, ou encore quand sa jambe, moite, manquait de retomber sur le lit… Petits gloussements presque adolescents, d'amoureux qui se retrouvaient et qui faisaient l'amour comme il pouvait…

La jouissance libératrice les prit par surprise, d'abord Harry qui se tendit de bien-être, puis Draco, qui lutta pour ne pas se laisser tomber sur son amant, déposant sa jambe et surtout son pied avec application sur le matelas avant de s'effondrer comme une masse sur le corps sans entraves et moite de son tatoueur. Haletants, le corps en feu et le cœur prêt à exploser, ils mirent un temps fou à s'en remettre, savourant chacun de leur côté sans se le dire le bonheur de pouvoir enfin être l'un contre l'autre sans plâtre ou attelle pour les gêner.

Avant de s'endormir, le cœur léger, ils eurent encore quelques fous rires, quand Draco dut chercher le petit oreiller qui avait étrangement disparu pour y mettre le pied de Harry, alors qu'il n'avait manifestement qu'une seule envie : dormir. Puis, il avait rabattu la couette et programmé son réveil, histoire qu'il ait le temps de laver Harry et aérer la chambre avant le retour de la patronne…

OoO

Ce fut non sans un certain amusement que Harry regardait son petit-ami aller et venir dans la chambre, l'entendant parcourir le couloir et les escaliers à toute vitesse. Il l'avait rarement vu aussi pressé le matin, et pour cause, il était en retard ! Ce qui ne lui arrivait pour ainsi dire jamais…

Pourtant, il avait tout prévu : le réveil avait sonné plus tôt que d'habitude, afin qu'ils aient le temps de prendre une douche avant le retour d'Isaline mais il fallait croire que leurs activités de la veille l'avait complètement épuisé. En effet, bien que Draco ait éteint la lumière et se soit installé contre son amant pour dormir, ils ne parvinrent pas à trouver le sommeil, ni l'un ni l'autre… et tentèrent de rattraper quelque peu le temps perdu, en dépit du pied blessé et du genou douloureux de Harry, qui finit en mode « étoile de mer », laissant Draco faire tout le boulot…

En tout cas, il fallait croire que le faire trois fois après autant d'abstinence ne lui réussissait pas, car à peine éteignit-il le réveil qu'il se rendormit comme une masse, ce qui ne lui était jamais arrivé, du moins depuis que Harry le connaissait. D'ailleurs, réveillé par la sonnerie, ce dernier somnola un long moment avant de prendre conscience que, oui, le réveil avait sonné, et que Draco s'était rendormi. Il entreprit alors de réveiller son petit ami qui, se rendant compte du retard considérable, à savoir quinze minutes, sauta hors du lit et se précipita dans la salle de bain, nu comme un ver. Ce qui déclencha une crise de rire phénoménale chez Harry, à lui faire mal aux côtes et zygomatiques… Et la crise ne fit qu'empirer quand, en peignoir et les cheveux dans tous les sens, Draco vint le chercher pour l'emmener se doucher.

À une vitesse folle, Draco se prépara, habilla Harry, changea les draps souillés, aéra la chambre mit la machine en marche et remit son amant dans son lit, non sans oublier le petit coussin sous son pied, ignorant superbement ses moqueries et ses fous rires incontrôlables : oui, il arrivait toujours dix minutes en avance au travail, et alors ? Haletant et le cœur battant la chamade, le blond déposa tout de même un baiser appuyé sur sa bouche, avant de s'enfuir hors de la maison, le ventre vide et sans sa dose de café matinale.

C'était dans ces moments-là qu'il se rendait compte à quel point il aimait quand Isaline était là pour lui préparer son petit-déjeuner… Mais vu le bruit qu'ils avaient fait, ou plutôt, que Harry avait fait, car bon Dieu ce qu'il pouvait être bruyant parfois, et vu comment ils avaient sali les draps…

Harry était décidément trop désirable pour sa propre santé…

OoO

« Bah… Y'a eu un ouragan ici ? Ma cuisine est nikel ! Beau blond a pas oublié de faire la vaisselle, cette fois-ci, ça change ! … Hey, c'est quoi ce bruit ? … La machine à laver tourne ?! Attends, non seulement il a lavé la vaisselle et l'a rangée, mais en plus, il a fait tourner une machine ! C'est qu'il devient une bonne petite femme d'intérieur, le blondinet ! … Coucou mon chér… Quoi ?! Tes draps ont… Oh mon dieu, me dis pas que vous l'avez fait hier ? Avec ton pied dans cet état ?! Mais vous êtes dingues ! Vous pouviez pas attendre ?! Non, mais c'est quoi cette jeunesse, à peine ton plâtre de retiré que vous vous sautez dessus ?! Et me dis pas que c'est pas vrai, cette chambre n'a jamais été aussi nikel et aérée depuis qu'il vit ici ! A moins que tu ais une explication plus convaincante ?!

- … Il avait faim ? »

OoO

Hilare, Ron se tapa sur les cuisses.

« Nooon, me dis pas qu'elle vous a vraiment cramé ? Comme ça ? J'en reviens pas ! Mais c'est la première fois que ça arrive ou…

- Tu sais, elle est pas bête, elle sait très bien quand on le fait, c'est pas elle qui change les draps, mais quand je le faisais, c'était pas anodin… »

À nouveau, le rouquin explosa de rire alors que son meilleur ami levait les yeux au ciel d'un air faussement exaspéré. Harry croisa les bras, attendant patiemment qu'il ait terminé de se moquer de lui, ne pouvant s'empêcher de sourire en repensant à la précipitation de Draco.

« Putain, tu m'as tué ! Mais il a réagi comment, lui, quand il est rentré ? Enfin Isaline lui en a parlé ?

- Il lui a dit que, pour une fois qu'il changeait les draps et mettait la machine à laver en marche, il fallait qu'elle trouve un prétexte pour se plaindre.

- Oh putain… et elle, elle a répondu quoi ?

- Qu'il n'était qu'une bête sauvage.

- Et lui ?

- Il a souri.

- Hey, mais il est malade ton mec ! C'est sa belle-mère, quand même !

- Bah ça l'a bien fait rire, elle, hein… Elle lui a même demandé s'il en avait pas trop chié avec ma jambe, il lui a répondu que…

- Parce qu'il lui a répondu ?!

- Ils en ont parlé pendant une bonne dizaine de minutes. Moi, je faisais le pot de fleurs… »

Et Ron n'en pouvait plus, plié en deux de rire, manquant de lâcher la sucette qu'il tenait entre deux doigts. Il imaginait parfaitement la scène : la patronne en train de préparer une énième tarte aux pommes, malaxant sa pâte pendant que son gendre lui donnait des détails sur la formidable partie de jambes en l'air qu'il avait vécue la veille… Et Harry, sur le côté, les écoutant parler en se demandant s'il ne rêvait pas…

« Je peux savoir pourquoi vous rigolez ?

- Théo, ma poule ! Putain, tu te rends compte qu'Isaline et Draco ont parlé de la partie de jambes en l'air qu'il a eu hier ?! »

La tronche du jeune homme fut mémorable. Harry ne sut s'il devait rire ou rester neutre, il se fit donc violence pour ne pas éclater de rire en voyant l'air atterré de son ami.

« Attends, ils ont parlé de cul ? De votre cul, à tous les deux ?

- Bah disons qu'en voyant les draps changés et la machine à laver tourner ce matin, elle a pas été dupe, hein…

- Vous êtes dangereux, les mecs… Oh, des sucettes !

- Qu'est-ce qui se passe ici ? Ça rigole bien ! »

Théo se pencha au-dessus de l'épaule de Ron, alors assis sur le lit, et tendit le bras vers le paquet de sucettes alors posé devant lui. Le rouquin lui dit que c'était ses sucettes à lui, c'était lui qui les avait achetées, il n'avait pas le droit d'en prendre sans sa permission ! Mais Théo ne l'écouta pas et en prit deux, un sourire gamin sur le visage. Puis, il se tourna vers Seamus qui venait d'entrer.

« Tu veux une sucette ? »

Cette fois-ci, Harry craqua. Un fou rire dévastateur le prit, au point qu'il faillit s'étouffer avec le crocodile en gélatine qu'il était en train de manger, en voyant le regard que Seamus venait de lancer à son colocataire… Un regard interloqué, puis… chaud bouillant.

Théo, lui, ne comprit qu'après le double sens vaseux de sa phrase… Et Harry fut achevé par la tête qu'il tira, comme un petit lapin pris au piège, surtout quand Seamus esquissa un sourire des plus séducteurs, presque sensuel, en réponse.

Ron, levant la tête et interceptant la scène, explosa de rire à son tour, lâchant définitivement sa sucette qui tomba par terre.

« Heu… Je crois qu'on s'est mal compris.

- Mouhahahahahahaaaa !

- Avec plaisir, Darling

- Oh putain, vous m'avez tué les mecs ! Oh mon dieu, Théo, t'es génial ! Mais ta tronche, c'est mythique quoi ! Seamus, Seamus ! Joue-la sensuel, s'teuplé, nan, mais c'est trop beau quoi ! »

Et forcément, l'irlandais ne manqua pas de jouer le jeu, retirant le papier d'emballage de sa sucette avant de la mettre délicatement dans sa bouche et la sucer de façon peu naturelle… Ron n'en pouvait plus de rire, achevé, alors que Harry tentait de s'en remettre, s'éventant avec un magazine, écarlate. Théo, lui, ne semblait plus savoir où se mettre, alors que Seamus continuait son petit jeu, sans le quitter du regard. Au final, il piqua un fard monstrueux, qui relança la crise de rire du tatoueur, et contourna le lit pour se poser dans un coin et bouder.

« Bah Théo, tu boudes ?

- Allez tous vous faire foutre.

- Une sucette ?

- Va chier Weasley ! »

Et Harry n'en finissait plus de rire, gloussant sans pouvoir s'en empêcher, alors que l'irlandais venait gracieusement prendre place à ses côtés, l'embrassant sur les deux joues. Ils avaient tous deux conscience de l'embarras phénoménal de Théo et riaient sous cape de la crédulité de Ron, qui ne pouvait bien évidemment se douter de rien.

Soudain, Harry entendit du bruit en bas, reconnaissant le bruit de la serrure qu'on ouvre et le claquement des chaussures de son petit ami.

« Ah, Draco est rentré ! »

Entendant du bruit à l'étage, le blond ne tarda pas à monter, souriant et plein d'entrain. Harry eut une bouffée de chaleur en le voyant, tout un tas de souvenirs revenant à lui…

« Bonjour tout le monde. Vous allez bien ?

- Impec', et toi beau blond ?

- Ça va, comme d'habitude. Théo, ça va pas ? »

Autant dire que le jeune homme parut perplexe quand Ron et Harry se mirent à rire, les larmes montant à nouveau aux yeux du tatoueur, alors que Seamus se contentant de glousser en faisant tourner sa sucette dans sa bouche. Le visage de Théo, lui, se durcit et il lança un regard peu avenant au blond, mastiquant rageusement un bonbon.

« J'ai dit quelque chose qu'il fallait pas ?

- Attends, faut qu'on te raconte !

- C'est pas la peine, putain !

- En fait tout à l'heure…

- Ron, t'es un putain d'enfoiré… »

Et alors que Draco serrait la main du rouquin et se baissait pour faire la bise à Seamus, qui ne lâchait pas Théo des yeux, et embrasser son petit ami, Ron lui racontait l'affaire, qui ne manqua pas de faire rire le blond, bien qu'il compatisse réellement. En serrant la main du pauvre Théo, il lui manifesta tout son soutien, ce qui ne manqua pas de toucher le concerné.

« Beau blond, je savais que je pouvais compter sur toi…

- En même temps, je serais con de ne pas te soutenir avec ce que j'ai vécu ce matin…

- Mais oui ! Putain Harry nous en a parlé tout à l'heure, t'as vraiment parlé cul avec Isaline ? Comment t'as réussi à te faire chopper ? On m'a pas mis au courant de toute l'affaire, je viens d'arriver…

- C'est simple, commença Draco en comptant sur ses doigts. Machine à laver qui tourne, draps changés, chambre aérée.

- En même temps, tu l'aurais pas fait, tu serais passé pour un gros crade, quoi, dit Ron en jouant avec sa nouvelle sucette.

- Nan, mais t'as parlé cul avec elle, quoi… J'en reviens pas…

- Tu sais, Théo, quand tu atteins un certain degré d'intimité avec ta future belle-mère, tu peux tout lui dire…

- Dray, t'as quand même été jusqu'à lui dire comment tu t'étais débrouillé avec ma jambe… »

Seamus explosa de rire, se tenant les côtes, alors que Théo regardait, halluciné, tour à tour Harry et Draco, ne sachant s'il devait les croire ou s'ils se fichaient carrément de lui. Vu le visage des deux concernés, il jugea que, oui, Draco l'avait bien fait…

« Tu déconnes… Fit-il, sans y croire.

- En même temps, elle me prenait la tête avec sa jambe, comme si j'étais le seul coupable. On était deux, il me semble, et il avait pas dit non, non plus !

- Mais il vous manque quelque chose, les mecs…

- Bordel, il faut le faire, quand même ! Avoir le culot de…

- Tu sais, quand ta future belle-mère entre dans la salle de bain chercher une pince à épiler alors que t'es en train de te doucher… »

Ces quelques paroles parvinrent à arracher un rire à Théo, alors que Ron, écarlate, massait ses zygomatiques quelque peu douloureux d'avoir tant ri. Seamus gloussait dans son coin, sa sucette toujours fourrée dans sa bouche, imaginant très bien la scène, alors que Harry se contentait de sourire d'un air désabusé.

« Tu faisais pas le malin quand c'est arrivé, quand même…

- La dernière fois que ma mère m'a vu nu, je devais avoir cinq ou six ans, donc forcément, je faisais pas le fier ! »

Sur ces mots, Draco s'installait à côté de Théo et tendait la main vers le sachet de sucettes pour se servir. Il en prit deux et tendit celle à la fraise à Théo qui secoua la tête, préférant manger un crocodile, qui lui resta en travers de la gorge quand, l'air vexé, le blond lui demanda s'il préférait celle de Seamus.

« Je hais tous ces pédés…

- Tout ça pour une histoire de sucette.

- Allez vous faire foutre avec vos sucettes !

- … Harry, mon ange ? Une sucette, ça te dit ?

- Avec plaisir, mon chéri…

- Arrêtez, sérieux, vous allez finir par le tuer… Et sois pas con, Théo, arrête de manger des bonbons alors qu'ils racontent des conneries, tu vas finir par vraiment y passer, et je te préviens, si jamais t'étouffes, je te fais le bouche à bouche. Et ne t'inquiète pas, je ne suis pas vexé par ton air profondément dégouté, je suis sûr que dans le fond t'en rêves. »

Une aura meurtrière enveloppa Théo qui semblait hésiter entre le jeter par la fenêtre ou l'étrangler de ses propres mains. Draco lui tapota gentiment l'épaule, ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Mais Théo, lui, savait que cette histoire le poursuivrait longtemps…

Surtout qu'il entendait quelqu'un monter dans les escaliers…

OoO

Cela faisait bien une heure qu'ils étaient rentrés et il n'avait pas décroché un mot. Chacun leur tour, ils étaient allés prendre une douche, lui en premier, pour ensuite se mettre aux fourneaux. Seamus avait pris tout son temps, s'installant dans le canapé devant une émission débile avant d'aller se laver, s'essuyant avec soin, n'osant sortir trop rapidement de la salle d'eau et rejoindre son colocataire.

Il n'aurait su dire si Théo lui en voulait. Le coup de la sucette semblait l'avoir mis dans tous ses états, mais pas plus que s'il lui avait fait le coup quand ils n'étaient pas ensemble. Cependant, à présent, ils étaient plus ou moins en couple, et la donne était différente… Ron n'avait pas soupçonné un seul instant la vérité, comment aurait-il pu, d'ailleurs ? Le jeu du chat et de la souris, ça faisait trop longtemps qu'ils y jouaient, tous les deux, alors à moins d'avoir les idées mal placées, et encore…

Seamus pensait que ça irait. Théo s'était détendu petit à petit, mais le trajet en voiture s'était fait dans le silence. C'était tout juste s'il l'avait regardé. L'irlandais avait décidé de le laisser tranquille, ne sachant trop comment le prendre, et pour être honnête, il craignait la confrontation… Qu'allait-il lui dire ? De ne plus recommencer, d'être plus discret ? Qu'on aurait pu deviner, que… Non, bien sûr que non, ce n'était pas le genre de Théo…

Mais qu'allait-il lui dire ?

Les choses n'allaient pas forcément dans le bon sens, pensait Seamus en mettant son pyjama. Il était pourtant habitué à devoir se cacher et faire comme si de rien n'était, simulant une amitié ou une complicité, mais le faire avec Théo était plus compliqué qu'il n'y croyait, car une véritable amitié s'était nouée entre eux, et son colocataire était une personne entière et sincère. De plus, pour être honnête, Seamus avait envie de plus. Il avait envie de sentir ses mains sur lui, ses bras autour de sa taille, de l'embrasser, mais Théo était une sorte d'interdit, et les limites qu'il imposait inconsciemment, l'irlandais se refusait à les franchir. Même si c'était dur. Parce qu'il tenait à lui… et le respectait.

Mais bon dieu, ce qu'il avait envie de lui… Pourquoi diable était-il aussi craquant ? Se dit-il en se jetant un regard noir dans le miroir, les mains sur le rebord du lavabo. Jusque-là, Théo avait été son ami, et en tant que tel, Seamus s'était interdit d'avoir des pensées inavouables à son encontre, mais à présent que tout lui était permis, il comprenait pourquoi les filles craquaient sur lui… Toutes ces filles qu'il rejetait fréquemment, peu intéressé par elles… Il avait beau parler comme un charretier et avoir un caractère de cochon, c'était un homme plein d'humour, et étrangement terre à terre, bosseur et attentif, bien qu'il n'en laisse rien paraître…

Prenant son courage à deux mains, Seamus sortit de la salle de bain et se dirigea vers la cuisine, où Théo s'était mis à la cuisine, se dandinant sur une musique un peu techno diffusée par l'antique radio que les jumeaux Weasley lui avaient filée. Depuis le temps, l'irlandais savait qu'il faisait ça quand il était nerveux, car s'il voulait écouter la radio, c'était en général pour se tenir au courant des nouvelles dans le monde.

« Qu'est-ce que tu fais de bon ?

- Escalopes à la crème.

- C'est vrai ? J'adore ça !

- Je sais.

- T'es adorable ! T'es bien le seul à te rappeler de ce que j'aime.

- En même temps, si t'aimais pas, tant pis pour toi, je fais pas deux plats. »

L'irlandais lui mit un petit coup de coude dans les côtes, ce qui fit sourire son colocataire. Il y eut un silence, pas tellement désagréable, pour être honnête, mais Seamus sentait quand même une certaine tension chez son ami qui semblait dans son monde, faisant revenir les champignons dans une poêle tout en surveillant le riz.

« Heu, Théo… Faudrait peut-être qu'on parle, non ?

- De quoi ?

- Tu sais très bien de quoi.

- Là, tout de suite, non, je vois pas. »

Et il paraissait sincère, le regardant en fronçant les sourcils. Il sortit le riz de la casserole et le fit égoutter dans l'évier.

« La sucette.

- Pardon ?

- Il arrivera forcément un moment où ce genre de scène se reproduira. Parce qu'on est amis, à la base, parce que j'aime te taquiner, et parce que tu as assez d'humour pour ne pas tout prendre au premier degré et te vexer comme un gamin.

- Oui, et ? C'est pas ce que tu veux, que les autres le sachent ? »

Mais bordel, ne voyait-il pas où était le problème ? Ne comprenait-il pas où il voulait en venir ?

« Théo, j'ai assez de respect pour toi et je… t'apprécie, assez, pour ne pas t'imposer ce genre de choses. Non, laisse-moi parler, dit-il en levant la main. On sort ensemble, enfin plus ou moins, tu tâtonnes, tu ne sais pas ce que tu veux, mais moi, par contre, je sais ce que je veux, et bien que je sois tout à fait capable de jouer le rôle de colocataire sympa, il y a des limites. Je connais tous tes amis, du moins les plus proches, et une partie fait également partie des miens. Il arrivera un moment où ils ne seront plus dupes…

- Seamus, j'ai du mal à te suivre. Vraiment, j'ai du mal… Un coup, tu me dis de prendre mon temps, de ne pas me presser, que tu peux assurer de ton côté, et soudain, la situation change ?

- Théo, si on omet ton caractère de merde, t'es mon type de mec. Et c'est la première fois que je sors avec quelqu'un qui me connait aussi bien, et que je connais aussi bien. C'est plus fort que moi, j'ai besoin de plus que ça. Je ne te demande pas de tout leur dire, j'ai simplement besoin que tu me fixes une limite.

- Une… limite ?

- Dis-moi quand tu comptes leur dire. Pendant la fête. Après. Pendant les vacances. Ou jamais. »

Théo ne sut comme interpréter sa lèvre tremblotante, l'espace d'un instant, mais les bras croisés de son ami et son regard baissé voulaient tout dire. Il poussa un soupir à fendre l'âme. Il préféra ignorer ce qu'impliquaient ses mots, notamment ceux révélant sa forte attirance en vers lui, pour ne pas dire autre chose, et ses désirs, car sinon il ferait un blocage monstre et ce n'était pas le moment de penser à ça, sinon il casserait immédiatement.

Mais dans quelle merde s'était-il fourré…

Seamus… le désirait ?

Bordel de merde…

« Bon, je vais oublier certaines choses que tu viens de dire…

- Théo, t'as beau nier l'aspect sexuel de notre relation, c'est pas pour autant que j'en ai pas envie…

- T'as vraiment envie que j'arrête tout, toi…

- Avoir envie de quelqu'un n'est pas un crime.

- Mais je suis pas pédé, putain !

- Il y a quelque chose en toi que tu n'assumes pas, Théo, ce n'est pas pareil. Arrête de te voiler la face, je comprends que là, tout de suite, t'en ai pas envie, mais…

- Et pourquoi j'aurais envie de te toucher ta bite et d'enfoncer la mienne dans ton cul, hein ?! … Oh putain, Seam', excuse… »

Mais l'irlandais, le visage crispé et la lèvre pincée, venait de quitter la cuisine. Théo eut le temps de l'attraper par le bras, mais se ramassa une gifle retentissante, sans doute la plus violente et bruyante qu'il ait eue jusque-là. Pourtant, il refusa de le lâcher, ignorant ses cris l'interdisant de le toucher. En colère, et au bord des larmes, Seamus essaya de le frapper pour se dégager de son étreinte, de ses bras enroulés autour de lui. Mais il manquait de force, il n'avait jamais été bagarreur, et Théo était plus fort que lui, et que put-il faire, quand ce dernier le plaqua contre le mur, le serrant contre lui, et lui demandant pardon à l'oreille ?

« T'es qu'un enfoiré, Théodore, un putain d'enfoiré…

- Excuse-moi, je suis désolé… »

Ses bras étaient comme un étau autour de lui, il ne l'avait jamais serré aussi fort, ses mains caressant son dos, et puis ses cheveux, en des gestes rassurants, presque tendres…

« T'as pas le droit de dire ça, pas comme ça…

- Pardon…

- Je te déteste… »

Seamus se maudit quand il sentit des larmes franchir la barrière de ses yeux et couler le long de ses joues. Ce n'était pas la première fois qu'on lui parlait comme ça, qu'on lui disait ces mots, et on l'avait déjà fait avec plus de dégoût, de mépris, rien à voir avec le ton de sa voix et le sens de ses paroles…

C'était le fait que lui les dise, ces mots, qui faisait le plus mal…

Et tous ces « pardon » à son oreille, ses bras autour de lui…

Ce mal-être intérieur qu'il cachait…

« Recommence plus. Okay ? Plus jamais. »

Il acquiesça dans son cou, alors que l'irlandais remontait ses mains dans son dos, soulageant un peu la tension de son corps. Il décida de lui pardonner, parce qu'il savait que ça arriverait, et parce qu'il semblait sincèrement désolé, ses paroles ayant encore une fois dépassé sa pensée…

Une fois un peu calmé, bien calé dans les bras de son ami, il lui caressa gentiment le dos pour lui faire comprendre que c'était fini. Son cœur fit un bon dans sa poitrine quand, une main dans ses cheveux, Théo lui embrassa la tempe, ne manquant pas de passer ensuite ses doigts dans ses boucles. Ce geste pourtant anodin l'émut et il décida que, oui, il devait lui pardonner.

« Je leur dirai samedi. Okay ?

- Tu es sûr ?

- Non. »

Seamus pouffa contre son torse et soupira quand il le sentit l'embrasser à nouveau dans les cheveux, avant de les dégager pour dévoiler sa nuque, où il posa ses lèvres. Un sourire irrésistible étira ses lèvres, sentant des frissons parcourir sa peau. Il huma son odeur, qu'il connaissait par cœur, se laissant câliner, toute rancœur oubliée.

« Heu… Théo… Ça sent pas le brûlé ? »

OoO

« Aïcha, Aïcha, écoute-moi…

- Aïcha, Aïcha, t'en vas pas… »

En plein milieu du salon, un verre à la main, Théo était en train de se déhancher gentiment, collé à Cho qui avait rapproché leurs hanches avec son foulard. Ils se regardaient d'un air complice, sous le regard amusé des autres convives.

« Aïcha, Aïcha, regarde-moi…

- Aïcha, Aïcha, réponds-moi… »

Les jumeaux, comme ivres avant l'heure, faisaient le karaoké, doublant la voix du chanteur, essayant de jouer le jeu de la sensualité, alors que seuls les deux danseurs amateurs, jouant tranquillement, semblaient y parvenir. Assis dans le canapé, sur des chaises ou à même le sol, les premiers arrivés attendaient les autres, les yeux posés sur le couple, Cho s'étant mise à se dandiner comme une ex-petite amie marocaine lui avait appris sur un air envoyé par les jumeaux, pris au hasard pour déconner, et avait attiré Théo à elle, à défaut de pouvoir entraîner Harry bloqué dans le canapé.

Leur petite danse apaisa le groupe, qui s'était tant pressé à tout installer dans le salon, que ce soit la décoration, la disposition des meubles qui leur donnait plus d'espace ou encore la présentation des gâteaux apéritifs et des boissons. Ron, sachant qu'il ne parviendrait pas à s'en tirer seul avec ses deux frères qui avaient bossé toute la journée et qui seraient plus excités que jamais, avait fait appel à ses amis pour l'aider. Cho, Seamus, Théo, Blaise et Draco avaient répondu présents, le blond emmenant Harry avec lui par la même occasion, et ils s'étaient échinés à tout préparer avant l'arrivée des autres invités.

Assis tout près de Harry, Seamus se retenait pour ne pas bouffer Théo des yeux, qui se déhanchait gentiment, les bras levés, l'une de ses mains tenant toujours son verre, alors que Cho, joueuse, l'aguichait en ondulant au rythme de la musique, se laissant bercer par les paroles tendres de la chanson. À sa droite, le tatoueur avait enlacé la main de son petit-ami, posant sa tête contre son épaule, les regardant en rêvant du jour où il pourrait à nouveau marcher et danser ainsi contre son amant, le séduire, lire dans ses yeux l'envie, le provoquer, et le faire rêver…

Soudain, Harry leva son visage vers le blond et l'embrassa sur la joue tendrement, le faisant légèrement sourire, puis il lui chuchota à l'oreille qu'un jour, il danserait à nouveau comme ça. Et l'étudiant lui répondit sur le même ton qu'il n'avait pas besoin de faire ça pour le séduire, avant de déposer un baiser sur sa bouche. Harry se sentait fondre, sa main serrant plus fort celle de son amoureux, et c'est alors que la musique cessa, et il applaudit avec les autres la performance des deux danseurs en herbe. Les jumeaux voulurent les retenir en lançant une autre chanson vieille comme le monde, mais on sonnait à la porte.

Petit à petit, les autres convives firent leur entrée. D'abord, il y eut Olivier, pourtant toujours partant pour installer lors des soirées, mais des exigences personnelles l'en avaient empêché, il arriva donc un peu plus tard avec Angélina, qu'il avait récupéré après son travail pour lui éviter du transport qui l'aurait fait arriver plus tard. Ensuite, ce fut au tour de Neville et Hannah, le mécanicien n'ayant pas eu la même chance que Ron et dut alors travailler toute la journée, avant d'aller se changer et chercher sa petite amie. Il ne manqua pas de trainer son collègue et ami de sale chanceux en arrivant, le rouquin lui tirant fièrement la langue, répliquant qu'il ne tarderait pas à rattraper son après-midi dans les jours à venir…

Pour terminer, Greg arriva en voiture, Millicent et Hermione avec lui. Il avait été difficile de convaincre le cuisinier de se joindre à eux, non pas à cause de son emploi du temps de ministre, mais plus parce qu'il avait toujours peur de s'imposer, connaissant un peu tout le monde, mais sans être forcément très proche de la majorité des invités, qui l'accueillaient pourtant à bras ouverts. Il avait fini par prendre sa soirée, confiant son restaurant à son second, histoire de se détendre un peu et partager un bon moment avec sa petite-amie. Dans le plus grand secret, il avait également confectionné le gâteau d'anniversaire de Hermione, les seuls au courant étant Ron et Draco, le premier devant s'occuper du gâteau et le second ayant demandé à son ami ce petit service, que Greg avait accepté avec le plus grand plaisir.

La fête pouvait donc commencer, et rapidement, la musique grimpa quelques décibels et changea complètement de registre, laissant tomber les disques de leurs parents vieux comme Hérode pour des sons plus actuels. Et ça démarrait fort, les jumeaux semblaient visiblement en manque cruel de soirées déjantées et musique à fond les ballons, les derniers évènements et le handicap de Harry ayant bloqué toutes leurs envies de soirées, car l'exclure était inenvisageable et l'intégrer serait sans nul doute aussi gênant pour lui que pour eux. Mais l'étape venait d'être franchie : bien que bloqué dans le canapé, Harry souriait et semblait s'amuser, ses amis se relayant sans se forcer pour lui tenir compagnie, se battant parfois pour avoir une place à côté de lui ou pour le servir, et les autres s'amusaient sans embarras.

Ils étaient amis, après tout. Ils devaient faire la part des choses et des concessions. Et visiblement, ils ne s'en sortaient pas trop mal.

Draco resta un bon moment à côté de Harry, n'ayant pas spécialement envie de bouger et ne voulant pas non plus le laisser tout seul. Il était celui qui avait le plus de mal à se détacher du tatoueur, qui l'encourageait pourtant à se laver et à discuter avec les autres, mais c'était difficile pour le blond qui semblait préférer le taquiner et lui glisser quelques avances à l'oreille, ce qui ne manquait pas d'énerver son petit-ami : et avec ça, comment était-il sensé se tenir tranquille et se concentrer sur la soirée ? Draco était vraiment un emmerdeur…

Cet emmerdeur dont il était tombé amoureux, des mois auparavant, et qu'il avait le plaisir de réellement retrouver au fil des jours…

En début de soirée, la place à côté de lui ne fut pas gardée longtemps par la même personne. Seamus ne tarda pas à le laisser pour passer aux toilettes, et quand il revint, il fit la moue à Cho qui lui avait chouré sa place. Il était donc allé s'assoir sur les genoux de Théo qui avait essayé de le virer, de façon peu tendre, mais en vain, alors, dépité, il l'avait laissé faire, ce qui avait fait piquer un fou rire à Ron et Blaise, Seamus ne s'étant assis là que pour discuter avec Millicent et Hermione. Et de loin, Harry et Draco le regardaient faire, sans que les autres ne s'aperçoivent vraiment de quoi que ce soit.

« Ils sont vraiment aveugles, c'est dingue…

- Pour toi, c'est évident, mais à leur place, je n'aurais rien remarqué. »

À côté du brun, Cho était partie dans une conversation plus ou moins passionnante avec Angelina et Hannah, l'une assise sur l'accoudoir du canapé et l'autre assise par terre, un bras posé sur les genoux de la chinoise. Elles ne faisaient donc pas attention à eux, ni à leurs messes basses.

« Tu crois qu'il le taquine ou il va essayer quelque chose ?

- J'en sais rien, tu le connais mieux que moi, Dray.

- Il ne fera quelque chose que s'il est d'accord…

- Donc il ne fera rien. »

L'étudiant grimaça puis l'embrassa avant de retrouver un visage neutre. Il n'était pas le seul à être préoccupé, Harry l'était tout autant. Il n'avait rien pu tirer de Seamus, ne sachant pas vraiment quel jeu ils allaient jouer lors de cette soirée, et concernant Théo, ce n'était même pas la peine qu'il lui demande quoi que ce soit : à peine évoquait-il leur relation au téléphone que son ami changeait radicalement de sujet. Pour lui, Théo avait besoin de temps, c'était évident, mais visiblement, les sentiments que Seamus nourrissait à son égard rendaient la situation plus compliquée : il fallait que les autres le sachent. Le souci, c'était que s'ils ne commençaient pas à faire germer petit à petit l'idée qu'il puisse y avoir quelque chose entre eux, Théo finirait par avoir peur, et se bloquer, et ils passeraient leurs vacances comme deux célibataires.

Le groupe avait trois appartements à leur disposition, deux d'entre eux étaient loués à un prix dérisoire par Isaline, Sirius et Harry, histoire de payer les frais d'eau et d'électricité ainsi que leurs charges, et étant donné qu'ils seraient quatorze au total, leurs frais ne seraient pas élevés. Ils s'étaient déjà réparti les logements, dont certains seraient sans doute plus exploités que d'autres, et personne ne doutait du fait qu'ils finiraient tous par dormir à un moment ou à un autre chez le voisin, serrés comme des sardines en boite dans les lits.

Isaline possédait un appartement en rez-de-chaussée avec vue sur la marina, donc sans escaliers et avec plus d'espace, dû à sa longue terrasse. Le logement pouvait contenir quatre personnes, Harry et Draco le choisirent donc d'office, pour des raisons évidentes. Leurs colocataires seraient Théo et Seamus, car les filles voulaient rester ensemble, donc Blaise, qui aurait voulu rester avec son meilleur ami, se retrouva au troisième étage du même immeuble afin de suivre Luna, se préparant à partager le studio mezzanine deux semaines avec Ron, Hermione et Millicent, ce qui n'était pas forcément un mal non plus. Restait l'appartement de Sirius, un peu plus petit, qui était réservé aux jumeaux, Angelina et Cho. Olivier ne pouvait plus les accompagner, il ne les rejoindrait que la seconde semaine et dormirait alors sur un matelas pneumatique, surement dans l'appartement de Harry, qui serait sans doute moins en bordel, et les vacances de Greg ne correspondaient pas avec leurs dates, il aurait pu les rejoindre, mais pour trop peu de jour, et manifestement il avait vraiment besoin de repos dans le calme. Ce n'était que partie remise, après tout, Millicent allait passer quelques jours avec lui elle ne savait pas encore où, c'était une surprise.

En soit, c'était un avantage que Théo et Seamus partagent leur appartement. La décision avait été prise après que Harry ait été mis au courant de leur histoire, alors quand on évoqua l'idée de mettre les deux couples dans le même logement, le tatoueur ne pouvait dire non, d'une part parce que ce serait mieux pour eux d'être avec eux, quelle que soit l'avancée de leur histoire, et d'autre part parce qu'il appréciait sincèrement l'irlandais. Draco ne fut pas contre non plus, faisant définitivement la part des choses, tout comme Seamus d'ailleurs, mais le groupe avait peur que des tensions ne naissent entre eux, pour des raisons évidentes, personne ne pouvant se douter de ce qui se tramait vraiment.

Une fois la décision prise, l'irlandais fut soulagé, il pourrait au moins se montrer naturel quelques heures dans la journée, sans avoir à jouer le jeu constamment et rester éloigné de Théo, si rien n'avait progressé entre eux, et quant à ce dernier, il n'avait rien dit mais Harry avait parfaitement compris que la situation lui convenait parfaitement, cela rendrait les choses plus faciles pour lui. Ou plus difficile… Mais pour le moment, il ne semblait pas regretter comment s'étaient déroulées leurs arrangements. En quelque sorte, il pourrait se cacher et évoluer tranquillement, dans son coin.

Cependant, Harry ne voyait pas d'un très bon œil ces vacances avec ses deux amis en célibataires, et non pas en couple, alors que de son point de vue, ces deux semaines loin de tout ne pourraient que leurs être bénéfiques, à tout point de vue, mais il ne se sentait pas capable d'avoir une conversation à ce sujet avec Théo, bien trop coincé avec ses paradoxes et son mal-être pour envisager une relation véritablement sérieuse avec l'irlandais et parvenant avec trop de mal à se projeter plus loin que ces vacances. Quant à Seamus, ce dernier lui avait fait comprendre du bout des lèvres qu'il galérait bien assez avec lui chez eux, ce n'était pas pour se prendre la tête avec lui à propos de ces vacances, même s'il brûlait d'envie de lui botter les fesses et le pousser à faire une sorte de coming-out sans trop de valeur, vu ses hésitations et son tâtonnement constant.

Et Draco partageait son point de vue. Il considérait Théo comme un ami, le voir ainsi se chercher et en souffrir lui faisait du mal, soyons honnête, car il était soudain confronté à des choses qu'il avait dû intérioriser afin d'entrer dans la norme, et pas une seule seconde Draco ne doutait de son attirance pour les femmes. Il était lui-même bisexuel, bien qu'il ait tendance à s'attacher davantage aux hommes, mais il avait désiré des femmes et avait aimé leurs corps à corps. Il comprenait dans un sens la peur de Théo, mieux que Harry ne le pensait, s'étant déjà posé mille questions avant d'assumer ce qu'il ressentait et vivre avec sans se considérer comme un être sale et immoral.

« À la bouffe les gens ! Qui a faim ? »

Une cargaison de pizzas venait d'arriver, les jumeaux, Angelina et Ron s'attelaient à les découper en parts plus ou moins égales, Fred et Georges se battant contre leur frère et la jeune femme, arguant que les ciseaux pour couper les pizzas, c'était le must, ce qui ne semblait pas tellement être l'avis de leurs adversaires… qui terminèrent plus vite qu'eux leur découpe. Pendant ce temps-là, Angélina, Hermione, Millicent et Cho assuraient le service, apportant des assiettes en carton remplies aux autres convives, la chinoise s'excitant avec ceux qui osaient lui dire qu'ils voulaient autre chose, à savoir Olivier et Théo qui avaient décidé de l'emmerder. Théo qui avait fini par s'assoir par terre, le dos contre l'assise du canapé, entre les jambes écartées de Seamus.

« Putain Théo, tu me soules, j'arrive pas à manger à cause de toi…

- Mais c'est quoi cette manie de bouffer tes pizzas avec des couverts, franchement ?! Sois dégueulasse pour une fois dans ta vie et utilise tes doigts !

- Va te faire voir. Laisse-moi replier mes jambes…

- Nan, c'est pas confortable.

- Vous vous engueulez comme un vieux couple…

- Beau blond, je t'ai pas sonné, merci. Putain mais toi aussi tu bouffes avec des couverts ?! Mais c'est quoi ces gosses bourges, vous savez pas manger proprement avec vos doigts ?

- Mais on t'emmerde, Théo !

- Hey, Théo, Hermione aussi mange avec des couverts !

- Vous êtes atteints, les mecs… Tenez, Blaise, il mange avec ses mains !

- J'suis un crado, moi, un vrai de vrai ! »

La soirée se poursuivit, les assiettes en carton finissant à la poubelle, ainsi de nombreux gobelets, égarés, confondus puis abandonnés, s'entassant sur la table, de même pour les bouteilles vides de soda et jus, n'ayant guère touché à l'alcool pour le moment, mis à part les jumeaux, Ron et Blaise. Ce dernier allait passer la nuit chez Isaline, avec Théo et Seamus, sur un matelas gonflable installé dans la chambre de Harry, afin d'éviter de rentrer chez lui en pleine nuit en transport et pouvoir profiter pleinement de sa soirée sans regarder sa montre.

Quant au couple, il était hors de question de dormir chez Ron : si ça ne dérangeait pas Seamus, ce n'était pas tellement le cas de Théo, l'irlandais était devenu un vrai pot de colle, pire que Harry, et l'enlaçait dans son sommeil, le serrant comme un singe se cramponnant à son arbre. Si jamais Neville ou Ron se levaient la nuit pour il ne savait quelle raison…

Vint le moment du gâteau, un peu après leur dîner, quand Ron réussit enfin à faire danser un peu Hermione et l'amuser, ce qu'elle avait toujours un peu de mal à faire, de nature timide. Alors qu'elle entrait enfin dans l'ambiance de la fête, on éteignit les lumières Blaise apporta le gâteau, à savoir une pyramide choux à la crème, Greg se souvenant à quel point la pièce montée qu'il avait confectionnée pour Blaise avait plu au groupe. Mais cette fois-ci, il ne s'était pas amusé à lui donner une forme d'escargot, c'était trop de travail… Cependant, son travail plut beaucoup à la jeune fille qui ne s'y attendait pas et la découpe de la pyramide fut aussi laborieuse que la fois précédente. Olivier dut envoyer bouler les jumeaux, décidément peu doués avec un couteau, pour s'atteler à la découpe avec Hannah comme assistante, Seamus et Ron assurant un service, tout aussi laborieux, car Greg avait fait la terrible erreur de décorer son œuvre avec des fleurs en sucre, pour faire joli, et tut le monde en voulait de ses fleurs et feuilles en sucre…

Et la soirée reprit, après cette petite pause gourmande, avec plus d'intensité. Le soleil se couchait paresseusement, disparaissant au fil des heures derrière les maisons alentours, et il fit de plus en plus chaud dans le salon, en dépit des fenêtres ouvertes. Histoire d'apaiser un peu le tout, Cho proposa de faire des jeux et les jumeaux allèrent chercher un jeu du loup-garou qu'ils devaient avoir laissé chez leurs parents, mettant de longues minutes à le retrouver parmi toutes les boites de jeux que leurs parents avaient gardés dans le grenier, des fois que cela serve à leurs petits enfants. Pendant ce temps-là, les connaisseurs expliquaient les règles aux non-initiés, le plus souvent perplexes.

Il fallut s'installer en cercle, de préférence par terre, mais forcément, certains préférèrent rester sur le canapé, dont Harry qu'il valait mieux ne pas déplacer à cause de son pied, et forcément, Draco voulut rester à côté de lui, de même pour Cho qui piqua la place de Seamus, parti se désaltérer. Sur l'autre canapé, une scène quelque peu étrange mais qui ne sembla alterner personne sur le moment se déroula. Théo ne semblait guère motivé à jouer, subissant le contrecoup de sa journée de travail, un peu atténué par la courte sieste qu'il avait faite en rentrant, mais bel et bien présent et dévastateur. Il décida donc de jouer le jeu allongé sur le canapé, mais Seamus ne semblait pas vraiment décidé à se lever, lui disant que s'il était vraiment fatigué, qu'il aille se reposer un peu dans une chambre, comme Ron le lui avait gentiment proposé, et quand Théo voulut s'allonger, tentant de forcer l'irlandais à dégager du canapé, de dépit, il posa sur tête sur ses genoux, lui faisant lever les yeux au ciel et glousser les personnes juste à côté, qui le traitèrent de chieur.

Sur le coup, personne ne fit vraiment attention à eux, à Théo allongé de tout son long sur le canapé et Seamus tenant sa tête sur ses genoux, ce dernier gigotant un peu de gêne et recevant des tapes sur le genou pour qu'il arrête de bouger. Harry mourut au second tour, ayant pris la défense de Seamus au premier tour et qui s'était révélé être un loup, mais le village fut très déçu en voyant qu'il était en réalité simplement le Cupidon. Éliminé assez tôt, Harry put voir le petit manège de Seamus, qui tenta de toucher les cheveux de Théo, fermement décidé à jouer allongé plutôt qu'assis comme tout le monde et luttant pour ne pas s'endormir, et qui semblait étrangement plutôt disposé à se laisser faire. À la fin de la partie, qui tint Théo éveillé jusqu'au bout, Harry vit le regard de ses amis dardant discrètement le couple, les mains de Seamus s'activant alors gentiment dans la chevelure sombre de l'autre jeune homme.

Au cours du second tour, Théo mourut au début de la partie à cause de Cho, avec laquelle Cupidon l'avait mis en couple, et en dépit de ses efforts, il finit par s'endormir, une main posée sur le genou de l'irlandais, qui continua ses caresses. Malgré la situation plutôt gênante, ce dernier se sentait bien, la tête de son ami posée sur ses genoux et ses mains dans ses cheveux. Il sentait que quelque chose avait changé, dans l'attitude et le regard des autres. Ils avaient beau être proches, tous les deux, et avoir partagé sans discuter le même lit à diverses occasions, le fait que Théo s'allonge et se fasse ainsi câliner était une grande première et semblait changer clairement la donne aux yeux du groupe, qui ne comprenait pas bien ce qui se passait.

Avant le début d'une nouvelle partie, Cho vint le voir, visiblement un peu inquiète, et lui demanda si son colocataire allait bien, s'il n'avait pas de soucis, et alors Seamus comprit à quel point leur couple devait être improbable à leurs yeux et leurs gestes mal interprétés. Il lui répondit, un peu embarrassé, qu'il n'en savait rien et qu'il était rentré crevé du travail. L'asiatique repartit, peu rassurée, et Seamus se demanda sérieusement où Théo voulait en venir. Ils n'avaient pas reparlé de cette soirée après leur… « dispute », et l'irlandais ne savait pas exactement ce que son ami comptait faire pour avouer aux autres leur relation, et s'il comptait vraiment le faire, en fait.

Autant dire que le jeune homme l'avait surpris, quand au lieu de le virer du canapé, il avait posé sa tête sur ses genoux. Jamais Théo n'avait posé sa tête sur ses genoux, de lui-même. C'était déjà arrivé en fait, mais à chaque fois, c'était Seamus qui s'asseyait sur le canapé et le forçait à poser sa tête sur ses cuisses, le week-end, afin de ne pas regarder la télévision avec les fesses par terre. Mais que lui le fasse de lui-même… et, surtout, qu'il lui laisse lui tripoter les cheveux… Y'avait du progrès dans l'air, ça on pouvait le dire, et ce n'était pas lui qui allait s'en priver. Même si les regards autour de lui étaient gênants et qu'il ne savait pas trop comme ça allait se terminer.

Ils jouèrent donc quelques parties, s'entretuant dans la joie et la bonne humeur, puis les jumeaux proposèrent une activité un peu plus rythmée, qui leur fit rallumer quelques lumières et les réveilla un peu également, la musique emplissant à nouveau le salon et les verres circulant entre les convives. Ce changement soudain d'ambiance sembla déranger Théo qui se réveilla petit à petit, grognant comme un enfant terminant sa sieste, peu disposé à ouvrir les yeux pour de bon. Les mains dans ses cheveux, Seamus lui parla comme à un bébé, alors que Cho lui chatouillait le cou, sans effet, alors elle fit la moue et alla chercher un verre avant de revenir vers lui. Entre temps, le jeune homme s'était mis sur le dos et s'étirait, les yeux encore un peu ensommeillés. Il jeta un rapide regard à Seamus puis passa une main lasse sur ses yeux.

« Tu travailles trop, Théo, tu devrais vraiment te reposer.

- Arrête, je fais pire le reste de l'année, et j'ai dégusté cet hiver.

- Justement, tu devrais te reposer, t'as besoin de dormir.

- Je passe mon temps à lui dire, mais il n'en fait qu'à sa tête.

- Toi, je t'ai pas sonné, okay ?

- Surtout que tu conduis souvent le camion, t'aurais l'air malin s'il t'arrivait quelque chose !

- J'ai conduit sur du verglas et j'ai survécu ! Le taff est agréable en ce moment, il fait chaud, les gens bouffent des fruits, je vais pas me plaindre ! Je préfère ça à bosser dans une banque !

- C'est mignon, on dirait un vieux couple…

- Hein ?

- À vous disputer, comme ça… »

Seamus se tendit, sans perdre le sourire, mais ses mains, qui avaient quitté la chevelure sombre de Théo, se crispèrent sur le canapé, là où il les avait posées. Il n'osa plus rien dire, la tête de son ami lui brûlant les cuisses.

« On se dispute tout le temps, je te signale. C'est limite notre marque de fabrique.

- Ouais je sais, mais quand même ! »

Cho dansait d'un pied sur l'autre, son verre de soda à la main. L'irlandais savait très bien où elle voulait en venir, vu la façon dont elle regardait Théo, l'air un peu gêné, l'air de ne pas y toucher, si inhabituel chez elle. Et l'étudiant, lui, demeurait allongé, la tête sur ses genoux, la regardant avec un grand calme, qui ne lui ressemblait pas non plus, ses doigts crispés croisés sur son ventre. Il aurait dû s'énerver, s'agacer, comme il le faisait toujours, même pour les gestes les plus anodins que les autres relevaient… Et rien.

Rien.

« Et puis vous êtes mignons, tous les deux, comme ça…

- Je suis crevé.

- Il te tripote les cheveux.

- Tu t'es jamais fait tripoter les cheveux ? Et c'est une tapette…

- Je t'emmerde, Théo.

- Il n'est écrit nulle part que les tapettes aiment tripoter les cheveux d'autrui !

- Bah celle-là, elle aime bien. »

Comment pouvait-il rester si calme, sans s'énerver, lui qui détestait ce gendre d'insinuations, et que comptait-il faire exactement ? Nier ? Pourquoi ne la prenait-il pas à part pour lui dire franchement ce qui se passait, à elle, qui comprendrait tout ? Lui qui avait si peur de leurs regards, du changement qui s'opèrerait entre eux, pourquoi ne pas faire comme il l'avait déjà fait avec Harry, les prenant à part, petit à petit, ou l'avouant très clairement, sans chichis, parce que de toute façon c'était inutile de le leur cacher ?

Seamus ne comprenait pas. Et son cœur lui faisait mal.

Il était soudain fatigué. De toujours devoir se cacher, faire comme si de rien n'était, avec lui ou avec un autre. Fatigué d'être une source de honte, d'embarras.

Et il lui parut soudain évident que Théo ne dirait rien, qu'il se tairait, laissant l'idée germer dans leur esprit sans oser l'avouer ouvertement.

Parce que la peur d'être différent serait définitivement trop forte…

« T'es pas gentil avec Seamus, le pauvre ! Lui qui prend tellement soin de toi !

- C'est moi qui prends soin de lui, il bouffe jamais de fruits et sait à peine faire la cuisine !

- Je vous trouve quand même adorables, tous les deux…

- Cho, t'es lourde, sérieux…

- Tu te laisses jamais faire comme ça. Et tu gueules, quand on te fait des sous-entendus. »

Son regard voulait tout dire. Il reflétait toutes ses questions, ses incompréhensions. Elle était perdue, ne sachant si Théo lui jouait un tour ou s'il se passait quelque chose sous ses yeux. Pourtant, c'était inconcevable pour elle. Les deux colocataires avaient toujours été proches, de par la nature même de Seamus, homosexuel assumé, tactile et taquin, et de par le caractère de Théo, cet espèce d'homophobe paradoxal qui réagissait trop à chaque taquinerie pour qu'on cesse de l'embêter avec ça. Mais voir son ami s'allonger sur le canapé et poser sa tête avec tant de naturel sur les genoux de Seamus… Cela avait soudain éveillé quelque chose en elle.

Tout le long du jeu, Cho s'était dit que c'était son imagination, que ce genre de scène avait déjà dû se produire, quand ils étaient chez eux, parce que c'était définitivement bien le genre de Seamus de faire ce genre de choses. Mais à chaque fois qu'elle posait les yeux sur le visage endormi et paisible de son ami, Seamus suivant la partie, ses mains allant et venant dans les cheveux de son colocataire, elle se disait qu'il devait y avoir quelque chose. Et puis, Théo s'était réveillé, et c'était un peu comme si tout était redevenu à la normale : il était hétéro, pur et dur, il avait un sale caractère et continuait à traiter l'irlandais de tapette.

Mais peut-être que… Et si Théo ne s'en rendait tout simplement pas compte ? Et si Seamus ressentait quelque chose, sans l'avouer à son ami, et que quelque chose était en train de se créer entre eux, sans que le principal concerné soit au courant… ?

Le coup, Théo ne lui répondit rien, la regardant, avec cet air trop calme qui ne lui ressemblait définitivement pas. C'était un peu comme s'il l'invitait à continuer…

Alors, elle osa.

« Vous deux, vous… »

Sans y croire.

Et Théo hocha légèrement la tête.

Ce fut comme une explosion, dans ses yeux, sur son visage, dans son corps tout entier. Une stupéfaction totale se refléta sur son visage, ses grands yeux noirs écarquillés et sa main crispée sur son gobelet, que Seamus, se penchant en avant, récupéra, au cas où. Plus bas, Théo la regardant en se pinçant légèrement la lèvre, en se disant qu'il venait de faire la plus grosse connerie de toute sa vie. Que, définitivement, il n'était pas prêt, que ce n'était pas le bon moment, ni la bonne manière pour lui dire.

Et son cœur, son petit cœur d'hétéro qui avait cessé de réellement croire en l'amour depuis longtemps, il battait fort dans sa cage thoracique, à lui en faire mal, son sang battant à ses tempes.

Il avait fait une connerie. Et Seamus ne disait toujours rien.

Ses genoux lui brûlaient la tête et la nuque.

« Vous… »

L'air toujours aussi halluciné, Cho les montra tous les deux nerveusement du doigt. Théo aurait pu nier, encore. Lui sourire et lui dire que c'était une blague, qu'il la faisait marcher, qu'il n'était pas pédé, que… Mais c'était trop tard. Il avait joué un double jeu, niant, sans s'exciter, comme il le faisait toujours. Essayant de lui faire comprendre, de l'attirer à lui, qu'elle se lance… Parce qu'il était définitivement trop lâche pour le faire, pour lui dire… Oh oui, il pouvait encore nier. C'était sans doute la meilleure chose à faire, avant de la prendre à part et confirmer ces doutes qui s'étaient à présent insinués en elle.

Mais… et Seamus ?

Et lui, assis dans le canapé, sa tête sur ses genoux, ses mains qui juste avant caressaient ses cheveux ? Comment allait-il réagir ? Comment se sentirait-il ? Avait-il le droit de lui faire mal, encore ? Il lui avait demandé de l'attendre, de lui laisser du temps, mais avait-il le droit de jouer avec ses sentiments ? D'être lâche, encore… Alors qu'au fond de lui, poser sa tête sur ses genoux, ce n'était pas qu'une manière de leur mettre la puce à l'oreille, mais une envie soudaine, qui l'avait apaisé et endormi ?

Alors Théo continua à hocher légèrement la tête, tandis que Seamus, lui, était comme paralysé. Il attendait juste que ça pète…

« QUOI ?! Oh my god, dis-moi pas que c'est vrai ?! Oh putain ! Oh mon dieu, oh mon dieu, OH MON DIEU ! »

À l'autre bout du salon, les yeux rivés sur Cho qui, comme paralysée, ne gesticulait plus du tout, Draco sentait la main de Harry broyer la sienne et l'entendit faire des exercices de respiration pour ne pas exploser de rire nerveusement. Le blond lui-même prit sur lui, ne s'attendant pas du tout à ce que ça se passe comme ça…

« Oh putain, j'en reviens pas, c'est pas possible ! Pas toi ! Mais pas toi, bordel ! »

Tous les regards étaient posés sur Cho, qui manifestement ne savait plus quoi dire ni quoi faire, gesticulante et la voix un peu incertaine. Les jumeaux ne tardèrent pas à se précipiter vers elle, leurs visages de fouine aux aguets.

« On a manqué quelque chose ? On a manqué quelque chose ?

- Il est pédé ! »

De là où ils étaient, Draco et Harry purent voir le visage stupéfait des jumeaux qui, bouches bées, tournèrent mécaniquement la tête vers Théo, comme s'ils n'osaient le croire, alors que Cho, manifestement, ne savait plus quoi faire de ses bras. Le tatoueur gloussa sans pouvoir se retenir, ayant vu au loin Théo se cacher le visage dans ses mains, après avoir hurlé un magnifique « Je ne suis pas pédé, putain de merde ! », sans doute rouge écarlate, alors que Seamus rigolait nerveusement, se cachant la bouche. Il ne savait sans doute pas quoi faire, à part rire… Et les autres, profondément largués, regardaient la scène ou s'en approchaient, tentant de comprendre le délire…

Mais il n'y avait aucun délire. Aucun.

Et Théo avait l'étrange impression que son monde était en train de se fissurer…

Ce monde où il n'était qu'un putain d'hétéro, normal de chez normal, avec un caractère de merde et un cœur gros comme une maison…

« Vous vous foutez de ma gueule ! J'en suis sûre, tu te fous de ma gueule Théo ! Juste parce que je t'ai dit l'autre jour que t'étais un homo refoulé, depuis le temps que t'avais pas eu une copine ! Avoue, avoue !

- Putain Théo, t'es pédé ?! T'es sérieux là ?!

- Il nous fait marcher, c'est pas possible !

- Putain, mais prends pas la mouche, on déconnait quand on t'emmerdait avec ça, c'était pas sérieux !

- On t'aime comme t'es, tu sais !

- Seamus, putain, mais réagis, merde ! Et toi arrête de te cacher le visage, tu crois qu'on te voit pas ?!

- Hey Seamus, il est sérieux ou il se fout de notre gueule, là ?!

- On sort ensemble. »

Ce fut comme un coup au cœur. Ce n'était même pas lui qui avait répondu, alors qu'il était prêt à le faire, voyant Théo se cacher le visage, ne sachant comment gérer la situation. Sans doute était-ce trop dur pour lui, était-ce trop comparé à ce qu'il avait prévu, ou non… Sans doute était-il allé trop loin, ne sachant comment aborder la chose, n'osant se lancer, et puis maintenant, il était trop tard. Pour reculer, nier, rire de sa blague… Mais ce fut lui qui leur répondit, les joues rouges et le regard franc, celui qu'il lui connaissait, le visage des plus sérieux.

Et, visiblement, ça leur en boucha un coin. Bouchée, les trois rigolos les regardaient, clairement hallucinés, et ils n'étaient pas les seuls, tant l'idée que Théo puisse réellement sortir avec homme leur paraissait incongrue. D'ailleurs, l'idée même qu'il sorte avec Seamus n'était pas encore montée à leur cerveau, qui avait cependant très bien capté que Théo était en train de changer de bord…

« Il est pédé… C'est pas vrai, il est pédé…

- Putain de merde ! T'es bouchée ou quoi ?! Je suis pas pédé !

- Mais tu… tu…

- Tu sors avec…

- Oui, et ?

- J'ai toujours pensé qu'il était un peu pédé sur les bords, moi. »

Toutes les têtes se tournèrent vers Olivier qui mangeait tranquillement un bout de gâteau qu'il était allé chercher dans le frigidaire et sa remarque débloqua complètement la situation. Harry lui en fut grandement reconnaissant, car alors, c'est sur lui que s'excitèrent les jumeaux et Cho, l'accusant de ne pas avoir partagé ses informations plus tôt avec eux, cet espèce de traître qui sortait avec un type désagréable au possible qui avait toujours été un mec à femmes.

Le sportif ne parut pas particulièrement touché et les laissa se défouler sur lui, ce qui permit au couple de souffler un peu et de détendre l'atmosphère. À cet instant, Seamus aurait donné beaucoup pour emmener Théo dans un coin et le prendre dans ses bras, voyant son visage rougi et un peu perdu, ses mains crispées sur son ventre et son tour toujours allongé, comme s'il n'était pas capable de se lever, se contentant de subir tout ça.

« Qui était au courant, ici ?! »

À la question de Ron, qui semblait clairement tomber des nues, Harry et Draco levèrent fièrement la main, s'attirant le regard atterré de Blaise. Mais avant que quiconque ne réagisse, le tatoueur fit une précision.

« Mais c'est lui le premier au courant.

- T'es sérieux ? Dray, tu savais tout depuis le début ?

- Tout ça, c'est parce que Seamus est son ex !

- Oui, et ? J'y peux rien si t'as de la merde dans les yeux, Cho.

- Moi, j'ai de la merde dans les yeux ? Mais comment j'aurais pu deviner un truc pareil ? Théo, je ne te croirai que si tu fais un bisou à Seamus !

- Mais t'as vu la vierge toi ?! »

L'air peu aimable, Théo lui jetait un regard noir, alors que la jeune femme, le pointant du doigt, le regardait avec défi, ce qui fit rigoler Ron et Hermione.

« Embrasse-le et je te crois !

- Mais j'ai rien à te prouver !

- Si tu sors vraiment avec lui, y'a aucune honte à lui faire un bisou ! Si tu le fais pas, t'es qu'un gros méchant et Seamus te mérite même pas !

- Cho, franchement, laisse-le tranquille. S'il en a pas envie, il en a pas envie…

- PUTAIN il l'a fait ! »

Cho et les jumeaux, qui avaient tourné la tête vers Draco, la retournèrent à s'en coincer les vertèbres. Au moment même où les regards s'étaient détournés d'eux, Théo s'était redressé et avait planté un baiser rapide, mais appuyé sur la bouche close de Seamus. Ce dernier, clairement surpris, devint rouge écarlate, et ce fut tout ce que purent voir la chinoise et les rouquins, à leur plus grande horreur. Ils piaillèrent, exigeant un autre baiser, ils avaient rien vu, gueulant après Ron et Millicent qui se vantèrent d'avoir tout vu, juste pour les faire rager, alors que Théo se levait, retrouvant cet air à la fois sérieux et boudeur qui faisait sa marque de fabrique. Il leva les yeux au ciel quand il regarda brièvement Seamus et que ce dernier, repliant ses jambes contre son torse, lui fit un sourire niais au possible.

Ses lèvres, à lui, brûlaient comme jamais. Ce n'était pas prévu, prémédité. Mais il pouvait voir sur son visage à quel point il était heureux qu'il l'ait fait, comme ça. Son joli visage, ses joues rouges, ses yeux brillants, et ses cheveux ondulés qui encadraient son visage…

« Mais je viens d'y penser… Le coup de la sucette, là… »

Soudain, Harry et Draco explosèrent de rire, pliés en deux, et Seamus ne put se retenir, alors que Théo jetait un regard ténébreux au rouquin, l'air très, très, très mauvais. Ron avait la tronche du type qui venait de comprendre l'origine du monde, méditant sur sa révélation. Les jumeaux s'excitèrent sur leur frère, convaincu, à raison, d'avoir loupé un épisode qu'ils voulaient absolument rattraper, mais Théo ne semblait pas du tout approuver.

« Ron, je te préviens, tu parles de ça, je te castre. »

Le rouquin lui lança un regarda apeuré, essayant de repousser ses frangins, alors que Cho allait aux nouvelles auprès de Harry et Draco, Blaise essayant déjà de leur tirer les vers du nez.

« Harry, il pleure de rire ! Ça doit être marrant, votre truc de sucette… »

Théo jeta un dernier regard sombre à son ami avant de se lever pour quitter la pièce, et il eut beau dire à Cho qu'il avait envie d'aller aux toilettes, la chinoise ne le lâcha pas, bien décidée à connaître le fin mot de l'histoire, mais le jeune homme la repoussa et s'enfuit en direction de la salle de bain, laissant derrière lui Ron qui, ami moqueur, mais tout de même fidèle, dut repousser ses frères bien décidés à jouer les commères, tandis que Cho tentait, en vain, de savoir ce qui avait pu se passer, mais ni Draco ni Harry ne semblaient décidé à partager ce moment de délire.

Seamus, lui, n'avait qu'une envie : aller voir Théo. Il ne savait pas vraiment comment il se sentait, car une fois la surprise passée, ça s'était plutôt bien déroulé, et autant dire que tout le monde avait été plus que surpris. Mais de là à dire que lui le vivait bien… Seamus sentait une sorte d'angoisse se loger dans son ventre, mais il ne pouvait guère se lever et aller le voir dans la salle de bain discrètement. Mais c'était sans compter Millicent qui, avec un naturel déconcertant, lui demanda s'il pouvait l'aider à débarrasser un peu la table avec Hermione. Afin qu'on l'oublie un peu, l'irlandais accepta de bon cœur, mais quand il arriva dans la cuisine, la jeune femme lui montra le couloir d'un signe de tête. Et Seamus sauta sur l'occasion…

Le jeune homme toqua à la porte et dit qui il était. Théo ne se fit pas attendre et lui ouvrit la porte. Les bords de son visage étaient un peu humides, signe qu'il s'était mis de l'eau sur le visage, et à peine l'irlandais entra-t-il dans la pièce que son colocataire verrouillait la porte derrière lui et s'asseyait sur le rebord de la baignoire, ce qu'il devait déjà faire avant son arrivée. Seamus s'agenouilla devant lui et croisa ses bras sur ses genoux, le regardant intensément. Il lui parla doucement, chuchotant.

« Ça s'est bien passé, non ?

- Si tu le dis.

- Ils étaient surpris, mais personne ne s'est moqué de toi. Tu connais Cho mieux que moi…

- C'est pas elle…

- Personne n'a rien dit de particulier. Les jumeaux n'ont pas été méchants, y'a pas eu de remarques… »

Il l'écoutait presque religieusement, ayant besoin d'être rassuré. Pour lui, cela n'avait pas vraiment été un échec, mais une sorte de grand n'importe quoi où il aurait été perdu sans l'intervention d'Olivier, puis de Draco et Ron, qui les avait détournés sans le vouloir de lui. Il se fichait bien qu'il leur raconte cette anecdote, ce n'était pas important. Même, il s'en fichait. Juste, il ne savait pas vraiment quoi en penser… Il ne se sentait pas très bien, le pas qu'il avait franchi était trop grand pour lui.

« T'as été génial.

- C'est pas vrai.

- Si.

- Tu dis ça parce que je t'ai embrassé.

- Je te dis ça parce que je le pense vraiment. Ça a été maladroit, tu savais pas comment t'y prendre, mais tu t'en es sorti. On en rigolera plus tard. »

Seamus parvint à lui arracher un sourire, peu convaincu certes, mais un sourire quand même. Il prit une de ses mains dans les siennes et la caressa gentiment.

« Cela dit, j'ai apprécié le baiser.

- Ça ne m'étonne pas.

- Tu devrais m'en faire plus souvent.

- Tu perds pas le nord…

- Jamais. »

Le jeune homme se redressa sur ses genoux, rapprocha son visage du sien et sourit quand Théo franchit les derniers centimètres qui séparaient leurs bouches.

OoO

Cho vint le voir. Elle campait dans le couloir, attendant qu'ils sortent de la salle de bain, et quand Seamus ouvrit la porte et quitta la pièce, elle y entra sans attendre et referma la porte derrière elle, à la grande surprise du couple, et surtout de Théo, qui ne lutta pas, cependant.

Il ne sut pas exactement combien de temps il était resté dans les toilettes, mais suffisamment pour inquiéter l'irlandais, qui l'attendait anxieusement sur le canapé, à côté de Harry qui avait dû essayer de le détendre. Et dans le fond, il avait eu raison de s'inquiéter, Théo lui-même n'avait pas su comment réagir, sur le moment, quand la chinoise était entrée de force, l'air peu aimable, avant de verrouiller la porte. Visiblement, elle avait besoin de lui parler, et son air sérieux si rare ne présageait rien de bon.

En fait, Cho avait juste besoin de savoir, de comprendre. Elle se fichait bien de ce qu'il se passait entre eux, comment ils en étaient arrivés là et où il en était dans ses sentiments. Tout ce qu'elle voulait savoir, c'était comprendre ce qu'il ressentait, pourquoi il sortait avec Seamus : avait-il eu une révélation, était-il homosexuel, le leur cachait-il depuis des années, Seamus n'était-il qu'un test ? Ses yeux noirs le regardaient fixement et son air trop sérieux le força à lui avouer sans détour qu'il ne savait pas ce qu'il était, qu'il était perdu, et tout ce dont il était à peu près certain, c'était qu'il était attiré par Seamus et qu'il se sentait bien avec lui. Alors Cho avait soupiré avant de lui demander, comme pour être sûre, s'il n'était vraiment pas homosexuel et si Seamus était juste… la personne, en quelque sort. La personne qui pouvait le troubler, lui faire ressentir plus. Et Théo n'avait pu que confirmer…

Alors son visage se détendit, et ils parlèrent longtemps. Ils finirent par s'assoir, par terre, parce que Théo n'arrivait pas à rester debout. C'était trop, pour lui, en parler, se mettre à nu, lui avouer des choses qu'elle n'avait pas spécialement envie de savoir, parce que ce n'était pas le moment, mais qu'il devait lui dire, parce qu'il savait qu'elle garderait tout pour elle et qu'elle l'aiderait. C'était son amie. Une de ses meilleures amies, à vrai dire… Et même s'il y avait des choses qu'il ne pouvait pas lui dire, des choses qu'il ne serait capable d'avouer qu'à Harry, car il était plus proche de lui, et il serait celui qui le comprendrait le mieux, il lui expliqua la situation, ce qu'il ressentait, Seamus et sa patience, leur rapprochement maladroit, leurs engueulades, ses réactions à la con, leurs réconciliations…

Et elle, elle l'écoutait. Comme elle le faisait toujours, les rares fois où il avait besoin de parler. Elle lui disait qu'elle comprenait, qu'elle était passée par là. Qu'elle était bisexuelle, mais qu'au moment où elle était tombée amoureuse d'une fille pour la première fois, elle avait tout nié en bloc, gérant mal ce qu'elle ressentait, ce qu'elle voulait, ce corps qu'elle voulait aimer et qu'elle ne savait pas toucher. Faire l'amour à une fille était différent d'être aimé par un homme. Et pour lui, ce serait difficile de passer d'une femme à un garçon. Ce serait tout aussi dur, aussi bien au lit que dans la vie de tous les jours. Surtout, dans la vie de tous les jours. Il n'aurait pas ce rôle un peu protecteur, presque dominant, il n'aurait pas affaire au même corps, ne se disputerait pas à propos des mêmes sujets, et la jalousie de Seamus, de ce gay engagé avec un hétéro, elle ne serait pas facile à vivre.

Mais ils étaient là, lui assurait-elle. Ils étaient là. Personne n'avait eu de mauvaise réaction, bon, il y avait eu de la surprise, elle-même n'en revenait toujours pas, mais honnêtement, elle ressentait plus de peine pour lui que de bonheur, car elle imaginait sans difficulté son mal-être et ses angoisses, sans compter qu'elle le connaissait assez pour savoir qu'il n'était pas du genre à vouloir faire du mal inutilement et se jouer de Seamus devait le rendre anxieux. Elle avait rapidement parlé avec les jumeaux, qui lui avaient assuré que Théo resterait pour eux une personne normale et qu'ils feraient un peu attention quand ils le taquineraient, et parmi tous les autres, personne n'avait de mauvaises pensées. Peut-être y en aurait-il plus tard, mais pourquoi ? Pourquoi, alors que Harry et Draco s'affichaient ouvertement ? Et Olivier, alors ? Il n'avait rien à craindre, vraiment. Qu'il pense à lui, avant de penser aux autres.

À lui, à Seamus, à leurs sentiments.

OoO

La fête se poursuivit jusque tard dans la nuit. Il fallait croire que cet espèce de coming-out un peu bancal que Théo venait de leur faire avait relancé l'ambiance, car en dépit de sa fatigue et de celle de ses amis, personne ne semblait avoir envie de se coucher, bien au contraire.

Et étonnement, personne ne changea de comportement vis-à-vis de lui, personne ne fit de remarques ou hésita à parler de leur couple par tabou. C'était un peu étrange, comme si tout était normal, comme rien n'avait changé, et dans les jours, les semaines à venir, Théo verrait qu'en effet, rien n'avait changé. Absolument rien. Bon, il y avait toujours les jumeaux, qui l'attaqueraient encore, sur d'autres points, mais toujours avec cet humour qui faisait partie d'eux et ne rendrait pas la chose vexante. Embarrassante, oui, par moments, mais dans le fond ils se connaissaient, et Fred et Georges lui montreraient rapidement qu'ils avaient compris que c'était difficile pour lui et qu'il y avait des limites à ne pas franchir. Entre autres, ils n'évoqueraient jamais le sexe, le sujet tabou par excellence de Théo…

Celui qui l'étonna aussi, ce fut Seamus. Théo était persuadé qu'il tenterait des approches, maintenant que tout le monde était au courant, et qu'il ne le lâcherait plus d'une semelle, rendant parfois la situation gênante. Mais il fallait croire que le jeune homme était habitué et qu'il le connaissait bien, car même s'il eut du mal à se séparer de lui, il sut garder ses distances : il n'y eut aucun geste ambigu, aucun baiser volé. À vrai dire, Seamus semblait se contenter de leur rapprochement, sans exiger plus, n'allant pas plus loin que sa tête posée sur son épaule, sans jamais lui prendre la main ou le bras.

À un moment donné, après avoir fait danser une Cho à moitié bourrée, Théo avait voulu s'assoir sur le canapé et avait demandé à Seamus de lui laisser sa place, ce que ce dernier avait fait de mauvaise grâce. À peine assis, Théo s'était penché pour lui attraper le poignet et l'amener vers lui. Ses yeux marron l'avaient regardé avec étonnement, puis il s'était assis sur ses cuisses en souriant. C'était le premier geste un peu tendre que Théo avait à son encontre depuis qu'ils étaient sortis de la salle de bain, d'autant plus qu'il n'hésita pas à enlacer naturellement sa taille, l'attirant un peu plus contre lui. Mais l'irlandais décida de ne pas en profiter, se disant que ce n'était pas le bon moment, et ce fut non sans un certain plaisir qu'il le sentit se détendre contre lui.

Les parents Ron lui avaient laissé la maison pour le week-end, en profitant pour passer deux jours en amoureux, ils n'avaient donc aucune limite de temps, ce qui arrivait trop rarement, alors ils en profitèrent allègrement. Un peu trop même, car ce ne fut que vers quatre heures du matin qu'ils songèrent à rentrer chez eux, fatigués et ivres pour la plupart, mais seulement une heure et demie plus tard, les invités commencèrent réellement à quitter les lieux. Il fallut ranger le salon et nettoyer un peu, jeter les détritus et restes de nourriture, afin de ne pas laisser tout le bordel à Ron et ses frères qui allaient trimer le lendemain pour rendre la pièce relativement propre. Certains étaient complètement hors service, comme Cho, Fred, Georges, Blaise ou encore Seamus, qui s'étaient un peu trop laissés aller, vu qu'ils n'avaient pas de transport, et si les uns ne concevaient pas une fête sans boire un peu, l'irlandais, lui, avait eu besoin de s'alléger un peu la tête… Il n'y avait donc que Hermione et Millicent qui étaient restées sobres, les autres ayant un bon coup dans le nez.

Draco, Harry, Blaise, Théo et Seamus furent les derniers à quitter les lieux. Le blond poussait le siège roulant de son petit-ami, qui avait un peu trop bu, n'ayant pas pu se lever et obligé de rester dans le canapé, mais sans doute pas autant que Blaise qui était entré dans le jeu des jumeaux, n'ayant pas de soucis à se faire pour le retour, et c'était tout juste s'il marchait droit. Quant à Seamus, il était pendu au bras de Théo et gloussait à n'en plus finir, ce qui désespérait le jeune homme.

Les coucher fut une tannée, entre Blaise qui commençait à ne pas se sentir bien, Harry qui avait du mal à mettre son pyjama tout seul et Seamus qui avait décidé de dévergonder son petit ami, à la plus grande horreur de celui-ci… et ce qui provoqua une formidable crise de rire Draco qui se laissa tomber par terre en entendant le discours décousu de Seamus qui promettait mille merveilles à son petit-ami s'il le laissait faire. Théo commença à se plaindre du blond, qui décidément ne le soutenait pas, quand l'irlandais eut le malheur de poser ses mains sur sa braguette. Alors, il piqua une crise de nerfs formidable et l'emmena se coucher en lui gueulant dessus, arguant qu'il n'était qu'un obsédé, un pervers, et, pire que tout, une tapette. Cette insulte suprême ne sembla pas perturber plus que ça l'irlandais, ni même Draco qui lui conseilla de trouver des injures un peu plus efficaces. Théo lui jeta un regard noir et lui ordonna d'aller s'occuper de son cher et tendre qui était en train de changer God Save The Queen avec Blaise à l'étage. « Ah, je me disais bien que je connaissais cet air », lui répondit le blond d'un air perplexe.

Une demi-heure plus tard, le silence dans la maison fut enfin total.


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !