Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !
Couple : Harry/Draco.
Rating : M.
Bonjour à tous ! Avec un peu de retard, voici le nouveau chapitre Papillon !
Lys : En espérant qu'il vous plaise :-)
Petit message (pour ceux qui lisent cet avant-propos) : le Tome 3 de Papillon sera mis en vente en juillet prochain, à l'occasion de la prochaine Japan Expo 2013. J'invite donc les intéressés à nous contacter ou de procéder au paiement de leur tome. Sectumsempra, mon amour ? sera présent à Paris Manga, le week-end prochain, où sera possible également de passer commande.
Sur ces mots…
Bonne lecture !
Chapitre 41
Le téléphone sonna une fois. Puis deux. Puis trois…
« Allô ?
- Un jour, tu regarderas qui t'appelle avant de décrocher ?
- C'est ça, moque-toi ! Vous êtes où, là ?
- On va passer le viaduc de Millau. Là on s'est arrêté, les jumeaux voulaient voir comment c'était vu d'en haut.
- Ça va le voyage ? Pas trop fatigué ?
- On est un peu mort, mais ça va.
- Conduisez pas trop vite…
- T'en fais pas, on fait attention. C'est les jumeaux qui conduisent comme des fous…
- Quelle bande de crétins. »
Draco eut un léger sourire, ce qui attira l'œil de Blaise. Ce dernier lui demanda ce qui le faisait sourire, se postant juste devant lui, les mains dans les poches et des lunettes de soleil sur le nez.
« Harry qui me dit que les jumeaux sont des crétins.
- Putain, ils roulent comme des tarés, ils sont flippants les mecs ! Mais t'en fais pas Ryry, on surveille ton chéri, il lui arrivera rien ! »
Draco fit un mouvement de main afin de le faire taire et il poursuivit sa conversation, tentant d'apaiser son petit-ami qui s'inquiétait vraiment pour eux. C'était les vacances, les gens ne faisaient pas forcément attention sur la route et écrasaient l'accélérateur pour aller plus vite. Forcément, ils étaient eux aussi tentés de faire la même chose, et autant le dire, la voiture faisait vraiment peur à Harry, qui avait déjà vécu suffisamment de malheurs dernièrement et qui ne voulait pas en vivre un autre de plus. D'où les SMS réguliers que Draco lui envoyait depuis le début du repas, relayé par Blaise quand ils avaient échangé le volant.
Quelques minutes plus tard, Draco raccrocha, le cœur léger. Harry l'avait tanné pour qu'il l'appelle à chaque fois qu'ils s'arrêteraient, ce voyage le rendait terriblement anxieux. S'il avait pu, il serait venu avec eux, mais c'était tout simple impossible, vu sa peur en voiture, la place qu'il prenait avec ses béquilles et toutes les valises et les sacs à emmener. En vérité, ils auraient pu faire le voyage sans que personne ne prenne le train, mais c'était trop prise de tête et les hommes avaient décidé de prendre la voiture et de récupérer les filles dans le train. Harry et Seamus étant compris dans les filles, bien sûr, l'un de par son handicap et l'autre… sans commentaires.
Blaise se posa contre la voiture, près de son ami qui tapa un SMS sur son portable. Le black le regarda faire et pouffa en voyant que c'était à Isaline qu'il l'envoyait…
« Tu viens d'appeler ton mec, maintenant t'envoies des nouvelles à ta belle-mère ?
- Si je l'appelle, j'en ai pour des heures…
- Il est inquiet, hein ?
- Il ne sera rassuré que quand on sera arrivé. Dans un sens, je le comprends.
- Ça a l'air d'aller beaucoup mieux, entre vous.
- Ça va beaucoup mieux. »
Draco lui fit un sourire qui se voulait rassurant, et dans le fond, il l'était. Ces dernières semaines, Blaise avait pu voir une sacrée évolution chez son ami et c'était non sans un certain bonheur qu'il le retrouvait, pas forcément plus souriant qu'avant, mais mieux dans sa peau.
« Harry s'en sort bien, donc forcément, moi, je vais bien.
- C'est fini, ses petites dépressions ? Enfin, je sais que ça met du temps à passer, vu ce qu'il a subi, mais…
- Il ne s'est rien passé depuis son anniversaire. Il était vraiment content de partir. Un peu inquiet, c'est vrai… »
Sa fête d'anniversaire avait été mémorable. Par souci de place, elle avait eu lieu chez Sirius et autant dire qu'ils s'étaient tous éclatés, même Harry qui avait du mal à bouger, mais ses efforts avaient payé et il se déplaçait de mieux en mieux, à force de séance de rééducation et de musculation. Franchement, Draco reconnaissait que cette soirée avait été tout simplement géniale, cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas autant amusé et Harry avait été si ému des attentions de ses amis, si attendrissant quand il ouvrait ses cadeaux…
On aurait dit un grand gamin. Un gamin qui ouvrait ses cadeaux avec une sorte de magie dans les yeux, acceptant chacun des présents, du plus humble au plus onéreux, avec le même enthousiasme, remerciant sincèrement chaque personne présente. On les siffla quand il ouvrit enfin le cadeau de Draco, qui s'était décidé à enfin remplacer l'antique ordinateur qu'il se trimballait depuis Londres par un ordinateur portable. Les larmes aux yeux, il avait embrassé tendrement son petit-ami, comme il le faisait si souvent et si naturellement auparavant, lui offrant ensuite son plus beau sourire, ses yeux verts brillant de mille feux. Cho et Isaline avaient manqué de fondre en larmes…
Oh oui, ce fut une belle soirée, un bel anniversaire. Meilleur que celui que Draco avait fêté, presque deux mois auparavant, plus réussi et empli de joie, qui rattrapait en quelque sorte le temps perdu. Car Harry était si beau, si enjoué, si heureux que c'était un peu comme si c'était leur anniversaire, à tous les deux.
Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Quelques jours auparavant, le brun leur avait fait une crise et retomba dans un état dépressif assez avancé, au point qu'Isaline songea à annuler les festivités, le voyant mal dans sa peau, se remettant à critiquer chaque aspect de son corps, de sa vie, craignant pour son avenir, et tout ce qui allait avec… Draco avait laissé couler un jour. Puis deux. Le troisième, il demanda sans détour à Isaline de les laisser seuls pour la nuit, et après une conversation en tête à tête et quelques galipettes, le blond le remit sur les rails. Le lendemain, Harry avait retrouvé le sourire, toute mauvaise humeur disparue. Le soir venu, quand Draco était rentré, Isaline l'avait regardé de travers, en lui disant qu'il avait vraiment de drôles de méthodes pour lui remonter le moral. Ce à quoi l'étudiant avait répondu que, du moment que ça marchait, il ne cherchait pas plus loin. Ce qui avait fait glousser sa « belle-mère »…
« Mais bon. Encore quelques heures et il pourra enfin arrêter d'angoisser…
- Ouais, et puis Isaline est là pour le rassurer aussi.
- Elle stresse, elle aussi…
- Elle veut pas qu'il arrive quoi que ce soit à son gendre, pas vrai ? C'est dingue comme vous êtes proches, maintenant, un truc de malade…
- Quand j'y réfléchis, je me dis que je suis plus proche d'elle que de ma propre mère…
- En même temps, ta mère n'a jamais repassé tes chemises, lavé tes draps et rangé tes caleçons dans l'armoire…
- Et je ne l'ai jamais vue en nuisette non plus… »
Achevé, Blaise explosa de rire alors que son ami le regardait d'un air taquin. Quelques secondes plus tard, Théo venait vers eux, l'air passablement agacé. Il passa une main lasse dans ses cheveux, les ébouriffant.
« Alors, ton chéri est rassuré ?
- Ta gueule, Blaise, c'est pas mon chéri…
- Il t'a pris la tête au téléphone ?
- Il est gonflant, sérieux… Je l'appelle, j'en ai pour une heure, il me raconte sa vie, ses p'tits soucis, et j'ai mal au dos, et tu roules pas vite, et gnagnagna…
- Franchement, ça doit être folklo chez vous !
- C'est ces vacances qui vont être folklo. Honnêtement, je te plains, Théo. Seamus est d'une jalousie maladive, il suffit qu'une nana te regarde un peu trop ou que tu laisses trainer tes yeux pour qu'il te pique une crise.
- Ah nan, mais ça va pas être possible, ça. Je vais le mettre au parfum, c'est même pas la peine qu'il me fasse une crise ! »
La grimace de Draco était éloquente. Pour lui, c'était impossible que Théo puisse négocier avec Seamus, il était quasiment incapable de se contrôler, la jalousie était son pire défaut, et elle pouvait s'appliquer aussi bien à la fille qui allait mater le popotin de son copain à celle que son mec allait regarder de façon appuyée ou purement innocente. Et Draco était bien placé pour savoir à quel point Seamus pouvait être gênant, humiliant et terriblement ridicule, quand il partait dans ces crises de jalousie, qui frôlaient parfois des crises d'angoisse.
« Je sais ce que tu vas me dire, Draco, et t'en fais pas, je le connais assez maintenant pour imaginer comment il réagirait, mais il est hors de question qu'il me pique des crises comme ça.
- Tu vas faire quoi ? Le pousser à bout ? Ça marche pas, ça…
- Pour toi, c'est quoi, le pousser à bout ? Lui faire la tronche ? Tu verras, il va pas faire le malin avec moi. La jalousie, ça va bien deux minutes ! Surtout que ça fait pas si longtemps que ça qu'on est ensemble.
- Théo, ça fait plus d'un mois que vous sortez ensemble. J'admets qu'au début, vous n'étiez pas vraiment ensemble, c'est assez récent, et encore, je pense que vous ne serez vraiment ensemble qu'après ces vacances. Mais ça fait plus d'un mois que vous vous fréquentez. C'est beaucoup, pour Seamus, donc attends-toi vraiment à ce qu'il te casse les pieds, d'autant plus que vous n'avez, si je ne m'abuse, rien fait au lit. Ne me regarde pas comme ça, tu sais aussi bien que moi qu'un mois, c'est limite une torture psychologique pour lui… Avoue que son comportement serait compréhensible.
- Mais je m'en fous qu'il soit compréhensible, moi ! Il ne me mènera pas par le bout du nez, je veux pas gâcher mes vacances à cause de ses conneries. Je vais lui faire comprendre ma philosophie de vie, moi, tu vas voir !
- Si t'arrives à réfréner sa jalousie, je te paye le restau'.
- Marché conclu, beau blond ! »
Ils se tapèrent dans la main, sous le rire de Blaise, qui ne croyait pas un seul instant à la réussite du jeune homme, pas plus que Draco qui avait tout essayé pour calmer les ardeurs de Seamus, en vain. Cependant, il devait admettre qu'il n'avait pas du tout le même caractère que Théo et que, peut-être, il parviendrait à bout du fichu caractère de l'irlandais. Pas totalement, mais au moins partiellement. C'était de toute manière essentiel pour que leur couple dure. Ce n'était pas pour rien que les aventures de Seamus ne duraient jamais : sa crainte de les perdre les éloignait de lui.
Quelques minutes plus tard, Fred, Georges, Ron et Olivier revenaient vers les voitures, les rouquins visiblement satisfaits de leur balade, le sportif n'étant monté que parce que Cho avait exigé une photo du viaduc vu d'en haut… ce qu'il s'était empressé d'envoyer via son portable pour ne pas être enquiquiné par l'asiatique. Et ils reprirent la route, chacun dans leur véhicule.
Cette fois-ci, c'était à Théo de conduire. Draco se mit donc à l'arrière pour se reposer alors que Blaise s'installait dans le siège passager. Le jeune homme démarra, la radio se ralluma, et à la file indienne, ils quittèrent l'aire de stationnement pour prendre le viaduc. Le reste du trajet fut plus détendu car ils en voyaient enfin le bout.
Quand Blaise avait commencé à rouler, le matin même, très tôt, il n'était guère enthousiaste, sortant du lit et peinant à imaginer ces huit heures de route, si tout allait bien. Draco et Théo n'étaient guère plus motivés, mais étant trois dans la voiture, ils purent se divertir plus facilement, restant réveillés toute la matinée pour que Blaise ne faiblisse pas. Ils rigolèrent nerveusement quand ils entrèrent dans un premier bouchon, qui dura peu de temps, et quand ils manquèrent de se perdre en suivant les jumeaux qui s'étaient trompés de direction, ce qui mit Ron dans une colère noire. Ils réalisèrent qu'ils avaient de la chance en fait d'être trois dans la voiture, ce qui n'était pas tout à fait prévu, vu qu'Olivier aurait dû les rejoindre la seconde semaine. Mais au final, il avait pu se libérer la première et comptait profiter de la seconde pour passer du temps avec Marcus rentrant alors finalement en train.
En toute honnêteté, le trajet ne fut pas désagréable, paraissant moins monotone. Ils étaient trois, ce qui leur permettait de changer plus souvent de conducteur, et partaient dans des délires stupides, de ceux qu'on n'avait qu'une fois coincés pendant huit heures dans une voiture lancée sur l'autoroute. Par chance, ils ne subirent pas les bouchons quasiment inévitables en cette période estivale, sans doute parce qu'ils étaient partis un vendredi et très tôt, et pas la première semaine d'août. Quand ils commencèrent à entrer dans les terres arides, reconnaissant le chemin menant au Cap d'Agde, un grand soulagement les prit et Théo ralentit un peu, fatigué et soudain moins pressé. Devant eux, la voiture blanche de Ron eut ce même mouvement, alors que les jumeaux, eux, accéléraient comme des dingues pour arriver plus vite. Ce qui était inutile vu que Draco avait toutes les clés…
Quand des palmiers et les lauriers roses apparurent le long des routes, ils se sentirent vraiment en vacances, retrouvant le charme de cette station balnéaire qu'ils avaient connue plus fraiche, avec un peu de grisaille certains jours. À présent, il faisait plus chaud et plus beau, et rouler toutes les fenêtres ouvertes, des lunettes de soleil sur le nez et en débardeur, c'était un plaisir sans égal. Toute fatigue envolée, les amis manifestèrent leur joie d'être enfin en vacances, les jumeaux klaxonnant comme à un mariage, les autres enchaînant, s'attirant des réponses d'autres automobilistes. Puis, ralentissant, ils ne tardèrent pas à arriver à la résidence, Fred et Georges en première position, forcément.
Draco dut sortir de la voiture pour leur donner le boitier pour ouvrir la porte du parking, puis il retourna dans la voiture de Théo, en troisième position. Ces quelques pas lui firent un bien fou, il avait les jambes douloureuses, et une fois garé, il put s'étirer en bonne et due forme, profitant un court instant du soleil et de la chaleur. Fatigués malgré tout et un peu nerveux, ils se détendirent quelques minutes près des voitures avant de se décider à enfin décharger les véhicules.
En deux allers-retours, Draco et Théo terminèrent leur déchargement et investirent l'appartement d'Isaline, au rez-de-chaussée, avec vue sur la marina, et non pas sur les allées de la résidence. Tout en long, le logement se composait d'un couloir, une porte sur la gauche donnant sur une salle de bain, puis d'une kitchenette où un clic-clac avait été installé, ainsi que d'une pièce principale comportant une petite cuisine, un espace salon avec un canapé, une table basse et une télévision. Venait ensuite un autre espace, marqué par une différence de carrelage, qui devait servir de salle à manger. Pour terminer, il y avait la baie vitrée et le store, fermé. Les deux amis ne prirent pas le temps d'ouvrir l'appartement, ils posèrent simplement les valises et ressortirent aussitôt pour aider Blaise et Ron à monter leurs valises au troisième étage, Olivier étant parti en renfort aider les jumeaux.
À peine les valises montées, ce qui fut douloureux pour leurs jambes qui venaient de vivre huit heures de voiture, ils partirent faire les courses, sans s'accorder la moindre pause, car tous savaient que, sinon, ils seraient incapables de repartir. Or, les autres arrivant le lendemain, tout devait être fait. Question d'honneur. Olivier peina à faire sortir les jumeaux de l'appartement de Sirius et Blaise n'était pas vraiment motivé à faire les courses de suite, mais c'était ça ou les faire le lendemain. Et tout le monde finit par reprendre le volant, en direction de l'hypermarché le plus proche. Blaise se retrouva alors avec Ron et Olivier, chaque voiture correspondant à un appartement, qui ferait ses courses séparément. Au grand dam de certains, qui voyaient des choses fort étranges sur leurs listes de courses…
Ainsi, Draco et Théo se retrouvèrent tous les deux et ils s'estimaient être les plus chanceux. Draco, en dépit de son goût pour les bonnes choses, n'était guère difficile à nourrir et il était quasiment incapable de faire une liste de courses correcte et donc d'anticiper. Il en était de même pour Seamus, qui était cependant un peu plus compliqué. Harry et Théo préparèrent eux-mêmes la liste et rencontrèrent peu de difficultés, ce qui n'était pas franchement le cas pour Ron et Olivier, ou encore d'Angélina qui s'arrachait les cheveux, tentant de réfréner la gourmandise des jumeaux et gérer l'estomac parfois difficile de Cho.
Autant le dire, Draco n'était pas fait pour faire les courses : il avait du mal à se repérer, à savoir quoi prendre dans les rayons, et il perdit souvent le caddie… Pas une seule fois, Théo ne lui fit le moindre reproche et ses moqueries ressemblaient plus à des taquineries. Ce qui n'était pas vraiment le cas pour Ron, qui avait tendance à courir sans arrêt après Blaise et Olivier, ce dernier ayant oublié où il avait garé son caddie, et il ne manqua pas de les enguirlander. Théo semblait décidé au contraire à ne pas se prendre la tête, prenant plus ça à la rigolade. Un peu comme Isaline, en fait… Draco détestait quand elle lui demandait de l'accompagner faire les courses car systématiquement il faisait une connerie, ce qui ne semblait pas particulièrement agacer sa belle-mère.
Une fois à la caisse, alors qu'ils faisaient la queue, le blond finit par lui demander si ça ne le faisait pas chier, vraiment, qu'il soit si nul pour se repérer dans un hypermarché. Il avait cessé de compter le nombre de fois où Théo était venu à son aide ou avait reposé quelque chose qu'il avait pris pour prendre moins cher ou mieux. L'autre lui avait répondu avec évidence que, quand on avait fait les courses ne serait-ce qu'une fois avec Seamus, plus rien ne pouvait vous agacer, vous énerver, voire vous mettre en colère. Draco avait haussé un sourcil, soutenant qu'il était une plaie et qu'il l'assumait parfaitement, Harry lui-même le lui disait, quand il ne se contentait pas d'exploser de rire, et Théo avait insisté sur le fait que Seamus était le genre de personne qui était physiquement incapable de faire des courses dans un hypermarché, c'était pathologique, il n'y avait pas d'autres explications.
Cette étape de la journée se passa donc mieux qu'il ne l'aurait cru, et pourtant, Dieu savait ce que Draco avait pu craindre, soyons honnêtes, ces courses à deux. Il détestait afficher des faiblesses aussi ridicules, bien qu'il soit obligé de les assumer vu la situation, et vu que Théo était issu du même milieu et qu'il se démerdait seul depuis plusieurs années, comptant ses sous et gérant lui-même son quotidien, c'en était d'autant plus gênant. Mais il avait oublié à quel point le jeune homme pouvait être patient, et à quel point il avait pu souffrir avec Seamus, qui avait dû lui faire l'affront de confondre les clémentines et les pamplemousses au rayon fruits et légumes.
Ils étaient les premiers à avoir terminé, ils partirent donc avant les autres et purent donc bénéficier à eux tous seuls de la grande brouette mise à disposition par la résidence afin de limiter le nombre de voyages. Vannés, ils rentrèrent toutes les courses dans l'appartement, ouvrirent le store, et jaugèrent des yeux l'ampleur du travail. Puis, ils se regardèrent, et plutôt que de s'assoir un moment, ils entamèrent le rangement des courses. Ils avaient remis le frigidaire en marche avant de partir, ils purent donc tout mettre au frais avant de s'attaquer au nettoyage des placards avant d'y entreposer diverses denrées, et alors que Théo jouait à Tetris avec les bouteilles d'eau et de soda, Ron les appela pour les prévenir de leur arrivée. Ils laissèrent alors la porte entrebâillée pour les entendre venir. Ils allaient entamer le nettoyage complet du logement quand enfin ils arrivèrent avec la large brouette.
À cinq, ils montèrent les courses, se relayant entre les étages pour gagner du temps et s'éviter de la fatigue. Quelques minutes plus tard, les jumeaux arrivaient, ils se pressèrent donc de monter le reste alors qu'Olivier et Blaise allaient aider les rouquins à décharger la voiture et tout monter. Les jambes fatiguées et les bras douloureux, Théo et Draco redescendirent à leur appartement pour terminer le nettoyage. Avant de reprendre, Théo fouilla dans le meuble télé et trouva de vieilles cassettes de films. Amusé, il mit en route Dirty Dancing, ce qui fit rire Draco. Ils nettoyèrent le studio de fond en comble, se dandinant parfois bêtement sur les musiques mythiques du film, chantant par moments, épuisés au possible.
Au final, le nettoyage de l'appartement fut un peu plus agréable et passa bien plus vite, en dépit de la fatigue qui ralentissait leurs mouvements et les rendait moins patients. Ainsi, ce fut non sans un certain plaisir qu'ils s'affalèrent un peu plus tard dans le canapé, assis en tailleur sur le clic-clac, une bière à la main, devant un vieux film de Jean-Claude Van Damme, à l'intrigue aussi faible que leurs capacités de réflexion, avec beaucoup de cascades, de combats et de testostérone. De quoi bien les détendre après la journée qu'ils venaient de passer…
Théo faillit se casser la figure quand il marcha, un peu trop vite, sur le carrelage mouillé pour rejoindre Draco qui s'était déjà installé sur le canapé, décapsulant sa bouteille de bière, et malgré lui, il piqua un fou en voyant son ami manquer de se rétamer par terre et retrouver son équilibre de justesse. Il se ramassa une claque derrière la tête quand Théo parvint enfin à s'assoir, lui piquant sa bouteille et la portant à sa bouche. Il faisait bon dans l'appartement, mais la chaleur commençait petit à petit à entrer, leurs corps échauffés savourant le liquide frais qui avait le goût des vacances.
« Putain, je suis mort. Je sens plus mon corps…
- On a tout enchaîné, on n'a même pas pris de pause… Un SMS de Seamus ?
- Nan, c'est Ron. Il est content, ils ont fini de ranger les courses. »
Draco eut un rire, alors que l'autre, le sourire aux lèvres, lui précisa qu'ils étaient en train de faire une pause sur les canapés avec une bonne bière.
« C'est dingue, on a carburé !
- J'suis un fou, moi ! Si j'avais fait une pause, j'aurais eu trop de mal à me relever. Là, c'est bon, tout est fait ! Et toi, ça va, pas trop crevé ? Je t'avais prévenu qu'on faisait tout d'un coup, hein !
- Ouais, je sais, t'inquiètes pas. Ça va. Je regrette pas d'être avec toi.
- T'es mignon, beau blond. Tu sais que Ron et les jumeaux voulaient pas être avec moi parce que je fais pas de pause ?
- T'es sérieux ? Encore Ron ?
- Nan, Seamus. Il vient d'arriver chez Harry. Il est relou, franchement, je lui avais dit de ne pas se prendre la tête et d'aller direct chez lui, je savais qu'il résisterait pas…
- Il est con, c'est pas comme s'il n'allait jamais voir Harry quand je suis pas là.
- Carrément. Des fois, je ne le comprends pas.
- Tu lui réponds quoi ?
- Qu'il est con et que je lui avais dit de…
- T'es vraiment pas tendre avec lui, hein ?
- T'es mal placé pour parler, je te signale.
- Ma relation avec lui n'avait rien à voir avec la vôtre. »
Théo haussa les épaules et continua de lui répondre et Draco sentit alors une sorte de nervosité s'emparer de lui. Ils n'avaient jamais parlé de Seamus, tous les deux. Enfin, de la relation que Draco avait entretenue avec lui, qui reposait sur du sexe, une attirance mutuelle, de l'affection pour l'un et de l'amour pour l'autre. Seamus s'était accroché à lui, refusant de le laisser partir, puis il avait essayé de détruire son couple avec Harry. C'était même à se demander ce qu'il faisait là, dans leur groupe d'amis, et pourquoi il n'y avait absolument aucune tension entre Draco et l'irlandais.
Tous deux en avaient conscience, avec le recul, et ils en avaient parlé : ils n'avaient pas partagé assez de choses pour s'envoyer des piques, qui pourraient leur faire du mal ou blesser les autres. Il y avait eu une complicité, oui, mais pas assez forte, au final, pour que quelque chose comme de l'amitié puisse demeurer entre eux, et niveau sexe, ni l'un ni l'autre ne voulait l'évoquer, et comme l'irlandais l'avait signalé, à contrecœur, il n'y avait en réalité rien à évoquer… ça n'avait pas été sensationnel et tout juste savaient-ils réciproquement ce qui faisait vraiment du bien à l'autre.
Ils s'étaient mis d'accord tous les deux, quelques jours avant l'anniversaire de Harry, et cette conversation avait été bénéfique. C'était un peu comme s'ils posaient vraiment les choses à plat, tirant un trait plus que définitif sur leur histoire, balayant la rancune qu'ils éprouvaient encore, dans le fond, l'un pour l'autre, et bien décidés à partir sur de nouvelles bases. Solides. Parce que Harry était l'homme que Draco aimait, parce que Théo était différent de tous les autres.
Mais avec Théo…Draco n'avait jamais eu la moindre conversation, et pour être honnête, le jeune homme était si renfermé et si peu sûr de lui-même quant à ce qu'il vivait qu'il était impossible pour Draco de le prendre à part et de lui parler franchement. De plus, ce n'était pas comme si Théo lui faisait des remarques, des reproches ou lui adressait des regards en biais. Au contraire, il agissait avec lui normalement, sans se forcer, comme si Draco n'avait absolument aucun lien avec Seamus. Dans un sens, c'était vrai, et que Théo en ait conscience était un point très positif, mais cela devait bien lui trotter dans la tête. Draco appréciait trop le jeune homme pour qu'il y ait des non-dits entre eux. Et puis, dans le fond, lui-même avait besoin de lui en parler.
Alors, il se lança, se jetant à l'eau.
« Théo, ça fait un bout de temps que j'ai envie de t'en parler. Tu sais…Si un jour, je fais quelque chose qui ne te plait pas, que ce soit une remarque, un regard ou un comportement envers Seamus, bref, quelque chose, je ne veux pas que tu gardes ça pour toi. On ne se connait même pas depuis un an, mais pour moi, tu es un ami et j'ai pas envie de perdre ça. Seamus et moi…
- Oui, je sais…
- On en a parlé lui et moi. Je ne dis pas que c'est définitivement fini, ça l'était déjà avant, mais on a mis les choses à plat. Entre lui et moi, bon je sais que c'est pas spécialement agréable à entendre, mais c'était pas très sérieux. Je l'appréciais, il était à mon goût, mais j'en étais pas amoureux. Lui, oui. On a couché ensemble, et puis voilà. Ce que je veux te dire, c'est que la complicité que j'avais avec lui, elle n'était pas assez importante et ancrée en nous pour qu'elle puisse encore exister après. Aujourd'hui, j'ai une relation amicale avec lui, c'est un peu comme si je le redécouvrais. Bref, tout ce que je veux te dire, c'est que c'était pas sérieux, pas assez pour que je puisse ne serait-ce que le taquiner sur certaines choses de sa vie privée.
- Vous avez couché ensemble.
- J'ai pas envie de rentrer dans les détails, mais honnêtement, j'ai connu mieux, et plus intime. Je ne l'aimais pas, Théo. Je considère aujourd'hui que c'est de l'histoire ancienne, je tire un trait sur tout ça. Et lui aussi. Je ne te dis pas ça parce que c'est toi, parce que t'es un ami pour moi, parce que je n'ai pas envie de te faire de mal, mais la relation qu'il a avec toi est complètement différente de celle qu'il avait avec moi, et avec d'autres hommes avant. Il en a aimé d'autres avant moi, et bien plus fort que moi. Son comportement avec toi est différent, il fait attention à ce que tu penses, à ce que tu ressens. Il est bien moins égoïste que ce qu'il a été. Il est patient. Il ne se jette pas à corps perdu dans une relation en imposant ses désirs et sa vision du couple. Il te prend comme tu es et essaie de faire avec. Et ne réplique pas, c'est pas parce que t'es hétéro et que vous êtes amis, ça n'a rien à voir. Je ne suis pas sorti longtemps avec lui, mais ses ex, j'en ai rencontré, et ils étaient loin d'être des homos purs et durs. »
Draco ne savait pas s'il s'enfonçait ou s'il progressait. Il ne savait quoi penser, Théo avait toujours la tête baissée, les yeux posés fixement sur son téléphone, le visage neutre. Était-ce réellement le bon moment de parler de ça, finalement ?
« Excuse-moi si je te fais du mal, mais…
- Nan, c'est bon. Ça fait du bien de parler. »
Alors il leva la tête vers lui et croisa son regard. Il avait l'air sincère. Un peu tourmenté, mais sincère.
« Pour moi, c'est comme s'il ne s'était rien passé entre vous deux. J'y pense, parfois, mais c'est jamais ta faute, quand je te vois avec Harry, quand je vois ce que tu as fait pour lui, je ne peux pas douter de toi. Mais Seamus, c'est différent. Il ne parle quasiment jamais de toi, peut-être parce qu'effectivement vous ne vous connaissez pas tant que ça, mais quand il le fait, je me demande si vraiment il n'y pense plus.
- Je ne suis pas dans sa tête. Mais à mon avis, et Harry le pense aussi, c'est vraiment terminé. Visiblement, il ne s'est pas mis avec toi par dépit et ton comportement lui a fait du mal. Si vraiment c'était pas important, il ne se prendrait pas autant la tête. Il en a vu d'autres, on n'a pas toujours été tendre avec lui, mais toi, il suffit d'un mot de trop pour qu'il parte en vrille.
- Je comprends pas…
- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
- Pourquoi il est comme ça, avec moi ? Pourquoi il s'est attaché à moi…
- Encore une fois, je vais être franc. Je suis fou de Harry, on est d'accord là-dessus, n'est-ce pas ? Honnêtement, Seamus, je comprends qu'il puisse être attiré par toi. »
Le blond se retint de rire, mais esquissa un sourire un peu crispé en voyant le visage surpris du jeune homme.
« T'as pas conscience de tes attraits, n'est-ce pas ?
- Disons que j'ai une tête correcte et un corps dans la norme.
- T'as plus que ça, Théo. Franchement. Et c'est pas seulement une question de physique, car si ce n'était que ça, Seamus ne serait pas aussi patient avec toi, il aurait vite lâché l'affaire.
- Ne me dis pas que mon caractère et ma façon de parler…
- Ça te donne du charme. Et arrête de me regarder comme ça, au début c'est étrange, voire rebutant, mais t'es attachant, et je peux comprendre que Seamus ait été attiré par toi. Par ce que tu es, globalement, mais aussi parce que tu es quelqu'un de protecteur, t'es un mec, un vrai, tu le recadres quand il faut, sans l'étouffer… Pour moi, t'es vraiment le genre d'homme qu'il lui faut. Vous êtes complètement différents, mais c'est ça qui peut vous rendre fort. Harry et moi, on a des points communs, mais dans le fond, on est très différents, et c'est ça que j'aimais chez lui, quand on s'est rencontré puis fréquenté, et j'adore ça, le fait qu'on soit en décalage sur certaines choses, qu'on n'ait pas le même avis…
- Je suis pas fait pour lui, Draco, honnêtement…
- Ça fait un mois que vous sortez ensemble, non ?
- Un peu plus.
- Combien ?
- Deux mois, dans une dizaine de jours.
- Ah bon ?! »
Théo eut un rire nerveux et baissa les yeux, alors que le blond ne cachait pas sa surprise. Il fronça les sourcils et essaya de calculer dans sa tête.
« Mais… Vous comptez comment ? Enfin, vous considérez que vous êtes ensemble depuis quand ? Deux mois, c'est énorme, enfin, ça fait si longtemps que ça ? C'est pas possible !
- Disons que le lendemain de la soirée, tu sais, l'anniversaire de Hermione, on a un peu parlé de la soirée, dans la chambre d'amis. Il était content, pour tout ce qui s'était passé. »
En se couchant, Seamus était trop ivre pour en parler, mais le lendemain matin, sa gueule de bois ne l'empêcha pas de discuter un peu avec son colocataire et de lui dire à quel point il avait été ému la veille, surtout qu'il l'embrasse, en fait. Ç'avait été court, trop rapide, mais appuyé. Il lui avait alors dit, sans arrière-pensées, que cela faisait un mois qu'ils s'étaient embrassés pour la première fois. Enfin, il y avait eu d'autres baisers, mais celui-là, il était le plus symbolique pour lui, car ils l'avaient partagé ensemble, ils étaient l'un contre l'autre, et ç'avait été un moment tellement fort… Alors, le plus naturellement du monde, avant de piquer un fard monstrueux, Théo avait donc conclu que cela faisait un mois qu'ils sortaient ensemble. Et il avait eu beaucoup de mal à se débarrasser de Seamus, qui avait expérimenté une « prise koala » des plus sophistiquées… mais ça, il le garda pour lui.
« Okay… J'aurais pas pensé. Enfin, déjà que vous vous considériez vraiment comme un couple…
- Ça rend les choses plus faciles pour lui aussi, il me prend moins la tête. Mais maintenant, j'ai droit à tous les surnoms cucul la praline, quoi…
- Tu vois, quand je te dis que t'es différent des autres, moi, j'y ai jamais eu droit !
- Putain, mais t'as du bol ! Je passe par tout ! Théo, mon chéri, tu passes le sel ? Mon cœur, ton téléphone sonne ! Bébé… Oh putain, c'est le pire de tous… Et arrête de te foutre de moi ! Il le dit toujours quand je rentre du boulot, rien que pour me faire chier, cet enfoiré ! Tu te rends compte qu'il est allé jusqu'à mettre un cœur à côté de mon prénom dans le répertoire de son portable ?! C'est un bisounours, ce mec ! Okay, c'est bon, j'ai compris, on t'a perdu… »
Le blond n'en finissait plus de rire. La fatigue et la nervosité qui l'avait tendu tout au long de la conversation entretinrent son rire. Il imaginait parfaitement Seamus lui parler de la pluie et du beau temps, juste après une dure journée de travail, et d'éparpiller dans ses phrases des petits surnoms Ô combien affectueux et niais au possible. Ses éclats de rire détendirent également Théo, qui semblait se sentir un petit peu mieux.
« Bref. Tout ça pour dire… que ça fait deux mois. Presque. Et que…
- Tu n'es pas fait pour lui. Ça, seul l'avenir te le dira. Arrête de te dire que tu n'es pas assez bien pour lui, parce que ce n'est pas vrai. Tu es quelqu'un de bien, et il t'a choisi en connaissance de cause. Il est sorti avec des enfoirés, qui n'en avaient rien à faire de ses sentiments. Toi, tu es tellement obnubilé par la peur de lui faire du mal que tu t'autoflagelles. Ça sert à rien. Vis ta relation avec lui sans te prendre la tête avec ça. »
Théo acquiesça avant de boire une gorgée de bière. Un petit silence régna, avant que Draco ne se remette à glousser nerveusement, s'attirant le regard noir de Théo qui lui répliqua que lui aussi devait recevoir ce genre de surnom pourri, mais le blond secoua la tête, c'était tellement rare que Harry lui donne de petits noms, ça arrivait de plus en plus souvent, mais la plupart du temps c'était pour l'embêter plus qu'autre chose, même si le blond avait tendance à trouver ça de plus en plus adorable…
Ils continuèrent à discuter en regardant vaguement le film, qu'ils n'avaient quasiment pas suivi, le carrelage du sol séchant autour d'eux. La tension qui habitait Draco disparut complètement et il retrouva la complicité qu'il avait avec Théo depuis des mois, à son plus grand soulagement. Il fut surpris quand son ami se mit à parler de Seamus. Quelque chose en lui se réchauffa quand il comprit qu'un trait était définitivement tiré sur cette histoire et que le jeune homme avait suffisamment confiance en lui pour lui parler de ce qu'il avait sur le cœur. Même des choses anodines, comme la manie de Seamus de chanter sous la douche et de s'épiler la quasi-totalité du corps. Draco rigola quand il lui parla de ça, lui demandant franchement où était le problème : il était toujours sorti avec des filles, qui techniquement étaient moins poilues que les hommes, il devrait être au contraire content que Seamus les imite un peu, non ? Théo lui répondit que, honnêtement, il préférait qu'il s'épile les jambes et l'irlandais était parfaitement au courant.
Ce qu'il ne lui dit pas, c'était qu'un jour, il était assis par terre en train de faire ses papiers et Seamus s'était assis près de lui sur le canapé, en pyjama, et mécaniquement, tout en lui parlant, Théo avait passé la main sous son pantalon pour toucher sa gambette. Gambette que Seamus eut vite fait de ramener vers lui, il était « négligé », comme il disait. Théo lui avait alors dit que toutes ses copines n'étaient pas impeccables et qu'il l'avait très bien vécu. Cependant, oui, il préférait les jambes épilées, c'était évident. Mais qu'il ne passe pas son temps à s'épiler, il n'était certainement pas l'homme le plus poilu qu'il ait vu…
Mais ce qu'il lui racontait, c'était que, justement, il l'avait déjà vu à moitié nu, quand Seamus sortait de la salle de bain en sous-vêtements, en pantalon ou avec sa serviette autour des hanches, ce qui ne l'avait pas choqué plus que ça, après tout, ils étaient des hommes, et les douches communes en sport ou lors de leurs vacances au camping avec ses amis avaient eu vite fait d'effacer le peu de pudeur qu'il avait envers les hommes. Or, depuis qu'ils étaient ensemble, Seamus ne sortait quasiment plus de la salle de bain sans avoir quelque chose sur le dos, à cause de son torse qui n'était pas toujours impeccable, et quand il lui avait sorti un argument pareil, alors qu'il faisait 30°C dans l'appartement et que Théo se baladait depuis le matin torse nu, ce dernier était tombé des nues : il n'était pas sérieux là ?! Atterré, Théo lui avait dit et répété que ce n'était certainement pas ses poils qui le dérangeaient le plus sur son corps d'homme, c'était plus ce qu'il y avait entre ses gambettes, mais Seamus fit la sourde oreille.
Draco explosa de rire alors que Théo se plaignait de la « stupidité » de Seamus et de ses comportements qu'il ne comprenait pas. D'autant plus que le blond ne pouvait qu'approuver, l'irlandais était loin d'être un homme de Cro-Magnon, il lui avait d'ailleurs rapidement fait comprendre quand ils sortaient ensemble que les jambes lisses, d'accord, mais l'épilation du torse, non merci. Ce qui avait d'ailleurs fait glousser Harry quand il lui avait raconté ça, après que ce dernier ait évoqué les questions existentielles de son ami : devait-il le faire tout seul ou se payer le luxe d'aller dans un salon ? Salon dont Théo parla, parce que Seamus lui avait demandé d'aller acheter de la cire au supermarché, vu qu'il était de corvée de courses. Il lui avait demandé pourquoi il n'allait pas dans un salon, Seamus lui avait répondu qu'il était un peu juste et qu'il irait juste se faire épiler le dos, il ne pouvait pas le faire tout seul. Atterré, Théo lui avait donné de quoi payer ses jambes, son torse et son dos, puis il lui avait demandé avec ironie s'il comptait se faire épiler les avant-bras. Il vit rouge quand l'irlandais lui dit que ça ne le dérangeait pas de le faire, s'il en avait envie.
Ça le dépassait. Franchement. Il aurait l'air de quoi, tout imberbe ? Déjà qu'il faisait tarlouze, mais alors là, c'était le pompon… Le blond, son fou rire passé, lui avait répondu qu'il le comprenait, dans un sens, mais Théo était aussi borné que l'irlandais. Ce qui était assez mignon, d'ailleurs… Draco le taquina d'ailleurs sur le fait qu'il lui avait offert ses soins, Théo haussa les épaules en lui répondant que ça ne le dérangeait pas, les joues légèrement rouges. Il commençait déjà à prendre sa position d'homme dans le couple, ce qui ne semblait pas déplaire à son petit-ami. Loin de là, même.
Un peu plus tard, Ron les appela pour les prévenir qu'ils avaient terminé leur nettoyage, donc s'ils en avaient envie de monter… ce que les deux amis ne se privèrent pas de faire, se levant du canapé comme des petits vieux avant de grimper les escaliers en colimaçon. Ron, Olivier et Blaise, vannés, avaient adopté la même stratégie qu'eux pour se détendre : vieux film et bière. Affalés sur les canapés, ils les accueillirent en levant leur bouteille, et quelques minutes plus tard, les jumeaux arrivèrent, l'air encore plus épuisé qu'eux.
Ils terminèrent la journée dans l'appartement de Harry, sans avoir le courage de sortir pour se dégourdir les jambes. Olivier en émit l'idée, mais personne à part Théo ne semblait motivé pour bouger, alors ils regardèrent la télé, discutèrent et finirent par installer les couchages. Les canapés, d'origine, étaient des constructions en bois très simple, sur lequel était posé un matelas recouvert d'un drap et qui servait d'assise. Ils sortirent les planches calées sous les matelas pour les placer en travers de l'espace laissé pour leurs jambes et la table basse, qu'ils retirèrent, de façon à installer une sorte de sommier. Ils descendirent un matelas de la mezzanine pour le poser sur les planches, installant ainsi trois couchages…
Où ils passèrent la nuit, seuls les jumeaux ayant eu la force de monter sur la mezzanine.
OoO
Monter dans le wagon avait été moins compliqué que prévu. Il fallait dire que Cho et Seamus, ayant passé une sale journée la veille, étaient de très mauvaise humeur et ils ne manquèrent pas d'incendier les voyageurs qui, pressés de ranger leurs valises ou d'aller s'assoir, avaient décidé d'ignorer qu'une personne en béquilles se trouvait sur leur chemin. Ces charmantes personnes furent très bien reçues par les deux gardes du corps de Harry… Le tatoueur se dit qu'heureusement ils n'avaient pas les valises avec eux, qu'est-ce que ç'aurait été sinon… Surtout avec Théo qui aurait bien fini par se prendre la tête avec quelqu'un, que ce soit dans le métro ou dans le wagon.
Toute la journée, Harry s'était inquiété, suspendu au téléphone et attendant des nouvelles de Draco. Il n'avait pas été aussi inquiet la dernière fois qu'ils étaient partis dans le sud, et pourtant, il était lui-même dans un des véhicules, complètement shooté aux médocs. Mais à l'époque, il n'avait pas vécu tous ces évènements et il n'éprouvait pas ces angoisses qui surgissaient en lui à des moments parfois inopportuns. Il connaissait suffisamment Draco et Théo pour savoir qu'ils ne feraient pas de folies, surtout s'il le leur demandait, sans compter qu'à chaque pause qu'ils faisaient, Draco l'appelait systématiquement, et les SMS allaient bon train. Et pourtant, il avait toujours cette peur, logée dans son ventre, et qui refusait de partir.
Luna avait passé toute la journée avec lui avant d'aller chez Cho, qui lui avait demandé si elle pouvait dormir chez elle, sinon elle avait peur de ne pas se réveiller ou de se rendormir, ce que la jeune fille avait accepté sans discuter, ça semblait même lui faire très plaisir. Il fallait dire que Cho avait des fois du mal à comprendre ses délires, surtout que Luna ne parlait pas toujours très bien français, mais dans l'ensemble, elles s'entendaient quand même très bien. Sa meilleure amie avait essayé de le détendre, mais il était difficile de combattre cette angoisse qui lui tordait le ventre, cette peur de le perdre, à nouveau, comme il l'avait cru des semaines auparavant. Par chance, pourrait-on dire, Draco comprenait et ne jouait pas avec ses nerfs.
En fin d'après-midi, Luna était partie, et à peine quelques minutes plus tard, c'était Seamus qui démarquait, son sac sur l'épaule et l'air passablement énervé. Il avait passé une sale journée et avait hâte d'enfin partir en vacances. Harry lui avait demandé ce qui lui arrivait et son ami lui avait vaguement parlé de ses parents qui s'étaient soudain réveillés et avaient réalisé que, non, ils ne passeraient même pas une semaine de vacances ensemble cette année. Ils s'étaient disputés, ses parents insistant pour lui offrir ses billets d'avion pour les rejoindre en Irlande pendant une semaine, mais Seamus n'avait ni le temps pour ça, ni l'envie. Il aimait ses parents, mais se coltiner son frère pendant une semaine et toute la famille qui allait squatter chez eux, non merci. Visiblement, il préférait partir avec des étudiants fauchés plutôt que retrouver sa famille.
Ils avaient parlé longtemps, allongés dans le lit, Seamus s'apaisant au fil des heures. Il n'aimait pas se disputer avec ses parents, surtout sa mère. Harry essaya de lui remonter le moral comme il put et ce ne fut que tard dans la nuit qu'ils s'endormirent, se levant le lendemain aux aurores pour se préparer et aller à la gare, emmenés par Isaline et Sirius, ce dernier s'étant incrusté juste pour dire au revoir à son filleul. Entouré de gonzesses, il était comme un poisson dans l'eau et visiblement nullement gêné par l'heure si matinale. De retour chez lui, il réveillerait certainement son cher et tendre pour ne pas perdre sa matinée… et la rendre quelque peu sportive. C'est du moins ce qu'il glissa à Harry, mais encore faudrait-il que Severus ne se soit pas levé entre temps… Isaline se contenta de lever les yeux au ciel, l'air faussement blasé.
Cependant, si la montée n'avait pas été des plus compliquées, la descente le fut davantage. Harry avait toujours un peu de mal à s'équilibrer sur ses béquilles et il y avait tout de même plus simple que descendre des escaliers arrondis et aux marches si petites. Il ne pouvait guère prendre son temps, le train n'était qu'arrêté temporairement, il se pressa donc et manqua de tomber, rattrapé par Seamus. Ou, plutôt, il lui tomba dessus, et Cho, juste derrière, aida l'irlandais à se redresser pour qu'il remette Harry sur ses béquilles… Une fois sur le quai, le tatoueur se sentit mieux, beaucoup plus stable sur sa gambette et le visage baigné par le chaud soleil méditerranéen. Derrière lui, il entendait Angelina et Hermione être soulagées de ne pas avoir de valise à décharger, quelle galère ç'aurait été !
À peine quelques minutes après leur débarquement, les garçons arrivaient, courant à moitié sur le quai. Enfin, c'était surtout les jumeaux qui courraient, faisant le plus de bruit possible, des fois qu'on ne les remarque pas… Les autres les suivaient de près, pas très frais, un peu comme s'ils venaient de se lever. Il était onze heures et quart, et dans le fond, ce n'était pas tout à fait faux…Ils avaient lutté pour se lever et étaient partis à la bourre, entre ceux qui devaient se laver, se brosser les dents, se coiffer… Harry et Seamus furent très surpris en voyant que leurs copains étaient aussi frais que les autres.
« Dray, t'es à peine coiffé, tu sors du lit ou quoi ?
- Quasiment…
- Mais vous vous êtes levé à quelle heure ?
- Dix heures et demie.
- Ah bon ?!
- On s'est couché sans mettre de réveil, Olivier y a pensé, mais il l'a éteint et s'est rendormi aussi sec… Oh c'est bon, pour une fois que je suis pas clean…
- Je me remets un an en arrière, jamais tu ne serais sorti comme ça de chez toi !
- C'était il y un an, angel… »
Pour clore le débat, Draco se pencha pour l'embrasser. Il avait envie d'enlacer sa taille et le prendre dans ses bras, mais avec ses béquilles, impossible de le faire. Il se contenta donc de ce baiser, en se disant qu'il y en aurait bien d'autres à venir. Quelques minutes plus tard, ils quittèrent la gare, le groupe entourant Harry pour qu'il descende les escaliers puis en remonte d'autres sans être bousculé par des vacanciers peu scrupuleux. Ce fut une fois assis dans la voiture de Théo, entre son petit-ami et Millicent, Seamus papotant à l'avant, que Draco put prendre la main du brun et avoir quelques petites attentions envers lui, ce qui fut des plus apprécié par le principal concerné. Qui lui glissa d'ailleurs à l'oreille qu'il adorait le désordre de ses cheveux.
Pendant ce temps-là, Millicent et Seamus perturbaient Théo qui essayait de conduire en faisant abstraction des bêtises qu'ils pouvaient lui raconter, la jeune femme suivant l'irlandais dans ses délires, tous deux oubliant complètement les deux amoureux qui semblaient ne pas s'être vus depuis des semaines. Théo finit par leur gueuler que, au lieu de se faire des messes basses et de se bécoter dans leur coin, ils pourraient quand même participer un peu à la conversation et remonter le niveau. Niveau que Harry tira encore un peu plus vers le bas en rentrant dans le jeu de ses deux amis…
Découvrir le studio de sa tante lumineux, aéré et propre fut un véritable bonheur pour Harry, qui se sentit nostalgique en se souvenant des quelques vacances qu'il avait passées là, à l'époque où elle était la seule à posséder un logement dans cette résidence. Isaline dormait dans le clic-clac de l'espace salon avec Nymph', entre filles, tandis que Sirius et Harry occupaient tous les deux la kitchenette. Souvent, la patronne venait les faire taire et les forçait à éteindre la lumière de la lampe torche sous la couverture. Et, parfois, à bout de forces, elle s'allongeait vers eux pour les surveiller… et s'endormait tout contre eux.
Plein de nostalgie, campé sur ses béquilles, Harry regardait la pelouse quelque peu desséchée par-delà la terrasse, les jeunes palmiers, les buissons, imagina la marina qu'ils cachaient avant que son regard ne se lève vers l'eau de la mer et les bâtiments aux couleurs chaudes et passées de l'autre côté de la rive. En paix avec lui-même, il sentit deux bras enserrer sa taille et une tête se poser contre la sienne. Le jeune homme se laissa aller en arrière, fermant les yeux, savourant cette étreinte, son souffle contre sa joue, ses bras réconfortants qui le tenaient fermement. Le brun leva un peu la tête et frotta sa joue contre la sienne, faisant sourire Draco.
« Je t'aime… »
Après avoir prononcé ces quelques mots à son oreille, Harry sourit en sentant sa bouche poser sa joue et y planter un long baiser, puis un autre, et encore un autre… avant de dériver vers son cou et de le faire pouffer, ses bras le serrant un peu plus, ses mains s'enfonçant dans ses chairs comme s'il ne voulait former qu'un seul être…
« Bon, les mecs, je sais pas vous, mais moi j'ai une dalle d'enfer ! Je prépare la tambouille ?
- Tu nous fais quoi ?
- Escalopes à la crème ?
- Théo, tu me prends par les sentiments-là…
- Ok Ryry, j'te fais ça !
- Et si moi je voulais autre chose ?
- Eh bah tu prépares ta bouffe ! Je fais pas deux plats, t'as vu la vierge toi !
- Mais c'est moi, ton copain !
- Seamus, cherche pas, j'étais là avant.
- Mais c'est pas juste !
- Ah si c'est juste, t'avais qu'à être là avant.
- Vous avez fini de l'embêter, le pauvre ?
- Dray, t'es un pote, un vrai… »
Harry s'assit dans le canapé alors que Seamus allumait la télévision avant de mettre la table avec Draco qui la sortait sur la terrasse avec les chaises. Théo, lui, était aux fourneaux, un rôle qu'il négligeait très souvent alors qu'il se débrouillait très bien. Ce qui arrangeait bien Seamus, trop peu doué dès qu'il fallait faire quelque chose un tantinet compliqué. De plus, il n'avait sans doute jamais autant mangé de fruits et de légumes depuis qu'il le connaissait, vu que Théo faisait beaucoup de choses par lui-même et qu'il parvenait à les cuisiner de façon « mangeable ».
Le déjeuner fut des plus agréables, très détendu et sans la moindre tension. Et sans le moindre échange entre Théo et Seamus. Discrètement, Harry et Draco avaient guetté le tout nouveau couple et les petites attentions qu'ils auraient pu avoir l'un envers l'autre. Et rien. Absolument rien. Ni baiser, ni effleurement… Rien de plus que leur complicité habituelle. Harry eut la triste impression d'assister à un pas en arrière, les quelques rapprochements qu'il avait notés entre eux en public disparaissant totalement, alors qu'ils étaient loin de Paris et face à deux personnes qui ne les jugeraient pas. De son côté, Draco était tout autant déçu, persuadé qu'au contraire ce nouveau cadre les rapprocherait.
Ou pas.
Seamus faisait la vaisselle alors que Théo prenait un café avec Draco et Harry, quand le téléphone portable du blond sonna : c'était Blaise qui lui demandait si ça leur disait d'aller faire trempette à la piscine. Draco fit passer le message, ce qui emballa tout de suite Théo, mais un peu moins l'irlandais, qui paraissait clairement indécis. Haussant les épaules, Draco répondit à son meilleur ami que lui resterait à l'appartement ou irait se balader avec Harry, ce dernier ayant effectué auparavant un vigoureux mouvement de tête désapprobateur. Il raccrocha puis Théo se leva, emportant sa tasse de café pour la laver, et alors que Seamus la nettoyait, il essaya de le convaincre, mais visiblement, il faisait sa mauvaise tête. Agacé, l'étudiant laissa tomber et alla dans la salle de bain pour se changer.
Perché sur ses béquilles, Harry sautilla jusqu'à Seamus qui, pour couper court à la conversation avec son colocataire, était allé chercher les autres tasses vides avant de revenir vers le coin-cuisine pour terminer sa vaisselle. Le tatoueur jeta un regard vers lui et vit Draco s'éloigner sur la terrasse, son portable à la main. Sans doute allait-il appeler sa mère, il lui avait dit dans la voiture qu'il devait penser à le faire, il avait oublié la veille. Alors Harry en profita.
« Seamus, il y a un problème avec Théo ?
- Non, pourquoi ?
- Attends, vous ne vous touchez pas, je sais même pas si vous vous êtes embrassés…
- Je veux pas aller à la piscine.
- Mais pourquoi ? Tu sais, si ça va pas, je m'en fous que tu restes avec Draco et moi, mais pourquoi tu ne veux pas y aller ?
- Je… Je ne me sens pas prêt.
- Prêt à quoi ? »
Le jeune homme marqua un temps de pause avant de lui répondre, les joues un peu rouges.
« À me mettre en maillot.
- De quoi ?
- Me mettre en maillot. Me baigner avec lui. Enfin, tu vois… Avec les filles à côté, et puis moi… »
Sur le coup, Harry se sentit très con. Ça ne lui était même pas venu à l'esprit que Seamus puisse être complexé à l'idée de se mettre en maillot de bain à la piscine, avec toutes ces filles autour d'eux que Théo pourrait mater. D'autant plus que révéler ainsi son corps indéniablement masculin pourrait le gêner, voire peut-être le rebuter.
« Ah… Mais Théo t'as déjà vu…
- C'est pas pareil. »
Non, ce n'était pas du tout pareil, et ça, Harry le savait bien.
« Tu veux que je vienne ?
- Non, c'est bon. T'inquiète pas pour moi, va te balader avec Draco.
- Seamus, si ça peut t'aider, ça me dérange pas de passer une ou deux heures sur un transat. Tu préfères rester ici alors que Théo sera en train de s'éclater à la piscine, sans toi ? »
Le regard que son ami lui lança voulait tout dire. Et quand Théo sortit de la salle de bain, troquant son éternel jean contre un short plus coloré et torse nu, autant dire qu'il fut surpris de voir Harry et Draco y entrer pour se changer, le tatoueur ayant subitement changé d'avis. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous partis, attendant en bas de l'escalier leurs amis, quelque peu bruyants, et en groupe, ils allèrent à la piscine ouverte de la résidence, envahissant toute une rangée de transats, étalant leurs serviettes et posant leurs affaires, plus ou moins rangées dans des sacs.
La jambe prise dans son atèle, Harry s'assit sur un transat et laissa son petit ami le recouvrir de crème solaire, non sans un certain plaisir, et autant dire que quand Draco lui présenta son dos, faisant fil des regards qu'on aurait pu poser sur eux, le brun s'en donna à cœur joie. Il fut bien l'un des seuls avec Ron et certaines filles à se mettre quelque chose sur la peau, les garçons se précipitant dans l'eau à peine leurs serviettes posées. À contrecœur, Seamus se déshabilla, retirant son débardeur et son short, se retrouvant en slip de bain. Le regard de Draco qui le parcourut de haut en bas eut pour récompense une petite claque sur la tête de la part de son cher et tendre. Surpris, le blond tourna la tête, l'interrogeant des yeux, alors que l'irlandais s'en allait demander à Luna de lui tartiner le dos. Harry, lui, semblait clairement mécontent.
« Tu mâtes quelqu'un d'autre que moi en toute impunité ?
- T'as vu son torse ?
- Quoi, son torse ?
- Ça t'excite, toi, les torses imberbes ? »
Le tatoueur jeta un regard bref à Seamus et détourna immédiatement les yeux.
« Pas vraiment.
- J'avais oublié à quel point je détestais ça… Je trouve ça moche, tu peux même pas savoir.
- T'aimes les poils toi.
- J'aime les mecs. Et les mecs, ça a des poils.
- Tu crois qu'il s'épilera en bas le jour où ils le feront ? »
La mine dégoutée de Draco lui déclencha un fou rire, et ce fut lui qui reçut une claque sur la tête en retour, ce qui étonna Hermione et Millicent juste à côté. Vexé que son petit ami se moque ainsi de lui, Draco lui tourna le dos. Dans la piscine, les hommes commençaient déjà à batailler, Cho, qui les avait rapidement rejoints tentant vainement de couler Olivier, tandis qu'Angelina faisait tranquillement quelques brasses, avant que son petit-ami ne vienne essayer de la couler.
Blaise, déjà l'eau, appela son meilleur ami qui ne tarda pas à le rejoindre, après un dernier regard à Harry qui planta un léger baiser sur sa bouche, comme pour lui dire qu'il ne lui en voulait pas et qu'il devait s'amuser. Seamus, quant à lui, prit la place laissée vide par Draco, hésitant à se lancer. Il lui avoua être nerveux, ce qui ne lui arrivait jamais d'habitude, mais une part de lui craignait tellement l'indifférence ou le rejet de Théo qu'il ne parvenait pas à se détendre. Tous les vieux complexes qu'il essayait d'oublier depuis des années ressurgissaient en force.
L'irlandais sentit quelque chose se serrer en lui quand il vit des jeunes arriver à la piscine, se jeter à l'eau et rapidement rejoindre leur groupe. Il y avait des filles, et forcément, elles firent les belles devant les garçons, deux d'entre elles paraissant clairement intéressées par Théo. Seamus détourna les yeux, c'était plus qu'un pincement au cœur, la jalousie commençait à montrer le bout de son nez. Il dit à Harry qu'il n'aurait définitivement pas dû venir. Surtout quand il les entendit s'amuser, dans son dos, et le brun ne sut comment l'aider à gérer ce qu'il lisait dans ses yeux, sa bouche se plissant nerveusement et les traits de son visage se crispant sans cesse.
Quand soudain…
« Hey, Seamus, tu viens ?! »
Le brun lut un profond soulagement sur le visage de l'irlandais, et une sorte de bonheur fugace, avant qu'il ne tourne la tête vers le bassin. Les bras croisés sur le rebord de la piscine, Théo le regardait d'un air un peu agacé.
« Allez, fais pas ta chochotte, l'eau est super bonne !
- Tu vas me couler et…
- Promis, je te coule pas, et le premier qui te mouille les cheveux, je le noie. Ça te va ? »
Bien qu'il ne voyait pas son visage, Harry imaginait sans mal la joie de Seamus qui se leva et longea le bord de la piscine pour entrer par le bassin moyen, suivi à la brasse par Théo qui l'accueillit vers l'escalier. Ils n'eurent aucun geste ambigu, mais Théo passa un certain temps près de lui, jouant gentiment avec lui, s'éloignant volontairement des autres pour lui accorder un peu de temps, avant de rejoindre le groupe pour chahuter avec eux. Et comme il l'avait promis, quand Fred osa essayer de mouiller les cheveux alors secs de Seamus, relevés en une couette haute, Théo s'en donna à cœur joie et noya Fred à plusieurs reprises, au point que plus personne n'osa déranger l'irlandais. Même les jeunes qui ne faisaient pas partie du groupe.
Il n'était pas le seul à avoir les cheveux à peu près secs. Rassemblant sa chevelure au-dessus de sa tête par un chignon ingénieux et conséquent, Luna enchaînait quelques brasses, le plus souvent suivie par Blaise, quand ce dernier était occupé à noyer elle ne savait qui. Elle paraissait clairement ravie de ces petites vacances tous ensemble, tout autant que Blaise qui semblait prêt à ne pas la quitter d'une semelle. De là où il était, Harry avait pu le voir la taquiner et la porter dans l'eau, lui s'amusant le plus souvent à ses dépens et elle se laissant porter dans ses grands bras sombres.
Le contraste entre ses deux amis était encore plus frappant, tout deux en maillot dans cette piscine et en plein soleil, Blaise si grand, métis, ses cheveux noirs tressés sur son crâne et un sourire éclatant, et Luna, bien plus frêle, ses longs cheveux blonds remontés sur sa tête et le visage rêveur. C'était sans doute ce qui faisait la force de leur couple, ce contraste si frappant entre leurs physiques et leurs caractères, cette confiance et ces sentiments si forts qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre en dépit de la distance. Se retrouver ensemble, dans un tel cadre, n'était sans aucun doute que du bonheur pour eux deux, si peu habitués à passer autant de temps ensemble et sur une période aussi longue.
Voir Luna aussi heureuse lui faisait du bien. Elle ne riait pas à gorge déployée comme tous les autres et demeurait en général loin des conflits, qui se terminaient par une bonne tasse d'eau et quelques toussotements, mais Harry connaissait suffisamment la jeune fille pour voir qu'elle s'amusait et qu'elle éprouvait du plaisir à être là, avec tous les autres, dans cette grande piscine en plein soleil méditerranéen. Elle souriait plus qu'avant, n'avait plus cet air morose, un peu inquiet, qu'elle tentait maladroitement de lui cacher. Un peu comme Cho, d'ailleurs, son visage débordant de joie, comme si tous leurs soucis avaient disparu.
En quelque sorte, c'était un peu le cas.
Un peu.
Le chemin serait encore long, Harry ne se considérait pas comme guéri, il avait piqué une crise avant son anniversaire, c'était trop récent pour qu'il estime être vraiment en voie de guérison. Pourtant, Draco lui disait qu'il faisait des efforts, qu'il était sur la bonne voie et que lui-même se sentait mieux. En dépit de sa dernière crise et de leurs petites chamailleries, son petit ami allait mieux et était confiant en l'avenir, chassant comme il le pouvait les nuages noirs. Harry l'aurait volontiers cru s'il n'avait pas eu cette crise d'angoisse, à l'approche de son anniversaire. Il avait eu l'impression de faire un bond en arrière.
Le lendemain, toute tension évaporée, Draco lui avait demandé sérieusement de voir sérieusement un psychiatre. Pas une séance de temps en temps, avoir un vrai suivi, parler de ce qu'il avait sur le cœur et se débarrasser de ce qui lui faisait du mal. Le blond avait dû le rassurer : non, leur couple n'était pas en danger, le pire était passé depuis un bout de temps cependant, ce genre de crises ne pouvaient durer, il fallait faire quelque chose.
Alors le tatoueur lui avait promis qu'après les vacances, si ça n'allait pas mieux, il rencontrerait quelqu'un. Draco lui avait répondu que ça ne l'intéressait pas. Alors, Harry prit rendez-vous, sans en parler à personne, à part son petit-ami, qui l'emmena lui-même et l'attendit dans la salle d'attente. Quand il en sortit, le brun n'allait pas franchement bien, mais au fil de l'après-midi, Draco le baladant pour lui changer les idées, il se dérida et lui parla un peu de sa séance, qui avait été douloureuse, visiblement. La psychiatre semblait très gentille et avait su le mettre en confiance, mais ce qui était sorti lors de leur échange n'avait bien évidemment pas été agréable pour Harry.
Cependant, dans les jours qui suivirent, Draco et Isaline, alors mise au courant, virent une nette progression. Il n'y avait qu'eux deux et Sirius qui étaient au courant pour ses rendez-vous, Harry ne voulait en parler à personne, et surtout que personne ne lui en parle.
Dans la piscine, Draco s'amusait avec son meilleur ami, avec Théo, Ron ou encore Cho. Harry aurait tant voulu participer, se glisser dans l'eau fraîche et embêter son petit ami, partager un vrai moment de complicité avec lui, avec eux. Mais il était bloqué dans son transat, pas si malheureux que ça, dans le fond, car ils auraient pu ne jamais partir tous ensemble et vivre ces vacances compromises par son état déplorable. Et les voir vivre, comme si rien ne s'était passé, lui faisait un bien fou.
OoO
Ces deux semaines au soleil ne furent rien de plus que deux semaines de vacances entre amis, une belle bande de quatorze personnes, réparties en trois groupes, avec des tensions, des moments de joie, des disputes, et des délires sur la plage. Deux semaines intenses où ils n'eurent guère le temps de se reposer, toujours chez les uns et chez les autres, à glander sur les canapés, dîner sous le ciel d'encre, se balader le long du port, lézarder au soleil ou bien batailler dans la pièce ou dans l'eau salée tout près.
Bien qu'il ait été très heureux, au fond de lui, de partir avec ses amis, Harry craignait de s'ennuyer, d'être laissé de côté ou de devenir un boulet, ce qui aurait bien fini par arriver vu son infirmité, mais il semblerait qu'il avait surestimé la sociabilité de son petit-ami et sa capacité à vivre en communauté. Il en vint même à se dire qu'il y avait un peu de bon dans cette sale affaire, car vu le dortoir qu'ils étaient censés occuper avant l'accident, Harry se demandait sérieusement si Draco n'aurait pas fini par en étriper un ou deux. Pour l'exemple.
Draco était sociable, il ouvrait facilement son porte-monnaie, était ouvert à nombre d'activités et n'était pas foncièrement fainéant quand il fallait se déplacer. Cependant, ça, c'était en temps normal, car au milieu de quatorze personnes qui allaient chez les uns et chez les autres ou se déplaçaient en troupeau, histoire d'être ensemble, le blond pouvait facilement devenir très irritable, pire encore que Théo dans ses grands jours. Ainsi, Harry découvrit que son petit ami pouvait être extrêmement câlin quand il n'était pas décidé à se déplacer avec une quinzaine de personnes, qu'il avait du mal à vivre en communauté plus de quarante-huit heures, et enfin, qu'il avait en réalité beaucoup de points en commun avec Théo. Quelle que soit la sortie, ils étaient quasiment systématiquement ensemble, se soutenant mutuellement, semblait-il. Les seules fois où le brun n'était pas là, c'était quand Draco passait un moment seul avec son petit-ami. En somme, ils étaient comme cul et chemise.
C'était limite flippant, songèrent Harry et Seamus, qui n'auraient jamais pensé que tous les deux puissent passer autant de moments ensemble. Même Blaise en fut surpris. Loin d'être jaloux de Théo, cela faisait plutôt marrer le black, car lui connaissait Draco depuis suffisamment longtemps pour se douter de comment les choses évolueraient : déconner avec les jumeaux, Ron, Olivier et Cho lors des soirées, d'accord, mais supporter leurs bruits, leurs sautes d'humeur, leurs envies changeantes et leur squat perpétuel, ça allait bien deux minutes. Draco n'était pas fait pour des vacances à plusieurs, il avait besoin de temps de repos, de solitude. Blaise était bien la seule personne bruyante qu'il supportait dans son entourage dans ce genre de voyage, et trainer systématiquement avec Théo, certes bavard, mais compréhensif, l'avait beaucoup étonné. D'autant plus que Seamus était quasiment toujours collé à l'étudiant…
Harry ne fut jamais laissé de côté, Draco passant l'essentiel de son temps avec lui. Après avoir fait des efforts les premiers jours, il décida soudainement d'arrêter de prendre sur lui et de refuser toute sortie qui ne l'intéressait pas, s'occupant de Harry à la place ou le baladant à droite et à gauche, au plus grand plaisir du brun qui n'eut jamais vraiment l'occasion de s'ennuyer, même quand ils n'avaient plus rien à se dire, trainant dans le canapé-lit à regarder la télévision. Ils étaient ensemble, et c'était tout ce qui comptait. Harry adorait ce genre de moments et il savait que son petit-ami les savourait tout autant.
Parfois, il arrivait que Draco parte sans lui, ce qui dérangeait un peu de ce dernier, craignant de délaisser Harry. Pourtant, ce dernier comprenait très bien que son homme avait besoin de liberté, de se balader seul ou avec son meilleur ami, et de toute manière, le tatoueur n'était pas du genre possessif, bien au contraire, il voulait que Draco profite de ses vacances sans le trainer comme un boulet. Au bout de quelques jours, le blond n'eut plus de scrupules à s'évader un peu car il y avait toujours quelqu'un pour rester avec Harry, ses amis, ou bien Seamus.
À vrai dire, ce fut sans doute avec lui que le jeune homme passa le plus de temps, que ce soit à l'appartement, au bord de la piscine ou bien dans la station balnéaire. Draco aurait pu être jaloux de l'irlandais et de la relation qu'il entretenait avec le tatoueur, mais c'était sans compter les tensions qui malmenaient le couple fragile qu'il formait avec Théo et les disputes qui éclataient sans cesse entre eux.
Le plus souvent, elles étaient causées par Seamus même, sa jalousie maladive dégradant ses relations avec Théo, qui pourtant ne faisait rien pour engendrer ses colères. Mais à peine l'irlandais commençait-il à lui faire le moindre reproche, à cause d'une fille qui l'avait abordée ou d'un regard plus ou moins appuyé, que Théo envenimait la situation, le poussant à bout, refusant de subir sa jalousie et jouant avec ses sentiments en acceptant des invitations : à plusieurs reprises, quelques membres du groupe allèrent boire un verre ou sortirent avec les autres jeunes de la résidence, et Théo s'y rendit, mettant Seamus dans un état incroyable.
Cette situation dura une semaine, entre disputes, rabibochages, nouveaux conflits et quelques câlins et baisers ici et là. Et l'impensable se produisit : Seamus se calma. La semaine suivante, ses crises de jalousie cessèrent, il n'essaya plus de contrôler les balades de Théo ou ses relations avec les autres jeunes de la résidence, et ce dernier cessa de le provoquer et de le pousser à bout. La seconde semaine fut donc beaucoup plus paisible, autant pour le groupe que pour Harry et Draco qui partageaient leur quotidien, et sans se mettre entre eux, ils subissaient tout de même leurs disputes, et autant dire que ce n'était pas toujours très beau à entendre, entre Seamus qui partait dans les aigus et Théo qui parlait comme un charretier. Ils en étaient même venus à se dire que le mieux serait sans doute mieux qu'ils se séparent car visiblement ils n'étaient absolument pas faits pour être ensemble.
Et pourtant…
Ils étaient la grande surprise des vacances : après une semaine d'engueulades, ils en passèrent une autre plus apaisés et plus proches, un peu comme si un abcès avait été crevé. Chez Seamus, du moins. Il profita un peu plus de ses vacances et des évolutions conséquentes dans sa relation avec Théo. L'atmosphère se détendit dans l'appartement et il en était dans le même pour le groupe qui ne subissait plus leurs conflits. Enfin, quand ce n'était pas eux qui s'engueulaient, c'était les couples entre eux ou bien les jumeaux avec Cho ou bien Ron avec Hermione…
Les seuls qui restèrent relativement zen furent Blaise et Luna. En effet, aucune dispute de couple au compteur, et étant de nature aussi désordonnée que calme, ils étaient comme des poissons dans l'eau, entre Ron et Olivier qui avaient décidément du mal avec l'ordre, et Hermione et Millicent qui tentaient vainement de garder l'appartement dans un état correct. Et quand Gregory vint passer quelques jours, à la surprise générale, pour profiter un peu du soleil avec sa petite amie, ce fut bien pire encore… au grand dam des deux étudiantes, qui ne bénéficiaient d'aucun soutien de la part de Luna, qui ne comprenait pourquoi elles se prenaient autant la tête. Hermione et Millicent se dirent que, tout compte fait, elles auraient dû insister pour que Théo et Seamus viennent dans leur appartement, vu la propreté du leur.
Théo qui, lui, semblait au contraire très content de son logement et des personnes avec lesquelles il le partageait, en dépit des disputes récurrentes avec Seamus. Il pouvait s'occuper de son meilleur ami et soulager un peu Draco, parler avec lui et guérir certaines blessures qui demeuraient en lui malgré les mois qui étaient passés. De plus, il avait essayé de dérider le tatoueur, qui rechignait à aller à la piscine ou à la mer, vu qu'il ne pouvait pas bouger ni se baigner, parfois même à se déplacer avec eux.
Mais comment lutter, face à treize personnes bien décidées à lui changer les idées et à le forcer à les suivre, quitte à le pousser en fauteuil, dans les allées du Cap, sur les marchés du coin ou encore à la fête foraine, où il subit les hurlements terrifiés de Seamus, Cho et Ron, qui avaient perdu un pari et se retrouvaient forcés de faire un tour dans la maison hantée. Bonne âme, Harry avait accepté d'accompagner Seamus, car vu qu'ils étaient trois, il y en aurait forcément un qui se retrouverait seul, et Théo était occupé ailleurs avec Luna. Et Cho et Ron avaient beau dire que ce n'était que des gens déguisés et des petits effets spéciaux bas de gamme, ils hurlèrent comme jamais Harry ne les avait entendus hurler… Au point qu'il ne savait guère s'il devait en rire ou en avoir honte.
Le seul point noir, c'était définitivement la piscine et la plage. Harry restait dans son coin, lisant ou les regardant s'amuser et prenant des photos de là où il était. À chaque fois qu'on lui proposait de se baigner, il secouait la tête, refusant qu'on emballe sa jambe devant tout le monde, et la plage était trop surpeuplée pour le convaincre de se jeter à l'eau. Cette histoire chagrinait beaucoup Cho et Luna, qui ne parvinrent pas à le convaincre, malgré tous leurs arguments.
Un jour, en fin d'après-midi, ils allèrent à la plage histoire de se baigner sans subir la surpopulation des lieux. Harry était bloqué avec sa jambe, Olivier l'avant porté jusqu'au bord de l'eau, et une fois posé sur une serviette, les jumeaux avaient sorti de leurs affaires un grand sac-poubelle. Surpris, Harry les avait regardés emballer sa jambe dans le sac et le scotcher à sa cuisse, se débattant au début en leur disant que ce n'était pas la peine, mais la poigne de son sportif d'ami l'avait rapidement calmé. Par habitude, il avait mis un maillot de bain, même s'il ne se baignait jamais. Le brun s'était laissé porter jusque dans l'eau dans laquelle il avait pu barboter avec un grand plaisir, dans les bras de son amant. Ce fut sans doute l'un des plus beaux moments de ses vacances, enfin intégré aux activités de ses amis, nageant comme il le pouvait dans l'eau saline et calme.
Par la suite, ils recommenceraient, toujours à la plage et en fin d'après-midi, quand il n'y avait presque personne, pour ne pas gêner Harry. Mais cette première fois, entouré de ses proches, fut un moment inoubliable.
Et ce fut sous doute le moment où se réconcilia enfin avec son handicap, cette jambe bloquée, blessée, qui ne l'empêcherait pas de vivre.
D'exister.
Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !
