20ème Chapitre : Le garde forestier

C'était le matin.

La pluie avait cessé depuis quelque temps déjà. Les oiseaux gazouillaient gaiement dans les arbres.

Tashigi était toujours lovée dans les bras de Zoro.

Ils dormaient paisiblement quand tout à coup, la jeune femme fut sortie de son sommeil en entendant un bruit provenant de la porte de la cabane qui s'ouvrit avec fracas.

« Vingt Dieux ! Qu'est-ce que c'est que ce bazar ! » hurla une voix.

Tashigi sursauta, toujours agrippée à Zoro, elle redressa la tête et la tourna dans la direction des cris. Ses yeux s'habituaient peu à peu à la lumière et elle distingua un homme d'un âge certain portant une espèce d'uniforme.

« Le garde forestier… » pensa-t-elle.

Tashigi secoua Zoro afin qu'il se réveille.

Zoro, d'une voix endormie : « Humm…Qu'est-ce qui se passe ? »

Le garde forestier toussa dans sa barbe et s'adressa à Zoro : « Il se passe, mon p'tit gars, que vous êtes allongés, à faire je ne sais quoi, au beau milieu du local des garde forestiers… »

Tashigi rougit violement, elle se couvrit la poitrine avec la couverture : « Attendez, Monsieur…Je…Ce n'est pas ce que vous croyez ! »

Le vieil homme hocha la tête : « Dis-donc, ma p'tite ! Ne me prends pas pour une bille ! Je vois très bien ce que vous avez fait ! Est-ce que tes parents savent que tu as passé la nuit ici avec ce jeune vaurien ! »

Tashigi ne répondit rien et baissa les yeux de honte, tandis que Zoro s'était redressé sur les coudes et regardait le garde forestier avec un air de défi.

Zoro : « Qu'est-ce que ça peut vous faire ? On a été pris dans la tempête hier soir et on a trouvé refuge ici, c'est tout ! »

Le garde forestier : « Très bien…Mon p'tit gars…Ca sert à rien de t'énerver…Mais maintenant, il fait jour, il ne pleut plus alors vous allez me faire le plaisir de déguerpir, c'est pas un 'Love hotel' ici ! »

Tashigi : « Ne vous fâchez pas, Monsieur ! On…On va s'en aller ! »

Le garde forestier se radoucit devant l'attitude embarrassé de la jeune femme : « Bon…Très bien, je sors d'ici pour que vous vous rhabillez. Prévenez-moi quand vous êtes prêts…Aaaah ! les jeunes d'aujourd'hui !... »

Il se retourna et ressortit de la cabane, en fermant la porte derrière lui.

Maintenant seuls, Tashigi et Zoro se regardèrent.

Silence pesant.

Alors que Zoro la fixait avec un petit sourire et des yeux pleins d'envie, Tashigi, elle, était totalement embarrassée.

Elle prit la parole en premier, tout en se levant, drapée dans l'une des couvertures. « Dépêchons-nous de nous rhabiller ! » dit-elle sur un ton qui se voulait détaché.

Elle s'était dirigée en vitesse vers la chaise où étaient étalées ses vêtements.

En tournant le dos à Zoro, elle enfilait maintenant sa culotte, en la passant sous la couverture.

Zoro la regarda faire en souriant, toujours assis : « Pourquoi est-ce que tu te caches dans cette couverture ? Tu te souviens que je t'ai vu toute nue cette nuit ?…»

Le visage de Tashigi devint plus rouge qu'il ne l'était déjà, et, toujours en lui tournant le dos, elle lui répondit en bredouillant : « Ce…Cette nuit, c'était cette nuit !…Maintenant, il fait jour…C'est…C'est pas pareil !»

Zoro se leva alors, nu comme un ver, et se dirigea sur elle, il se plaqua contre son dos et l'entoura de ses bras.

Il lui murmura d'une voix rauque : « Pour moi, c'est pareil…Est-ce que tu sens l'effet que tu me fais ?... »

Malgré la couverture qui séparait leurs peaux, Tashigi sentit le sexe durci de Zoro se presser contre le haut de ses fesses.

Elle lui répondit, le ton suppliant : « Zoro…Je t'en pris…Le garde forestier est juste à côté…Il nous attend… »

Zoro grogna : « Qu'il aille au diable, celui-là ! » et il commença à lui peloter les seins, en glissant sa main sous la couverture qui couvrait la jeune femme.

Tashigi lui attrapa le poignet et le repoussa, en criant, embarrassée : « Arrête ! C'est pas le moment !...Il pourrait nous voir par la fenêtre ! »

Le bretteur bougonna mais ne pu que se rendre à l'évidence que Tashigi n'avait pas tout à fait tort. Toujours en la maintenant dans ses bras, il tourna la tête vers les fenêtres.

Pas de regard voyeur à l'horizon.

Tashigi se libéra de son emprise et se retourna pour lui faire face. Elle le regarda, l'air triste : « Habille-toi, s'il te plait…Zoro… »

Le jeune homme la fixa perplexe, sentant que quelque chose n'allait pas au son de sa voix : « Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi fais-tu cette tête là ?... »

Tashigi s'exprima d'une petite voix à peine audible, en baissant la tête : « Tout va bien…Rhabille-toi, c'est tout… »

Déstabilisé par la réaction de la jeune Marine, Zoro décida ne rien dire de plus afin de ne pas l'embarrasser davantage. Il se dirigea vers son boxer et son pantalon qu'il enfila en silence, l'air pensif et ennuyé.

Pendant ce temps, Tashigi s'était enfin habillée. Elle regarda les tâches de sang, causées par sa blessure au bras de la veille, sur le tissu blanc de sa chemise de nuit « Nami ne va pas être contente quand je vais la lui rendre… » pensa-t-elle.

Pendant que le bretteur était en train de mettre ses chaussures, Tashigi repliait les couvertures éparpillées sur le sol, effaçant ainsi toute trace de ce qui s'était passé entre eux quelques heures auparavant.

A côté de la bouteille de rhum, un bout de tissus noir traînait toujours par terre. La jeune femme s'accroupi et le prit dans sa main, il était tâché de sang, lui aussi.

Elle se dirigea vers Zoro et tendit le bras : « Tiens, ton bandana… »

Le bretteur le prit. Il regarda Tashigi, l'air renfrogné : « Tu…Tu regrettes ce qui s'est passé entre nous cette nuit ?… »

La jeune femme baissa les yeux. Elle s'apprêtait à lui répondre quand on frappa à la porte.

Les deux jeunes gens tournèrent la tête vers la porte en bois.

Ils entendirent la voix du garde-forestier qui les interpellait de l'extérieur : « Ca y est, les jeunes ! Vous êtes présentables ? Je peux entrer ! »

Sauvée par le gong, Tashigi était heureuse d'entendre la voix du vieil homme. Elle se précipita vers la porte pour lui ouvrir, évitant ainsi de répondre à la question de Zoro.

Le bretteur, quant à lui, la fixa, mécontent, s'éloigner vers la porte. Il était frustré d'avoir été interrompu, surtout que l'attitude distante de Tashigi avec lui depuis leur réveil n'envisageait rien de bon quant à la réponse qu'elle allait lui donner, s'imaginait-il.

Tashigi ouvrit la porte : « Oui, nous sommes prêts à partir, Monsieur… »

Le garde-forestier écarquilla les yeux en voyant la jeune Marine seulement vêtue d'une petite chemise de nuit, tachée de sang, en plus !

Il se pencha sur le côté pour regarder derrière Tashigi et haussa un sourcil en constatant que Zoro était torse-nu.

« Heu…Vous vous êtes balladés dans la forêt habillés comme ça ?… » demanda le vieil homme avec de la surprise dans sa voix.

Tashigi : « En fait, nous avons été attaqués en pleine nuit par une bande de brigands alors que nous…Heu…dormions dans notre bateau…Et nous avons pourchassé leur chef jusque dans la forêt… »

Le garde forestier : « Une bande de brigands…Hey !…Mais attendez !…Vous ne feriez pas, par hasard, partie de l'équipage d'un p'tit gars avec un chapeau de paille !… »

Zoro lui répondit, surprit : « Oui, c'est ça !…Vous connaissez Luffy ?… »

Le garde forestier : « Oui ! Vos amis nous ont débarrassé de la bande de voleurs qui traînaient depuis un moment aux alentours de notre ville ! Ils sont venus nous les livrer, pieds et poings liés, au bureau de sécurité, cette nuit, pendant la grande tempête ! »

« Ah vraiment ! » s'exclama Tashigi, avec une pointe de joie dans la voix.

Le garde forestier : « Oui ! On peut dire que vos amis nous ont enlevé une sacrée épine du pied ! Ces types faisaient régner la terreur depuis plusieurs semaines parmi la population !…Mais au fait, vous avez dit que vous poursuiviez leur chef ?… »

Tashigi : « Oui, c'est ça… »

Le garde forestier : « Hum…Je ne l'ai jamais vu en personne, mais il paraît que c'est un jeune homme assez séduisant d'apparence…Une apparence trompeuse…Il est surnommé 'Le démon au visage d'ange'…»

Tashigi, en riant : « C'est un nom qui lui correspond parfaitement ! »

Zoro arriva derrière la jeune femme, il l'interpella avec une once d'agressivité dans la voix: « Ah ! Parce que tu le trouvais séduisant !… »

Tashigi le regarda, surprise par sa question : « Non…Non, c'est pas ça du tout !…Mais tu dois admettre qu'il était assez plaisant à regarder, non ?… »

Zoro fit la grimace : « Ah bah, si c'est ça…J'aurai peut-être dû te laisser seule avec lui, alors ! Je vous ai peut-être dérangé quand je t'ai suivi pour te secourir !… »

Tashigi le fixa, ne comprenant pas du tout sa réaction violente. Des larmes commençaient à lui piquer les yeux.

Elle lâcha subitement son regard et fixa à son tour le garde forestier. Elle s'adressa à lui, la voix tremblante : « Excusez-moi, Monsieur…Y'a-t-il des toilettes ici ?… »

Le vieil homme regarda la jeune femme avec des yeux compatissants. Il était un peu gêné d'avoir été témoin de la scène de jalousie de Zoro.

Comprenant le malaise de la jeune femme, il s'adressa à elle sur un ton paternel et rassurant : « Jeune fille, si tu sors et que tu tournes à gauche de la cabane, tu trouveras les wc… »

Tashigi inclina la tête en signe de remerciement et s'engouffra en vitesse dans la porte, pressée d'échapper à la vue des deux hommes, consciente de ses larmes qui coulaient maintenant sur ses joues.

Une fois seuls, le garde forestier regarda Zoro avec un air exaspéré : « Dis-donc, toi… Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais c'est pas des façons de parler à une femme ! Si tu commences à la faire pleurer, je ne donne pas cher de votre relation !…»

Zoro serra les mâchoires, il savait que le vieil homme avait raison. Il avait dit des choses blessantes à Tashigi. Il savait qu'il avait été injuste.

Constatant les remords qui s'affichaient sur le visage du bretteur, le garde forestier lui dit : « Si j'étais toi, j'irai la voir pour m'excuser… »

Zoro hocha la tête et sortit à son tour dehors.

Avant d'aller retrouver Tashigi, toujours enfermée dans les toilettes, il se dirigea vers un arbre où il soulagea sa vessie.

Ensuite, en entendant la chasse d'eau, il se mit à côté de la porte des wc, à attendre que la jeune femme sorte.

La porte s'ouvrit.

Tashigi fut surprise de voir Zoro face à elle. Son regard changea tout de suite d'expression. Elle affichait maintenant un visage renfrogné et des yeux furieux.

Elle ne prononça pas un seul mot et s'apprêtait à se diriger vers la devanture de la cabane, en ignorant le bretteur avec un air de mépris, quand le jeune homme l'agrippa par le bras…

------------------------------

Fin du 20ème chapitre

Je crois qu'on peut dire que Zoro est un homme possessif ! Mais bon, faut le comprendre : Elle réagit bizarrement Tashigi, non ! En tout cas, c'est vraiment le système de la douche écossaise pour ces deux là !

Le « love hotel » dont je parle dans ce chapitre, ce sont les hôtels qui existent au Japon (je ne crois pas qu'on ai ça en France…) où les couples peuvent louer une chambre pour différentes durées (ils peuvent la louer juste pour 2 heures, par exemple) et en général, les chambres sont décorées dans différents styles selon le désir des clients. Vous aurez compris que ce n'est pas un hôtel familial pour y dormir la nuit…

Alors, je sais que le manga One Piece ne contient pas de pays comme nous les connaissons, mais ça me faisait plaisir d'y inclure une particularité toute japonaise (ce ne sera peut-être pas la dernière, d'ailleurs…).