21ème Chapitre :L'invitation

« Lâche-moi ! » hurla la jeune femme.

Zoro desserra son emprise et laissa retomber mollement son bras le long de son corps. Il baissa les yeux, embarrassé, en murmurant : « Excuse-moi pour ce que je t'ai dit… »

Tashigi le regarda, énervée.

Elle enchaîna : « Ah parce que tu crois qu'en t'excusant, ça va tout effacer !...J'en ai assez que tu me dises tout le temps toutes ces méchancetés…T'es un gros malade, tu sais ça !... »

Zoro tiqua en entendant les paroles agressives de la jeune Marine. Il s'était fourré dans un gros pétrin car Tashigi était vraiment en colère cette fois-ci.

Il ne pouvait pas l'en blâmer.

« Elle n'a pas tort…Qu'est-ce qui m'a pris de lui dire ça ! Ce type a failli la violer et moi, je lui fait une crise de jalousie!...Je suis vraiment un pauvre con ! » pensa-t-il, toujours la tête baissée.

Voyant que le jeune homme ne ripostait pas face à ses insultes, et au contraire, affichait une mine pleine de remords, Tashigi se calma un peu.

Etant, tout de même encore fâchée contre lui, elle fut incapable de prononcer un mot gentil qui aurait pu marquer leur réconciliation.

Non, cette fois-ci, il avait été trop loin dans ses propos.

Et même si elle souffrait de le voir ainsi car ce n'était pas dans sa nature d'être méchante et cruelle envers les autres, elle devait marquer le coup pour qu'il comprenne qu'il devait la traiter avec respect.

Elle le fixait toujours et devant son mutisme, elle se résigna à tourner la tête et se dirigea vers la porte de la cabane, en silence.

En franchissant le palier, Tashigi eu la bonne surprise de voir le garde forestier assis à la table où étaient posés trois tasses à côté d'un thermos de café fumant.

Elle s'approcha tranquillement vers le vieil homme, un léger sourire aux lèvres, en sentant l'odeur délicieuse du breuvage noir qui enveloppait maintenant toute la pièce.

« J'ai pensé qu'un petit café pourrait vous faire du bien… » lui dit en souriant amicalement.

Alors que Tashigi tirait une chaise pour s'asseoir, Zoro entra à son tour dans la pièce et s'installa lui aussi autour de la table, en face d'elle, sans un mot, les mâchoires serrées.

Feignant d'ignorer le bretteur, Tashigi remercia le vieil homme qui lui versait une tasse.

« Au fait, je ne me suis pas présenté : Je m'appelle Barnabé… » leur dit-il avec un sourire.

« Moi, c'est Tashigi » et, faisant un petit geste de la tête en direction de Zoro, mais toujours sans le regarder : « Et lui, c'est Zoro… »

Barnabé : « Hum…Tashigi et Zoro…Ravi de faire votre connaissance !...Mais au fait ! Heu…Vous ne m'avez pas dit : Est-ce que vous avez réussi à attraper le brigand ?... »

Tashigi hocha la tête : « Oui… »

Barnabé : « Et où est-il ?... »

Zoro répondit, en reposant sa tasse de café : « Il est mort… »

Barnabé : « Mort ! »

Tashigi, embarrassée : « Heu, oui…On n'avait pas trop le choix… »

Zoro, l'air renfrogné : « Je l'ai tué…On a laissé son corps quelque part dans la forêt…»

Barnabé : « Vous savez où, exactement ? »

Tashigi : « Il faisait nuit, et il pleuvait…Je serais incapable de vous montrer l'endroit… », puis tournant la tête vers Zoro : « Et toi ?... »

Zoro haussa un sourcil de surprise en constatant que la jeune femme s'était directement adressée à lui. Elle ne l'ignorait plus. Sans savoir pourquoi, il ressenti un sentiment de soulagement.

Il lui sourit timidement et lui répondit sur un ton très doux, comme s'il voulait faire amende honorable auprès d'elle et essayer de regagner sa clémence : « Non…Moi, non plus, je ne sais pas où on l'a laissé…C'est pas très loin d'ici…C'est tout ce que je peux dire… »

Tashigi le fixait intensément. C'était la première fois qu'il lui parlait d'une manière aussi douce…Pourquoi ne pouvait-elle pas lui en vouloir plus de 5 minutes ? Pourquoi avait-il une telle emprise sur elle ? s'interrogea-t-elle dans sa tête.

La jeune femme lui fit un mini sourire, à peine perceptible et tourna la tête vers le garde forestier.

Zoro continuait toujours à la regarder. « Elle m'a sourit…Est-ce qu'elle est toujours fâchée ou m'a-t-elle pardonné ?... » réfléchi-t-il, perplexe.

La psychologie féminine étant pour lui un très très grand mystère…

Barnabé : « Bon, ne vous en faites pas pour ça, on va retrouver son corps…Quand à vous, bah vous allez être contents : En remerciement de nous avoir débarrassé de ces criminels, le Maire de la ville à offert à vos amis un repas dans le meilleur restaurant ainsi qu'une nuit dans l'hôtel le plus réputé qui contient également un onsen ! »

Tashigi, enthousiaste : « Un onsen !...Oh ! Mais c'est génial ! »

Barnabé, en lui faisant un clin d'oeil : « N'est-ce pas !... »

Tashigi prit sa tasse et bu son café avec un grand sourire aux lèvres. Heureuse à l'idée de pouvoir se baigner dans les eaux bouillonnantesde l'onsen et de pouvoir prendre un peu soin de son corps après une partie de la nuit passée sous la pluie glaciale.

Voyant que Zoro avait fini de boire sa tasse, Tashigi reposa la sienne, vide également, sur la table et s'adressa au garde forestier : « On ne va pas vous embêter plus longtemps ! On va retrouver nos amis !...Merci encore pour le café ! »

Barnabé « Oh ! Mais vous ne me dérangez pas ! »

Tashigi, avec un grand sourire : « C'est gentil… »

Puis, elle se leva de table, imitée par Zoro.

Elle se dirigea vers le mur où étaient posés les 4 sabres et prit son Shigure dans une main et la lampe à huile dans l'autre.

Zoro prit également ses trois sabres en silence et la suivit vers la porte.

Elle s'inclina en signe de remerciement vers le garde forestier et sorti, devancée par Zoro.

Barnabé les accompagna sur le ponton et leur fit un signe de la main en souriant alors qu'ils s'enfonçaient à travers le chemin. « Merci encore…Tashigi et Zoro !... »

Tashigi se retourna et lui rendit son salut en souriant alors que Zoro souriait timidement, soulagé de voir que la jeune femme avait retrouvé sa bonne humeur.

A cause de la pluie tombée pendant toute la nuit, le sol était totalement mouillé. La jeune femme grimaçait maintenant à chacun de ses pas où ses pieds nus s'enfonçaient dans l'herbe et la boue.

Ayant remarqué l'embarras de Tashigi, Zoro hésita un peu avant de lui parler. Il se racla la gorge : « Heu…Si tu veux, je peux te porter sur mon dos, comme ça, tu n'auras pas à marcher dans la boue… »

La jeune femme le regarda. Elle hésitait un peu sur ce qu'elle devait faire…Avoir un contact rapproché avec le bretteur n'était peut-être pas la meilleure idée à avoir en ce moment, et en même temps, la sensation de la boue spongieuse qui s'immisçait entre ses doigts de pied la gêner beaucoup.

Pourtant, elle décida de refuser la proposition de Zoro et d'une voix détachée, elle lui répondit : « Non merci, ça va aller ! J'aime bien marcher dans la boue, il parait que c'est bon pour les peau… »

Mensonge.

Tashigi détestait la boue, mais il fallait bien qu'elle trouve une excuse. Elle regarda de nouveau devant elle, en silence, tentant de réprimer ses grimace de dégoût provoquées par chacun de ses pas.

Zoro leva les yeux au ciel, pas dupe de son manège « Décidément, c'est pas gagné !...Quel sale caractère, cette fille ! Aussi chieuse que Nami !...Et bah, t'as qu'à marcher dans la boue, puisque tu aimes tant ça ! » pensa-t-il, dépité.

La vision de la forêt en plein jour était totalement différente de celle qu'ils avaient eu cette nuit. Le paysage était assez dégagé, et le chemin de terre était parfaitement tracé pour accéder jusqu'à la ville.

Si Zoro n'avait pas un sens de l'orientation si déplorable, ils auraient pu retourner très facilement au Vogue Merry sans passer la fin de la nuit dans la cabane…

Au bout d'un quart d'heure de marche rapide, ils arrivèrent enfin à la lisière des premières habitations.

Après avoir fait trois pas, Tashigi s'interrompit subitement.

Les rues étaient pavées.

Si cette nuit, prise par sa fureur et l'effervescence, lors de sa course-poursuite contre Kai, elle n'avait pas ressenti ses pieds nus comme un handicap, maintenant c'était différent.

Chaque petit caillou placé sur les pavés était comme un instrument de torture prêt à lacérer la chair tendre de la paume de ses pieds.

Elle ne bougeait toujours pas, immobile comme une statue, alors que Zoro continuait à avancer tranquillement, les mains dans les poches. Faisant mine de l'ignorer.

Puis, il s'arrêta à son tour et se retourna vers elle quand il l'entendit l'appeler : « Zoro ! Zoro ! Arrête-toi !... »

Zoro, toujours les mains dans les poches : « Qu'est-ce que tu as ?...Pourquoi t'es-tu arrêtée ?... »

Tashigi, embarrassée : « Heu…Y'a des cailloux, et ça me fait mal aux pieds… »

Zoro savourait sa victoire et fit durer le plaisir : « Et alors ? Qu'est-ce que je peux y faire !... »

La jeune femme prit une toute petite voix et baissa les yeux : « Bah…Heu…Tu ne pourrais pas me porter sur ton dos ?... »

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Fin du 21ème chapitre

Vous avez déjà essayé de marcher pieds nus sur du bitume, vous ! Moi, en tout cas, je peux pas ! J'ai la peau trop tendre…Sur le sable et dans l'herbe, OK…mais pas sur le bitume ! En plus, après, on a les pieds tous noirs de saleté (et attention aux crottes de chiens!) beurk !

Autre particularité japonaise : Les Onsen : ce sont les bains japonais en plein air, avec l'eau qui provient directement des sources chaudes (le Japon étant une île volcanique). On en voit souvent dans les mangas.