Je vous remercie pour vos reviews sur l'histoire, ou pour m'encourager ! :D

Précédemment :

« N'oublie pas de désactiver tous les sorts de surveillance que Dumbledore pourrait avoir mis en place autour de ton dortoir et de ton lit. » lui dit sérieusement Tom.

« Tu vas me manquer aussi, Luther. » Harry sourit et s'éloigna avant que Tom ne puisse l'attraper.

« Dépêches-toi d'y aller et garde un œil sur Hermione, insolent. » Tom prit le même chemin que Drago un peu plus tôt.

Harry continua de sourire dans le dos de Tom avant de se retourner et de pourchasser Hermione.

TROISIÈME CHAPITRE

DEMAI'TAH

Harry s'assit dans un fauteuil en velours rouge, entouré par les ombres présentes dans le fond de la pièce, et jaugea la salle commune alors que tout le monde s'installait à son aise pour la réunion de Maison. Il regarda pendant un bon moment le professeur McGonagall expliquer le fonctionnement d'un certain nombre de choses aux nouveaux arrivants et avertir les plus anciens des nouvelles restrictions ajoutées à la liste des interdictions déjà en place. Elle présenta Hermione comme la préfète en chef, fierté de gryffondor. Les sourcils d'Harry se levèrent à cette déclaration. Hermione rougit d'embarras tout en souriant de plaisir à l'entente d'un tel compliment venant de la part de McGonagall. Harry se demanda si la directrice des gryffondor était sincère ou si c'était le directeur de l'école qui plaçait ses billes. Harry parvint de justesse à garder un grondement à la pensée du Plus Grand Bien. Quelle vaste supercherie.

En pensant aux parties d'échec grandeur nature jouées par le directeur, Harry fit le tour de la pièce afin de s'assurer que personne ne prêtait attention à lui avant de sortir la note qu'il avait reçue. Il était quasiment certain de connaître l'auteur de celle-ci. L'ouvrant, il en étudia le contenu.

Harry, mon garçon. J'espère que cette note te trouvera en bonne santé en ce merveilleux après-midi.

Je requiers ta présence dans mon bureau juste après le petit-déjeuner de demain matin.

Bien à toi,

Directeur Albus Dumbledore, École de magie et de sorcellerie de Poudlard

Harry sortit ses crocs, camouflés sous glamour, et grogna silencieusement en lisant la première ligne. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise à la troisième phrase, et faillit éclater de rire à la conclusion. Il relut la note un seconde fois, histoire de s'assurer qu'il n'avait rien compris de travers. Mémorisant le court message, il froissa celui-ci, le jeta, et avec un mouvement de main, le fit disparaître. Il se rencogna plus loin dans son fauteuil, et regarda les flammes dessiner des motifs abstraits dans l'âtre de la cheminée, à l'autre bout de la pièce. Hermione lui ferait payer son manque d'inattention, mais il ne voulait pas être un exemple pour les autres. Ou du moins pas avant d'avoir pu se reposer.

La fatigue qui l'assaillait l'aida à s'égarer plus facilement et lui fit fermer ses yeux. Quand la réunion fut finie, Harry réalisa qu'il s'était endormi car il eut une sensation étrange et ouvrit ses yeux juste à temps pour voir que Ron était proche de lui, la jambe levée et le pied à quelques centimètres de son ventre. Avant qu'il ne puisse réfléchir à comment réagir, un Ozemir flou avança et s'empara du mollet du roux, arrêtant instantanément son mouvement.

Ron eut à peine le temps d'être surpris qu'une force invisible le souleva et le jeta loin du brun, avec plus de puissance que nécessaire. Il couina quand il fut dans les airs, attirant l'attention des gryffondors rassemblés dans la pièce. Le groupe se tourna juste à temps pour voir Ron Weasley voler loin du survivant comme s'il avait été soufflé par un sort.

« Pourquoi tu as fait ça, Potter ? » cria Seamus, proche de lui.

« J'étais juste assis là, Seamus. Je n'ai rien fait. » Harry retint le ricanement qui voulait sortir. Au lieu de ça, il se leva et fit face au professeur McGonagall quand elle fendit la foule et le rejoignit. Hermione fit son apparition derrière elle, analysa la scène d'un œil critique, et en vint à ses propres conclusions.

Ron fut rapidement aidé et il n'avait presque rien, même si on ne pouvait pas en dire autant de son égo. Maintenant, il ne voulait plus que s'en aller.

« Monsieur Potter, qu'est-ce qu'il s'est passé, je vous prie ? »lui demanda McGonagall, affichant une expression sévère. Il apprécia qu'elle le lui demande avant de se faire son opinion et qu'elle n'assume, à tord comme les autres élèves, qu'il avait provoqué cette situation.

« Euh... » Harry était embarrassé et se gratta la nuque. « Je crois que je me suis endormi, professeur. Une seconde, tout allait bien, et ensuite je me réveille pour voir Ron voler à l'autre bout de la pièce. » Harry se tourna vers son ancien ami, son visage l'innocence incarnée. Hermione dut se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas rire. Ron se redressa, lançant un regard mauvais dans sa direction, mais resta silencieux pour une fois. Seulement parce qu'il voulait que personne ne sache ce qu'il avait essayé de faire.

McGonagall étudia Ron de la même façon qu'elle l'avait fait pour Harry. « Monsieur Weasley ? Vous avez quelque chose à ajouter ? »

« Je ne suis pas certain de ce qu'il s'est passé professeur, » marmonna-t-il en regardant le bout de ses chaussures.

Le professeur McGonagall les dévisagea à tour de rôle, avant de souffler en se retournant, consciente de l'animosité qui résidait entre les deux garçons. Au lieu que Potter et Malefoy soient ennemis, c'étaient Potter et Weasley, cette année. S'ils ne voulaient pas parler de ce qu'il venait de se passer, elle ne pourrait rien y changer. Elle n'avait de toute façon rien vu. Toutefois, elle ne pensait pas que Harry ait pu initier cette agression.

« Mademoiselle Granger, vous surveillerez ces deux-là, »lui ordonna Minerva alors qu'elle se dirigeait vers le tableau qui gardait l'entrée, la préfète à ses côtés.

« N'ayez crainte, professeur McGonagall, je les empêcherai de se battre, » lui répondit la brune en sortant de la salle commune. « Je vais aussi aller au fond de cette histoire. »

McGonagall lui fit un signe de tête sec avant de s'éloigner. Hermione fronça des sourcils après le départ de la directrice de maison. Minerva avait géré la situation différemment de ce qu'elle faisait d'habitude. Ce n'était pas son genre d'abandonner les disputes comme celle-ci aussi vite.

Elle secoua sa tête en entrant dans la salle commune et se faufila entre ses pairs pour se tenir entre Harry et Ron, qui n'avaient cessé de se tenir face à face en ne se lâchant pas du regard. La plupart des élèves fixaient Harry avec un regard accusateur, et Seamus assenait des mensonges à qui voulait bien l'entendre. « Ça suffit Seamus ! Dix point en moins pour Gryffondor pour répandre de fausses accusations contre un camarade de gryffondor. Maintenant, tout le monde dans son dortoir. Vous aurez tout le temps nécessaire pour vous retrouver demain. »

Harry se laissa retomber dans son fauteuil et attendit, regardant Hermione nettoyer la salle commune avec une efficacité qui dénotait une certaine pratique. Sa tâche lui fut facilitée quand Ron et Seamus partirent dans les premiers. « Ils ne te croient ni ne t'apprécient peut-être plus, mais ils continuent à t'obéir sans rechigner. Impressionnant. » dit Harry comme les derniers gryffondor quittaient la pièce.

« Je suis préfète. » Hermione s'assit dans son propre fauteuil, à côté de lui. « Ça doit les calmer de savoir que j'ai le dernier mot. »

Harry acquiesça et ferma les yeux. S'installant plus confortablement et s'enivrant des senteurs de la pièce. Après tous les événements de cet été, il était surpris de se sentir toujours à son aise ici. Surpris et satisfait. Ç'aurait été assez déstabilisant s'il avait changé au point de ne plus se sentir à sa place dans la tour de gryffondor. « Je suppose que tu veux savoir ce qu'il s'est passé ? » il lui demanda.

« Ron a dû essayer de te jeter un mauvais sort ou de t'attaquer d'une façon ou d'une autre… Ozemir ou Brumek est intervenu et a lancé cet imbécile à l'autre bout de la pièce, » devina-t-elle avec justesse.

Harry rigola. « Exactement. Et c'était Ozemir. » il se redressa et se tourna vers l'érudit derrière lui, le remerciant d'un sourire. « Merci, au passage. »

« Ce n'est que mon devoir. » répondit Ozemir en lui faisant un signe de tête.

Harry fronça des sourcils et se leva. Ozemir agissait bien trop étrangement depuis qu'il était revenu auprès d'eux. Il étudia le savant en s'approchant, voyant le masque sans expression qu'avait mis en place l'Ukatae. Même ses yeux violets étaient réservés quand il regarda Harry.

« Pourquoi tu agis de cette façon ? »il demanda une fois qu'il était face à lui.

« J'agis de façon adéquate, » répondit Ozemir, sans plus.

« Harry, ce n'est pas le moment, » s'exclama Hermione, empêchant Harry de poser plus de questions. « N'importe qui pourrait descendre et t'entendre parler tout seul, et penser que tu deviens fou. Je sais que tu veux savoir ce qu'il se passe, mais tu vas devoir faire un effort et attendre encore un peu. Nous sommes vendredi soir. Ce qui veut dire que nous n'avons plus que deux jours avant que les cours commencent. Nous irons tous ensemble à cette rencontre, après nous être reposé décemment. Comme ça, nous seront au meilleur de notre forme. » elle lui fit un sourire quand Harry se laissa tomber derrière elle. « Quel était ce message ? »

« Ah oui, c'est vrai ! Dumbledore veut me voir dans son bureau après le petit-déjeuner. »

« Et bien sûr, tu n'iras pas. »

« Si, j'irai. »

« Mais Harry... »

« Écoutes. Il a demandé à me voir. J'irai. Je veux savoir ce qu'il me veut et lui faire comprendre qu'il n'y aura aucune réconciliation possible. Il n'y a pas de raisons de s'inquiéter, Hermione » il poursuivit en la voyant se renfrogner. « Et ce n'est pas comme si j'allais être seul. Brumek et Ozemir seront avec moi. »

Hermione mordit sa lèvre inférieure, pas du tout convaincue. « Tu as parlé de ce message à Drago ? Tu lui as dit que tu comptais aller là-bas ? »

Harry s'agita dans le fauteuil, son attention se tournant vers le feu dans l'âtre. La brunette plissa ses yeux comme il ne parlait pas. « Harry ? »

« Ça va juste l'énerver. Je peux très bien lui dire quand ce sera fini. »

Hermione roula des yeux. « Oh, bien sûr, de cette façon il sera moins énervé... »

« Je lui dirait après. »

« Tu vas lui dire maintenant. Je n'ai pas envie de devoir gérer un elfe en colère demain. »

« Hermione, je t'aime, mais tu devrais la boucler, » dit doucement Harry, espérant qu'elle n'entende pas. Sauf qu'elle l'entendit et ses yeux s'agrandirent avant de se transformer en deux fentes en quelques secondes.

« tu vas lui dire, Harry, » maintint-elle. « Ou alors je lui dirais demain pendant le petit-déjeuner. » Sans attendre de réponse, Hermione se dirigea vers un grand portrait dans un coin de la pièce. Harry, lui lança un regard torve et la vit se pencher vers le portrait et chuchoter, « Severus est sexy. » Le portrait déverrouilla l'ouverture de ses quartiers.

Le brun ne put s'en empêcher. Un fou rire s'empara de lui. « Mione, tu n'as pas fais ça ! » Sans se retourner, elle leva son menton et disparut à travers le passage menant à la chambre de préfet de gryffondor. Harry fixa le portrait longtemps après qu'il se soit fermé derrière sa sœur.

Laissant sa tête tomber en arrière, il ferma ses yeux. Il ne voulait pas aller dans son lit – non ce n'était pas ça. Il ne voulait pas aller au lit sans Drago, et il ne se sentait pas prêt à faire avec la présence de Ron et Seamus non plus. Sans oublier que quand il serait là-haut, il devrait s'occuper de lever les sorts que Dumbledore avait placé sur le dortoir et son lit, ainsi que les maléfices que Ron et Seamus avaient probablement placés sur ses affaires.

« Tu devrais aller te coucher, petit. » dit Ozemir en se laissant tomber là où Hermione s'était tenue. Harry le regarda suspicieusement. L'érudit lui souriait, ses yeux brillants et grand ouverts. En totale opposition de ce qu'il était quelques minutes auparavant. Le brun regarda autour de lui et vit que Brumek était absent.

« Où est-ce que Brumek est allé ? »

« S'assurer qu'il n'y a aucun sort dangereux autour de ton dortoir. »

« Vraiment ? Génial ! » Harry posa prestement ses pieds sur la table face à lui et fixa Ozemir. « Tu vas pouvoir me dire pourquoi vous agissez bizarrement tous les deux ? » demanda-t-il calmement.

« Je n'agis pas bizarrement. »

Harry renifla. « Ne me prends pas pour un imbécile… 'C'est mon devoir envers toi' ? C'était pour quoi, ça ? »

« Tu n'étais pas seul. Je me dois d'agir en conséquence. »

« Bon Dieu, mais de quoi est-ce que tu parles ? » siffla Harry. « S'il te plaît, dis-moi ce qu'il se passe. » Il aperçut un mouvement dans sa vision périphérique. Brumek revenait du dortoir.

« Falde dit que ça va commencer demain, » répondit Ozemir, observant Brumek descendre les escaliers, de l'incertitude voilant ses yeux violets. « Nous te le dirons à ce moment, » termina-t-il doucement, dirigeant son regard vers la table tandis que le soldat s'approchait d'eux.

« Ta chambre est sûre, » annonça ce dernier. Le soldat imposant garda ses yeux sur Harry et agit comme si Ozemir n'était pas là. En fait, Harry ne se souvenait pas avoir vu ses deux gardiens échanger une seule parole de toute la soirée. C'était étrange parce qu'Ozemir semblait toujours avoir quelque chose à dire à Brumek. Mais quand celui-ci se tenait à côté de lui, Ozemir refusait de le regarder.

« Ouais, » lui répondit lentement le gryffondor. « Merci de t'en être occupé. Je ne m'en sentais pas le courage. »

« Ce n'était rien,» dit Brumek. « Tu aimerais sans doute savoir que le roux et ses amis dorment. »

« Déjà ? »

Brumek sourit de façon narquoise. « Ils ont eu un peu d'aide et ne se réveilleront pas d'ici demain matin. Je les ai trouvé en train de manipuler en douce tes affaires. »

« Merci Brumek ! »

« Pas besoin de me remercier. Nous sommes là pour te protéger. »

« Oui… J'apprécie quand même le geste. »

Ozemir se redressa brusquement, comme si ses fesses avaient pris feu, et se précipita de l'autre côté de la pièce. Harry le regarda se déplacer, confus, avant de hausser un sourcil vers Brumek, qui s'était finalement tourné pour regarder son éternel admirateur. Le désespoir sembla sortir de chaque pore du guerrier et il veilla sur Ozemir, empli de nostalgie. Ozemir n'en était pas conscient et fixait le plafond avec fascination.

Allez, Ozemir. Regarde le. Regarde ses yeux ! Harry souhaita silencieusement que l'érudit le regarde, qu'il voit ce que lui voyait. Il voulait qu'Ozemir sache que Brumek en pinçait pour lui. Mais Ozemir continuait sa contemplation du plafond, inébranlable, et Brumek avait déjà détourné le regard, enfermant ses émotions au fond de lui. Il paraissait en colère, et Harry se rendit compte qu'il était en conflit avec lui-même, se livrant un bataille interne. L'expression qu'il avait arboré quelques instants plus tôt lui fit dire qu'il était en train de perdre ce combat. Harry avait maintenant une idée de ce qu'il devait se passer avec Brumek.

… … …

Tôt le lendemain matin, Harry parcourut les couloirs jusqu'à la grande salle pour le petit-déjeuner, et ne fut pas surpris de voir Hermione déjà installée, un livre ouvert à côté de son assiette. Le reste de la salle était relativement vide, si ce n'était quelques groupes d'élèves ici et là à chaque table. Et bien qu'il soit encore tôt, il fut surpris de voir la plupart des professeurs présents. Seuls Hagrid, le professeur Klyne, et Dumbledore étaient absents.

Harry ignora le reste de l'équipe professorale quand ils le regardèrent prendre place. Il adressa un furtif sourire fatigué à Severus quand celui-ci croisa son regard, mais Severus ne parut que très légèrement amusé de son air peiné.

« Bonjour, Harry ! » lui souhaita joyeusement Hermione alors qu'il s'asseyait. « Tu as bien dormi ? »

« Comme une merde, merci. Toi ? » grommela-t-il.

« Parfaitement bien, merci. » Le mensonge était convainquant et Harry se tourna vers son déjeuner avec un grognement jaloux. Hermione allait en faire de même, mais elle connaissait son frère, tout comme elle connaissait son langage corporel, et il lui criait sa détresse. Elle étudia le visage de Harry avant que ses traits ne s'adoucissent. « C'était dur ? » lui chuchota-t-elle.

Harry acquiesça immédiatement. « Plus que ce que je ne pensais. » Il se tourna vers elle et lui adressa un regard suppliant. « Je ne veux plus le faire » gémit-il. « S'il te plaît, ne me le fais pas refaire. »

Hermione plissa ses yeux et lui fit non de la tête. Si elle pouvait le faire, alors lui aussi. « Tu envisages toujours de voir Dumbledore ? » lui demanda-t-elle finalement.

« Oui. Et non, je ne l'ai pas dis à Drago. Je le ferais avant d'y aller. » Harry fixa les grandes portes. « S'il arrive ici ! »

« Tu ne peux pas lui demander tout simplement où il se trouve ? »

« La dernière fois que nous avons parlé, s'était lors de ma première tentative pour dormir. Drago a pensé qu'il serait mieux que nous coupions complètement les ponts, ou nous serions tenté d'apparaître dans la chambre de l'autre. Soit aucune télépathie. Même si… J'ai failli aller le voir une bonne centaine de fois avant de m'endormir. »

Hermione secoua sa tête, compréhensive, et lui frotta le bras en réconfort. « Ça deviendra de plus en plus facile. »

Les traits de Harry se tordirent de colère. « Je ne veux pas que ça devienne plus facile, » cracha-t-il. « Je veux pouvoir dormir avec mon dragon ! »

« Et si tu le disais un peu plus fort, Harry ? Je pense qu'ils ne t'ont pas entendu en Russie. » le gronda Hermione en prenant un croissant.

Les yeux du brun roulèrent dans ses orbites. « Je ne l'ai pas dis si fort que ça. Personne ne m'a entendu. »

Les portes de la grande salle s'ouvrirent sur Tom suivi de près par un blond irascible dont le regard alla directement vers la table des gryffondors avec surprise, et dont l'irritation s'évanouit aussitôt, remplacée par un magnifique sourire naissant sur son visage, illuminant presque entièrement la pièce à lui seul. Le pauvre professeur Flitwick s'étouffa avec son jus de citrouille, choqué de voir un tel sourire venant de Malefoy, et les joues du professeur Vector se tintèrent de rose et elle dut se rappeler qu'elle était en train de dévorer un élève du regard. Un élève qui s'était clairement entiché de quelqu'un à la table des gryffondors.

Drago attrapa la manche de Tom et changea de direction, partant droit vers la table des rouge et or. Quand il l'atteignit, il s'assit entre Harry et Hermione, et posa un bras sur les épaules de celle-ci, la serrant de façon amicale. Severus ne put s'empêcher de renifler quand le professeur Flitwick couina et tomba de sa chaise. Harry mis sa main devant sa bouche, essayant de retenir son rire aux airs choqués qu'il voyait. Il pouvait tout à fait imaginer ce que chacun pensait. Ils n'avaient jamais pensé que Hermione puisse être celle que le jeune héritier des Malefoy voyait.

« Bien le bonjour. » Hermione sourit au blond et aperçut le mouvement rapide de ce dernier, qui glissa sa main sous la table, à côté de celle de Harry, celles-ci se rejoignant instantanément comme si elles étaient aimantées. Harry souffla de soulagement au toucher.

« Je suppose que nous allons être agréables les uns envers les autres aujourd'hui ? » elle demanda à Tom qui s'asseyait à côté d'elle avec difficulté. Tom n'était pas du tout impressionné de devoir s'asseoir à la table des lions. Il était plutôt dégoûté.

« On dirait bien, non ? » répondit-il platement, ne voulant pas que sa sœur devine ce qu'il pensait de sa maison. Il la remercia d'un signe de tête quand elle lui passa la carafe de lait.

« Drago à l'air tellement soulagé de voir Harry, » commenta-t-elle doucement.

Tom regarda ses deux frères à côté d'elle, et un petit sourire apparut brièvement sur son visage, avant qu'il ne se souvienne à nouveau où il était assis. « Harry est connu pour éviter de se réveiller de bonne heure autant que possible. Drago s'est dit que Harry serait toujours au lit pour un bon moment. Je parie que Harry n'a pas bien dormi, lui aussi. »

Hermione secoua la tête avant de sourire au groupe de première année de gryffondor désireux d'apprendre tout ce qu'ils pouvaient de leur nouvelle vie à Poudlard, et pour ce faire, venaient prendre un déjeuner tôt avant de commencer leurs explorations et découvertes. Hermione applaudit mentalement quand les jeunes élèves s'installèrent près d'eux. Tom fit une mine renfrognée à l'un des garçons qui s'assit face à lui, jusqu'à ce qu'elle donne un coup de pied bien senti au Seigneur des Ténèbres sous la table. « Harry est convoqué par Dumbledore ce matin. »

« Oh ? » Les yeux de Tom s'étrécirent. « En voilà des nouvelles. »

« Oui. Le message qu'il a reçu après le repas venait de lui. Harry à l'intention d'y aller. »

« Comme ce qu'on attend de lui, » lui répondit Tom avec un hochement de tête ferme. « Nous n'avons rien à craindre. »

« N'est-ce pas la crainte qui empêche justement Harry de le dire à Drago ? » demanda-t-elle un peu trop fort.

Un sourcil parfaitement dessiné s'éleva lentement lorsque Drago se tourna vers Harry.

« Hermione, j'étais sur le point de lui dire, » marmonna Harry.

Le blond plissa ses yeux. « Me dire quoi ? »

« Dumbledore m'a invité à le rejoindre dans son bureau ce matin. »

« Et ? »

« Et je vais y aller. »

« Très bien. Mais je viens avec toi. »

Harry était heureux de constater que Drago ne lui interdisait pas formellement de le voir, et le remercia d'un sourire et d'un signe de tête. Et il était plus que satisfait de savoir que son compagnon serait à ses côtés lors de cette rencontre. Ils n'étaient plus fort qu'en étant soudés. « Qu'est-ce que tu fais ici, d'ailleurs ? » interrogea Harry.

« Je suis en train de travailler sur notre campagne d'union inter-maisons, Potter. » Drago fit un sourire brillant au petit première année face à eux, bien que Harry pouvait dire que ledit sourire était fabriqué de toute pièce. Heureusement, le première année n'y voyait que du feu. « C'est sûrement évident, » dit-il hautainement en refusant de regarder Harry dont le sourire s'élargit.

« Peu importe. » Harry se pencha un peu plus près pour chuchoter dans l'oreille de son compagnon, surprenant le jeune élève face à eux. « Admets simplement que je t'ai manqué. »

Drago lâcha la main du brun pour caresser la cuisse du gryffondor. J'ai fais une erreur, lui transmit-il sérieusement par la pensée. Je vais me rattraper immédiatement.

De quoi est-ce que tu parles ?

De garder notre relation secrète. Ce ne me convient pas.

Merlin merci ! Alors nous n'aurons plus besoin de prétendre n'être que des amis ou autre, hein ?

Encore pour un petit moment.

Mais tu viens de dire …

Je te promets, amour. Seulement pour un court instant. Il y a encore une chose que je dois faire. Après ça, personne ne doutera vers qui mon cœur penche.

C'est… Inhabituellement tendre venant de ta part, Drago. Et nous ne sommes même au lit.

Drago le fixa, piqué au vif, avant de voler une viennoiserie dans son assiette. Encore une remarque du genre et tu me dissuades d'être totalement honnête avec toi à l'avenir.

Harry prit son verre de jus et sourit derrière le rebord.Quelle est cette chose que tu dois faire ?

C'était au tour de Drago de sourire. Tu le sauras quand ce sera le bon moment, Potter.

Harry fit la moue. Là, tout de suite, je te déteste.

… … …

Ozemir fit quelques pas en observant la pièce. La grande salle se remplissait doucement mais sûrement, et les jeunes elfes étaient toujours installés autour de la table, parlant calmement ensemble. Il commençait à s'ennuyer quand il sentit sur lui un regard brûlant. Il se fit un plaisir de trouver son propriétaire, toute distraction étant la bienvenue. Et il se figea, sa respiration se bloquant dans sa gorge, ayant l'impression qu'une main invisible tordait ses poumons et comprimait son cœur. Son monde s'arrêta brusquement de tourner en s'apercevant que c'était Brumek et il comprit enfin pourquoi le guerrier agissait bizarrement, le faisant de ce fait se sentir chamboulé.

Son admiration pour Brumek n'était un secret pour personne, vu que tout le monde sauf le concerné avait deviné son attachement depuis un bon bout de temps. Ça n'avait même pas pris longtemps aux Petits de faire le lien, mais là encore, lesdits Petits étaient sensibles aux émotions des autres, ce n'était donc pas une surprise qu'ils aient rapidement su la vérité à propos de ses sentiments pour le guerrier bourru.

Ce dernier, toutefois, était inconscient de ce que l'érudit ressentait, et Ozemir préférait ça, espérait même qu'il reste ignorant. Il n'avait jamais espéré qu'ils puissent devenir amants, et encore moins des compagnons. On ne pouvait pas lui accorder un tel bonheur. Il ne le méritait pas. Et il ne voulait pas que Brumek se rapproche de lui, qu'il mette à jour le secret qu'il cachait depuis cinq cent ans. Il ne s'autorisait qu'à flirter avec Brumek, puisqu'il savait que le guerrier ne lui rendrait pas la pareille. Ça n'aurait pas dû affecter Brumek.

Hirsha devait penser qu'il méritait de souffrir un peu plus, pensa Ozemir, hébété par le regard angoissé que Brumek lui retourna. Car il était clair que Brumek ressentait quelque chose pour lui et Ozemir réalisa enfin de quoi il s'agissait. L'appel du Compagnon. Ça n'arrivait que quand un des compagnons prédestinés ignorait la pulsion et l'attrait de leur magie envers celle de l'autre, une fois les deux entrées en contact. Et c'était ce que Brumek expérimentait. Mais Ozemir pensait que Brumek n'était pas pleinement conscient de l'attraction qu'il ressentait, ce qui le rendait coléreux, désespéré et effrayé. L'appel du Compagnon ne faisait effet qu'après avoir ignoré l'attraction pendant trop longtemps. Et quand les compagnons étaient séparés pendant un certain temps, l'Appel agissait sur les sens, chaque cellule de son être suppliant de sentir le toucher de l'autre moitié. Aucun autre contact ne ferait l'affaire. Ça ne pouvait venir que du compagnon désigné.

Brumek était beaucoup plus impacté par ce qu'il leur arrivait qu'Ozemir, puisque celui-ci était conscient de leur destin, à l'inverse du premier. Ozemir s'en était aperçu dès leur première rencontre en testant les limites du soldat pour s'amuser, ayant toujours été en contact avec la personne qui lui était destinée, flirtant outrageusement avec pour le faire sortir de ses gonds. Brumek avait tenté de conserver le maximum de distance entre lui et l'érudit la plupart du temps. Ce qui expliquait maintenant pourquoi il se tenait là, pâle et tremblant. Le regardant furieusement mais le priant aussi silencieusement de le libérer de sa peine.

Ça n'aurait pas dû arriver, pensa Ozemir, éperdu, en se déplaçant, parcourant lentement la grande salle, longeant le mur le plus proche des jeunes qu'ils protégeaient contre lequel Brumek s'était adossé. Il ne savait pas comment s'y prendre. Il voulait juste ne pas s'impliquer plus. Mais il n'avait pas le choix et ne pouvait rien y faire. Brumek était coincé avec lui. Brumek n'avait pas eu le choix…

Celui-ci observa Ozemir s'approcher de lui, et sans qu'il ne s'en aperçoive, son corps se détendait. Jusqu'à ce qu'un air triste naisse sur les traits de l'érudit et que ses yeux violets se remplissent de larmes contenues. Quand enfin il se tint devant lui, Brumek lutta pour rester maître de lui-même, essayant de se contrôler pour ne pas toucher l'érudit afin d'éloigner la tristesse qui l'avait envahi.

Quand Ozemir posa une main sur la poitrine de Brumek et lui adressa un sourire triste, celui-ci soupira de soulagement. La douleur causée par la tension due à l'Appel du Compagnon s'apaisa, tenue éloignée pour quelques heures encore.

« Je suis désolé, » chuchota Ozemir. « Je sais que tu ne veux pas de ce qui nous arrive, que tu ne pourras jamais être heureux avec moi et je ne t'aurais jamais souhaité tout ceci. J-Je te souhaite tellement mieux. Tu mérites mieux... » Ozemir brisa le contact visuel tout à coup et avait reculé d'un pas avant que Brumek n'ait conscience qu'il bougeait.

Le soldat ferma les yeux pour chasser la migraine qu'il sentait poindre. En les rouvrant, il vit Harry le dévisager platement, et s'il ne se trompait pas, un éclair d'avertissement traversait les yeux vert, lui étant adressé. La même sensation se fit ressentir quand Drago se tourna pour faire face à Harry, tout en regardant froidement Brumek du coin des yeux qu'il plissait. Il adressa une mine renfrognée aux deux jeunes avant de regarder ailleurs pour détecter tout problème pouvant surgir dans la grande salle. Son esprit assailli par une tempête de pensées et d'émotions.

Ils étaient des compagnons. On ne pouvait plus dire le contraire, maintenant. Dans le train, il l'avait nié de tout son être jusqu'au retour de Falde et Ozemir à l'école des plus jeunes, et Ozemir l'avait instantanément rejoint pour caresser son bras nu de sa main. Ozemir l'avait regardé bizarrement, ainsi que sa main qui semblait avoir bougé sans qu'il en ait conscience pour apaiser la tension de Brumek. C'était à ce moment précis que Brumek ne pouvait plus nier quoi que ce fut. Quand son trouble s'était évanoui sous la chaleur du toucher d'Ozemir, la vérité l'avait saisi, aveuglante et indéniable. Ça l'avait tourmenté et le rendait toujours furieux. Il ne voulait pas d'un compagnon. Il n'était pas fait pour en avoir un.

Et ça n'était pas pas parce que c'était Ozemir, ou parce que celui-ci était un homme. Le mois passé, Brumek n'avait pas compté le nombre de fois où il avait rêvé du séduisant érudit, et c'étaient les meilleurs rêves qu'il ait pu avoir. Qu'Ozemir pense qu'il ne voudrait pas de lui comme compagnon dérangeait Brumek. Et bien qu'il ne soit pas contre l'idée d'être prédestiné à Ozemir, il était plutôt contre l'idée même d'être lié à quelqu'un. Brumek s'était fait à l'idée de n'être jamais lié, il y a longtemps, et il l'avait accepté.

Sortant de ses pensées, le soldat, étonné, se rendit compte qu'il avait fixé Ozemir tout du long. L'érudit l'ignorait studieusement, un océan de culpabilité noyant ses yeux, et pour la première fois depuis que Brumek le connaissait, Ozemir ne semblait pas à sa place et voulait être ailleurs qu'ici. A l'opposé même de son caractère. Ozemir ne s'était jamais plaint de là où il était. Il aimait beaucoup découvrir son environnement, se familiariser avec les personnes qui l'entouraient, utilisant sa curiosité comme excuse pour aller fouiner où qu'il soit. C'était l'une de ses excentricités qui faisait tourner Brumek en bourrique.

Il plissa ses yeux quand Talyn s'approcha de l'érudit, grinçant des dents lorsqu'elle posa une main sur le bras d'Ozemir pour obtenir son attention. Talyn lui chuchota quelque chose et Ozemir regarda Falde avec intérêt, celui-ci acquiesçant aux propos qu'elle venait de lui tenir. Ozemir disparut dans les Ombres aussitôt. Brumek avait toujours une grimace de contrariété quand il rencontra le regard de Falde. Il cligna des yeux sous le choc de voir la déception apparaître sur les traits de son mentor, et Talyn lui fit un regard noir en reprenant sa place. Brumek ne savait plus quoi faire ni quoi penser de la situation. Tout le monde semblait être contre lui et s'inquiéter de l'état d'Ozemir. Il ne pouvait pas vraiment leur en vouloir. Pour une raison étrange, il était très préoccupé pour l'érudit, lui aussi.

Harry se détourna de Brumek pour constater l'air sévère qu'arboraient les deux autres elfes. « Je suis désolé pour Brumek, maintenant... »

Drago vit le trouble qui s'était emparé de Brumek et renifla. « Ouais, si tu le dis. » Les portes s'ouvrirent de nouveau et les garçons de septième année appartenant à gryffondor entrèrent. Drago donna un coup de coude dans le bras de son amant. « Finissons-en avec cette convocation. »

Harry acquiesça et se leva. « Nous vous verrons plus tard, » dit-il à Hermione et Tom. « Faites attention à Ron. »

Tom hocha la tête et regarda le couple partir, avant de sourire malicieusement lorsque Harry bouscula avec force Weasley, laissant le rouquin bouche bée d'incrédulité. Weasley se reprit enfin et reprit sa progression vers l'horrible table des gryffondors avant de se figer en voyant Tom assis aux côtés d'Hermione.

« Il ne leur arrivera rien, » dit Tom de façon apaisante à sa sœur, indifférent au désagrément que sa vue causait au rouquin. Hermione et lui saluèrent discrètement Dean et Neville à leur passage. Neville fut surpris que Tom le reconnaisse. Dean, en tant que sang-mêlé, était méfiant, mais il lui répondit d'un signe de tête respectueux quand l'attention de Ron et Seamus était ailleurs. « Ils sauront se protéger du vieux sorcier. »

Hermione acquiesça, mais n'en fut pas plus soulagée. Tom soupira intérieurement de frustration, résigné, en se sentant contraint de vouloir la soulager comme il le pouvait. « Tu as fini ton déjeuner ? Je voudrais te montrer un livre. Un livre très spécial que je n'ai pas vu depuis des années. Je voudrais le partager avec toi. »

Hermione le regarda avec des yeux brillants. « Vraiment ? Il doit être très intéressant si c'est toi que me le propose ! En quoi est-il particulier ? » Elle sautillait sur son siège. « Ça parle de quoi ? » Hermione fit un signe d'au-revoir aux premières années qui ne pouvaient pas faire autrement qu'être éberlués de ses manières et de la regarder précautionneusement.

Tom gloussa en se relevant et lui proposa son bras. Elle enroula instantanément le sien autour, jetant un dernier regard à la table des professeurs, et quitta la grande salle, continuant l'inquisition qu'elle menait à propos du livre secret de Tom.

… … …

Drago et Harry se tenaient face à la gargouille qui gardait l'entrée du bureau du directeur et dirent tous les noms de friandises qu'ils connaissaient pendant deux minutes avant de trouver le bon mot de passe.

Drago grogna d'agacement quand l'entrée se révéla enfin à eux. « Il a intérêt à être présent ! »

Harry ne sut pas quoi répondre alors qu'ils empruntaient les escaliers menant au bureau de Dumbledore. Le brun s'arrêta devant la porte et jeta un coup d'œil à Drago, prêt à cogner à la porte. Le blond leva les yeux au ciel et lui donna un coup dans l'épaule pour qu'il bouge.

Dumbledore demanda à Harry d'entrer d'une voix étrangement étranglée dès le premier coup frappé, et le couple n'hésita pas un instant. Les foulées de Harry s'atténuèrent quand il aperçut Ozemir reculer vivement du directeur et disparaître. Les yeux de Dumbledore suivirent l'érudit et vacillèrent quand il s'envola avec un sourire canaille.

Brumek et Talyn observèrent Ozemir avec curiosité, une curiosité plutôt agacée de la part du guerrier, et Falde se posta à leur côté avec un visage neutre. Harry ne s'inquiéta pas de ce manège. Ce qui le préoccupait était la peur qui avait envahi brièvement le visage de Dumbledore avant qu'Ozemir ne recule et disparaisse. Harry se demanda un court instant pourquoi Ozemir était parti, au lieu de se cacher dans les Ombres. Mais Falde semblait penser que le départ d'Ozemir n'était pas un problème, ne faisant rien de plus que surveiller Dumbledore d'un regard affûté.

Dumbledore se reprit et se leva quand ils avancèrent vers lui, levant ses mains dans un geste de bienvenue, un sourire ornant ses lèvres. Un des sourcils de Harry se leva à ce comportement, mais il ne dit rien et prit place avec Drago sur les sièges en face du bureau, sans attendre d'y être invité. Ce qui, il le savait, énerverait Dumbledore pour de bon. C'était un flagrant manque de respect.

Dumbledore étudia les deux compagnons en se rasseyant. Ils lui rendirent son regard, affichant un air serein et sans signe d'anxiété. Ils portaient leur glamour, il le savait, mais seulement pour cacher leurs oreilles et leurs crocs. Outre cela, ils affichaient les traits qu'ils avaient eu après la transformation. Des traits sans défaut taillés dans la pierre, figés dans l'éternité à tout jamais. C'est comme ça qu'ils lui rappelaient qu'ils étaient des Ukataes, et qu'ils garderaient les même traits pendant plus de décennies que quiconque ne connaîtrait. Seulement s'il les laissait vivre aussi longtemps, il en allait de soi. Et il ne le permettrait pas.

Avant de parler, Dumbledore jeta un coup d'œil à l'endroit où Ozemir avait disparu et fronça ses sourcils avant de s'adresser directement à Drago. « Monsieur Malefoy, » le salua-t-il cordialement. Drago ne fit aucun mouvement, mais Harry tapota ses doigts d'impatience sur ses genoux. « Vous semblez en bonne santé. Je dois dire que c'est une surprise de vous voir ici ce matin. »

« Dumbledore. » Harry se pencha vers l'avant. « Arrêtons les faux-semblant. Vous savez que c'est mon compagnon. Vous savez ce que nous sommes. »

« Oui. Bien sûr que je le sais. »

« Vous pensiez sincèrement que j'allais laisser mon compagnon seul avec vous ? » dit Drago d'une voix traînante en se déplaçant sur son siège de façon à pouvoir passer un bras derrière son dossier.

« Je pensais qu'avoir ses gardes suffirait à Harry. »

« Et vous pensiez mal. » Harry se recula en posant sa cheville sur son genou. « Vous en avez déjà rencontré un. Autant tous les rencontrer. Particulièrement en prenant en compte qu'ils ont tous les droits dans l'enceinte de Poudlard, et que vous ne pourrez rien y faire. »

Harry continua son observation du vieil homme et Drago fit signe à leurs gardes de se présenter. Comme un seul homme, les trois gardes sortirent de l'Ombre. Harry était ravi de voir la surprise de Dumbledore, et satisfait de sa frustration quand le directeur se rendit compte que Drago et Harry étaient vraiment bien protégés, où qu'ils aillent.

Un sourire orna les lèvres de Drago quand Talyn se percha sur le bord du bureau de Dumbledore et se pencha près du sorcier. La bouche de la garde s'étira quand le directeur écarquilla les yeux parce qu'elle avait passé les sorts de protection qui entouraient le meuble sans aucun effort.

« J'espère que vous avez pris Ozemir au sérieux, quoi qu'il vous ait dit.. Et je suis certaine qu'il vous a averti à sa façon, terrifiant... » tout les Ukataes sourirent malicieusement quand Brumek laissa échapper un léger reniflement. « Maintenant, c'est à mon tour, vieil homme. Menacez les plus jeunes d'entre nous et votre sang nous appartiendra. Nous aimons beaucoup Harry et Drago. Je détesterai que quelque chose de mal leur arrive. Et vous n'aimeriez pas qu'il vous arrive des mauvaises choses. » Elle se pencha un peu plus, sa longue tresse glissant de son épaule pour venir taper une des épaules de Dumbledore. « Il y a des sorts bien pires que la mort, » termina-t-elle en faisant un clin d'œil à Harry avant de se redresser pour reprendre sa place près de Falde.

« Qu'est-ce que vous voulez ? » demanda un Harry ennuyé au directeur de Poudlard.

« Harry, je sais que nous ne nous sommes pas bien compris ces derniers temps, et j'ai demandé à ce que tu viennes ce matin pour quoi nous discutions de ce qu'il s'est passé et que nous mettions les choses à plat. » Dumbledore semblait dans l'attente d'une réponse de Harry, mais le gryffondor se renfrogna et ne fit aucun commentaire.

« Vous dites que vous ne voulez plus qu'il y ait d'incompréhensions entre nous ? » demanda Drago en se redressant dans son siège. « Est-ce bien ce que vous venez de dire ? »

« C'est ce que j'ai dis, monsieur Malefoy. »

Le rire creux de Harry s'éleva dans la pièce tandis qu'il bondissait sur ses pieds et avançait jusqu'à ce que ses cuisses butent sur le bord du bureau directorial. Il était satisfait de pouvoir ressentir la magie protectrice entourant Dumbledore. Ça signifiait qu'il les craignait. Et même si ce n'était qu'un peu, c'était toujours de la peur et il pouvait s'en repaître.

« Il n'y a pas matière à plaisanter, Harry. Nous devons surmonter nos différends si nous voulons avancer et vaincre Voldemort. »

Harry cessa de rire soudainement et regarda sombrement le meurtrier de ses parents. « Parce que j'avais l'air amusé, vieil homme ? Il n'y avait aucune joie dans ce rire... »

« Harry, s'il te plaît. Nous devons parler, » se lança Dumbledore, mais il fut interrompu par la main que le brun leva.

« Est-ce que j'ai l'air de vouloir laisser derrière nous cette soi-disant incompréhension, foutu salopard ? »

Derrière eux, Drago pouvait entendre les cris de surprise et les hoquets outragés des directeurs et directrices précédents depuis leurs portraits. Sa boucha s'étira en un mince sourire. Ils allaient en avoir plein les oreilles, et peut-être qu'ils allaient commencer à répandre des rumeurs néfastes qui feraient un effet boule de neige et détrôneraient Dumbledore de sa place du plus grand sorcier toujours en vie. Un ramassis de conneries, avait toujours pensé Drago. Pour une fois, il était ravi d'avoir raison.

Dumbledore se mut lentement, reprenant contenance et se dressant de toute sa hauteur. Il dévisagea son ancien jeune protégé, bien que celui-ci ait grandi et pris confiance en lui. Il ne ressemblait plus du tout à un petit garçon. « Vingt points en moins pour gryffondor. Je suis toujours votre aîné, monsieur Potter. Vous devez me montrer le respect qui m'est dû. »

« Vous allez vous asseoir, » l'instruisit Falde sombrement pendant que Drago se levait à son tour, grondant dangereusement contre le vieil homme. Falde s'avança jusqu'à être à la hauteur de Drago, posant une main sur l'épaule crispée. « Et vous n'élèverez plus la voix contre eux, sorcier. On vous a sûrement informé de leur importance. Ils auront tout votre respect, même s'ils n'en veulent pas. Est-ce bien compris ? » acheva Falde, regardant Dumbledore de haut. Et bien que Dumbledore ne lui réponde pas, le fait qu'il reprenne place dans son fauteuil suffit amplement à l'Ukatae. Il y avait toutefois un dernier point que Falde voulait faire comprendre au vieil humain.

« Conformément à la loi Ukatae, qui a la préséance sur toute autre loi lorsqu'un Ukatae vit parmi les humains, peu importe la raison, les nôtres ont le droit d'agir contre tout être ou toute chose menaçant leur compagnon en toute impunité. Et ils ne pourront être tenu responsable de leurs actions. »

« Ce qui veut dire que je peux vous tuer si vous élevez un peu trop la voix contre mon aimé, » dit Drago, un grondement sourd s'élevant de sa gorge. « Je peux vous éviscérer si vous levez le moindre doigt vers Harry. Compris ? » Il eut un sourire satisfait quand Harry le rejoignit pour lui donner une caresse pleine de tendresse à la vue du directeur. « Vous devriez comprendre que je le ferai, et plus encore, avec le plus grand des plaisirs, et que ni vous, ni le ministère de la magie ne pourra m'en tenir rigueur. »

Avant que Dumbledore ne se fâche et lui sorte une phrase bien sentie, Harry lui refit face et gronda en montrant ses dents. « Vous allez bientôt perdre le moindre respect que tous vous ont accordé. Vous feriez bien de vous y préparer. » Harry fit une pause dans sa déclaration pour prendre une profonde respiration. Drago posa une main sur sa nuque, apaisante. « Vous avez tué mes parents. Vous n'aurez plus jamais mon respect, » termina Harry sans émotions apparentes. Les yeux du directeur s'écarquillèrent.

Drago ricana quand les portraits créèrent un vacarme sans nom, hurlant des questions et exigeant des preuves. Les yeux scintillants de l'accusé cherchèrent un échappatoire autour de lui un bref instant et les portraits commencèrent à chuchoter quand le directeur en titre mit trop de temps à nier.

« Vous avez fait kidnapper Hermione, Luna, Neville et Dean, et ordonné qu'ils soient exécutés, » continua Harry. Les murmures prirent plus d'ampleur et Dumbledore bondit sur ses pieds. Drago leva une main pour empêcher leurs gardiens d'intervenir au mouvement abrupt du vieux sorcier. Harry n'avait pas besoin de leur aide.

« Harry, où as-tu entendu pareille idiotie ? Comment peux-tu croire que quoi que ce soit de ce qui a été dit puisse être vrai ? »

« Épargnez-moi vos mensonges, Dumbledore, et tout démenti qui pourrait tenir la route selon vous. » Harry posa une main sur le bureau, celle-ci traversant la barrière de protection sans effort. L'auteur des sorts était stupéfait quand ils s'écroulèrent. « Nous savons tous les deux que ces accusations sont les faits. Je vous ai vu les accomplir de mes propres yeux. Je vous ai vu lancer l'Imperium sur mon père et lui ordonner de tuer ma mère avant que vous ne lui fassiez retourner sa baguette contre lui, » chuchota le gryffondor en se penchant en avant.

Les portraits s'étaient complètement tus et retenaient leur souffle en écoutant attentivement. « Et à cause de ça, je ne veux plus jamais être dans une même pièce que vous. Je ne suis venu ici que pour vous dire cela. Nous pouvons jouer à votre jeu et faire comme si tout allait bien en public, mais considérez que vous n'existez plus pour moi. Vous n'aurez d'intérêt que quand il sera temps pour vous de payer pour les crimes que vous avez commis envers moi et le monde sorcier. Y compris Tom Jedusor. Alors ne m'invitez plus à prendre le thé, ou quoi que fut cette convocation. Parce que je ne viendrai plus quand vous m'appellerez désormais. Je ne vous répondrai plus. Suis-je clair ? Et si vous ne comprenez pas, c'est votre problème, ce n'est plus le mien. »

Drago sourit froidement au vieux sorcier sans voix. « Je me disais… Peut-être que vous devriez profiter des prochains mois pour mettre vos affaires en ordre, Dumbledore. »

« C'est un très bon conseil, Drago. » Ses brillants yeux verts toujours rivés sur son ancien mentor, Harry sourit et acquiesça. « Mais pas d'inquiétude, » il se tourna quand son blond lui prit la main, leurs doigts s'entrelaçant avec facilité, comme s'ils faisaient ça depuis des années et non pas quelques mois. « Nous aurons encore de quoi nous amuser cette année, toi et moi. Je peux le deviner ! »Sans regarder en arrière, le serpentard guida son compagnon rieur vers la sortie.

« Heureux que nous en ayons fini avec ça, » souffla le brun en prenant les escaliers. « C'est sorti du fond de nos corps et il n'a rien pu y faire. Il doit être agacé. »

Cet être est pathétique. Dumbledore n'a plus l'air aussi fort qu'avant, dit Drago en regardant Harry du coin de l'œil. Il s'éloignèrent à contrecœur et marchèrent côte à côte à une distance d'un bras. Ils traversèrent l'école avec un visage neutre, se dirigeant vers l'entrée, où quelques groupes d'élèves s'étaient formés pour discuter. Les têtes se tournèrent quand le gryffondor et le serpentard les dépassèrent de concert sans une parole ou un geste pour quiconque. Des chuchotement inintelligibles les suivirent quand ils prirent les escaliers les menant vers les cachots.

Ouais… On dirait vraiment qu'il a perdu en puissance. Est-ce que c'est quelque chose qui est possible ? Je veux dire… Les sorciers ne perdent pas leurs pouvoirs en vieillissant, si ? C'est quelque chose qu'on ne m'a pas appris ? Demanda Harry.

Non. L'âge n'entre pas en compte quand on parle de magie.

Il pourrait perdre ses pouvoirs d'une autre façon, pensa Harry quand ils arrivèrent devant le bureau du maître des potions.

Si c'est vrai, je ne sais pas comment.

Demandons à oncle Sev', non ? Harry lui sourit avant de cogner franchement à la porte. Vingt secondes passèrent avant que la porte ne s'ouvre avec assez de force pour être arrachée de ses gonds. Severus jeta un regard à ceux qui se trouvaient devant sa porte et eut un sourire méprisant.

« Ah, c'est vous. » Un léger son de dégoût s'éleva de lui et il se détourna, leur laissant la porte ouverte.

Un ricanement provint du gryffondor à ce comportement et il entra avec Drago. « Tu ne t'y prends pas de la bonne façon, » lui signala le blond en refermant et verrouillant la porte après eux. « Tu devrais toujours être content de nous voir. »

« Où est votre sœur ? » demanda le sorcier amer avant de s'installer derrière son bureau.

« Tu es le dernier à l'avoir vue, oncle Sev'. Elle était au petit-déjeuner avec Tom, » lui répondit Harry. Il attrapa une chaise et la retourna dos au professeur avant de la chevaucher. Il prit quelques secondes pour étudier le visage penché de son oncle. Drago s'approcha pour s'appuyer sur un des côtés du bureau.

« Est-ce que vous avez besoin de m'entourer, tous les deux ? »

Drago sourit. « On a quelque chose à te demander. »

« Hum ? »

Le jeune brun croisa ses bras sur le dossier et posa son menton dessus. « Est-ce que ton bureau est protégé ? »

Severus posa vivement sa plume sur la table et regarda celui-ci avec un sourcil haussé d'incrédulité. « Moi qui pensais que tu étais intelligent. »

Harry gloussa. Il ne savait pas pourquoi, mais voir Severus de mauvaise humeur l'avait toujours amusé, ces derniers temps. « Ça veut donc dire oui. »

« Nous revenons de la convocation de Dumbledore, » lui annonça l'Ukatae blond en s'éloignant du bureau contre lequel il était pour vagabonder dans la salle. Il regarda par-dessus son épaule quand il sentit les yeux du maître des potions dans son dos. Il fixait tour à tour les jeunes devant lui, avant que ses yeux ne s'assombrissent de rage.

« Tout s'est absolument bien passé et nous allons bien, » intervint Harry quand il vit que son oncle rageait silencieusement sur son siège et ne réagissait pas.

« Je n'étais pas au courant que vous deviez voir Dumbledore ce matin. Seuls, » dit froidement Severus.

« Nous n'étions pas seuls, » précisa Harry. « Drago et moi étions ensemble. » Drago, devant la bibliothèque de Severus, hocha la tête pour confirmer les propos de son compagnon. « Falde, Brumek et Talyn étaient aussi avec nous. »

« Et je ne suis pas sûr, » intervint Drago en regardant Harry pour lui demander confirmation. « Mais je crois qu'Ozemir à menacé Dumbledore juste avant que nous n'entrions dans le bureau. »

Harry confirma. « Dumbledore semblait effrayé à chaque fois qu'il regardait l'endroit où Ozemir avait disparu. »

« Qu'est-ce que vous vouliez me demander ? » dit Severus résigné, sa voix claquant dans le silence.

« On dirait que le vieux directeur perd de sa puissance magique. »

Severus haussa un sourcil et attendit la suite. Ils n'avaient pas encore posé de question.

« Et bien ? » s'exclama Severus quand Harry ne réussit pas à poursuivre.

Harry leva le menton de ses bras et dit d'une voix moqueuse. « Oh. Est-ce que le pauvre oncle Sevy serait en manque de sa petite Hermy ?

Drago rit dans sa main et revint se poster près du bureau, faisant abaisser le bras de son parrain. Severus avait sorti sa baguette et était prêt à donner une leçon à son neveu, un sort cuisant au bord des lèvres. En tant que relatif de Harry, Severus pensait avoir le droit de corriger son neveu, et il fit en sorte que Drago le comprenne, même si ce dernier s'interposait.

« C'est votre foutue question ? » grogna Severus.

« Pas vraiment, non. » Drago jeta un coup d'œil d'avertissement à Harry, lui demandant de laisser tranquille le maître des potions quelques minutes. « J'ai pensé que ça t'intéresserait de savoir que les sorts de protection que Dumbledore a posé autour de lui se sont effondrés dès que Harry les a touché. C'était instantané. Il était complètement sans défense, à notre merci. »

« Dumbledore ne sera jamais totalement sans défense, même si il perd la tête. Il peut toujours utiliser sa baguette, il a de l'expérience et est d'une précision mortelle quand il le veut. Vous ne devriez pas l'oublier. »

« Nous le garderons à l'esprit, » promit Drago. « Mais ne trouves-tu pas intéressant que ses sorts n'aient pas tenu une seconde après que Harry les ait traversé ? » Drago tapota l'épaule de son amant et le plus petit Ukatae se leva. Il remit la chaise de façon à pouvoir s'asseoir correctement face à son parrain.

« Je ne sais pas vraiment qu'en penser, » lui répondit Severus. Drago attrapa le gryffondor pour l'installer sur ses cuisses et celui-ci se mit à son aise, heureux. Severus se plongea dans ses pensées, avant de continuer. « Vous avez tous les deux acquis une plus grande force. Vous êtes des Ukataes maintenant, et après un bon apprentissage, ce sera facile pour vous d'être plus puissants que le vieil homme. »

Harry hocha de la tête. « Alors, la question… Selon toi, est-ce qu'un sorcier ou une sorcière peut perdre ses pouvoirs d'une quelconque façon ? Il doit bien exister une façon de drainer la magie de quelqu'un non ? »

Severus se renfonça dans son siège et les regarda pensivement. « Vous pensez que c'est ce qu'il arrive à Dumbledore ? »

« C'est juste une idée qui nous a traversé. Sa magie semble différente. »

« Comment ça, Drago ? »

« Il a l'air plus faible, je suppose. Sa magie semble diminuée. »

Severus se perdit dans la contemplation de son bureau, sa main s'agitant dessus, pensif. Il se redressa et se dirigea vers sa bibliothèque. « Il y a des potions qui peuvent provoquer une déperdition d'énergie, autant physique que magique, » dit-il en sortant un épais livre relié de cuir de l'étagère la plus haute. « Mais aucune de ces potions ne dure dans le temps. Plus important encore, je pense qu'aucune de ces potions n'aurait d'effet sur Dumbledore et il ne prendrait jamais une de ces potions de sa propre volonté, ni ne permettrait d'être empoisonné par quelqu'un. Ce n'est pas pour rien qu'il est connu comme le plus grand sorcier encore en vie. Il a passé des années à perfectionner ses intuitions, et améliorer les précautions qu'il avait prises. Raisons pour lesquelles le seigneur des ténèbres n'a pas pu le vaincre depuis tout ce temps. »

Severus se réinstalla et poussa le livre vers Harry qui s'en saisit et en tourna les pages, souriant pendant sa lecture quand il sentit son compagnon poser son menton sur son épaule pour pouvoir y jeter un coup d'œil, lui aussi.

« Et pour les objets magiques ? » demanda soudainement le brun.

Le visage satisfait de Severus montrait à quel point il était fier d'entendre son neveu poser une telle question. « On dirait que tu t'es rattrapé. Tu n'es pas un idiot finalement. »

« Dieu merci. » Harry lui lança un rapide regard, à moitié vexé, avant de poursuivre sa lecture. Le livre était rempli de descriptions et de recettes de potions très illégales comme celle dont il avait parlé auparavant.

« Oui. Ce doit être à cause d'un objet magique, si c'est bien ce qu'il se passe dans le cas présent. Mais je ne saurais pas quoi chercher et je n'imagine pas Dumbledore accepter d'entrer en contact avec un tel objet sans en connaître les effets. Est-ce qu'il avait l'air de savoir que sa magie est affaiblie ? »

Drago secoua négativement la tête. « Non. Il était seulement effrayé par Ozemir. »

« Et il a nié avoir tué mes parents. Seulement parce que les portraits étaient éveillés et attentifs à la conversation. Certains se sont même précipités hors de leur tableau quand je l'ai accusé du meurtre de mes parents ainsi que du kidnapping et de la tentative d'assassinat de nos amis. »

« Il était sacrément chamboulé, à ce moment. »

« A raison ! » acquiesça Severus. « Vous avez parlé du souvenir de la Pensine ? »

« Non. Mais je lui ai dit que j'avais tout vu de la scène. Il doit se douter que nous sommes en possession du souvenir. Et s'il ne l'a pas encore réalisé, je vais me faire un plaisir de le lui dire pour l'enfoncer plus bas que terre. » Harry sourit à son oncle, qui le lui rendait bien, et ne put s'empêcher de s'agiter sur les cuisses de son amour quand Drago lui embrassa la nuque lentement, en signe d'accord. Severus les vit faire et son sourire disparut.

« DEHORS ! »

Ils rigolaient encore quand Severus leur ferma la porte au nez.

Drago lança un regard innocent à Harry. « On a dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? »

… … …

Ozemir se tenait au bord du lac, essayant de lutter contre l'amertume et le dégoût de lui qui s'emparaient de lui. Ce n'était pas de sa faute si les événements avaient tourné de cette façon. Personne ne pouvait choisir qui serait son compagnon. C'était dans les mains de la déesse Hirsha. Il y avait toujours eu cette possibilité qu'il ait un jour un compagnon, mais après cinq cent ans, il avait abandonné l'idée que ça lui arrive un jour. Peu de temps après l'assassinat de la lignée Royale, les Ukataes n'avaient plus trouvé leur moitié. C'était une autre punition qui venait de Hirsha pour le meurtre de leur Royauté, pensaient les Ukataes. Ces cinq cent dernières années, personne ne s'était uni à leur vrai compagnon, comme il l'avait dit à Drago.

Il se tenait toujours au même endroit, fixant son reflet dans l'eau, quand Drago fit son apparition.

« Je pense que tu n'as pas été précis dans ton explication de compagnons destinés, » dit le blond en se tenant près d'Ozemir. « Et à cause de ça, j'ai plein de questions. Ça fait mauvais genre, venant de toi, tu ne penses pas ? »

Ozemir contempla le lac pensivement en répondant à Drago. « Toutes mes excuses. Je ferais en sorte de ne pas te laisser avec des questions la prochaine fois. »

« Peut-être que tu pourrais m'expliquer pourquoi découvrir que tu es le compagnon de celui dont tu es amoureux te rend dans un état aussi lamentable. »

Ozemir regarda le blond du coin de l'œil. « Quelques fois, ton compagnon se trouve être la dernière personne que tu souhaites ou à laquelle tu penses. Ce que je n'ai pas dis la dernière fois, c'est que toutes les pairs ne sont pas voulues. Brumek n'a pas eu le choix avec moi. Il ne veut probablement pas de moi comme compagnon. Tu sais très bien qu'il arrive à peine à supporter ma présence à ses côtés. Alors oui, quelques fois les Ukataes sont coincés dans des... »

« Ce n'est pas Brumek, » l'interrompit Drago en se tournant, vérifiant qu'il n'y avait personne alentour en train de les écouter. Falde laissa le jeune serpentard seul quand il le vit avec Ozemir, et lui conseilla d'écouter attentivement ce que lui dirait l'érudit. Mais il n'allait pas rester là et ne rien faire d'autre qu'écouter ce qu'on lui dirait. Pas quand il avait son avis à donner.

Ozemir secoua doucement sa tête. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Tu as dis que Brumek n'avait pas de choix. Tu pars du principe qu'il ne veut pas de toi… Tu te sers de lui comme excuse pour jouer les malheureux. » Drago fit pleinement face à l'elfe. « Tu n'as aucune vraie raison de supposer que Brumek ne veut pas de toi. Tout porte à penser le contraire… De ce que j'ai pu voir jusque là. » Il se détourna de son vis-à-vis pour contempler le lac, un sourire amusé sur le coin des lèvres. « Trouves-toi une meilleure excuse. »

L'adulte cligna des yeux sous la surprise face à l'argumentation du blond. Puis il sourit et lui donna un coup amical dans l'épaule. « Tu es très intelligent pour un jeune. J'apprécie ton honnêteté. » Il baissa les yeux vers les cailloux à leurs pieds et se renfrogna.

« Il y a des histoires sur moi, Drago. Des choses que j'ai faites. Des actions que j'adore accomplir, qui doivent se passer et... » Ozemir grogna de frustration quand il n'arriva pas à mettre des mots sur ses pensées. Il prit une profonde inspiration et se lança dans une explication plus simple. « Je veux juste que Brumek finisse avec quelqu'un qui le mérite. »

« Et qu'est-ce qui te fait penser que tu ne mérites pas Brumek ? »

« Petit... » Ozemir lui répondit doucement, ses yeux brillant de rouge en laissant transparaître son passé.

Drago croisa les yeux d'Ozemir et ses mains se serrèrent en deux poings défensifs par réflexe face à son air sombre. Il dut serrer les dents pour ne pas laisser sa peur s'afficher. C'est une âme perturbée avec un côté ténébreux et dangereux qui lui rendit son regard.

« Il y a quelque chose que tu dois savoir à mon propos, » continua Ozemir, plein de détermination, ses yeux reprenant leur violet inhabituel.

« Je parie que c'est le passé profond et sombre qui se cache derrière ton sourire stupide. Un passé que tu veux que tout le monde oublie, » commenta paresseusement le serpentard, comme si la conversation était tout sauf sérieuse. « Pourquoi voudrais-tu m'en parler maintenant ? »

Le visage d'Ozemir s'éclaira et il l'attrapa pour l'attirer à lui. « Ne bouge pas, gamin. »

Avant que Drago ne puisse respirer, l'Ombre l'entoura, faisant disparaître les cailloux sous leurs pieds et le lac face à eux. Quand il inspira, ses pieds entrèrent en contact avec l'herbe et il regarda autour de lui pour voir des planches se dressant autour d'eux et sous eux en une grande tour.

« Nous sommes sur les gradins du stade de quidditch, » chuchota-t-il pour lui-même, et il pivota vers Ozemir qui lui souriait. « Pour ton propre intérêt, tu ferais bien de ne plus me faire voyager par les Ombres sans m'en parler avant. Et ce serait bien que tu gardes la même émotion lors d'une conversation. Un instant, tu es un fou, puis tout à coup, tu es serein et heureux de vivre. Arrête ça ! »

« Je m'excuse, je te préviendrais la prochaine fois. Et je préfère être joyeux, du coup, je me bats constamment avec moi-même. Je pense que c'est plutôt égoïste de ma part. »

« Ça n'a aucun sens ! »

Ozemir souffla et s'adossa au mur. « J'aimerais te faire part de quelque chose. Vas-tu m'écouter ? »

Drago acquiesça et conjura une chaise. Une fois confortablement installé, il fit un signe de main à Ozemir pour l'inciter à se lancer. Ce dernier prit le temps de glousser aux manières du blondinet avant de parler. Ozemir priait pour que Drago le comprenne. Il espérait pouvoir continuer à être l'un des gardiens de Drago et de son compagnon, malgré ce qu'il allait révéler. Ozemir priait pour que le plus jeune comprenne pourquoi il ne pouvait célébrer son union avec Brumek. Et il souhaitait que Drago comprenne et accepte son petit côté démoniaque, qui serait là tant qu'il vivrait. Ozemir ne se faisait pas trop de soucis concernant Harry. Celui-ci était trop attentionné pour son propre bien et il savait comment le jeune gryffondor réagirait quand il saurait ce qu'il allait révéler à Drago. C'était le dominant du couple qu'il devait convaincre que, malgré son ancienne profession, il leur était véritablement loyal et ferait tout ce qu'il faut pour les protéger.

« Quand je suis né, j'ai été livré à un clan particulier, » débuta Ozemir, et il balaya rapidement l'air outragé naissant dans le regard d'argent du blond. « Pour chaque famille, et en fonction du clan, c'était toujours un honneur, particulièrement si le bébé était commandé par un clan associé à la famille royale. Ce qui fut mon cas. De plus, donner des enfants à la naissance n'était pas chose rare. Dans certaines familles, quand un nouveau-né possède une certaine aura, certains clans professionnels vont réclamer l'enfant pour pouvoir l'entraîner au plus tôt. Au lieu d'attendre que les jeunes soient assez vieux pour travailler comme des citoyens normaux, comme la plupart des clans professionnels sont enclins à le faire. » Ozemir s'interrompit et rassembla ses pensées. Pensées qui assombrissaient son esprit de souvenirs.

« J'ai été donné au clan Kibosh, » déclara-t-il finalement. « Plus communément connu sous la Cape de la Mort. »

Drago haussa un sourcil. « Tu as été offert, bébé, à la Cape de la Mort ? Pardon si j'ai l'air grossier mais ça n'a pas l'air prometteur et je pense que tes parents devraient être battus. »

Ozemir acquiesça et lui fit un sourire sans joie. « Tu as raison. Ce n'était pas très prometteur. Mais ton père n'était-il pas identifié comme un mangemort ? »

« Je vois ce que tu veux dire. Continues. »

« Kibosh est un clan dont on ne parle pas, ou du moins pas en public. Les citoyens Ukataes lambda se dispersent dès que le clan est mentionné en passant. De nos jours, les gens croient que le clan Kibosh a été détruit il y a de cela des années, après l'assassinat du clan royal. Ce n'est pas vrai. Nous existons toujours et sommes bien les responsables de la disparition de nos dirigeants. »

Drago invoqua un seconde chaise quand Ozemir fit une autre pause dans son histoire, et lui fit signe de s'asseoir avant de se pencher en avant, ses coudes sur ses genoux, le menton en appui sur ses mains. « Qu'est-ce qu'il s'est passé quand le clan Kibosh t'as récupéré à la naissance ? »

« Quand les Kibosh mettent la main sur toi, ils t'entraînent dans un rituel peu de temps après. Je n'irais pas dans les détails, mais c'est très douloureux pour l'enfant, il perd du sang… et une toile de magie noire se tisse autour de lui, se lie à lui… Tu es marqué à vie. A l'intérieur comme à l'extérieur. Juste ici. » Ozemir posa une main au centre de son torse. « Marqué et soumis à une vie de servitude envers le clan. Tu appartiens au clan Kibosh pour toujours et à jamais, et tu accompliras les ordres que le chef du clan te donnera sans les remettre en question. J'ai été entraîné à obéir aux ordres du Maître sans y penser, et je les ai suivi. »

« Tu ne m'as toujours pas dis ce que tu es. »

« Dès que j'ai pu marcher, j'ai été dressé à prendre des vies, sans être vu ni entendu. Sans remord et sans questions. Et je l'ai fait avec plaisir. »

« Tu es un assassin, » chuchota Drago, à moitié incrédule que l'érudit maladroit qui se tenait face à lui était entraîné à tuer.

Ozemir hocha sa tête. « Un assassin d'élite. Mais il y a plus que ça. »

« A la bonne heure, » ironisa Drago sèchement.

Le sarcasme apparent fit sourire Ozemir. « Ce que tu dois savoir, c'est que le chef du clan Kibosh recevait des ordres directs du trône. Les Kibosh étaient les assassins royaux du Royaume. » Ozemir étudia le visage du blond et sourit avec malice. « Tu as l'air surpris. Est-ce que c'est parce que je suis un assassin ? Ou peut-être parce que la royauté entraînait et utilisait des assassins pour son propre compte ? »

« Un peu des deux... » murmura Drago.

« Ne te fourvoies pas. Ce n'est pas pour rien que cette lignée a régné pendant des milliers d'années. Ils ont régné avec élégance et dans l'intérêt de leurs sujets. Et par-dessus tout, grâce au pouvoir que les dieux leurs ont donné. Ils ne s'ennuyaient pas de l'opinion des autres sur leur façon de régner. Nos dirigeants faisaient ce qui devait être fait pour protéger leur peuple. Pour nous voir nous épanouir. Et ça ne leur importait pas de devoir utiliser des moyens moins recommandables pour nous voir robustes et protégés. J'ai, moi-même, pensé qu'ils étaient peut-être allés trop loin en créant le clan Kibosh, mais ce n'est que mon avis. »

Pendant que Drago se redressait sur son siège, assimilant ce qui lui avait été raconté, Ozemir sourit et haussa les épaules d'indifférence. « Au moins, les Kibosh ne nous ont pas totalement retiré notre libre arbitre ni n'ont restreint notre personnalité en grandissant. Nous étions autorisés, encouragés même, d'avoir notre propre vie en dehors des tâches du clan. »

« C'est… très étrange, » finit par dire le jeune elfe. « Tu as été dressé à tuer dès ta naissance. Comment fais-tu pour interagir aussi joyeusement avec les autres ? »

« N'oublies pas que je suis un savant en plus d'être un assassin. J'ai grandi en ayant la meilleure éducation possible. J'aime apprendre, explorer, et enseigner autant que j'ai aimé prendre des vies. Et nous vivions deux vies pendant notre entraînement. Quand je n'étais pas un érudit, j'étais un instrument de mort. Lors de ces instants, il était facile de se laisser envahir par la part de son être corrompue et brisée par le rituel. Après l'accomplissement d'une mission, je redevenais celui que j'étais normalement et enfermais cette noirceur à l'intérieur de moi jusqu'à ce que je sois envoyé sur une autre mission. C'était assez facile à faire. Pourtant, quelques fois, l'assassin à l'intérieur de moi va surgir sans aucune raison particulière... »

« Pas besoin de se demander pourquoi tu es si chamboulé à cause de ton lien avec Brumek. Tu es encore affecté par ton entraînement en tant qu'assassin, même si tu penses le contraire ! »

« Tu prends la nouvelle de mon ancien métier plutôt bien, jeune elfe. »

Drago le cloua de son regard dur. « Tu n'as pas tout expliqué. Tu as dis que les Kibosh étaient responsables de la mort de la couronne. Tu as aussi raconté que tu étais un assassin Royal. »

« Vers la fin, le chef de clan a trahi le trône et ceux qui le servaient. » Le ton d'Ozemir se transforma en un faible grognement. « Il a convoqué ses meilleurs éléments, » sa main s'éleva devant ses yeux, « et lors de la nuit la plus sombre de l'année, il nous a ordonné d'éliminer quiconque s'interposerait pour protéger la famille royale, faisant d'eux des cibles faciles pour les clans rebelles. Nous n'avons pas eu le choix. Même ceux d'entre nous qui auraient préféré mourir plutôt que trahir nos dirigeants ne pouvaient pas s'arrêter avant que la mission qui nous avait été donnée ne soit accomplie. De nombreux assassins ont tenté de mettre fin à leurs jours après avoir reçu l'ordre de tuer ce soir. Moi inclus. Mais s'était impossible. Pas après que le chef de clan nous ai imposé les meurtres. Je ne serais pas là si nous avions appris la traîtrise du chef avant qu'il n'exige ce qu'il voulait. Après la réalisation de la mission, quelques assassins ont attenté à leur vie. »

« Je ne comprends pas. Pourquoi ont-ils mit fin à leurs jours s'ils avaient déjà commis les meurtres ? »

« Parce que nous étions devenus des traîtres contre notre volonté et beaucoup ont pensé que nous avions détruit le futur de notre race ce soir-là. Pour eux, il n'y avait plus de raison de vivre. Notre chef de clan nous a trahi et nous, nous avons trahi l'Empire. »

« Pourquoi ne t'es-tu pas tué après coup ? » demanda Drago, curieux. « Si tu voulais le faire avant qu'ils ne soient tués, pourquoi ne pas avoir suivi les autres ? »

« Ce n'est pas comme ça que je voulais payer pour nos crimes contre le Royaume. C'était la façon la plus lâche et facile d'agir. Et franchement, j'aime beaucoup trop la vie. Je te l'ai dit, je suis assez égoïste. »

« Malgré tout ce que tu m'as dit, je suis content que tu n'aies pas réussi à te tuer. Je t'apprécie énormément, Ozemir, » dit doucement Drago, et avant que ce dernier ne puisse s'attendrir sur ses sentiments, il lui fit signe de continuer son histoire.

« Après cette nuit, les Kibosh étaient sensés être détruits, et le chef de clan tué pour sa traîtrise. Quelques rumeurs disaient qu'il était celui ayant commandité les meurtres. Malheureusement, beaucoup d'assassins ont été tués pour leur participation dans cet acte de barbarie extrême. »

« comment tu t'en es échappé ? »

Ozemir eut un sourire suffisant. « Je n'ai pas honte de dire que je suis le meilleur assassin qu'ils n'aient jamais eu. Je peux être invisible, même sans l'Ombre. J'ai été entraîné à me fondre dans n'importe quel décor. A cette époque, la seule personne qui savait que j'étais un assassin était le chef de clan. Je pouvais marcher en pleine rue sans que personne ne puisse deviner à mon allure que j'étais entraîné à être un assassin pour le royaume. Ils ne connaissaient qu'Ozemir l'érudit. Malheureusement pour les autres membres de ma profession, ils n'ont pas su garder assez bien leur identité. Ils ont été démasqués et chassés. »

Ozemir fronça ses sourcils. « Seul le chef de clan pouvait me trouver quand je me cachais, mais il était mort. Cinq cent ans ont passé, il était mort et j'étais libéré de cette vie. Je n'avais plus besoin de m'inquiéter d'être rappelé pour réaliser un service comme un bon toutou, ou de devoir trahir une nouvelle fois l'Empire contre mon gré et de regarder couler à mes pieds une rivière de sang. Et c'est alors que tes amis ont vu la bague… avec cet insigne. La bague du chef du clan Kibosh. Offerte au premier chef du clan Kibosh par l'impératrice en titre, il y a plus de mille ans. »

Drago comprit enfin. Ozemir avait de bonnes raisons d'avoir peur. De craindre tous ceux qui l'entouraient.

Ozemir acquiesça quand la lumière se fit dans le regard de Drago. « Je te raconte tout ça à cause du chef de clan qui a fait tout ça en vue de prendre la place sur le trône. Il était prêt à voir une lignée royale neuve. Sa lignée. Il doit toujours avoir cette ambition à cœur, il n'y a pas à douter. Il a toujours la main mise sur les assassins qu'il reste et peut les rappeler quand bon lui semble. Je ne suis pas le seul à avoir échappé à la justice. Tu dois savoir tout ça parce que vous êtes notre futur. Toi et Harry. Vous portez les marques de la lignée suivante. La nouvelle lignée. » Ozemir s'approcha et pressa un doigt contre le bras de Drago, et les marques commencèrent à briller à travers la manche sous le toucher de l'érudit.

« Ce ne sont pas les marques de la lignée royale originelle, mais celles prédites par un dessin il y a des milliers d'années, proclamant la venue d'une seconde lignée. La plupart des Ukataes croyaient que la dernière lignée en place sur le trône était la seconde lignée prédite, et je crois que les derniers dirigeants ont essayé de caché la vérité sur ce sujet. Ils ont essayé d'empêcher les nôtres de comprendre qu'ils n'étaient pas la nouvelle et dernière lignée. C'est pour cela qu'il n'y a plus eu aucun espoir chez nous toutes ces années. Moi-même, je ne pensais pas que nous étions dans le faux. Mais dès que j'ai vu les marques sur les ailes de Harry, j'ai su que nous nous étions trompé à propos de la prophétie. Et mon pêcher contre la première lignée de sang royal m'est revenu en pleine tête. Ma pire crainte est de voir la nouvelle lignée, la vôtre, chuter elle aussi. » Ozemir fixa le blond dans les yeux. « Je ne veux pas vous voir, Harry et toi, choir. Mais c'est une crainte dont je ne serais jamais débarrassé, j'ai bien peur. »

« J'ai du mal à croire tout cela, » dit Drago d'une voix tremblante.

« J'ai peur parce que je peux toujours être appelé et être commandé à trahir la nouvelle lignée, malgré mon honnête allégeance envers vous deux, » compléta l'érudit. « Le chef du clan s'est allié avec ce type, Dumbledore. Il sait ce que vous êtes, toi et ton compagnon. Et il sait très certainement que je suis l'un de vos gardes. Il m'appellera, il n'y a pas à douter. »

« Donc… Tant que ce… Chef de clan vit, tu seras un danger pour nous, » dit Drago de façon creuse.

Ozemir acquiesça tristement. « Il veut l'Empire. Vous êtes sur sa route. Vous allez devoir affronter le chef du clan Kibosh pour sauver notre race de lui, avant de pouvoir prendre ce qui vous a été offert par les dieux. »

Après un long silence, Drago s'adossa au siège et frotta ses yeux, fatigué. « Ça sonne ironiquement de façon familière. Harry ne trouvera pas cette ironie marrante pour un sou. Et la familiarité de cette situation n'est vraiment pas une bonne chose, » marmonna Drago. « Une autre prophétie, un autre rôle de Sauveur, un autre méchant à la puissance démoniaque à combattre... » Il fixa Ozemir d'un regard sans émotion. « Et toi. »

Ozemir sauta sur ses pieds et dévisagea Drago sérieusement, sans trace aucune de l'assassin. « Je suis quand même capable de vous protéger ! » se défendit-il de façon énergique. « Le chef de clan peut bien être capable de m'appeler à lui, mais quand ce temps viendra je serais en mesure de vous prévenir et ... » Ozemir offrit un doux sourire au jeune homme face à lui. « Et vous pouvez faire de moi ce que vous pensez être le mieux. Mais jusque là, autorisez-moi à vous enseigner ce que je sais. Je suis votre elfe, petit. Je vous préparerai à affronter cet être. Vous pouvez le vaincre. »

« Qu'est-ce que tu veux dire par nous pouvons faire de toi ce qui nous semble adapté ? » demanda Drago, la terreur s'emparant doucement de lui.

« Comme je te l'ai dis, une fois convoqué pour accomplir une mission pour le chef de clan, rien ne pourra m'empêcher de la réaliser tant qu'elle ne sera pas terminée, » expliqua-t-il. « Vous devrez m'anéantir quand le chef de clan m'appellera à lui. »

Drago s'était relevé, reculait quand l'érudit lui parla et secoua la tête à ses propos. Ozemir leva une main pour apaiser le jeune elfe. « C'est ce qui doit être fait, Drago. Ne le vois-tu pas ? C'est à cause de cela que je ne veux pas de Brumek comme compagnon. C'est pour cela que je me lamente sur ce lien, comme tu l'as si bien décris plus tôt. Brumek sera confronté à mon passé. Imagine ce par quoi il va devoir passer. Brumek est un guerrier du royaume. Il se tient du côté de la justice, alors que moi, j'en rigole et la fuis. » Ozemir s'interrompit et sourit, ses canines brillant à la lumière du soleil. « Oh que oui, j'aime être mauvais, Drago. Énormément. Ça me donne des frissons, et j'ai pris tellement de plaisir à chaque assassinat que j'ai commis. Être un assassin fait partie de moi. Et tu ne devrais jamais l'oublier. »

Ozemir soupira quand Drago resta silencieux, même s'il était évident qu'il était avide d'en savoir plus. « Brumek. » L'érudit prit une profonde inspiration. « Je n'ai jamais envisagé la possibilité que mon intérêt envers lui soit dû à notre lien. Je l'ai piégé… même quand je serai mort et qu'il sera sans compagnon, il sera toujours piégé. Il n'y a qu'un unique compagnon destiné à chacun. Il n'en aura jamais un autre. Je l'ai condamné à se retrouver sans personne pour partager ce lien que chaque Ukatae recherche. »

« Pas besoin d'en faire un drame, » chuchota Drago, même s'il comprenait très bien. Il fixa le sol pendant quelques secondes, se demandant comment il devait s'y prendre tandis qu'Ozemir attendait la sentence du plus jeune.

« Bien. » Drago regarda Ozemir à nouveau. « Très bien. Répète cette histoire à Harry. Je ne veux pas m'en charger, au cas où il déciderait de tuer le messager. Raconte-la lui au rassemblement et nous verrons à ce moment ce que nous déciderons. »

Ozemir soupira de soulagement, et eut un sourire hésitant. « C'est déjà plus que ce que je n'espérais. »

Drago ne put pas lui rendre son sourire. Ça ne semblait pas être la chose à faire à la personne qui pourrait possiblement essayer de faire du mal à son compagnon. Et il ne pouvait pas non plus sourire à quelqu'un qu'il devrait tuer s'il comptait vivre longtemps. Quelqu'un qui lui tenait beaucoup à cœur.

… … …

Falde sécurisa les alentours pour que leur rassemblement ait lieu, et chaque participant fut amené sur les lieux par le cercle Ukatae. Harry et Drago furent ravis de découvrir que les cercles Ukataes n'étaient pas impactés par les sorts d'anti-transplanage de Poudlard, et fêtèrent cette nouvelle en disparaissant derrière un arbre aussitôt après avoir été transportés et en se roulant des pelles allègrement. Ils étaient tellement pris dans la redécouverte du corps de l'autre qu'ils ne demandèrent même pas pourquoi ils pouvaient toujours utiliser les cercles de transport. Dumbledore devait bien savoir qu'ils avaient cette capacité. Information qu'il avait dû avoir du chef de clan Kibosh lors de l'une de leurs rencontres à la Tête de Sanglier. Leur cercle Ukatae était un foutu avantage à leur disposition, et ce serait une bonne stratégie de la part du directeur que de leur empêcher de pouvoir le faire.

Quand Tom et Severus réalisèrent où ils avaient été entraînés, tous deux grommelèrent de mécontentement de se trouver profondément enfouis dans la forêt interdite. Severus laissa rapidement tomber ses protestations quand son attention se porta sur Hermione, et il n'en avait plus rien à faire de savoir où il se trouvait. La seule chose qui lui importait était de faire en sorte de ne pas gaspiller de temps seul avec la sorcière.

Inconscient d'avoir été abandonné, Tom regarda autour de lui et grimaça face à l'inutile beauté que seule la nature pouvait créer. « Ça ne suffit pas que je m'asseye à la table des gryffondors aujourd'hui, vous voulez en plus que je traîne dans la forêt ? Il y avait forcément de meilleurs endroits pour tenir cette réunion. Nous aurions pu aller dans la Chambre. Hermione et moi y étions tout à l'heure et c'est tout à fait correct pour nos rassemblements. » Il chercha autour de lui Harry et Drago, pour leur demander de changer de lieu, et siffla de mécontentement quand il les aperçut derrière un arbre en train de s'embrasser comme s'ils avaient été séparés pendant des années. « Oh, un peu de tenue ! » dit-il cassant, même s'il savait qu'ils ne l'écoutaient pas.

Il se tourna vers l'endroit où il pensait trouver Severus, qui serait sûrement d'accord avec lui, pour voir que celui-ci et Hermione avaient eux aussi disparu derrière un arbre proche.. Au moins, pensa-t-il sombrement, ils ne s'embrassaient pas comme si leur vie en dépendait, eux. Severus tenait Hermione fermement contre lui, mais au lieu de l'embrasser, Hermione avait le menton levé vers lui et tous les deux parlaient silencieusement.

Pour la première fois de sa vie, Tom se sentit comme la cinquième roue du carrosse. Qu'est-ce qu'il se passait pour que le Seigneur des Ténèbres en vienne à se sentir de trop ! Il bouillonna intérieurement en rejoignant les autres. Il ricana avec Talyn quand il la vit lui sourire joyeusement, et ne fut pas perturbé d'être ignoré par Brumek. Falde et Ozemir avaient une conversation privée, et celle-ci avait l'air très animée. Tout à coup, Falde opta pour un air d'acceptation et attrapa amicalement l'épaule d'Ozemir, semblant compréhensif.

Le regard de Tom revint sur Brumek quand il l'entendit grogner soudainement. Le grognement suivant fut étouffé et il aboya, sa voix faisant s'envoler les oiseaux se tenant sur les cimes des arbres à proximité. « Ne le touche pas, Falde ! » son éclat résonna dans la clairière, attirant l'attention de tous les couples auparavant occupés.

Falde retira tout de suite sa main et sembla amusé en voyant Ozemir se tourner vers Brumek, incrédule. Tom ravala un gloussement quand Brumek eut l'air surpris, comme s'il pensait que quelqu'un l'avait possédé et utilisé sa voix à sa place.

Hermione se racla la gorge pour attirer l'attention de tous en revenant dans la clairière avec Severus. Brumek semblait vouloir disparaître sous terre et elle lui adressa toute sa sympathie. Quelqu'un devait bien venir à son secours.

« Maintenant que nous sommes tous présents ici ce soir, je suggère que nous attaquions les choses sérieuses avant de pouvoir nous relaxer, » entama-t-elle en invoquant des fauteuils et canapés confortables pour chacun, et fit une pause quand elle vit le regard incrédule de Brumek, Falde et Severus. « Quoi ? »

« Qu'est-ce que tu fais, jeune demoiselle ? » lui demanda Brumek.

« C'est pourtant évident. Je nous prépare un endroit cosy. Tu ne t'attends pas à ce que nous nous asseyons dans la terre quand même ? Mon frère pourra être à l'aise. » Elle sourit malicieusement à Tom, qui la remercia d'un geste de la tête. Il ne s'assiérait pas dans la saleté. « Là. Voilà pour toi. » Hermione conjura un siège avec un grand dossier pour le guerrier bourru et sourit quand Ozemir commença à rire de Brumek, ce dernier la regardant avec horreur.

« Je n'en veux pas, » grommela-t-il en croisant les bras sur son torse.

« Je vais le prendre, » dit Tom, et il attira le fauteuil pour pouvoir s'installer près du nid douillé de Severus et Hermione. Tom bouscula un Severus bouche bée pour qu'il s'installe rapidement avant de s'asseoir à son tour. Harry et Drago s'installèrent dans un fauteuil en face d'eux, sur lequel Harry s'allongea, installé confortablement dans les bras du blond.

« Le travail avant le plaisir. » leur rappela sèchement Severus.

« Parle pour vous deux, dans ce cas. » Drago fit un signe de la main vers Hermione et Tom, qui se fichaient totalement du maître des potions sous-entendant qu'ils se tenaient de façon inappropriée pour une discussion d'affaires. Les gardes Ukataes se tenaient un peu plus loin derrière eux pour pouvoir garder un œil sur tout le monde. Ozemir semblait plus agité que d'habitude, vu sa façon de scruter les environs, et après ce qu'il avait raconté à Drago, le serpentard comprenait son agitation.

« Je vais parler du plus évident, » répliqua Tom avant de se tourner vers Hermione. « On nous a inoculé du sang, non pas d'un, mais de deux Ukataes. Nous aurions dû nous y attendre. Les Ukataes sont puissants, de même que leur sang… Nous sommes des Ukataes maintenant, n'est-ce pas ? » s'adressa-t-il à Falde.

« Bientôt, oui. Vous serez des Ukataes à part entière, » lui répondit Talyn avant de se tourner vers Harry et Drago. « J'ai trouvé ça drôle parce que c'était un premier geste parfait de votre part, et par-dessus tout, ce n'était pas fait de façon intentionnelle. »

« Un premier geste ? » demanda Harry très curieux. Drago lança un regard à Ozemir, qui le lui retourna.

« Je pense que tu devrais aller voir Ozemir, il doit te parler, » suggéra le blond, qui vit son compagnon se lever sans lui poser plus de questions. En écoutant de nouveau Talyn expliquer les mélanges provoqués par le sang, il se demanda comment le gryffondor réagirait à tout ce que lui dirait Ozemir. Il n'y avait pas grand-chose à en dire de toute façon… A part concernant l'anéantissement de l'érudit. Drago savait comment Harry allait réagir à cette proposition. Il serait totalement contre, à l'inverse de Drago. A moins qu'il n'y ait une façon de stopper le chef de clan dans ses exactions et de l'empêcher de rappeler Ozemir, il devrait le tuer avant qu'ils ne soient tués, même si la mort d'Ozemir était la dernière chose que Drago souhaitait. Comme il le lui avait dit près du lac, il appréciait énormément l'érudit/assassin. Il savait déjà qu'Harry et lui auraient de nombreuses disputes à ce propos.

« Ouvres la bouche, » instruisit Talyn à Hermione en s'agenouillant devant la jeune gryffondor. Drago vit à temps la gryffondor lui adresser un regard irrité.

« Pardon ? » demanda-t-elle avec un sourcil haussé, son nez pointé en l'air, comme si on lui avait demandé de faire quelque chose bien en deçà de son standing. Tom ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Plus il passait de temps avec sa sœur, plus il l'aimait. Évidemment, toute pensée concernant l'amour lui faisait furieusement faire la tête. Drago regarda dans sa direction, comme s'il avait deviné ses pensées et envoya un sourire moqueur au Lord noir qui lui répondit par un regard d'avertissement.

« Ouvres ta bouche, » répéta Talyn.

Ce ne fut qu'à ce moment que Drago et Tom se rendirent compte à quel point leur sœur était tendue. Elle était assise au bord de son fauteuil, le dos droit comme la justice, et les yeux troubles. Severus s'était assis à côté d'elle, mais elle s'était écarté de lui, fuyant son regard depuis qu'elle était considéré comme un Ukatae. Drago se renfrogna quand il s'aperçut de l'air concerné adopté par son parrain. Hermione ne cessait pas de regarder Talyn, vexée, et elle ne semblait pas vouloir adresser la parole à quiconque. Severus soupira brusquement, l'approcha, ses doigts caressant la nuque de la jeune femme.

« Ouvre-lui ta bouche, sorcière, » lui dit-il doucement dans l'oreille après l'avoir attiré contre lui. Drago comprit le problème quand Hermione le regarda avec un air soulagé. Elle devait craindre que Severus ne soit pas heureux qu'elle se transforme en Ukatae. Il secoua la tête, franchement, Hermione devrait mieux le connaître maintenant.

Elle ouvrit finalement la bouche et loucha sur Talyn qui s'était approchée pour regarder à l'intérieur. Drago, Severus et Tom s'approchèrent aussi tous les trois pour pouvoir mieux observer. Hermione se figea d'embarras quand elle réalisa que tout le monde regardait dans sa bouche.

« Vous voyez ? » Talyn pointa une dent allongée. « Tu n'as jamais fait attention à tes dents ? » demanda-t-elle ensuite à la brunette et Tom.

La gryffondor ferma vivement sa bouche et lança un regard noir à chacun en se reculant d'eux, tandis que Tom s'était éloigné du groupe et faisait passer la pointe de sa langue sur ses dents supérieures. Son exploration de sa bouche s'arrêta quand il distingua le contour d'un croc. Ils étaient plus courts que ceux de Drago et Harry, raison pour laquelle il n'avait pas fait attention que ses canines avaient évolué. Il regarda de nouveau sa sœur et lui adressa un tendre sourire en voyant qu'elle avait mis une main devant sa bouche, celle-ci cachant la seconde qui tâtait ses nouveaux crocs avec un doigt.

Tom se retourna vers Talyn. « Tu as parlé d'un parfait premier mouvement ? Explique-moi en quoi. »

Drago bondit avant que Talyn ne puisse lui répondre. « Nous aurons plus de soutien quand nous irons dans le royaume Ukatae. Nous sommes... » Drago jeta un coup d'œil à Falde. « La nouvelle lignée de sang royal, n'est-ce pas ? »

« C'est ce que nous avons découvert, » répondit Falde. Il adressa un bref regard à Brumek avant de continuer. « Ozemir à tout de suite reconnu les marques, son précédent entraînement lui allouant une quantité conséquente de savoir, dont certains sont spécifiques à lui et son clan. Il a aussi reconnu la bague tout comme moi, et maintenant, nous savons à qui nous avons à faire. Nous sommes tous en grand danger. »

Brumek fit un pas en avant mais ne parla pas. Il semblait vouloir dire quelque chose, ou plutôt c'était comme s'il voulait poser des questions sur le passé d'Ozemir, pensa Drago. Mais le guerrier garda la mâchoire serrée et attendit.

« Drago ? » questionna Hermione. « Il n'est pas en train de dire ce que je pense qu'il est en train de dire… Si ? »

« Ça dépend à quoi tu penses. Mais si tu penses à ce que je pense que tu penses, alors oui. »

« Je parie que Harry va réussir à digérer ce qu'on lui dit, » dit Tom, ayant eu assez d'indices pour les mettre ensemble et en tirer une conclusion.

« C'est beaucoup d'informations à intégrer, » lui dit Hermione. « Son monde a été mis sans dessus dessous plusieurs fois sur une courte période. Il est passé de ta haine envers lui, à la manipulation de Dumbledore. Et... »

« Et maintenant, il y a un méchant Ukatae à combattre avant que lui et Drago puissent proclamer leur royaume, » résuma Severus.

« Empire, » corrigea Drago.

« Le plus important étant… Si j'étais Harry, je ferais demi-tour et fuirais en hurlant, et je ne lui en voudrais pas s'il le faisait, » conclut Hermione.

« Sans oublier que nous allons devoir nous occuper d'Ozemir. » Drago gigota pour se trouver face à Falde. « Tu connaissais le passé d'Ozemir, Falde. Comment a-t-il pu être choisi comme l'un de nos gardiens si c'est un traître ? »

Brumek en eut finalement assez de garder le silence et se positionna face à son leader. « Qu'est-ce qu'il veut dire, Falde ? »

« Quelle partie ? Celle à propos de Drago et Harry étant... »

« Non. J'ai compris celle-ci assez bien. Ozemir, un traître ? Quelle est cette idiotie ? »

« Tu devrais peut-être demander à Ozemir, » dit Drago, plein de bon sens. « Mais seulement après qu'il ait parlé à Harry. »

« Et tu penses quoi de tout ça ? Ça te concerne aussi, Drago. Tu as aussi les marques, » demanda la lionne.

« Je ne sais pas si ça me plaît de les avoir, mais... » Il sourit à Tom. « Qui ne voudrait pas dominer le monde ? »

« S'il vous plaît… » soupira Severus exaspéré, haussant un sourcil quand Drago le regarda sérieusement. « Vraiment ? Dominer le monde, Drago ? » Le blond haussa les épaules comme s'il était en train de plaisanter, mais il partagea un regard avec Tom qui rendit le maître des potions légèrement nerveux.

« Et bien, si tu envisages de dominer le monde, tu vas devoir établir des listes, préparer tes alliés, des choses de ce genre. Je vais devoir faire une liste listant toutes les listes que tu devras traiter, » s'emballa Hermione de façon professionnelle, avant d'être mise au silence par Severus qui lui mit une main sur la bouche.

« Arrête de l'encourager, sorcière folle ! » siffla-t-il dans son oreille. « Et prie pour qu'il soit en train de plaisanter. »

« Je suis prêt à prendre la tête des événements, » dit Drago à Falde.

« Tu es loin d'être prêt, »lui répliqua Falde froidement. « Mais c'est pour ça que nous sommes là. C'est la raison pour laquelle j'ai autorisé Ozemir à rejoindre notre équipe. Je sais très bien ce qu'il est et savais ce qu'il pouvait vous apprendre s'il s'avérait que ton compagnon et toi possédiez les marques. Dès que j'ai eu connaissance de vous deux, j'ai eu des doutes. »

Il fallut un moment à Drago pour noter que Falde venait d'avouer savoir ce qui allait leur arriver. Falde semblait déjà savoir que le chef de clan Kibosh avait survécu et voulait toujours mettre la main sur le trône. Falde, quelque part, savait que Ozemir venait du clan des assassins et avait placé l'érudit dans leur garde à cause de ça. Ils auraient besoin des talents et des secrets que l'assassin pouvait leur donner s'ils voulaient avoir une chance de vaincre ce nouvel ennemi. Et c'est en pensant à tout ça que Drago réalisa qu'il ne savait presque rien à propos de Falde.

« IL EN EST HORS DE QUESTION ! »

Hermione se dressa sous le coup de la surprise quand le hurlement résonna autour d'eux. « Qu'est-ce que c'était que ça ? »

« Ça, c'était Harry. » Drago étudia ses ongles. « Réagissant à... »

« Il est hors de question que nous te fassions ça ! Je n'arrive pas à croire que tu le proposes ! » La voix de Harry avait légèrement baissé en intensité, mais ils pouvaient toujours l'entendre parler fort et clair, alors qu'il revenait précipitamment dans la clairière, suivi lentement par Ozemir. « Nous allons envisager autre chose. » Harry avança jusqu'à eux avec détermination. Tom se tourna vers Hermione et lui fit un sourire satisfait.

« Je te l'avais dit. » lui dit-il. Elle fronça son nez en lui adressant une grimace avant de faire face à Harry.

Le gryffondor fit demi-tour et regarda curieusement Ozemir qui se tenait à une certaine distance derrière lui, distance due à son allure précipitée suite à la suggestion de l'extermination de l'érudit. « Bon, est-ce que ce chef de clan a un nom ? »

Ozemir s'arrêta brusquement et il chercha Brumek du regard avant toute autre personne. Dès que Brumek entendrait le nom, il comprendrait tout et Ozemir arrêterait d'être une nuisance tolérée. Non, il serait haï et dédaigné au-delà de toute mesure par son supposé compagnon. Une telle pensée lui apporta une grande souffrance, et cela dut se voir sur son visage car le guerrier fit instinctivement un pas vers lui, son bras tendu pour le caresser et l'apaiser. Ozemir empêcha son geste en se détournant de lui pour confronter Harry.

« Il s'appelle Demai'Tah. Chef du clan des Kibosh. » Du coin de l'œil, Ozemir vit la main de Brumek se resserrer autour de la poignée de son épée. Il prit une grande inspiration, pour se donner du courage. « Et je suis l'un des disciples liés à Demai'Tah. Un assassin d'élite de la Cape de la Mort. »

Harry pensait que ce n'était ni le lieu, ni le moment pour Brumek et Ozemir de traiter leurs problèmes. Il voulait plus d'informations sur ce type.

« Ozemir ? » Il attendit d'avoir l'attention complète de l'érudit avant de poursuivre. « Quel genre d'individu est Demai'Tah ? » Ozemir ouvrit la bouche pour lui répondre, avant d'écarquiller ses yeux de stupeur et de courir vers les gryffondor troublé.

« Bouge ! » s'exclama Ozemir en même temps qu'il courait, mais c'était trop tard. Harry était piégé dans une toile de magie d'un froid glacial.

Il y eut un grondement sourd dans les oreilles du brun avant qu'il ne soit enveloppé d'une brume l'engourdissant, les cris de son compagnon semblant être des chuchotements. Et une voix douce comme de la soie s'éleva à son oreille, caressante.

« Mon nom cité trois fois. Il est certain qu'on me veut ici. »

Harry eut juste le temps de jurer contre sa stupidité d'être si facilement atteignable, avant d'être distrait par les mouvements d'Ozemir, l'empêchant de paniquer en sentant une lame pressée contre sa gorge venant de l'Ukatae derrière lui. Ozemir se figea en voyant la lame plaquée contre la peau pâle de Harry.

« Tout à fait, Ozemir. Tu sais que je ne vais pas hésiter. » Le chef du clan Kibosh changea de position, bougeant Harry de façon à pouvoir observer tout le monde présent dans la clairière. En faisant cela, la lame s'enfonça un peu plus dans la peau du brun, l'entaillant. Harry siffla sous la douleur de la coupure et entendit Drago grogner de fureur. Falde se dépêcha d'attraper Drago avant que celui-ci ne bondisse pour sauver son compagnon.

« Que chacun reste où il se trouve, » ordonna Falde. Brumek et Drago firent entendre leur mécontentement assez fort suite à cet ordre. « Nous ne faisons pas le poids contre lui pour le moment. Il est prêt, nous non, » leur chuchota Falde. « Et si nous le provoquons, il va utiliser sa magie contre nous. Après tout ce temps, briser de nouveau la Loi Sacrée doit lui sembler naturel. » Brumek se crispa et sembla troublé.

« J'ai oublié qu'il pourrait utiliser sa magie contre nous. »

« Quelle est cette Loi Sacrée ? Et est-ce qu'elle va nous aider à retirer mon compagnon des griffes de ce trou du cul ? »

Ozemir se déplaça lentement vers Harry et Demai'Tah, parlant calmement, coupant toute réponse que Drago aurait pu recevoir.

« Pourquoi es-tu venu jusqu'ici, Demai ? »

« Pour rencontrer les deux jeunes Ukataes dont on parle tant. » Demai'Tah regarda vers le bas et prit en coupe une des joues de Harry avec sa main libre. Harry sentit qu'on soulevait son visage, et il retint sa respiration quand ses yeux rencontrèrent une pair de cobalt glacé. « Tu es plutôt mignon. » Il baissa sa tête jusqu'à ce que sa joue se frotte contre celle du plus jeune et dévisagea un Drago qui se débattait contre la poigne de ses gardiens. « Je comprends pourquoi ton compagnon souhaites me lacérer en mille morceaux en ce moment. »

« Éventuellement, il le fera, » Harry répondit calmement.

« J'espère qu'il essaiera. » rit doucement Demai'Tah. « Ce sera tellement amusant. »

Harry resta crispé et silencieux, comprenant qu'un Ukatae très dangereux le tenait en otage, et que sa chance légendaire ne le sauverait pas cette fois-ci s'il faisait la moindre bêtise. Il verrouilla ses yeux dans ceux de son compagnon. Je vais bien, Drago. Calmes-toi.

Tu me demandes l'impossible. Il pose la main sur toi… Il t'a fait saigner, Harry !

Harry souffla mentalement quand Drago redoubla ses effort pour se libérer. Il jeta un coup d'œil à son oncle et lui adressa une prière silencieuse. Severus comprit et s'avança vers le blond furieux, passant un bras autour de son cou et l'attirant contre son torse.

« Tu dois te calmer si tu veux que Harry s'en sorte sans plus de blessures, » lui souffla-t-il dans l'oreille. « Ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour que tu perdes le contrôle. »

Demai'Tah sourit à son audience alors que son doigt glissait le long de la lame pour récolter quelques gouttes du sang qui s'était accumulé autour de la coupure. Se yeux, qui étaient toujours rivés sur Drago, brillèrent de ravissement quand il mit le doigt dans sa bouche pour le goûter.

« Oh oui. Délicieux. »

« S'il te plaît. Ne fait pas ça, » supplia Ozemir, ses yeux le regardant vers le bas alors qu'il avançait un peu plus. « Ne blesse pas le petit. »

Harry fronça ses sourcils et se concentra sur Ozemir, surpris et déçu que l'érudit n'utilise que des suppliques pour essayer de l'aider. Supplier n'allait pas les aider à avancer avec ce type, même Harry l'avait compris. Mais quand Drago émit un hurlement plus bruyant, accaparant la totale attention du maître des Kibosh, Harry capta le regard d'Ozemir, et celui-ci n'était pas du tout plaidant. Il était dur, froid, et déterminé. Cela le rassura.

« Ozemir. » La voix de Demai'Tah était ferme et presque chaude, le ton qu'un parent prenait quand un enfant brisait une règle, et il retourna son attention sur son serviteur. Ozemir regarda de nouveau le sol, mais ses épaules étaient tendues et carrées, comme s'il se préparait à quelque chose. « Peut-être que tu as passé trop de temps loin de la maison. Je devrais te rappeler certaines règles des Kibosh. »

Demai'Tah jeta Harry loin de lui et apparut instantanément en face d'Ozemir, levant son épée et la plongeant vers l'avant, droit dans la poitrine de l'érudit. Une traînée cramoisie apparut le long de l'estafilade faite dans la tenue et dans la chair à l'issue du mouvement de l'arme.

« Ozemir ! » s'époumona Harry avant que Drago ne se précipite vers lui, libéré de la prise de Severus. Le blond entraîna rapidement le brun vers les autres, qui se tenaient derrière Falde, Talyn et Brumek.

L'érudit tituba vers l'arrière et surprit tout le monde quand il grogna d'agacement avant de tomber à genoux, fixant méchamment son chef de clan. Les mains pâles d'Ozemir agrippèrent sa poitrine et son estomac déchirés, son sang s'écoulant le long de ses longs doigts élégants. Ses sifflements d'agacement firent rire Demai'Tah d'une joie pure. « Je sais que tu aimes la douleur, Ozemir. Tu as toujours aimé souffrir. »

« Ne bouge pas, » ordonna Falde à son second, entourant son bras de sa main pour s'assurer qu'il ne bougerait pas. « Il ne tuera pas Ozemir. Il n'est pas ici pour ça. Mais il réagira en conséquence si on le provoque. Par dessus tout, il a besoin d'Ozemir vivant. »

Demai'Tah s'avança jusqu'à Ozemir, leur visage devenu vide d'émotion, chaque assassin étudiant l'autre, ne s'étant pas vu depuis quelques centaines d'années. Tous ceux restés en arrière en profitèrent pour analyser le maître du clan Kibosh. Celui-ci était habillé de façon similaire à Ozemir, avec une longue tunique et un pantalon serré, bien que la tunique du maître soit d'un bleu sombre, se mariant avec la couleur de ses yeux. Il portait par dessus une veste brodée de filaments dorés. Son visage était comme celui de tout autre Ukatae, pâle et magnifique. Trompeur. Son sourire en coin, tout comme son épée, était effilé et mortel, et tordu. A l'inverse des autres, Demai'Tah avait une petite barbiche sombre, ce qui était inhabituel pour un Ukatae. Généralement, ils n'aimaient pas avoir de poils sur le visage.

Pareille à celle de Brumek et de Falde, le chef de clan avait une cicatrice barrant un côté de son visage et descendant le long du cou, bien qu'elle ne soit pas aussi proéminente que la leur. Elle avait l'air d'avoir été soignée et la fine ligne de la cicatrice était volontairement là comme le trophée d'une guerre gagnée. Du moins, c'est ce que pensait Harry. Il siffla d'agacement quand la coupure de son cou le lança lorsqu'il voulut tourner la tête. Drago l'attira contre sa poitrine et couvrit la blessure d'une main tremblante. Il ne savait pas si le blond tremblait de peur de ce qui aurait pu lui arriver, ou de rage. Probablement les deux.

Quand sa coupure fut soignée, Drago et lui observèrent leur nouvelle Némésis ténébreuse. Demai'Tah s'était paré de beaucoup de dorures. Un raz-de-cou en or était orné d'une pierre noire en son centre, et ses cheveux étaient maintenus en une queue de cheval par un bijou en or. La garde de son épée était aussi faite d'or, ainsi que d'autres bijoux porté ça et là. Malgré sa rage grandissante, Drago était assez maître de lui pour se rendre compte de tout ça et de renifler face à l'image criarde renvoyée.

« C'était sot de ta part. » dit finalement le maître en s'agenouillant face à son disciple. Ozemir souffla d'irritation avant de tomber sur le dos, sa respiration devenant saccadée et irrégulière, son visage se couvrant de sueur.

Ozemir grommela et fixa la canopée au dessus de lui. « Je ne vois pas de quoi tu parles, » répondit-il faiblement.

« Je savais ce que tu allais faire, mon précieux élève. »

Les sourcils de Drago se levèrent de surprise. Ozemir s'était vanté d'être le meilleur, mais à ce moment là, c'est tout ce que Drago pensait qu'il était, un vantard. Mais si Demai'Tah qualifiait l'érudit de précieux élève, alors ce n'était pas une fanfaronnade. Ozemir n'établissait que des faits. Il était le plus mortel et le plus talentueux des assassins du royaume. Et malgré la situation, Drago pensait que c'était époustouflant.

« As-tu oublié que je suis celui qui t'as appris tout ce que tu sais, petit ? » Demai'Tah caressa les cheveux blancs en secouant la tête. « Je comptais le libérer, plus tard. Tu n'as rien fait d'autre que de te causer une douleur inutile et de ruiner ta tunique. »

« Comment étais-je censé savoir que tu allais libérer le petit ? » dit Ozemir, mordant.

Le chef de clan se redressa et son visage se tordit quand il sourit d'un air méprisant à son serviteur. « Lance le sort et soigne-toi. Tu m'es encore utile. »

« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda Harry.

Demai'Tah leva ses mains en l'air, vers lui. « Vous rencontrer enfin, bien entendu. Après tout ce que le vieil humain m'a raconté sur vous, j'étais trop curieux pour rester à l'écart. Si je suis ici, c'est aussi pour faire savoir à Ozemir qu'il a toujours un maître auquel il doit se dévouer. Et je suis venu pour prendre la mesure de la menace que représente mon ennemi. Maintenant que je vous ai vu, tous les deux, j'ai pris ma décision. »

Il s'avança vers Drago et Harry jusqu'à ce que le blond grogne de nouveau. « Je n'ai rien à faire du pouvoir que tu possède. Un pas de plus vers mon compagnon et moi et je te viderais de ton sang, et ferais de toi mon prochain repas. »

Demai'Tah rejeta sa tête en arrière et explosa de rire, mais Harry nota qu'il avait arrêté de progresser vers eux, même s'il ne semblait pas craindre la menace. Son compagnon avait beau être jeune comparé à l'Ukatae expérimenté, mais Drago pouvait toujours porter son masque mortel, celui qui faisait craindre chacun pour sa vie. Et Demai'Tah n'avait pas connaissance de la puissance que Drago et Harry détenaient. Eux-même ne savaient pas à quel point ils étaient puissants, pensa Harry. Et Drago et lui ne le sauraient pas tant que leurs gardiens ne commenceraient pas à les entraîner.

« Voici ma décision ! » s'exclama Demai'Tah, de bonne humeur, en faisant de nouveau face à Ozemir qui s'était surélevé sur ses coudes pour voir les allées et venues. « J'ai décidé que ce serait la plus grande des batailles ! Et pour une telle bataille, je me dois d'avoir un ennemi à mon niveau. Je vais te laisser les éduquer, les entraîner, les préparer, sans que tu aies à craindre mon retour, jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur limite. Alors, nous nous amuserons. »

Demai'Tah se détourna d'Ozemir pour étudier tout le monde une dernière fois. Severus récolta un haussement de sourcil, mais en dehors de ça, il n'attira pas plus l'intérêt du chef de clan. Hermione et Tom furent analysés avec autant d'intérêt que l'avaient été Harry et Drago. Il montra ses crocs à Falde et observa curieusement Talyn un bref instant. Mais Brumek… Oh, Brumek fut gratifié d'un sourire écœurant de douceur.

« A la fin de tout ça, pour ta traîtrise Ozemir, je détruirais tout ce à quoi et à qui tu tiens. » Il rit quand Brumek montra ses dents sous la menace. « Ça a toujours été ta faiblesse, Ozemir. » Il regarda de haut son prodige. « Tu t'es toujours autorisé à être proche des autres… Tu aimes être entouré par les autres. Je n'ai jamais pu t'en empêcher malgré les coups que tu as reçu. Et maintenant, je vais m'en servir contre toi. Au final, ta faiblesse te rendra fou. » Les yeux d'Ozemir se transformèrent en deux fentes rouge, et il gronda en montrant ses dents à son tour, faisant rire encore une fois le chef de clan. « C'est dommage que tu ne puisses pas utiliser cette colère contre moi comme tu le souhaiterais. Quel combat fantastique cela ferait. »

Demai'Tah prit une grande inspiration, ses traits s'adoucissant comme si l'air qu'il inhalait le satisfaisait, et il disparut.

Ozemir soupira de soulagement avant que ses coudes ne lâchent et que son dos heurte le sol de la forêt. Un gémissement lui échappa quand il respira profondément, provoquant une douleur lancinante dans son corps. Brumek se libéra de la main de Falde et se précipita vers Ozemir qui avait posé une main sur ses plaies et chuchotait des mots de soin.

« Qu'est-il arrivé à ta soi-disant intelligence ? » lui demanda brusquement Brumek en couvrant sa main de la sienne pour fournir une plus grande pression sur la plaie. Ses yeux gris ne lâchaient plus les traits crispés de douleurs. Il était surpris de voir que ses mains tremblaient autant que celles d'Ozemir. « Tu n'aurais pas dû laisser ce démon se tenir aussi près de toi. »

Ozemir laissa échapper un faible rire à ses propos. « Il m'a pris par surprise, Brumek. Il m'a blessé seulement pour m'ennuyer. » Il redevint sérieux quand les autres s'approchèrent d'eux. « Brumek. Ce qui tu as appris à mon propos… Je suis désolé... »

« Je ne veux rien entendre à ce sujet pour le moment, » coupa précipitamment le guerrier. « Pour une fois, reste calme et sage pendant tes soins. »

Un petit sourire content flotta sur son visage. Il n'était peut-être pas heureux d'être son compagnon, mais Ozemir ne pouvait pas nier qu'il aimait quand Brumek lui donnait des ordres, et plus encore, quand le guerrier montrait qu'il était inquiet pour lui.

Talyn s'agenouilla à côté d'eux et passa une main devant les yeux d'Ozemir. « Dors maintenant. » Le corps de l'érudit se détendit et il se ramollit quand le sommeil s'empara instantanément de lui. « Je l'emmène à l'école. Vous savez où, » ajouta-t-elle à Brumek et Falde. « Il a arrêté le saignement lui-même, mais la blessure a toujours besoin d'être fermée, » conclut-elle avant de disparaître avec Ozemir, laissant un Brumek pâle et tremblant seul au milieu de la clairière, sur ses genoux, fixant sans aucune expression ses mains qui, il y a peu, touchaient celles d'Ozemir.

Tom finit par se sortir de sa stupeur et se tourna vers Falde. « Toi ! » Il pointa le guerrier du doigt et avançait droit sur lui. « Je pensais que tu avais dit que l'endroit était sûr ! C'est ton travail, non ? De nous protéger. Tu as dis que nous serions en sécurité ici, et malgré ça, tu as laissé cet individu nous rejoindre et s'emparer facilement de Harry. »

« C'est pour cela que Demai'Tah est craint, » expliqua Brumek. « Les Kibosh peuvent traverser n'importe quelle barrière et ce, sans que quiconque ne s'en aperçoive. Ozemir a pu le ressentir, mais malheureusement, il était trop tard pour pouvoir y faire quelque chose. »

« Attends, » dit Tom, et il posa un index sur son fin sourire, plein de malveillance, et fit un regard noir à Falde jusqu'à ce qu'il puisse contenir son tempérament. Il hocha finalement la tête et retira son index, mais ses yeux étaient toujours ardents. « Laissez-moi résumer. Mes frères se retrouvent avec des gardes sur le dos qui sont incapables de bloquer la première vraie menace qui se présente. C'est correct ? Dans ce cas, pourquoi êtes-vous là si vous ne pouvez pas les protéger ? Vous voulez peut-être partager avec nous les autres menaces contre lesquelles vous êtes inutiles ? A défaut, avertissez-nous, que nous essayons de nous protéger de notre mieux par nous-même la prochaine fois qu'une chose comme celle-là doit arriver ! »

Tom avait l'air de vouloir continuer sur sa lancée, mais Hermione l'entraîna rapidement loin de Falde, qui semblait totalement ignorer les élucubrations du seigneur des ténèbres. Ce qui ne faisait rien pour apaiser Tom.

Nous devrions tous retourner au château. Je veux m'assurer que tout va bien pour Ozemir, » dit Hermione en le poussant vers Harry et Drago, avec l'aide de Severus.

« Ozemir est un ennemi, maintenant, »lui dit gentiment Severus. « Ne l'as-tu pas compris ? »

« Il n'est pas encore mon ennemi, » intervint Harry. « Et quand il le sera, je saurais qu'il n'aura pas eu le choix. »

« Et nous n'aurons pas d'autre choix que de faire ce qui devra être fait, » lui dit Drago du ton le plus tendre qu'il put, sans pour autant ternir la fermeté de ses paroles.

« Nous pouvons trouver une autre solution, Drago. »

« De quoi parlez-vous ? » demanda Hermione. « Qu'est-ce que vous devez faire ? »

« Demai'Tah est le chef du clan Kibosh, » expliqua Falde en se tournant pour lui faire face. « Les Kibosh sont un clan d'élite connus sous le nom de la Cape de la Mort, et ils étaient engagés par le clan royal en tant qu'assassins. Ozemir a été asservi au clan bébé, pour être élevé par eux en tant que membre. »

« Ozemir est un assassin ? » Hermione se tourna vers Harry et Drago avec des yeux écarquillés et les deux acquiescèrent.

« Était un assassin. Ça fait cinq cent ans qu'il a mis cette 'activité' de côté. Cinq cent ans que personne n'a vu Demai'Tah vivant. »

« Tu peux expliquer comment tu sais tout ça ? » demanda Drago. « Tu sembles en savoir plus qu'Ozemir, et en prenant en compte son passé et son présent, c'est un sacré accomplissement. »

« Ouais. Tu parles de ce Demai'Tah comme si tu savais qu'il était en vie depuis tout ce temps, » ajouta Harry en étudiant Falde.

« Je ne suis pas sûr qu'il soit judicieux d'avoir cette conversation, jeunes gens. » Falde se retourna alors vers Hermione, jetant un bref regard à Brumek en même temps. Brumek se tint à quelques pas devant le groupe, en leur tournant le dos, mais Falde savait qu'il n'en perdait pas une miette. « Nous discutions d'Ozemir. » Dit-il à Hermione, qui l'écoutait avec une attention accrue. « Il a été soumis au maître du clan par un lien de servitude. Quand celui-ci ordonne à ses disciples soumis d'accomplir une tâche, ils se doivent d'obéir. Un rituel est réalisé pendant l'enfance, liant le bébé au maître. Les sorts utilisés lors de ce rituel sont… Barbares, » Falde cracha le mot, « et auraient dû être bannis par la loi. Mais ils étaient utilisés parce que la lignée royale l'autorisait. Même si c'était un secret très bien gardé. »

Brumek se retourna pour leur faire face, les yeux fatigués, sa voix cassée. « Quand Demai'Tah ordonne à l'un de ses esclaves de faire quelque chose, l'assassin doit le faire, va le faire, et seule la mort les empêchera d'accomplir leur mission. » Brumek fixa la forêt sans la voir. « Seule la mort, » chuchota t-il d'une voix enrouée.

Hermione hoqueta et mis une main devant sa bouche, ses yeux agrandis d'horreur. Severus regarda attentivement Harry, Tom et Drago avant de poser un bras sur ses épaules. « Je pense que c'est assez d'excitation pour une journée. Vous allez tous retourner à l'école ou je vais devoir vous retirer des points. »

« Pas besoin de nous menacer avec des points en moins, Severus. Nous y allons. » Tom fit un signe de la tête à Harry pour que celui-ci lance le Cercle et tout le monde se rassembla autour de lui. Harry lança à Brumek un dernier regard d'avertissement avant que lui et ses amis ne disparaissent. Falde et Brumek suivirent de près. Tous deux perdus dans leurs propres pensées.

Édité le 22/03/2022.