Note : au court du chapitre, j'arrête de mettre certains mots en italique : ce sont certains mots inventés par l'auteur concernant sa création du monde Ukatae.

Très bonne lecture et merci des petits mots pour le chapitre précédent.

Précédemment :

« Pas besoin de nous menacer avec des points en moins, Severus. Nous y allons. » Tom fit un signe de la tête à Harry pour que celui-ci lance le Cercle et tout le monde se rassembla autour de lui. Harry lança à Brumek un dernier regard d'avertissement avant que lui et ses amis ne disparaissent. Falde et Brumek suivirent de près. Tous deux perdus dans leurs propres pensées.

QUATRIÈME CHAPITRE

EXCURSION

Tout le monde rejoignit le dortoir de Drago après avoir quitté la forêt. Il était pratique que le dortoir du préfet en chef des serpentard contienne sa propre salle commune. Le rassemblement aurait pu avoir lieu ici, mais personne ne voulait s'y risquer au cas où un sort de Dumbledore ait été manqué, et il n'était pas adapté à certaines choses qu'ils prévoyaient de faire pendant leurs rassemblements.

Falde réclama le silence d'un geste pendant qu'il chercha des sorts de surveillance. Il y en avait deux, et tout le monde fut capable de se détendre autant qu'ils le purent, une fois les sorts désactivés, sous la nouvelle lumière des événements. Hermione s'assit sur la banquette et plongea son regard dans le vide, ne fixant rien en particulier, faisant jouer sa langue sur ses crocs d'une façon absente de temps en temps, tandis qu'elle faisait le point sur leur nouvelle situation.

Harry émit un grondement frustré, « Je ne peux pas y croire ! » et donna un coup de pied dans la table basse, la faisant voler à travers la pièce et se briser contre un mur.

« Nous allons faire le point, » dit Hermione et elle le tira à lui, le forçant à s'asseoir. Severus fit sa mauvaise tête face au comportement de Harry et répara les dégâts causés à la table et à une partie du mur, tandis que Tom se détendait dans son fauteuil, la tête en arrière et les yeux clos. Il semblait se moquer de tout ce qui se passait autour de lui.

Drago observa Harry pendant quelques minutes, et fronça des sourcils quand celui-ci passa une main tremblante dans ses cheveux. Il savait que son amant avait réussi à emmagasiner ce qui lui avait été raconté un peu plus tôt dans la soirée et ce qu'il avait vécu, et que maintenant que l'adrénaline était retombée, il passait par la phase de choc. Il était prêt à mettre la main sur son gryffondor et le faire sortir de cet état d'hébétude inutile aussi vite qu'il le pourrait, mais avant tout ça, il devait parler avec Falde.

« Quelle est cette Loi Sacrée ? » demanda-t-il.

« Ah oui ! » s'exclama Hermione en se redressant. « Je voulais aussi vous poser la question. »

Harry tourna son attention vers Falde, tout comme Tom. Le Lord noir ouvrit ses yeux et fixa Falde avec intérêt. Il semblait toujours en colère contre lui parce qu'à l'heure d'aujourd'hui, leurs gardiens n'étaient pas en mesure de les protéger de Demai'Tah. Severus resta silencieux, même si lui aussi posa des yeux remplis d'intérêt et de curiosité sur l'Ukatae.

« Pour dire les choses simplement, la Loi Sacrée décrète que les Ukataes n'utiliserons jamais leur magie contre personne, peu importe le combat. »

« Ça n'a pas l'air très juste, » dit Harry.

« Ça n'a pas l'air très intelligent non plus, » s'exprima Tom, donnant son opinion. « Vous combattez sûrement d'autres êtres qui utiliseront la magie contre vous lors d'un combat? »

« Lors d'un combat, nous pouvons utiliser notre magie pour nous protéger, et ceux qui ont assez de talent peuvent utiliser des armes avec des propriétés magiques, » expliqua Falde. « Mais utiliser la magie d'une quelconque autre façon contre quelqu'un dans un combat aura de sérieuses répercussions pour l'Ukatae en cause. Et si un Ukatae utilise la magie contre un autre Ukatae… Vous ne pouvez pas imaginer la destruction que cela peut engendrer. La destruction que cela a causé par le passé. La force de notre magie est si grande… Cela n'a rien à voir avec celle des sorciers. Je suis sûr qu'Ozemir l'expliquera plus dans le détail bientôt. »

« Alors… Pas de magie, » répéta Drago. Falde et Brumek acquiescèrent. Il leur rendit un regard vide d'émotion.

« D'autres questions ? » dit finalement Brumek d'un ton cassant quand Drago continua de les regarder sans cligner des yeux.

« Je me demande juste comment vous vous attendez à ce que nous gagnions contre cet abruti de psychopathe si on ne doit pas utiliser de magie. »

« La magie n'est pas la seule façon dont nous nous battons, jeune elfe. » La réponse de Falde était vague et Drago haussa un sourcil. Il n'aimait pas quand les gens lui donnaient des réponses qui n'en étaient pas vraiment.

« Il était très rapide et a manié cette épée comme si c'était une extension de son bras, » murmura Harry. « Nous allons avoir besoin d'apprendre à nous battre avec des armes. »

« Entraînement au combat ? » demanda Hermione avec ses sourcils levés.

Tout le monde se mit sur ses gardes quand ils virent Brumek avoir un sourire malicieux. « Enfin. A mon tour de m'amuser. »

Harry grogna. « Oh mon Dieu, nous allons mourir. Il va nous tuer. Oublies le chef de clan. Brumek aura notre peau avant ! »

Drago rit de ses propos pendant que Harry se pinçait l'arrête du nez. Il s'aperçut que la main du brun tremblait toujours. Sans rien dire de plus, Drago se dirigea vers lui, attrapa sa main et tira dessus jusqu'à ce que Harry se lève et le suive dans la chambre.

« Tu trembles, » lui dit Drago après avoir fermé la porte derrière eux.

« Ouais. J'peux rien y faire, » lui répondit Harry en haussant les épaules. « Ça fait beaucoup de choses à craindre. Je n'ai pas honte de l'admettre. »

« Je suis tout à fait d'accord, » confirma Drago en traversant la pièce pour atteindre la penderie. Harry en profita pour retirer sa robe et partit vers la salle de bain. Quand il en sortit, Drago était assis à son bureau, écrivant une lettre.

« Une lettre pour Lucius ? »

« Oui, » Drago s'interrompit dans son écriture pour regarder son compagnon. « J'ai passé le bonjour à Sirius de ta part, c'est ta lettre sur le lit. »

« Merci pour Sirius, » Harry se tourna vers le lit, et sautilla légèrement sur place en voyant ce qu'il y avait dessus. « Merlin Drago, tu es mon seul et unique sauveur ! »

Drago cacha son rosissement en retournant à sa lettre. « Beau parleur ! »

Harry eut un sourire satisfait en empoignant la parure de lit et en la tenant devant lui. « C'est exactement ce dont j'avais besoin. »

Drago se retourna et regarda son compagnon enlever rapidement sa chemise avant de libérer et d'étirer ses ailes, un ronronnement de joie quittant ses lèvres quand il balança la chemise de soie noire loin du lit. Son haut était l'un des articles achetés à Paris, modifiés pour avoir des ouvertures dans le dos, s'accommodant aux ailes de Harry. Drago en avait fait trop, comme d'habitude, et avait acheté plus de chemises de ce genre qu'il n'en avait besoin, dans des grandes tailles, Harry ne voulant pas autre chose maintenant qu'il avait ces fameuses ailes. Drago en avait acheté de toutes les couleurs, ainsi que dans diverses tailles, quelques unes allant à Harry à la perfection. La moitié des achats se trouvait avec les autres affaires de Harry, dans la tour de gryffondor, mais Drago avait fait en sorte d'empaqueter l'autre moitié pour sa chambre, sachant que le brun passerait la plupart de son temps libre ici, où ils avaient plus d'intimité que nulle part ailleurs.

« Je n'ai jamais imaginé à quel point ce serait étouffant. De couvrir mes ailes. Même avec le sortilège, ça commence à me taper sur les nerfs. » Harry ferma le dernier bouton et s'affala sur le lit sur le ventre, observant le dos bien droit de Drago. La posture de cet imbécile était toujours impeccable.

« J'y ai pensé. »

Quelques minutes de silence s'écoulèrent pendant lesquelles le seul bruit intelligible dans la pièce était leur douce respiration et le grattement répétitif de la plume de Drago qui terminait sa lettre.

« Je vais au manoir demain. » Harry se redressa et s'assit au bord du lit. « Il va se passer quelque chose avec le père de Luna demain… Je suppose que c'est à ce moment qu'il va mourir. Et j'ai cette étrange sensation que quelque chose va arriver à Luna aussi. Et même si je me trompe au sujet de Luna, je veux quand même être présent pour elle si son père rend l'âme. »

Drago ne lui répondit pas avant de finir sa lettre, ce qui ne fut pas très long après que Harry ait terminé de parler. « Je pense que c'est une bonne idée. Elle aura besoin de soutien, » lui dit-il en glissant la lettre dans une enveloppe de grande qualité.

Et c'est tout ce qu'il dit. Harry le regarda avec suspicion. « C'est tout ? Ça ne peut pas être tout, » répondit-il quand Drago hocha la tête à sa première question. « Tu n'es jamais aussi civilisé quand tu parles de Luna. Où sont les insultes, Drago ? »

« Je n'en ai aucune. Tom a dit quelque chose qui avait du sens et il m'a convaincu qu'elle ne pouvait pas être, » Drago grimaça très légèrement, « si mauvaise. »

« Il ne t'a fallu qu'un discours de Tom pour que tu le réalises ? » lui demanda Harry, insulté. « Tu vas écouter ce que Tom a à te dire à son propos, mais pas moi ? » La voix du brun était blessée et en colère, et son glamour tomba quand sa colère prit de l'ampleur.

Drago souffla et se frotta le front. Harry cherchait la bagarre, il était délicieusement bouillonnant et cherchait un combat. Drago fit tomber son glamour, lui aussi, en se tenant face à son compagnon. « Tu en fais beaucoup trop, » lui répliqua-t-il. « Tu es prêt à te disputer parce que tu es effrayé et que tu as besoin d'évacuer le trop plein d'émotions. »

« Non. Je suis en colère parce que tu sembles écouter tout le monde sauf moi. Tu écoutes Ozemir plutôt que moi. »

« De quoi est-ce que tu parles maintenant ? »

Les yeux de Harry brillèrent de colère quand Drago souffla comme s'il n'avait rien à faire de ce que le brun lui disait. « Ozemir dit qu'on doit le tuer, et toi tu demandes quand. Je parie que tu n'as même pas attendu qu'il finisse pour être d'accord ! »

« Et tu aurais tord, comme d'habitude. »

Un grognement remplit la pièce et les yeux de Harry s'agrandirent. Drago se détourna de son compagnon pour lui cacher son sourire et vida ses poches des objets qui pourraient blesser quelqu'un. Une fois fait, il déboutonna sa chemise, son sourire s'agrandissant en entendant le grognement sourd de Harry prendre de l'ampleur.

« Est-ce que tu vas vraiment commencer à jouer les connards, là, tout de suite ? »

« Je vais simplement ignorer ton comportement enfantin parce que je sais que tu es bouleversé, » dit Drago en se retournant vers lui, faisant disparaître son sourire.

« Bouleversé ! »

Drago eut le souffle coupé quand les ailes de Harry s'élevèrent dans son dos, sous le coup de l'irritation. Et le serpentard se prépara avec une douce anticipation quand son compagnon se lança contre lui, pour une bagarre sanglante.

La petite salle commune se tut sous le coup de la surprise et tous les yeux fixèrent la porte fermée de la chambre quand un cri s'en éleva, rapidement suivi par le bruit de quelque chose heurtant le sol lourdement. Puis encore plus de cris et de coups.

« Merlin, ils remettent le couvert, » marmonna Tom.

« Tu te trompes, » statua Brumek, amusé. « Ils sont en train de se battre. »

Severus renifla. « Je savais que ça allait arriver. »

Hermione gloussa. « Ouais, ça faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas battu. »

Tous se détournèrent de la chambre, avec l'intention de laisser le couple régler ses problèmes à leur façon. Ils furent heureux d'être distraits des coups donnés dans la chair par l'arrivée de Talyn. Elle sourit tendrement en entrant dans la pièce.

« Il va bien ? » demanda Brumek dès qu'elle passa un pied au-delà du seuil.

« Assez bien, » lui répondit Talyn, un sourire narquois sur les lèvres. « Son sommeil est naturel, maintenant. »

« Je me fiche de ça. Qu'en est-il de ses plaies ? »

« Il va bien et est parfaitement guéri. »

« Bien. » Brumek paraissait suffisamment satisfait de cette information et se recula.

Falde observa le guerrier quelques instant avant de tourner son attention vers Talyn. « Tu prends ton tour de garde ici. Nous ferons un changement dans quelques instants. »

Talyn adressa à son cher Commandant un salut effronté avant de prendre place sur l'accoudoir de la chaise de Tom. Il lui adressa un regard noir et la poussa en faisant la moue pendant que Falde et Brumek se dirigèrent vers le couloir désert.

Une fois la porte fermée derrière eux, Falde transperça Brumek d'un regard scrutateur. « Tu comprends que nous n'avions pas le choix, » commença-t-il lentement.

Brumek lui fit la tête. « J'aimerais que vous arrêtiez tous de me prendre pour un abruti fini ! Je sais comment opèrent les Kibosh et les autres clans. Je sais très bien qu'Ozemir n'a pas fait ce rituel par choix mais qu'il a été fait bien avant qu'il puisse dire quelque chose. »

Le guerrier se détourna de son chef et fixa la porte close. « Je n'ai jamais voulu avoir un compagnon. J'étais satisfait de ma vie sans en avoir un, » murmura-t-il. « Je ne me suis pas encore remis de la nouvelle d'avoir trouvé un compagnon dans ce monde, que j'apprends qu'il doit mourir. » Il se retourna vers son leader avec un regard acéré. « Qui a décidé qu'il devrait mourir ? »

Falde soupira et leva un main apaisante. « Brum... »

« Qui a décidé ? » le coupa Brumek, à quelques centimètres de son visage. « Toi ? » il gronda presque.

« Ozemir a décidé ! » aboya Falde. Il se recula et se frotta le visage avant de souffler, résigné. « Il connaît son devoir envers la nouvelle lignée. »

Brumek ne put s'en empêcher. Il ricana. « C'est un assassin, Falde. Que sait-il du devoir envers quiconque ? »

Falde se renfrogna, mais le flamboiement dans ses yeux vert d'eau fit comprendre au plus jeune guerrier qu'il était plus qu'en colère de son commentaire. L'intérêt que montrait Falde envers Ozemir mettait Brumek dans tous ses états. Il commençait à se sentir menacé, et ça avait tendance à le rendre violent. Mais il savait que devenir violent ne résoudrait rien et il y avait beaucoup trop de choses pour lesquelles s'inquiéter, il n'allait pas en plus se mettre son commandant à dos.

« Ça importe peu à Ozemir que Demai'Tah soit son premier maître. La nouvelle lignée est ce qui compte le plus pour lui ! » Falde pencha sa tête sur le côté et scruta le jeune combattant. « Tu ne sais pas ce qu'il a essayé de faire ce soir là avant de devoir commettre cette trahison, n'est-ce pas ? »

« Comment est-ce que je pourrais le savoir ? »

« Lui et beaucoup d'assassins ont essayé d'attenter à leur vie pour ne pas participer à la Rébellion. » Brumek recula sous la surprise. Falde hocha la tête avant de continuer. « Ils ont essayé de mettre fin à leurs jours plutôt que de devoir trahir l'Empire. Essayé et échoué. Échoué parce que leur lien envers le clan les empêchait de faire quoi que ce soit qui mettrait en péril la mission. »

« Je ne savais pas, » dit Brumek du ton le plus doux que Falde lui connaissait.

« Il adore l'Empire, Brumek. Tu ne trouvera personne de plus loyal que lui. Mais son lien envers le clan et Demai'Tah est scellé, et on ne pourra rien y faire. Et pour Ozemir, il n'y a pas de moyens de s'y opposer. Il en est conscient, et il sait que la seule façon de s'arrêter de tuer la nouvelle lignée est de se faire tuer avant. »

« Je ne peux pas l'accepter. »

Le coin de la bouche de Falde s'éleva avec suffisance. « Alors tu as accepté celui qui t'es assorti ? »

« Je n'ai jamais dit ça. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit ! » Brumek se renfrogna en apercevant le sourire de Falde. « Mais je n'accepterais pas la mort d'Ozemir, donc la solution est simple. »

Le sourire de Falde s'élargit et il croisa les bras sur sa poitrine. « Et la solution est ? »

« Je vais tuer Demai'Tah, comme ça Ozemir n'aura plus rien à craindre de lui. »

« Demai'Tah te massacrerait. Ozemir peut te massacrer… Et ne te fais pas de fausses idées, » dit rapidement Falde quand les yeux de Brumek s'étrécirent en deux fentes. « A l'heure d'aujourd'hui, il est impossible de les battre lors d'un combat. Aucun de nous n'aurait de chance contre la magie de Demai'Tah non plus. Je suis prêt à parier sur mes troupes que seuls les jeunes ont autant de pouvoir à leur disposition. »

Les yeux de Brumek s'assombrirent de détermination. « Alors nous commençons l'entraînement. »

« Oui. Et nous allons nous préparer, et ce, dès qu'Ozemir sera en assez bon état. »

« Ozemir est déjà en meilleur état, » grommela Brumek en réponse. « Talyn a dit qu'il était guéri. Tu n'as pas besoin de le traiter comme un enfant. »

« Brumek… Je sais que ton esprit est empli- »

« Je gère parfaitement mes émotions. Et vu que tu n'es pas son compagnon, tu n'a rien à dire à ce sujet. » Brumek fit la grimace quand Falde retrouva son sourire en coin.

« Mais nous aurons besoin d'armes pour les jeunes. Tous les jeunes. »

Dans le couloir sombre, Brumek eut un sourire satisfait, ses yeux s'éclairèrent à la perspective des combats d'entraînement et des nouvelles armes à acquérir. « Je sais exactement où aller. »

… … …

Brumek se déplaça grâce aux Ombres jusqu'aux quartiers que lui et les autres avaient sécurisé pour leur séjour dans le château. Il parcourut la zone vie avant de passer la tête par la porte ouverte donnant sur la chambre d'Ozemir, où l'elfe était allongé sur le dos.

« Ozemir ! Debout ! » cria-t-il dès que ses yeux se posèrent sur le pâle torse nu. Il n'avait pas besoin d'être distrait maintenant. « Ouvre les yeux tout de suite ! »

La tête de l'érudit se releva de son oreiller et il cligna des yeux, sa vision floue ne lui permettant pas de distinguer la personne à la porte clairement. Reconnaissant son guerrier revêche, Ozemir se redressa lentement sur ses coudes. « Je suppose que tu as une bonne raison pour me réveiller. »

Brumek se renfrogna au ton plat de l'érudit mais décida de ne pas s'intéresser à ce sujet pour le moment. « Tu es Dagon le démon. L'Assassin Fantôme. » C'était un fait, et la façon dont Brumek le dit sans aucun doute dans la voix ébahit l'érudit, avant de le faire froncer ses sourcils.

« Dagon n'existe pas. »

« Il existe. » Brumek se dirigea vers le lit, priant qu'Ozemir soit au moins vêtu en dessous de la taille. Il verrouilla son regard dans celui d'Ozemir en arrachant le drap qui le couvrait. Quand la tentation de regarder plus bas fut trop grande, il soupira de soulagement en voyant Ozemir dressé d'un pantalon noir.

Ce dernier souffla de mécontentement. « Tu étais si effrayé que ça de voir autre chose, » dit-il doucement, incapable de cacher totalement sa douleur dans ses yeux. « Je ne savais pas que je te dégoûtais autant. »

Brumek étudia le visage du savant, se demandant s'il devait dire la vérité et contredire la supposition ridicule d'Ozemir.

« Brumek ? »

« Ne le prends pas comme une insulte, » dit-il d'une voix grave avant de tirer Ozemir hors du lit et de le soutenir quand il le redressa sur ses pieds. « En vérité, j'avais peur de voir quelque chose de très… Distrayant. »

La moue d'Ozemir s'effaça instantanément et il regarda Brumek avec curiosité. « Tu veux en voir plus ? »

« Ce n'est pas le moment de parler de ça. Ozemir, je sais que tu es Dagon. »

Ozemir croisa ses bras sur sa poitrine. « Je ne vois pas pourquoi tu dis ça. Dagon est juste un mythe. »

« Tout le monde sait que Dagon le démon était le meilleur élève du chef du clan Kibosh. Et maintenant, je sais que c'est toi, son meilleur élève. »

« Et bien, en plus il sait additionner deux et deux. » rit Ozemir quand Brumek lui fit la grimace pour sa moquerie. Il se détourna pour trouver une tunique sur la pile d'effets qu'il avait apporté, jurant silencieusement contre Demai pour avoir avoir ruiné ce secret. « Et pourquoi tu me parles de l'Assassin Fantôme ? »

Brumek eut un sourire satisfait, se faisant rappeler la raison de sa visite. « Les petits ont besoin d'armes. De bonnes armes. Et Falde dit que nous allons entraîner leur frère et leur sœur aussi. »

« Super ! Ça va être marrant ! » Ozemir sautilla de joie sur la pointe de ses pieds tout en récupérant son t-shirt.

Brumek leva les yeux au ciel. « Ils ont pratiqué un rituel de sang pour se lier en frères et sœur. Ce n'est plus qu'une question de temps avant que le sang Ukatae prenne le dessus sur le sang humain et le remplace totalement.

Ozemir se glissa dans la tunique blanche et se retourna pour faire face à Brumek. « Et donc, quel est le rapport avec Dagon ? »

Brumek se rapprocha. « Comme je l'ai dit, ils vont avoir besoin de bonnes armes pour commencer à apprendre, et éventuellement pour apprendre leur maniement. La rumeur dit que Dagon le démon fait la collection de trésors et a en sa possession une horde d'armes rares qu'il s'est procuré grâce à ses victimes. Mais personne ne sait qui est ce démon, ni où se trouve ce trésor, s'il existe bel et bien. »

« Il existe, » chuchota Ozemir comme Brumek fit un autre pas le rapprochant de lui.

« Et tu me le montreras ? »

« Je pense, » commença lentement Ozemir, tentant de conserver une respiration normale malgré la proximité de Brumek, « que tu es gentil avec moi seulement parce que tu veux mettre la main sur les armes exotiques de Dagon ? »

« Évidemment. » Brumek sourit quand Ozemir commença à rigoler.

« Très bien, dans ce cas. » Ozemir se pressa contre le torse de Brumek, joueur. « Tu m'as convaincu. Je vais t'y emmener. Mais seulement parce que je t'aime bien. » Il fit le tour du guerrier pour trouver ses bottes et sentit son regard dans son dos.

Les trouvant, il se pencha pour les prendre et sourit légèrement en entendant la brusque inspiration de Brumek. C'était un petit confort de savoir que s'ils complétaient leur lien physiquement, ce ne serait pas déplaisant aux yeux du guerrier. Dommage que ça ne soit plus important, maintenant. Ozemir ne comptait pas entraîner le lien plus loin encore, pas quand son temps dans ce monde était compté. Gardant Brumek à distance était la meilleure chose à faire, même si ça lui faisait mal de le faire. Même si c'était la chose la plus compliquée qu'il devrait faire de sa longue vie.

Une fois ses bottes mises, il se dirigea vers la porte. « Allons voir les jeunes maintenant, nous devons y aller. Il faut que nous soyons à mon trésor avant le coucher du soleil. »

… … …

Falde retourna dans la salle commune après que Brumek soit parti… Quelque part. Talyn discutait avec la fille et ses frères de ce à quoi ils devraient s'attendre dans les jours à venir. Comme de légers changements dans leur apparence et dans leur taille, dans leur habileté à pratiquer la magie sans baguette, l'inconfort qu'ils ressentiraient quand leur noyau magique exploserait…

« Attends un instant ! » gémit Hermione. « Quoi ? »

« Les humains on des noyaux magiques, » expliqua Talyn, dessinant un ligne sur sa poitrine. « Mais nous, elfes noirs, sommes fait de magie pure. Nous n'avons pas de noyau. Nous en avons des milliers. Chaque veine, chaque goutte de sang est de la magie. Nous absorbons la magie de la terre. De tout ce qui nous entoure. Ici, dans cette école, vous absorberez inconsciemment la magie de vos pairs et du château même. Votre noyau humain est beaucoup trop petit pour ça. Malgré tout, il n'y a pas besoin de s'inquiéter. L'inconfort ne dure que quelques heures et cela arrive généralement quand votre corps se repose, donc vous serez probablement endormis. »

Tom semblait très intéressé et ses yeux brillaient sous le nombre de possibilités qui s'ouvraient à lui. Clairement, le fait de se transformer en créature magique suite à son lien avec les trois autres était un effet secondaire qui ne le dérangeait pas du tout. Faisant le tour de la pièce, il vit que ce que Hermione entendait ne lui plaisait pas du tout.

Tom grimaça quand un coup particulièrement fort résonna contre la porte de la chambre dans laquelle les deux tourtereaux se trouvaient toujours, le gémissement se faisant entendre étant totalement différent des précédents.

Après ça, Severus fit en sorte de s'échapper rapidement, remerciant tous les dieux de l'univers d'avoir envoyé un elfe de maison avec une lettre l'informant que le directeur requerrait sa présence pour une réunion avec le personnel de l'école. Il fit en sorte d'adresser à Hermione un regard désolé avant de partir.

« Pour l'amour de... » marmonna Hermione quand Drago cria d'un plaisir évident, suivi du rire rauque de Harry. Elle sortit rapidement sa baguette et pointa la porte, invoquant un puissant sort de silence qui couvrit tout le mur.

« Je vais aller retrouver quelques préfets, voir si on peut trouver d'autres idées pour l'unification des maisons, » dit-elle en se levant.

Tom bascula sa tête en arrière et acquiesça. Il serait tranquille ici, seul dans la salle commune, tant que le sortilège serait en place. Il n'avait aucune intention de retourner au dortoir qu'il devait partager avec d'autres, et d'être sociable avec les imbéciles qu'étaient ses camarades de classe. En fait, les seules fois où il retournait dans ce lieu étaient pour dormir.

« Quoi d'autre est attendu de mes frères ? » demanda-t-il à Falde quand ils se retrouvèrent seuls. Falde se tourna vers lui. « Je suis persuadé qu'ils vont devoir faire plus que tuer le chef de clan. Même après l'avoir détruit, » dit-il, confiant dans les capacités de ses frères, ce qui fit sourire Falde, « ils vont devoir se battre pour ce qui leur revient de droit. Ils vont devoir faire leurs preuves, n'est-ce pas ? »

« Oui. Mais elles devront être faites avant de confronter Demai'Tah, » répondit Falde alors qu'il se déplaçait pour s'asseoir face à Tom. « Notre peuple doit être uni de nouveau, ou alors Demai'Tah va utiliser ces querelles et distensions contre nous tous. »

Les doigts de Tom tapotèrent le bord de l'accoudoir pendant qu'il étudiait silencieusement Falde. « Qui es-tu ? Quel est ton rang ? A quel point es-tu important ? Je pense qu'il est temps que tu nous en parles. »

L'elfe eut un sourire narquois. « Tu vois beaucoup plus loin de ta sœur et tes frères. »

« Je suis le seigneur des ténèbres. Réponds à la question. »

« Commandant des Forces Impériales. »

Les yeux de Tom s'écarquillèrent légèrement. « Toutes ? »

« Chaque soldat de chaque troupe. »

« Bien, » Tom respira, content. « C'est bien. »

Se penchant en avant, Falde dit : « Tu es jeune, et pourtant, tu ne l'es pas vraiment. Nous savons qui tu étais et qui tu es. Je pense que tu as vécu assez longtemps pour t'apercevoir qu'ils vont devoir faire face à l'Empire d'abord. »

Tom hocha la tête lentement, ses yeux ne quittant jamais Falde. « Oui, je vois. »

« Est-ce que tu compte te tenir à leur côté ? »

« De tout mon cœur et avec toute mon âme. »

Falde hocha la tête à son tour, ravi. Bien qu'il soit encore humain, et rajeuni par-dessus ça, Lord Voldemort était toujours une force qu'il fallait prendre en compte et dont il fallait se méfier. Les jeunes ne souffriraient pas de son soutien. Rien que le fait qu'il se tienne à leur côté ferait gagner à Harry et Drago le soutien de quelques Ukataes du royaume.

La porte de la chambre s'ouvrit finalement et Harry en sortit, avec un sourire d'une oreille à l'autre. Tom pensa que ça lui donnait un air idiot, surtout avec l'œil au beurre noir qu'il s'affichait.

« Harry, pourquoi tu as un œil au beurre noir ? »

« Oh. » Harry effleura tendrement le bleu. « Drago a refusé de me le guérir. »

« Pourquoi ne le fais-tu pas disparaître ? » demanda Falde quand le jeune elfe prit place près de lui.

« Parce que j'aime bien quand c'est lui qui le fait. »

« Et pourquoi il ne veut pas le faire, déjà ? Demanda Tom.

« Il dit que je le mérite pour- »

« Pour avoir tiré mes cheveux ! » dit Drago, sec, en entrant dans la pièce et en adressant un regard noir en direction de Harry.

« Ce n'était qu'une petite mèche, » mentit Harry pendant que Drago se déplaçait vers un coin de la pièce, ses bras croisés sur sa poitrine, pour avoir tout le monde en vue.

« C'était plus qu'une petite mèche ! »

Falde se tourna et haussa un sourcil en direction de Tom. « Drago est amoureux de ses cheveux, » lui dit-il.

« Tu réalises que tu perds plus de cheveux que ça rien qu'en te tenant dans le vent, ou à chaque fois que toi et ton compagnon faites ce que vous faisiez il y a quelques minutes, » lui dit Falde, amusé.

Tom commença à rire sous cape quand les yeux de Drago s'agrandirent d'horreur, et Harry se tourna vers lui et siffla : « La ferme ! », avant de sauter sur ses pieds, se précipitant vers Drago et essayant d'obtenir son attention.

Harry l'enlaça et pressa son visage dans le cou du blond, dont le pouls battait avec une frénésie délicieuse. « Ce n'est pas vrai. Il ne sait pas de quoi il parle ! Regarde ses cheveux. On voit très bien qu'il ne sait pas en prendre soin ... » murmura-t-il contre la gorge de Drago, espérant que le blond n'entende pas le sourire dans sa voix. Il n'était pas certain que Drago l'ait entendu et il fut extrêmement reconnaissant de l'arrivée de Brumek et Ozemir dans le dortoir privé.

« On y va, » dit Brumek tout à coup. Mais pour une fois, son ton brusque fut ignoré.

Ozemir se précipita vers Harry et Drago et se tint près d'eux. « Qu'est-il arrivé à ton œil, petit ? » il cloua Drago du regard. « Et pourquoi ce n'est pas soigné ? »

« Tiré ses cheveux. J'ai connu mieux. »

Drago soupira et plaça deux doigts sur la zone meurtrie. « Tu as été très vicieux là-dedans, » il chuchota en appliquant une douce pression pour soigner l'œil de Harry.

« Bien. Il est guéri. Allons-y, » dit Brumek une nouvelle fois. Tout le monde se tourna vers lui alors qu'il regardait ostensiblement Ozemir. Le savant adressa un sourire excité aux deux jeunes.

« Oui, je vous emmène au trésor de Dagon ! Nous devons partir maintenant, pour trouver votre sœur. »

« Le trésor de Dagon… Ozemir, je ne pense pas que ce soit- » commença Falde.

« Il iront bien avec moi. Je le promets. »

« Talyn et moi- » tenta Falde une nouvelle fois, avant d'être interrompu par un Ozemir au ton dur.

« Non. » Tout le monde se tourna vers lui pour voir qu'il avait un air dur comme la pierre. « Brumek et les quatre que je vais entraîner vont venir. Personne d'autre ne s'en approchera. »

« Ozemir... »

« Ce n'est pas négociable, » dit-il d'une voix grave. « Et si tu essayes et que tu traces mes déplacements, je le saurai. »

Harry regarda à tour de rôle Falde et Ozemir. « Qu'est-ce que le trésor de Dagon ? Qui est Dagon ? »

« Laissez-les y aller, monsieur, » dit finalement Talyn, de façon respectueuse. « Ozemir et Brumek vont les protéger. Et s'ils vont au trésor de Dagon, on est sûr qu'il n'y aura personne d'autre qu'eux six. On dit que même Demai'Tah ne connaît pas son emplacement. »

« C'est un fait avéré, » ajouta Ozemir. « Et ça va continuer sur cette voie-là. »

Finalement, Falde accepta avec difficulté et Tom, Harry et Drago furent introduits dans l'Ombre. Tom les informa que Hermione était quelque part avec des préfets.

« Très bien. Nous devrions alors rester parmi les Ombres, » dit Drago. Ozemir acquiesça et ils disparurent de la salle commune.

… … …

Hermione était assise dans la bibliothèque avec des préfets poufsouffle et serdaigle de septième année. Elle était impressionnée par la façon dont ils avaient adopté l'idée d'union des maisons et par leur détermination à ce que ça aboutisse. Ils étaient tous venus avec des idées intéressantes pour rapprocher les maisons et elle avait hâte de voir certaines voir le jour.

« Même si nous n'avons pas beaucoup de temps pour planifier tout ça parfaitement, je pense que ton idée est brillante, Ian, » dit-elle au serdaigle, et des sons d'accords vinrent des autres préfets. « Et ça n'a pas besoin d'être parfait puisque ça va être décontracté. »

« Oui, c'est plus sympa si ça paraît être fait sur le moment, » accorda Susan. « Je pense que ça va fonctionner et que les élèves vont s'amuser. »

Hermione fit un tour de table et sourit en retour de ceux qu'on lui adressa. « C'est réglé alors. Demain, nous ferons un pique-nique de bienvenue autour du lac. »

« Et pour les préfets de gryffondor et serpentard ? » demanda quelqu'un.

« Les serpentard sont aussi investis que nous par l'unité entre les maisons. Je vous le promets. Et pareil pour ma maison. Ils ne devraient avoir aucune objection pour le pique-nique. »

Hermione intercepta un mouvement du coin de l'œil et fut surprise de voir ses frères accompagnant Brumek et Ozemir dans l'Ombre à quelques pas de là. Ozemir lui faisait signe.

Elle se concentra sur ses compères. « Très bien. Je vais faire un tour aux cuisines et alerter les elfes de maison de quel type de nourriture nous aurons besoin en grande quantité. Je viendrais probablement vous retrouver plus tard, si je pense à autre chose dont nous aurions besoin. » Sans attendre de réponse, Hermione quitta les préfets et marcha dans le fond de la bibliothèque, où l'Ombre s'était déplacée. Elle les vit dans un coin sombre.

« Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle une fois dans l'Ombre.

Harry sourit. « On part en excursion. »

Ozemir acquiesça. « On va voyager par Ombre et non pas par Cercle. La durée du du déplacement par Ombre sera plus grande que ce à quoi vous avez été habitués. Préparez-vous à ça, » dit-il à Harry et Drago avant de faire face à Tom et Hermione. « Le déplacement dans l'Ombre est comme celui du cercle dans le sens où ça vous couvre comme un brouillard. Mais les similitudes s'arrêtent ici. En voyageant parmi les Ombres, vous aurez l'impression de suffoquer et votre première réaction sera de retenir votre respiration. Chose que vous ne devez pas faire. Prenez une grande inspiration même si vous avez l'impression que votre corps est gelé. Et continuez de respirer. Ça devient plus facile avec le temps, je vous l'assure. Compris ? » Il eut un sourire malicieux quand tout le monde lui fit un signe de tête affirmatif. Il rapprocha ses mains et les frotta l'une contre l'autre.

« Oh et vous devez absolument garder le contrôle de votre magie, » ajouta-t-il, clouant tous les jeunes de son regard. Ils firent encore signe de tête. Mais Brumek fronça des sourcils en fixant les quatre élèves.

« C'est important et c'est plus compliqué que ça en à l'air. L'Ombre fonctionne en attirant votre magie et en s'en nourrissant. Gardez-la sous contrôle et n'en laissez aucune étincelle s'échapper vers l'Ombre pendant qu'elle se nourrit. »

« Ça semble compliqué, surtout si l'Ombre est déjà en train d'attirer la magie, » murmura Harry.

« Ça va sûrement rendre les choses plus compliquées, mais pourquoi on doit faire tout ça ? » la voix d'Hermione s'éleva timidement. « J'imagine que ce n'est pas quelque chose dont vous devez vous soucier ordinairement quand vous utilisez les Ombres comme mode de transport. »

« Nous allons dans un endroit seulement connu d'Ozemir, » expliqua Brumek. « Nous devons faire attention à nous débarrasser de tous les sorts de localisation de Demai'Tah qui s'activeront aussitôt que nous quitterons l'école. Votre magie, si vous ne la contenez pas, interférera avec la nôtre quand nous combattrons le sort de traçage. Ça pourrait prendre plus de temps que prévu et si nous restons dans l'Ombre trop longtemps, nous y serons piégés et elle dévorera toute notre magie jusqu'à ce que nous périssions. »

« Aucune pression donc... » dit Drago avec affabilité, Harry attrapant sa main fermement pour le conforter silencieusement.

« Je savais que poser la question rendrait ça pire, » dit Hermione avec un air désolé sur son visage pâle. Ils n'auraient pas dû demander. Tout le monde se serait senti mieux en ne sachant pas qu'ils pourraient mourir s'ils restaient dans l'Ombre trop longtemps.

« Prêts ? » Ozemir fit le tour des jeunes, ses yeux agrandis par l'excitation.

« Je suis prêt, » dit Tom d'une voix ennuyée, avant de regarder Harry.

Celui-ci acquiesça, déterminé même s'il n'avait pas l'air si assuré que ça.

Avant qu'un autre puisse dire quoi que ce soit, Ozemir frotta ses mains l'une contre l'autre encore une fois, en criant joyeusement : « C'est parti ! ». Aussitôt dit, il activa l'Ombre pour se déplacer.

Au début, le transfert fut très compliqué pour les élèves de Poudlard, particulièrement pour Hermione qui n'avait jamais utilisé ladite Ombre. Tom n'avait lui non plus jamais utilisé ce mode de déplacement, mais dans sa vie, il avait traversé beaucoup d'épreuves contrairement à la sorcière, et ça ne lui prenait jamais énormément de temps pour s'adapter. D'une quelconque façon, il ressentit sa panique et chercha sa main à tâtons. Ce fut plus facile pour lui de respirer une fois qu'il eut trouvé celle-ci, plus facile de se concentrer sur la conservation de sa magie, et il sentait que c'était la même chose pour Hermione. Se faisant entendre à travers le hurlement du vent, un gémissement grave tinta à leurs oreilles. Le gémissement était à une telle fréquence sonore que s'en était très douloureux pour les quatre étant pleinement Ukatae.

Un cri strident transperça le rugissement du vent, un cri ressemblant à celui d'un faucon blessé semblait venir de loin et Brumek commença à psalmodier des mots, sa voix un murmure, les mots grondant profondément, sortant et s'échappant comme le tonnerre. Il psalmodia pendant ce qui parut une éternité à Harry, jusqu'à ce que, tout à coup, l'horrible gémissement cesse, et le brun accueillit le retour du rugissement seul.

Subitement, ils furent secoués, perdant leur équilibre, et l'Ombre disparut, chacun se frottant les yeux et reprenant leur respiration, laissant leur vision s'accoutumer au paysage les entourant.

Brumek ronchonna en se redressant. « Merci de nous avertir, la prochaine fois ! » il gronda en se penchant en avant pour aider l'érudit à se redresser. Les yeux d'Ozemir s'agrandirent quand il réalisa ce que Brumek faisait et il balaya sa main tendue avant de se relever sans aide.

« Je t'avais posé la question ! » cria Drago. « C'était vachement dur hein ! Tu aurais pu compter jusqu'à trois ou quelque chose du genre pour que nous nous tenions prêts. Combien de fois encore vais-je devoir te le demander ? »

« Je m'excuse. » Ozemir s'éloigna de Brumek et se détourna des élèves, cachant ses mouvement à la vue de tous, et éloigna son bras pour analyser les dommages causés par l'attaque vengeresse de Demai'Tah, c'était de lui que venait le cri entendu un peu plus tôt. « Est-ce que tout le monde va bien et est en un seul morceau ? » Il voulait juste jeter un coup d'œil à la blessure pour évaluer la gravité des dommages, et l'ignorerait jusqu'à ce qu'il soit en privé. Pas besoin d'énerver encore plus les autres que ce qu'ils ne l'étaient déjà.

« On va bien. »

« Où sommes-nous ? » demanda Hermione quand ils firent tous des tours sur eux-même, observant la jungle les entourant.

« En Inde, » répondit Ozemir. Il baissa la manche calcinée sur la brûlure qui courrait de son poignet à son coude, à l'intérieur de son bras. Il se demandait comment il aller pouvoir masquer les traces de brûlure sur sa tunique. Ça allait probablement attirer l'attention et il savait que c'était une chance pour lui que Brumek n'ait rien remarqué. C'était la seule raison pour laquelle il avait refusé son aide un peu plus tôt. Sans ça, il aurait été flatté de sa prévenance.

Pendant quelques secondes, personne ne lui prêta attention, l'étendue déserte autour d'eux étant une assez grande distraction. Rapidement, et presque sans gestes, il tissa une petite toile sous glamour et la regarda se poser au-dessus des brûlures, laissant apparaître une manche blanche parfaitement propre. Il finit tout juste quand Brumek avança vers lui.

« Où est-ce ? Nous sommes en plein centre de l'Inde, Ozemir. Au milieu de la jungle oubliée des dieux. Je déteste cet endroit ! Est-ce que tu sais combien de combats j'ai dû livrer ici ? » il siffla.

Ozemir lui adressa un regard concerné. « Je- je suis désolé, Brumek. Je ne savais pas qui tu avais pris part dans les combats de la Résistance Attal. Je ne t'aurais pas amené ici si je l'avais su. »

« Mais pourquoi ici ? Pourquoi le monde humain ? »

« Les elfes ont toujours pensé que le trésor de Dagon était situé quelque part dans le royaume. Il n'est pas vraiment ici, ni là-bas, » répondit Ozemir en croisant ses mains dans son dos et en avançant, le léger bruit de ses pas rapides résonnant sur le sol démoli d'un temple détruit il y a longtemps. « Suivez. »

Et il continua sa brusque progression, quittant la pierre pour marcher dans un chemin de terre très peu emprunté longeant les arbres. Traversant une petite partie de la jungle, ils grimpèrent le flanc une colline relativement petite, mais pentue, et s'arrêtèrent au sommet, le chemin les guidant dans un découvert qui leur permettant de voir là où ils étaient arrivés s'ils se retournaient.

« La dernière lueur du jour, » chuchota Ozemir en faisant apparaître un miroir en bronze à double face.

« D'où est-ce que ce foutu miroir vient ? » demanda Harry en se tournant et remarquant qu'Ozemir avait fermé les yeux en attrapant l'objet à deux mains, haut au-dessus de sa tête. Tout le monde se tourna et se rassembla autour du savant, observant attentivement comme le miroir prenait de l'ampleur sous les murmures scandés par l'elfe. Le miroir tripla de volume, et Hermione se demanda comment Ozemir était encore capable de le tenir au-dessus de sa tête. L'objet semblait incroyablement lourd.

« Pas vraiment joli à regarder, n'est-ce pas ? » dit Drago à Harry, indiquant la tête d'un démon et ses cornes gravés dans le cadre en bronze, ainsi que des crânes, la bouche ouverte en un cri silencieux. Les yeux de tous les démons et tous les crânes étaient comblés par des rubis rouge sang et des onyx noir.

« J'aurais tendance à ne pas être d'accord, » dit Tom en observant le miroir, se demandant s'il y avait une chance pour qu'il se le procure ou un autre comme celui-ci pour sa propre collection. Il pouvait sentir le pouvoir palpiter. Un pouvoir que Tom n'avait encore jamais ressenti.

« Reculez s'il vous plaît, » demanda Ozemir en regardant le soleil couchant par-dessus son épaule. Tous obéirent rapidement et ouvrirent grand leurs yeux quand l'érudit fit face au temple détruit et chuchota, pile au moment ou le soleil dardait ses derniers rayons depuis l'horizon, « la dernière lueur du jour. »

Hermione hoqueta en regardant le soleil. La dernière lueur perceptible dans le ciel, rassemblée en un rayon, frappa le miroir d'Ozemir pour se propager dedans et ressortir de l'autre côté. Elle sursauta quand la lumière rencontra le miroir et en ressortit en plusieurs rayons vert, au lieu de se réfléchir. Elle n'était pas vraiment sûre de ce qu'elle voyait, mais quelque chose se passait sous l'action de ces rayons vert, et alors qu'elle continuait de regarder le phénomène, une ouverture apparut devant eux. Des flammes vertes se déversèrent du miroir, descendant vers le sol en ruine, et révélant devant leurs yeux ébahis un temple. Un temple qui était beaucoup plus imposant que ce que les ruines suggéraient. L'apparition continua de s'étirer vers le ciel, chatoyante, dévoilant un château avec des balcons, des terrasses, et si elle ne se trompait pas, une piscine dont s'échappait de la vapeur sur l'un des balcons de niveau inférieur.

« Terrible, » dit Harry, le souffle court et les yeux ronds. Drago acquiesça silencieusement, ses yeux tout aussi écarquillés.

« Le temple de Jade, » chuchota Brumek. « Mais, c'est un mythe. »

« Mon mythe, » proclama Ozemir fièrement en baissant ses bras. Le temple s'était alors entièrement matérialisé et consolidé. « Dépêchons-nous. Il ne nous reste que quelques minutes avant que le temple ne disparaisse à nouveau. Il faut que nous soyons à l'intérieur avant que ça n'arrive. »

En entrant dans le temple, Tom fit courir une de ses mains sur une colonne en jade sombre en la dépassant. C'était très réaliste. « C'est incroyable que tu sois capable d'utiliser le pouvoir du soleil, » dit-il à Ozemir quand l'érudit les guida à l'intérieur. « Plus encore, tu commandes la lumière du soleil. J'imagine que très peu de personnes sont assez talentueuses pour posséder un tel pouvoir. Le pouvoir du soleil brûlerait la plupart des gens. »

« Je pense que tu aimerais apprendre un tel pouvoir, » lui répondit Ozemir avec un sourire malicieux en le regardant du coin de l'œil, pétillant. Quelque part, Tom trouvait ça étrange qu'il n'y ait aucune ressemblance avec Dumbledore en remarquant les yeux pétillants du savant, mais ça le rassurait. « Ton amour pour le savoir a toujours été ton plus grand atout. C'est comme cela que tu as pu acquérir un si grand pouvoir, si rapidement, n'est-ce pas, Lord Voldemort ? »

Tom le regarda attentivement. Ozemir en savait plus sur lui que ce qu'il pensait. Mais Falde lui avait clairement dit qu'ils savaient qui il était. Il avait dû être suivi depuis le monde Ukatae aussi. Cette nouvelle et ce qu'elle impliquait lui fit plaisir.

« Tu vas m'apprendre ? Comment exploiter le pouvoir du soleil ? »

Le sourire d'Ozemir se transforma en une légère grimace. « C'est quelqu'un de très spécial qui m'a enseigné. Je vais devoir demander la permission de te l'apprendre au préalable. En considérant ce que tu pourrais faire de ce savoir une fois en ta possession. Mais je vais quand même demander. »

Tom hocha la tête et, pour la première fois, il offrit un vrai sourire à Ozemir, qui fut assez content pour le lui rendre. « Et à propos de ce miroir… » il fit un mouvement de la main dans la direction de l'objet, l'observant avec des yeux avides et brillants.

« Oh, tu l'aimes bien ? » demanda Ozemir, malicieux, et il le lui tendit. « Je l'ai fabriqué moi-même. »

« Impossible, » murmura Tom en passant des mains révérencieuses sur le bronze.

« Je te l'assure. Il y a sept cent ans de ça. J'ai dû faire cinq autres miroirs et trois autres temples avant d'arriver à ça. »

« Incroyable, » continua Tom sur le même ton, les yeux toujours rivés sur le miroir ayant retrouvé sa taille initiale. Ozemir gloussa affectueusement au jeune homme et agrippa le bras de Tom d'une façon amicale, malgré le grommellement d'un Brumek qui ne le voyait pas d'un bon œil. Le sourire d'Ozemir n'en devint que plus lumineux.

« Tu peux l'étudier à envie, si tu le veux. Jusqu'à ce qu'on parte, » ajouta t-il au plus âgé de la fratrie. Tom le remercia d'un signe de tête et s'assit immédiatement sur un banc dans le hall, ignorant tout ce qui n'était pas le miroir.

« Eh bien, il est content, » dit Hermione. « Ooh, regardez ! » elle se détacha du groupe, se précipitant dans une pièce sur le côte dont la porte était grande ouverte. Des parchemins empilés sur d'autres parchemins tapissaient les murs, les tables et les chaises du lieu.

« Où que vous alliez, ne faites pas un pas en dehors du temple, » avertit Ozemir. « Vous ne trouveriez pas le chemin pour y revenir. Explorez ce lieu autant qu'il vous plaira. Je n'ai jamais eu de visiteurs avant. Et prenez garde. Il y a certains artefacts et possessions ici qui sont farouchement protégés. Faites attention et ouvrez vos sens. Ce sera une bonne leçon, pour commencer. Faites attention à ne pas vous faire brûler par l'un de mes sorts. » Il fit signe à Hermione qui acquiesça avant de plonger vers les rouleaux.

Ozemir continua son chemin, avec l'intention de montrer à Brumek son armurerie. Harry et Drago étaient plus enclins à les rejoindre plutôt que d'étudier des parchemins ou un miroir avec fascination. Et franchement, l'endroit était si grand que Harry préférait rester avec un groupe, sinon il savait qu'il se perdrait.

« C'est ta maison ? » demanda le gryffondor à l'érudit quand ils descendirent vers les étages les plus bas du temple. Cette partie était sous terre, rafraîchissant l'air autour d'eux. « Je veux dire, tu vis ici ? »

« J'ai une chambre dans laquelle je peux dormir si jamais je devais rester ici plus longtemps qu'une journée. Mais ça arrive très rarement. Je viens rendre visite aux lieux fréquemment, mais seulement pour une heure ou deux à chaque fois. »

« Et pourquoi nous montres-tu cet endroit ? N'est-il pas supposé rester secret ? » le questionna Drago.

« Je sais que je n'ai pas à m'inquiéter que vous parliez de cet endroit à quelqu'un, ni que vous disiez où on se trouve. J'ai amené Brumek parce que... » Ozemir jeta un coup d'œil au guerrier géant à ses côtés, admirant son physique spectaculaire et la lumière d'excitation qui brillait dans ses yeux. Il aimait vraiment les armes. Harry cacha son sourire moqueur derrière sa main quand le regard d'Ozemir se remplit de désir. « Hmm. Eh bien, parce que nous sommes... »

« Nous sommes compagnons ! » coupa Brumek. « Tu peux le dire… » Le soldat regarda vers le bas, les yeux emplis d'éclairs, et aperçut ce petit quelque chose dans les yeux de son futur conjoint. Ce petit quelque chose qui le piégea, l'empêchant de se détourner. Est-ce que ses yeux avaient toujours été si grands et lumineux ? A l'instant où Ozemir se tourna, libérant le guerrier de son regard, le son d'un os se brisant remplit l'air : il venait de rentrer dans un des piliers de jade. Brisant son nez avec succès. Le rire de Harry explosa aussitôt.

« Merci de l'avertissement ! » dit Brumek méchamment en fusillant Ozemir. « Ce n'est que la deux cent trente-deuxième fois qu'il est cassé ! »

Drago garda la bouche fermée et bouscula son compagnon loin du soldat fulminant.

Ozemir essaya d'effacer le sourire de son visage en soignant rapidement le nez de Brumek et dit, « J'ai pensé que tu essayerais de me tuer si je te le signalais. Tu aimes tellement la violence, tu sais. »

« C'est un peu fort, venant de ta part ! » répondit Brumek.

Ozemir eut un sourire fripon et s'éloigna de lui. Il alla se tenir devant deux portes gigantesques qui dépassaient largement celles de la grande salle à Poudlard. Les grandes portes étaient faites dans la pierre. Des serpents, des fleurs exotiques et de larges feuilles étaient gravées dans les coins et les portes ne possédaient pas de poignées.

« Brumek a raison, » fit remarquer Harry en se tenant à côté de l'érudit pour les observer. « Merlin, qu'est-ce que qui se cache là-dedans ? S'il te plaît, ne me dit pas que tu gardes un animal incroyablement dangereux ici. »

« Je reviens vers vous dans un instant, » dit Ozemir en avançant pour poser la paume de ses mains contre la pierre, suivi de sa joue, puis tout son corps.

« Il ne m'a pas répondu. » Harry regarda l'érudit bizarrement quand celui-ci ferma les yeux et commença à prendre de profondes inspirations. « Oze- » Il regarda la main qui venait de se poser sur son épaule et remonta jusqu'à son propriétaire, Brumek, dont les yeux étaient rivés à Ozemir.

« Attends. »

Ils se tinrent en retrait et regardèrent Ozemir continuer son cycle respiratoire comme s'il se préparait à dormir. Des longues et profondes inspirations, de plus longues expirations, jusqu'à ce que les yeux d'Ozemir s'ouvrent en grand et qu'une pulsation ne vienne des portes. Pour Harry, ça ressemblait au battement d'un cœur. Quelques secondes plus tard, avec son corps toujours pressé contre les grandes portes, Ozemir sembla se faire absorber jusqu'à disparaître.

Harry et Drago s'approchèrent, se demandant si quelque chose d'autre allait se passer. Mais alors, les portes s'ouvrirent vers l'intérieur de la pièce, tirées par Ozemir. Harry se dit qu'il devait y avoir un enchantement sur les portes qui devait permettre de les tirer pour les ouvrir. Parce qu'elles étaient sacrément solides et lourdes. Sans enchantement, ça semblait impossible. Avec ou sans force Ukatae.

Brumek regarda Ozemir partir en laissant les portes ouvertes pour que les autres puissent le suivre, se dirigeant vers un passage qui descendait. Quelques pas plus tard, ils entrèrent dans une grande caverne. Elle avait l'air totalement naturelle, creusée naturellement plutôt que faite de la main de l'homme.

« C'est exactement ce que je m'imaginais quand je pensais à un trésor caché, » dit Drago avec émerveillement en s'avançant dans la caverne, séparée en sections. Des piles et des piles d'or et de bijoux s'amoncelaient dans un coin, tandis qu'une autre section était consacrée aux arts, aux statues, aux peintures et aux livres ainsi que… à des tapisseries représentant des batailles dont Drago n'avait jamais rien lu ni entendu parler.

Et dans le fond de la caverne, Brumek avançait, les yeux grand ouverts en reconnaissant quelques armes stockées ça et là. Une en particulier, une épée fixée sur le mur. Une épée qu'il reconnut immédiatement comme étant fabriquée par un elfe légendaire, mort il y a longtemps maintenant. Le fabricant d'épées de renom, Elachai le forgeron. Brumek tendit la main, dans le but de la prendre, avant de se retenir au dernier moment. Ozemir les avait prévenu que certains de ses trésors étaient protégés, et connaissant la valeur et la qualité de l'épée, Brumek était prêt à parier que c'était l'un d'entre eux. En survolant l'épée de sa main une nouvelle fois, il ressentit les vibrations d'un sort de protection qu'on ne pouvait pas manquer. Il chercha Ozemir du regard, se préparant à le supplier pour pouvoir avoir accès à cette œuvre d'art, mais ne vit que le bout de sa queue de cheval disparaissant dans l'ombre d'un passage au fin fond de la caverne.

Brumek localisa Harry et Drago, l'amusement l'envahit en remarquant leurs différentes expressions. Drago était pâle et paraissait horrifié à l'idée de devoir toucher et brandir des armes barbares. Harry lui avait un air déterminé, et Brumek était persuadé d'avoir vu une étincelle d'excitation dans ses yeux vers brillants. Voyant qu'ils avaient l'air bien, Brumek suivit Ozemir. Le passage étroit qui le savant avait emprunté menait à une petite pièce circulaire et Brumek s'arrêta à l'entrée de celle-ci, ayant peur, une fois qu'il y aurait mis les pieds, de voir ce qu'il y avait dedans et ce qu'Ozemir y faisait.

La pièce était de forme ovale, plutôt comme un œuf. Un œuf parcourue d'une ligne faite d'onyx, reflétant la faible lumière d'une torche fixée au mur. Le doux reflet orangé aurait dû donner un air chaleureux à l'ensemble de la pièce, plus accueillant, mais ce fut tout l'inverse, et Brumek eut des frissons. La torche était juste derrière une statue de Hirsha à taille humaine, leur Mère à tous, et Ozemir était agenouillé à ses pieds. Les mains de Hirsha étaient tendues devant elle, les mains à plat, paumes vers le haut, et Brumek put clairement voir dans ses paumes un épée sanglante. Il vit Ozemir presser un bras contre son torse en baissant son regard vers le sol. La respiration de l'érudit trembla quand il leva une main pour toucher l'épée et Brumek sentit brusquement la peur d'Ozemir alors que ses doigts s'approchaient du tranchant. Sa peur et sa culpabilité. C'était trop. Beaucoup trop.

« Ozemir, arrête, » le supplia-t-il en pressant son dos contre le mur incurvé et en agrippant sa poitrine, comme si c'était son lien empoisonné qui lui donnait tant de souffrance.

« Je d-dois, » dit Ozemir d'une voix brisée et basse.

« Comment peux-tu te faire ça ? » lui demanda-t-il sous le choc. « Pourquoi ? »

« Je dois payer pour ce que j'ai fait ! »

« Non ! » Brumek trébucha et éloigna la main d'Ozemir de l'arme et de la statue. Loin de la malédiction qu'il avait invoqué pour se torturer chaque fois qu'il venait rendre visite aux lieux. « Non, » dit-il encore une fois et il tira avec force Ozemir derrière lui pour le ramener dans la caverne. « Tu as été trahi. Toute ta vie, »il lui chuchota brusquement à l'oreille. Il était tellement en colère. Tellement en colère contre ce qu'Ozemir avait été forcé de faire, furieux que l'érudit se torture encore et encore pour quelque chose dont il n'avait pas eu le contrôle.

Attrapant le bras mou d'Ozemir fermement, Brumek le secoua et le tira vers lui, jusqu'à ce qu'il soit presque contre son torse. Apercevoir la désolation dans les yeux violets le mit dans une rage phénoménale et il secoua brutalement Ozemir, jusqu'à ce que ses yeux s'éclaircissent. Brumek l'éloigna alors de lui et de la porte menant à la statue. « Tu vas te tenir loin de cette chose tant que je suis dans les parages. Hors de question de me faire traverser ce genre d'épreuves encore une fois, » gronda-t-il avant de disparaître derrière un râtelier portant une grande variété de haches.

Harry et Drago furent attirés par leurs éclats de voix et tournèrent la tête pour voir Ozemir regarder un Brumek s'éloignant d'un pas rageur. Un Ozemir qui se tourna aussitôt pour fixer le petit passage duquel ils venaient.

Qu'est-ce que tu crois qu'il s'est passé ? Lui demanda Drago en se rapprochant de Harry, qui continuait d'observer Ozemir, inquiet.

J'en ai aucune idée. Harry ouvrait la bouche pour dire quelque chose à Ozemir quand celui-ci reprit le chemin qu'ils venaient de quitter. C'était sans compter Brumek qui se tenait à un souffle de lui.

« OZEMIR, JE JURE SUR HIRSHA QUE JE TE TUE SI TU RETOURNES LA-BAS ! »

L'érudit s'arrêta et ses épaules s'affaissèrent. Des secondes s'écoulèrent avant qu'il ne secoue la tête et ne sourit de nouveau. « Il est si exigeant, » dit-il en s'adressant à Harry en le dépassant. « Ça me donne envie de le dévorer. »

Harry secoua la tête, perplexe.

« Alors, comment en es-tu venu à posséder tout ça ? » lui demanda Drago quand le drame sembla être terminé pour le moment. Il fit un tour sur lui-même, mesurant la quantité impressionnante de trésors les entourant. Certains ayant des milliers d'années. D'autres qui n'auraient pas dû exister. C'était suffisant pour assécher la bouche de Drago, et pour le faire baver par la même occasion. « Est-ce que tu réalises la valeur de tout ça ? »

« Oui. J'en connais la valeur. Bien que le plus précieux de tout ça n'a aucune valeur monétaire. La plupart sont des objets que j'ai pris pour préserver des parts de l'histoire que certains ont essayé d'effacer. Quelque part, quelqu'un doit savoir, ne doit pas oublier, et transmettre la vérité sur les faits historiques. Autant Ukataes qu'humains. » Ozemir haussa ses épaules et sourit à sa collection. « C'est ce que je fais. »

« Et tu envisages sérieusement de donner ces objets ? » demanda Drago d'une voix qui tremblait sous l'absurdité de cette pensée.

Ozemir Acquiesça. « Une partie. Mais pas tout. J'ai fini par m'attacher à certains objets que j'ai volé. »

« Ozemir. Viens là, » l'appela le soldat d'une voix douce émerveillée. Ozemir se tourna immédiatement sous l'ordre et le rejoignit. Drago et Harry, curieux, le suivirent. Ils trouvèrent Brumek figé devant une table en pierre. Au-dessus de la table se trouvaient de nombreuses épées et leurs fourreaux étalés. Mais Brumek n'était focalisé que sur une pair, celle qui se trouvait directement devant lui.

« Est-ce que c'est ce que je pense ?Et tu en as deux ? C'est la vraie épée Gandjan ? Qu'en est-il de celle sur le mur ? »

« Oui, elles sont toutes deux les œuvres d'Elachai, » dit Ozemir en se tenant à côté du guerrier impressionné.

« Est-ce que je peux la toucher ? » demanda Brumek, sa main était déjà tendue, à deux doigts de saisir l'arme. Il fut vite arrêté par Ozemir qui saisit son poignet et le tira en arrière.

« Tu ne peux pas brandir la Gandjan. Tu sais que seul son propriétaire le peut. »

Brumek fronça des sourcils et dévisagea Ozemir. « Le propriétaire ? Tu l'as volé. »

Ozemir lui retourna son froncement de sourcil et il mit ses poings sur ses hanches. « Tout ce que tu vois ici n'est pas forcément volé, Brumek ! Beaucoup de ces objets sont des cadeaux et des trophées, des objets que j'ai trouvé lors de mes péripéties. La Gandjan m'a été offerte par Elachai, je te ferais savoir, » conclut-t-il en levant son nez en l'air. Les yeux de Brumek s'agrandirent sous la surprise.

Drago roula des yeux en s'éloignant du duo, seulement pour se faire interpeler par Ozemir. « Nous sommes ici pour choisir des armes pour vous entraîner, toi et tes frères. Tu as une préférence ? »

Drago adressa à l'érudit un regard incrédule. « Bien sûr. Comme si j'avais assez d'expérience avec aucune de ses armes. »

« Les seules armes que j'ai utilisé sont nos baguettes, » ajouta Harry en faisant un tour de pièce pour évaluer toutes les épées, les haches de combat, et les arbalètes. La plupart paraissaient mystiques. Elles avaient l'air aussi assez lourdes pour être sûr que l'utilisation de n'importe laquelle lui causerait une grande douleur.

« Merci de ne pas nous avoir parlé de la loi sur l'interdiction d'utiliser notre magie plus tôt, Ozemir. J'apprécie, » dit Drago ironiquement en touchant un bâton en bois du bout des doigts.

« Pas de magie ? » Ozemir passa à côté de Drago, et Brumek le regarda aller droit vers l'épée exposée au mur, désactivant rapidement les protections avant de la prendre et l'agiter devant Drago pour qu'il s'explique.

« Falde et Brumek nous ont parlé de la Loi Sacrée, » commença Drago en se décalant quand Ozemir bougea les bras dans un ensemble démontrant sa pratique. « On nous a dit que Demai'Tah utilisera la magie contre nous, mais qu'à cause d'une loi, nous ne pouvons pas lui rendre la pareille. »

Drago fit un pas en arrière, puis un autre, la lame lui paraissant particulièrement aiguisée, et Ozemir étant très habile avec.

« Vous allez utiliser la magie, » lui répondit Ozemir avec un sourire malfaisant.

« Oh, merci Merlin ! » s'exclama immédiatement Harry.

Brumek s'avança quand les mouvements d'Ozemir s'accélérèrent, ses yeux traçant les arcs-de-cercle graciles et les torsions harmonieuses, avant que son regard ne se dirige vers le visage de son porteur. « Seulement pour les protéger… Ou s'ils ont une arme avec un certain degré de magie, comme celle-ci. »

Les mouvements d'Ozemir s'accélérèrent encore, ses bras s'agitant autour de lui, son visage n'ayant aucune expression. Seuls ses yeux étaient animés. Ils brillaient d'une confiance mortelle. Harry était épaté quand la gestuelle du savant devint floue, et quand il vit Drago cligner rapidement des yeux, il sut qu'il n'était pas le seul à l'avoir vu. La lame commença à briller et la silhouette floue d'Ozemir était entourée d'arcs-de-cercle enflammés, créés par l'épée. Le brun comprit ce que Brumek voulait dire quand il parlait d'arme infusée de magie.

Ozemir s'arrêta d'un coup, laissant des rubans de feu tourner autour de lui pendant quelques secondes d'eux-même avant qu'ils ne disparaissent finalement. Il regardait l'épée bizarrement. Et, à l'ahurissement de Harry, haussa simplement les épaules et sourit en se dirigeant vers Brumek, qui le regardait d'un air glacé.

« Tu viens de faire tout ça et tu n'es même pas essoufflé... » murmura Harry, émerveillé.

« Non, » dit Ozemir à Brumek en lui tendant l'épée. Brumek regarda l'épée dans ses mains avec délice pendant quelques secondes avant d'assimiler les mots d'Ozemir. Il le regarda à moitié hébété.

« Hein? »

Ozemir lui sourit tendrement. Donnez une nouvelle arme à un soldat et vous êtes sûr de lui faire perdre toute capacité à réfléchir. Typique. « Ils vont vaincre le Maître. Pour cela, il vont devoir utiliser la magie. Il va les défier physiquement et magiquement. Ce sera inévitable. »

« Tu ne peux pas aller à l'encontre de la Loi Sacrée, Ozemir ! » lui dit-il, mordant tandis que l'érudit s'éloignait. Il se tourna pour regarder Harry et Drago. « Regardez autour de vous et choisissez une arme avec laquelle vous semblez à l'aise. Dépassez votre peur et choisissez une arme. Maintenant ! » Il se précipita ensuite vers Ozemir.

« Dépasser nos peurs ? » répéta un Harry incrédule. « C'est lui qui dit ça ! »

« C'est dégoûtant, » dit Drago d'une voix traînante en regardant le soldat poursuivre Ozemir, l'invectivant. « Il est réduit à un chien haletant. » Il secoua la tête de désespoir, et se tourna pour offrir un sourire à Harry. « Heureux que notre lien ne m'ait pas transformé en un idiot. »

Harry lui sourit en retour. « Non. Juste en un chiot en mal d'amour. Beaucoup mieux qu'un idiot. Pour moi du moins. »

« Très amusant, Potter. Je suppose que tu veux une récompense pour avoir eu ce trait esprit. »

Harry sourit largement et hocha la tête en reculant pour s'accouder contre la table en pierre. « Nous savons que le chef de clan utilise une épée, alors nous devrions apprendre ça d'abord, » dit-il en levant une main pour se frotter le cou.

« Tu as raison, » lui répondit sombrement Drago, en fixant la main de son amant caresser l'endroit qui avait subit l'assaut de Demai'Tah. « Je lui en doit une. »

Tout à coup, un cri aigu les atteignit et leurs yeux se dirigèrent vers les portes de la cave. « C'était Hermione ! » dit Harry en commençant à courir en dehors du lieu, Ozemir prenant les devants rapidement.

Un autre hurlement perça l'air quand ils firent leur retour en surface, mais cette fois-ci, ils entendirent des mots. « Ô MES DIEUX ! » et son hurlement n'était pas effrayé ni colérique, ce qui apaisa tout le monde et les fit ralentir en un trot jusqu'à ce qu'ils atteignent la pièce aux rouleaux. Tom était déjà dans l'encadrure de la porte, sa grimace tournée vers l'intérieur de la pièce, le miroir protégé sous un bras.

« … Ne va pas avec toi ? Tu ne peux pas pousser des hurlements comme ça si tout va bien ! » criait Tom.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » pantela Harry, les autres et lui s'arrêtant à l'entrée. Il mit ses mains sur ses genoux et se pencha en avant pour retrouver en semblant de souffle, regardant dans la salle pour voir une Hermione assise, entourée de rouleaux, un rouleau ouvert sur ses jambes. Elle le regardait et sa bouche bougeait comme si elle parlait, mais aucun son ne traversait ses lèvres.

« Je ne sais pas ! » dit Tom, cassant. « Elle s'est mise à crier tout à coup comme une banshee ! J'ai couru et je l'ai trouvé comme ça. Elle doit nous donner une explication. »

« Elle n'a pas été ensorcelé, si ? » demanda Drago en la regardant précautionneusement. Hermione ne détourna pas le regard du rouleau.

Ozemir étudia la pile de parchemins devant Hermione et comprit. Elle n'était Ukatae que depuis peu. Elle n'avait aucune idée du type de connaissance que possédait leur peuple. Le genre de relations qu'ils avaient pu entretenir avec d'autres… Avec un gloussement, il traversa la ligne inquiète de mâles observateurs et la rejoignit, prenant le rouleau de ses jambes pour en étudier rapidement le contenu. Hermione le regardait dans une sorte d'hébétude époustouflée. « Ah oui ! Je me souviens de celui-ci. C'était un bon moment ! » dit-il en riant.

Les yeux de la lionne se remplirent de larmes. « Tu- tu étais… tu étais ami avec... » Elle regarda de nouveau les rouleaux. « Est-ce que tu sais quelle quantité de savoir tu as en ta possession ? » lui chuchota-t-elle.

« De quoi est-ce qu'ils parlent? » demanda Brumek, impatient.

« J'étais encore un jeune elfe… Très jeune même, quand j'ai rencontré Alexandre et Héphaistion… Ils étaient incroyablement humains, » Ozemir lui dit doucement. « J'étais triste quand j'ai entendu parler de leur mort. J'aurais souhaité être là pour pouvoir les sauver. »

« De qui est-ce que tu parles ? Qu'est-ce qu'il se passe Hermione ? » coupa finalement Harry, son impatience tout aussi présente que celle de Brumek.

Hermione le regarda vivement avec un froncement de sourcils. « Alexandre le Grand, Harry ! Ozemir connaissait Alexandre le Grand, était ami avec lui et son éternel commandant-en-second. »

« Alexandre... » Harry se renfrogna et mordilla l'intérieur de sa joue. « C'était ce gars conquérant, hein ? »

Brumek et Ozemir reniflèrent. « Bien plus que ça, » dirent-ils à l'unisson. « Même moi, je reconnais qu'ils étaient particuliers pour des humains, » continua Brumek.

Tom regarda les rouleaux avec une bouche et des yeux grand ouverts. Il prit un moment pour se remettre du choc initial avant de parler. « Mais… C'était il y a plus de deux mille ans, quand ils étaient encore en vie… Tu ne peux pas être aussi vieux. »

Drago et Harry se tournèrent vers Tom et sourirent. « Bienvenue, » lui dit Drago. « Tu viens d'intégrer le club des immortels. »

« Ça t'a prit du temps, Tom, » rit Harry. « Et penses-y. Tout ce qu'il t'aura fallu faire, pour vaincre la mort, c'est de devenir Ukatae. Qui aurait pu penser que ce serait si simple. »

« Ozemir ! » Hermione attrapa sa main et le tira à lui, jusqu'à ce que leurs nez se touchent presque. « S'il te plaît, dis moi… J'ai toujours voulu le savoir et personne n'a jamais eu de preuves… Étaient-ils amants ? Ils l'étaient, n'est-ce pas ? C'étaient des âmes sœurs. »

Ozemir sourit tendrement. « Oui. »

Hermione bondit sur ses pieds et effectua une petite danse. « Oh, leur histoire est tellement romantique. Ils étaient si loyaux l'un envers l'autre. Égaux dans tous les domaines… » Elle finit en pleurs. « Le couple le plus romantique de l'histoire. Ils sont mort à un an d'intervalle. Certains disent qu'Alexandre a été empoisonné, ou mort d'une maladie qui s'est déclarée. Mais j'ai toujours pensé qu'il était mort d'amour, le cœur brisé. Héphaistion est mort si soudainement, et Alexandre l'a suivi neuf mois plus tard… Seulement quelques mois. »

« Hey , à quoi tu penses maintenant, Hermione ? »

« Alexandre le Grand et Héphaistion étaient amants, Harry. Ils étaient amis de longue date, soldats, et conquérants ensemble. » Elle pointa la pile de parchemins qu'Ozemir continuait de lire, s'arrêtant de temps en temps pour lire un passage en particulier, le sourire aux lèvres en se remémorant le passé. « Ils ont écrit à Ozemir comme s'il était partie intégrante de leur vie. Est-ce que vous savez ce qu'on peut apprendre de ces lettres et de ce qu'Ozemir sait des plus grands conquérants que l'histoire ait connue ? »

« Énormément ? » suggéra Harry, sans vraiment avoir d'intérêt sur le sujet. Hermione grommela de frustration contre son manque d'intérêt et redressa soudainement Ozemir sur ses pieds avant de l'entraîner jusqu'à un table dans un coin de la pièce.

« C'est une blague ? » lui demanda-t-elle, désignant l'intérieur d'une boite en bois. Ozemir observa ce qu'elle lui montrait.

« C'est réel. »

Hermione se recula jusqu'à ce que l'arrière de ses genoux ne cogne une chaise, sur laquelle elle s'assit.

« Alors elle a crié seulement parce que deux anciens moldus s'avéraient être amants ? » demanda finalement Drago.

Tom dévisagea ses frères. « Même moi, je dois avouer mon respect pour ces deux-là et ce qu'ils ont accompli. Vous devriez lire un peu plus. »

« Je te demande pardon ? Je te ferais savoir que je lis tout le temps. J'adore lire... » commença Drago.

Brumek soupira et commença à se frotter la tête. « On perd du temps. Ozemir. » L'érudit se détourna du monologue excité de la fille et haussa un sourcil. « Ils vont apprendre l'épée en premier. Choisis-en quatre qu'ils pourraient manier. » Après ça, il se tourna et partit vers la sortie, disparaissant rapidement à travers les ombres du temple.

« Tom ! L'Atlantide a existé ! C'était vrai ! » Hermione poussa un autre cri. Le Lord Noir soupira et sortit sa baguette pour invoquer un Silencio autour d'elle. Quelques secondes passèrent avant que les lèvres d'Hermione n'arrêtent de bouger, la sorcière se rendant compte de ce qu'il avait fait et se figea. Ses sourcils se froncèrent sous sa colère grimpante, et elle eut une grande inspiration et ouvrit la bouche pour lui crier après. Et la façon dont ses yeux fixaient Tom, réduits en deux fentes mortelles, Harry sut que ses paroles étaient létales. Si elle n'avait pas était réduite au silence, Tom en serait mort. Leur grand frère n'en rit que plus sombrement.

Harry suivit rapidement derrière Ozemir qui repartait vers la caverne, laissant Drago et Tom s'occuper d'une Hermione très émotive.

« C'est comme si elle avait trouvé son paradis, » dit-il à l'intention d'Ozemir.

« Si j'avais su à quel point elle trouverait du plaisir dans cette pièce, je l'aurais partagé avec elle plus tôt, » lui répondit Ozemir, sa bonne humeur se reflétant dans ses yeux.

Harry sourit. Ozemir pensait ce qu'il disait. Malgré ce qu'ils avaient découvert à propos de l'érudit, cela ne changeait en rien la personne plaisante et agréable qu'ils avaient rencontré. Il était toujours cette personne qui s'était porté volontaire pour sauver Hermione quand elle s'était faite capturer, c'était toujours celui qui avait sauvé Dudley de son obésité morbide. Ozemir avait beau dire qu'il était égoïste, mais en fait, Harry pensait que c'était la personne la moins égoïste qu'il n'ait jamais rencontré.

« Et elle m'a ouvert les yeux sur quelque chose, » continua Ozemir, un sourire aux lèvres sous le regard curieux que Harry lui lança. « Drago et toi me faites penser à Alexandre et Héphaistion. Tellement que je me demande en fait si vous n'êtes pas leurs réincarnations. Ça vous correspondrait tellement et ce serait un vrai coup du Destin. »

« Je ne vois pas comment. »

Ozemir lui fit un clin d'œil. « Peut-être qu'un jour, tu t'en apercevras. Peut-être qu'un jour, tu t'en souviendras. »

… … …

Brumek passa du temps à explorer tout le temple. Ça lui prit au mieux une bonne heure, mais uniquement parce que certaines découvertes étaient plus intéressantes que d'autres. Le sommet du temple en était une. Une seule et unique pièce remplissait le dôme. Il supposait qu'Ozemir utilisait cet espace comme d'une chambre quand il devait rester plus d'un jour. La pièce le fit immédiatement grimacer de dégoût. C'était comme de marcher à l'intérieur de la lampe magique d'un génie. Ozemir possédait de nombreux tissus de soie de couleurs différentes, suspendus partout dans la chambre. Allant du bleu profond au violet le plus riche, passant par un vert sombre et velouté et allant jusqu'au rouge sang. Des rubans de soie et des cordes tous aussi colorées étaient présents où que ses yeux se posent.

Même s'il pensait du mal des talents de décorateur d'Ozemir, il se retrouva fasciné et attiré par la chambre. Il passa au-delà de grands poufs couverts de soie, esquiva des tables basses ornées de lampes éteintes, et dépassa un lit au raz du sol drapé de soie noire. La respiration de Brumek s'accéléra et il fit une grimace. Cette… Cette pièce était ridiculement féminine, dans la façon dont elle était décorée avec extravagance et avec des objets inutiles. Et elle criait la bizarrerie d'Ozemir. En y pensant, Brumek était surpris d'apprécier certains côtés étranges du savant.

La soie était tout autour de lui, et le lit posé sur le sol se trouvait en plein milieu de la pièce…. En se penchant pour attraper une corde de soie bleue, le pouls de Brumek s'accéléra et son sang le brûla. Il avait une soudaine vision d'Ozemir, étendu sur le lit. Il s'imagina le recouvrer, vénérant son corps de sa langue, tandis que celui-ci tirait sur cette corde bleue qui nouait ses poignets…

Brumek ouvrit ses yeux en hoquetant, et recula d'un pas, essayant de retrouver une respiration normale et de ne pas s'évanouir sous la puissance de l'Appel du lien pour en faire son compagnon, compagnon qui choisissait cet instant précis pour apparaître dans un fantasme, comme pour se venger. En essayant de se reculer du lit et de la tentation qu'il engendrait aussi vite que possible, il réussit à se cogner la cheville contre l'une des tables basses et perdit l'équilibre.

Il tomba en arrière et s'écrasa contre quelque chose de caché derrière l'un des rideaux de soie tapissant les murs. Avec sa chance, il avait dû casser quelque chose et grimaça quand il entendit un objet se briser au sol. Il n'avait certainement pas besoin de voir apparaître un Ozemir dans les parages dans son état actuel, avec ses sourires charmeurs, ses yeux mortels, et ses lèvres sexy en diable. Il espéra que l'homme aux yeux violets était trop occupé pour entendre son vacarme, parce que Brumek était sûr que l'érudit pouvait tout entendre où qu'il soit das le temple, maudit soit-il.

Se retournant rapidement sur le ventre, le guerrier poussa involontairement un tissu doré et révéla une antique petite table avec une boite à trésor en argent sur le dessus. La boite n'avait pas de verrou et était ouverte, révélant un coffre vide, avec un liseré rouge. Jusque là, tout allait bien. Regardant ses mains, il vit une photo dont le cadre et la vitre étaient brisés. Du bout des doigts, il sortit l'image, qui ressemblait d'ailleurs plus à une peinture, et l'observa.

Il reconnaissait l'endroit, il le connaissait d'ailleurs plutôt bien. L'immense cascade prenait sa source dans une montagne. A côté de cette cascade se trouvait l'ancienne cité Ukatae, creusée dans l'un des flans de la montagne. La citadelle existait toujours, encore habitée. Brumek se souvint de la première fois qu'il l'avait vue. Après sa première vraie bataille contre un clan rebelle, il avait été blessé, comme la moitié de sa compagnie, et ils avaient été entraînés dans les souterrains cachés, dans les profondeurs des Montagnes Qylacae, pour pouvoir récupérer de leurs blessures.

L'image argentée qu'il tenait dans ses mains était une image panoramique, montrant la cascade, la plupart de la montagne et la totalité de la citadelle. L'image était encore en très bon état, et il y avait un mot en bas, de l'écriture ronde d'Ozemir, disant Première Rencontre. Pendant un instant, il se demanda ce que cela signifiait. Clairement, la citadelle avait une grande importance aux yeux d'Ozemir, tout comme aux siens, et le guerrier ce demandait en quoi. Il se demandait quelle était cette première rencontre…

L'Appel résonna de nouveau en lui, lui coupant le souffle et le faisant quitter la pièce, l'image toujours en main. Il l'avait oublié quand il retrouva Ozemir dans sa salle des trésors, la mâchoire crispée sous la douleur dans sa poitrine.

« Ozemir ! » Son cri résonna dans la caverne quand il les vit.

Hermione, qui était en train d'étudier une épée incurvée que le savant avait choisi pour elle, lui jeta un coup d'œil et renifla. Puis elle fut prise d'une crise de gloussements inarrêtables à la suite de ses propos.

« Viens ici et touche moi ! »

« On dirait qu'il est prêt à s'envoyer en l'air, » dit Harry à Drago comme tous deux l'observaient se déplacer vers son compagnon, les yeux rivés sur l'érudit glacé. Harry bouscula Ozemir, et quand leurs yeux se rencontrèrent, il sourit. « Ne l'as-tu pas entendu ? Il exige que tu le touches. Tu devrais peut-être même aller plus loin que simplement le toucher, » lui chuchota-t-il.

Drago fit un son de désaccord. « Il n'a pas demandé à malmené, Harry. »

« Pour la dernière fois, ce n'est pas malmener si tu aimes ça. Et je suis presque certain, que malgré son apparence revêche, Brumek apprécie chaque caresse qu'Ozemir lui procure. »

« Tu m'en dois toujours une pour ça, »marmonna Drago en scannant la caverne. Tom était en son centre, contournant un tas d'objets aux grandes propriétés magiques, selon Ozemir, et conservés sous une bulle protectrice. Tom était tenté de voir s'il pouvait traverser les protections, et s'il y arrivait, Ozemir lui accorderait probablement une récompense venant de l'amoncellement. Il était donc extrêmement concentré et très occupé.

« Combien de temps cela va-t-il encore durer ? » demanda Brumek en se tenant en face de l'autre adulte. Et parce que ce dernier ne bougea pas assez vite à son goût, Brumek attrapa sa main et la pressa contre son torse.

« l'Appel va continuer jusqu'à ce que nous nous accouplions, » murmura Ozemir, ses yeux fixés sur sa main posée sur la poitrine du guerrier. « Jusqu'à ce que notre lien soit consommé. Tu devrais le savoir. »

Dans sa colère, Brumek oublia la photo dans ses mains et crispa le poing, la froissant sous la frustration. « Ça… Tout ça commence à me les briser sévèrement ! Qu'est-ce que j'ai bien pu faire à Hirsha pour qu'elle me le fasse payer de cette façon ! » siffla-t-il à personne en particulier, mais tout le monde put l'entendre, et ils virent tous Ozemir flancher avant de se recomposer une façade.

« Tu as trouvé ma chambre, » dit Ozemir d'une voix morne en retirant la photo de son poing.

« Qu'est-ce que cette Première Rencontre signifie ? »

Les yeux d'Ozemir s'étrécirent et il poussa Brumek loin de lui. Il semblait prêt à éclater en sanglots. « Je ne vais pas te le dire. Si tu ne vois pas… Si tu ne t'en souviens pas. » Ozemir semblait terriblement blessé en reculant. « C'est que cela t'importe peu. »

« Me souvenir de quoi ? » demanda-t-il en regardant Ozemir mettre autant de distance que possible entre eux, puis disparaître comme Brumek l'avait fait un peu plus tôt.

Le guerrier se retourna pour voir Harry lui lancer un regard noir. « Oh, la paix ! Comment suis-je sensé savoir ce que cela signifie ? Pas de ma faute s'il est vexé ! »

Les ailes de Harry s'agitèrent sous l'émotion, attirant immédiatement l'attention de Drago. « Ce n'est pas pour ça qu'il est vexé ! Qu'est-ce qui ne va pas avec Ozemir ? » demanda-t-il. « Es-tu obligé de le traiter comme ça ? »

« De le traiter comment ? » dit Brumek, cassant.

« Comme s'il était la cause de tous tes maux et de tous tes problèmes, » Hermione se leva de sa chaise et le regarda fiévreusement en l'approchant. « Parce qu'il est un assassin, ça ne veut pas dire qu'il n'a aucun sentiments ! Aussi bizarre que cela paraisse. Tu n'es pas le seul qui se retrouve chamboulé par ce lien. Ozemir se préoccupe de toi, s'inquiète pour ton avenir… Ne vois-tu pas que c'est pour ça qu'il n'est pas heureux avec votre lien ? »

« Laissez-le tranquille, tous les deux, » intervint finalement Tom, abandonnant le tas de côté un instant pour se tenir aux côtés de Drago. « Il ne peut pas s'en empêcher. »

« Oui, » ajouta Drago, se tournant vers lui avec un sourire. « Ce n'est pas de la faute de Brumek s'il se comporte de cette façon. Il est juste terrifié. »

« Qui est terrifié ? » gronda le concerné. « Vous n'êtes certainement pas en train de parler de moi. Je ne suis pas terrifié. »

« Ozemir l'est, » dit Hermione d'une voix douce, faisant un signe de tête quand Brumek la regarda. « Il a peur pour toi. »

Harry s'installa sur la table, ignorant la grimace que lui renvoya Brumek quand il poussa les armes au loin sans y faire attention pour faire de la place pour ses fesses. « C'est la seule chose à laquelle il pense... Le bonheur de Brumek. L'avenir de Brumek. Il ne se préoccupe que de tes sentiments. » Harry leva les yeux vers le guerrier. « Tu ne t'aperçois même pas du pouvoir que tu as sur lui, si ? Avant même que le lien ne naisse. »

« Personnellement, je pense que tu es égoïste, » dit Tom qui obtint des regards surpris de ses frères et sœur. Tom n'avait encore jamais daigné prendre part à une conversation sur les relations que tout un chacun pouvait entretenir. Harry était content de voir qu'il y avait de l'évolution en ce sens. C'était prometteur pour Tom. « Tu ne voulais peut-être pas d'un compagnon, mais maintenant tu en as un. Il est temps d'avancer et d'être un homme, et de prendre soin de ce qui est à toi désormais. » Tom fixa le guerrier figé. « Avant qu'il ne soit trop tard. »

« Nous ne sommes pas humains, » siffla Brumek, pas heureux pour un sou de se faire remettre les pendules à l'heure par un des jeunes elfes.

« Un homme, Ukatae adulte, peu importe. Tu as compris ce qu'il voulait dire. » Harry balaya sa complainte vaseuse. « Je ne sais même pas pourquoi tu continues d'agir de cette façon. Enfin, vous êtes des compagnons. Il n'y a pas possibilité de l'éviter. Tu ferais tout aussi bien de faire avec et de passer à autre chose. » Harry sauta de la table et se rapprocha de Brumek, jetant un coup d'œil rapide aux autres. Drago et Tom s'étaient détournés de la conversation, et parlaient des armes qu'on leur avait donné. Hermione lançait un dernier regard noir à Brumek avant de retourner chercher d'autres liens avec le passé.

« Ce n'est pas si mal, d'avoir un compagnon, » lui dit-il silencieusement. « Je le recommanderais à tout le monde. Ce n'est pas comme si ça changeait tout ton être. »

Drago renifla et Tom intervint : « Il pourrait même prendre du bon temps. Son caractère revêche est parfois insupportable. »

« Regardez qui dit ça ! » répondit Harry moqueur. Apparemment, ils avaient tout entendu. En se retournant vers l'adulte, Harry vit qu'il avait déjà fait la moitié du chemin pour quitter la caverne.

« Oups. »

« Espérons que nous lui avons donné de quoi réfléchir, » dit Tom en le regardant partir. Harry eut une mine inquiète, laissant à Tom l'impression de vouloir le soulager de ses tourments encore une fois. Il poussa Harry avec son épaule en le dépassant, avec pour objectif de briser les protections des trésors d'Ozemir. « Il s'en préoccupe maintenant, j'en suis certain. Ozemir est tombé sur un bon compagnon, Harry. »

Brumek les quitta, en colère, dans un nuage de poussière, n'ayant aucune intention de rester là pour qu'on lui dise des choses qui savait déjà. Sauf que… Il n'avait pas pensé qu'Ozemir puisse avoir peur d'avoir un compagnon. Il savait que le savant était navré pour leur lien. Il pensait que c'était de sa faute si Brumek était maintenant coincé avec lui. Ça, il l'avait comprit, mais ça ne lui était pas venu à l'esprit qu'il s'inquiète pour lui.

« Idiot, » grommela-t-il en continuant sa progression. Il aurait préféré ne pas penser à Ozemir, mais son esprit ne lui laissait pas d'autre choix que d'envisager la situation d'un autre œil. Et s'il était honnête avec lui-même, il était prêt à faire avec. Ce n'était pas comme s'ils étaient des étrangers l'un pour l'autre.

En fait, la première fois qu'ils s'étaient rencontrés était lointaine, peu de temps avant qu'il ne passe d'un jeune adolescent à l'âge adulte. Cette première rencontre était enveloppée des cris de douleur de ses camarades, lui-même étant étourdi par une perte importante de sang. Brumek avait cru que le jeune elfe qui l'approchait était une pure création de Hirsha.

Leur Première Rencontre. Brumek fit une halte et regarda le sol à ses pieds sans le voir. Il se souvenait maintenant. Il savait ce dont Ozemir parlait… Si tu ne t'en souviens pas… C'est que tu n'en as rien à faire.

Brumek s'écroula contre un mur proche et se laissa glisser au sol. Il posa son bras sur son genou plié et se laissa envahir par le souvenir. Le regardant se jouer dans son esprit comme si ça s'était passé la veille et non pas des centaines d'années plus tôt.

Il avait passé deux mois complets à se battre avant que sa compagnie ne perde trop de membres et qu'ils ne doivent battre en retraite. Il était toujours jeune à ce moment là, mais il était déjà expérimenté dans les combats. Cette fois-là, il avait été gravement blessé et il n'y avait pas assez de guérisseurs sur le champ de bataille pour pouvoir traiter toutes les blessures, les ennemis ayant ciblés ceux-ci à dessein. Au moment de la retraite, Brumek, avec le reste de ses camarades blessés, avait été transporté vers l'immense citadelle. Il s'était réveillé à la moitié de son périple, allongé sur un brancard dans une file s'étendant jusqu'à la citadelle, une queue faite d'elfes et de bêtes. Marcher était la seule façon pour accéder à la citadelle. On ne pouvait pas utiliser un Cercle, ni l'Ombre, et si quelqu'un essayait, il serait instantanément tué par les protections et les enchantements entourant la forteresse.

Brumek se réveilla en fin de journée, étant presque arrivé à la citadelle et était ravi de sentir l'air frai et pur des montagnes et de voir le ciel étoilé apparaître au dessus de lui. La bataille avait été l'une des pires qu'il puisse imaginer, dévastatrice pour une jeune guerrier de son âge, et il était content d'être loin des collines entassées de corps, de l'odeur de la mort, des lacs de sang, et de l'inutilité de toute cette guerre civile.

Son brancard avait été bousculé et son sifflement de douleur avait alerté un guerrier qui marchait à côté de lui de son éveil. « Tout doux, Brumek, » une voix familière lui dit. « Nous sommes dans les Qylacae. »

Brumek avait tourné la tête pour tenter de reconnaître celui près de lui. « Falde ? »

Le soldat avait acquiescé. « Content que tu sois de nouveau conscient. Je commençais à m'inquiéter. » Falde regardait la colonne de blessés, et soupira de soulagement quand les lumières de la citadelle étaient devenues visibles à travers la brume enchantée qui l'entourait.

Dire que Brumek était mortifié était un euphémisme. Il avait l'impression d'être impuissant. Il était là, allongé sur un brancarde, et son maître et Haut Lieutenant marchait à ses côtés, le surveillant comme s'il était un enfant. Il avait échoué face à Falde, échoué son entraînement…

« Tout le monde tombe à un moment donné, dans sa carrière de soldat, Brumek. Il ne faut pas en avoir honte, » Falde murmurait, voyant la déception sur le visage de son jeune protégé. « Tu as combattu avec bravoure et avec une adresse que je n'aurais pas cru. Tu as très bien fait et tu as tenu plus longtemps que la plupart. Je ne suis pas de ceux qui fuient, mais c'est une chance qu'on nous ait ordonnée une retraite. Nous serions tous morts, sinon… Notre Commandant est tombé au combat, Brumek. »

Brumek n'avait pas réagi pas à cette information, surtout parce que Falde semblait être parti du champ de bataille sans un égratignure. Ses mots n'étaient que des os sur lesquels il pouvait se faire les dents. Comme la chute de leur Commandant, Brumek avait toujours secrètement pensé que son entraîneur et ami était plus fort. Falde était le plus grand guerrier que Brumek n'avait jamais vu et il avait suivi son exemple d'aussi loin qu'il s'en souvienne. A cinq ans, il était entré dans la légion junior et aussitôt placé dans la classe des élites. Les jeunes guerriers de l'élite s'étaient vu attribuer un entraîneur personnel chacun et Brumek avait passé une semaine à rendre hommage à Hirsha en découvrant que le sien était Falde.

« Brumek, ça suffit, » instruisait Falde, sentant que Brumek plongeait continuellement dans ses pensées. « Tu es en vie. Tu vas rester vivant et je n'ai jamais été aussi fier de toi. Il vont faire de moi le nouveau Commandant, » dit-il, plein de confiance, « et j'envisage de retarder le choix de mon Second pendant quelques années. Jusqu'à ce que tu sois prêt. »

Les yeux de Brumek s'agrandissaient sous la surprise et Falde gloussait, son ami ayant l'air de s'étouffer. « Ce n'était pas une coïncidence si j'ai été choisi pour t'entraîner. Je t'observe depuis que tu as trois ans. »

« Falde... »

« Reposes-toi, maintenant. Nous y sommes presque. »

Brumek était bien trop éveillé pour ça, et la douleur qu'il ressentait l'en empêchait. Il commençait donc à cataloguer ses blessures en essayant d'ignorer le sifflement dans son oreille droite. Levant sa tête, il repoussa la couverture sur ses jambes et grimaça en voyant l'état dans lequel sa jambe droite était. C'était pour cette raison qu'il était emmené à la citadelle. Aucun guérisseur n'aurait pu soigner sa jambe sur le champ de bataille. Il y aurait besoin de plus que d'un guérisseur pour pouvoir la réparer.

Sa jambe avait été nettement sectionné juste au-dessus du genou. Sa respiration était devenue erratique quand il avait réalisé que les dommages étaient si étendus qu'il risquait de perdre toute sa jambe. Et ce serait sa fin. Il ne pourrait plus jamais être un combattant, et malgré la perte de sa jambe dans une bataille, beaucoup de gens le considéreraient comme un paria. Il ne serait pas capable de montrer son visage quelque part sans ressentir une montagne de ressentiment et de culpabilité. Il préférait mourir dans un combat plutôt que de devoir subir tout ça. Le sifflement dans son oreille s'intensifiait et il levait une main faible la presser contre. Falde l'en empêcha et le regardait tristement.

« On devrait pouvoir sauver ta jambe, mais j'ai bien peur que ce ne soit trop tard pour ton oreille. »

Brumek toucha son oreille droite, mais ne put sentir qu'un bandage. « Je suis une honte, » chuchota-t-il en fermant les yeux.

« Seulement aux yeux de ceux qui n'en ont rien à faire. Seulement pour les nobles qui ne s'intéressent pas de savoir qui se sacrifie pour protéger leur vie immortelle chaque seconde de chaque jour, pour qu'ils puissent vivre leur petite vie tranquille chez eux. Ça ne devrait pas te toucher autant Brumek. Ne les laisse pas te prendre ta fierté. »

Quand Brumek ouvrait de nouveau les yeux, la Citadelle se profilait au-dessus de lui, et il était emmené, ainsi que de nombreux autres soldats, dans une cour en pierre. Le chaos semblait régner ici aussi. Les soldats et les guérisseurs couraient vers et en dehors de la citadelle, tout le monde était pressé et en panique, remarquait-il en voyant un guérisseur se précipiter vers Falde avec des yeux désolés.

« Haut Lieutenant, » le soigneur balbutiait en l'accueillant. « Je suis terriblement désol- »

« Pourquoi mes soldats ont été mis en attente dans la cour ? On m'a dit qu'il y avait assez de lits et pleins de guérisseurs ! » Falde avait attrapé le pauvre elfe par le col de sa tunique et l'avait attiré à lui. « On m'avait dit que vous aviez été prévenu et que vous vous étiez préparés ! Si jamais l'un de mes hommes meurt... »

« Je suis désolé monsieur!Nous étions prêts, mais les troupes en provenance de Calmine ont aussi été envoyées ici. Vous êtes tous arrivés en même temps et il n'y a pas assez de place pour tout le monde ! »

« Faites de la place ! » aboya Falde.

« Monsieur ! Le Général Nylae a ordonné que ses troupes soient prioritaires sur les vôtres ! Elle est votre supérieur ! »

Brumek ignora les mots brusques et inadaptés que Falde tenait à l'encontre du général et regardait autour de lui. Les guérisseurs et les gardes de la citadelle guidaient des soldats avec des Dehjinae [N. Trad :sans doute un cheval elfe ? ], des chevaux, et autres montures vers les étables, provoquant une circulation importante le long du chemin menant à la montagne. Il venait d'apercevoir encore plus de personnel soignant sortir des portes principales, aidant à faire entrer le plus de blessés possible, ou travaillant directement sur les blessés s'ils ne pouvaient pas attendre d'être déplacés. Brumek était reconnaissant que le plus gros de sa douleur soit apaisée, et il pouvait bien attendre un peu et laisser ceux qui avait besoin d'accéder à des soins immédiats passer devant lui. Il n'était pas encore mort. Il pouvait attendre.

Il continuait d'observer les alentours et se retrouvait attiré par une silhouette se tenant au-dessus de la cour, en haut d'une tour, regardant la frénésie qui se déroulait à ses pieds. La silhouette était facilement détectable, toute de blanc vêtue. Et ses cheveux étaient d'un blanc pur et tombaient librement, se balançant autour de son corps, suivant le vent. Brumek se soulevait sur les coudes, malgré la main de Falde essayant de l'en empêcher, posée sur son épaule, alors qu'il continuait d'invectiver le guérisseur. Brumek l'ignorait et continuait son observation, à moitié engourdi comma la silhouette sautait de la tour vers une autre, plus petite, et ainsi de suite jusqu'à atterrir gracieusement dans le fond de la cour.

Le jeune elfe, un garçon, analysait la cour avec des yeux écarquillés sous l'excitation avant de se tourner pour sourire à Brumek. Le jeune guerrier hoqueta en voyant son sourire. Il était à la fois timide et malicieux, et Brumek se demandait ce qui était si fichtrement plaisant dans cette situation pour qu'il lui fasse un tel sourire. Bien entendu, sa question fut vite dépassée par le sentiment de découvrir quelque chose de totalement nouveau et incroyable, ce qui, en soi, effrayait grandement le jeune soldat, alors que la créature se dirigeait vers lui sans peur et s'arrêtait une fois à ses côtés.

« Quel est ton nom ? » lui demandait-il, ses yeux d'un violet foncé rivés sur le visage pâle de Brumek.

Brumek le regardait bêtement. Il voulait se détourner. Il voulait le repousser, l'empêcher de regarder les imperfections de son corps ensanglanté. Parce que ce garçon paraissait tellement parfait, tellement magnifique… Il ne voulait pas le souiller d'une quelconque façon. Il n'avait encore jamais vu une beauté si parfaite. Et au lieu de se détourner, il ne pouvait que l'observer et faire la grimace.

Le garçon riait de ses réactions et éloignait quelques mèches blanches que le vent mettait devant ses yeux brillants. « Tu n'as pas de nom alors ? » il se pencha un peu plus vers Brumek, son souffle chatouillant le menton du soldat. « Peut-être que tu as perdu ta langue et ne peux plus parler ? » ajoutait-il curieux, en tentant de regarder à l'intérieur de sa bouche. Le guerrier grogna et le repoussa.

« Je peux parler ! » disait-il, mordant, attirant l'attention de Falde.

La colère de Falde s'évanouissait à la vue de garçon et il lui fit un sourire, décoiffant avec affection la tête aux cheveux blancs. « Ozemir. Pourquoi ne suis-je pas surpris de te trouver ici ? »

Ozemir lui répondit d'une moue. « Zynfrae a dit que j'étais trop sauvage pour côtoyer la société normale, peut importe ce que cela veut dire. » Il levait les yeux au ciel en soupirant. « Il dit que quelques mois ici vont m'aider à m'assagir. »

Falde reniflait. « Ça n'arrivera jamais. »

« Je sais ! J'ai essayé de le lui dire mais il ne m'écoute pas. »

« Le vieux savant apprendra. » souriait malicieusement Falde. « Comme tous les autres. » Et il désignait ensuite Brumek de la tête. « Je vois que tu as rencontré mon élève. »

« Oui, » lui répondait Ozemir, tournant de nouveau ses yeux brillants vers Brumek, avec son sourire idiot. « Il va s'en sortir ? »

« Si je peux le faire entrer et le faire correctement évaluer par un guérisseur, » grommelait Falde, se rappelant pourquoi ils attendaient ici. Brumek était sur le point de leur demander d'arrêter de parler de lui, comme s'il n'était pas là, mais il avait été interrompu par Falde. « Peux-tu rester avec lui pendant quelques instants ? J'ai besoin d'aller à l'intérieur pour lui trouver de l'aide. »

« Bien sûr ! J'en serais honoré. »

Falde souriait à sa réponse avant de les quitter rapidement, laissant son élève mécontent avec un étranger souriant.

« Vas-tu enfin me dire ton nom, maintenant ? » lui demandait l'étranger en ratissant son corps du regard, apercevant les dégâts infligés. Brumek le voyait froncer ses sourcils quand ses yeux atterrissaient sur la couverture pleine de sang couvrant ses jambes.

« Brumek, » marmonnait-il avant de tourner son attention ailleurs.

« Et moi, je suis Ozemir. C'est un plaisir de faire ta connaissance ! »

Brumek redirigeait son regard vers l'inconnu en entendant l'homme aux cheveux blancs être vraiment ravi de faire sa connaissance. « Qu'est-ce qu'il y a de plaisant ? » disait-il, à nouveau cassant, embarrassé que ce sourire le rende plus… léger ? Étourdi ? Inconfortable ? Peu importait, il voulait que le garçon parte. Maintenant.

« J'aime rencontrer des gens, » répondait Ozemir avec un haussement d'épaules gracieux. « Je t'aime bien et je suis très content de te rencontrer. »

Brumek laissait chuter sa tête sur le brancard en grommelant. « Tu ne me connais pas. »

« J'aime ce que tu dégages, » continuait Ozemir doucement, en levant la couverture et en grimaçant à la vue de ce qu'elle cachait. « Je peux juger les gens d'un regard. » Le garçon éloigna ses cheveux de son visage avant de se pencher pour avoir une meilleure vue sur le membre sectionné.

Brumek repoussait la main pâle qui tâtait sa jambe. « Tu n'es pas un guérisseur ! » il aboyait. « Éloigne-toi de moi ! » Le jeune elfe ne semblait pas affecté par son ton dur, ce qui le rendait encore plus en colère.

« tu vas perdre cette jambe, Brumek le Guerrier, si rien n'est fait prochainement, » disait Ozemir silencieusement.

Brumek avait l'intention de lui dire ce qu'il pouvait faire de son stupide avis, mais son corps était soudainement crispé par une toux qui le prenait, si violente qu'il avait du mal à respirer. A travers les larmes que la toux lui avait tiré, il voyait les yeux du garçon s'agrandir d'effroi avant de presser une délicate main pâle contre le front de Brumek.

Ozemir hoquetait et retirait rapidement sa main, pour mettre ses deux mains sur la poitrine de Brumek et se pencher jusqu'à ce que leurs nez se touchent. « S'il te plaît, » chuchotait-il. « S'il te plaît, ne dors pas encore. Tu dois rester éveillé. Promis ? »

« Laisses-moi tranquille, » gémissait Brumek, essayant de repousser sans succès le magnifique sujet de son agacement loin de lui.

« Je vais essayer de te laisser tranquille, mais promets-moi de ne pas t'endormir ! » le suppliait le garçon. « S'il te plaît, promets-moi, Brumek ! »

« Je ne te promets que si tu t'éloignes. Tes yeux sont trop lumineux, idiot ! Ma tête me fait mal ! »

Le garçon, Ozemir, souriait si gaiement à cette promesse que Brumek gémissait de nouveau et rassemblait toutes ses forces pour se détourner de lui. Ça ne semblait pas ennuyer Ozemir, qui continuait de sourire. « Je jure de vite revenir ! » Et comme cela, il était parti. Disparaissant dans la foule de soldats blessés, de Hauts Lieutenants en colère et de guérisseurs acharnés à travailler. Disparaissant en un clin d'œil. Et Brumek faisait donc en sorte de rester éveillé même s'il ne se souvenait pas vraiment de ce qu'il se passait alors. Et il avait toujours été convaincu que c'était à cause des yeux d'Ozemir, ou alors de sa demande pressante, qu'il avait réussi à rester conscient.

Brumek ouvrit ses yeux, de nouveau dans le présent, de retour dans le temple de jade. Il baissa sa tête dans sa main. C'était la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. A la citadelle. La première rencontre. Après qu'Ozemir se soit éloigné ce jour-là, des centaines d'années en arrière, Brumek était tombé dans un fièvre délirante et ne se souvenait plus de grand-chose au-delà. Ce dont il se souvenait était qu'une chambre avait rapidement été libérée pour lui et qu'on l'y avait amené, plusieurs guérisseurs l'y attendaient. Et aujourd'hui, alors qu'il était assis sur le sol du temple, son dos contre le mur, il réalisa que c'était sans doute la chambre d'Ozemir. Ozemir avait sauvé sa vie en lui offrant sa chambre et en s'assurant qu'il y aurait des guérisseurs disponibles pour s'occuper de lui. Brumek n'avait pas idée de comment cet imbécile d'érudit avait réussi cet exploit, mais il l'avait fait. Et maintenant, Brumek se souvenait.

Ce n'était pas comme s'il avait réellement oublié cette époque, pensa-t-il en se relevant. La silhouette d'Ozemir se tenant en haut de la plus haute tour avec le vent qui balayait ses cheveux… Comment Brumek avait-il pu oublier ça ?

Mais bien sûr, Hirsha devait trouver marrant de lui faire oublier ce dont il aurait dû se souvenir vraiment. Parce que maintenant, Ozemir se trouvait quelque part dans le temple, en pensant que Brumek n'avait aucun souvenir de cette époque… Et qu'il n'en avait rien à faire. Et il était probablement en train de bouder… Brumek soupira et reprit sa marche, dans l'intention de trouver son stupide compagnon. Au moins, Ozemir ne s'était pas rendu dans cette pièce noire entourée de malédiction.

… … …

Ozemir erra dans sa chambre et dépassa la table sur laquelle aurait dû se trouver la photo. Il répara rapidement les dommages causés au cadre, sifflant son mécontentement en faisant cela avant de remettre la photo à l'intérieur du petit coffre. Il se tint là pendant de longues minutes, ses mains agrippant le bord de la table, fixant l'image, regardant les mots qui y étaient écrits. Des mots qui semblaient désormais ridicules. Des mots qu'il avait écrit il y maintenant longtemps, quand il avait encore de l'espoir dans un futur qui n'était pas encore empoisonné par le clan Kibosh. Mais il n'y avait plus aucun espoir. Brumek pouvait bien être son compagnon destiné, ça n'avait plus d'importance parce que le guerrier le détestait. Et Ozemir avait abandonné tout espoir de voir ses sentiments lui être retournés, parce que ça n'avait plus aucun intérêt. Il serait bien mort.

Un cri de désespoir lui monta dans la gorge et son bras balaya d'un coup le coffre et les trésors qu'il contenait. Le son du verre brisé était étrangement satisfaisant et il continua sa crise en attrapant la table basse et en la jetant à travers la pièce, souriant follement quand elle se brisa et couvrit le sol de morceaux de bois.

Les minutes suivantes furent passées à effacer sa peine de façon destructrice, Ozemir se transformant en un démon honni et en une tempête de désespoir. Tout ce sur quoi il put mettre la main y passa avec un grand plaisir. A la fin de sa crise, Ozemir s'écroula à genoux sur les coussins déchirés et les tables détruites, sur des tissus de soie ne ressemblant plus à rien, et regarda les serres apparues sur ses mains, tremblant toujours de rage et de la douleur lancinante de son âme. Il se sentait si seul. La solitude était quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti auparavant, pas comme cela. En tant qu'assassin, il avait toujours été seul, mais en tant d'érudit, comme en ce moment, jamais.

« Je me souviens, Ozemir, » la voix de Brumek était douce, venant de derrière lui. Une main chaude se posa sur son épaule. « Tu m'as sauvé la vie. Tu m'as choisi parmi tous ces gens ce soir-là. Tu m'as laissé ta chambre et, je ne sais comment, tu as fait en sorte que des guérisseurs m'attendent dans cette chambre. »

« Tu étais plus important que n'importe qui, » lui répondit Ozemir sans lui faire face. « Je te l'ai dit. Je peux deviner une personne en un regard. Et je vois tellement de choses que je te regarde. »

Le lourd soupir de Brumek fit tourner la tête d'Ozemir pour pouvoir observer cette main posée sur lui. « Quelques fois, tu me rends fou, » murmura le soldat en prenant en coupe le coude de son compagnon pour l'aider à se relever. Quand finalement, Ozemir se tint face à lui, le guerrier lui sourit, coupant le souffle de l'érudit. « Mais la plupart du temps, j'aime bien quand tu joues les imbéciles, » confessa-t-il.

« Je ne suis pas un imbécile ! » se plaignit Ozemir. « C'est tellement insultant. » Il fit la moue en se tournant, gardant son bras blessé près de sa poitrine. Il n'y avait pas prit garde pendant son accès de colère et maintenant, la douleur l'ennuyait plus qu'autre chose.

« Tu dois être un sacré imbécile pour ruiner cette chambre parfaitement hideuse avec l'une de tes crises, » dit-il platement, ne laissant paraître aucune émotion. Il n'y avait aucune raison pour qu'Ozemir sache à quel point il était nerveux.

« C'est ma chambre et j'ai le droit de faire ce que j'en veux. Et ne dis pas qu'elle est hideuse. Elle était très belle. » Ozemir s'éloigna et disparut derrière un drap bleu sur le mur près du lit. Étonnamment, celui-ci était indemne. « Tu devrais repartir avec les jeunes vers l'école maintenant. Ils ont enfin leurs armes. Pas besoin de rester plus longtemps. Je ne devrais pas arriver très longtemps après vous, » lui rappela-t-il.

Brumek s'approcha du rideau bleu. Il y avait quelque chose qui clochait. « Ozemir ? » Il éloigna le rideau pour trouver une somptueuse salle d'eau dans laquelle Ozemir se tenait, appuyé à un évier, son bras tenu sous l'eau qui coulait. Quand il vit dans quel état était le bras d'Ozemir, il était à ses côtés en un instant. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Ozemir souffla de frustration et le regarda du coin de l'œil. « Qu'est-ce que tu crois qu'il s'est passé ? »

« J'ai récité le sort de protection avant qu'il ne puisse t'atteindre, » dit Brumek regardant la brûlure, à vif, qu'Ozemir essayait de refroidir avec de l'eau.

« Tu n'as récité le sort que quand j'ai crié de douleur. » Ozemir s'éloigna de l'évier et de Brumek. « Tu n'as pas été très utile, n'est-ce pas ? »

Brumek se renfrogna sous le ton froid d'Ozemir. « Laisses-moi te soigner. »

« Non. » Ozemir remit sa manche sur son bras et sortit de la salle. « Pas besoin de te faire du mouron. » L'érudit le laissa sans un regard en arrière.

« Je vois...C'est donc comme ça que ça va se passer. » Il était clair qu'Ozemir ne comptait pas lui rendre la tâche facile.

Brumek le suivit à un rythme lent, et il marcha avec un sourire malicieux. Ozemir pensa qu'il lâcherait l'affaire et laisserait les choses où elles en étaient… Apparemment, il ne le connaissait pas si bien.

Le sourire de Brumek s'agrandit d'une oreille à l'autre. « Que la chasse commence. »

Édité le 21/04/2022.