Bonjour ici !
J'espère que vous avez passés de bonnes vacances, si vous en avez eus, et que la rentrée s'est également bien passé.
Pour le chapitre 13 que voici, Trigger Warning : Violence, sang, mort
Encore une fois, un chapitre qui m'a surprit. Si je sais où je vais avec cette histoire, si je sais ce qui se passe à peu de chose près dans les chapitres, il y a toujours des imprévus, forcément. Et la plupart de ces imprévus ne viennent pas forcément de moi, mais de l'histoire elle même et de ses personnages.
Donc je suis parfois très étonnée de ce qu'il se passe, mais je ne peux pas le corriger. Les histoires que nous écrivons vivent aussi un peu par elles même, c'est toujours étonnant, mais aussi grisant.
Voilààà, bonne lecture !
Chapitre 13
Et pour les emmerder, Otsu décida de fournir le minimum d'effort à son rôle d'espionne. Après tout, ni Smith ni Livaï ne lui avait donné d'ultimatum. Ils auraient droit à ce qu'elle pouvait faire de mieux, en en faisant le moins.
Aujourd'hui, la prostituée était décidé à élargir ses horizons. Le lendemain de sa vente, Otsu n'avait fait que dormir. Après, et pendent trois jours de suite, elle avait arpenté Stohess de long en large. S'installait maintenant le sentiment de tourner en rond.
D'autant que la veille, la jeune femme s'était sentie suivie. Il était temps qu'elle change d'air, soit pour perdre ses éventuels poursuivants, soit pour se calmer. Elle était terriblement anxieuse, et tout ce stress pouvait bien la rendre paranoïaque. Soit le caporal la faisait encore suivre, soit la jeune femme devenait folle.
Tôt le matin, Otsu quitta l'Oeillet et gagna la grand route qui menait jusqu'à la porte du district. La brune n'eut pas le temps de la franchir qu'un fantôme l'interpella.
« Evonne ? »
Otsu s'arrêta net, les pieds solidement ancrés au sol, les yeux résolument fixés droit devant elle. Son nom chuchotait à ses oreilles, ravivait de lointains souvenirs. Evonne. Oui. C'était elle. Otsu tourna la tête.
« Haha, Evonne Turner ! Qu'est ce que tu fais ici ? »
Des cheveux blonds ébouriffés, un sourire toujours collé aux lèvres. Roebias ? Non. Moebias. C'était ça. Moebias. La jeune femme ouvrit les bras, rendit l'accolade à son ancien compagnon d'arme. Elle n'avait pas pensé à eux depuis si longtemps. Depuis son entrée au salon de thé en fait. C'était à la fin du printemps. Tant de choses s'étaient passées depuis, Otsu avait l'impression d'avoir vieilli de toute une éternité.
« Je travaille à Stohess figure toi, renvoya-t-elle avec un large sourire.
- Comme quoi, les feignasses dans ton genre s'en tirent toujours bien hein ? »
Il riait bien sûr, mais Moebias n'était pas si éloigné de la vérité. Otsu se sentit rougir.
« C'est parce que l'on sait se faire discret pour se la couler douce. On se trouve un nid, et on en bouge plus. »
Un clin d'oeil complice, et Moebias rit de plus belle.
« Et où tu te caches alors ?
- Dans un salon de thé. L'Oeillet. Passe me voir un de ces jours, dis leur que tu viens de... »
Otsu n'alla pas plus loin. Moebias avait blêmi. Il se rapprocha un peu d'elle et baissa la voix.
« Je connais l'Oeillet. Les gradés y vont souvent, ils en parlent tout le temps... Evonne, rassure-moi, tu ne travaille pas dans leur étage secret ? »
Les lèvres d'Otsu restèrent scellées. Elle ancra ses yeux bruns dans les verts de Moebias, laissa le silence répondre à sa place.
Le jeune homme secoua la tête. Atterré.
« Comment tu as pu finir là bas Evonne ? C'est pas digne de toi...
- Ha bon ? Mais par contre c'est assez digne pour que les gradés y aillent ?
- Tu t'en sortais pas si mal à l'entraînement, tu peux faire mieux que ça...
- Faudrait savoir, je croyais que j'étais trop paresseuse, renvoya Otsu en haussant les épaules.
- Et tu ne l'as pas nié ! C'est pour ça d'ailleurs que t'as jamais réussi à être dans les dix premiers ! Mais si tu t'en donnais un peu les moyens tu pourrais...
- Arrête Moebias. Je ne pourrais rien, parce que je ne veux pas. Tout ce que je veux, c'est avoir un coin à moi, être tranquille et en sécurité.
- Et c'est ce que tu as trouvé là bas ? cracha le soldat, septique et méprisant.
- Pas tout à fait, concéda la jeune femme. Mais c'est toujours mieux que d'être en première ligne sur les remparts de Rose.
- Si ça se trouve tu aurais été ici, avec moi, et ça aurait été tout aussi bien. Moebias fit un pas en arrière et détourna le regard.
- Le risque était trop grand murmura Otsu en faisant un pas vers lui. Et si un jour le Colossal revient, et qu'il détruit le mur Rose, toi aussi tu seras envoyés là bas. Moi, je serai toujours au chaud ici, et nos protecteurs ne nous abandonneraient pas. »
Alors ça, Otsu n'en était absolument pas certaine, mais elle se garda bien de revenir sur ses paroles. Moebias se contenta de l'observer en silence, la déception marquant tous ses traits. D'une main, il lui enserra l'épaule et baissa la tête, vaincu.
« Prends juste soin de toi d'accord ? Et si t'as besoin de l'aide d'un soldat de la garnison, tu peux compter sur moi. Si je suis encore en vie bien sûr. »
Otsu serra sa main en retour.
« Merci Moebias. Ca m'a fait plaisir de te revoir. Prends soin de toi, toi aussi. En gros, évite de te faire bouffer.
- Je ferai de mon mieux ! Bon, tu veux un laisser passer ?
- Hm, pas aujourd'hui finalement, mais on va sûrement se recroiser très vite. Salut Moebias, à bientôt ! »
Sur un salut militaire, les deux anciens compagnons d'armes se séparèrent, et Otsu revint sur ses pas, pleine de mélancolie et de colère. Deux sentiments très désagréables qui se mélangèrent sous sa peau et jouèrent avec ses idées. Elles tournaient, tourbillonnaient, dans une ronde infernale. Dans ses mains, la colère. L'envie de frapper. Dans sa tête, la tornade. Otsu errait, sans but ni idées. Quand des marches se dressèrent devant elle, la jeune femme leva les yeux. Une église. Une de ces foutues églises des Murs, qui étaient si en vogue dans les districts qui n'avaient jamais vus de titans.
Ce qui la poussa à y pénétrer, Otsu ne le saurait jamais. Ses souliers résonnèrent simplement sur les dalles de pierres, et ce fut tout.
Le Père régnait au centre du temple, entouré de ses fidèles, tous les yeux fermés, levés vers la voûte. Personne ne prêta attention à la nouvelle venue, et Otsu parcourut des yeux l'assemblée béate. Certains visages ne lui étaient pas inconnus. Des clients de l'Oeillet. Puis elle cessa de balayer l'assemblée du regard.
Son cœur sursauta dans sa poitrine.
Arbeit.
Une seconde parût une minute, une heure, et à tout moment le traître pouvait ouvrir les paupières et apercevoir la prostituée. Otsu pourtant n'arrivait pas à fuir. Elle restait là, debout, gelée et en sueur, à détailler son ancien client, cet homme qu'elle avait crut être un ami.
Elle resta là, quand le prêtre baissa les bras, ouvrit la bouche, prit la parole. Elle ne bougea pas plus quand ses fidèles reprirent une pose plus humaine, quand leurs yeux s'ouvrirent. Elle croisa le regard d'Arbeit. Une seconde. Deux secondes. Cinq secondes. Et Otsu tourna les talons. En bas des marches, la jeune femme manqua de percuter un petit groupe d'homme qui fumait des cigarettes. L'un d'eux la réceptionna en souriant, mais Otsu, probablement trop perturbée, ne sut que lui faire un vague signe de la main en remerciement.
En bas du parvis, la prostituée attendit, un peu à l'écart. Longtemps. Ou quelques instants. Il sortit rapidement, le premier, en tête de file des croyants. Derrières lui, des visages aimables, des airs sereins. Mais pas lui. Aucune sérénité sur le visage d'Arbeit. Il la cherchait, les rides de l'inquiétude déformaient ses traits. Ou était-ce de la fureur ? Otsu, à nouveau, planta ses yeux comme deux épingles dans les siens, et s'éloigna, fille sans joie et sans errance. Elle savait très bien où elle le menait.
Restait à savoir s'il jouerait le jeu.
Etait-ce la peur de la voir tout dévoiler ? Le besoin de redevenir le maître en la sentant s'échapper ?
Peu importait. Il joua.
Et Otsu le sentit tomber dans ce filet qu'elle avait tissé de sa colère et de sa peur, de sa culpabilité et de sa honte, jour après jour, sans même qu'elle s'en rende compte. Le piège s'était construit de lui même, là où se cachent la rancoeur et la vengeance.
Mais elle sentit aussi Arbeit prêt à combattre, ou pire, à s'enfuir si le jeu durait trop longtemps. Alors, la prostituée mit fin à la partie. Elle se glissa dans une ruelle, laissa un mur l'empêcher de s'écrouler par terre et s'y cramponna pour reprendre ses esprits. Ses mains trituraient le tissu de ses habits, le foulard autour de son cou, ses yeux fouillaient la rue. Il surgit à un coin, se stoppa net, parcourut les dalles et les murs, et l'aperçut là, droite et fière dans les ombres. Mais il n'avança pas. Otsu retint la grimace qui venait effleurer ses lèvres et recula davantage, disparût de sa vue.
Dans son dos, le mur de l'impasse et sa sueur glaçante qui lui brûlait les os. Son attention resta fixée sur le bout de la ruelle, sur les passants qui n'étaient pas Arbeit et disparaissaient de son champ de vision aussi rapidement qu'ils y étaient entrés, comme s'ils n'avaient jamais été là. Elle attendait. L'envie de fuir s'installa dans son ventre, à chaque fois qu'un homme qui n'était pas Arbeit traversait devant elle. Mais Otsu ne bougeait pas.
Là, ce sera lui.
Le prochain, ce sera lui.
Trois hommes passèrent devant son impasse. Ceux qui fumaient en bas de l'église. Otsu recula davantage. Ils s'arrêtèrent un instant, non pas pour faire enrager Otsu mais pour jeter leurs cigarettes, et s'éloignèrent sans lui accorder plus d'un regard.
Il attendait leur départ. Il va arriver.
Ce sera le prochain.
Il sera dans les cinq suivants.
Encore un.
Arbeit se tenait là, enfin, au bout de la ruelle. La prostituée crût voir un éclair de colère dans ses yeux, mais c'était peut-être son imagination, sa propre haine qu'elle projetait sur lui. Car quand il s'approcha, il n'eut qu'un regard affable et un sourire résigné.
« Vous pouvez vous vanter de m'avoir fait courir jeune dame. Mon épouse pourrait vous remercier de me faire faire du sport, mais nous éviterons de lui parler de ce petit rendez-vous imprévu et secret, n'est-ce pas ? »
Qu'est ce qu'Otsu pouvait répondre. Qu'elle savait que cette épouse n'existait pas ? Non. Ce n'était pas la bonne chose à dire, même si la brune ne savait pas encore pourquoi. Elle jouerait son jeu jusqu'au bout.
« Allons, vous savez bien que nous sommes toutes très discrètes mon ami. Pardonnez mes méthodes peu conventionnelles, mais j'ai été très surprise de vous voir à l'église... »
Elle tordit ses mains sur sa jupe, baissa la tète et se mordit les lèvres.
« Vous n'êtes plus venu depuis... Notre accord.
- Est-ce que cela vous a peiné ?
- A un moment oui. Mais j'en ai aussi été très en colère vous savez, je me suis sentis abandonnée... Je me doute que vous ayez voulu faire profil bas, mais j'aurai aimé un signe de votre part. Je me suis sentie très seule dans cette histoire, et j'ai beaucoup culpabilisé sur mon geste aussi. J'aurai voulu que vous soyez là pour me dire que tout allait bien. »
Le mensonge lui vint si facilement, qu'Otsu s'en étonna d'abord. Mais, après réflexion, la jeune femme dû bien admettre qu'il y avait un peu de vérité dans ses paroles.
Face à elle, les épaules d'Arbeit s'affaissèrent. La sincérité de la jeune femme dû le toucher, car il s'approcha d'elle et lui prit une main dans les siennes, grandes, sèches et froides. Otsu retint l'envie de la lui arracher, se contenta de lui sourire et de faire perler des larmes à ses yeux.
« Je suis désolé petite Otsu. Mon attitude n'était vraiment pas digne de vous, vous avez pris un risque énorme, et c'est vrai, je vous ai complétement laissé tombé. J'ai eu peur, je l'avoue humblement. Cette personne que vous avez empoisonné, vous l'avez reconnu n'est ce pas ? »
Hochement de tête d'Otsu. Arbeit soupira, l'air las.
« Oui, il est connu... Et cela a dû vous surprendre, et même vous faire hésiter. Mais je vous remercie d'avoir exaucé mon vœu. Ce n'est pas votre faute si... Enfin, ma chère, tout s'est très bien terminé, et vous n'avez pas été inquiété n'est-ce pas ?
- Non. »
Un nouveau mensonge lui vint à l'esprit, et Otsu enchaîna.
« J'ai crû un moment que son sous-fifre soupçonnait quelque chose, je crois que c'était vraiment le cas d'ailleurs, mais finalement il ne m'a pas posé de problèmes, ni à personne d'autre au salon. Il continue à venir de temps en temps pour son thé, peut-être qu'il me surveille, mais je n'en suis plus si sûre.
- Hm, j'ai eu vent en effet de ses visites. Vous avez raison de vous méfier, mais si ce petit caporal avait eu des doutes, vous l'auriez rapidement su. Restez tout de même sur vos gardes ma chère."
Arbeit avait entendu parler des visites de Livaï... Voilà une information que le caporal serait ravi de connaître.
" Vous aussi mon ami. Reviendrez vous bientôt nous voir ? reprit la prostituée sans ciller.
- Bien sûr petite Otsu, bien sûr. Allons, venez, je vais vous accompagner et profiter encore un peu de votre agréable compagnie.
- Haha, nous aussi, on veut profiter ! »
Otsu et Arbeit se retournèrent d'une même traite. Trois ombres, mains dans les poches, occupaient tout l'espace au bout de la ruelle. La jeune femme reconnu dans le contre jour le contour des trois fumeurs. Ils n'étaient finalement pas allés bien loin. S'étaient-ils cachés contre le mur, flairant l'opportunité d'un mauvais coup ?
« Alors ptite dame, on a des ennuis avec le monsieur ? Ou alors c'est vous monsieur qui vous faites embêter par la demoiselle ?
- Allons allons jeunes hommes, où donc allez vous chercher tout ça ? Nous nous connaissons cette dame et moi.
- Ouais, ça on a compris. C'est pas beau de payer des empoisonneuses. Vous savez c'qu'on dit, on est toujours mieux servit par soi même. Ca évite les témoins et les trahisons, vous savez.
- Mais enfin... De quoi parlez vous donc ?
- Ta gueule. On a tout entendu, alors fais pas le malin. Ca va vraiment te coûter très cher.
- Chhhht Louis. Calme toi. Va pas lui faire trop peur au Monsieur. Vous inquiétez pas, on dira rien. Bien sûr, il va falloir nous aider à garder le silence.
- Combien ? »
Arbeit, sans hésiter, sans trembler, sans même négocier, sortit son portefeuille de son veston et l'ouvrit, affichant une belle liasse de billets, déjà prêt à payer pour garantir sa sécurité. Mais il ne pourrait jamais donner assez, songea Otsu. Ils lui demanderaient toujours plus. Peut-être pas aujourd'hui, ni demain, mais ils reviendraient. Et combien de temps avant que ce chantage ne la touche, elle ?
« Tout ce que t'as sur toi. Et pareil pour la ptite demoiselle.
- Je... Je n'ai rien messieurs.
- Oooh, mais t'inquiète, on va s'arranger hein. Louis, je commence. Fayer, t'as qu'à t'amuser avec notre nouvel ami, c'est plus ton truc. »
Le meneur s'avança vers elle, au bout de l'impasse. Derrière son épaule, Otsu vit Arbeit se faire plaquer au mur par Fayer. Le dernier se plaça au bout, en bon guetteur. La configuration n'était pas idéale songea Otsu, mais elle s'en arrangerait. La brune n'était plus la faible exilée qui devait se battre pour un morceau de pain, sans faire le poids face à plus grand et plus affamé qu'elle. Elle avait apprit à se battre derrière le mur Rose, et elle avait apprit à gagner au Bataillon d'Entraînement. Elle n'était peut-être pas la plus douée, mais face à ce genre d'individus, Otsu et son entraînement avaient toutes leurs chances.
Sans compter que maintenant, elle était capable de mimer la terreur d'une jeune femme de bonne famille, inoffensive et naïve. Qu'il vienne.
L'imbécile s'avança, confiant, enserra son épaule d'une main et remonta sur son cou. Il saisit son foulard et le tint fermement, prêt à serrer pour bien lui faire comprendre. L'autre main s'affaira sous la jupe, la fit remonter assez pour commettre le crime qu'il avait en tête. Sur le visage de sa victime, il ne voyait qu'un effroi paralysant, une bouche tremblante et une peau blême. Il ne vit pas les muscles contractés, l'attente figée dans les mains, la confiance dans le regard. Quand il trouva la bonne position entre ses jambes, Otsu l'enserra entre ses cuisses, serra fort et s'appuya contre le mur derrière elle. Des deux mains, elle poussa d'un coup contre la paroi et le fit trébucher. D'un élan qui réveilla ses muscles rouillés, Otsu envoya son genoux dans le nez de son agresseur. Les doigts fichés dans ses cheveux, elle écrasa sa tête contre les dalles, encore, encore et encore. Il y avait du sang sur le sol. Il y avait du sang sur ses mains. Il y avait la mort dans la ruelle. L'autre homme, Fayer, avait lâché Arbeit pour porter secours à son compagnon. Otsu prit appui sur ses mains, balaya les jambes de l'assaillant et se jeta sur lui, les doigts plantés dans les yeux de sa victime. Des cris envahissaient ses tympans, sans qu'elle sache s'ils venaient d'elle ou de l'agonie de sa proie. Un bruit, plus fort, plus percutant que les autres, enchaîna la rage d'Otsu. Elle releva la tête. Le dernier gisait juste en face d'elle, un trou dans le crâne. Debout, Arbeit pointait une arme sur elle. Non. Sur Fayer. Otsu se redressa et recula.
« Non murmura le presque mort. C'était pas... »
Arbeit visa.
Arbeit tira.
Le coup ne les fit même pas frissonner, ni lui ni elle.
« Sauvez-vous Otsu, la Brigade a dû être alertée. Ils ne doivent pas vous trouver ici. »
La jeune femme acquiesça, couvrit sa tête de son foulard et pressa le pas. Il y avait eu du monde dans la rue, mais les bruits de l'agression avait fait fuir tous les passants. Stohess était une ville sûre, mais la richesse de ses habitants appâtait les plus misérables. Vols, viols ou meurtres, il y en avait moins, mais il y en avait comme partout ailleurs. La milice y était seulement plus prompte à réagir.
En frôlant les murs, Otsu remonta jusqu'au salon de thé. Elle prit le temps de frotter le sang sur sa peau avec son châle, et le noua sur sa robe pour en dissimuler au mieux les tâches écarlates qui ne tromperaient personne. Il suffisait qu'elle ne fasse aucune rencontre en grimpant à sa chambre. A cette heure, le salon de thé officiel était fermé. Otsu le traversa sans crainte, se faufila dans l'arrière couloir et, sur la pointe des pieds, enfila les marches du premier étage. Puis du deuxième. Qu'Hono descendait en même temps.
« Tiens, tu rentres tard. Tu as passé une bonne journée ? »
Otsu releva la tête vers sa sœur. Elle vit sa bouche s'ouvrir sur un cri muet.
« Mais qu'est ce qu'il t'es arrivée, chuchota Hono en parcourant la tenue d'Otsu de haut en bas.
- Mauvaise rencontre. Je te raconterai.
- Il n'y a personne dans la salle d'eau. Vas-y vite, je t'apporte une tenue de rechange. »
Elle aurait pu l'embrasser de gratitude.
« Merci Hono. »
Sous la douche, la barbarie revint sous ses yeux. Sa barbarie. Le front contre la mosaïque de la douche, Otsu, cachée par le rideau de ses cheveux mouillés, ferma les yeux et cracha le sang qui emplissait sa bouche. Elle s'était mordue la joue pour s'empêcher de hurler.
Et voilà, bon ce n'est pas mon chapitre préféré, j'espère que vous aurez apprécié néanmoins. On se retrouve bientôt, et même assez rapidement je pense, pour le chapitre 14
A la prochaine !
