Bonjour ici :)

Nouveau chapitre donc

Et comme je n'ai pas grand chose à dire, bonne lecture :p

Merci LilieMoonlightchild pour tes reviews :) Si le rapprochement n'est pas pour tout de suite, le caporal va bien finir par revenir boire son thé à l'Oeillet ;)

Chapitre 17

Blottie confortablement dans un fauteuil, placé contre le mur de la salle d'Art, Otsu somnolait presque, la tête en arrière, ses mains aux phalanges raides reposant entre ses cuisses. Elle avait passé deux heures à jouer de son luth. Son dos et sa nuque lui faisaient mal, comme ses doigts rougis par le pincement des cordes. Dame Yukari avait-eu raison de la contraindre à ces heures de travail hebdomadaires. La flûte ne demandait pas tant d'efforts, Otsu allait devoir s'habituer au nouvel instrument. Un peu de corne sur les doigts ne lui ferait pas de mal.

Plongée dans une douce torpeur, pelotonnée contre le tissu moelleux du vieux fauteuil, Otsu se sentait bien. Vraiment bien, malgré les douleurs aigues qui essaimaient son corps. Rien d'insupportable. Rien qui l'empêchait de se laisser aller au repos. La prostituée pouvait peut-être faire une petite sieste avant le repas. Juste un petit somme.

Des bruits de pas résonnèrent dans son rêve. Non, ce n'était pas un rêve. Elle ne dormait pas encore tout à fait. Ou alors elle ne dormait plus. Otsu n'arrivait pas à le savoir. Mais quelque chose lui disait qu'elle devait absolument se réveiller. Pourtant ses paupières, si lourdes, refusaient de rester ouvertes. Des voix lui parvenaient en même temps que les bruits de pas. Des voix de femme, évidemment. Des voix qui n'étaient pas vraiment des murmures, qui ne voulaient pourtant pas être trop entendues. Otsu, la tête contre le mur, n'en perdit pas une miette.

« Regarde la mieux, tu as vue ses yeux ? Elle serait parfaite.

- Sois un peu sérieuse. Tu n'as pas vue ses cheveux ?

- Une teinture fera des miracles !

- Non. Elle a aussi la peau d'une rousse. Le brou de noix peut peut-être la rendre brune, mais pour ces tâches de son il n'y a rien à faire. Elle nous coûterait bien trop cher en cosmétiques. Pourquoi penses-tu que nous les prenons déjà pâles et déjà brunes ?

-Mais tu n'en trouveras pas d'autres avec des yeux bridés !

- Il ne sont pas bridés Emi, ils sont en amande. Et tu sais très bien que si, il y en a d'autres.

- Tu penses encore à cette petite de Shiganshina ? »

Otsu ouvrit subitement les yeux, enfin réveillée. Pourquoi parlaient-elles de Shiganshina ? Qui c'était, cette petite ? En entendant les pas se rapprocher, elle referma les yeux, gardant sa posture endormie, adoptant la respiration profonde d'un vrai sommeil.

« Tu ne l'auras pas tu sais. Va donc savoir où elle se trouve maintenant.

- Allons Emi, tu me sous estime. Tais-toi.

- Quoi ? »

Otsu ne put qu'imaginer le regard acéré de Dame Yukari sur elle et ses minces talents d'actrice. Le silence qui rampa dans la salle d'Art s'approcha d'elle, tatonna à la recherche d'un signe, d'un frémissement, mais la jeune femme tint bon. Elle conserva son souffle paisible, fit s'entrouvrir ses lèvres. Une main tombée le long du fauteuil s'agita même de légers spasmes. Après ce qui sembla de longues minutes, Dame Yukari reprit la parole, d'un ton plus doux cette fois.

« Restons-en là Emi. Tu devrais monter te préparer si tu veux être à l'heure pour ton rendez-vous.

- Oui Dame Yukari. A plus tard. »

Seuls les pas d'Emi s'éloignèrent dans le couloir. Otsu n'entendit pas les souliers de Dame Yukari la suivre. La vieille femme était resté là, sur le seuil, à l'observer, à s'assurer que sa jeune recrue dormait bel et bien, et qu'elle n'avait rien entendue de leur échange.

« Otsu. »

Sa voix ridée claqua dans la salle vide. La prostituée ouvrit de grands yeux, l'air hagard. Réellement perdue et réellement apeurée, Otsu se redressa et essuya son menton d'une main.

« Oh, Dame Yukari. Je... Je croix que je me suis assoupie.

- Il semblerait en effet. »

Dame Yukari devait probablement encore peser le vrai du faux de cette saynète, mais si elle douta d'Otsu, elle n'en montra rien.

« Si tu es fatiguée, monte dans ta chambre. Je dois m'absenter ce midi, et comme Emi a également reçu l'autorisation de déjeuner dehors, je vous laisse quartier libre jusqu'à l'ouverture du salon. Profites-en pour te reposer, tu n'as pas bonne mine, je te veux en forme pour ce soir.

- Oui Dame Yukari, je vous remercie. »

Prête à bailler pour faire bonne figure, Otsu porta les mains à sa bouche. Ses mains aux doigts encore engourdis, encore rougis, que Dame Yukari remarqua tout de suite.

« Nous avons une huile pour ça, ajouta-t-elle en désignant les douloureux fautifs d'un bref coup de menton. Hono connaît une très bonne recette qui fait des merveilles. Vois avec elle pour un flacon.

- Oh, oui, merci Dame Yukari. A plus tard. »

La vieille femme se détournait déjà et ne lui répondit que d'un vague signe de la main. La prostituée l'observa disparaître dans ses propres appartements, probablement pour se préparer à sortir. Elle ne pouvait décemment pas parcourir les rues de Stohess dans son traditionnel kimono rouge et blanc. Et Otsu se dirigea vers les cuisines, avec ses questions. Une seule, en vérité. Emi avait mentionné une petite de Shiganshina...

Les filles se trouvaient déjà dans la cuisine, autour d'un déjeuner composé de légumes rôtis et de fromage. L'odeur était alléchante, bien qu'Otsu s'en détourna, sans appétit. Elle s'approcha d'Hono, mais elle eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que la timide brune, de ses yeux qui voyaient tout, savait déjà ce que sa sœur venait lui demander. Elle tira d'une de ses manches un flacon rempli d'un liquide aux teintes bleues foncées.

« Ah, merci Hono. Serais-tu voyante ?

- Oh, non. En fait, Emi m'a dit que tu avais joué toute la matinée. Alors je me suis dis que tu aurais peut-être besoin de ça. Ou pas bien sûr... Mais dans le doute, j'ai préféré en avoir un sur moi.

- Tu es formidable. Merci beaucoup. Hmm, ça sent très bon.

- Oui. C'est la lavande. Mes parents en font pousser pour les apothicaires. »

La lavande était l'une des fleurs favorites d'Otsu, bien plus que les coquelicots, et la prostituée se laissa tomber lourdement sur la chaise à côté d'Hono et, les pieds sur sa chaise, nonchalante, savoura un moment le parfum de l'huile. C'était l'odeur du soleil et de l'herbe, de la chansonnette d'une rivière accompagnée d'un choeur d'oiseaux et de grillons. C'était l'odeur de l'été, de son enfance, quand elle se rendait de l'autre côté du mur pour aller ramasser du bois, cueillir des champignons ou chasser des grenouilles. Qu'elle ne manquait pas de toujours relâcher, le cœur serré à l'idée de leurs sorts si elle les avait ramené à la maison. Son propre sort à elle, l'enfant d'alors s'en moquait bien.

Otsu étala le baume sur ses mains et le rendit à Hono sur un merci murmuré. La lavande serait maintenant l'odeur de l'amitié et du luth. Comme la poudre de riz était le parfum du mensonge, et l'alcool celui du travail.


Seule dans sa chambre, assise contre un mur blottie contre ses genoux, elle se concentra sur ce nom qui l'avait plongé dans sa tourmente. Shiganshina. De quoi parlaient Emi et Dame Yukari exactement ? Otsu somnolait à ce moment, mais elle entendait encore parfaitement leur conversation, comme certains morceaux de rêves peuvent rester nets et précis même longtemps après le réveil. Elles parlaient d'une fille, une rousse avec des yeux en amande. Ce n'était pas bien compliqué de deviner qu'Emi proposait une recrue à la patronne du salon de thé. Une recrue trop loin des standards de l'Oeillet, même avec des yeux qui pourraient passer pour asiatique. Et Dame Yukari, de toute évidence, avait une autre fille en vue. Une survivante de Shiganshina, donc.

Otsu porta à nouveau ses doigts parfumés à son nez et raviva ses souvenirs. La tête monstrueuse du titan Colossal, l'explosion, la fumée, les cris et le sang, la démarche grotesque des titans qui pénétraient le mur... Et avant, avant eux, sa jeunesse dans les rues du plus pauvre des districts. Une jeunesse heureuse malgré les coups de son père. Pendant un instant, Otsu redevint Evonne et sentit sous ses pieds nus les pavés des rues, le marché où elle trouvait toujours à chaparder, ses amis aussi avec qui elle battait fréquemment la campagne au lieu d'aller à l'école. Et puis cela lui revint comme un flash. Il y avait eu une petite fille, plus jeune qu'elle, mais sa réputation dépassait toutes les frontières, de l'âge ou du quartier. Une petite sauvageonne disait-on, orpheline et dernière représentante de sa lignée. Une brune, avec des yeux bridés. Evonne l'avait aperçu une fois, lors d'une rixe de quartier. Ce ne pouvait être qu'elle dont parlait Dame Yukari. Otsu se sentait soulagée de savoir qu'un petit bout de cette si lointaine existence vivait toujours. Et quelque part au fond d'elle, une infime partie d'Evonne apprécierait de voir cette jeune fille rejoindre l'Etage Privé. Mais cela, Otsu ne s'autorisa pas à se l'avouer trop fort. Et maintenant que le mystère était éclairci, elle pouvait en revenir à ses préoccupations immédiates. Ce soir, elle serait avec Fisherman.


Fisherman était plus guindé que d'habitude constata Otsu en l'entraînant dans l'alcôve qui leur était réservé ce soir. Fuyu et ses clients occupaient la pièce opposé, et la proximité de sa sœur rassura Otsu. Bien qu'elle n'avait aucune raison d'être inquiète se corrigea-t-elle. Fisherman était un de ses préférés, et il ne lui avait jamais donné de raison de se méfier de lui. Le jeune homme s'installa maladroitement sur les coussins, ses longues jambes frottant contre le bois de la table. Otsu sourit, Fisherman sourit, et Otsu ne sut que faire de plus.

« Vous souhaitez boire quelque chose mon ami ?

- Oh, oui, volontiers. Servez moi un whisky sec, et la même chose pour vous.

- Parfait, je n'aurai mieux choisi. »

Otsu ne raffolait pas du whisky, mais elle n'allait pas le lui dire. Pas plus qu'elle ne pouvait décemment lui expliquer que personne n'aimait que l'on commande à sa place, sans se soucier de son opinion. Ce n'était ni romantique, ni prévenant, et encore moins respectueux. Mais Otsu était une prostituée, et Fisherman son client. Elle ferait selon son bon vouloir et serait selon son bon plaisir. Le verre du client fut vidé cul sec, et il en redemanda un autre quand la jeune femme ne faisait que tremper ses lèvres dans le sien. La main de Fisherman tremblait sur son verre. Le pauvre, il devait être si tendu. Était-ce sa première fois avec une catin ? Ou même sa première fois tout court ?

Otsu entreprit de le dérider. Elle lui raconta sa première nuit de beuverie, la déplaçant d'une cave de Shiganshina au salon du fils d'un ami de sa soi disant tante chez laquelle elle avait longtemps vécu. Mais à part l'endroit, tout le reste était vrai. L'alcool qu'elle ne savait pas encore boire, les mélanges qu'elle faisait pour impressionner les plus âgés, le trou noir aussi, et surtout la corrélation que la jeune femme fit, quelques jours plus tard, entre le souvenir du goût acide dans sa bouche, et les chaussures souillés de vomi d'un jeune garçon pour qui elle avait le béguin. Otsu rit de bon cœur à l'évocation de ces souvenirs, et Fisherman, partit d'un grand éclat de rire à son tour. Un rire trop décalé, trop bruyant, qui tordit l'estomac d'Otsu. Et puis il s'arrêta net, et, un étrange sourire aux lèvres, fixa sans rien dire le visage de sa compagne. La jeune femme se tortilla un peu, mal à l'aise, et chercha un nouveau sujet de conversation sous le regard troublé de Fisherman. Mais rien ne venait, et si une idée émergeait, elle était tout de suite balayée par un bégaiement muet.

« Déshabillez-vous ma chère Otsu. »

La catin hoqueta. Fisherman ne l'avait pas habitué à être aussi direct. L'alcool devait bien l'aider. Elle acquiesça pourtant, bonne petite employé de l'Oeillet, et lentement se releva pour défaire sa ceinture. Le kimono s'entrouvrit sur sa peau laiteuse. En jouant des épaules, elle le fit glisser sur son buste, regretta la trop vive caresse du tissu sur ses bras, sur ses hanches qui saillaient trop peu pour l'empêcher de rejoindre le sol et ne plus recouvrir que ses pieds. Nue devant Fisherman, Otsu se sentit dévorée sous son regard affamé. D'un geste brutal et chancelant, Fisherman lui saisit les épaules et la plaqua contre le mur. Il déboutonna son pantalon d'une main tout en maintenant sa favorite de l'autre, ses doigts aussi doux que du crin effleurant sa clavicule, traçant sur sa peau des sillons de douleur. Otsu déglutit difficilement. Ces doigts creusaient sa chaire et atteignaient son estomac, lui donnant la nausée. Elle le sentit qui essayait de se faire durcir, qui essayait de s'infiltrer entre ses cuisses. Elle guetta la déchirure, la douleur, les grognements, mais rien ne lui venait qu'un souffle rapide et des soupirs égarés. Otsu comprit. Il n'y arrivait pas. La catin posa doucement une main sur l'épaule de son client.

« Souhaitez vous de l'aide mon ami ? »

L'ami planta ses yeux dans ceux de la courtisane. Ses cheveux éparpillés dégoulinaient de sueur sur son front. Il relacha un peu sa prise sur le cou de la jeune femme. Pour mieux s'écarter et lui asséner une violente gifle. Otsu percuta un linteau de bois et s'affala sur les coussins, des lumières dansaient autour d'elle sous ses paupières clignotantes. Était-ce réel ?

Il l'avait giflé.

Fisherman l'avait giflé.

« Je... Mademoiselle Otsu, pardonnez moi... Je... Non... Je suis un être infâme. »

Il sortit sans même tituber, une main couvrant son visage et masquait sa honte. Otsu resta assise contre son mur, contre ses coussins, un sourire perdu sur ses lèvres. Quand Dame Yukari vint la chercher, elle n'eut pas besoin d'expliquer. La vieille femme savait déjà, elle en avait vu d'autre.

« C'est l'alcool se contenta-d 'elle d'affirmer à sa plus jeune recrue. Des fois ça les rends plus stupide encore qu'ils ne le sont déjà. Fisherman a payé le triple pour s'excuser. Tiens ma fille, refais toi une beauté, il y a d'autres clients qui attendent. »

Des manches de la maquerelle jaillirent miroir, pinceaux, charbon et poudres. Otsu contempla son reflet à l'air hagard et aux pommettes meurtries. L'une par une gifle, l'autre par le choc contre le bois. En plus de la poudre de riz, elle ajouta du rouge à lèvre sur ses joues pour faire illusion. Elle était sensée passer la nuit avec Fisherman, mais puisqu'il était partit bien plus tôt que prévu, Otsu n'avait aucune excuse pour ne pas travailler. Dame Yukari lui accorda quelques instants seule pour retrouver ses esprits, arguant qu'elle irait naturellement reprendra sa place sur scène quand elle se sentirait prête.

Et Otsu, ne pouvant décemment pas passer le reste de la soirée dans l'alcôve à se reposer, puisque tout le monde savait que Fisherman s'en était allé, n'eut pas d'autre choix que de se relever, pantelante. Elle lissa son kimono, se frotta les yeux, reprit son souffle, puis s'extirpa de l'alcôve. Dans le couloir, une silhouette silencieuse lui arracha un cri.

« Mademoiselle Otsu, toutes mes excuses. Je ne voulais pas vous faire peur. »

Une voix familière. Une voix agréable. La jeune femme rit doucement et minauda en se rapprochant de Junior.

« Ce n'est rien voyons, c'est moi qui était dans mes pensées, j'aurai dû me douter que je ne serai pas seule. Vous attendez votre père ?

- Tout à fait.

- Souhaitez-vous un verre mon ami, pour faire passer le temps plus vite ? »

Junior l'observa en silence de longues secondes, des questions sur ses traits. Il bégaya, toussa dans sa main puis reprit contenance.

« C'est... C'est une très gentille attention Dame Otsu. »

La jeune femme ne s'éloigna que quelques instants pour revenir avec un plateau garni d'un assortiment de boissons, fortes, sucrées ou chaudes, laissant au jeune homme choisir ce qui lui ferait plaisir. Il se saisit d'une tasse de thé et la porta à ses lèvres.

« Vous ne préférez pas quelque chose d'un peu plus fort ?

- Merci mais non. J'ai déjà assez bu, je tiens à garder les esprits clairs.

- Bien sûr, pour vous occuper de votre père ensuite. Vous êtes si généreux envers lui. »

Junior laissa échapper un rire, et un voile passa dans son regard. Otsu se souvenait de son échange avec Señor. Qu'avait-il dit déjà ? Une dette. Il avait parlé d'une dette. Le fils devait quelque chose à son père. Voilà un mystère qui pouvait intéresser l'espionne.

« Veuillez m'excusez, ai-je dis quelque chose de... »

La prostituée laissa sa question en suspens, délibérément.

« De quoi, petite Otsu ?

- Eh bien... Vous avez rit... Vous ai-je vraiment amusé ?

- D'une certaine façon. »

Le nez baissé dans sa tasse, le jeune homme n'ajouta rien de plus. Du salon leur venait les acclamations des autres clients, réclamant à Emi une nouvelle danse et un peu moins de vêtements cette fois ci. De l'alcôve de Fuyu, des râles qu'Otsu ne connaissait que trop bien.

« Je dois m'en retourner vers nos autres amis. Souhaitez vous m'accompagner, et profitez avec moi de la plaisante compagnie de mes sœurs ?

- Merci, mais non. Oh ne soyez pas si déçue, j'en serai ravie. Mais je dois attendre mon père.

- Vous êtes vraiment bon avec lui. Votre père doit se sentir tellement chanceux d'être ainsi soutenu par son fils.

- Je ne crois pas qu'il pense comme vous. Mais merci jeune dame Otsu. »

Oooh mais Otsu n'allait pas abandonner si rapidement. Elle tenta une dernière approche.

« Vous ne pensez pas que votre père est heureux de pouvoir compter sur vous ?

- Il doit surtout se dire que c'est un juste retour des choses. »

Tu n'es pas toujours très futée Otsu, sinon tu ne serai pas dans cette galère, tu le sais bien. Et tu sais aussi que si tu insiste encore, il va se méfier.

Changeant de tactique, la jeune femme lui adressa un sourire de compassion et pressa une main chaleureuse sur son épaule, avant de revenir vers ses autres clients. Otsu sentit peser dans son dos le regard de Junior, et sut que si elle avait correctement manœuvré, sa confiance ne lui était pas encore totalement acquise. Pas encore, mais ça viendrait.

De tempêtes venteuses en longues journées pluvieuses, l'automne se dirigeait vers l'hiver, et Otsu laissait le temps filer et offrait ses nuits aux plus fortunés. Arbeit revint souvent, mais pas Fisherman. Des coups d'oeil papillonnaient entre elle et Junior, et chaque soir ressemblait un peu au précédent, de clients nouveaux aux habitués, des habitués aux nouveaux.

Et puis la neige arriva, bien en avance cette année. Elle apportait dans ses bras blancs la rumeur d'un retour. Celui du Bataillon d'Exploration. Ou ce qu'il en restait.