Flesh and bones
Chapitre 3 :
Où les deux compères découvrent qu'ils ne sont pas tous seuls…
Tenir. Il devait tenir. Te-nir.
Ça faisait près d'une heure qu'il tenait. Il pouvait tenir encore toute la nuit.
Fermer les yeux et dormir ? Impossible. Elles le dévoreraient.
Tout cru.
Toutes ces choses qui lui rôdaient autour.
Toutes ces créatures qui se glissaient le long des murs, longeaient le lit, galopaient au plafond, ricanantes.
Parfaitement. Elles ricanaient.
Kazahaya sentit une goutte de sueur glisser le long de sa joue.
Les yeux grands ouverts dans le noir, il sentait les ignobles créatures qui avaient envahi sa chambre. Immobile, il sentait que s'il bougeait, elle le mangerait. S'il dormait, le résultat serait le même.
Il ne pouvait donc pas aller voir Rikuo.
Et de toutes manière, c'était hors de question.
Il se moquerait de lui.
Car il ne les verrait pas, forcément.
Cette grosse brute.
Kazahaya ferma les yeux, comprimant ses paupières. Il les rouvrit tout de suite après.
Il ne tiendrait pas.
Pas toutes la nuit. Pas tout seul.
Il bondit hors du lit, coura hors de sa chambre, se rua dans celle de son voisin et se jeta dans le lit, réveillant immanquablement son occupant. « Mais qu'est-ce que tu fous ? » Grogna celui-ci, la voix encore imprimée de sommeil.
« IL Y A DES ARAIGNEES PLEIN MA CHAMBRE ! »
Rikuo dû cligner des yeux au moins cinq fois avant d'enregistrer ce que venait de dire son compagnon. « Non, attends, dis-moi que je rêve…Tu ne m'as pas réveillé parce qu'il y avait des araignées dans ta chambre, si ?
-SI ! ELLES SONT PARTOUT ! CA PULLULE, C'EST IMMONDE !
-NOUS SOMMES DANS UNE MAISON DE CAMPAGNE, ABRUTI PROFOND ! C'EST NORMAL QU'IL Y AIT DES ARAIGNEES ! » Les deux comparses se défièrent du regard. Puis Rikuo se redressa, se frotta le visage avec lassitude et ouvrit ses draps. « Allez, viens. Je t'ai dit que tu ne survivrais pas tout seul… » Kazahaya hésita, sa fierté aidant. Mais l'idée de retourner dans cette pièce infestée qu'était sa chambre, il frissonna et se glissa aux côtés du brun. Les deux garçons se tournèrent le dos, mais à peine ce geste esquissé, Kazahaya poussa un hurlement digne de l'actrice adolescente de « Jurassic Park » et se jeta hors du lit, se cassant la figure au passage en se prenant les pieds dans le tapis.
Rikuo fit un exercice de karaté qu'on appelait communément « self-control ». Il aurait, à cette minute, époustouflé le plus grand maître de cet art peu aisé à pratiquer.
Se redressant brusquement et allumant la lumière, il s'exclama, véritablement excédé : « QUOI encore ? » Le châtain se contenta se tendre un doigt tremblant vers le bord de la couette. Le brun la tira, et eut lui-même un mouvement de recul. Un titanesque scarabée se tenait, à moitié écrasé, sur l'extrême bord de la couette. Pas étonnant que Kazahaya ait eu aussi peur. Voir un gros machin noir non indentifiable juste devant son nez alors que l'on vient de quitter sa chambre infestée d'araignées, ce n'est jamais très agréable. (1)
Rikuo soupira, attrapa du bout des doigts l'animal qui agita vainement ses petites pattes dans un dernier effort de survie, puis passa par la fenêtre sans état d'âme.
Nul doute qu'il s'écrasât en bas, vu qu'il était déjà à moitié passé dans le paradis des scarabées.
Enfin, ce scarabée-là étant désagréable et vantard auprès de ses congénères, il fut décidé qu'il irait aux enfers des scarabées, et non au paradis.
Ce pauvre scarabée, nommé Hector, eu une dernière pensée pour sa famille, tout en tombant mais une seule pensée bonne et juste ne rachète pas une vie de méchancetés.
Mais passons. Les scarabées ne nous intéressent que moyennement.
Rikuo se tourna vers Kazahaya et l'invita du regard à revenir très vite au lit, sans quoi il se mettrait en colère.
Le châtain ne se fit pas prié et revint, penaud auprès de son compagnon.
Mais cette fois, il se tourna vers Rikuo et se serra contre son dos.
Hors de question de rencontrer de nouvelles bestioles dégoûtantes et le dos de Rikuo était infiniment plus rassurant que la pénombre de la chambre. Le brun put enfin éteindre la lumière.
Ce que ne savait pas Kazahaya, c'est que, avant qu'il ne saute sur le lit de son partenaire et ne le réveille en sursaut, c'est que celui-ci faisait un cauchemar. Et après réflexion, Rikuo était reconnaissant à son colocataire de l'avoir tiré de cette désagréable réminiscence.
Rikuo rêvait qu'on l'étouffait.
Des mains invisibles l'avaient saisi à la gorge et serraient de toutes leurs forces.
Il avait beau se débattre, ses mains à lui ne rencontraient que le vide. Au moment où il sentait qu'il était en train de mourir, il reçut un poids sur le ventre.
Poids qui se révélait être l'adolescent châtain.
Oui, Rikuo remerciait du fond du cœur les araignées qui avaient élu domicile dans la chambre de son collègue. Et il remerciait également celui-ci d'être un froussard de premier ordre.
Mais cela, il ne le dirait pas à voix haute.
Le brun ferma les yeux, inspira profondément et se retourna.
Ce qu'il ne savait pas, c'est que Kazahaya s'était collé a son dos.
Il se retrouva donc nez à nez avec celui-ci.
Bien sûr, le châtain dormait déjà, apaisé par la présence de son compagnon de travail.
Rikuo, le nez dans les cheveux de celui-ci, resta un moment figé. Puis se détendit de la surprise première.
Il ne bougea pas.
Il profita.
Respirant l'odeur de Kazahaya, il ferma les yeux et se permit de passer son bras autour de ses frêles épaules.
Ces petits gestes, il n'avait pu que les rêver jusqu'ici.
Et maintenant il pouvait.
Si seulement…
« Si seulement kazahaya pouvait ressentir la même chose que moi… »
À suivre…
(1) : Expérience vécue. Pas par moi, mais par Laki (C'est quand qu'on voit ta fic Holic, ma vieille ?). Certes elle ne provenait pas d'une chambre infestée d'araignées (Dont elle a la phobie) mais a bel et bien bondi hors du lit vers 6 heures du matin en hurlant qu'il y avait quelque chose devant son nez. Et c'était un scarabée. (Quitte à savoir s'il s'appelait Hector…)
Uf, il est un peu moins long, celui-là…
J'ai l'impression qu'il est plus drôle, aussi…(La fille qui part en trip sur les scarabées au lieu de se concentrer sur sa fic…XD)
Uh uh, au moins, on est fixés sur les sentiments de Rikuo ! XD
Et que pense notre petit Kazahaya ? On le saura pas avant longtemps !
En attendant, il est plutôt accaparé par cet question existentielle qu'il se pose : « Vais-je réussir à passer une semaine dans cette maison infestée d'insectes ? » XD
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