Flesh and bones

Chapitre 5 :

Où les deux garçons explorent le deuxième étage…

Ce que ne devait surtout pas faire Rikuo, c'était se retourner.

Ça engendrerait sûrement sa mort instantanée.

Pour cause d'éclater de rire.

Si lui, s'était contenté d'essuyer le sang qui lui dégoulinait sur le crâne, Kazahaya s'était non seulement séché mais en plus, s'était enroulé la serviette autour de la tête, à la manière des coiffeurs lorsqu'ils viennent de shampooiner une cliente.

Pas très masculin.

Rikuo n'avait rien dit et s'était attelé à l'examination du lavabo où restaient des traces écarlates sur la faïence.

Mais il était titillé par l'envie de se retourner pour voir son compagnon en peignoir, assis sur un radiateur, les jambes et les bras croisés, la lèvre inférieure courbée vers l'extérieure en une moue de gosse boudeur.

Spectacle incomparable et impayable.

Et adorable.

Rikuo baissa les yeux rouvrit le robinet d'eau froide.

Du sang.

Toujours du sang.

Du sang qui laissait échapper des volutes écoeurantes.

Kazahaya gémit : « Mais arrête d'ouvrir et de fermer ce pauvre robinet ! Il ne laisse passer que du sang, tu le vois bien ! » Le brun ne répondit pas. Il ferma une nouvelle fois le robinet pour ouvrir celui d'eau chaude.

Idem.

Du sang.

Encore et toujours du sang.

La bouche de Rikuo se tordit en une moue dégoûtée. Il se retourna vers son colocataire et se passa une main sur la nuque, épuisé. « Allons nous habiller. Ensuite nous irons voir le deuxième étage. Peut-être que nous trouverons des réponses à nos questions. Le châtain eut une expression apeurée. « Tu es sûr ? Dieu sait ce que nous allons trouver là-bas ! »

Bon dieu, on dirait une femme au foyer ! Ricana Rikuo intérieurement. Un sourire ténu fit frémir ses lèvres. « Pourquoi tu souris ?

-Pour rien. Va t'habiller. » L'empathe partit en grommelant. Rikuo eut un dernier regard pour le lavabo et quitta la pièce à son tour. Dans sa chambre, il se débarrassa de sa serviette (1), enfila des vêtements et alla frapper à la porte de son camarade. « T'es prêt ?

-… »

Silence.

Le brun fronça des sourcils. Il frappa un peu plus fort et répéta sa question.

Toujours rien.

Le brun commença à s'inquiéter. Il ouvrit la porte.

Ce qu'il vit le pétrifia.

Kazahaya, en peignoir ouvert, se tenait debout sur le rebord de la fenêtre. Le soleil soulignait sa silhouette fine et diaphane de manière avantageuse. Il regardait avec des yeux vides le sol, à environ trois mètre de l'endroit où il était.

S'il sautait et qu'il tombait mal, il pouvait se démettre la colonne vertébrale.

Et mourir.

Ou, au mieux, être tétraplégique.

Rikuo fut plus rapide (2) que l'éclair. Bondissant dans la direction de son compagnon, il l'attrapa par la taille et le tira en arrière. Kazahaya se retint un peu aux côtés de la fenêtre, puis lâcha prise et tomba sur le parquet avec le brun.

Cela eut l'effet de le réveiller.

« Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Tu as été encore victime de tes pouvoirs, andouille ! Tu as failli sauter par la fenêtre !

-Ah ? Mais… » Soudain, il se rendit compte que son peignoir était grand ouvert.

Et même si le regard de Rikuo n'était pas (encore) descendu vers ses hanches et ce qu'il y a entre, Kazahaya piqua un fard monstre. « NE REGARDE PAS ! » Hurla-t-il en envoyant sa serviette de bain dans le visage du brun. Celui-ci se dépêtra du tissu humide et s'écria : « Tu pourrais me remercier ! Un peu plus et tu te jetais par la fenêtre !

-Mais qu'est-ce que ça peut te faire !

-JE N'AVAIS AUCUNE ENVIE DE TE RETROUVER TRANSFORME EN CRÊPE AU REZ-DE-CHAUSSEE, CRETIN IDIOT ! » Kazahaya se figea. Rikuo semblait vraiment en colère.

Il semblait vraiment avoir eu peur pour lui.

C'était possible, un truc pareil ? Rikuo, s'inquiéter pour lui ?

« Bien sûr que oui, imbécile… » Marmonna le brun comme s'il avait lu dans ses pensées. La châtain détourna les yeux, gêné. Il se leva et dit simplement : « Je vais m'habiller. Attends-moi dehors. » Le brun se leva et sortit en claquant la porte. Là, il glissa le long du battant, les jambes molles.

Il lui avait fait peur ce crétin !

Le cœur battant, Rikuo se passa une main lasse sur les yeux, cherchant avec difficulté à reprendre une respiration normale. Il espérait que Kazahaya prendrait tout son temps pour s'habiller, car ses jambes ne le porteraient pas de sitôt.

Environ cinq minutes plus tard, il était debout et Kazahaya sortait de sa chambre. Ils se regardèrent une demi-seconde puis détournèrent les yeux. « Bon…On y va, à ce second étage ?

-Ouaip. » Ils se dirigèrent vers l'escalier et montèrent en silence.

En haut, il y avait également onze pièces.

Assez glauques, il fallait l'avouer.

Il y avait, tout d'abord un deuxième bureau. Mais autant celui de l'étage du dessous était rempli de papier tel que les impôts, les comptas et tout ce genre de papier officiels, autant celui-ci était recouvert de calculs, de dessin, de réflexion et de texte sur la nécromancie.

Kazahaya s'accroupit et pris un des papier qui traînait par terre. Les calculs couchés dessus ne lui dirent rien et il reposa le papier. Rikuo referma la porte et ils passèrent à la pièce d'à côté.

Celle-ci était un endroit sombre et mal aéré. Les volets étaient tous fermés. Sur le sol des traces à la craie blanche. Sur les murs également. Des bougies disséminées un peu partout. Des guéridons. Des objets de cultes enfoui.

Une salle de magie.

Les deux adolescents se regardèrent.

Kirin était certes une nécromancienne, mais apparemment, elle ne se spécialisait pas que dans ce domaine.

Kazahaya s'avança et passa ses doigts sur un meuble recouvert de boîtes de craies et souffla la poussière sur son index et son majeur (2). « Cette pièce n'a pas été utilisée depuis des lustres.

-Normal. Kakei à dit que Kirin se trouvait en Finlande pendant les dernières années.

-Oui, mais s'il y a quelqu'un avec nous dans cette maison, pourquoi il ou elle ne s'en est pas servi ?

-Peut-être qu'il ou elle ne sait pas s'en servir. Peut-être que c'est juste un squatteur qui à été dérangé dans son squatte à notre arrivée.

-Ce qui expliquerait les aliments frais dans le frigo.

-Oui.

-Mais dans ce cas, où réside-t-il ? aucune des chambres n'avaient l'air occupées.

-Je sais bien. Il est peut-être installé ailleurs. Dans une des pièces de cet étage ou dans la tourelle.

-Peut-être. » Kazahaya se dirigea vers une fenêtre et l'ouvrit, ainsi que les volets. Une bouffée d'air frais empli la pièce et l'empathe soupira de satisfaction.

Mais aussitôt, les volets se refermèrent dans un claquement sonore.

La fenêtre aussi, et la molette se referma.

Kazahaya se recula et, s'accrochant au tee-shirt de Rikuo : « Le vent ne referme pas les fenêtre avec le verrou.

-En effet. Peut-être…

-Peut-être ?

-Peut-être que notre compagnon n'est pas un simple squatteur. »

La troisième pièce était une salle d'embaumement.

Dans les tons orange, elle sentait le sel et le tissu propre.

Mais malgré cette ambiance plutôt agréable, Kazahaya tremblait.

« Je sais que c'est une nécromancienne, mais quand même ! On embaume plus les morts à la manière des égyptiens ! » Rikuo ne l'écouta pas et se dirigea vers la table en pierre située au milieu de la pièce. Puis il leva les yeux vers son compagnon et lança : « Viens toucher cette table.

-Pourquoi faire ?

-Pour voir ce que tu vois. » Le châtain frissonna, mais obtempéra. Il apposa sa main sur la pierre froide.

Il resta un moment immobile puis fut agité d'un spasme. Il retira sa main.

« Alors ?

-J'ai vu un cadavre. Mais à par ça…Il y avait aussi un jeune homme blond eu yeux bleus. Il avait les oreilles pointues, comme celle d'un elfe. Je n'ai rien vu d'autre.

-Ça ne nous avance pas à grand-chose. Allons voir les autres pièces. »

La quatrième pièce était une salle assez marquante.

Une salle d'opération.

Tout en faïence et en metal, elle était construite sur la même topographie que la salle d'embaumement.

Mais apparemment, elle n'avait pas été faite dans la même intention que de conserver les morts au moyen de sel et de bandelettes de tissus.

Celle-ci, froide et sentant l'éther, puait la mort.

Kirin avait sûrement fait des expériences sur des cadavres, ou pire, des êtres vivants.

Kazahaya eut un frisson si violent qu'il se cogna au mur. Il se tourna vers Rikuo et meugla : « Hors de question que je touche cette table-là, tu m'entends ? » Le brun haussa les épaules et répondit que de toute manière, il n'avait pas l'intention de le lui demander.

Ils passèrent dans la pièce suivante.

Celle-ci était condamnée, ainsi que les deux suivantes.

La huitième pièce était une sorte de débarras où s'entassait boîte de craies, fournitures de bureau, divers instruments qui devaient servir à la maîtresse de maison dans l'usage des pratiques occultes.

La neuvième, dixième et onzième étaient également condamnées.

La dernière une bibliothèque remplie d'ouvrages écrits de la main de Kirin. Ils traitaient des créatures surnaturelles, des pratiques magiques, des cercles d'incantations et d'alchimie, des magiciens célèbres (où revenait souvent le nom de Yuko Ichihara et Clow), des recettes de potions diverses et variée, d'expériences pratiquées…

Mais le plus terrifiant, c'était celui avec une reliure noire.

Il contenait une liste de nom.

Avec, à côté de chaque nom, la manière dont ils avaient été tués, dans quelles conditions et pourquoi.

Et aussi comment elle les avaient inhumés, disséqués, étudiés, où est-ce qu'elle les avaient enterrés.

Kazahaya laissa le livre s'échapper de ses mains. Pâle et mortifié, il bredouilla : « Nous sommes…Dans la maison d'une meurtrière. » Rikuo, à ces mots, se dirigea vers son compagnon et ramassa le livre à reliure noire. Il pâlit très légèrement et dit : « Il faut que nous appelions Kakei. »

Pas de téléphone.

Nulle part.

Dans aucune pièce.

« Mais c'est pas possible ! Comment faisait-elle pour communiquer, sinon ? » S'écriait le châtain, au bord de la crise de nerf et d'apoplexie.

Rikuo ne répondait pas.

Ils avaient fouillés partout et n'avait trouvé aucun téléphone.

Rien, niet, nada.

Ne restait plus que la tourelle.

Les deux adolescents, redescendus au rez-de-chaussée, levèrent de concerts les yeux vers le haut de l'escalier.

« Va falloir y aller.

-Non, je veux pas.

-Tu es un vrai froussard… » Le brun avait dit ça pour stimuler son colocataire à l'accompagner, mais sa phrase n'eut pas l'effet escompté… « Oui, je suis un froussard. Et actuellement, je suis mort de trouille à l'idée de monter dans la tourelle de cette maison, et de manière globale, je suis terrorisé à l'idée de rester une minute de plus dans cette dudit maison ! Je ne veux pas rester ici, Rikuo ! J'ai peur ! J'ai horriblement peur et n'ose pas me dire que tu es totalement serein ! Allons-nous-en ! Je me fiche de ce mois de salaire ! Je veux surtout comprendre pourquoi Kakei nous à laissés venir là ! Il aurait dû savoir que c'était dangereux ! Pourquoi il nous à pas prévenu ? Rikuo, je ne veux pas mourir ! » Et brusquement, Kazahaya s'accroupit sur le carrelage, les épaules secouées de sanglots. Rikuo resta abasourdi.

Jamais il n'avait vu son compagnon dans cet état. Il se rapprocha, s'agenouilla à ses côtés, le pris dans ses bras et le serra contre son torse. « D'accord. On va s'en aller. » Kazahaya hocha la tête, le visage enfoui dans ses mains. Il releva ses yeux d'ambres trempés de larmes et remercia Rikuo du bout des lèvres. Le brun se releva, portant son colocataire entre ses bras. Ils se dirigèrent vers la porte.

Plus qu'un mètre.

Cinquante centimètre.

Le brun tendit le bras, allait pour ouvrir le battant, tant pis pours leur affaires, il fallait qu'ils s'en aillent de cet endroit maudit.

Il poussa la lourde porte de bois vert.

Le temps de déposer Kazahaya sur le sol et le forcer à se mettre d'aplomb…

La porte se referma.

Rikuo la fixa un temps, tandis que le châtain la regardait comme s'il s'agissait d'un serpent à sonnette.

Il y eut un bruit de verrou.

Ils étaient enfermés.

A suivre…

(1) : Gaaaaah, Rikuo à poiiiiil…/Inonde son clavier/

(2) : Que la plus rapide des panthères ! XD

Rikuo : Bloody, on est dans Lawful drug, pas dans One piece…

…Hum.

La situation se corse.

En plus toutes les réponses n'ont pas été apportées aux questions posées dans le précédent chapitre…(À part peut-être que mon porridge a enfin accepté de se mélanger.)

Bah, c'est pas grave.

(Et encore un chapitre long, un !)

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