Flesh and bones

Chapitre 6 :

Où les deux garçons vont dans la tourelle

Kazahaya resta immobile devant la porte, puis tourna des yeux incrédules vers Rikuo.

Celui-ci lui lança un regard et s'aperçut que s'il ne réconfortait pas immédiatement son compagnon, il allait sombrer dans la folie la plus totale.

Ah ça non.

Hors de question. Pas avant de d'avoir réussi à lui dire qu'il était…

Il prit le châtain dans ses bras et le serra fort, le réchauffant contre son torse.

« Calme-toi, Kazahaya. On va trouver une solution

-Mourir…On va mourir…

-Non. On va s'en sortir. On s'en est toujours sorti jusqu'ici.

-Oui…Jusqu'ici. C'est fini, maintenant…On va crever comme des rats, tués pas cette entité qu'on ne connaît pas, qu'on ne voit pas, ne sent pas. On ne peut pas lutter contre un truc dont on ne perçoit pas l'existence, Rikuo ! » Le brun se défit de son colocataire et le gifla. C'était une gifle peu violente, mais assez forte pour faire reprendre à Kazahaya ses esprits. Il resta immobile, debout entre les bras de son compagnon. « Ça va mieux ? » Demanda celui-ci en se penchant de manière à avoir ses yeux émeraude au niveau de ceux ambres de Kazahaya. Celui-ci hocha doucement la tête et soupira. « Désolé

-Pas grave. En attendant, on va monter dans la tourelle. D'accords ?

-Non. Je vais rester en bas.

-Non, tu vas m'accompagner. Car s'il t'arrive quelque chose… » Il attrapa le menton de l'adolescent dans sa main droite et le força à le regarder dans les yeux. « Je ne serais pas là pour te protéger. » Kazahaya resta coi.

Quelle était la lueur qui était furtivement passée dans les prunelles vertes de son compagnon ?

Il ne chercha pas à approfondir.

Il ne voulait pas monter.

Il secoua violemment la tête et répéta : « Non. » Rikuo le fixa puis se pencha, appuya son épaule contre le ventre du châtain et le hissa sur son dos, à la manière d'un sac de patates. L'empathe protesta : « Laisse-moi descendre ! Je t'ai dit de me laisser descendre ! » Rikuo monta les deux étages comme ceci et arrivé au pied de l'escalier qui menait à la tourelle, il reposa brutalement son fardeau devant lui, de manière à ce qu'il lui bloque le passage et ainsi, toutes échappatoires.

Il le saisit par les épaules et gronda : « Je ne veux pas te laisser tout seul en bas, c'est compris ? » Le châtain se débattit un peu pour se dégager de l'emprise de son colocataire puis se calma brusquement en sentant une des mains de Rikuo remonter le long de son épaule, son cou, passer sur sa joue…

Il resta immobile en sentant les doigts du garçon passer furtivement sur ses lèvres.

Mais bon dieu, que diable faisait le brun ?

Il le regardait avec des yeux ronds.

Rikuo restait immobile aussi.

Puis, semblant se rendre compte de ce qu'il était en train de faire, il retira prestement sa main et détourna le regard. « Allez, on monte »

Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Pensa-t-il en gravissant les premières marches.

Une fois en haut de l'escalier, ils se retrouvèrent face à une porte. Ils se jetèrent un coup d'œil et Rikuo apposa sa main sur la poignée, et la tourna.

Elle était fermée.

Le brun se tourna vers le châtain et haussa les épaules. « On aura essayé.

-Tout ce stress pour rien… » Rikuo regarda le panneau de bois pendant encore un temps, appuya légèrement pour voir si elle cédait, puis un peu plus fort, mais rien.

Elle était hermétiquement fermée.

Il se retourna vers son compagnon et dit que de toute manières autant redescendre.

Kazahaya hocha la tête et commença à descendre les premières marches.

La quatrième semblait facétieuse.

Elle se déroba sous les pieds de l'empathe qui poussa un cri et dévala le reste de l'escalier sur le dos. (1) Rikuo se précipita à sa suite.

Son cœur aussi avait raté une marche quand il avait vu son colocataire tomber.

Il le retrouva au pied de l'escalier, allongé par terre, gémissant. Rikuo s'agenouilla à ses côtés : « Ca va ! Bon dieu, tu m'as fait une de ces peurs !

-O…Oui, je crois que ça va. Rien de cassé…A priori. » Il se redressa avec douceur, aidé de Rikuo. Mais il se rendit bien vite compte que sa cheville droite n'était pas opérationnelle. Poussant un gémissement de douleur, il se relaissa tomber sur le plancher. « Ne bouge pas. » Ordonna le brun. Et, d'un mouvement souple, il prit dans ses bras le jeune homme, afin de le transporter dans sa chambre. Kazahaya fut si surpris qu'il en oublia de rougir. Mais se rattrapant bien vite, il se tortilla en s'écriant : « Ah ! Mais lâche-moi ! » Rikuo l'ignora et poursuivit sa progression et ce ne fut qu'une fois arrivé dans la chambre du châtain qu'il le lâcha. Une fois sur le lit, celui-ci ne se priva pas pour déverser toute sa colère. Il n'était plus un gosse, non mais ! Rikuo le regarda sans rien dire, puis soudain se pencha brutalement pour poser ses lèvres sur celles de son compagnon.

Silence.

Kazahaya n'osait même plus bouger.

Rikuo en profita pour passer sa main dans la nuque de son gosse préféré et approfondir le baiser. Cette fois, le châtain se débattit un peu et poussa un gémissement.

Rikuo le relâcha.

« Pou…Pourquoi as-tu fait ça ? »

Bon dieu, Je suis pas bien, aujourd'hui…Pensa Rikuo avec effroi.

Il venait de briser sa relation avec Kazahaya, c'était certain.

Celui-ci ne lui pardonnerait pas ce geste.

Il ne l'approcherait plus à moins de dix mètres.

« Pardon. Tu peux me mettre un point, si tu veux… »

Kazahaya resta coi.

Il ne savait que penser.

Il avait toujours pensé que le brun ne l'appréciait que très peu.

Mais le geste qu'il avait eu avant de monter l'escalier de la tourelle, cette main qui s'était glissée le long de sa joue…L'avait profondément troublé.

Bien sûr que Kazahaya avait des sentiments pour son partenaire.

Mais comment le lui dire ?

Comment ne pas entacher cette relation qu'ils entretenaient depuis que Rikuo l'avait ramassé ce froid et enneigé soir d'hiver ?

Et voilà qu'il l'embrassait !

Le châtain cligna des yeux.

Avait-il agi sous le coup des hormones ?

Ou bien voulait-il le faire taire ? Il est certain que c'est une méthode efficace…

Ou bien…Partageait-il ses sentiments ?

L'empathe fixa ardemment son compagnon qui lui, avait détourné la tête, comme s'il présentait sa joue aux phalanges du garçon qu'il venait d'embrasser.

Kazahaya baissa les yeux.

Il avait beau avoir été embrasser soudainement sans raison par son collègue de travail, il n'en connaissait pas plus ses sentiments et ce qui se passait à l'intérieur de sa tête.

Rikuo, ne sentant pas le coup venir, tourna les yeux vers l'empathe qui avait baissé la tête.

Le brun vit une, puis deux, puis trois gouttes s'écraser sur le couvre-lit.

Gêné, il regarda ailleurs.

Avoir fait pleurer son compagnon l'énervait plus que tout.

Il ne supportait pas ça.

Il entendit le châtain renifler.

N'y tenant plus, il l'attrapa par les épaules et souffla : « Je suis désolé. Vraiment. Arrête de pleure, je t'en supplie.

-…Jamais…

-…

-Je n'ai…Jamais su ce que tu ressentais, Rikuo…Et là…Qu'est-ce que je dois en penser ?

-…Pense ce que tu préfèrerais penser.

-Et dans ce cas…Est-ce que tu répondrais…À mes sentiments ? »

Rikuo eut l'impression d'avoir soudainement très chaud.

Il regarda son colocataire qui relevait doucement la tête.

Celui-ci tendit les lèvres.

Rikuo ne pouvait pas refuser l'invitation.

Il s'empara de la bouche du garçon avec une délectation non feinte. Kazahaya se serra contre lui, ouvrant la bouche, quémandant un baiser encore plus passionné.

Rikuo s'exécuta avec plaisir.

Il se pencha, forçant Kazahaya à s'allonger sur le lit. Le brun glissa ses mains chaudes sous le tee-shirt de l'empathe.

Mais celui-ci parut légèrement paniquer à l'idée de coucher avec le jeune homme. Il se débattit et repoussa doucement le brun. Celui-ci le regarda avec étonnement et supplication.

« Rikuo, je…Je ne me sens pas encore prêt pour ça… » Le brun le regarda avec insistance puis abandonna. Il ne voulait pas le brusquer.

Il se releva en soupirant. Puis il remonta le bas du pantalon de son compagnon et demandant : « Ta cheville te fait toujours mal ?

-Un peu moins… » Effectivement, sa cheville était enflée et rouge. Rikuo se leva et alla prendre dans la salle de bain une compresse humidifiée. Il la posa sur la cheville de l'empathe qui poussa un soupir de soulagement. « Rikuo, je… » Le brun secoua la tête puis il fit un gentil sourire : « J'attendrais. Mais fait attention de ne pas me donner le feu vert à la légère. Car à ce moment-là, je ne me retiendrais pas. » Le châtain rougit violemment et détourna le regard. « Je ferais attention… » Ils se regardèrent, puis Kazahaya se pencha en avant pour déposer un baiser sur les lèvres de son colocataire qui ferma les yeux.

La semaine allait être un peu plus supportable…

À suivre…

(1) : Croyez-moi, ça fait très mal, et très peur. J'ai dévalé les escaliers de mon école primaire sur le dos et la tête en bas.

Ah ah ! On avance, on avance…

Agruh, malheuresement, Kazahaya a décidé d'être coincé. (J'ai décidé de vous torturer ! niarf niarf !)

Kaza : C'est plutôt toi qui l'a décidé…

Bloody soul /Assomme Kazahaya et le traîne jusqu'au lit de Rikuo/ Tait-toi !

Et donc ? Que va-t-il se passer, d'après vous ?

Les paris sont ouverts !

Une ch'tite review ?