Flesh and bones

Chapitre 7 :

Où les deux garçons passent une nuit agitée

Kazahaya avait repoussé ses draps.

Cette nuits-là, comme les volets étaient ouverts, la lumière de la pleine lune éclairait sa chambre, ce qui le rassurait.

Les araignées ne se montraient pas à la lumière de la lune.

Mais quand ce n'était pas les araignées qui l'empêchaient de dormir, c'était la chaleur !

Une chaleur étouffante, envahissante.

Kazahaya ne pouvait même pas bouger.

Ses moindres gestes lui faisaient monter une bouffée de chaleur dans tout le corps.

Il restait immobile, brassait l'air de ses poumons.

La sueur coulait le long de sa peau pâle.

Soudain, un brin d'air frais vint lui caresser le visage.

Il poussa un soupir de soulagement.

Il tourna les yeux vers sa table de nuit.

Peu de personne, malgré une chaleur aussi épaisse et lourde, ne serait resté immobile devant un bras humain ensanglanté posé sur sa table de nuit.

Et Kazahaya ne faisait pas exception. Surtout pas Kazahaya.

Il bondit de son lit en poussant un hurlement si strident que de la poussière en tomba des poutrelles du plafond.

Rikuo, assurément réveillé, venait de débarquer dans la chambre ocre. Il trouva Kazahaya assis par terre, face à la table de nuit, appuyé sur le mur opposé.

Le brun prit l'empathe dans ses bras et regarda dans la direction que regardait le jeune homme avec effroi.

Et même une personne aussi taciturne et calme que Rikuo aurait eu un mouvement de recul.

Et Rikuo non plus ne faisait pas exception.

Ses bras se resserrèrent convulsivement autour des épaules du châtain qui se serra contre le torse du brun.

« Ce…C'est pas possible…Qu'est-ce que c'est que ça… » Bafouillait-t-il. Horrifié, mais rassuré par la présence de Rikuo, il enfouit son visage dans le tee-shirt de celui-ci et poussa un gémissement.

Le brun serra les dents.

Que penser de toute cette mascarade ?

Etait-ce un vrai bras ? Ou un faux ?

Une farce ? Un avertissement ?

Dans tous les cas, c'était glauque.

Il posa son front contre celui de Kazahaya et murmura : « Je vais voir.

-Non, reste ici ! » Les fines mains du châtain s'agrippèrent au pauvre tee-shirt, qui n'avait rien demandé à personne, du brun.

Celui-ci défit doucement les doigts de son compagnon et se leva.

Il se rapprocha de la table de nuit et s'agenouilla à côté.

Il n'y avait pas de puanteur, c'était bon signe.

Il tendit la main, et frôla le bras du bout des doigts.

Ses pupilles se rétractèrent subitement sous le coup de l'horreur.

C'était bien un vrai bras humain.

Un bras très pâle, apparemment de femme, à en juger les doigts minces et les ongles longs.

Rikuo recula pas à pas, comme si ce bras était une bête sauvage prête à lui bondir dessus.

Il s'assis à côté de son colocataire qui avait ramené ses genoux sous son menton et entouré de ses bras ses jambes.

« Je crois que cette histoire se complique… » Grommela le brun en fixant la table de nuit. Kazahaya, le visage enfoncé dans ses bras, hocha légèrement la tête.

Rikuo lui jeta un coup d'œil et passa son bras autour de ses épaules dans un geste réconfortant.

Kazahaya leva la tête, découvrant des joues baignées de larmes. Il s'appuya contre le corps de son collègue et soupira : « Je veux rentrer…

-Je sais. Moi aussi. Mais on est coincé ici. » Le châtain poussa un gémissement. Il ferma les yeux.

Tout ceci le fatiguait. Le harassait. L'horrifiait.

Il voulait rentrer. Recommencer ses boulots en extra complètement loufoque. Ne pas gagner un sou parce que tout le temps anarqué par Kakei.

Kakei…

Il le retenait, celui-là.

Qu'est-ce qui lui avait pris de les envoyer dans cette maison ?

Il n'avait rien vu, malgré ses pouvoirs de Sakimi ?

Si, forcément.

Alors, c'était intentionnel ?

Alors, dans ce cas…Et si…

Kazahaya ouvrit brusquement les yeux.

« Et si toute cette histoire, c'était un boulot en extra ? » Rikuo le fixa. « Tu crois ?

-Je pense. Si Kakei savait que tous ça nous tomberait dessus, il n'a rien dit pour une bonne raison.

-Peut-être. Mais dans ce cas, Kirin serait une cliente ?

-Oui. » Rikuo se passa une main sur le visage d'un air las. « C'est épuisant. Ils ne pouvaient pas nous le dire normalement ? Tiens, pourquoi ne l'ont-ils pas fait, d'ailleurs ?

-Je n'en sais rien… » Kazahaya referma les yeux, tout aussi las que son compagnon. Il se serra contre le torse du brun et répéta en soufflant : « Je n'en sais rien… » Il commençait à sombrer dans le sommeil. Rikuo se leva, le soulevant sans difficulté. Il le porta jusqu'à son propre lit, afin de ne pas laisser son colocataire dormir à côté d'un bras.

Il le déposa sur le matelas et laissa les draps ouverts, car la chaleur était toujours aussi écrasante. Le brun se pencha vers le visage de l'empathe et déposa un baiser sur son front.

Se redressant il se tourna vers la fenêtre et alla s'appuyer sur le chambranle. Il laissa le vent brûlant lui caresser le visage et agiter ses mèches noires. Il ferma les yeux.

Il était près de minuit. Les grillons et les cigales (1) chantaient dans le jardin où une odeur de fruits et de sapin imprégnait l'air.

Cette nuit aurait pu passer pour calme et tranquille sans ce bras posé sur la table de nuit de Kazahaya.

Rikuo retourna dans la chambre ocre.

Le bras était toujours là, immobile et silencieux (2). Rikuo se rapprocha et se demanda ce qu'ils pouvaient faire pour s'en débarrasser.

Il soupira et décida de trouver une solution le lendemain.

Il retourna dans sa chambre, ou Kazahaya se débattait légèrement dans son sommeil.

Il devait faire un cauchemar, avec tout ça.

Rikuo s'allongea à ses côtés et le pris dans ses bras afin de le calmer et le réconforter.

En effet, à peine les bras puissants du brun refermés autour de ses épaules, l'empathe se clama aussitôt et repris une respiration normale.

Rikuo le regarda longuement avant de s'endormir à son tour.

À suivre…

(1) : Des grillons et des cigales dans la campagne de banlieue de Tokyo ? Bien sûr, tous les jours…(Mais jamais entre les repas !)

(2) : Non, non, ça bouge et ça parle un bras ! Vous ne saviez pas ?

L'ambiance devient de plus en plus glauque !

Mmh…Un bras ! Très sympathique :/

Hum…Une review ?