Flesh and bones
Chapitre 12 : Où le retour à la réalité est difficile...
Rikuo ouvrit tout doucement les yeux, avec difficulté. Il poussa un gémissement et fixa le plafond de sa chambre.
De sa chambre.
De sa chambre ?!
Il tourna brusquement la tête en se redressant, pour voir le visage d'un Kakei au sourire triste.
Rikuo resta un moment avant immobile, avant de se jeter en avant pour saisir son patron a la gorge. « Toi ! Tu nous a envoyé dans ce merdier en sachant pertinemment ce qui allait nous arriver ! Tu nous a jetés en pâture sans aucun état d'âme ! T'as honte, j'espère ! Je vais te tuer, JE VAIS TE TUER POUR AVOIR FAIT SOUFFRIR AINSI KAZAHAYA ! » Saiga posa une main douce mais très ferme sur le poignet du brun qui se calma.
Kakei n'avait pas bougé.
Rikuo dénoua lentement ses mains et baissa les bras. Il regarda les deux adultes tout à tour, serrant les poings sur ses genoux, à en faire pâlir ses jointures. Son regard vert était empli de colère froide et de haine, sa tempe était agitée d'un tic nerveux. Kakei eut de nouveau un petit sourire triste. « Je sais, Rikuo. Je sais. » Le brun baissa la tête. Son patron déposa sa main frêle sur on épaule et murmura : « Libère-toi, Rikuo. Ça te fera du bien. »
Et enfin, pour la première fois depuis le début de l'aventure, non, depuis longtemps en fait, Rikuo laissa ses sentiments se matérialiser en perles translucides, qui glissèrent le long de ses joues et s'écrasèrent sur le couvre-lit. Kakei observa ceci en silence, attendant que Rikuo eût fini de pleurer. Finalement, le châtain repris, toujours en murmurant : « Rikuo…Je sais que tu m'en veux, et que tu m'en voudras pour longtemps mais… » Il n'acheva pas sa phrase.
Rikuo garda la tête baissée. « Où est Kazahaya ?
-Dans sa chambre. Il dort.
-Et lui ? Il a pu y échapper ?
-Oui. Mais il est sous le choc. Il faudra s'en occuper, Rikuo.
-Je sais. Je n'avais pas besoin que tu me le dises.
-J'ai l'impression que ça c'est arrangé entre vous, non ? » Le brun lui lança un regard railleur et cynique. « Tu as l'impression…Laisse-moi rire. Et les deux autre garçons ?
-Ils sont rentrés chez eux, ils sont également indemnes. Ne t'inquiète pas. Ils s'occuperont l'un de l'autre. Une amie à moi veille à ce qu'ils surmontent cette épreuve. » Rikuo leva enfin les yeux. « Rikuo, toi aussi tu y as échappé…
-Pas grâce à toi.
-C'est vrai…
-Et…Kirin ?
-Grâce à vous, on a pu prouver sa culpabilité. Elle en en prison, à l'heure qu'il est.
-Tu n'aurais pas pu te passer de nous, pour la foutre derrière les barreaux ?
-… » Kakei sourit de nouveau. Il passa une main consolatrice sur le front de son employé et murmura : « Non, nous n'avions aucun pouvoir sur elle. Ni moi, ni Saiga, ni Yuko.
-Yuko ?
-Celle qui a envoyé Domeki et Watanuki a votre rescousse.
-Et pourquoi est-ce qu'elle a, elle aussi, jeté dans la geule du loup ses employés ?
-Je te l'ai dit, on ne pouvait rien faire contre Kirin. Elle avait un sort de protection. » Rikuo serra les dents.
Au moment même où il avait vu cette femme, il s'était dit que c'était un mauvais plan.
Il aurait mieux fait de refuser ces vacances.
Où écouter Kazahaya devant le portail, lorsqu'il lui avait dit de s'en aller.
Kazahaya…
Rikuo se leva. « Que fais-tu ? » Demanda le gérant en tentant de le faire s'asseoir. « Je vais voir Kazahaya.
-Je t'ai dit qu'il dormait. Inutile de te fatiguer si… » Rikuo se dégagea d'un geste brusque. Saiga eut un mouvement pour protéger son amant, mais le brun se contenta de s'éloigner vers la chambre de son compagnon. « On le laisse faire ?
-Oui. Tôt ou tard, il va falloir qu'il affronte la réalité.
-Kazahaya est indemne physiquement, mais ça va être très dur pour lui reprendre pied.
-Oui…Mais c'est Rikuo le mieux placé pour l'aider. »
Rikuo entra doucement dans la chambre de Kazahaya. Celui-ci dormait, mais d'un sommeil agité et douloureux. Le brun s'accroupit auprès de l'adolescent et posa une main sur son front. Le châtain se calma peu à peu puis s'immobilisa.
Puis tout doucement, il ouvrit les yeux.
Il resta un moment à regarder Rikuo, puis repoussa brutalement sa main, se collant au mur, une lueur de peur indéfinissable dans ses iris clairs agrandis par la frayeur.
Rikuo resta immobile, sa main encore légèrement suspendue.
Il savait qu'à présent, Son partenaire n'allait plus le laisser approcher.
Le brun ferma les yeux et abaissa la main.
Kazahaya le regarda enfouir son visage entre ses bras et pousser un long soupir.
« Pardon, Kazahaya…Je…N'ai pas pu te protéger… » Le châtain resta immobile, fixant son compagnon avec appréhension et désespoir. « C'est moi qui te demande pardon, Rikuo… » L'interpellé leva la tête pour voir les larmes de son amis rouler le long de ses joues pâles. « J'ai…Je n'ai pas voulut coucher avec toi le moment voulut et…Maintenant…Pardon, pardon, Rikuo ! Oh, pardonne-moi, Rikuo ! Je t'aime ! Mais…Je… » Il fut coupé dans sa phrase par les bras du brun qui se passèrent autour de ses épaules.
Kazahaya eut un haut-le-cœur et se dégagea brutalement.
Ils échangèrent un regard empli de douleur. « Kazahaya…
-Rikuo, pardon…Tu vois…Je ne supporte plus le moindre contact humain. Pardon… » Il sursauta en sentant une main relever son menton mais tint bon et plongea son regard fauve dans celui émeraude de son partenaire. Celui-ci fit glisser sa main sur sa joue jusqu'à sa tempe et effleura ses cheveux.
C'était le même de geste que quelques jours plus tôt, lorsqu'il avait furtivement caressé l'empathe en bas de l'escalier qui menait à la tourelle.
Les deux adolescents semblèrent s'en rendre compte et les larmes emplirent de nouveau les yeux de Kazahaya. « Rikuooo… » Sanglota l'empathe. Rikuo était désespéré, mais ne pouvait rien faire. S'il tentait de consoler son ami, il allait encore se dégager. Mais rester là à le regarder pleurer toutes les larmes de son corps le déchirait. Il tendit le bras, mais comme il l'avait prévu, le châtain recula, faisant redoubler ses pleurs. Le brun joignit les mains et s'appuya contre elles, les larmes montant à ses propres yeux. Kazahaya serrait convulsivement son oreiller contre lui, les sanglots secouant toujours ses fines épaules. « Kazahaya… » Murmura Rikuo en un souffle. Le châtain leva des yeux gonflés de larmes et il se pencha légèrement en avant, pour reculer avec violence la seconde d'après. Il serra les dents, tentant de contenir les pleurs qui enflaient dans sa gorge, de plus en plus fort. Il enfouit son visage dans son oreiller, sans cesser de crier et sangloter de tristesse. Rikuo prit son visage entre ses mains. Des larmes roulèrent de long de ses joues qui perdaient de plus en plus leur couleur initiale.
Ils restèrent un long, très long moment, voire une éternité comme ça, à pleurer et se vider d'un chagrin qui leur brûlait la peau, leur écorchait le ventre et la gorge, et qui les rendait malheureux au plus haut point.
L'oreiller de Kazahaya fut vite détrempé et les mains de Rikuo brillaient de larmes.
Finalement, lentement mais sûrement, les pleurs se tarirent, le silence revint peu à peu dans la pièce.
Ils se regardèrent.
Rikuo se lava et tenta une nouvelle fois de toucher l'empathe.
Celui-ci frissonna et recula légèrement.
Rikuo baissa le bras.
Il sortit en silence.
À suivre…
…Bon, voilà, Vous êtes rassurés, les vilaines-pas-belles-méchantes-caca-boudin de créatures ne les ont pas violés.
'Faut pas me prendre pour n'importe quoi, non plus… /En fait, l'idée l'avait tenté mais ça aurait encore plus dur pour nos tourtereaux de se remettre ensemble. Et elle avait la flemme de le faire encore plus dur./
Bon, je sais, je sais, c'est pas gagné entre eux.
Pfff…Ecrire ce chapitre avec l' « Adagio » de je sais plus qui en fond, c'est vraiment…Déprimant. /Va chercher des mouchoir/
Une review quand même ?
