Ce one-shot a été écrit dans le cadre de la 132ème nuit du FoF, en une heure sur le thème "glaciaire" (relatif aux glaciers). Et qui de plus glaciaire si cee n'est glaciale que le général de division Armstrong?

Personnages: Miles, Olivia Mira Armstrong, Buccaneer... tous un peu plus jeunes. Et pour le nom du chef ingénieur (vous savez celui qui dirige la construction des chars), c'est celui d'un char croate, le M-95 Degman.

Rating: K

Genres: Général

Bonne lecture!


La première fois que le jeune capitaine Miles était arrivé à la forteresse de Briggs, la hauteur du mur l'avait impressionné. A l'époque, il venait juste de terminer plusieurs années comme assistant d'un lieutenant-colonel pédant, qui au moment où la guerre d'Ishbal menaçait avait voulu se séparer de lui. « Les Ishbals ne sont pas dignes de confiance. Miles parait innocent, mais je suis certain qu'il prévoit quelque chose qui menace notre armée. » Il l'avait éloigné, et Miles, bien que blessé par le comportement de son supérieur, avait accepté sa mutation avec soulagement. Cela signifierait sans doute moins de regards soupçonneux, de discussions qui s'arrêtaient quand il arrivait quelque part ou même des collègues qui refusaient de lui donner les documents qu'il demandait.

En revanche, la forteresse de Briggs… c'était autre chose. Miles connaissait la réputation de la base frontalière, la dureté du climat, et surtout, on lui avait parlé du caractère glaciaire du général de brigade Armstrong. Ceux qui passaient quelques heures ou quelques jours en la compagnie de Armstrong en ressortaient généralement avec un souvenir impérissable. Ils parlaient d'une femme redoutable, inflexible, à la critique facile mais toujours juste, qui ne supportait pas les rodomontades et les tentatives de séduction. Certaines mauvaises langues prétendaient qu'elle n'était pas mariée parce qu'aucun homme ne pourrait supporter son caractère ferme et décidé, mais aussi qu'elle pouvait refroidir les ardeurs du plus séduisant des hommes.

En entendant les rumeurs, Miles avait décidé de se faire sa propre idée du personnage. Il connaissait l'impact que pouvaient avoir les rumeurs (vraies ou fausses) sur quelqu'un. Toutefois, la perspective de rencontrer sa future supérieure l'angoissait légèrement. Assis dans la salle attenante au bureau du général, il l'attendait debout, prêt à la saluer formellement dès qu'elle entrerait dans la pièce.

Le premier contact fut complètement différent de celui auquel il s'attendait. Le général entra en trombe dans la pièce, suivie par deux officiers. L'un était un géant à la longue et fine moustache qui portait un automail au bras droit, et l'autre un petit homme aux cheveux grisonnants et l'air malin. Miles salua, droit comme un « i ».

— Franchement, c'est la troisième fois ce mois-ci, ces types me tapent sur les nerfs, lança Armstrong. Nous avons beau attraper leurs comparses les uns après les autres, il y en a toujours un qui sort du bois pour montrer qu'il reste du monde. Buccaneer, le dernier a dit autre chose ?

Le géant secoua la tête.

— Il prétend avoir tout avoué. Mais je suis en train d'élaborer une méthode qui lui déliera la langue, sans aucun doute. Je vous obtiendrai des informations de qualité.

Miles eut l'impression d'être invisible. Le dénommé Buccaneer et le général s'étaient penchés sur la table qui trônait au milieu de la pièce pour y déployer une carte de la région. Le dernier officier croisa alors son regard.

— Général, je crois bien que notre nouvelle recrue est arrivée.

Armstrong leva la tête et constata la présence de Miles, toujours au garde-à-vous.

— Pourquoi Henshel ne m'a pas prévenue qu'il était là ? Repos capitaine.

Miles obéit. Le nom qu'elle venait de prononcer lui disait quelque chose. C'était sûrement celui du sous-lieutenant qui l'avait amené dans le bureau en lui disant qu'il prévenait le général.

— Il m'a dit qu'il le ferait, déclara-t-il alors, mais il n'a pas dû vous croiser.

Le général l'observa des pieds à la tête, puis posa une unique question :

— Capitaine Miles, vous connaissez les méthodes utilisées par les braconniers ?

Miles en resta muet de saisissement. Il s'attendait aux questions usuelles sur sa couleur de peau, sur ses lunettes de soleil (qui ne le quittaient quasiment plus depuis son entrée à l'armée) ou toute autre chose qui pouvait rappeler ses origines Ishbales. Mais pas à être mis à contribution immédiatement sur une affaire en cours.

— Eh bien, oui, j'ai quelques notions…

— Bien ! Vous ferez équipe avec le sous-lieutenant Degman pour rechercher des systèmes qui permettront de contrer leurs pièges et de les prendre en flagrant délit de braconnage.

Le petit homme lui adressa un signe de tête. Armstong fixa son regard d'un bleu glacial dans celui de Miles.

— Qu'en dites-vous ?

Miles salua de nouveau, sérieux, tout en masquant son hésitation.

— A vos ordres général !

Les jours qui suivirent, il travailla sans relâche avec Degman, le chef de l'atelier d'ingénierie, chargé entre autres du développement de nouvelles armes. Il s'installa et fit la connaissance de ses nouveaux collègues, qui lui apprirent les bases de la vie à Briggs.

Bientôt Miles répondit d'un seul homme avec les autres soldats. Il s'entraîna régulièrement avec Buccaneer et se détendit un peu plus au contact du général Armstrong.

Au moment où les purges commencèrent, lorsque l'armée se débarrassa des Ishbals qui servaient dans ses rangs, Miles fut surpris et soulagé par la décision d'Armstrong de le garder sous ses ordres. Le motif était clair : il n'avait de sang ishbal que par son grand-père, et la couleur de sa peau et de ses yeux importaient peu. Il était un élément de la forteresse comme les autres et participait au maintien de la paix au nord au même titre que les autres hommes de Briggs. Grâce à son sang-mêlé, il pouvait apporter un autre point de vue sur les événements.

Devant la détermination de sa supérieure, Miles n'avait pu que s'incliner. Il avait trouvé en Briggs un endroit où les compétences et la force primaient sur les relations, l'origine ou le sexe. Et il avait trouvé dans le général Olivia Mira Armstrong le chef qu'il suivrait sans faiblir. Parce que malgré son caractère aussi froid que les montagnes qu'elle défendait, il se doutait qu'elle tenait à chacun de ses soldats autant qu'ils tenaient à elle. Ils étaient prêts à la suivre où qu'elle aille.