Hello!

C'est après la Nuit, mais ce OS a été écrit dans le cadre de la 136ème nuit du FoF, sur le thème "Oeil"

Dans FMA, il y a énormément de symbolisme autour de l'oeil, mais j'ai choisi un personnage, un peu flippant, qui est souvent caractérisé par les yeux (je ne parle pas de Roy Mustang).

Personnages: Pride (central), Père, Mme Bradley, Edward Elric

Rating : K+

Genres : Angst? général? je ne sais pas trop, mais rien de bien méchant (enfin si, mais ce sont les personnages)

Bonne lecture!


Pride aimait Père. Il était son créateur, il s'était séparé d'une part de sa pierre philosophale pour lui donner vie, donc il lui devait obéissance et respect. Ainsi depuis plus de 300 ans, Pride servait son créateur avec les dons qu'il lui avait faits. Il avait vu la création et l'expansion rapide d'Amestris, participé à l'élévation et à la chute de beaucoup dans les gouvernements successifs qui avaient dirigé le pays. Son apparence enfantine le rendait invisible, il se fondait dans le décor et on pensait qu'il était le fils d'un haut-gradé ou d'un dignitaire, alors qu'il devenait les yeux et les oreilles de Père en public.

A mesure que les souterrains de Central, où Père s'était installé, se complexifiaient et s'étendaient sous la ville, à mesure que le tunnel circulaire caché dans le sol du pays se creusait, Pride y installait ses ombres, tissait son réseau, prêt à observer tout ce qui pouvait se passer dès qu'une lumière y entrait, et à agir si besoin était.

L'influence de Pride s'étendit aussi à la surface de la ville, et il fit pression sur les autorités pour que des lampadaires soient installés dans les rues, sous prétexte de sécurité des citoyens la nuit. Grâce à cela, il pourrait s'étendre, observer et écouter de jour comme de nuit, toujours plus loin, toujours plus facilement.

Pride était le premier des enfants de Père, le premier homonculus, celui qui avait été créé le plus à sa ressemblance. Et il en était fier. Extérieurement, il n'était qu'un enfant, ce qui pouvait parfois être handicapant, mais sa vraie forme compensait sa faible carrure. Combien de personnes avait-il effrayées avec ses yeux ? Combien avait mystérieusement disparu après une rencontre fatidique avec ses ombres et ses dents ? Il ne les comptait plus, il ne les avait jamais comptées, et cela n'importait pas, de toute manière. Tout ce qui comptait était la volonté de Père, et de le rendre fier de lui.

Le Jour Promis approchait, le cercle de transmutation d'Amestris était bientôt achevé, et Kimblee avait été envoyé s'occuper du sceau de sang qui devait frapper Briggs. Pride rôdait un peu partout où il le pouvait, alors que Selim Bradley était allongé sur son lit, là où Mme Bradley l'avait couché et bordé, avant de l'embrasser sur le front avec un sourire. Une lumière dans le tunnel l'attira. Des soldats de Briggs étaient encore entrés, et Pride constata, contrarié, qu'il avait manqué deux insectes de la dernière expédition d'exploration, restés à l'abri dans le noir complet. Il devait les détruire, s'assurer qu'ils ne diraient rien, leur interdire de revenir à la surface.

Ses ombres s'approchèrent, silencieuses et mortelles.

Avant de s'arrêter net.

Quelqu'un était entré dans le manoir du généralissime, et une voix inconnue résonnait dans le hall d'entrée. Pride revint en Selim et quitta sa chambre pour jeter un coup d'œil. Il ouvrit la porte en silence et vit une militaire blonde discuter avec Mère. Ce devait être l'assistante de Wrath, puisqu'elle apportait des documents urgents à signer rapidement.

Alors qu'il s'approchait dans son dos, elle se retourna brusquement, mue par une soudaine intuition, et Pride rencontra ses yeux écarquillés et remarqua l'étrange mélange de peur et d'hostilité qui avait envahi son visage.

Pendant que le majordome le raccompagnait à sa chambre, il laissa trainer un œil et une ombre. Cette jeune femme avait déjà eu affaire à Gluttony, donc même si elle ne détectait pas les homonculus comme ces gens de Xing qu'Envy avait rencontrés, elle avait été marquée par son aura. Et elle devait sûrement se douter que Wrath n'était pas le seul homonculus proche du pouvoir. Mme Bradley se chargea d'en dire un peu trop sur ses origines.

Menacer le lieutenant Hawkeye fut assez facile, malgré la force de caractère qu'il sentait chez la jeune femme. Elle était déjà une de leurs otages, aussi elle ne pourrait rien révéler sans mettre ses compagnons en danger. Il la laissa partir, non sans laisser planer ses menaces sur elle.

— Je vous suivrai de près, et je ne vous lâcherai pas, tout comme votre ombre…

Pride exécuta tous les ordres de Père, et mit toute sa fierté d'homonculus dans leur accomplissement. Alphonse Elric ne résista pas longtemps lorsqu'il prit le contrôle de son armure, mais le groupe formé par Edward Elric, Greed et deux chimères lui donna un peu de fil à retordre. L'arrivée des Xinois empira la situation, mais ce fut Hohenheim qui acheva le combat, en l'enfermant avec Alphonse dans une immense cage obscure. L'attente des secours qui ne manqueraient pas d'arriver mit cependant sa patience à l'épreuve.

Revenir à Central ne fut pas compliqué. Il lui suffit de prendre son air le plus angélique, d'ouvrir de grands yeux innocents et de demander d'une petite voix si on pouvait l'emmener en ville. On s'étonna bien entendu qu'un aussi jeune garçon veuille rejoindre Central malgré l'assaut mené par Mustang et les soldats de Briggs, mais il finit tout de même par arriver aux souterrains.

Au cours des mois précédents il avait longuement discuté avec Père sur la meilleure manière d'obtenir leur dernier sacrifice humain, et avait accepté à contrecœur de servir de catalyseur pour la transmutation humaine de l'alchimiste s'ils n'avaient pas d'autre choix. Même si cela lui coûtait, voir le colonel Mustang dans une telle position de faiblesse lui apportait un sentiment de supériorité qu'il adorait.

Dans l'antre de Père, le colonel réalisa rapidement qu'il avait perdu la vue, et Pride ricana. La Vérité était bien cruelle, constata Père. Celui qui avait une vision superbe de l'avenir d'Amestris avait désormais perdu l'usage de ses yeux.

— Je ne comprends pas que tu lui obéisses encore. Tu es dans un sale état, et lui il avait l'air complètement indifférent ! s'exclama Edward, maintenu au sol par ses ombres.

Père ne l'avait même pas regardé, ne lui avait pas accordé un coup d'œil alors qu'il s'élevait pour aller recharger sa pierre à la surface. Pride avait presque épuisé la sienne, mais c'était normal, relativisa-t-il. Devenir un être parfait passait avant ses enfants, pour Père.

Mais sa dernière pensée, sa dernière vision avant qu'Edward ne détruise sa pierre fut pour sa mère. Mme Bradley qui avait pris soin de lui, l'avait aimé, et ne l'avait vu que comme le petit garçon brillant qu'il était devant elle. Et dont elle avait toujours été fière.