Hello!

Ce OS a été écrit en une heure dans le cadre de la 137ème nuit du FoF sur le thème "Tentacules".

Bon, sur ce thème on pourrait aller très loin, mais je n'ai pas vraiment envie d'y aller, alors je me suis dirigée vers la cuisine. Et quand on parle cuisine et bouffe, à quel personnage de FMA pense-t-on? Ling, bien entendu!

Voici une petite histoire légère et mignonne, avec un peu de LingFan, et de la cuisine!

Personnages: Ling Yao, Lan Fan

Rating: K

Bonne lecture!


— Mon Prince ? Mais enfin, que faites-vous ?

Il était trois heures du matin, et le silence s'était installé depuis des heures sur le palais impérial de Xing. Lan Fan avait laissé Ling dans sa chambre avant de rejoindre la sienne, juste à côté, comme son rôle de chef de la garde personnelle du prince héritier de Xing le lui permettait. Elle faisait confiance aux gardes du palais pour veiller à sa sécurité, ayant elle-même supervisé le recrutement de la dizaine d'hommes et de femmes qui étaient désormais sous ses ordres. Depuis que Ling et Lan Fan étaient rentrés d'Amestris avec la pierre philosophale, l'Empereur, mourant, avait désigné le jeune prince du clan Yao comme son successeur, pour lui avoir apporté quelque chose qui pouvait donner la vie éternelle. Bien entendu, Ling avait décidé de ne jamais dévoiler comment elle était faite et dans quel but elle avait été créée.

Appuyée contre le chambranle de la porte des cuisines impériales, Lan Fan jetait un regard perdu sur Ling. Il avait sorti des pots, des plats et des marmites en tous genres, et fouillait dans les placards à la recherche d'ingrédients.

— Je pensais que le dîner vous avait suffi ! s'exclama la jeune fille, se rappelant la dizaine d'ailes de canard, la douzaine de raviolis fris ou cuits à la vapeur, les quatre bols de riz et la quantité phénoménale de légumes grillés, croquants ou bouillis qu'il avait engloutis quelques heures plus tôt.

— Mais cette fois-ci c'est différent ! répliqua le jeune prince avec un sourire désarmant. Je voulais cuisiner quelque chose par moi-même.

Lan Fan lâcha la porte coulissante qu'elle venait de refermer derrière elle, les abritant des regards extérieurs.

— Vous êtes certain de pouvoir y arriver ? Et pourquoi le faire au milieu de la nuit ? Vous auriez pu demander à un cuisinier de s'en occuper, déclara-t-elle en s'approchant d'une table complètement encombrée d'ustensiles et de récipients.

Elle commençait à les empiler pour libérer un peu de place lorsque Ling répondit.

— Ca n'aurait pas été la même chose. Je veux savoir que je peux être capable de faire quelque chose de mes mains, même si ce n'est pas nécessaire pour diriger ce pays.

Lan Fan se figea, un plat de faïence verte dans une main, et un pot rempli de baguettes en bois laqué de l'autre. Ling n'employait ce ton sérieux que rarement dans sa vie. Elle l'avait déjà entendu lorsqu'il combattait King Bradley, l'ancien dirigeant d'Amestris – à cette pensée son bras gauche la démangea, malgré son absence définitive. Mais il y avait quelque chose de plus cette fois. Une douceur étrange dans sa voix, une sorte de désir qu'elle ne lui connaissait pas. Elle expira doucement en posant avec délicatesse le plat sur une pile. Enfin, elle se tourna vers lui, un sourire aux lèvres. S'il y avait quelque chose qu'il voulait, il ferait tout pour l'accomplir. Il était ainsi depuis qu'ils se connaissaient, et cela ne s'était pas arrangé depuis qu'il avait accueilli l'homonculus Greed en lui.

— Et que comptez-vous préparer ?

Le visage de Ling s'éclaira, et il brandit joyeusement un papier couvert d'idéogrammes.

— Des tentacules !

Lan Fan prit le papier, découvrant une recette de calamars, spécialité du clan Meng, qui occupait une bonne partie du littoral sud de Xing. Ce n'était pas un plat très compliqué, mais la jeune garde du corps ignorait s'il y avait beaucoup de calamars dans les réserves du palais. Il fallait les transporter dans de bonnes conditions, et même avec le train qui reliait la capitale à la mer, le résultat de la pêche réservée à la famille impériale était généralement consommé dans la journée.

— Je vais essayer de trouver des calamars, annonça-t-elle simplement. Ne bougez pas d'ici, ajouta-t-elle avec un air impassible, masquant la joie qu'elle éprouvait à le voir si heureux.

Heureusement – ou pas, selon la situation – la pièce froide contenait encore quelques calamars arrivés la veille au matin, et qui n'avaient pas encore été cuisinés. Lan Fan les récupéra dans un panier, espérant simplement que les cuisiniers n'avaient pas eu l'intention de les utiliser pour une recette précise.

Lorsqu'elle retourna dans la cuisine avec ses trois céphalopodes, la grimace joyeuse de Ling la fit sourire à son tour. Elle avait l'impression qu'elle exprimait ses sentiments de plus en plus souvent ces derniers temps, mais savait qu'elle devait les maîtriser lorsqu'elle n'était pas seule avec le prince. Ils n'étaient pas destinés l'un à l'autre, et le système des concubines était une institution immuable du fonctionnement de l'Empire. Autrement, comment garder une cohésion dans un pays aussi vaste et diversifié ?

Lan Fan accompagna Ling pour toute la réalisation de la recette, coupant les légumes pendant qu'il préparait et faisait cuire les calamars. La sauce fut faite rapidement, et le jeune prince disposa avec grand soin les ingrédients préparés dans deux bols, terminant avec les tentacules savamment placés en forme de cœur.

Celui de Lan Fan se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle était bien consciente de son devoir envers son prince et son pays, et savait que ses sentiments ne devaient pas se mettre en travers de son devoir. Mais Ling rendait les choses difficiles pour elle. Surtout lorsqu'il la regardait avec cette lueur dans ses yeux noirs, un fin sourire sur les lèvres, et une paire de baguettes tendue pour qu'elle la prenne.

Ils mangèrent en silence, échangeant quelques regards, et savourant un plat qui n'avait certes pas le goût incomparable de ceux préparés par les cuisiniers impériaux, mais qui était unique. Parce qu'ils l'avaient fait seuls, avec l'autre et pour l'autre. Et Lan Fan profita de ce moment de paix, espérant simplement que Ling aurait suffisamment dormi le matin suivant pour assurer dignement ses fonctions de prince héritier. Et elle ferait en sorte de le garder en vie encore bien longtemps. C'était la tâche à laquelle avait choisi de consacrer sa vie.

Et s'ils pouvaient manger encore quelques calamars en pleine nuit, elle n'en serait pas mécontente, même si bien des choses pouvaient s'y opposer.