Hello!

Ce OS a été écrit pour la 145ème Nuit du FoF, sur les thèmes "Glorifier" et "Chaleur". Ma moi d'i ans se rappelle les dissert' de français en prépa sur le thème de la guerre, et a sans douté été plus marquée que prévu (enfin, c'était quand même bien plus intéressant que "le temps")

Le titre est inspiré des paroles de "Song of Myself" de Nightwish. Les paroles en début de OS sont celles qui suivent celles du titre.

Rating T
Personnages: Roy Mustang, Chris Mustang, les soeurs de Roy, Gracia (presque) Hughes, mentionnés: Riza Hawkeye, Maes Hughes, King Bradley
Relation: Roy et sa famille, un peu de Gracia/Maes
Genres: Angst, famille

Bonne lecture!


Nothing noble in dying for your religion
For your country
For ideology, for faith
For another man, yes

« REJOIGNEZ LES GLORIEUSES FORCES ARMÉES D'AMESTRIS ! » « Pour soutenir nos courageux soldats, n'hésitez pas à donner ! » « Voici l'ennemi : peau mate, cheveux blancs, yeux rouges. Signalez au poste de police militaire le plus proche la présence de toute personne que vous verrez correspondant à ce signalement. »

Roy réprima un énième soupir en passant devant un énième mur couvert d'affiches de propagandes. Elles le dégoûtaient avec leurs couleurs vives, le dragon d'Amestris absolument partout, leur mots dégoulinants ou menaçants. La guerre d'Ishbal n'avait rien de glorieux. Ses troupes n'étaient que des hommes qui n'en pouvaient plus, après sept ans de guerre, et ses combats n'étaient pas une ode à la puissance d'Amestris mais un massacre sans nom d'innocents sans défense. Il y avait de quoi gerber.

Enfin, Roy arriva en vue du bar de Madame Christmas. Il voulait profiter au maximum de sa permission pour dormir et oublier un instant ce qu'il vivait sous le cagnard du désert d'Ishbal. Il entra par la porte de derrière et posa son sac au pied de l'escalier qui montait vers l'habitation. Il s'avança ensuite vers l'arrière boutique, où il savait qu'il retrouverait celles de ses sœurs qui n'étaient pas occupées à servir les clients dans le bar.

À peine eut-il mis le pied dans la pièce qu'il se retrouva entouré de trois jeunes femmes qui le saluaient avec enthousiasme. Mais les exclamations joyeuses et les gloussements étaient trop étranges, trop décalées avec ce qu'il ressentait. Que ressentait-il après tout ? À part un énorme trou à la place du cœur, il ne savait plus de quoi il était fait. Il esquissa un sourire plat.

— Du calme, les filles. Je suis content de vous voir aussi. Madame est là ?

— Je vais la chercher, proposa Pam, la plus jeune des trois.

Ses retrouvailles avec sa tante furent courtes, et Roy put lire dans ses yeux noirs qu'elle savait en partie ce qu'il pouvait éprouver. Il haussa des épaules lorsqu'elle lui demanda ce qu'il voulait manger.

— Prépare ce que tu veux, je n'ai pas vraiment faim.

Et c'était vrai, songea-t-il en fermant la porte de sa vieille chambre d'enfant, qu'il n'avait pas habitée pendant plus d'une semaine depuis ses dernières vacances, à l'académie militaire. Il s'effondra sur son lit, et ferma les yeux, épuisé par le train, par le transport en camion depuis le camp, par les nuits sans sommeil passées dans le désert, par les cauchemars qui le saisissaient dès qu'il tentait de se reposer, par les visions de la destruction qu'il causait.

Il eut droit à une heure de sommeil avant le premier cauchemar.

Il se réveilla pantelant, en sueur, la gorge sèche et les yeux humides.

Roulé en boule sur un lit trop mou, il versa toutes les larmes qu'il n'avait pas versées depuis qu'il avait mis le pied sur le champ de bataille. Il pleura pour les hommes qu'il avait perdus, pour les victimes de ses actes, pour l'innocence de tous les jeunes soldats qui avaient découvert l'horreur inqualifiable de ce conflit, pour Riza Hawkeye dont il avait trahi la confiance.

Lorsque Chris l'appela pour manger, il descendit mais n'avala que quelques bouchées avant de remonter.

La nuit ne fut qu'une succession de cauchemars, et le soleil levant le trouva épuisé, éveillé, allongé sur le sol.

Il passa la journée à errer dans les parcs, évitant à tout prix de regarder les affiches de propagande. Surtout celles qui étalaient le portrait du Führer en grand, avec les mots « GLOIRE A NOTRE FÜHRER BIEN-AIMÉ » dessous.

Chaque fois qu'il voyait cette horreur, le sang de Roy bouillait dans ses veines. Hughes lui avait raconté la rencontre de Rogue Lowe et de Bradley, qui n'avait abouti qu'à une exécution publique du chef religieux des Ishbals. « Une vie vaut une vie, rien de plus, » avait répliqué le Führer lorsque le vieil homme avait proposé de sacrifier sa vie en échange de la paix.

Une vie valait peut-être uniquement une autre vie, songea Roy avec rage, mais aucune vie innocente ne méritait d'être détruite ainsi. Combien de fois avait-il eu envie de hurler dans la rue sa frustration envers ce gouvernement, envers cette armée glorifiant un chef sans merci ? Évidemment, ce n'était pas le moment d'être considéré comme un ennemi de l'État. Même s'il était alchimiste d'État, ça ne serait pas bien pris par les haut-gradés de l'armée.

Durant les jours qui suivirent, il reçut les attentions de ses sœurs, qui tentaient de le réconforter, de le faire manger, parce « un militaire avec la peau sur les os n'est pas séduisant », déclara Vanessa lorsqu'elle posa une énorme portion de pommes de terre couvertes de fromage devant lui. Il les accepta bon gré mal gré, mais ses nuits étaient toujours pleines de cauchemars. Il ne parla pas de ce qu'il vivait sur le champ de bataille, ne parla de Riza qu'à Chris, se confiant la gorge serrée.

Sachant qu'il partait à Central pour sa permission, Maes lui avait confié une lettre pour Gracia, qu'il lui apporta quelques jours avant son retour pour la fournaise d'Ishbal. Il rencontrait la jeune femme pour la première fois et fut frappé par sa douceur et l'affection qu'elle portait à Hughes. En discutant avec elle, il vint à la conclusion qu'elle était la meilleure personne pour rendre heureux son meilleur ami. Sa chaleur était ce qu'il lui faudrait après la guerre.

A sa descente du camion dans le camp, son sac sur l'épaule, Roy fut accueillit par l'étuve qu'était Ishbal. Ça ne lui avait pas manqué, constata-t-il en installant ses affaires dans sa tente. Il sortit un paquet de la part de Gracia pour Hughes, et une lettre de Chris pour Riza. Il les leur donnerait dès qu'il le pourrait. Et il repartirait accomplir le devoir qu'il haïssait.