En attendant de poster le prochain chapitre de Vae Victis – qui avance et devrait arriver disons… D'ici la fin du mois -, je me suis dit que ce petit truc vous amuserait peut-être. Rien de révolutionnaire, juste deux mecs qui ne devraient pas se croiser autrement que pour les matchs de Quidditchinter-maison mais hey… Il faut bien que les vestiaires servent à quelque chose, non ? C'était parti pour être un OS mais qui s'est avéré un peu long, du coup il y aura deux chapitres.
Disclaimer : Je ne suis (toujours pas) J. K. Rowling et la saga Harry Potter ne m'appartient pas. On ne me donnerait pas une Noise pour ce texte, et on aurait bien raison. Mais, pour parodier Edmond Rostand -qui lui, avait un vrai talent - « C'est encore plus beau lorsque c'est gratuit »
Warning : ce texte est classé M et met en scène une relation intime entre deux hommes. Si vous êtes trop jeune, gêné ou opposé à l'idée de deux mecs ensemble, lisez autre chose. Sinon... Foncez !
MFOWMFOWMFOWMFOWMFOWMFOW
Oliver Wood était heureux.
Et pour une fois, le score du match n'y était pour rien.
Certes, Gryffondor venait de battre Serpentard, ce qui, en soit, constituait une bonne raison de se réjouir, mais ce n'était pas un événement inhabituel. En dépit du jeu rugueux des Verts et Argents, et en particulier de leur capitaine, Marcus Flint, l'équipe d'Oliver s'était toujours montrée à la hauteur, gagnant avec classe ou perdant avec élégance, mais surtout, faisant face, quoi qu'il arrive.
Flint…
Oliver renversa la nuque, fermant les yeux de plaisir sous le flot brûlant qui martelait ses épaules et délassait ses muscles. Au delà du crépitement hypnotique des gouttelettes d'eau, le silence se refermait autour de lui. A l'abri de ce cocon ouaté, après la furie du match, Oliver sourit béatement.
Il adorait ces moments-là.
Seul dans le vestiaire, livré au flot délibérément, délicieusement bouillant, il revoyait l'expression de Marcus quand il avait compris qu'il allait perdre.
Et surtout comment il allait perdre.
Face à Oliver qui, le voyant arriver sur les anneaux qu'il gardait, avait tout à coup renoncé à sa position défensive et foncé sur son adversaire, couché sur son balai lancé à pleine puissance. Le regard de Flint à ce moment-là… L'incompréhension dans les prunelles ardoise quand il l'avait vu lâcher le manche de son Nimbus, ses traits figés lorsque le corps d'Oliver avait basculé vers lui, emporté par la vitesse de leur course... Le vent sifflait autour d'eux, les hurlements des spectateurs couvraient jusqu'au bruit de leur respiration haletante, mais curieusement, Oliver ne se souvenait que de cela : ces yeux gris qui ne le lâchaient pas … Et la fureur qui s'était levée dans ce regard. Oui, Marcus avait compris la manœuvre… Mais c'était trop tard.
Trop tard pour retenir le réflexe qui le poussait déjà à tendre le bras, paume en avant, pour amortir l'impact entre leur deux corps. Trop tard pour retenir le souaffle qui glissait de ses mains. La balle avait atterri pile dans celles de Katie Bell, qui se tenait en embuscade juste en dessous et s'était empressée de virer en direction des buts Serpentard.
Ne restait plus à Oliver qu'à se stabiliser -il s'était cramponné sans vergogne au pourpoint de Quidditch d'un Flint blême de rage- avant de s'écarter d'une simple impulsion des hanches. Il avait distinctement vu la mâchoire carrée se crisper tandis que Marcus comprenait, à la facilité du mouvement, combien il avait été floué. Le Serpentard s'était même arrêté un instant, le suivant des yeux tandis que son adversaire rétablissait sans difficulté son Nimbus et repartait à toute allure, et il avait senti le regard sombre lui brûler la nuque.
Oui, on pouvait compter sur Marcus Flint pour ne céder devant personne.
Surtout pas devant Oliver.
Et c'est ce qui l'avait perdu aujourd'hui, lui et toute son équipe… Sans parler de son attrapeur : dix minutes après cet incident, Harry mettait un terme au match en s'emparant du Vif d'Or au nez et à la barbe d'un Drago Malefoy furieux.
Le plus jouissif, c'était le discours chaleureux que le professeur Bibine avait tenu à adresser au capitaine Serpentard, juste après le match. Elle l'avait tenu planté devant elle pendant dix bonnes minutes, en plein vent et sous la pluie, le couvrant de compliments, visiblement impressionnée par la solidarité dont il avait su faire preuve lors de sa collision avec Oliver. Debout sur la pelouse détrempée dans son pantalon de Quidditch couvert de boue, Marcus s'était efforcé de faire bonne figure mais Oliver le connaissait assez pour savoir qu'il fulminait, et il devait se mordre l'intérieur des joues pour ne pas rire. Il savait que Marcus n'était pas dupe. Le brun ponctuait les propos de Mme Bibine de hochements de tête polis… Et chaque fois que le flot de parole se tarissait un peu, il fusillait le capitaine de Gryffondor du regard.
Le yeux de Marcus...
C'était comme ça depuis toujours. Depuis le premier match qui les avait opposé. Une rivalité d'enfant qui n'avait cessé de grandir. S'enflant. S'exacerbant de jour en jour, de match en match. Oliver attendait les rencontres contre Serpentard avec impatience. Avec fébrilité. Pour rien au monde il n'aurait raté ce rendez-vous. Ce moment, juste avant d'entrer dans le stade, où les deux équipes se croisaient à la sortie des vestiaires. Le regard échangé avec Flint. Toujours le même. Le sourire de Marcus, lui qui ne souriait jamais. La petite lueur dans ses yeux ardoises.
- Prêt, Woody ? »
Cette lueur-là allumait sa jumelle dans le regard tilleul d'Oliver. Aussi pétillante, aussi allègre.
Aussi brûlante.
- Prêt, Flint.
Et Flint qui acquiesçait. Pas même un geste ou un sourire. A peine un battement de paupière. Et cela suffisait.
-Je t'attends.
-Je suis là
Bien sûr, ensuite, il y avait le moment où ils se serraient la main, juste avant de prendre le large sur leurs balais respectifs. Et celui où ils se saluaient, juste après le coup de sifflet final. Mais ça, c'était autre chose. C'était pour la galerie. Rien ne valait ce minuscule instant, juste avant le combat, dans le brouhaha de leur équipes respectives, dans les insultes et parfois les bagarres qui s'esquissaient. Ce moment où, même entourés de leurs joueurs, ils étaient seuls. Où ils se reconnaissaient. Adversaires. Ennemis de toujours. Et, dans leur sang, le haine. Corrosive, brûlante. Qui faisait battre leur cœur plus vite. Qui faisait pulser le sang dans leurs veines, plus lourd, plus riche. Qui exacerbait chaque émotion, chaque sensation, faisait l'esprit merveilleusement clair, lucide, et le corps incroyablement réceptif à toutes les sensations.
Un courant d'air balaya le vestiaire en réponse, la douche se fit automatiquement plus chaude et Oliver s'étira avec délectation sous le flot brûlant. Il sentait le pic d'adrénaline redescendre peu à peu, laissant la place à l'écrasante et bienheureuse fatigue d'après-match. Il aimait cette sensation, le corps détendu, les membres gourds, les paupières lourdes. Tout son corps anticipait le plaisir de s'étendre bientôt dans son lit confortable, la chaleur, la caresse des draps sur sa peau nue, la plongée à pic dans un sommeil sans rêve...
-Belle victoire, Wood.
Brusquement dégrisé, Oliver sursauta violemment et ouvrit les yeux. Son regard plongea dans celui, froid et inexpressif, du garçon qui venait d'entrer et tout le corps d'Oliver se tendit en reconnaissant celui qui l'avait rejoint dans les vestiaires.
-Qu'est-ce que tu fous là, Flint ?
-Je suis venu te féliciter... Ça se fait entre adversaires loyaux... Non ?
Oliver rougit et se détourna. Face à Marcus qui, appuyé au mur, l'observait tranquillement, les bras croisés, il avait cruellement conscience d'être nu. Nu, désarmé et terriblement vulnérable. Il inspira, expira rapidement, luttant de toutes ses forces contre l'impulsion subite qui le poussait à bondir vers sa vieille besace abandonnée à quelques mètres de là, sur un banc du vestiaire. Il coula un regard prudent en direction de son adversaire... Et jura intérieurement en voyant les lèvres charnues du Serpentard s'étirer en un sourire railleur. Marcus était peut-être une brute -une brute aux dents irrégulières, bien qu'étrangement blanches- mais il n'était pas stupide. Jamais il ne lui laisserait une chance de récupérer sa baguette…
Ce qui ne voulait dire qu'une seule chose, songea Oliver, fataliste : il allait devoir l'affronter armé de ses seules forces.
A la Moldue.
Le genre de truc qui risquait de l'expédier à l'infirmerie pour un bout de temps.
-Des félicitations ? Tu m'impressionnes, Flint. Tant de fair-play, c'est très Gryffondor, tu sais ? Sûr que le Choixpeau ne s'est pas planté le jour de ta répartition ?
Sans surprise, Marcus lui dédia un regard meurtrier auquel Oliver répondit par un sourire éclatant.
Quitte à payer le prix fort, autant s'amuser un peu…
Ou pas, compléta-t-il avec un sursaut, en constatant qu'une baguette magique venait de surgir au bout des doigts de Marcus. Merde, il était rapide, ce con. Et pas du genre à se battre à la loyale. A en juger par la colère qui flambait dans le regard sombre, Oliver aurait de la chance si Flint s'en tenait à un Doloris.
Bordel, il allait le sentir passer…
Pourtant, lorsque le sort qui crépitait au bout de la baguette fusa enfin, l'éclair vert, meurtrier, ne vint pas. En fait, Oliver resta bouche bée, oubliant même de se recroqueviller contre le mur carrelé. Il s'était attendu à tout, sauf à ça…
La cravate de Marcus venait de glisser de son cou avec un froissement soyeux. Elle filait vers lui à toute vitesse, fendant l'air avec le sifflement feutré d'un serpent en chasse et l'espace d'un instant, Oliver oublia tout, fasciné malgré lui par l'étrange beauté du sortilège. Lorsqu'il se reprit, évidement, il était trop tard.
-Bon sang, mais qu'est-ce qui te prend, Flint ? aboya-t-il.
Il lutta de toutes ses forces, mais en vain : la soie s'était fermement enroulée autour de ses poignets, la force du sort étirant ses bras vers le haut et le gryffondor dut se débattre vigoureusement, simplement pour ne pas s'étaler sur le carrelage mouillé. Et quand il réussit à rétablir un semblant d'équilibre, son cœur fit une embardée en réalisant pour la première fois dans quel guêpier il était tombé.
Le Serpentard ne s'était pas contenté de le menotter, oh non... Les pans de sa cravate s'enroulaient autour du tuyau d'arrivée d'eau qui courait au-dessus de la tête du Gryffondor, l'immobilisant totalement en face de son adversaire. Oliver sentit ses joues s'enflammer. Il n'était pas particulièrement pudique, mais bordel, entre rigoler sous la douche avec ses coéquipiers et se retrouver nu, totalement seul et à la merci de son pire ennemi dans un vestiaire désert, il y avait une sacrée différence !
-Tu… Tu es dingue… souffla-t-il, la gorge sèche.
Pour toute réponse, Marcus se contenta de sourire. Son regard ne l'avait pas lâché, lent et scrutateur, et Oliver, aiguillonné par quelque chose qui ressemblait à de la terreur, se mit à tirer rageusement sur ses liens. Mais à peine avait-il amorcé le geste qu'un cri de dépit lui échappa : la soie vert et argent venait de se resserrer implacablement autour de ses poignets. C'était à croire que le lien avait anticipé sa révolte… Et à en juger par le regard goguenard de Marcus, c'était probablement le cas.
Putain de magie sournoise, aussi Serpentarde que son propriétaire !
-Détache-moi, par Merlin ! pesta Oliver.
Le dernier mot s'étrangla dans sa gorge : apparemment lassé de jouer les statues de glace, Flint venait de franchir les trois pas qui les séparait. L'autre garçon s'arrêta à un souffle de son visage. Oliver serra les dents, anticipant à moitié le coup à venir, le choc inévitable contre la paroi dallée… Étrangement, rien ne vint. Rien, si ce n'est le sourire, lent et carnassier, qui étira les lèvres pleines tout près de lui. Le Gryffondor sentit un frisson descendre lentement le long de sa colonne vertébrale, et quand il croisa à nouveau les prunelles couleur d'acier qui ne l'avaient pas quitté, il comprit que cela n'avait pas échappé à son ennemi.
-Tu as joué, Woody… Et tu as gagné. Tu m'en dois une. Sauf que cette fois...
-Cette fois ? le défia Oliver.
-Cette fois, nous allons jouer selon MES règles.
Son sourire s'agrandit.
-A moins que tu n'aies peur…
Furieux – et heureux de l'être – Oliver releva le menton, affrontant Flint d'un air bravache. Il força un rire hors de ses lèvres crispées.
-Rien de ce que tu pourrais faire ne me fait peur, Flint.
Le sourire horripilant était toujours là.
-Rien ?
Le Serpentard fit encore un pas.
-Même pas… Ça ?
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