Année : 772
4 ans après le Cell Game
Guérison
Ruri n'avait jamais encore vraiment pris la moindre « initiative » dans leurs moments d'intimité. La surprise de C17 était donc grande, et sa curiosité prit rapidement le dessus sur la colère qu'il ressentait avant qu'elle n'arrive. Alors il ne bougea pas, observant la jeune femme, attendant de voir ce qui allait se passer, contemplant la beauté de ce corps dont il ne se lassait jamais.
Ruri sursauta au contact du filet d'eau presque brûlante de la douche, mais elle ne s'arrêta pas pour autant d'avancer vers lui. Au contraire elle s'approcha, sans détourner ni baisser les yeux, jusqu'à pouvoir poser ses mains sur le torse de C17 qu'elle parcourut lentement avant de poser sur ses lèvres un tendre et bref baiser. Le contraste entre la détermination dont son regard témoignait et l'hésitation encore palpable dans sa gestuelle la rendait encore plus attirante pour lui, chacune de ses timides caresses agissant comme un souffle sur les braises naissantes de son désir.
Il lui rendit son baiser, et ils restèrent ainsi plusieurs interminables secondes, avant que C17 ne parvienne à reprendre ses esprits.
À bien y réfléchir, rien dans cette situation n'était normale. Ruri avait opéré un changement d'attitude tellement radical qu'il ne pouvait ôter de son esprit l'idée qu'il y avait nécessairement une raison à cela.
Mais laquelle ? Pourquoi agissait-elle ainsi ?
- Qu'est-ce que tu fais, humaine ? finit-il donc par lui demander.
- Je t'embrasse, répondit simplement Ruri.
- Ce n'était pas ma question. Qu'est-ce que tu cherches à faire ?
- Quelque chose d'agréable pour toi.
- Pourquoi ?
- J'ai besoin d'une raison ?
- Tu es différente. J'aimerais juste savoir ce qui t'arrive.
Avant de répondre, Ruri passa ses mains dans les longs cheveux de C17.
- Je sais que cela n'a pas du être facile pour toi dans le laboratoire, alors je voulais juste te faire passer un bon moment, rien de plus, finit-elle néanmoins par lui dire d'une voix douce.
- Tu fais ça parce que je te fais pitié ?
Cette phrase claqua dans la pièce comme un coup de fouet. Le ton de la voix de C17 était devenu soudain bien plus dur, trahissant de l'énervement mais aussi une sorte de souffrance, comme si cette seule idée l'avait profondément blessé.
En l'entendant ainsi, Ruri recula et laissa échapper un profond soupir.
- C'est vraiment ce que tu crois ? Que j'agis uniquement parce que tu me fais de la peine ?
- Oui.
- Alors c'est que tu n'as décidément rien compris. Rien du tout.
- A quoi ?
- A ce que cela signifiait quand je t'ai dit que je t'aimais.
- Ça veut dire que tu tiens à moi, ça je le sais.
Face à la naïveté et la simplicité de cette réponse, Ruri ne put s'empêcher de sourire, avant de reprendre la parole, le regardant droit dans les yeux :
- Pourquoi tu n'as pas voulu que je reste avec toi tout à l'heure ?
- Je ne voulais pas refaire comme la dernière fois. Je voulais te protéger.
- De quoi ?
- De moi. Et de… Ruri, je suis juste… tellement en colère… tellement…
- Je sais. Je sais que tu es en colère, je l'ai compris. Mais justement. T'aimer, ce n'est pas juste « tenir à toi », c'est bien plus que ça. Ça veut dire que tes peines sont les miennes, que tes problèmes sont les miens. Que quand tu souffres, je souffre aussi. Et que je suis là, je suis là pour toi, pour te soutenir et t'aider. Ce n'est en rien de la pitié. Tu n'es plus dans le laboratoire maintenant, tu es ici, avec moi. Et j'ai tellement envie d'arriver à te le faire comprendre.
Elle ponctuait chacun de ses mots par un baiser, tantôt sur une joue, tantôt sur l'autre, et laissait de nouveau ses mains caresser le corps de C17.
Son torse. Son dos. Ses bras.
C17, lui, demeurait impassible tant il avait du mal à comprendre ce qu'elle voulait dire.
L'aider ? Mais en quoi ? Il n'avait pas le sentiment d'avoir besoin d'aide. Ce qu'il recherchait c'était des réponses, et il enrageait à l'idée qu'il n'avait aucun moyen de les obtenir, qu'encore une fois il n'était pas capable d'agir sur son propre destin.
Il restait obnubilé par cette angoisse, cette obsession de comprendre. Sa colère grandissait à chaque seconde qui passait, et C17 luttait de toutes ses forces pour la contenir.
Pour ne pas blesser Ruri.
Pour ne pas lui faire peur.
Pour ne pas la perdre.
Pour ne plus être seul.
Mais en même temps tout son corps rejetait instinctivement les caresses de Ruri, refusant d'être à la merci que quoi que ce soit qui pourrait advenir.
Ne plus jamais baisser sa garde.
Ne plus jamais fermer les yeux.
Ne plus jamais tourner le dos à l'ennemi.
Ne plus jamais se bercer d'illusions.
Depuis ce jour fatal, C17 ne s'était plus jamais senti en sécurité, il ne s'était plus jamais senti libre. Il détestait sa naïveté, son orgueil et sa faiblesse de l'époque. Il était hanté par la peur de revivre la même chose. Il était rempli de haine, envers tout ce qui l'entourait, envers lui, envers Gero, envers Cell, envers l'accumulation de ses erreurs qui lui avaient fait tout perdre.
Mais si son esprit était encore perturbé par un flot de pensées et d'interrogations ininterrompu, son corps, lui, n'était pas insensible à la sensation de douceur provoquée par le contact sur la sienne de la peau de Ruri à présent collée contre lui.
Alors, presque sans y penser, il agrippa d'une main ses fesses que ses doigts pressèrent avec envie, l'autre se plaçant dans le labyrinthe de sa chevelure pour mieux la saisir, avant de ramener son visage vers le sien. Avidement, il plaqua sa bouche contre celle de Ruri et l'embrassa, provoquant chez elle un gémissement de surprise. Il l'embrassa avec toute l'intensité de son désir physique à présent réveillé. Ruri, elle, se pencha aussitôt en arrière. Mais si sa posture lui était familière, C17 s'aperçut rapidement que son attitude n'était pas du tout aussi passive qu'à l'accoutumée. Elle répondait à la force de son baiser, jouant de sa langue, et il sentait sur son corps les mains de Ruri qui cherchaient à lui rendre ses caresses, descendant avec hésitation mais constance vers son bas-ventre.
Soudain, il sentit la pointe de ses doigts effleurer son sexe l'espace d'une fraction de seconde, avant que Ruri ne finisse par s'en saisir totalement et d'entreprendre un lent mouvement de va-et-vient. Ajoutée à sa surprise, cette sensation lui procura un plaisir tel qu'il ne put retenir un cri, rauque, profond, un râle d'autant plus fort qu'il ne s'attendait absolument pas à un tel geste. Elle lui faisait tellement de bien en cet instant précis qu'il se trouva incapable de réagir. Petit à petit, son membre durcissait et il sentait monter en lui cette divine sensation de chaleur et cette pression croissante au creux de ses reins.
Une sensation exquise et différente, celle d'un plaisir gratuit qui parcourait son corps tout entier. Un vrai régal, pareil à celui des friandises humaines qu'elle lui avait fait goûter et dont les saveurs sucrées allaient ainsi de sa bouche à sa gorge avec la même facilité déconcertante. Il avait tant envie de s'abandonner, de la laisser faire et de voir jusqu'où cette caresse inédite pouvait mener. Il sentait sur son sexe la précision des gestes de Ruri grandir. Au fur et à mesure, elle se faisait moins hésitante, plus affirmée, plus intense dans son mouvement. Et le plaisir qu'il en éprouvait n'en était que plus grand à chaque seconde, lui coupant le souffle, le rendant incapable de parler.
De son côté, la jeune femme était plus déterminée que jamais. Elle était attentive à la moindre expression de C17, guettant dans son attitude une approbation ou une marque de déplaisir, pour mieux guider ses mains. Elle le voyait ainsi pour la première fois être à sa merci, lui cédant son corps sans rien chercher à entreprendre. Il gardait depuis plusieurs minutes un silence entrecoupé de faibles gémissements, le visage crispé, les sourcils froncés au-dessus de ses yeux clos. Elle intensifia sa vitesse et la pression de ses doigts. Elle devinait dans sa main le sexe de C17 grossir et durcir, et jamais encore elle ne s'était perçue aussi femme qu'à cet instant précis. Pourtant, alors qu'elle se voulait concentrée sur lui, elle commençait à ressentir elle aussi les prémices de l'excitation. Elle ne quittait plus des yeux ce corps si puissant, ces muscles saillants sur lesquels les gouttes d'eau ruisselaient pour mieux en souligner le dessin anguleux Chaque fibre de sa chair était tendue, contractée. De ses biceps et ses cuisses émanaient une telle force sous-jacente que Ruri en était comme enivrée.
Elle brûlait du désir d'éprouver au plus profond d'elle-même la puissance de C17.
Ce soir, elle le voyait également enfin, tout entier. Elle n'avait en effet pas éteint la lumière avant d'entrer dans la salle de bain et elle laissa nonchalamment son regard le parcourir, voir de lui ce qu'elle n'avait jamais encore osé regarder.
Elle se trouva tout à coup très idiote d'avoir eu autant d'appréhension durant les mois précédents, car jamais encore elle ne l'avait trouvé aussi beau. Il était tout simplement irrésistiblement attirant. Tout en continuant à caresser son sexe de sa main droite, elle posa la gauche sur ses fesses athlétiques et si bien dessinées. Bien qu'il n'en ait pas l'air au premier abord, une fois nu son anatomie n'était que robustesse et solidité, et Ruri adorait ça. Elle adorait être celle qui pouvait faire vibrer un homme tel que lui, et tremblait à l'idée d'être bientôt à lui, qu'il puisse la faire sienne d'une seconde à l'autre, qu'elle sentirait encore à quel point il était fort. L'humidité de son entre-jambe s'accroissait en même temps que la vitesse qu'elle donnait à son mouvement de va-et-vient.
Tout à coup elle vit C17 tressaillir, son corps tout entier étant parcouru d'un frisson tel qu'il dut se mordre les lèvres pour retenir un cri entre ses dents serrées.
- Oh pardon, ce n'est pas bien ? Je dois faire plus vite ? Moins ? questionna-t-elle aussitôt.
C17 ouvrit alors lentement les yeux. Il lui adressa alors un étrange sourire qu'elle n'arrivait pas bien à décrypter. Sans rien dire, il approcha son visage du sien et l'embrassa très doucement, du bout des lèvres, caressant sa joue droite d'une main jusqu'à ce que son pouce ne se pose sur sa bouche pour la faire taire.
- Shhhh, humaine, murmura-t-il, tandis que son autre main descendait lentement le long son corps.
Sans rien dire d'autre, il inséra deux de ses doigts en elle, la faisant immédiatement frémir de surprise et de ravissement. Ne voulant pas en rester là, la jeune femme accentua encore un peu la pression de sa main et sa vitesse. Aussitôt, C17 réagit en bougeant lui aussi sa main. Aucun d'eux ne dit alors plus un mot, tous les deux embarqués dans cette lutte étrange enclenchée pour donner à l'autre le plus de plaisir possible, pour s'arracher les gémissements les plus forts possibles.
L'un et l'autre, se masturbant ainsi sous la douche, comme si plus rien d'autre n'existait autour d'eux, comme si personne ne pouvait les entendre.
Comme s'ils étaient seuls.
- Tu es humide quand je suis là, humaine, finit néanmoins par dire C17, le souffle court.
- Et toi tu es dur quand je suis là, cyborg.
Il caressa du bout de son pouce la lèvre de sa compagne, avant de reprendre, de plus en plus excité.
- Tu joues à un jeu dangereux, humaine.
- Je croyais que tu aimais ça, jouer, je me trompe ?
- Oui, j'adore ça. Mais quand je joue, c'est pour gagner.
Ruri sentait entre ses cuisses une démangeaison presque brûlante. Une envie irrésistible. Un besoin presque vital. Elle en oubliait même tout ce qui s'était passé cette journée, et pourquoi elle faisait tout ça. Plus rien d'autre ne comptait à présent que cet instant qu'ils vivaient, là, maintenant.
- Moi aussi, répondit-elle.
Ensuite, sans y réfléchir, elle passa sa langue sur le pouce de C17, avant de soudain le prendre dans sa bouche. Elle le suçota, lentement, fixant sur lui ses grands yeux verts dans lesquels il lisait une excitation immense, comme il n'en avait encore jamais vu chez elle. Son regard luisait littéralement, il y voyait de la confiance en elle et une audace qu'il n'avait encore jamais soupçonnée chez Ruri. Elle était sûre, belle, fière et tout dans son attitude montrait qu'elle attendait de lui une réponse. Il ne voulait d'ailleurs pas rester indéfiniment sans réagir.
Cette caresse avait agi sur lui comme un électrochoc.
La chaleur de cette bouche gourmande sur sa peau lui fit comme prendre feu.
Il voulait cette chaleur sur lui, partout, immédiatement, sans plus attendre.
Alors il empoigna brusquement les fesses de Ruri et la souleva au-dessus du sol, avant de la plaquer contre la paroi de la douche. Il n'eut pas à attendre, pas à lui demander ni à lire dans son regard l'approbation qu'il attendait toujours avant de la pénétrer. Tout dans le langage corporel de Ruri lui fit comprendre qu'elle s'offrait à lui, dans la façon qu'elle eut d'enserrer son bas ventre avec ses jambes et de s'agripper à lui. Alors il vint en elle, s'introduisant avec force entre ses cuisses ouvertes pour lui, poussant un soupir d'aise et de soulagement quand il sentit sur son sexe la tiède moiteur de celui de Ruri. Il avait l'impression d'avoir attendu ce moment toute sa vie, et plus rien n'avait d'importance que d'en profiter.
C17 se délectait d'entendre la jeune femme geindre dans son oreille tandis qu'il la prenait. Il sentait son cœur collé au sien battre de plus en plus vite, il percevait dans son dos la pression des ongles de la jeune femme se crispant sur sa chair. Elle criait, fort, et ces cris n'étaient pour lui qu'encouragements à aller encore plus vite, vigoureusement. Ruri répondait à son mouvement, elle semblait être une toute autre personne à présent, et il en devenait presque fou.
Encore, et encore.
Jamais C17, habituellement si maître de lui, ne s'était senti sur le point d'être débordé par la passion. C'était une sensation indescriptible, presque douloureuse tant elle était impossible à retenir.
En fait, il ne voulait pas se retenir, il voulait juste jouir.
Et c'est ce qu'il fit, poussant un long râle de plaisir quand enfin il put ressentir cette satisfaction tant désirée, celle de s'unir et d'être accueilli par l'autre, de libérer un une seule seconde toute la tension accumulée.
Ensuite, C17 resta là, debout, tenant fermement Ruri dans ses bras.
Elle tremblait mais arborait un magnifique sourire, son visage rayonnait comme jamais encore. Il la contempla ainsi plusieurs secondes, durant lesquelles tous deux reprirent progressivement leur souffle, revenant lentement a la réalité environnante.
Elle était si jolie, cette humaine. Il était subjugué par la finesse de ses traits, la douceur de ses lèvres, la tendresse de sa peau. Comparé à la surface rugueuse de ses mains de guerrier, le toucher du corps de Ruri était si délicat qu'à chaque mouvement il craignait de la briser en mille morceaux. Ses fesses et ses cuisses étaient fermes mais malléables, autant que ses muscles à lui étaient solides comme un roc. Il pouvait la saisir, la tenir, la maintenir. Il regardait ses seins jeunes, fermes et rendus rigides par l'extase, pointant vers lui comme une offrande qu'il ne voulait être qu'à lui.
Il avait encore tant envie d'elle.
Tant envie de recommencer.
D'autant qu'il était en quelque sorte frustré de s'être laissé débordé aussi rapidement. Emporté par l'ampleur de son excitation, il n'avait pas vraiment pu se retenir et maintenant qu'il était plus calme, il regrettait de n'avoir pas profité encore plus longtemps des charmes de Ruri.
Il en voulait simplement…
- … encore… soupira C17, sa voix résonnant presque comme une supplique.
- Quoi ?
- J'en veux encore. Je te veux encore, humaine.
Ruri déposa un baiser sur ses lèvres avides.
- Ce soir, je suis toute à toi. Aussi longtemps et aussi souvent que tu le voudras. Si tu as encore un peu d'énergie, bien sûr.
C17 resta interloqué pendant une brève seconde, avant d'éclater de rire. Chacune des provocations de Ruri ne faisait que renforcer sa soif de la posséder encore. Elle attisait son désir comme le vent ravivait les flammes d'un incendie qui s'apprêtait à les consumer tous les deux. Ruri agissait comme si elle était soumise à lui, mais se faisant en même temps la maîtresse de l'étrange partie qui s'était engagée entre eux, et cette ambivalence ne la rendait que plus enivrante.
« Si c'est vraiment un jeu auquel tu joues, humaine, alors soit. Jouons » pensa-t-il en souriant, avant de quitter la salle de bain, la jeune femme toujours dans ses bras.
Une fois arrivé dans la chambre, il la jeta sur le lit et l'y rejoignit, plaquant son corps contre le sien.
- Mon énergie est infinie Ruri, finit-il par lui chuchoter.
- Prouve-le, lui répondit-elle alors.
Il n'en fallait pas davantage à C17.
Cette seule phase acheva de l'embraser.
Il l'embrassa alors avec force. Sa bouche. Sa nuque. Ses épaules.
Mais il était bien décidé à gagner, alors il amplifia ses caresses.
Prenant dans ses mains chacun de ses seins, il commença par passer sa langue avec gourmandise sur chacun de ses tétons, alternativement, guidé par les plaintes de Ruri qui s'intensifiaient, jusqu'à finir par les mordre, juste assez fort pour qu'elle se remette à crier.
De petits cris, brefs, mais qui étaient pour lui des appels à continuer.
Puis il descendit.
Lentement.
Recouvrant de baisers son ventre, s'égarant le long de ses jambes qu'il écarta d'un geste, avant de remonter et d'atteindre son clitoris qu'il se mit à lécher rapidement. Il sentit le corps de Ruri se crisper tandis que la jeune femme plaçait une main dans les cheveux de C17.
Elle poussa un gémissement, essayant de refermer ses jambes.
- Attends, c'est trop… trop… tenta-t-elle de dire, débordée par un plaisir aussi brutal que soudain.
Ce n'était pas la première fois que C17 agissait ainsi, mais jamais encore il n'était allé si vite ni si intensément. Et d'habitude, quand elle lui demandait d'arrêter ou de ralentir, il finissait toujours par le faire.
Mais cette fois, il ne l'écouta pas et ne s'arrêta pas.
Usant de ses mains, il entreprit au contraire d'écarter davantage les cuisses de Ruri, et accéléra encore le rythme de sa langue, prenant dans sa bouche cette chair si tendre et délicate, son palais bientôt envahi de cette saveur salée qu'il reconnut aussitôt. Ruri était haletante, suppliante, son dos arqué sur le lit. C17 la tenait fermement, et à chaque fois qu'elle esquivait un mouvement de recul, il la ramenait vers lui, pour qu'elle ne puisse plus échapper à ses caresses.
Il se laissait guider par ses cris, ses gémissements, ses suffocations, et perçut quand, enfin, elle cessa de lutter. Quand enfin elle laissa le plaisir la déborder et l'envahir. Alors son corps tout entier se détendit, et ses plaintes devinrent râles de joies jusqu'à ce qu'elle ne pousse un ultime cri, suivi d'un long soupir.
La pression de sa main sur les cheveux de C17 se relâcha soudain et d'un geste, elle lui fit signe de revenir vers elle.
Allongée sous lui, Ruri lui paraissait plus belle encore qu'elle ne l'avait jamais été, avec son sourire lumineux, ses joues rougies d'extase et ses lèvres entrouvertes pour l'aider à reprendre son souffle. Ses jambes frissonnantes ne tenaient pas en place, et ses bras étaient affalés sans force sur le lit. En fait, elle était tout simplement radieuse, et ce spectacle ravissait C17 qui ne semblait pas décidé à s'en lasser.
Soudain, Ruri fut prise d'une sorte de fou rire, gloussant espièglement en le voyant ainsi immobile au-dessus d'elle.
- Fatigué ? lui demanda-t-elle en riant.
Surpris, C17 ne tarda cependant pas à réagir. D'un mouvement brusque de son bassin, il la pénétra de nouveau, lui extorquant un cri qu'il étouffa de nouveau immédiatement d'un baiser.
- Humaine, lui dit-il ensuite, je peux te faire l'amour toute la nuit et encore toute la journée de demain si je le veux. Je peux te faire l'amour jusqu'à ce que tu tombes d'épuisement.
- Prouve-le !
C17 s'attendait à cette réponse.
C'était exactement ce qu'il voulait entendre, et aussitôt après qu'il l'ait entendue il s'exécuta, bougeant en elle encore plus puissamment qu'auparavant. Il continua, encore et encore, comme s'il ne pouvait plus vivre en dehors d'elle. Il était subjugué par sa beauté, la volupté de ses formes, de ses seins, de ses fesses, son envie d'elle étant une faim dévorante que plus rien ne semblait pouvoir combler. Il voulait être à elle, autant qu'il voulait qu'elle ne soit plus à lui.
La prendre.
La posséder.
Toutes ses pensées n'étaient plus focalisées que sur elle. De son côté, Ruri ne pouvait et ne voulait rien d'autre que rester ainsi, dans cette soumission victorieuse au désir de C17, qui faisait d'elle tout autant l'objet que la bénéficiaire de son plaisir.
De longues minutes s'écoulèrent pendant lesquelles C17 ne cessa d'accroître sa vitesse, la prenant chaque fois un peu plus fort. Seul subsistait en lui un regret, un sentiment d'inachevé, celui de devoir se retenir encore, de ne pouvoir entrer en elle complètement, car il sentait encore une légère résistance de son corps, une étroitesse qu'il ne voulait pas forcer.
Quand soudain, un à-coup plus puissant que les précédents fit pousser à Ruri un cri aigu. Sa bouche s'ouvrit comme si sa respiration venait à lui manquer brutalement et C17 s'arrêta, soudainement inquiet a l'idée de s'être laissé emporter plus loin ce que Ruri pouvait supporter. Mais a peine avait-il cessé de bouger qu'il entendit sa compagne gémir de frustration.
Elle ouvrit les yeux et demanda, agacée :
- Pourquoi tu t'arrêtes ?
- J'ai pensé que je t'avais fait mal.
- Tu ne me fais pas mal, tu me fais jouir idiot ! Alors ne t'arrête pas, cyborg !
Amusé par sa réponse et l'empressement mécontent qu'elle témoignait, C17 remarqua que Ruri était devenu tout à coup très dirigiste.
Le jeu n'était décidément pas terminé entre eux, et comme il l'avait dit, il ne jouait que pour gagner.
- Je n'obéis pas aux ordres, humaine, lui dit-il en retour. Et cesse de m'appeler ainsi, j'ai un nom. Alors dis-le. Je veux t'entendre crier mon nom.
- Moi non plus je n'obéis pas aux ordres, cyborg. Si tu veux que je crie, tu vas devoir me faire crier.
- Je relève ton défi, lui chuchota-t-il pour unique réponse.
Les heures défilèrent, s'égrenant au rythme des saccades de leurs corps enlacés. Leur jeu ne semblait plus avoir de fin, tant C17 pouvait user à loisir de l'infinité de son énergie. Décidée elle aussi à ne pas perdre face à lui, Ruri tentait de tenir le rythme, mais elle finit néanmoins par commencer à montrer les premiers signes de fatigue au fur et à mesure que l'aube approchait.
C17 s'en aperçut, sentant sous lui le corps de Ruri se vider peu à peu de ses forces.
Ses doigts s'enfonçaient dans la chair ferme et moelleuse de cette proie désormais sans défense, et dont il contemplait depuis des heures la beauté. Soudain, il vit apparaître l'image de ses mains se posant sur elle, comme une projection d'un lointain souvenir, son corps lui renvoyant la mémoire de gestes qu'il avait déjà faits.
Saisissant alors les hanches de Ruri, il se retira tout en la soulevant légèrement au-dessus du lit, avant de la faire se retourner d'un seul geste.
Ruri se retrouva brusquement agenouillée, en appui sur ses mains, sans qu'elle n'ait pu rien dire ni faire tant C17 avait été rapide. Sa surprise fut telle qu'elle ne lui laissa pas l'occasion d'avoir peur, et tandis qu'elle sentait sur elle les mains de C17 se déplacer doucement, elle se contenta de tourner la tête vers lui, cherchant à voir ce qu'il faisait, et surtout ce qu'il comptait faire. Sur la paume de ses mains, C17 perçut les légers tremblements de Ruri, mais il comprit immédiatement qu'elle ne le repoussait pas. Il crut même lire dans son regard une pointe de curiosité. Alors, doucement, il écarta ses cuisses, sans qu'elle n'oppose de refus. Tout au plus entendait-il sa respiration se faire plus profonde, comme si elle cherchait à se rassurer.
Il n'aimait rien de plus chez elle que ce mélange de force et de faiblesse. Elle était si fragile cette petite humaine, mais en même temps si courageuse, si belle, si…
Excitante.
Laissant une main fermement posée sur ses fesses, il plaça l'autre sur sa poitrine qu'il saisit avec poigne, et de nouveau il la ramena vers lui en un seul mouvement brusque, Ruri ressentant sur sa nuque le souffle brûlant de C17, son sexe durcit de désir plaqué juste à l'entrée du sien.
- Attends je…
Mais a peine avait-elle prononcé ces mots qu'il la pénétra de nouveau, lentement.
Il savait ce qu'il devait faire.
Il savait que dans cette position, il pourrait entrer encore plus profondément en elle, et qu'il devait donc procéder de façon progressive. Ruri cessa immédiatement de respirer, le souffle coupé. Elle n'imaginait pas qu'il puisse ainsi l'envahir, et qu'elle pouvait également accueillir plus de lui encore. C17 ne la lâchait pas. Ainsi placé, il avait un contrôle absolu sur son corps. Elle ressentait la force de ses bras, la puissance de ses mains.
Elle ne pouvait pas s'échapper, elle était toute à lui.
Il la ramena encore, resserrant son emprise, jusqu'à ce qu'enfin il sente qu'il était entièrement en elle. Ruri gémit, se mordant les lèvres face à ce qu'elle crut d'abord être une douleur, et aussitôt, C17 s'arrêta. Il demeura là, immobile, laissant ainsi Ruri s'habituer. Petit à petit, elle desserra sa mâchoire et son corps parut se décrisper.
En fait, il ne lui faisait pas mal. Il avait frôlé le fond de son vagin, mais sans le heurter.
Juste assez.
Juste à la limite.
Avant qu'elle n'ait eu le temps de vraiment réaliser, C17 se mit à embrasser sa nuque. De très légers baisers, presque des effleurements. Mais chaque survol de ses lèvres sur sa peau lui procurait cette exquise impression de chatouille qui ravivait la flamme de son désir. Elle avait de nouveau terriblement envie de lui, malgré son extrême fatigue.
C17 le sentit, mais il ne lui laissa pas l'occasion de parler.
Il était là pour gagner.
- Je crois qu'il est temps que j'arrête d'être gentil avec toi, susurra-t-il à Ruri qui frémit aussitôt.
Alors il se retira, avant de la pénétrer de nouveau, cette fois d'un seul mouvement de son bassin. La tenant toujours tout contre lui, il recommença, encore et encore, dans un va-et-vient toujours plus puissant et rapide. Il n'attendit pas sa réponse, ni même qu'elle esquisse un geste. Elle était prête. Elle était redevenue soudainement incroyablement docile. C17 accroissait l'intensité et la cadence à chaque seconde, s'approchant dangereusement de la frontière séparant douleur et plaisir, mais sans jamais la dépasser. Il la prenait avec une impétuosité presque violente, à tel point qu'elle fut bientôt obligée de s'appuyer sur le rebord du lit.
D'abord d'une seule main. Puis les deux.
La chambre s'emplissait des bruits de son sexe entrant et sortant sans cesse, ainsi que de leurs plaintes conjointes qui gagnaient elles aussi en puissance. C17 ne se retenait désormais plus de rien, chaque pénétration lui procurant un bienfait tel qu'il ne pouvait contenir des râles de plaisir. Il n'avait plus à faire attention, plus le moindre obstacle, plus la moindre résistance, il la pénétrait entièrement, et vibrait de tout son corps à chaque fois que Ruri gémissait.
Au bout de plusieurs interminables minutes, il finit cependant par se reprendre et lui demanda :
- Alors, humaine, quel est mon nom ?
Ruri n'arriva pas à répondre immédiatement et c'est à peine si elle arriva à articuler quelques mots :
- Cy … Cy… Cyborg, parvint-elle toutefois à dire dans une ultime bravade.
- Haha ! Tu sais que tu es vraiment très indisciplinée, lui répondit-il en riant.
- Je … n'obéis … pas.
- Oui, je sais.…
Sans rien dire de plus, il saisit d'une main sa longue chevelure, plaçant la seconde directement sur son clitoris, avant d'approcher sa bouche tout près de l'oreille gauche de Ruri et de murmurer :
- … Mais maintenant, le jeu est terminé.
Il tira alors les cheveux de Ruri vers l'arrière. La brutalité de cette action laissa Ruri sans voix, mais avant qu'elle n'ait eu le temps d'avoir mal, C17 commença de nouveau à caresser son clitoris, par de rapides mouvements circulaires. La jeune femme se sentit comme traversée par un éclair, une sensation de brûlure qui émanait du fond de ses entrailles pour s'étendre à l'entièreté de son corps en l'espace d'une fraction de seconde. Ce mélange instantané d'une douleur et d'un plaisir d'égale intensité n'était en rien comparable à tout ce qu'elle avait pu connaître.
Elle voulut crier, mais ramenant légèrement sa tête vers lui, C17 plaqua ses lèvres contre les siennes, étouffant son cri d'un baiser profond, bestial.
Ruri se sentit proche de perdre totalement conscience. C17 la possédait totalement : sa langue dans sa bouche, son sexe en elle, ses doigts et ses mains la caressant tellement qu'elle avait l'impression qu'il était partout à la fois. Mais la jouissance l'envahissait peu à peu. Inconsciemment, elle écartait encore ses jambes pour mieux l'accueillir, et finit par enrouler sa main le long du cou de C17, l'encourageant par ce geste à l'embrasser encore, dévoilant sa poitrine comme pour mieux la lui offrir.
Il intensifia encore son mouvement.
- Comment je m'appelle ? redemanda-t-il après quelques minutes.
- C …
- Oui, allez, dis-le-moi Ruri. Comment je m'appelle ?
- C17 ! hurla-t-elle finalement, incapable de résister davantage.
- Dis-le encore.
- C17 !
- Tu veux que j'arrête ?
- Non ! Non ! Continue !
- C'est un ordre, humaine ?
- Non, continue ! S'il … te … plaît ! Ne … arrête … pas … C17 !
Puis, Ruri ne dit plus rien.
Elle ne le pouvait plus.
Ni elle ni C17 ne prononcèrent aucun autre mot d'ailleurs. Cela n'était plus nécessaire, car il n'était plus question pour eux que de simplement savourer. De se donner l'un à l'autre, d'éprouver ensemble le plaisir le plus grand qui soit, sans que plus rien ne s'interpose entre eux. Ruri était comme libérée d'un poids, celui de la honte et de son inexpérience qui l'avait faite rester en retrait depuis des mois. C17, lui, ne pensait plus à rien d'autre qu'à ce qu'il vivait maintenant. Il se laissait aller comme jamais encore il ne l'avait fait, comme si enfin plus rien ne pouvait le menacer.
Ils firent ainsi l'amour encore, aussi longtemps que possible, avant d'enfin, dans une ultime saccade, pouvoir ressentir l'extase de jouir ensemble. Une jouissance absolue, d'une ampleur incomparable avec les précédentes.
A bout de force, éreintée, sans plus aucun souffle, Ruri faillit s'effondrer sur le lit.
C17 la rattrapa et l'allongea alors, délicatement. Son regard se perdait sur chaque centimètre du corps de Ruri, mais il ne ressentait plus maintenant ce désir ardent, comme s'il était enfin rassasié. Il éprouvait quelque chose de différent. Une attention, un besoin de la tenir tout contre lui, de l'embrasser, de veiller sur elle et son sommeil qui s'annonçait. Une douce tiédeur dans sa poitrine, tout près de son cœur.
Aucun d'eux ne pouvant parler, ils restèrent donc ainsi, immobiles et silencieux, reprenant progressivement leurs esprits. Ruri eut l'impression de petit à petit reprendre conscience d'elle-même et du reste du monde, ses sens ayant été tellement submergés qu'elle peinait à réaliser encore où elle se trouvait. Sa vision redevenait claire, elle distinguait à nouveau les murs blancs de la petite chambre. Le silence régnait de nouveau dans la pièce, seuls persistaient le bruit de leurs respirations haletantes. Mais elle n'avait pas encore réussi à récupérer l'usage de son corps. Elle n'avait désormais plus la moindre goutte d'énergie restante, tous ses muscles avaient l'air d'être devenus mous, cotonneux. Elle était confortablement allongée sur un matelas moelleux, parfaitement détendue et enveloppée dans la douce chaleur des bras de C17 qui lui souriait au dessus-d'elle. Dans ce contexte, elle fut immédiatement prise d'une envie de dormir. Ses paupières lui semblaient peser des tonnes, et elle lutta autant qu'elle le put pour rester éveillée.
C17 vit cet épuisement dans ses yeux, et tourna alors la tête pour regarder le réveil situé sur la table de chevet la plus proche. Il était presque 3 heures du matin, ils avaient fait l'amour pendant des heures. Il eut envie de rire, se sentant presque flatté de cette performance. Mais Ruri était une humaine normale. Il voyait bien les efforts qu'elle faisait pour ne pas s'endormir alors qu'il était clair qu'elle n'en pouvait plus. Alors il s'avança vers elle et déposa un baiser sur son front avant de caresser sa joue droite, lentement.
- Fatiguée ? chuchota-t-il ainsi à la jeune femme, qui lui répondit entre deux inspirations :
- Un … peu.
- Haha, arrête de mentir, humaine. Reconnais que j'ai gagné !
- C'est pas … si mal … l'énergie infinie.
- Je connaissais ses avantages en combat singulier mais j'avoue que tu viens de me faire découvrir un autre aspect très utile de mon générateur.
- Je bénis … ton générateur ...
- Moi aussi. Dors maintenant.
- Mais …
- Shhhh. Tu es fatiguée. On parlera demain, mais là il faut que tu te reposes.
Ruri ne le voulait pas, mais le sommeil était un adversaire bien trop redoutable. Si confortablement installée, elle ferma les yeux, et s'endormit presque aussitôt.
C17 attendit encore plusieurs minutes sans bouger, afin d'être certain que Ruri n'allait pas se réveiller. Puis, dès qu'il en fut assuré, il décida de se lever. Ce fut seulement à cet instant qu'il s'aperçut qu'il était assoiffé. Sa gorge était sèche, tout autant que ses lèvres. Il n'avait d'ailleurs jamais ressenti une telle soif de toute sa vie, et il se rendit alors dans la salle de bain. Une fois devant le lavabo, il commença par boire un peu avant de relever la tête et d'apercevoir son reflet dans le miroir.
Il sursauta presque à la vue de son visage couvert de sueur, et à celle de ses cheveux en bataille. Il avait l'air de sortir tout droit d'une guerre.
« Haha, humaine, tu auras presque réussi à m'épuiser », pensa-t-il à la vue de ce désastre.
Il reprit une douche rapide avant de tenter de remettre un peu d'ordre dans sa chevelure. Il revêtit le survêtement noir que Ruri lui avait acheté, puis il revint dans la chambre. Cette tenue avait le mérite d'être en effet très confortable, et il avait pris l'habitude de la revêtir le soir quand il n'avait plus rien à faire, essayant de se « détendre » comme elle lui préconisait de faire, bien qu'il n'y soit jamais totalement arrivé.
Jusqu'à cette nuit.
Car en effet et pour la première fois, C17 eut cette fois l'impression de vraiment comprendre ce que Ruri voulait dire. Une fois retourné dans la chambre, il hésitat un instant sur ce qu'il devait faire avant que le jour ne se lève. Devait-il sortir, voler dans les environs pour faire passer le temps ? Ou rester ici, mais pour y faire quoi ?
Mais il décida finalement de rejoindre Ruri dans le lit.
Il s'assit à ses côtés avant d'allumer la télévision, espérant y trouver quelque chose à regarder pendant les quelques heures d'attente qui s'annonçaient.
A peine s'était-il installé que Ruri se retourna, plaçant un de ses bras sur son ventre et posant sa tête contre son torse. C17 se figea, de crainte de l'avoir réveillée, mais non, Ruri dormait profondément. Sa respiration était lente et régulière, et elle se mit même à ronfler légèrement, ce qu'elle faisait souvent quand elle était fatiguée. Après être resté interdit pendant quelques secondes, C17 prit alors tendrement Ruri dans ses bras et la ramena vers lui avec douceur. Il l'entendit pousser un long soupir de satisfaction, avant que le bruit de sa respiration ne reprenne le dessus.
C17 la regarda dormir. Elle était si belle et si paisible que tout à coup, un sentiment de calme et de quiétude l'envahit. Plus aucune tension ne parcourait ses muscles habituellement toujours en alerte. Plus aucun mauvais souvenir n'assombrissait son esprit. Il n'arrivait même plus à se souvenir des raisons pour lesquelles il avait été tellement en colère, seulement quelques heures auparavant. C'était comme si tout à coup, rien de tout cela n'avait existé. Les souvenirs de son passé enfoui, de la haine et de la douleur qu'il avait ressentie, de sa profonde rancœur et son intense mépris envers les humains, le désespoir et la peur qui ne l'avaient jamais quitté depuis sa résurrection, rien de tout cela ne semblait plus exister.
Cette petite humaine avait tout changé.
Le plaisir qu'il avait éprouvé avait été intense, dévastateur, et il en ressentait encore les effets dans ce corps qui avant lui avait apporté tant de douleurs auparavant.
Il lui avait fait l'amour comme jamais encore, et cela lui avait procuré un plaisir d'un genre nouveau : un plaisir qui n'était plus que « simplement » physique. Quelque chose qui se passait dans son esprit, et qu'il ne réalisait pas vraiment.
Ruri était sienne, elle était sa compagne, sa partenaire, sa confidente, celle qui lui apportait tout ce qui lui manquait, celle qui était en fait tout ce qu'il n'était pas.
Mais ce soir, dans cette chambre, tous deux n'avaient formés plus qu'un seul être, vibrant à l'unisson, agissant de concert, décidés l'un l'autre à s'apporter mutuellement le plus de plaisir possible, d'atteindre ensemble l'orgasme le plus absolu.
Une fusion réelle, complète, consentie, un abandon de soi-même qui n'était pas une aliénation mais qui, au contraire, l'avait renforcé à chaque seconde.
Parmi toutes les souffrances de C17, la pire de toute avait sans doute été celle de n'être considéré par Gero et Cell que comme un objet, et sa visite au laboratoire avait ravivé en lui cette douloureuse blessure. Il avait été humilié, dans son corps et dans son âme. Et de cela, il n'avait jamais vraiment guéri, malgré sa résurrection et sa liberté retrouvée.
Mais ce soir, dans cette chambre, il s'était enfin senti de nouveau un être à part entière. Il s'était senti de nouveau puissant. Il était même le maître de ce corps de femme qu'il possédait tout entier. Ruri lui avait rendu son estime de lui, elle avait simplement balayé d'un geste tout la charge négative qui pesait depuis des années sur ses épaules.
En y réfléchissant bien, toutes ses souffrances passées avaient l'air d'être subitement devenues lointaines, presque futiles, par rapport à tout le bien qu'il éprouvait, à toutes les bonnes choses qui lui arrivaient depuis qu'il l'avait rencontrée.
Il s'était pensé impuissant, inutile, incapable de protéger ce qui lui était cher. Il vivait depuis des années dans la douleur de celui qui avait encore une fois tout perdu.
Mais à cet instant précis il comprit que tout ce qui avait été brisé, il pouvait le réparer. Il pouvait et devait veiller sur Ruri, ses rêves, ses espoirs et tout ce à quoi elle tenait. Auprès d'elle il avait découvert un monde dont il ignorait l'existence. Des émotions nouvelles, agréables. Des odeurs. Des saveurs. Une nature immense et sauvage qui ne cessait de lui dévoiler chaque jour l'ampleur de ses secrets, un monde entier dans lequel il lui paraissait enfin réussir à trouver sa place, un rôle à jouer.
Il ne savait jamais bien comment l'exprimer, mais en voyant Ruri paisiblement endormie contre lui, tout lui parut plus clair.
- Je ne sais pas si ce que je ressens pour toi a un nom. Je ne comprends rien d'ailleurs à ce besoin qu'ont les humains de vouloir trouver un nom à chaque chose, mais je m'en fiche. Avant toi j'étais mort, et tu m'as redonné vie. Quand tu ris, c'est comme si tout le mal de ce monde n'existait pas. Quand tu es là, je me sens invincible. Et chaque fois que je te vois, j'ai envie de toi. C'est presque agaçant, ce pouvoir étrange que tu as sur moi. Mais c'est comme ça.
C17 se sentit immédiatement soulagé après avoir murmuré ces paroles.
Heureux.
Comme s'il était guéri de quelque chose.
Alors, après un dernier baiser sur le front de Ruri, il releva les yeux vers la télévision allumée et rechercha tranquillement un programme à regarder, sans se rendre compte que la jeune femme avait entrouvert les yeux, et qu'elle souriait.
