N/A : Ha je publie enfin ce nouveau chapitre, avec plus de retard que je ne l'aurais voulu. La faute à une inspiration qui se faisait paresseuse ! Non pas que l'envie de continuer mon histoire disparaisse, rassurez-vous, mais je ne savais pas comment poursuivre mon enquête et mon récit. Mais j'ai trouvé ! Je vous livre donc le fruit de mon prolifique esprit. Ah et je profite au passage pour remercier mes fidèles lecteurs : Kayu, Zuza, Elialys, Samgriss, Graceaurèle, Cerisebleue et tous les autres futurs lecteurs… Amusez-vous !
Chapitre 10
Le banc du parc municipal jouissait une fois de plus de la présence de l'honorable Dr. Gilbert Grissom. Mais si sa première rencontre avec le scientifique s'était faite dans des conditions tragiques, cette fois-ci les raisons de sa présence étaient bien plus paisibles. L'entomologiste goûtait, pour la première fois de sa vie, à la quiétude tranquille des pères de famille qui sortent leurs enfants le dimanche après-midi. A la différence près qu'il n'y avait pas de Mme Grissom qui s'affairait devant les fourneaux pour préparer le repas du soir.
Le soleil était encore haut dans le ciel en cette fin d'après-midi de septembre, et une nuée de jeunes enfants occupaient joyeusement l'espace de jeu qui leur était offert. Certains dévalaient à grands cris l'immense toboggan rouge, d'autres chassaient un trésor connu d'eux seul dans les buissons du parc. Le bac à sable connaissait également un grand succès, et c'était un foisonnement de casquettes, chapeaux et petits pieds en sandales qui créaient les plus beaux châteaux du week-end. Parmi eux, un petit garçon à casquette bleue était fort occupé à mouler la troisième tour de son château fort dans son petit sceau. Contrairement à ses camarades, il avait choisi d'être solitaire et construisait tranquillement sa forteresse, peu intéressé par les projets d'équipe des autres enfants. Ceux-ci l'avait d'ailleurs bien compris et le laissaient en paix.
Grissom regardait d'un œil tranquille et amusé la génération future s'amuser en ce paisible dimanche. Il ressentait un étrange sentiment de quiétude et de détente irradier dans ses veines. Il avait l'habitude d'évoluer dans un univers torturé et hanté par la mort et le mal. Pratiquement chaque jour, il était témoin du côté le plus obscur de l'être humain. Meurtre, maltraitance, négligence, cruauté. Tels étaient les mots qui qualifiaient le quotidien de l'enquêteur. Le spectacle qui s'offrait à lui le rendait plus léger et, en quelque sorte, lui redonnait foi en l'Humanité. Ces citoyens de demain semblaient insouciants, créatifs et prometteurs. En cette fin de dimanche, l'entomologiste se sentait bien. Grissom reporta son regard sur Matthew qui avait maintenant terminé la dernière tour de son château. Satisfait de son œuvre, il releva la tête en direction de son papa et chercha son regard. Leurs yeux bleus se croisèrent, et l'entomologiste fit un signe de tête en direction de son fils. Il lui envoya un sourire dans lequel on pouvait discerner l'approbation et la fierté. Le petit garçon se leva et s'approcha du banc.
-Gil tu as vu mon château ?
-Oui Matt, il est magnifique. Tu aimerais en faire une photo ?
-Oh oui !
Grissom se leva et sortit le petit appareil numérique de sa poche. Il en gardait toujours un avec lui, où qu'il aille, et il était heureux que, pour une fois, l'appareil pût immortaliser l'œuvre innocente d'un enfant plutôt que le corps sans vie d'un humain. Le père et le fils se dirigèrent vers le bac à sable et Grissom s'accroupit à la hauteur du château de sable et déclencha l'appareil. Puis, il se tourna vers son fils et lui demanda :
-Tu aimerais en prendre une aussi ?
-Oui.
Le scientifique tendit l'instrument au petit garçon et lui montra comment s'en servir. Malgré la réponse laconique de Matthew, Grissom pouvait voir la fierté et l'enthousiasme transparaître dans les mouvements du petit garçon. Il copia soigneusement l'attitude de son père et prit une nouvelle photo de son œuvre. Satisfait, il rendit le numérique à son propriétaire.
-Je voudrais rentrer Gil.
-C'est d'accord.
Grissom prit la main de son fils et, ensembles, ils se dirigèrent vers leur appartement. Le chemin se fit sans un mot, chacun perdu dans ses rêves ou ses pensées. Depuis le décès de Terri, le temps qu'ils passaient ensembles se faisait le plus souvent silencieusement. Leur simple présence mutuelle leur suffisait. Grissom avait appris par la maman de jour qu'il en était ainsi avec elle et toute autre personne. Le scientifique ne s'en inquiétait pas, mais il essayait parfois de provoquer le dialogue. C'était arrivé l'autre jour, lorsqu'il était entré dans la chambre de Matthew, alors que celui-ci lisait. Discuter avec son fils mettait encore Grissom dans un état de stress assez important. Il ne savait pas comment s'y prendre avec les enfants, pensait-il, encore moins avec un petit garçon traumatisé par la mort récente de sa mère. Il s'était léché les lèvres plusieurs fois ce jour-là, et avait longtemps hésité à troubler la lecture du petit garçon. Il avait peur de sa réaction.
-Hey Matt ! Que lis-tu ?
-Une BD de Rahan, le fils des âges farouches. C'est l'histoire d'un homme des cavernes très curieux.
-Ah oui, j'en ai lu moi aussi quand j'étais petit.
Continuant distraitement la conversation sur l'aventurier blond, Grissom s'était rapproché du petit bureau de l'enfant et regardait avec attention une petite boîte de plexiglas qui contenait un pissenlit fané. Il avait vu l'enfant le déballer avec précaution le jour de son arrivée. Il le regardait tous les jours. Grissom se tourna vers son fils et lui demanda :
-Dis-moi… il est beau ce pissenlit ! Tu aimes ces fleurs ?
-Oui.
-Je les aime bien aussi. Quand elles sont fanées, on peut souffler les graines et elles s'envolent dans la nature. Astucieux moyen de la nature pour perpétuer l'espèce…
-Maman et moi adorions aller les cueillir ensembles. Celui-là est le dernier que nous avons ramassé avant que avant que…
Les yeux du petit garçon s'étaient remplis de larmes et il n'avait pas terminé sa phrase. Grissom avait hésité longtemps sur l'attitude à adopter. Trop longtemps. Il était resté planté comme un piquet rouillé dans la chambre du jeune enfant qui pleurait à l'évocation de sa maman morte depuis moins d'une semaine. Lui, l'honorable Dr. Gilbert Grissom pouvait déjouer les pires machinations de criminels aguerris, mais il était incapable de réconforter un petit garçon en larmes. Emotionnellement immature.
Grissom mit les clés dans la serrure et ouvrit la porte de son appartement. Matthew et lui entrèrent. L'enfant se déshabilla rapidement et se précipita dans sa chambre, comme d'habitude. A peine avait-il terminé d'enlever ses chaussures, le téléphone sonna et l'entomologiste du se précipiter pour trouver son portable caché dans l'une des poches de sa veste.
-Grissom
-C'est Sara ! Grissom, j'ai enfin trouvé le lien entre nos victimes ! Il faut que vous veniez voir ça !
Grissom prit quelques secondes pour se remettre dans le contexte du labo. Leur affaire lui revint immédiatement en mémoire. Les trois femmes assassinées. La montée d'adrénaline qui accompagnait chaque nouvelle découverte se fit sentir dans le corps de l'enquêteur. Son esprit reprit aussitôt ses habitudes de CSI.
-Quand ? Vous êtes où ?
-Au labo. J'ai épluché les listes d'employés travaillants pour Med-Oc que nous a fournie Mr. Winston, le directeur des relations publiques, durant tout cet après-midi et leur relation vient de devenir évidente.
Grissom se rappela vaguement avoir lu sur le planning que Sara était en congé pour tout le week-end, tout comme lui. Que faisait-elle au labo malgré tout ? Il se demanda s'il avait manqué un élément nouveau.
-Sara que faites-vous au labo pendant votre congé ?
-… Euh vous savez Grissom, finalement l'inactivité n'a jamais été et ne sera jamais ma caractéristique principale… Bref, vous venez ?
Grissom sourit intérieurement. Sara ne changerait jamais, ordre médical ou pas ! Mais il devait faire face à un problème relativement important. Sara lui demandait de le rejoindre, et ça lui était impossible. Matthew ne pouvait être laissé seul et aucune baby-sitter ne pourrait être trouvée pour la minute même. Il ne pouvait pas se libérer. Avant de donner sa réponse à Sara, l'entretien qu'il avait eu avec Ecklie et Cavallo vendredi dernier lui revenait en mémoire. Ils avaient discuté de cette enquête et les deux directeurs avaient admis l'hypothèse du tueur en série. Ils étaient très angoissés à cette idée, et ils avaient expressément recommandé à Grissom de boucler cette affaire au plus vite. Avant que la presse ne vienne fouiner et déformer les faits. Tous les moyens étaient à leur disposition, y compris un renfort d'effectif si le besoin s'en faisait sentir. Sur ce coup-là, Grissom ne pouvait pas rester tranquillement chez lui à jouer au papa poule. Il prit une décision.
-Ecoutez Sara, je ne peux pas partir comme ça de chez moi je…
-Ah oui c'est vrai Matthew…
-Je… j'ai une idée… Grissom se lécha la lèvre inférieure et se caressa nerveusement la tempe de sa main libre. Il hésita un instant avant d'ajouter finalement : « Venez me rejoindre chez moi avec tout le dossier et les preuves que vous pourrez emporter.»
A l'autre bout du combiné, Sara n'en croyait pas ses oreilles. Grissom venait-il bien de l'inviter chez lui ? Elle dut se ressaisir avant de répondre :
-Oui… c'est d'accord. Je serai là d'ici une heure.
-Parfait, à tout à l'heure.
Grissom boucla le téléphone et se dirigea vers la chambre de son fils. Il frappa discrètement à la porte puis entra. Matthew était occupé à faire un puzzle.
-Matt ?
L'enfant releva la tête et regarda son père.
-Ecoute, j'ai une chose urgente à régler à propos de mon travail. Tu te souviens de ce que je t'ai expliqué ?
-Oui. C'est pour attraper un méchant ?
-Exactement.
-Un très vilain méchant ?
-Oui vraiment très féroce.
-Féroce comment ?
-Comme… comme euh comme un vélociraptor furieux.
L'enfant ouvrit des grands yeux intéressés et compréhensifs. Pour lui, les vélociraptors étaient les créatures du Jurassique les plus féroces qui soient.
-Et c'est pourquoi, une de mes collègues de travail doit venir pour parler de cette affaire. Elle va venir à la maison. Ets-ce que cela t'ennuie ?
-Non si c'est pour attraper quelqu'un qui tue des gens.
-Parfait ! Elle est très gentille tu verras. Elle s'appelle Sara. Que voudras-tu faire pendant que nous discuterons ?
-Je peux regarder un dessin animé ?
-Bien sûr. Tu pourras aller dans ma chambre.
-Super, merci.
La question de Sara Sidle sembla close pour le petit garçon. Il se replongea dans la construction de son puzzle. En revanche, la venue de Sara était loin d'être source de détente pour le pauvre Grissom. Ses mains devenaient moites et il sentait la nervosité le gagner. Elle allait voir Matthew. Tel un lion en cage, Grissom se mit à faire les cents pas dans son salon, en attendant que l'élue de son cœur entrât dans sa caverne.
Sara parqua la SUV devant la rangée d'immeubles du quartier de son ancien supérieur. Elle avait décidé de ne pas prendre la surprenante invitation de l'entomologiste pour autre chose qu'un simple rendez-vous professionnel. Elle n'avait pas envie de sentir à nouveau le pincement cruel de la déception. Elle serra le frein à mains, prit les dossiers et toutes ses notes et se dirigea vers l'entrée de Grissom. Ne sachant pas si l'enfant dormait, elle frappa deux coups discrets à la porte.
L'entomologiste lui ouvrit la porte et l'invita à entrer avec un sourire gêné. Sara s'exécuta et le suivit dans le salon. L'appartement n'avait pas beaucoup changé depuis sa dernière visite. Elle remarqua à nouveau les collections de papillons accrochées aux murs, la chaîne stéréo high tech dans le coin en face de l'entrée. En entrant, elle n'avait pu s'empêcher de jeter un coup d'œil dans la pièce à sa gauche. Le bureau froid et encombré avait apparemment cédé la place à une chambre d'enfant. Tandis qu'elle enlevait son manteau, Sara crut apercevoir une petite silhouette timide, cachée dans l'embrasure de la porte à côté de la chambre de l'enfant. Grissom l'invita à prendre place sur le confortable canapé, tandis qu'il préparait du café dans la cuisine. Ensuite, il revint s'asseoir à côté d'elle.
-Matthew vous a observée. Ne vous inquiétez pas s'il ne vient pas vous voir, il est disons… très timide.
-Je comprends. Il ne me connaît pas. Que fera-t-il pendant que nous discuterons ?
-Il regarde un film dans ma chambre.
-Oh ! Vous avez une télévision, vous ?
-Depuis peu… Grissom avait souri en donnant cette réponse.
Sara décida de ne pas forcer la rencontre entre elle et le petit. Après tout, les circonstances de sa soudaine apparition dans la vie de son collègue demeuraient inconnues. Elle ne voulait pas le brusquer, bien que sa curiosité la poussât à vouloir connaître un peu plus le fils de son discret collègue. Un rendez-vous professionnel Sidle ! Rappelle-toi ! Elle ouvrit le dossier de leur affaire et commença d'énumérer ses récentes découvertes.
-J'ai donc passé tout l'après-midi à éplucher les données transmises par Winston. Alice Denice, Julia Frost et Linda Jamison ont toutes trois travaillé pour Med-Oc, mais indirectement. Elles ont apparemment exercé dans un programme de test pour un médicament dont j'ignore le nom. Tout ce qui figure sur les listes est l'appellation « Programme Shadow ». J'ai cependant obtenu quelques informations grâce au Desert Palm qui m'a informée que ce programme avait eu lieu dans leur service de pédiatrie et avait duré 6 mois. Il s'est terminé il y a 18 mois.
-Et en quoi consistait ce programme ?
-Justement, c'est là le problème. Je n'ai eu qu'un interne au bout du fil, et il n'a pas pu me mettre en contact avec le chef de service. Toutefois, il semblait au courant du sujet de ce programme, mais n'a pas voulu me donner de détails. Confidentiel, il paraît. Il m'a juste expliqué qu'il s'agissait d'une étude sur un médicament qui devait être mis sur le marché.
-Bah ça ne devrait pas être très compliqué, il suffirait de demander les documents à Monsieur Winston.
-Oui, mais vous savez comment peuvent être les firmes pharmaceutiques : méfiantes et parfois peu coopératives.
-Pour le moment, Med-Oc n'a pas fait de difficulté. Probablement parce qu'ils sont aussi pressés que nous que cette enquête soit terminée, puisque les deux corps ont été retrouvés dans leurs hangars. Nous irons trouver Winston demain à la première heure.
-Il y a autre chose…
-Oui ?
-Vous vous souvenez des billets trouvés sur les deux premières victimes ?
-« Tu ne tromperas point » oui ?
-Au début, nous pensions qu'il s'agissait d'une histoire de mari ou de petit ami trompé et qui se serait vengé un peu brutalement.
-Exact. Continuez !
-Après réflexions, je n'en suis pas sûre. Nous semblons toucher au domaine médical et pharmaceutique. Je ne pense pas qu'une quelconque affaire de cœur soit impliquée. D'ailleurs, nous avons interrogé l'entourage des victimes et personne ne leur connaissait de relation intime avec quiconque.
-Correct. Vous avez une hypothèse ?
-Oui. Je me suis penchée tout l'après-midi sur ces quelques mots. Quand j'ai soudain eu une illumination. Grissom, avez-vous le « Traité des affections pathologiques et leurs applications en Médecine Légale » sous la main ?
-Oui.
L'entomologiste se leva et se dirigea vers sa bibliothèque. Il en dénicha un imposant livre, qui aurait rebuté la plupart des gens de part sa simple épaisseur. Il le tendit à la jeune femme.
-Comme parfois dans les ouvrages destinés aux médecins, il y a un rappel du serment qui unit tous les praticiens du noble art de la médecine à chaque début de volume.
-Le serment d'Hippocrate !
Grissom s'empressa de feuilleter les premières pages du manuel et finit par tomber sur le célèbre texte, rédigé initialement par le médecin Grec en son temps et qui, depuis, guide en principe chaque médecin dans l'exercice de ses fonctions.
« Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité. J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admis(e) dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne fournirai aux femmes aucun abortif Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité.
Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j'y manque ».
- "Je ne tromperai jamais leur confiance". En effet, il se pourrait que cette phrase y fasse référence…
Dans l'embrasure de la porte, Matthew observait attentivement son père discuter avec la jeune femme brune. Elle parlait d'une voix douce et calme, mais l'on percevait tout de même une certaine excitation. De ses yeux d'enfants, Matthew pu voir qu'elle se tenait assez proche de l'homme qui était devenu brusquement son père, et que celui-ci ne faisait rien pour s'éloigner. Elle était importante pour lui. Sortant de sa cachette, l'enfant s'approcha doucement des deux adultes et se planta au milieu de la pièce.
-Bonjour bonhomme ! Sara avait été la première à remarquer la présence discrète de l'enfant. Elle lui tendit sa main et lui dit : « Je m'appelle Sara Sidle. Tu dois être Matthew ? »
-Oui. Comment tu le sais ?
-Ton papa m'a parlé de toi tu sais.
-C'est vrai ? L'enfant ouvrit des yeux incrédules. Sara comprit alors que le petit garçon avait déjà saisi la personnalité de son papa, malgré le fait qu'ils cohabitaient depuis peu.
-Gil, j'ai sommeil.
-J'arrive Matthew.
Gil se leva et suivit Matthew dans sa chambre, laissant Sara seule pendant quelques minutes. La jeune femme en profita pour laisser vagabonder ses pensées. Elle n'était désormais plus du tout préoccupée par l'enquête. Seul ce petit bout d'homme emplissait son esprit. Qui était sa maman ? Pourquoi avait-il fait irruption soudainement dans la vie de Grissom ? Elle avait cru déchiffrer la souffrance et la tristesse sur le visage de l'enfant, celles qui marquent profondément. Ce petit garçon devait avoir traversé une épreuve difficile récemment. Mais quoi ? Elle n'eut pas le temps de pousser plus avant ses tribulations mentales, car Grissom venait de revenir dans le salon.
-Sara je… il est tard.
-Oh oui c'est vrai… Si vous voulez on pourra parler de tout cela demain, je voulais juste vous faire part de mes découvertes. Et je…
Ahhhh Sidle ! Tu parles trop ! Sara se rappela mentalement à l'ordre et se tut. Elle observait Grissom qui la fixait debout, les mains dans les poches en face d'elle. Il était nerveux, elle le sentait. Il se mordit la lèvre, puis se passa la main sur le menton.
-Sara je… est-ce que vous voudriez rester dîner ? Comme ça, comme ça... nous pourrons continuer à parler de l'enquête tranquillement ?
La proposition inattendue de Grissom laissa Sara sans voix. Avait-elle bien entendu ? Elle se ressaisit immédiatement. Professionnel Sara, n'oublie pas !
-Oui, volontiers.
Il en fut ainsi. Grissom s'affaira à la cuisine, tandis que Sara meublait la conversation avec des nouvelles de leur ancienne équipe. Ils parlaient de choses et d'autres sans grande importance, attendant d'être assis à table pour reprendre leurs réflexions sur l'enquête. Ce moment arriva lorsque les spaghetti cuisinés par Grissom furent enfin prêts. Tout en enroulant ses pâtes autour de sa fourchette, Grissom fit un bref résumé de la situation :
-Donc, nous avons deux victimes, toutes deux impliquées dans un quelconque projet de recherche pharmaceutique. Le papier laissé par leur assassin nous ramène probablement au serment d'Hippocrate. Ce qui laisse supposé que le tueur pourrait être lui aussi impliqué dans les recherches médicales.
-Winston nous dira peut-être lesquelles. Un patient mécontent ?
-Possible… Mais en attendant, nous n'avons que des suppositions sur le mobile. Or notre travail, ne l'oublions pas, est de trouver des preuves pour incriminer un coupable.
-A part le cocktail anesthésiant et les préservatifs usagés, dont l'ADN n'est pas fiché, nous n'avons rien. Les traces de pneus relevées par Greg provenaient d'une voiture que nous avons retrouvée chez le ferrailleur du coin, complètement compressée. Il n'y a rien Grissom.
-Si. Le tueur a changé de méthode. Soit il veut faire passer un message supplémentaire, soit il souhaite s'amuser un peu plus. Dans notre cas, le meurtrier a laissé tomber les petits mots et a arraché, ou plutôt sectionné le cœur de la troisième victime. Il veut faire passer un autre message. Il souhaite que nous saisissions ce qu'il a à nous dire. Il se peut aussi qu'il cherche à nous narguer. Certains tueurs en série aiment jouer avec la Police, voir jusqu'où il peut se moquer d'eux sans que les forces de l'ordre ne le trouvent. Mais le plus souvent, c'est ce qui les trahit. En changeant de mode opératoire, ils deviennent plus téméraires et commettent parfois des erreurs. Je déteste avoir à dire ça, mais il faut attendre de trouver sa prochaine victime, il pourrait laisser de nouveaux indices malgré lui.
-Mais…
Sara fut interrompue après un gros bruit qui provenait à l'évidence de la chambre de Matthew.
TBC…
