Chapitre 13
N/A :
L'inspiration est là, alors j'écris ! J'ai cru comprendre que mon
chapitre précédent vous avait plu en plus. Alors je continue sur la
même voie en espérant que vous apprécierez. Profitez-en bien! Au
fait, merci à mes reviewers que j'adore!
-Matthew !
Sara avait mis ses mains devant sa bouche, sans doute pour tenter d'étouffer l'écho du cri qu'elle n'avait pu retenir lorsqu'elle avait reconnu le petit garçon couché sur le côté aux pieds de l'escalier de son hall d'entrée. Dans le même temps, son cœur semblait avoir manqué un battement. Mais sa surprise fit bientôt place aux gestes qu'elle pratiquait chaque jour à son travail. Elle s'approcha doucement du petit corps, ne sachant pas exactement dans quel état de conscience se trouvait le petit garçon. Elle s'agenouilla à ses côtés et prit quelques secondes pour observer la scène. Le petit garçon semblait assoupi sur les marches, tenant fermement dans ses bras une peluche de taille moyenne qui avait l'apparence d'une grenouille. Mais Sara avait appris que les scènes qui paraissent paisible ne le sont généralement pas, et elle appliqua deux doigts contre la carotide de l'enfant.
Le pouls était lent mais régulier.
Ouf ! Il était en vie ! A peine avait-elle formulé cette pensée que le petit garçon sortit de sa torpeur. Il ouvrit les yeux et se redressa en position assise. Il frotta ses paupières encore imprégnées de sommeil et serra sa grenouille de plus belle. Il regarda Sara avec ses beaux yeux blonds bordés de longs cils et lui sourit de toutes ses petites dents de lait.
-Hey bonhomme ! Que fais-tu par ici ?
-Ben j'ai eu envie de te voir, répondit le jeune garçon d'un ton joyeux.
-Tu es venu me voir… C'est gentil ça. Mais… tu es venu seul ?
-Oui ! Et j'ai même pris le bus tout seul comme un grand !
-Uhuuu… Bravo, mais Grissom, je veux dire ton papa, est-il au courant que tu es ici ?
Sara connaissait la réponse bien avant que Matthew ne lui réponde. Il était évident que c'était une visite… improvisée à l'insu de Grissom. D'ailleurs, l'enfant commençait à montrer tous les signes qui laissaient entendre qu'il comprenait avoir fait une bêtise. L'idée que son plan puisse ne pas être si formidable finalement commençait à faire son chemin dans la conscience de Matthew et le sourire candide qui éclairait son visage auparavant disparaissait petit à petit.
-Tu vas pas me renvoyer chez moi hein dis ?
-Bien sûr que non Matt ! Mais… comment se fait-il que tes vêtements soient mouillés ?
-Ben euh en venant je me suis amusé à sauter dans les flaques d'eau…
-Je vois, Sara ne put s'empêcher de sourire légèrement. Plusieurs de ses voisins étaient des adorateurs des pelouses verdoyantes et laissaient volontiers tourner l'arrosage automatique pendant un temps déraisonnablement long. Il était évident que ces étendues d'eau si avanenates aient attiré l'enfant, qui avait décidé d'en profiter, fuite de son domicile ou pas. Viens, nous allons te trouver des vêtements secs.
Sara prit la main du petit garçon dans la sienne et monta avec lui les marches qui la séparaient de son appartement. Le sourire était réapparu sur le visage du petit enfant, mais il ne prononçait pas un mot, encore peu certain de son avenir immédiat. Sara se demandait ce qui avait bien pu se passer dans la tête du petit bonhomme pour qu'il vienne chez elle, sans prévenir qui que ce soit. Bien qu'elle n'ait pas discuté avec l'enfant de la raison de sa « visite », Sara avait une vague idée du motif qui avait poussé Matthew à venir chez elle, mais au vu de son expérience maternelle proche du néant, elle ne voulait pas se monter des châteaux de carte trop vite. Toutefois, elle était certaine d'une chose : d'après la façon dont il lui serrait la main, la jeune femme se doutait que ce n'était pas pour manger du chocolat.
Sara lâcha la main de son jeune visiteur et se mit en devoir d'ouvrir la porte de son appartement. Elle invita du regard Matthew à entrer et le suivit de près en fermant la porte derrière elle. Pendant tout le temps où elle se déchaussait et ôtait son manteau, Matthew resta patiemment dans l'entrée, attendant sans doute de voir la suite des évènements. La brunette invita ensuite le petit garçon à la suivre dans sa chambre à coucher pour lui choisit des vêtements secs. Après quelques minutes de réflexions, elle choisit un bas de training bleu accompagné d'un sweat de la même couleur.
-Tiens Matt mets ça. Pendant ce temps je vais… je vais aller chauffer du lait pour nous faire un bon chocolat, dit Sara en lançant un clin d'œil à son interlocuteur.
Sara tira la porte de sa chambre en sortant et se mit en quête de son téléphone. Elle allait enfin avoir quelques précieuses minutes pour faire ce qu'elle aurait du depuis un moment déjà : appeler Grissom. La jeune femme eut un court instant de pitié en pensant à l'état dans lequel devait être le pauvre père à l'heure actuelle. Comme elle ne savait pas comment son collègue allait réagir, elle voulait à tout prix téléphoner pendant que l'enfant se changeait.
-Grissom.
-Allo Griss, c'est Sara.
-Oh Sara je… Mon Dieu oui, vous tombez mal. Il faut… il faut que je règle une affaire personnelle de toute urgence. Je dois… je vais vous rappeler.
Sara ne put s'empêcher de noter l'empressement avec lequel le scientifique tentait de cacher une nouvelle fois sa vie personnelle. Son ton laissait clairement entendre que les évènements le dépassaient et qu'il était paniqué.
-Mais Grissom c'est au sujet de…
-De l'enquête je sais ! Mais je n'ai pas le temps Sara… vraiment pas. Il faut que… je vous rappelle !
Clap !
Il avait bouclé. Sara resta un moment sans voix à l'autre bout du fil. Cette situation était décidemment bien trop étrange pour être vraie. Et soudain, une envie de rire incontrôlable la prit. Elle dut se mordre les lèvres pour ne pas laisser sortir ce rire si peu approprié. Mais ce téléphone l'avait mise en face de leur immense incapacité à communiquer. Bon sang ! Ils n'étaient même pas capables d'avoir une conversation sur un problème important ! Ce coup de téléphone donnait une allure bizarre, voire comique à la situation. Non, ridicule était le mot le plus juste ! Et comme il nous arrive souvent dans des moments les moins opportuns, Sara eut une pensée idiote. Elle se dit que si elle avait eu envie de kidnapper Matthew, elle n'aurait même pas pu faire un téléphone à Grissom pour lui demander une rançon. Leur relation était tellement… si compliquée et basée sur des quiproquos et une mauvaise communication, que dans le cas où elle avait voulu jouer la ravisseuse, elle n'aurait même pas pu terminer son appel de menace.
-Je suis prêt Sara.
La petite voix stoppa net le délire ridicule auquel se livrait la jeune femme et elle décida de remettre à plus tard la question de Grissom et sa panique.
-Oh euh oui, Sara esquissa un sourire dans son fort intérieur en voyant que l'enfant avait enfilé son pull à l'envers. Viens par ici bonhomme. Tu as soif ?
-Non pas tellement…
Le jeune enfant baissa la tête et n'ajouta plus rien. Un long silence se fit et bientôt, Sara put voir le petit corps, perdu dans ce pull bien trop grand pour lui, se mettre à tressauter doucement sous les sanglots qui le secouaient. Pour la seconde fois en l'espace d'une semaine, Sara assistait à la tristesse la plus pure qui soit : celle d'un jeune enfant. Elle s'étonna elle-même lorsqu'elle se mit à genou sur son tapis et fit signe à l'enfant de venir vers elle. Il ne se fit pas prier et courut se jeter dans ses bras. Il serra ses petites mains autour de son coup et enfuit sa figure dans ses cheveux bruns. Ainsi, Sara partageait avec cet enfant qui n'était pas le sien l'un des rares moments de tendresse véritable qu'elle ait jamais eu dans sa vie. Pour une fois, elle se laissa bercer par les larmes authentiques du fils de l'homme à qui elle dédiait son cœur. La détresse sincère de Matthew lui rappela la sienne, celle qu'elle enfouissait au plus profond de son cœur, refusant le plus souvent de la regarder en face.
Ils restèrent ainsi un long moment, puis les sanglots cessèrent peu à peu pour finir par se clamer complètement. A ce moment, Matthew releva la tête et regarda le visage de la jeune femme.
-Mais… tu-tu pleures toi aussi ?
-Oui mon bonhomme, répondit-elle en souriant à travers ses larmes, ne cherchant, pour une fois, pas à les dissimuler.
-Pourquoi ? Tu es triste ?
-Et toi poussin ?
-Un peu.
-Pourquoi ?
-Parce que… parce que je ne cueillerai plus jamais de nouveaux pissenlits avec ma maman. Et aussi…
Sara sentit une certaine hésitation chez l'enfant et elle hocha de la tête pour l'encourager à continuer.
-… parce que Gil est bizarre. Je crois bien que je l'ennuie. Et toi ? Pourquoi tu pleures ?
-Tu sais, parfois les grandes personnes ont-elles aussi du chagrin. Simplement, elles ne se donnent souvent pas le droit de le ressentir. Alors souvent, de voir quelqu'un d'autre pleurer en face, ça rappelle cette tristesse que nous cachons.
-Mais pourquoi tu la caches ? Maman m'a toujours dit d'écouter mon cœur, peu importe ce qu'il me disait.
-Ta maman était une personne très sage Matt.
-Oui… Toi ta maman te disait quoi quand tu étais triste ?
La question prit Sara au dépourvu, elle ne savait que répondre. L'histoire de son enfance sordide n'était sans doute pas adéquate pour un enfant de six ans. Et de toute façon, la seule réponse véritable qu'elle aurait pu lui donner était : rien. Laura Sidle n'avait jamais eu le temps de donner un quelconque conseil à sa fille.
-Ma maman… était loin d'atteindre la sagesse de la tienne. Disons que je ne l'ai pas assez vue pour qu'elle ait pu me donner des conseils.
-Oh tu as perdu ta maman toi aussi ?
-Oui, en quelque sorte bonhomme.
-Alors on est pareils toi et moi !
-D'une certaine façon oui. Ouille écoute, j'ai mal aux fesses, on s'assoit sur le canapé ?
Ils se levèrent tout les deux, le petit garçon ne lâcha pas la main de la jeune femme pendant le trajet, pourtant très court, jusqu'au canapé. Là, il décida que la meilleure place se trouvait sur les genoux de Sara et se cala confortablement contre sa poitrine. Le silence était revenu et chacun se laissait bercer par la respiration de l'autre. Après quelques minutes, la jeune brune remarqua que les longs cils de l'enfant étaient baissés et qu'il dormait profondément. Elle se glissa délicatement sur le côté et se dégagea de l'étreinte désormais relâchée de Matthew. Une fois debout, elle se pencha pour le coucher et le recouvrit avec une couverture qui se trouvait aux pieds du canapé.
Elle se rendit dans sa chambre et s'assit sur son lit pour rassembler ses idées. Il fallait absolument qu'elle atteigne Grissom, car Matthew ne pouvait pas rester chez elle indéfiniment. Et puis le scientifique devait vraiment être inquiet, s'il n'avait pas déjà appelé tout le Département de Police pour rechercher son fils. Il fallait qu'elle retente un appel. La sonnerie retentit deux fois avant que son collègue ne décroche :
-Grissom !
-C'est Sara. Nous avons à parler Grissom. Et ne me raccrochez pas au nez cette fois !
-Que voulez-vous ?
-Je crois que j'ai chez moi quelque chose de précieux qui vous appartient.
-Je… Matthew ?
-Oui.
Un long silence se fit à l'autre bout du combiné.
-Je l'ai trouvé en rentrant du labo qui m'attendait dans le hall de mon immeuble. Il va bien… enfin physiquement du moins.
-Je… ne bougez pas Sara. J'arrive !
-Je ne vais partir nulle part Grissom. Il s'est endormi sur mon canapé. Ne sonnez pas en entrant.
Et Sara boucla le téléphone.
Sara profita du calme qui régnait dans l'appartement pour prendre une douche. Par chance, la salle de bain était dans sa chambre, elle ne risquait pas de réveiller le petit. Elle profita de la douce sensation de l'eau chaude sur sa peau pour réfléchir à la situation, pour penser à ce qu'elle allait dire à Grissom. Elle essayait de prévoir un plan, une marche à suivre en somme. Car après tout, elle ne savait pas comment allait réagir Matthew en voyant son père venir le chercher, puisqu'il ne faisait aucun doute qu'il était venu chez elle dans l'espoir d'échapper à ce nouveau papa qu'il ne comprenait pas. Et puis après tout non, elle ne prévoirait rien du tout. Pourquoi ne pas laisser les choses se faire pour une fois ?
Elle se sécha rapidement et choisit de nouveaux vêtements. A peine était-elle vêtue de frais qu'elle entendit un léger grattement contre sa porte. Elle alla ouvrir et trouva Grissom sur le pas de sa porte. Sans un mot, elle le laissa entrer. Comme elle s'y attendait, il avait une mine affreuse. Ses yeux étaient cernés de noirs, ses traits semblaient plus tirés que jamais et même son impeccable barbe semblait avoir subi les affres d'un ouragan.
-Sara…
-Chuut il dort sur mon canapé. Allons dans la cuisine.
Grissom la suivit avec un air piteux, sachant pertinemment qu'une longue conversation l'attendait sous peu.
TBC…
