Mains Froides Cœur Chaud
Chapitre 5
Mission 1
Ren et Horo étaient assis dans le salon en cette soirée pluvieuse, et les deux gardaient le silence, exaspérés par leur voisin. Ren étaient étendu de tout son long dans un fauteuil recouvert d'une douillette de cashmere, la tête rejetée par en arrière, pensant sérieusement à engager un professionnel de lavage de cerveau… pour Horo, on s'entend. Quant à ce dernier, il essayait en vain de rafistoler ses doigts maganés par la cuisine. Ren jeta un regard à la main d'horo, soupira puis rejeta sa tête vers l'arrière.
« Comment ce type fait-il pour se couper en faisant du macaroni?»
Horo leva les yeux vers Ren, soupira puis revint à ce doigts.
« C'est fou comment ce mec est un crétin fini, même pas fichu de me refiler un coup de pouce.»
Après de longues heures de silences, le lieutenant Ren reprit le dessus en se redressant.
« Bon. On oubli la cuisine, tu n'es pas fait pour ça, et tu ne le sauras jamais. Commande du resto la prochaine fois…»
Le visage de Ren s'illumina à ces mots.
« Mais oui! Le resto! Tu vas l'inviter au resto, ce sera ta première mission!»
« Quoi! Mais je veux pas aller au resto!»
« Et pas de Junk food! Continua Ren comme s'il n'avait jamais été interrompu. Les filles n'aiment pas la nourriture mauvaise pour la ligne.»
« Mais Ren, je vais la traumatiser à vie, et puis je me sens pas assez bien pou aller manger un carré de terre dans un petit restaurant chic et santé!»
« Mais non! Elle adore ton sens de l'humour et gaffeur. Les filles adorent voir les garçon se planter, et puis elles sont plus intelligentes qu'elles en ont l'air, elle vont comprendre ce que tu veux même si pour le dire il te faudrait trois mois à cause de ton bégayement! Et puis ils ont de la viande dans les restaurants 'chic et santé'!»
« De la viande? Des poitrines de canari, oui!»
« Fait pas ton difficile, les filles détestent ça!»
« Les filles, les filles! Et si moi je ne voulais pas changer? Et si moi je voulait qu'elle m'aime comme je suis? Si je ne suis plus moi, ça ne sera pas moi qu'elle aimera, mais toi! Et si elle, elle m'aime déjà comme je suis, ou qu'elle est différentes des 'filles'? Hhm?»
Ren resta bouche-bée un instant puis posa une main sur le front d'Horo.
« T'es malade? Mon pauvre, il faut que tu te fasses examiné, bouge pas, j'appelle le brainwasher!»
« Ça va, c'est pas la peine, murmura Horo d'une voix déconfite et triste.»
« Mais où tu vas? Demanda Ren en regardant son ami monter les marches du Flame Inn.»
« Dans ma chambre, je vais me coucher, répondit Horo sur le même ton.»
Ren leva un sourcil puis se retourna vers l'horloge du salon. Il était seulement sept heure et demi. Peut-être avait-il été un peu dûr avec le jeune garçon. Après tout, derrière son apparence joyeuse et son état physique parfait peut-être cachait-il un cœur d'enfant fragile? Mais selon Ren, c'était sûrement la fatigue. Il était vrai que ses journées avaient été plutôt chargées comparé à ce qu'il avait l'habitude de faire en été; flâner.
oooooooo
Ren se réveilla plus tard que d'habitude ce matin-là. Il avait réfléchit toute la nuit à un plan pour convaincre son élève d'inviter Z-39 au resto. Mais il avait fini par abandonner et tomber dans les bras de Morphée. Il se réveilla rapidement, réalisant l'heure : il était en retard sur son plan. Il partit à courir dans le couloir, c'est-à-dire en pyjama. Il ouvrit la porte de la chambre des Aïnous pour n'y trouver que Pilica qui s'enfouit la tête dans son oreiller en ronchonnant et lui fit des signes de la main de fermer la porte. En s'exécuta sans douceur puis dévala les escalier, s'enfargeant presque dans les rebords de son pantalon de nuit de soie. Il s'en alla dans la cuisine, où il trouva un mémo.
« Je suis partit au resto, il n'y avait plus rien à manger. Et j'ai choisi le resto que je voulais, gros innocent! Oh, et petit détail, je t'ai quand même laissé du pain pour que tu puisses te faire des toasts.
Bon petit déjeuner! Tu peux pas le voir, mais j'ai présentement un joli sourire hypocrite et sadique!»
Et à côté du tout était dessiné un petit ange cornu au grand sourire comme décrit dans le petit mot. Qui se froissa sous l'empoigne d'un Ren furieux. Il allait lui coller une retenue à cet enfant-là!
Puis, en cause de désespoir, il chercha Tamao partout, mais ne la trouva point. Mais Pilica, elle, fut de nouveau réveillée par un hurlement de rage provenant du rez-de-chaussée.
oooooooo
« C'est gentil de m'avoir invité à aller au resto avec vous! Dit timidement Tamao alors qu'elle et Horo stationnaient leurs vélos près de la terrasse La tasse verte.»
« Oh, c'est rien. Il n'y avait plus rien à manger, et j'avais pas le goût d'y aller seul! Mais en échange promes-moi quelque chose que j'ai envie que tu fasses depuis très longtemps.»
« Quoi donc?»
« Me tutoyer, bon sang!»
En guise de réponse, Tamao lui sourit avec un petit rire gêné. Horo l'entraîna vers une table près d'une gigantesque fontaine brillamment sculptée, entourée de vignes qui grimpaient contre la fontaine et un œil-de-bœuf (un mur de brique dont le centre forme un portail rond) non loin de là et de fleures colorées.
« C'est vraiment charmant ici, complimenta Tamao.»
« Oui, c'est mon endroit préféré dans la ville, ajouta Horo. Ça ressemble à chez nous.»
« Ouha, tu me montreras ta maison un de ses jours.»
Horo sourit largement puis un serveur s'arrêta pour leur demander ce qu'il prendraient. Tamao répondit en premier qu'elle prendrait des crêpes aux fruits des champs. Pourquoi en premier? Parce que la présence d'Horo, pour une raison quel conque la mettait en confiance avec elle-même. Et puis, après tout, les femmes d'abord! Ensuite, Horo commanda un œuf miroir avec des toast et du bacon. Soudain, une sonnerie résonna en face du garçon; un cellulaire sonnait dans la poche de chemise de Tamao. Horo s'étira par-dessus la table de pierre pour attraper l'objet et avant que Tamao puisse protester, il dit tout bas 'pas de téléphone à table, c'est mal'.
Puis il répondit à l'appel.
« Oui allô?… Non, elle n'est pas disponible pour l'instant.»
Tamao se retenait d'éclater de rire en regardant les mimiques ennuyées d'Horo.
« Comment avez-vous eu son numéro?… oh. Moi! Je suis son secrétaire et son esclave sexuel.»
L'expression de Tamao changea rapidement pour un 'hey! Donne-moi ça! C'est qui?'. Mais Horo fit bien attention de garder le téléphone hors de porté.
« Ok, je vais lui faire le message! Conclut-il joyeusement sur un gros sourire.»
Il déposa d'un geste résigné le téléphone sur la table.
« Ta mère veut que tu la rappelles! Déclara-t-il.»
Tamao s'empara rapidement du téléphone avant qu'Horo ne puisse faie d'autres niaiseries. Puis leur petit déjeuner arriva. Sans plus attendre, Tamao prit une bonne bouchée puis s'exclama :
« Pour une fois que ce n'est pas moi qui cuisine!»
Le morceau d'œuf qu'Horo tenait dans sa fourchette retomba dans son assiette.
« Tu n'aimes pas cuisiner? Demanda-t-il mi-surpris, mi-déçu.»
« Non, non, j'adore cuisiner. Surtout lorsqu'il y a quelqu'un comme toi pour complimenter le moindre de mes petits plats!»
Elle eu un petit rire et Horo fut soulagé de voire ses hypothèses confirmées.
« C'est juste que ce matin, j'ai pu faire autre chose que de la cuisine.»
« Ha bon. Quoi donc? Demanda Horo, convaincu d'avoir réveillé la jeune shaman ce matin-là.»
« Et bien, j'ai fait du vélo jusqu'ici, observé les champs de banlieu, vu les lumières matinales de la ville, et maintenant je mange sans avoir à me soucier de ce que les autres vont penser de mes repas avec le gars le plus sympathique du Flame Inn.»
En parlant de gars sympathique, elle repensa à Yoh et se trouvait maintenant idiote d'avoir eu le béguin pour lui plus jeune… certes il était très mignon et bien gentil, mais elle réalisait qu'il n'était pas son genre de gars; il était trop… parfait. Ce fut la voix d'Horo qui la ramena sur Terre.
« Et tu ne m'en veux pas d'avoir choisi un restaurant pas vraiment santé?»
« Pas le moins du monde! Je n'ai pas de friteuse à l'hôtel – imagine la tête d'Anna! – alors lorsque j'en ai l'occasion de manger ailleurs, j'en profite!»
« Ouf! Soupira Horo en se grattant la nuque d'un air gêné. Alors tu n'es pas une de ses filles qui passe son temps à surveiller son poids?»
« Jamais de la vie! Et toi, tu n'es pas un de ces gars qui se cherche une barbie en plastique? Répliqua-t-elle.»
« Ce genre de gars n'existe pas Tam, c'est des légendes urbaines, répondit Horo tout en repensant à Ren. Du moins, s'il existe, il est complètement fêlé! Nous, hommes, ne voulons pas d'une de ses fausses filles parfaites au nez refait et à la poitrine remontée. C'est rendu que tous les défauts, bien que parfois jolis, doivent être corrigés! Nous, hommes, n'avons jamais demandé Botox, liposuccion et maquillage!»
Il avait dit tout ça sur un ton théâtral qui fit éclater Tamao de rire. Puis, il finit dans un air frustré.
« Ben, tu sais, c'est pas un char neuf qu'on veut, c'est une fille!»
Sur ce, il planta sa fourchette dans les œufs avec un regard mi-furieux, mi-pensif. Tamao l'observa un instant puis retourna à ses crêpes. Après qu'ils aient pris quelques bouchées, une voix tonitruante explosa dans la terrasse.
« Horo-Horo Usui! S'exclama un Ren en colère en allant se planter près de leur table. Comment oses-tu? Oh, Tamao-chan, il faut lui pardonner, il est vraiment incorrigible et maladroit!»
« Oh non, pas du tout! Rétorqua Tamao avec un sourire. C'est un vrai gentleman! Dîtes, vous voulez bien vous asseoir avec nous?»
Ren regarda Tamao puis Horo qui lui faisait des signes de négation nerveux de la têtes. Son élève n'était peut-être pas prêt, mais mieux valait le laisser échouer maintenant que de se retirer ou échouer plus tard dans un contexte plus sérieux.
« Euh, non c'est gentil, je faisais juste passer… j'ai, j'ai un rendez-vous.»
Puis il s'en alla, regardant Horo l'air de dire 'ce soir, je te fais la peau!'.
oooooooo
Ce soir-là.
« Na na ni na nèreu! J'ai réussi! Je l'ai invitée au restorant, et sans ton aide!… qu'est-ce que tu tiens là?»
« Oh rien.»
« Non, sérieux, je te jure que je t'ai vu déposer quelque chose sur la table!»
« Bon, si tu veux vraiment savoir, c'est du produit à nettoyer.»
« Qu'est-ce que tu fichais avec ça?»
« J'astiquais ma lance pour te préparer une mort plus digne de toi; au moins, l'arme sera propre!»
