Effectivement, Avery était en vacances, et apparemment Severus avait une dette envers Avery – et pas une dette du genre 'ça mon salaud tu vas me le payer' – et il fut donc décidé de mettre le plan à exécution le jeudi suivant. Ça donnerait à Harry moins de temps pour tout ficher par terre en découvrant la pensée indépendante. C'était aussi des plus pratique pour Lucius, qui était déjà invité au Ministère ce soir-là, et n'aurait donc pas besoin de trouver une excuse pour échapper à la vigilance de Narcissa.

Il y avait également des raisons tactiques.

Sa Seigneurie était réglée comme une horloge, et convoquait ses disciples le vendredi, ce qui voulait dire que le jeudi était plutôt un jour tranquille. Et même si leur but était de mettre la main sur tout le Premier Cercle, Severus préférait ne pas les prendre tous en même temps. Ils pourraient toujours les attraper un par un plus tard, expliquait-il, Sa Seigneurie était la cible principale, et il était plus important de le prendre quand il ne s'y attendait pas.

Après tout, ils ne seraient que sept.

Severus avait très clairement laissé entendre qu'il préférerait qu'ils ne soient que six, mais sans résultat. Il n'avait pas vraiment cru pouvoir la faire changer d'avis, mais il avait insisté tellement lourdement qu'un jour Hermione perdu patience alors qu'il grommelait pour la énième fois qu'elle allait 'risquer sa vie pour les beaux yeux de Potter une fois de plus'. « Arrête un peu d'être aussi stupide, » avait-elle lâché. « Je viens avec vous pour m'assurer qu'il ne t'arrive rien à toi. Neville et Ron protégeront très bien Harry, mais qui va surveiller tes arrières ? Certainement pas eux. Après toutes ces années de cours de potions, ils croient que tu es indestructible ! »

Il n'avait rien répondu, l'avait seulement serrée très fort dans ses bras, mais ce fut la dernière fois qu'elle entendit parler du sujet.

Ils réussirent à trouver des robes de Mangemort pour elle sans trop de mal, même si elle était assez mal à l'aise de les porter. Severus la tranquillisa en faisant remarquer que comme c'était les deuxièmes meilleures robes de Smudger, elles n'avaient certainement pas été portées bien souvent.

Trouver des robes pour Smudger se révéla beaucoup plus difficile. Il y eut un instant de consternation quand Smudger envoya une note disant qu'il ne pouvait pas se procurer quoi que ce soit du genre des robes de Malefoy, pas sans dévaliser une banque avant en tous cas. Le prix qu'avait demandé le tailleur fut suffisant pour faire tressaillir Severus, qui pourtant avait l'habitude de ce genre de tarifs puisque lui-même se faisait faire des robes sur mesure.

« Eh bien, nous avons deux possibilités, » résuma Hermione. « Soit on demande à Minerva d'en Métamorphoser, soit on demande à Malefoy de nous prêter les siennes. Il doit bien en avoir de rechange. »

Minerva, quand on lui posa la question, exprima ses craintes de ne pouvoir Métamorphoser quelque chose en quelque chose d'autre, sans savoir à quoi ressemblait le quelque chose d'autre. Severus et Smudger essayèrent de dessiner une esquisse ressemblant aux Robes en question, pour lui servir de guide, mais le nez froncé de Minerva leur dit clairement qu'elle n'était pas impressionnée par leurs efforts.

Hermione avait la même expression peu de temps après quand elle observa leur dernière tentative, qu'aucun Malefoy n'aurait jamais donné à un elfe de maison pour qu'il fasse les poussières avec, et à plus forte raison n'aurait accepté de porter.

« Je vais devoir me contenter de prendre un air dédaigneux, et espérer que sa réputation de salaud vicieux fasse passer le reste, » dit Smudger, d'une voix dubitative, en examinant lui aussi les robes. « J'imagine que je pourrai toujours dire que mes robes étaient au sale. »

« Saleté d'elfes de maison et tout ça, » renchérit Severus, brodant sur le thème. « Il se plaint tout le temps du mauvais travail que font les elfes de maison de nos jours. Il n'arrête pas de répéter que c'était mieux dans le temps, quand on pouvait les écorcher vifs et clouer leur peau à l'encadrement de la porte pour encourager les autres. »

« C'est vrai, » se rassura Smudger. « Il est presque aussi odieux envers les elfes de maison qu'il l'est envers les San… les enfants de moldus. Et puis il fera sombre, » ajouta t'il, essayant de se convaincre lui-même autant qu'il essayait de convaincre les autres. « Je pense que je serai capable de m'en tirer. »

« Est-ce que tu tiens vraiment à jouer ta vie là-dessus ? » demanda Hermione.

« Non, pas vraiment, non, » concéda Smudger.

« Alors nous allons devoir demander à Lucius, » conclut Severus. « Et il ne va pas aimer ça, » poursuivit-il, « il ne va pas aimer ça du tout. »

« Je pense que nous ferions mieux d'avoir un plan B, alors, » dit Hermione.

« Et un plan C, » renchérit Smudger. « Au minimum. D'ailleurs j'ai une idée… »

&&

En fait, Lucius parvint à donner l'impression qu'il était absolument ravi de voir Hermione et Severus quand il se présentèrent au Manoir Malefoy à l'improviste, mais il faut dire qu'il avait eu toute une vie pour apprendre à donner le change. Smudger avait décidé de ne pas venir, parce qu'après tout une arme secrète n'est plus si secrète que ça quand elle se pointe au Manoir Malefoy pour faire un essayage.

Il y eut une sorte de délai après que le valet elfe de maison les ait fait entrer dans ce que Severus appela la deuxième meilleure salle d'attente pour voir si le Maître était A La Maison. Hermione était persuadée que Lucius avait passé plusieurs minutes à chier une pendule parce qu'il n'avait pas eu la bonne idée de dire à l'elfe de maison de ne pas laisser entrer de visiteurs, spécialement des visiteurs imprévus qui pourraient venir lui demander des faveurs, puis quelques minutes encore à se brosser les cheveux jusqu'à ce qu'ils brillent.

Personne, se disait-elle amèrement, ne pouvait avoir des cheveux qui semblaient si nets et bien en place sans passer la moindre minute libre dans sa journée à justement les remettre en place. Elle se demanda si Maurice acceptait la clientèle féminine – et Sang de Bourbe, parce qu'elle pourrait certainement bénéficier de son aide.

Elle prit mentalement note d'en toucher un mot à Lucius à un moment plus opportun.

« Severus, » salua Lucius, donnant toutes les apparences d'être ravi, en entrant dans la pièce dans un envol de robes qui était juste un ton moins dramatique que ce dont Severus était capable. « C'est tellement gentil de passer sans prévenir. »

« Et c'est gentil à toi de nous recevoir si rapidement, » répondit Severus, avec à peine l'ombre d'un sourire ironique.

Lucius leur offrit des rafraîchissements, qui furent poliment refusés, avant de renvoyer de la pièce un elfe de maison plein de bonne volonté, mais inquiet.

« Alors, que puis-je faire pour vous ? » demanda Lucius. « J'imagine que vous voulez que je fasse quelque chose. »

« Est-ce que ce n'est pas triste quand quelqu'un de si jeune est déjà tellement cynique ? » demanda Severus à Hermione, pas vraiment en aparté, et tout à fait comme quelqu'un déversant la flatterie à la louche. Quel Serpentard pouvait résister quand on le créditait de cynisme, et quel homme d'âge moyen – aussi magnifique que soit sa chevelure – pouvait résister quand on disait qu'il était jeune ?

« Vous devriez certainement tourner autour du pot plus longtemps, » répondit Hermione. « En posant une question directe comme ça, est-ce qu'il ne risque pas de se faire dénoncer à une sorte de commission qui garde les valeurs de la Maison Serpentard ? Il ne risque pas d'affreux problèmes ? J'aurais horreur de penser qu'il risque d'affreux problèmes. »

« Je pense qu'il s'inquiète parce qu'il a peur que Narcissa découvre que nous sommes là. » Severus vit le tressaillement infinitésimal qui montrait que sa pique avait porté.

« La question demeure, » reprit Lucius, avec un poil d'impatience. « Que voulez-vous ? »

« Je pense que j'aimerais voir votre chambre à coucher, » annonça Hermione, faisant s'écrouler totalement le magnifique sang-froid de Lucius.

« Hein ? » bafouilla t'il. « Mais pourquoi diable est-ce que vous me demandez ça ? » Il y eut une petite pause. Laissant ses yeux traîner sur la silhouette d'Hermione, il se demanda successivement s'il la trouvait attirante, si Severus était partageur, s'il avait envie d'une partie à trois dans laquelle il pourrait se montrer à son désavantage, et s'il risquait de se faire prendre sachant que Narcissa était dans la maison, même si elle était dans une autre aile du Manoir Malefoy.

Les réponses furent les suivantes : bof, non, encore non : il avait entendu parler de Severus et de sa… hum hum, baguette, et carrément garanti, et il préférait que ses couilles restent là où elles étaient, plutôt que de les retrouver flottant dans un bocal au dessus de la cheminée, merci bien. D'un autre côté, sachant que le caractère vindicatif de sa femme était légendaire, il doutait que la suggestion que la Sang de Bourbe veuille voir sa chambre à coucher doive être prise au premier degré. Il était peut-être attirant, mais il était peu probable qu'Hermione soit prête à affronter Narcissa en face à face, au lieu d'essayer de faire son coup en douce.

De toute évidence, elle mijotait quelque chose. C'était probablement une tactique de diversion, pour qu'il soit assez bête ensuite pour accepter n'importe quoi, mais il était trop malin pour se faire avoir par cette vieille ruse. Il faudrait qu'elle se lève de bonne heure pour duper Lucius Malefoy.

Il était sur le point de risquer un coup d'œil éloquent et un commentaire lascif pour suivre son bluff – tout en gardant un œil prudent sur Severus, qui risquait de sauter sur sa baguette – quand sa femme entra dans le petit salon avec le tact et la grâce d'une Gryffondor.

« Lucius, » siffla t'elle. « Je t'ai déjà dit que je ne tolèrerais pas que tu amènes tes conquêtes ici. Je te l'interdis. Fais sortir cette sale Sang de Bourbe de chez nous tout de suite. »

Pendant un instant merveilleux, Lucius, voyant la main de Severus glisser nerveusement vers sa baguette, espéra qu'il allait enfin être débarrassé de Narcissa – de façon permanente, et peut-être même très douloureuse pour elle – mais Hermione aussi avait vu ce mouvement, et elle s'accrocha à son bras droit comme une bernique.

Sa déception fut adoucie quelque peu par l'expression qui se lut sur le visage de sa femme quand Hermione annonça d'un air détaché, « Je suis désolée, mais je crois bien qu'il y a eu une sorte de confusion, Madame Malefoy. Je ne suis pas du tout l'une des conquêtes de Lucius, voyez-vous. Je suis la Pépée Sang de Bourbe de Severus. »

Narcissa se calma instantanément. « Oh ? Oh. Je vois. Euh, veuillez m'excuser. » Narcissa avait toujours été particulièrement fière de ses manières impeccables – quand elle ne jouait pas les mégères – mais il n'y avait pas de code de bonnes manières chez les Mangemorts pour traiter avec la Pépée Sang de Bourbe de quelqu'un. De toute évidence, dans le cas général, on devait dédaigner les Sang de Bourbe et les insulter, mais on ne pouvait pas faire cela quand ils appartenaient à quelqu'un. D'un autre côté, on ne pouvait quand même pas leur serrer la main.

Lucius fut plus amusé encore quand Hermione mit la barre plus haut, en tendant la main à Narcissa. « Je suis Hermione Granger ; ravie de vous rencontrer enfin, Madame Malefoy. J'ai tellement entendu parler de vous. »

Narcissa, bien obligée, lui serra la main, aussi mollement et aussi rapidement que possible. « Si vous voulez bien nous excuser un instant, Severus, Hermione, j'ai besoin de dire un mot à mon mari. »

Les mains de Narcissa s'enfoncèrent dans le bras de Lucius comme de véritables serres, et il fut quasiment traîné à l'autre bout de la pièce. Ça ressemblait beaucoup à la fois où Severus avait vu un Auror demandant à Toucher Un Mot à l'un des Gars, mais il doutait que Lucius s'en sorte en lançant un Stupefix à Narcissa avant de se sauver à toute berzingue.

« Mais qu'est-ce qu'ils font là tous les deux ? » siffla Narcissa.

« J'étais sur le point de le découvrir quand tu nous a interrompus, ma chérie, » répondit Lucius avec une patience infinie. Il n'était que trop conscient du fait que Severus était immensément amusé par la situation.

Severus traversa la pièce pour les rejoindre, laissant Hermione admirer les portraits, qui faisaient la grimace à l'idée de se trouver sous le même toit qu'une Sang de Bourbe. « Narcissa, » intervint-il plaisamment. « Je suis désolé de t'interrompre, mais je crains que Lucius et moi ne devions aller Ailleurs. » Severus se frotta l'avant-bras gauche d'un air significatif.

« Pourquoi ? » aboya t'elle, aussi soupçonneuse que jamais. « La Réunion n'est prévue que demain. »

« J'ai peur de ne pas pouvoir te répondre. Tu ne dois pas en savoir plus. Pour ta propre sécurité, bien entendu. » Narcissa était toujours aussi contrariée.

« Il dit vrai, ma chérie, » confirma Lucius. « Je ne pourrais jamais me le pardonner, s'il t'arrivait quelque chose, » - et que je ne sois pas là pour le voir – « Je sais que tu es dévouée à la cause » - de l'achat de chaussures – « mais je ne peux pas te laisser prendre ce risque. »

« Alors pourquoi est-ce qu'elle, elle peut y aller ? » lança Narcissa, avec hostilité.

« Chair à canon, » expliqua brièvement Lucius.

« Oh, bon. D'accord, alors. » Narcissa se sentit un peu moins grognon. C'était une chose de sortir avec une Sang de Bourbe pour s'amuser et folâtrer, mais c'en était une autre de l'utiliser comme quelque chose derrière quoi se cacher quand les sorts commençaient à voler.

« Est-ce que tu crois qu'elle t'a entendu ? » demanda Severus à voix basse. « Parce que si c'est le cas, je vais encore devoir l'Amnésier. Si ça continue, elle finira par avoir plus de trous dans le cerveau qu'un fromage suisse. »

« Je ne pense pas, sinon elle serait sortie de la pièce en courant. »

Le commentaire ignoble de Lucius calma les dernières inquiétudes de Narcissa, et elle embrassa son mari sur la joue en manière d'excuses silencieuses. « Eh bien, tu devrais te dépêcher de monter te changer, chéri. Tu ne voudrais quand même pas Le faire attendre. »

« Oui, chérie, » répondit Lucius d'un ton contrit, ce qui aurait mis la puce à l'oreille de Narcissa si elle n'avait pas été distraite par Hermione qui tirait la langue au Grand-Oncle Bernard. C'était peut-être un individu ignoble et grossier, mais il était de la Famille.

Lucius disparut pour se changer, et Narcissa fondit sur Hermione comme une tigresse prête à défendre ses petits.

« Ah, Miss Granger. Je vois que vous admirez Bernard Malefoy. C'est un sacré personnage. »

« Oui, c'est vrai. C'est un tel privilège d'enfin pouvoir mettre un visage sur ce nom. »

Narcissa eut l'air un peu surprise. Elle avait pour règle de ne jamais exprimer d'émotions fortes, au cas où ça lui donnerait des rides – les potions étaient belles et bonnes, mais il y avait une limite à ce qu'elles pouvaient faire. « Oh, » répondit-elle vaguement. « Où avez-vous entendu parler de lui ? »

« Le professeur Binns a mentionné son nom en classe un jour, et j'ai fait des recherches de mon côté. Il était si courageux et déterminé. »

Le portrait se tint un peu plus droit, et commença à lisser ses robes pour s'assurer d'être parfaitement à son avantage.

« Courageux ? » demanda Narcissa.

« Oh, oui. Il a tenu tête à Grindewald, et s'est battu pour que les enfants de moldus soient acceptés par la société. »

Il fut difficile de décider qui d'Oncle Bernard ou de Narcissa fut le plus surpris par cette nouvelle. Malheureusement, le choc le rendit muet, et c'était quasiment un aveu de culpabilité.

« Vraiment ? » dit Narcissa, en jetant un regard soupçonneux au traître dans leurs rangs. « Je n'en savais rien. »

« Eh bien, sur le moment, bien sûr, tout a dû rester secret, » expliqua Hermione. « Si jamais un disciple de Grindewald avait découvert ce qu'il faisait, ce n'aurait pas été beau à voir. Ça doit être terrible, d'être forcé de se cacher pour faire le bien, et de ne jamais pouvoir en parler à personne. Un peu comme ce qui arrive à nos pauvres Severus et Lucius. »

« C'est un mensonge, » s'égosilla le petit homme. « J'ai assassiné des moldus dans leurs lits. J'ai violé, torturé, j'ai pratiqué la Magie Noire. Doloris Malefoy, c'était comme ça qu'on me surnommait. »

Severus écoutait cette conversation avec amusement. Bernard Malefoy était le Mangemort des Mangemorts. Même Grindewald pensait de lui qu'il était un peu cinglé, et quand le Sorcier Maléfique de votre époque pensait que vous étiez un peu cinglé, ça voulait dire qu'il était temps de se faire enfermer, avec la chemise aux longues manches qui s'attache dans le dos. Cependant, il avait été un riche cinglé utile, dévoué à la cause de l'extinction des Sang de Bourbe.

« Oh, mon Dieu, » dit Hermione en secouant tristement la tête. « Je ne savais pas que ça le mettrait encore dans un tel état. Il a dû faire des choses si terribles pour préserver sa couverture en tant qu'espion. La culpabilité doit le ronger. »

Bernard la fusilla du regard. « Je ne ressens pas la moindre culpabilité pour quoi que ce soit. »

« Bien sûr que non, » le tranquilisa Hermione. « Après tout, de quoi devriez-vous vous sentir coupable ? Pendant les guerres, des choses terribles se produisent, et il faut faire des sacrifices pour que d'autres puissent être libres. »

Bernard la regardait avec une expression d'horreur affolée. « Qu'est-ce que vous voulez dire, il faut faire des sacrifices ? Tuer des gens ne mérite aucune excuse. »

Narcissa avait la même expression d'horreur, quoique bien plus atténuée, et pour des raisons différentes. L'un des grands héros de son enfance se révélait être un imposteur. En réalité, il avait été quelqu'un de bien, avec des valeurs morales. Mais qu'allaient penser les voisins ?

« C'est un excellent principe moral en théorie, » répondit Hermione. « Mais vous vous rendez certainement compte qu'en pratique, ce n'est tout simplement pas possible. Après tout, on a le droit de tuer quelqu'un pour se défendre, et c'est ce que vous faisiez, dans le fond, non ? Vous deviez tuer pour ne pas être tué. »

Bernard resta muet pendant un moment, avant de trouver, « J'ai utilisé des Sortilèges Impardonnables, vous savez. »

« Qui ne l'a pas fait ? » répliqua t'elle tranquillement.

« Il y a une raison pour laquelle on les appelle Sortilèges Impardonnables. C'est parce que c'est ce qu'ils sont : impardonnables. »

« Ah, je crois que je vois où se situe le problème, » dit Hermione. « Vous pensez que ce que vous avez dû faire est impardonnable, malgré tout le bien que vous avez accompli. Je suis sûre qu'avec le temps, vous finirez par trouver la paix que vous méritez. »

« Pardonnable ? Pardonnable ? » s'indigna t'il. « Comment est-ce qu'on pourrait me pardonner ? Est-ce que vous pensez que les Sang de Bourbe que j'ai assassinés pourraient me pardonner ? »

Hermione se contenta de soupirer. « Pauvre homme. »

Bernard réalisa trop tard que ses mots avaient confirmé les pires soupçons de Narcissa, et que son transfert à la cave ou au grenier était maintenant garanti. Exaspéré au delà de toute raison, il sortit sa baguette et lança « Avada Kedavra ! » Un petit nuage de fumée verte sortit de l'extrémité de sa baguette, glissa dans le tableau, mais ne put aller plus loin que le cadre.

« Tu as osé, » siffla Narcissa, sortant sa baguette avec une rapidité remarquable, pour énoncer ce mot qui glaça le sang inexistant de tous les portraits de la pièce. « Térébenthine. »

« Je visais la Sang de Bourbe, » chouina t'il, avant de battre en retraite jusqu'à la chaise qui était dans un coin du tableau, où on put l'entendre distinctement marmonner dans sa barbe sur l'iniquité des Sang de Bourbe et des Black. Même lui n'était pas prêt à pousser le bouchon plus loin face à de telles menaces.

Narcissa le fusilla du regard, avant de reprendre un air parfaitement calme, quand elle se souvint qu'elle risquait des rides sur le front. « Si tu veux bien m'excuser, Severus, il faut que j'aille voir ce que peut bien faire mon courant d'air de mari, et puis il faut que je m'occupe de quelques problèmes d'ordre domestique. »

« Bien sûr, Narcissa. Je suis sûr qu'il y a de nombreuses choses importantes qui requièrent ton attention, » répondit Severus.

Elle tourna ses talons impeccables, quitta la pièce dans un frou-frou de robes, et on put l'entendre appeler son mari sur un ton de politesse étranglée.

Quand Lucius vint les rejoindre, il était, comme toujours, impeccablement mis. Sa chevelure avait été prudemment rassemblée en une queue de cheval, et ses robes de Mangemort étaient immaculées et amidonnées à la perfection. Hermione les regarda attentivement. C'était son rôle de les fixer dans son esprit, pour que ses souvenirs puissent être transférés dans une Pensine, et que Minerva puisse les voir.

Son regard rendit Lucius un peu nerveux. De toute évidence, la fille était impressionnée – qui ne le serait pas ? – mais est-ce qu'elle ne pourrait pas se montrer un peu plus discrète, tant que Severus et Narcissa étaient dans les parages ? Il resserra ses robes contre lui, donnant tout à fait par hasard à Hermione une meilleure vue de son postérieur, et annonça, « Je ne sais pas pourquoi tu es venu ici, Severus, mais quoi que ce soit, ma réponse est non. »

« Tu aurais pourtant pu y trouver ton avantage, » répondit Severus, donnant à Hermione plus de temps pour compléter son observation.

« J'en doute. Ça aurait demandé que je dépense de l'argent, que je courre un danger, ou encore une combinaison des deux. C'est toujours non. »

« Très bien, » concéda Severus. « Mais le jour viendra où tu regretteras d'avoir été si prompt à refuser. »

« J'en doute. Maintenant, je suis sûr que vous comprendrez si je vous dis qu'aussi charmante que puisse être votre compagnie, je préférerais faire sans. »

Tout en regardant partir Severus et Hermione, ostensiblement peinés, il ne put s'empêcher de penser qu'il s'était fait avoir quelque part. Il aurait volontiers réfléchi à la question, mais il avait une Pépée Sang de Bourbe à voir, et la chance de pouvoir passer une soirée dans le confort. Narcissa refusait tout simplement de comprendre que ces horribles chaises graciles étaient peut-être très jolies, mais qu'elles étaient carrément inconfortables, même quand on pensait aux sortilèges de capitonnage. Il avait été à deux doigts de suggérer à Sa Seigneurie de les utiliser comme instrument de torture, mais il n'était pas un Sorcier Maléfique réputé pour son sens de l'humour…

Et puis, même s'il aurait tué plutôt que de l'avouer à quiconque, Lucius avait découvert qu'il aimait assez la félétision moldue. Apparemment, on y trouvait beaucoup de femmes abondamment dévêtues – chose dont il se trouvait être fort amateur. Ce qui était encore mieux, c'était qu'il pouvait admirer ces jeunes dames sans que sa Sang de Bourbe ne lui fasse de discours véhéments sur la morale. Il n'arrivait pas à comprendre de quoi se plaignait Narcissa : il était un Mangemort, c'était normal qu'il reluque des greluches à moitié nues. Ça faisait partie du boulot.

Il soupira, mélancolique. Même si Severus réussissait à vaincre le Seigneur des Ténèbres, il n'y avait pas la moindre chance qu'il puisse vivre avec sa Sang de Bourbe au grand jour. Il se demanda ce qu'il avait fait dans sa vie précédente pour mériter Narcissa ; il espérait seulement qu'il en avait bien profité.

Il Métamorphosa ses robes en quelque chose de plus convenable, et Transplana dans un craquement sec. Au moins, il lui restait cette nuit…

&&

Hermione était très contente d'elle-même. Elle avait accompli sa part de leur mission, et elle avait également eu le plaisir immense de faire tourner en bourrique le portrait de l'un des plus cruels disciples de Grindewald. Il aurait fallu être bien meilleure qu'elle ne l'était pour ne pas s'en vanter.

« Je pense que les choses se sont plutôt bien passées, l'un dans l'autre, » dit-elle alors qu'il se remettaient en marche depuis l'endroit où ils avaient Transplané.

Severus se contenta de grommeler.

« Je suis sûre que Minerva pourra nous créer de bien meilleures robes avec mes souvenirs. » Hermione commençait à être un peu contrariée qu'il ne se montre pas plus enthousiaste.

Severus souffla.

« Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? » demanda t'elle, exaspérée. « Je pensais que tu serais content que ça se soit si bien passé. »

« Tu as regardé les fesses de Lucius, » marmonna Severus.

« Hein ? » Hermione s'arrêta brutalement pour le dévisager.

« Tu as regardé les fesses de Lucius, » répéta t'il, un peu plus fort cette fois, sans pour autant oser croiser son regard.

« Ne sois pas si bête. J'ai regardé ses robes. Je te l'accorde, elles étaient à proximité de ses fesses, mais jamais je n'ai regardé ses fesses en tant que telles. »

« Lucius pensait que si, » contra t'il d'un ton boudeur.

« Ce dégoûtant, cet ignoble, cet horrible cornichon ! Pourquoi diable est-ce qu'il aurait pu penser ça ? D'ailleurs, qui pourrait bien vouloir les regarder ? » demanda t'elle, horrifiée.

« Il est beau. »

« Tu crois ? » demanda t'elle, haussant ostensiblement les épaules.

« Il est blond. »

« Je dirais plutôt insipide. »

« Il est charmeur. »

Hermione manqua de s'étouffer d'amusement. « Avec les gens de qui il veut obtenir quelque chose, peut-être, mais pas avec les petites Sang de Bourbes insignifiantes. »

« Il est plus grand. »

« Bon, je te l'accorde, mais je crois qu'il porte des talonnettes pour se grandir. Et puis, tu es exactement de la bonne taille pour m'embrasser, ce qui est quand même plus important, tu ne crois pas ? »

« J'imagine, » répondit-il, sur le même ton qu'emploie un gamin de trois ans à qui on a dit qu'il devait manger tous ses légumes avant de pouvoir avoir son dessert.

« Pour l'amour du ciel, Severus, » soupira t'elle. « Tu pourras regarder mes souvenirs dans la Pensine demain, et tu verras que je ne regardais pas ses fesses. Et puis, les tiennes sont mieux. »

Ils continuèrent leur route vers le château un instant. « J'ai aimé la façon dont tu t'es occupée de Bernard, » avança t'il prudement. « Je l'ai rencontré quand j'étais tout gamin, c'était vraiment un horrible personnage. »

« Narcissa non plus n'est pas mal dans le genre cauchemar, » répondit Hermione, le laissant s'en tirer.

« Oh mon Dieu oui ! Ça doit être comme de coucher avec un iceberg. »

« Et tu penses souvent à coucher avec elle, n'est-ce pas ? » demanda Hermione d'un ton neutre.

« Je l'ai peut-être fait, par le passé, quand j'étais très jeune, avant de développer mon bon goût, et certainement jamais depuis que je t'ai rencontrée, » répondit Severus d'un ton tout aussi neutre.

Hermione rit franchement, et le laissa l'attirer contre lui pour un baiser.

Ils ne se séparèrent que quand Minerva toussota doucement pour attirer leur attention. Elle se tenait dans l'ombre de la cabane de Hagrid. « J'imagine que ça signifie que vous avez réussi, » dit-elle.

« Tout a fait, » confirma Hermione. « J'ai eu une très bonne vue des robes de Lucius, et vous devriez réussir à les copier sans le moindre problème. »

« Est-ce que nous y allons, maintenant ? A moins que vous n'ayez quelque chose de plus urgent à faire ? » demanda Minerva, faisant rougir Severus jusqu'aux oreilles. « Smudger nous attend là-haut, au château. »

Severus lissa nerveusement ses robes, et suivit les deux femmes jusqu'au château. Plus vite cette maudite histoire serait terminée, plus vite il pourrait se concentrer sur les choses importantes dans la vie.

Smudger les attendait dans le salon de Minerva. Il salua Severus et Hermione d'un signe de tête. « Tout s'est bien passé, alors ? »

« Je ne suis pas sûr que le plan C n'aurait pas été le meilleur, » répondit Severus, qui avait toujours en tête l'intérêt inutile qu'avait porté Hermione au postérieur de Lucius.

« Quoi, tu veux dire, attendre qu'il fasse passer sa Sang de Bourbe à la casserole, et en profiter pour attraper ses robes d'un 'Accio' ? » demanda Smudger.

« Oui, » répondit Severus.

« Le laisser rentrer chez lui à poil – ou pire, habillé en moldu – aurait été vraiment très drôle, » dit-il. « Mais alors il aurait su ce qu'on voulait de lui, et je ne lui fais pas du tout confiance. Pas le moins du monde. »

« Et puis, il aurait fallu qu'on reste là des heures, » commenta distraitement Hermione.

Severus eut un sourire ironique, et Smudger s'éclaira en comprenant le sous-entendu.

« De quoi est-ce que vous riez tous les deux ? » demanda Minerva.

« C'est juste que ce bon vieux Lucius est en train de se demander ce que nous lui voulions. Cette inquiétude ne doit pas être très bonne pour la… romance, » conclut élégamment Severus.

« Hum, » répondit Minerva, leur adressant un regard sévère qui les réduisit au rang d'écoliers dissipés. « Et si on se mettait au travail ? »

Hermione se sentait un peu nerveuse à l'idée d'utiliser une Pensine. Elle avait travaillé si dur pour acquérir ces connaissances, que ça lui semblait pour le moins contre nature d'inverser le procédé. Et si elle se trompait dans le sortilège, et finissait par transférer la mauvaise information ? Elle pourrait devenir une imbécile heureuse.

Elle savait qu'Albus utilisait régulièrement une Pensine, et elle se demandait avec beaucoup d'inquiétude si ce n'était pas la raison pour laquelle il avait si peu les pieds sur terre : après quatre-vingts ans d'usage, il avait probablement le cerveau comme une passoire.

Elle pouvait se retrouver complètement incapable de se souvenir des douze usages du sang de dragon, ou de l'angle d'inclinaison de sa baguette pour pratiquer un sortilège de lévitation. Et puis, il y avait quelques souvenirs très sympas qu'elle s'était faits récemment et qu'elle ne tenait pas à perdre de sitôt.

C'est pour ça que sa main trembla légèrement quand elle leva sa baguette vers sa tempe, et commença à en extraire les souvenirs de leur visite au Manoir Malefoy. La Pensine se voila alors que le fil argenté tombait dans le récipient, montrant que quelque chose y avait été transféré. Elle vérifia son esprit une fois le transfert terminé, pour s'apercevoir qu'il y avait un trou à l'endroit ou son souvenir était auparavant. Tout ce qui lui restait, c'était la vague impression d'avoir été là-bas, mais tous les détails étaient flous.

Elle fit quelques calculs d'Arithmancie compliqués, pour s'assurer que tout était toujours en ordre, puis passa en revue les moindres détails de sa soirée de la veille. Elle remarqua que Minerva la regardait bizarrement, et réalisa qu'elle avait un grand sourire sur le visage, ce qui pouvait être mal interprété, surtout par un amant jaloux. « Je vérifiais seulement que mes souvenirs étaient toujours là, » expliqua t'elle.

« Oh, » Minerva ne chercha pas plus loin, ce qui était probablement tout aussi bien, et approcha les robes basiques qu'ils comptaient Métamorphoser plus près de la Pensine pour pouvoir regarder les deux modèles et faire les transformations nécessaires.

Quand Minerva en eut fini, elle fit un pas en arrière et admira les robes, les lèvres pincées. Apparemment, elles passèrent son inspection, et elle les posa sur la table pour qu'elles soient examinées de plus près.

Smudger vérifia qu'elles n'avaient pas de défaut, prêtant particulièrement attention aux broderies sur le bas. Après tout, c'était sa vie qui était en jeu. « Un beau travail, Minerva, » dit-il finalement. « Je n'y trouve rien à redire. Lucius lui-même ne verrait pas la différence, et c'est un fin connaisseur. »

« C'est un prétentieux aussi, » dit Severus. « Je veux dire, quel Mangemort qui se respecte porterait des robes tape à l'œil comme celles-ci ? C'est un coup à être plus facilement identifié par les survivants. C'est crétin, c'est tout ce que j'ai à en dire. »

« En même temps, il n'a jamais eu l'intention de se salir les mains, » rappela Smudger. « Il laisse toujours le boulot aux disciples, pas vrai ? Tu veux bien t'occuper d'un peu de torture pour moi ? Super, t'es un bon gars. Pendant ce temps, je vais me glisser dehors pour lancer la Marque des Ténèbres. C'est de la magie compliquée, ça, on ne peut pas la laisser à des débutants. Il faut que ce soit bien fait. Artistiquement, même. »

« Du beau boulot, vraiment, » affirma Severus.

« C'est vrai, » convint Smudger. « Comme ça, dès qu'il a passé la porte on peut se mettre à gueuler comme un putois pendant sa lune de miel, et le temps qu'il ait fait son boulot – et il ne se presse jamais pour revenir, on peut lui faire confiance – on a eu le temps de répandre du sang animal partout dans la pièce, et d'envoyer au moldu ou à l'enfant de moldus un sort qui le met KO. Quand il revient, il trouve une image de boucherie qui dégoûterait même Sa Seigneurie de finir son thé, et tout le monde est content. »

« Et on peut toujours faire confiance à Skeeter et à ses collègues pour rendre l'histoire sensationnelle, et bien, bien pire que la réalité, » conclut Severus avec fierté.

« Mais est-ce qu'aucune des victimes ne raconte jamais ce qui lui est vraiment arrivé ? » demanda Minerva, ébahie.

Smudger ricana. « Quoi ? Pour gâcher son rôle de pauvre et innocente victime, alors que tout le monde l'entoure de compassion et de compréhension ? Jamais de la vie. »

« Et même s'ils disaient la vérité, quel bien est-ce que ça ferait ? Tout le monde dirait que c'est pour faire bonne figure et se montrer courageux, et que ça cache un traumatisme vraiment très grave, enfoui au plus profond. Les gens veulent croire le pire. Avant qu'on ne s'en rende compte, un simple raid qui s'est soldé par un œil au beurre noir et un nez qui saigne un peu, avant que les victimes décident que l'héroïsme peut bien être laissé à d'autres personnes, qui elle ne sont pas tenues en joues par des baguettes pointées sur elles par des gars qui portent de drôles de robes, devient un putain de bain de sang. Le public ne veut pas de la vérité, il veut du scandale. »

« Ça ne peut pas être vrai, » dit Minerva. « Il doit bien y avoir un fond de vérité dans toutes ces histoires. »

« Le mois dernier, un vieux crétin s'est évanoui avant même qu'on commence, et le lendemain matin le voilà qui raconte dans la Gazette les tortures qu'on lui a infligées, laissant entendre qu'il a subi des tourments indicibles, » raconta Severus.

« Je me souviens de lui, » intervint Smudger, indigné. « Il s'est cogné la tête sur la table basse en tombant, mais il a juré que c'était un Mangemort qui l'avait frappé en pleine face pendant que trois autres le tenaient. Je maintiens que nous aurions dû y retourner et lui Toucher Deux Mots sur la situation. »

« On ne peut pas passer son temps à se venger pour la moindre petite contrariété, » dit Severus.

« Dit l'homme qui a retiré 70 points à Gryffondor la semaine dernière, » chuchota Hermione a Minerva.

« Et puis, » continua t'il, ignorant délibérément ce commentaire, « tu sais bien à quel point Sa Seigneurie est tatillonne sur les visites non autorisées. »

« C'est vrai, c'est vrai. Et pour retirer la salive des robes après, merci ! » Hermione parut confuse, et Smudger lui expliqua. « Il postillonne quand il est en colère. Hors de question d'aller à une Réunion quand tu as contrarié Sa Seigneurie sans t'être au préalable lancé quelques sortilèges imperméabilisants. C'est dégoûtant, voilà ce que j'en dis. »

« J'ai bien cru que ce pauvre Avery allait se noyer la dernière fois, » sourit Severus.

« Il aurait dû y réfléchir à deux fois avant de se pointer en retard. Sa Seigneurie est très à cheval sur la ponctualité. Enfin, quand c'est lui qui doit attendre. » Ils furent interrompus par les coups sonnés par l'horloge de Poudlard. « C'est pas tout ça, mais je ferais mieux d'y aller. Il y a une émission sympa à la radio ce soir. »

« Et j'ai des tas de notations en retard, » annonça Severus, mentant sans vergogne. Ses plans pour la soirée n'incluaient pas de copies, et il ne comptait pas traîner dans les quartiers de Minerva à revoir leurs plans pour la énième fois. A quoi est-ce que ça pourrait bien servir ? Ce n'était pas comme si Potter allait les suivre de toute façon.

« Quand nous réunirons-nous tous les trois ? » demanda Smudger en souriant.

« Jeudi prochain, tu le sais très bien, » répondit Severus. « Et nous sommes quatre, tu sais. »

« Je voulais être un peu littéraire, » répondit Smudger, « en l'honneur du sérieux de l'occasion. C'est de la liberté artistique, voilà ce que c'est. Quand on écrira nos mémoires, on voudra tous sonner un petit peu chic, non ? »

« C'est vrai, » confirma Minerva, l'air amusé.

Severus lui accorda un regard irrité, avant de revenir à ses moutons. « Tu n'auras pas l'air très chic si tu ne sais pas compter jusqu'à quatre. »

Hermione, voyant que cette discussion pouvait durer des heures, des heures qu'elle préférerait employer à autre chose – par exemple, des… hum hum… corrections de copies – décida de mette son grain de sel. « Severus a raison, Smudger, mais j'ai trouvé une solution. Si nous sortons dans le couloir, alors que Minerva reste chez elle, tu peux reposer ta question, et là tu seras à la fois chic et correct, et vous serez contents tous les deux. »

« Elle est maligne, pas vrai ? » dit Smudger en donnant à Severus un coup de coude dans les côtes.

« C'est vrai, » convint-il. « Et merci de te garder tes coups de coude. »

Smudger tenta de prendre un air contrit, et ils sortirent comme convenu pour répéter la scène. Alors que Severus répondait, « Que dirais-tu de jeudi, 18h30 pour 19h00 ? », elle se demanda pourquoi la question de Smudger lui rappelait quelque chose, mais elle fut incapable de s'en souvenir.

Leur place dans les livres d'histoire assurée, ils allèrent tous les trois leur chemin : Smudger vers son émission, et Severus et Hermione à leurs notations. Ce n'était pas tout à fait un mensonge : Hermione lui décerna un Optimal, mais elle devait dire qu'il l'avait mérité.

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Bien, tout est en place maintenant, et la bataille finale est pour le prochain chapitre. Harry Avada Kedavrisera t'il le grand méchant Voldy, ou est-ce que Smudger l'atteindra d'une fléchette fatale ? A moins que le colonel Moutarde, avec le chandelier, dans la bibliothèque… Les paris sont ouverts… benebu