Disclaimer : les personnages sont de JK Rowling, l'histoire de Shiv5468.
Chapitre neufSeverus Snape n'était pas connu pour son côté Schtroumf joyeux. Il lui arrivait peut-être, dans l'intimité de ses quartiers – ou de ceux d'Hermione – d'atteindre le stade de joyeuse schtroumfité, mais comme personne d'autre qu'Hermione n'en était témoin, on ne pouvait pas en être sûr. Cependant un passant innocent – si pareille chose peut exister dans un monde de péché – qui aurait observé les événements de ce jeudi soir, aurait constaté que Severus était carrément proche du Schtroumf grognon.
Il allait risquer sa toute nouvelle petite amie dans une tentative téméraire de sauver le monde, en compagnie du crétin qui avait survécu, de son rouquin de meilleur ami, et d'un garçon si stupide qu'il n'était pas capable de faire bouillir de l'eau sans la laisser brûler. C'étaient les ingrédients d'un désastre.
Ce n'était que parce qu'il savait qu'il aurait Smudger et Minerva en renfort qu'il s'était laissé convaincre de continuer. Ça, et l'idée des reproches incessant qu'Hermione lui ferait s'il se défilait maintenant.
Ils se rassemblèrent à la Tête de Sanglier, à Pré Au Lard, avec l'air furtif de personnes préparant un mauvais coup, ce qui voulait dire qu'ils passaient inaperçus au milieu des autres clients. Londubat était en retard, comme d'habitude, et se glissa dans l'auberge l'air penaud, manquant de peu de se prendre les pieds dans ses robes.
« Désolé pour le retard, » s'excusa t'il. « Monsieur Phrense a voulu que je reste pour finir du rempotage. »
Severus ne leva pas les yeux au ciel, parce qu'Hermione avait le coup de coude facile, mais ne fit rien non plus pour le mettre à l'aise.
« Pas de problème, mon gars. Tu es là, maintenant, » dit Smudger. « Assieds-toi, ne reste donc pas debout comme ça. »
Neville se laissa tomber sur un banc. On lui tendit une pinte, à laquelle il s'agrippa comme si sa vie en dépendait.
« Bien. Maintenant que tout le monde est là, » dit Severus avec un regard appuyé en direction de Neville. « Nous pouvons nous y mettre. » Il sortit la flasque du Polynectar qu'il avait soigneusement préparée, et la tendit à Smudger. « J'y ai ajouté un conservateur, pour qu'il fasse effet un peu plus longtemps. Mais je dois te prévenir que ça lui donne plus mauvais goût. »
Smudger sourit. « Déjà que c'est pas terrible au départ. »
Severus lui rendit son sourire, avant de se rendre compte que les garçons le regardaient avec intérêt : ils ne l'avaient jamais vu sourire auparavant. Il leur adressa une grimace mauvaise, et ils furent soudain fascinés par leurs verres.
« Videz vos verres, tout le monde, » annonça Smudger. « Nous avons un rendez-vous important, et nous ne voudrions pas arriver en retard, pas vrai ? »
Ils burent lentement, savourant la moindre goutte de ce qui pourrait bien être leur dernier verre. C'était dommage que ce ne soit pas une meilleure bière, vraiment. Il ne pouvait pas se souvenir d'en avoir bue une pire, jamais pendant une sortie avec les Gars. Ils n'étaient peut-être pas des consommateurs exigeants, mais ils avaient leur standard, et cette bière était définitivement en dessous de ce standard.
Et puis, y'avait pas de cahouettes.
S'ils s'en sortaient vivants – quand ils s'en seraient sortis vivants – il s'assurerait qu'ils fassent une putain de vraie fête. Ils inviteraient les Gars, et demanderaient à leur bistrot de leur servir des trucs à grignoter spéciaux, et il raclerait les fonds de tiroir, tout ce qu'il lui restait de l'argent que Dumbledore lui avait donné pour graisser des pattes et autres dépenses indispensables, et ils prendraient du bon temps. Pour autant qu'il était concerné, ce serait la fête d'entre toutes les Fêtes, et Smudger pourrait même y jouer aux fléchettes.
Leurs verres vides, ils se mirent en route pour leur Mission en arborant les visages graves appropriés.
Ils Transplanèrent au Point de Ralliement en deux groupes. Tacitement, tout le monde s'était mis d'accord pour tenir éloignés Severus et Harry autant que possible. En fait, il était clair que Severus devait être tenu à l'écart de quasiment tout le monde. Il n'était qu'une boule de nerfs, et il était prêt à s'en prendre au premier venu, même s'il était encore suffisamment sensé pour ne pas s'attaquer à Hermione ou Minerva.
Smudger se contentait de l'ignorer. Il avait l'habitude.
Smudger, Hermione et Severus partirent les premiers, pour s'assurer que le point de Transplanage était libre. Une fois qu'ils furent sûrs qu'il n'y avait personne dans les parages qui n'aurait pas dû être dans les parages, Smudger s'éclipsa pour aller chercher Minerva et les garçons, qui apparurent soudain quelques minutes plus tard.
« Est-ce que tout le monde sait ce qu'il a à faire ? Minerva et Londubat, vous restez en arrière, pendant que nous emmenons Potter et Weasley à l'intérieur sous la menace de nos baguettes, » rappela Severus.
Tout le monde hocha la tête, même si Neville et Minerva ne semblaient pas très content de leur rôle. Ils venaient tous les deux de réaliser qu'ils risquaient fort de manquer tous les meilleurs moments, et ils ne se privaient pas de bouder à ce sujet.
« Pas de question de dernière minute ? » demanda Smudger. « Si c'est le cas, maintenant, c'est le moment où jamais de les poser. Ça sert à rien de réfléchir à quelque chose dans le feu de l'action, pas vrai ? »
Tout le monde secoua la tête.
« On va attendre encore dix minutes, » annonça Harry, incapable de résister à son besoin de faire son intéressant, même si de son côté il devait sans doute penser qu'il venait de faire une contribution importante. « et ensuite, nous pourrons y aller. »
Smudger laissa tomber le cheveu dérobé avec tant de soin dans le Polynectar, et en but une longue gorgée. « Bon Dieu, tu ne plaisantais pas, » postillonna t'il. « C'est dégueulasse. »
Severus observa la transformation avec un intérêt professionnel. Il sortit ensuite un masque de sa poche, et l'essuya sur ses robes avant de le tendre à Hermione. « Tu as l'air affreux, » dit-il.
« Je me sens affreux, » convint Smudger. « J'ai l'impression d'être un guignol. »
« Pas encore tout à fait. Pour avoir vraiment l'air d'un guignol, il faut que tu ailles enfiler tes robes spéciales de guignol, » répliqua Severus.
« C'est vrai. » Smudger alla se changer derrière quelques buissons qui passaient par là, afin de se tenir à l'écart des yeux curieux des Demoiselles, et réapparut plusieurs minutes plus tard, essayant de donner un semblant d'ordre à ses robes.
« Boudiou, on croirait voir Lucius Malefoy ! » s'exclama Neville avant de devenir rouge comme une tomate. Il jeta un regard inquiet vers Severus, s'attendant à ce que celui-ci retire des points à Gryffondor ou le gratifie d'une remarque sarcastique.
« J'espère bien, » répondit Smudger. « Après tout, c'était le but. »
Hermione contourna Smudger, pour vérifier qu'il était bien la copie conforme de Lucius. Severus la fusilla du regard. Il avait déjà eu bien du mal à accepter qu'elle regarde les fesses de Lucius quand c'étaient celles de Lucius, mais maintenant c'était celles de Smudger qu'elle regardait, et c'était absolument inacceptable. « Ça ira, » déclara t'elle enfin. « Mais tu as toujours l'air un peu négligé. »
« De toute évidence, c'est parce que j'étais à l'instant engagé dans un combat à mort avec d'affreux enfants de moldus, » répondit Smudger. « Du coup, j'en ai peut-être été réduit à m'évader de façon furtive, ce qui a quelque peu chiffonné mes robes, mais personne ne va me poser la question, pas vrai ? Parce que je suis un salaud arrogant dans le meilleur des cas. »
« En cas de doute, méprise les gens, » ajouta Severus. « C'est ce que ferait Lucius. »
Hermione portait déjà ses robes sous sa cape, et tout ce qu'elle eut à faire fut de la retirer et de la dissimuler derrière un buisson. Elle enfila ensuite le masque que Severus lui avait donné. « Bordel ! » s'exclama t'elle d'une voix sérieusement étouffée. « Je ne vois absolument rien. »
« Dans ce cas, essaye de ne pas te prendre les pieds dans tes robes, » lâcha Severus.
Hermione posa une main sur la manche de Severus. « Je te promets que je serai prudente. »
« Bien, » répondit-il à contrecœur. « Tu as plutôt intérêt. Si tu te fais tuer, je te préviens que je te ramènerai d'entre les morts juste pour te dire à quel point tu as été stupide. »
« Même chose pour toi, » répliqua t'elle affectueusement.
Harry eut la sensation soudaine qu'Hermione n'allait pas oublier cette histoire avec Severus de sitôt. Il ne revint à la réalité que quand Smudger lui enfonça sa baguette dans le cou. « Si tu voulais bien prendre un air un minimum effrayé, Harry, ça nous rendrait service. Essaie de penser à quelque chose de moche – les cours de potion, par exemple. »
Severus sortit également sa baguette, et empoigna fermement Ron par le bras. « Londubat, donnez-nous un quart d'heure, pour qu'on ait le temps de s'occuper de quiconque monte la garde. Sinon, si vous entendez notre signal, rappliquez en vitesse. »
« Et c'est quoi, le signal ? » demanda Neville.
« Des cris. Les nôtres, ou ceux de quelqu'un d'autre, » répondit Severus, pince-sans-rire. « Et essayez de ne pas vous faire tuer. »
« Je ne savez pas que ça vous faisait quelque chose, Snape, » dit Harry.
« Ça ne me fait ni chaud ni froid, mais c'est important pour Hermione, et elle me rebattrait les oreilles jusqu'à la fin des temps avec ça. » Il ne comprit pas pourquoi Harry souriait en entendant sa réponse ; il était parfaitement sérieux.
« On y va, » lança joyeusement Smudger, avant d'ajouter à mi-voix, « et bonne chance à tout le monde. Il faudra que je me fasse examiner la tête pour m'être laissé convaincre de faire ça. »
Harry se retrouva agrippé par une poigne de fer, et une voix très douce lui murmura à l'oreille, sur un ton qui lui glaça le sang, « Maintenant, tu vas avancer tranquillement, voilà, comme un gentil petit Garçon Qui A Survécu, et je ne te ferai pas de mal. Pas encore. »
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Peter Pettigrow était un Gryffondor, un traître, et personne n'aurait pu douter qu'un rat était la parfaite illustration de son personnage. C'était aussi un magnifique administrateur. Il récoltait tous les sales boulots, ceux que personne ne voulait faire, et il ne parlait pas des tortures, viols, et autres joyeusetés. Il parlait de tenir les minutes des réunions, préparer les mémos, de garder la trace des menues dépenses, et également de rappeler poliment à l'ordre les personnes qui avaient oublié de payer leur cotisation mensuelle.
Il était toujours surpris qu'il n'y ait pas eu plus de monde pour se rendre compte que de tenir les minutes d'une réunion était presque aussi bien que de prendre les décisions soi-même. Un mot manquant ici et là, une quantité raisonnable de coupes, et une réunion pendant laquelle il avait été décidé que Lucius Malefoy serait responsable d'un projet donné devenait rapidement une réunion où l'on avait décidé que Avery ferait le travail.
Selon le projet dont il était question, il était tout à fait possible de recevoir des pots-de-vin des deux parties pour arranger les choses à leur convenance.
Les gens n'avaient pas compris non plus le pouvoir qu'on obtenait en restant assis dans l'antichambre de Sa Seigneurie. Il pouvait voir qui entrait et sortait, qui était dans les bonnes grâces et qui n'y était pas, et en collant son oreille contre la porte, il pouvait souvent déterminer les grandes lignes de la discussion. Et si tout le reste échouait, Sa Seigneurie pouvait en général être persuadée de discuter les événements de la semaine quand Peter lui huilait les écailles. Oh, non, Sa Seigneurie n'avait pas de secrets pour Peter Pettigrow.
Il savait qu'il était méprisé ; il en avait l'habitude. Mais maintenant, il était riche et méprisé, alors qu'avant, il n'était que méprisé.
Il n'était pas non plus totalement stupide. Il se rendait bien compte que les choses allaient se terminer rapidement, et il avait pris les mesures nécessaires pour s'éloigner du théâtre du conflit. Il avait déjà fait signer à Sa Seigneurie un papier qui lui ordonnait d'aller effectuer une mission indéterminée et secrète dans le sud de la France, et, si les choses tournaient mal, il pouvait tout à fait, malencontreusement, oublier de revenir. Si tout se passait comme prévu, il reviendrait aux côtés de son Maître, pour se plaindre amèrement qu'il avait manqué la 'fête', parce qu'il avait été occupé ailleurs.
Et si l'un de ses collègues essayait de suggérer qu'il était aller se mettre à couvert au premier signe de problème, et bien, ils découvriraient quel genre de pouvoir donnait la connaissance. Il savait où étaient enterrés les cadavres. Littéralement, dans certains cas.
Et qui les avait enterrés là, et pourquoi.
Il n'avait jamais été invité aux petites sauteries au Manoir Malefoy après les Réunions, et ça, c'était quelque chose qui lui restait en travers de la gorge. Pourquoi ? Est-ce qu'il n'était pas assez bien pour eux ? Son sang n'était pas assez pur ? Ou alors, est-ce qu'ils étaient tout simplement jaloux de ses liens privilégiés avec Sa Seigneurie. Ça devait être ça, la jalousie.
Eh bien, il lui suffirait de trouver un moyen de rappeler à Monsieur Malefoy qu'il était une personne avec laquelle il lui faudrait compter, et qu'il ferait bien de ravaler sa fierté au profit du bien de tous, s'il ne voulait pas que Sa Seigneurie n'entende bêtement parler de sa Pépée Sang de Bourbe. Et ça, ça ne risquait pas de passer comme une lettre à la poste, hein ? Que Lucius découvre un peu à quoi ça ressemblait de subir quelques minutes de Doloris, et on verrait ce qu'il en pensait.
Pettigrow était tellement absorbé par ses pensées qu'il remarqua à peine les silhouettes vêtues de noir qui avançaient vers lui, jusqu'à ce que leurs ombres ne glissent sur sa page. « Vous me faites de l'ombre, » se plaignit-il, sans se donner la peine de lever la tête. « Et il faut que je finisse ces notes pour demain. »
« Je crois que ceci est un peu plus important que tes notes, » affirma Lucius d'un ton sourd.
Pettigrow leva la tête, la bouche ouverte, pour rappeler à Malefoy à quel point ses notes pouvaient être importantes, et pour se plaindre de ce que son travail d'administrateur était injustement sous-estimé, quand il reconnut Harry. Il poussa un cri effrayé, et fit un bond en arrière, manquant de tomber de sa chaise.
« Donc, si tu voulais bien nous annoncer auprès de Sa Seigneurie… » continua Lucius, sur le même ton dédaigneux. « Allez, allez ! »
« Sa Seigneurie m'a laissé des instructions très strictes, il ne veut pas être dérangé, » répondit Pettigrow, décidé à résister. « Sous aucun prétexte. »
« Pour l'amour du ciel, Queudver. Ne sois pas aussi idiot que d'habitude. Je pense que Sa Seigneurie sera plutôt contente de nous voir arriver. »
« Peut-être, » répondit-il. « Mais je n'ai pas le pouvoir de vous laisser entrer. Vous savez comment il est quand il fait sa sieste. Vous laisser entrer, ça revient à risquer ma peau. Pourquoi est-ce que vous n'enfermez pas les prisonniers dans une cellule quelque part, et je le mettrai au courant dès qu'il se réveillera. »
« Bien, si tu n'es pas sensible à la manière douce, tu nous oblige à employer la manière forte, » dit Smudger en attrapant l'homme par le col. Il attira Pettigrow vers lui, et lui asséna, tranquillement et efficacement, un bon vieux coup de tête. Il tomba au sol comme un sac de pommes de terre, et Smudger ne fit pas le moindre mouvement pour ralentir sa chute. « J'avais envie de faire ça depuis une éternité, » expliqua t'il. « Est-ce que tu sais qu'il a essayé de me faire payer ma cotisation deux fois le mois dernier ? Une erreur de comptabilité, qu'il a dit. De l'escroquerie, c'est comme ça que j'appellerai ça, moi. Ce salaud ne me la refera pas de sitôt. »
« Dommage qu'on n'ait pas eu l'occasion de lui demander qui d'autre il y avait à l'intérieur, » se plaignit amèrement Severus. « Je n'aime pas les surprises. »
Smudger haussa les épaules, content de lui malgré tout. « De toute façon, tu n'aurais pas cru ce qu'il disait. »
Hermione retira son masque, et souffla sur une mèche qui lui tombait dans la figure. « S'il est endormi, la surprise est de notre côté. C'est une bonne chose, non ? »
« Je ne sais pas. Tu te souviens de ce qu'il a fait à Lestrange quand il l'a dérangé pendant un somme. C'était pas beau à voir, pas vrai ? » Smudger secoua la tête, l'air désolé. « Il lui a fallu une éternité pour retrouver ses oreilles, et encore plus longtemps pour réussir à se les recoller. Pauvre gars. »
Harry était un peu vert. Il n'arrivait pas à savoir si Smudger se payait sa tête ou non, mais il croyait vraiment Voldemort capable de tout et n'importe quoi. « A quoi devons-nous nous attendre, une fois entrés ? » demanda t'il.
« La pièce est environ deux fois plus grande que celle-ci. Il y a une autre pièce à côté, sur la gauche, et nous pouvons nous attendre à ce que les Lestrange au moins soient présents, peut-être d'autres personnes. L'idiot qui a construit cet endroit avait des illusions de grandeur, alors il y a des piliers, des voûtes et des arches partout. Ça convient parfaitement à la vision du monde complètement tordue de Sa Seigneurie, » expliqua Smudger.
« S'il fait une sieste, il sera étendu sur un lit, dans le coin à droite. Vous ne pourrez pas le manquer : il est couvert de serpents, » ajouta Severus, saisissant fermement la poignée de porte. « A trois. Un, deux, TROIS ! » cria t'il en ouvrant la porte à la volée.
Harry et Ron se précipitèrent les premiers, et prirent chacun une direction opposée, comme le recommandait le manuel du parfait petit Auror. Smudger, Hermione et Severus les suivirent rapidement, et comprirent tout de suite le peu de couverture offerte par le décor : un pilier par-ci, un canapé par-là. Ils n'auraient pas dû s'en faire : réveillé si brusquement, Voldemort n'était pas en condition de lancer des sorts. Il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser ce qui se passait, et encore plusieurs autres pour mettre la main sur sa baguette, ce qui donna à Harry et Ron l'occasion de tirer les premiers.
Et les choses n'auraient pas été plus loin, si les Lestrange ne s'étaient pas précipités dans la pièce. Bellatrix hurla comme une banshee, et lança des sorts dans toutes les directions, comme une furie, établissant un rempart de sorts protecteurs pendant que Rodolphus rejoignait Voldemort, probablement avec l'intention de donner sa vie pour protéger son maître. Il n'avait pas l'air ravi à l'idée. Bellatrix toucha Ron, qui tomba lourdement. Au lieu de faire ce que Severus considérait comme le plus raisonnable, à savoir, se concentrer sur l'objectif, Sa Seigneurie, Harry se précipita pour vérifier que Ron allait bien, donnant à Voldemort l'occasion de lancer un sort à Severus, avant de se laisser rouler au bas de son lit, pour rejoindre Rodolphus hors de leur champ de vision.
Severus lança rapidement un 'Protego', détournant le sort qui alla rebondir sur un vase hideux qui tomba en miettes.
« McNair sera contrarié, » dit Smudger. « Il avait acheté ça tout spécialement pour Sa Seigneurie. Faillot. »
« Est-ce qu'il y a du Gryffondor dans ton arbre généalogique ? » demanda Severus, envoyant un méchant sort d'Entaille à Bellatrix, qui laissa échapper un petit cri de douleur.
« Non, » répondit Smudger.
« Alors arrête de faire l'imbécile et concentre-toi sur ce qu'on est venu faire. On s'occupera des répliques Serpentardes à souhait plus tard… Attention, il y en a d'autres, » cria Severus, alors que deux autres individus vêtus de noir entraient dans la pièce. Ils s'arrêtèrent, évaluèrent la situation, et allèrent rapidement se cacher derrière un pilier. Il y eu un peu de cafouillage, parce qu'ils avaient choisi le même pilier, jusqu'à ce que l'un d'entre eux quitte son abri pour aller se cacher derrière une table qui ne le protégerait pas de grand chose.
« Je garde un œil sur ces deux-là, » dit Hermione. « Concentrez-vous sur les autres. » Celui qui se cachait derrière une table passa imprudemment la tête par dessus pour voir ce qui se passait, et y gagna un sort qui lui fit une nouvelle raie dans les cheveux.
« Merde. Loupé, » dit Hermione, essuyant sa main moite sur ses robes.
« Pas grave, » la rassura Severus. « Essaie juste de ne pas te faire toucher. Smudger va vouloir récupérer ses robes en un seul morceau, et je voudrais en faire autant de ma petite amie. »
Hermione lui tapota affectueusement le bras, sans pour autant quitter ses cibles des yeux.
« Hé, » cria Smudger. « Vous deux ! C'est Perkins et Smith, je me trompe pas ? Si j'étais vous, je commencerais à reconsidérer mes options maintenant. Il se pourrait bien que ce soit le moment de poser vos baguettes, et décider que la discrétion est la meilleure des qualités. »
Perkins et Smith ne lâchèrent pas leurs baguettes, mais ils ne prirent pas non plus une part active au combat. Ils étaient neutres, pour le moment, jusqu'à ce qu'ils puissent déterminer qui gagnait.
« Lucius, espèce de salaud ! » hurla Bellatrix, « Tu es un vrai bâtard de nous poignarder dans le dos comme ça. Je ne t'ai jamais aimé de toute façon ! »
« Ce n'est pas ce que tu disais le mois dernier, quand tu essayais de me mettre dans ton lit, » répliqua Smudger, criant lui aussi, avec un clin d'œil à Severus. « Qu'est-ce que tu disais à ce moment là ? Que j'étais le plus Serpentard des Serpentards, et que ton idiot de mari bandait mou ? »
Il y eut un hurlement outragé derrière le lit ; Rodolphus accueillait mal la nouvelle de l'infidélité de sa femme. Il passa la tête par dessus le bord du lit pour faire connaître son opinion, et Ron en profita pour lancer un Stupefix qui le frappa en pleine poitrine. Rodolphus tomba au sol avec un bruit sourd.
« Bien, » dit Severus. « Il faut que nous attirions Bellatrix à découvert. Quelqu'un a une idée ? »
« Je me disais que l'un de nous pouvait se lancer à découvert pour attirer son attention, donnant à quelqu'un d'autre l'opportunité de la toucher pendant qu'elle est distraite, » proposa Smudger.
« Ça m'a l'air pas mal, » convint Severus. « J'en déduis que tu te portes volontaire ? »
Smudger ricana.
« On tire au sort, alors ? »
Smudger acquiesça, et fouilla ses poches pour y trouver une noise. Il la lança en l'air, la rattrapa adroitement, et la retourna dans sa main. « Pile ou face ? »
« Face. »
« Désolé, mec. » Smudger montra la pièce à Severus : pile.
« Merde. »
Severus prit une profonde inspiration, serra ses robes bien contre lui, et se prépara à courir. « Tu es prêt ? » demanda t'il à Smudger, qui hocha la tête pour le lui confirmer. Il s'élança alors – déboulant de sa cachette comme un lapin apeuré.
Bellatrix le manqua avec son premier sort, mais pas avec le second, et il ressentit une douleur cuisante dans le bras qui tenait sa baguette. Il trébucha, glissa, et il se rendit compte avec horreur qu'il était sur le point de tomber face contre terre – devant l'Affreux Potter, en plus ! – et qu'il ne pouvait rien faire pour l'en empêcher.
Le sol était dur. C'était idiot de penser à une chose pareille, mais il avait eu la respiration bloquée par sa chute, et il n'était vraiment pas en état de former des raisonnements complexes. Il essaya de reprendre son souffle, s'attendant à recevoir un sort d'un moment à l'autre, et il était sur le point de se décider à ramper pour se trouver un abri, quand un pied costaud vint se poser sur sa nuque avec plus de force que nécessaire.
Un pied costaud, chaussé de talons hauts, ce qui ne pouvait être que Bellatrix.
« Bien, maintenant nous allons être raisonnables, pas vrai, les enfants ? » dit-elle méchamment. « Un faux mouvement, et nous allons tous découvrir exactement quelle quantité de peau un homme peut perdre avant d'en mourir. »
« Qu'est-ce que ça peut bien nous faire ? » demanda Potter. Severus, a contrecœur, ressentit une certaine admirations pour le gamin ; c'était exactement l'attitude à adopter – mais il aurait préféré que ça sonne un peu plus comme un bluff, et un peu moins comme une question sincère. Pas besoin d'être un génie pour se rendre compte que Severus était assez mal barré. Et que ça situation risquait de ne pas s'améliorer, mais au contraire de devenir plus saignante – littéralement.
Il supposa que si Potter avait été à sa place, il se serait senti réconforté à l'idée de donner sa vie pour la bonne cause. Eh bien, cette idée ne lui apportait pas le moindre réconfort, à lui, et il serait ravi de tester sa théorie en changeant effectivement de place avec Potter.
Bellatrix rit, ce qui lui glaça le sang. Elle ne riait comme ça que quand elle était sur le point de faire quelque chose de vraiment déplaisant. « Endoloris, » lança t'elle, et après ce mot, tout ce qu'il sentit fut son sang en train de bouillir dans ses veines, puis il entendit un cri et réalisa que c'était le sien.
Hermione regardait, horrifiée, le corps de Severus se tordre sous ces convulsions de douleur. Smudger tendit le bras et la retint avec fermeté. « Pas encore, » siffla t'il. « Attends. »
La vision d'Hermione se brouilla, et elle battit des paupières pour en chasser les larmes. « Il faut que quelqu'un fasse quelque chose, » dit-elle.
« Attends, » répéta Smudger. « Rien qu'un moment encore. Bellatrix s'attend à ce que tu fasses quelque chose. Il faut que nous attendions qu'elle s'intéresse à Harry et Ron avant que nous ne puissions agir. »
Hermione hocha la tête. Il avait raison, mais s'était difficile de rester là, accroupie, sans rien faire, pendant que Severus souffrait. Elle passa mentalement en revue la liste des sorts qu'elle connaissait ; Bellatrix allait le lui payer.
Neville, qui attendait patiemment à l'extérieur, entendit crier. « Est-ce que c'est le signal ? » demanda t'il nerveusement.
Minerva tendit l'oreille pour entendre le son. Elle ne pensait pas le moins du monde que ce soit le signal, mais quelqu'un avait des problèmes, et elle n'allait pas traîner dehors plus longtemps quand elle pouvait être au cœur de l'action. « Tout à fait. On y va. »
Ils coururent dans le couloir, vers le bruit. Neville arriva le premier, et dût s'agripper à l'encadrement de la porte pour rester debout. Ses parents devaient avoir eu la même expression, quand Bellatrix les avait torturés, avant qu'elle ne leur fasse frire le cerveau à force de douleur et de terreur.
« Vous ! » s'écria t'il. « Je vais vous tuer. »
« Je ne crois pas, mon mignon, » se moqua t'elle, avant de tourner sa baguette vers lui. « Endoloris ! »
Neville plongea derrière la porte, faisant tomber Minerva à la renverse, et le sort le manqua. Hermione vit que c'était sa chance, et avec un cri de furie, elle se précipita à travers la pièce. Bellatrix, qui ne s'attendait pas à une attaque frontale, en resta bouche bée, ce qui donna à Hermione les quelques secondes de surprise dont elle avait besoin. Elle fit tomber la sorcière au sol d'un tacle de rugbyman.
Hermione lui donna un méchant coup de coude dans le lard, histoire de l'empêcher de reprendre son souffle pour lancer le moindre sort, avant de l'attraper par la gorge et de lui cogner la tête contre le sol, plusieurs fois. « Je – t'interdis, » martela t'elle entre chaque coup, « Je – t'interdis – de – poser – tes – sales – pattes – sur – mon – petit – ami. – Plus – jamais ! »
Neville passa la tête à la porte, et regarda Hermione, les yeux ronds comme des billes. Combien de fois avait-il rêvé de faire ça à Bellatrix ! Il avait rêvé de l'entendre supplier d'être clément, et de refuser toute clémence. Mais Bellatrix ne suppliait pas des masses, avec les mains d'Hermione serrées autour de son cou. Il réalisa que, aussi curieux que ça puisse paraître, Hermione devait vraiment avoir de l'affection pour le Professeur Snape, peut-être même qu'elle l'aimait.
Elle avait toujours été un peu bizarre – toute cette lecture devait lui avoir déglingué la cervelle.
Voldemort était pétrifié lui aussi en voyant une de ses plus dangereuses Mangemort étranglée par une simple Sang de Bourbe. Comment osait-elle ? Comment osait-elle toucher un membre du Premier Cercle avec ses sales petites mains de Sang de Bourbe ? Elle n'en était pas digne.
Neville vit le mouvement du coin de l'œil, et se rendit compte que Voldemort allait lancer un sort à Hermione. « Attention ! » s'écria t'il.
Hermione roula sur le côté, entraînant avec elle une Bellatrix inconsciente, qui reçut le sort en plein dans le dos, protégeant à la fois Hermione et Severus.
Harry hurla « Avada Kedavra ! » mais Voldemort lança un sort de bouclier, qui le fit rebondir sur une garde-robe qui était à ses côtés. La garde-robe grinça de façon inquiétante. Neville, dans l'excitation du moment, tomba dans les schémas d'entraînement qu'ils avaient suivi avec l'Armée de Dumbledore, et s'écria « Tarentallegra ! ». Son sort fut également repoussé par le bouclier.
C'était vraiment idiot d'utiliser un sort pareil, se sermonna t'il. Voldemort semblait penser exactement la même chose, et il lui siffla, « Prépare-toi à mourir, gamin. Tu n'es pas de taille face à… »
Minerva poussa Neville sur le côté, et se prépara à lancer un sort à son tour.
Voldemort ne finit jamais sa phrase. La garde-robe n'avait pas été affectée par l'Avada – elle ne vivait pas, comment aurait-elle pu mourir ? – mais le Tarentallegra était une autre histoire. La garde-robe avait des pieds, et ces pieds voulaient danser. Un grincement, un craquement, un gémissement, et elle se mit à danser pesamment.
Les pieds ne le supportèrent pas.
Il y eut un grand bruit, puis un moment ou le monde entier sembla s'immobiliser, et enfin, inexorablement, la garde-robe se renversa, écrasant Voldemort sous son poids.
Silence.
Puis, deux petit cliquètements jumeaux, ceux de baguettes tombant au sol.
Puis, la voix plaintive de Severus, qui demanda, « Est-ce que quelqu'un va s'occuper de moi ou non ? Je souffre atrocement, moi, ici. »
Hermione fit glisser Bellatrix sur un côté, et, rampant à moitié, roulant à moitié, approcha de Severus. « Oh, mon pauvre chéri, est-ce que ça va ? » roucoula t'elle.
Harry et Ron s'attendaient à ce qu'il fasse une remarque blessante pour lui avoir posé une question pareille, alors que la réponse évidente était 'non'. Mais au lieu de ça, Severus opta pour l'approche que Molly aurait qualifiée de 'canard mourant dans la tempête' – n'importe quel Weasley aurait reçu un coup de cuillère en bois sur le coin de l'oreille pour une tentative pareille – et laissa Hermione le prendre dans ses bras et l'embrasser sur le front.
« Est-ce qu'on est sûrs qu'il est mort ? » demanda Harry.
Severus remonta la manche de ses robes pour révéler un avant-bras blanc et nu. « Oh, oui, » confirma t'il d'une voix un peu tremblante. « Il est mort. » Il se détourna ensuite pour cacher son visage contre Hermione, les épaules tremblantes. Difficile de déterminer s'il riait, pleurait, où s'il souffrait simplement des effets secondaires du Doloris. Tout le monde s'intéressa soudain à quelque chose, n'importe quoi, pour lui donner un moment d'intimité.
« Si j'étais à votre place, je disparaîtrais vite fait, » lança Smudger à Perkins et à son acolyte, qui avaient l'air un peu perdus. « Laissez vos baguettes ici, je m'assurerai que vous les récupériez. »
Ils donnèrent l'impression qu'ils voulaient protester – aucun sorcier n'aimait se séparer de sa baguette – mais ils se ravisèrent. Les Aurors allaient débarquer d'un instant à l'autre, et il était évident que la meilleure idée était d'être innocemment ailleurs au moment où ils arriveraient.
Ils disparurent.
Bellatrix gémit, elle se remettait probablement du sort que Voldemort lui avait envoyé. Smudger l'évalua du regard, avant de regarder Neville. « Est-ce que tu es sûr de ne pas vouloir lui filer quelques coups de pied tant que tu en as la chance ? »
Neville secoua la tête. « Hermione semble avoir fait le nécessaire. »
« Elle faisait du mal à Severus, » protesta Hermione, indignée. « Pauvre petite chose. »
Severus adressa aux garçons un sourire plein de malice. Il comptait bien en profiter aussi longtemps qu'il le pourrait.
Smudger haussa les épaules, et Stupéfixa Bellatrix. « Bon, si t'es sûr… Ça devrait la retenir jusqu'à ce que les Aurors arrivent. »
« Vous savez, » dit pensivement Severus. « On devrait peut-être jeter un petit coup d'œil à la paperasse de Pettigrow – de préférence avant que les Aurors n'arrivent. On ne sait jamais ce qu'on pourrait y trouver. »
« Vous voulez dire qu'on pourrait y trouver des preuves pour arrêter d'autres Mangemorts ? » demanda Harry. « Comme ça, on pourrait tous les enfermer à Azkaban une bonne fois pour toutes. »
« Oui, c'est exactement ce qu'il avait en tête, » confirma Smudger, lançant à Severus un regard entendu.
« Et ensuite, on ferait bien d'accorder nos violons, » rappela Hermione.
« Qu'est-ce que tu veux dire, Hermione ? » demanda Neville.
« Je veux bien être pendu si nous entrons dans l'histoire comme les personnes qui ont mis fin au règne de Voldemort avec un Tarentallegra, » s'indigna Smudger. « Je vois déjà les gros titre de la Gazette du Sorcier – Tragédie Terpsichoréenne : un Tyran Tué. C'est pas avec ça qu'on pourra draguer, si ? »
Neville eut l'air pensif. « Draguer ? »
« Draguer, mon grand. Se trouver une fille avec qui fricoter, » confirma Smudger.
« Oh mon Dieu, » soupira Neville.
Et Severus posa sa tête sur les genoux d'Hermione, pensant à tout le chantage qu'il allait pouvoir faire avec ce qu'ils allaient trouver, et réalisant que finalement, ce serait Neville qui récolterait les lauriers pour la défaite de Voldemort, et non pas Potter. Il sourit, un sourire de profond contentement.
Le Schtroumf joyeux pouvait aller se faire voir – Severus Snape était heureux, très heureux.
