Disclaimer : les personnages sont de JK Rowling, l'histoire de shiv5468.
Et je voudrais profiter de cette occasion pour remercier Shiv de la confiance qu'elle m'accorde pour traduire ses fics, ainsi que pour sa gentillesse et sa disponibilité. Merci, merci, merci.
Epilogue
Severus avait rêvé de ce qu'il ferait de sa première nuit de liberté, une fois débarrassé de sa Marque des Ténèbres, depuis presque aussi longtemps qu'il avait porté ladite Marque – engagez-vous pour dominer le monde en hâte, vous aurez tout loisir de vous en repentir.
Dans aucun de ces rêves Severus n'avait imaginé qu'il se retrouverait cloué au lit, une compresse fraîche sur le front, et une Hermione lovée contre lui pour lui tenir chaud, parce que le meilleur remède contre les effets du Doloris était le repos. Mais finalement, ce fut cette conclusion prosaïque, et pas romantique pour deux noises, qui le convainquit qu'il était réellement libre.
Severus se rendit compte que, même s'il n'était pas dans ses habitudes d'être joyeux, rien ne pouvait altérer sa bonne humeur. En fait, il était purement et simplement aux anges. On était vendredi, mais il n'avait pas besoin de se lever avant midi, il avait un mot. Les héros qui venaient d'être blessés dans la Bataille Finale contre Sa Seigneurie n'avaient pas à se lever pour affronter des troupeaux de cornichons, ils pouvaient faire la grasse mat'.
Il ne s'était pas attardé longtemps sur l'idée pourtant plaisante d'Albus devant se dépatouiller pour le remplacer en classe. Il avait des choses bien plus agréables auxquelles penser.
Par exemple, un petit-déjeuner au lit, avec une utilisation très plaisante, quoique non alimentaire, de la confiture de framboise.
Suivi d'une longue trempette dans un bon bain, pour se débarrasser des graines de framboises qui décidément se glissaient partout.
Suivie d'une bonne heure passée à écrire et réécrire sa lettre de démission, afin de s'assurer qu'elle laissait bien transparaître le maximum de mépris en un minimum de mots.
Suivie de la lecture de la lettre de démission d'Hermione, et d'une discussion pour savoir lesquelles des suggestions qu'elle faisait étaient anatomiquement réalisables.
Sa bonne humeur se maintint durant le déjeuner, auquel Albus ne put assister suite à un regrettable incident avec un chaudron, une pastille au citron, et une très vilaine poussée de furoncles. Elle résista même à cette longue et pénible réunion pendant laquelle ils confrontèrent leurs histoires, pour s'assurer que gloire et fortune seraient réparties de façon adéquate.
Monsieur Potter n'était pas content que Neville ait tué Sa Seigneurie.
Il bourrait le crâne de Neville avec des histoires d'attaques vengeresses de Mangemorts, et d'horribles contes dans lesquels il serait soumis au Doloris jusqu'à ce que son cerveau lui sorte par les oreilles, dans l'espoir que Neville le supplierait d'en recevoir le mérite à sa place.
Même si la chose devait se révéler difficile, Severus pensait être parfaitement capable de vivre avec la déception de Monsieur Potter, mais Neville se révéla bien plus influençable.
« Ne dites pas de bêtises, » dit Severus, quand Harry arrêta de raconter ses histoires lugubres assez longtemps pour reprendre son souffle. « Bellatrix est la seule qu'on aurait jamais pu qualifier de loyale – et Hermione lui a réglé son compte. La plupart des Mangemorts qui restent seraient probablement ravis de venir vous serrer la main. »
« Et vous parlez en connaissance de cause, » ironisa Harry.
« Plus que vous en tous cas, » répondit Severus avec hauteur. « En fait, Neville, pourquoi ne viendriez-vous pas à la petite fête que nous organisons, afin de les rencontrer et de vous rendre compte par vous-même ? »
Smudger hocha la tête. « Après tout, ce n'est que justice que tu sois invité, puisque c'est toi qui a porté le sort fatal. Je pense que tu n'auras pas à payer le moindre verre de la soirée. Je parierai que même Grytpype-Thyne mettra la main à la poche. »
« Ça, j'en suis moins sûr » commenta Severus.
« C'est le genre de chose qu'on ne voit qu'une fois dans sa vie, » répliqua Smudger.
« J'espère, » grimaça Severus. « Je ne tiens absolument pas à devoir recommencer tout ce cirque. »
« Je peux t'assurer qu'il est mort, » le rassura Hermione. « Chacun des Aurors lui a lancé un Avada, juste pour en être sûr. Et Maugrey a dit qu'ils allaient brûler le corps, et disperser les cendres sur une étendue secrète, la plus vaste possible. Même Dracula n'aurait pas pu revenir après ça. »
Ils prirent tous un moment pour se réjouir de cette perspective, avant de reprendre les hostilités.
« Je continue de penser, » affirma Potter, s'accrochant au point de désaccord comme un toutou à son nonos, « que Neville prend un risque terrible, s'il laisse le monde savoir que c'est lui qui a tué Voldemort. Il vaut beaucoup mieux pour lui que les gens pensent que c'était moi, parce que je suis déjà une cible. »
« Héros Potter, » se moqua Severus.
Même Hermione, qui elle n'avait pas de figurine de cire de Harry plantée d'épingles au fond de son tiroir à chaussettes, pensa qu'il y allait un peu fort, et ne se priva pas de le dire. « Je ne te laisserai pas t'attribuer seul le mérite, Harry. Severus et moi avons mis au point tout le plan, Smudger est celui qui nous a permis d'entrer dans la place, et il n'aurait rien pu faire sans les talents de Minerva pour la Métamorphose. Enfin, c'est Neville qui a porté le coup de grâce. Quand on y réfléchit, c'était un effort collectif. »
« Absolument, » renchérit Smudger. « Nous avons tous joué notre rôle, et nous devrions tous récolter une partie de la gloire. Maintenant, ce que je propose, c'est que nous nous en tenions à ce qui s'est réellement passé jusqu'au moment où Sa Seigneurie a touché Bella avec un sort par erreur. Severus est le héros blessé, qui dans sa tentative de distraire Sa Seigneurie, a frôlé la mort. Hermione gagne une aura romantique, puisqu'elle s'est précipitée au secours de Severus, même s'il vaut mieux qu'on dise qu'elle a protégé Severus de son propre corps, plutôt qu'avec celui de Bella. Ce n'est pas comme ça que les choses sont supposées se passer. »
« J'imagine, » concéda Hermione. « Même si je ne suis pas sûre de vouloir devenir célèbre pour avoir fait une chose aussi stupide que ça. »
« Ce n'est pas stupide, » répliqua Smudger. « C'est Romantique. » Elle marmonna qu'il ne semblait pas y avoir beaucoup de différence, mais Smudger fit mine de n'en rien entendre. « Et puis, ça te donnera une réputation qui pourra être utile la prochaine fois que tu demanderas une augmentation de salaire. Sans parler du fait que Severus ne récoltera pas un regard de la part des Demoiselles, une fois qu'elles entendront ce qui est arrivé à Bella, ce qui les laisse toutes libres pour nous, pas vrais les garçons ? »
« Non que Severus soit intéressé le moins du monde par les Demoiselles, de toute façon, » intervint tranquillement Severus.
Harry retrouva le moral à l'idée de soutenir l'assaut de Jeunes Demoiselles en adoration devant lui.
« Et moi, qu'est-ce que j'ai fait, alors ? » demanda Ron, un peu amer. « Je me suis simplement tenu là, l'air décoratif, pendant que tout les autres faisaient quelque chose d'utile ? »
« Non, mon grand, » répondit Smudger avec un grand sourire. « Toi, Minerva et moi, nous étions engagés dans une bataille à mort avec les autres disciples du Seigneur des Ténèbres. Nous lancions des volées de sorts, et nous étions tout simplement héroïques avec un petit 'h'. »
« Mais ils n'étaient que deux, » s'étonna Ron. « C'est loin d'être héroïque, que ce soit avec un petit ou un grand 'h'. »
« Tu le sais. Et je le sais. Mais est-ce que les Jeunes Dames – ou les Jeunes Messieurs, » ajouta t'il, avec un signe de tête à Minerva, « le savent ? Je ne pense pas, et ils ne l'apprendront pas si nous nous en tenons tous à nos histoires. »
Ron réfléchit à la question, imaginant les conversations qu'il pourrait avoir avec ses admirateurs. « Ça pourrait fonctionner, » dit-il finalement.
« Mais à propos du coup de grâce ? » demanda Harry. « Qui l'a porté ? »
« Un effort conjoint, » répondit rapidement Smudger. « Vous l'avez lancé en même temps, et il est impossible de déterminer qui a porté le coup fatal. »
Il semblait horriblement injuste que Potter puisse être autorisé à recevoir le prestige d'une action qu'il n'avait pas accomplie, mais Severus se rendait bien compte que toute protestation qu'il pourrait émettre à ce sujet serait ignorée, et mise sur le compte de son amertume. Et puis, il savait bien que la vie était injuste, alors il ne se serait pas vraiment senti à l'aise en soulevant cette protestation.
Il soupira. Neville n'avait pas l'étoffe d'un Héros, c'était évident, et il serait bien trop heureux de se contenter des miettes qui tomberaient de la table de Potter. Et puis, tous les papiers qui attendaient bien au chaud dans ses quartiers l'opportunité de servir de support à un peu de chantage seraient une base bien plus fiable pour un brillant avenir qu'une notoriété fluctuante. Dans six mois, Potter serait toujours un Auror, et toutes les filles courraient après une nouvelle célébrité.
« Ne t'en fais pas, trésor, » lui souffla tranquillement Hermione. « Tu n'as toujours pas officiellement démissionné, tu te souviens ? Ça risque d'être amusant. »
C'était vrai. Et demain, c'était le week-end, et il n'aurait pas à enseigner pendant deux jours entiers.
Et il avait une fête à organiser.
En souvenir du bon vieux temps, ils avaient décidé que cette fête se passerait dans leur bistrot habituel, mais avec des trucs à grignoter plus haut de gamme, et un open bar.
Severus aurait été prêt à utiliser tout ce qui lui restait de l'argent qu'on lui avait donné pour les pots-de-vin, mais Hermione, coup de génie, avait eu l'idée de vendre à la Gazette du Sorcier les droits de reportage exclusifs de la fête. L'auguste institution avait fait preuve de son habituel sens de l'éthique, et le journaliste venu rendre compte de la soirée fut bien content de prendre quelques photos de tout le monde, avant d'aller se faire voir ailleurs, l'article qu'Hermione venait de lui dicter à la main, et quelques gallions en poche histoire de se payer un verre.
« Bien, » dit Smudger. « Maintenant que nous nous sommes débarrassés de lui, nous pouvons commencer la véritable fête. » Glissant deux doigts entre ses lèvres, il siffla pour prévenir les Gars qui attendaient dans la Salle VIP.
« C'est dingue, » dit Seagoon. « J'ai bien cru qu'il ne s'en irait jamais. Il ne s'est pas rendu compte qu'il y avait des gens qui attendaient là derrière ? »
« Salaud, » lança Grytpype-Thyne, en plissant les yeux, essayant de conserver sa position de 'méchant' parmi les Gars. Il prit une pose menaçante, et caressant sa baguette d'un air mauvais.
« Ne vous en faites pas, les Gars, le bar est gratuit, et il y a assez de bière pour tout le monde, » les tranquillisa Smudger. « Allez-y. »
Il y eut une ruée vers le bar, tous les Gars se précipitant en même temps. Après une bonne dose de bousculade, et quelques coups de coudes discrets, une sorte d'ordre finit par s'établir.
Severus attendit que les derniers traînards aient passé leur commande avant d'aller lui-même jusqu'au bar. Ce n'était pas comme si les fûts risquaient de se retrouver à sec, il avait donné des instructions très claires sur la quantité d'alcool qu'il faudrait prévoir pour cette soirée.
« Hermione, Minerva, qu'est-ce que vous prendrez ? » demanda t'il par dessus son épaule.
« Oh, je crois que nous allons essayer les cocktails, qu'en dites-vous, Minerva ? » affirma Hermione, se glissant entre deux attardés pour attraper la carte des cocktails et faire son choix.
Minerva ne savait pas si elle devait rougir ou ricaner en lisant les noms plus ridicules les uns que les autres. « Je vais prendre une Caresse Intime, » dit-elle. « Ça a l'air intéressant. »
« Oui, n'est-ce pas ? Et toi, Severus ? Est-ce que tu prendras une Caresse Intime, toi aussi ? » demanda innocemment Hermione.
« Tu sais quoi, je crois que je vais essayer, » répondit-il. « L'amertume ne me dit rien du tout, ce soir. »
Ils prirent place à une table avec leurs verres. Minerva lança discrètement un sortilège de nettoyage, et renifla en voyant l'état d'entretien général du bistrot. « Et vous venez ici souvent ? » demanda t'elle à Severus.
Hermione ricana dans son verre. « Arrêtez de draguer mon petit ami, Minerva. »
« C'était une question tout à fait innocente, » répliqua Minerva. « Je me demandais simplement comment Severus pouvait passer ses vendredi soirs dans une bauge comme celle-ci. »
Severus balaya le Pub du regard. Il était minable, mais pas crasseux – entre la pollution londonienne, et les centaines de fumeurs tirant avidement sur leurs cigarettes, les tables étaient un peu collantes, et le papier peint était probablement là depuis le règne de Victoria, certes, mais c'était aussi l'endroit où il avait passé certains des meilleurs moments de sa vie.
Il soupira. « Ce n'est pas grand chose, je vous l'accorde, mais au moins, personne n'a jamais essayé de me poignarder dans le dos, ici. »
Hermione lui tapota la main, rassurante. « Ne t'en fais pas, mon chéri, je suis sûre que tu passeras bien d'autres soirées ici, et aux frais de Lucius, encore. »
« Hmmm ? » s'enquit Minerva.
« Lucius va être le prochain Seigneur des Ténèbres, » expliqua Severus. « Donc, il va évidemment avoir besoin de nouveau Disciples, et peut-être qu'il faudra faire preuve d'un peu de persuasion pour les convaincre de le rejoindre. »
« Ça se tient, » convint Minerva. « Alors, est-ce que vous avez réfléchi à ce que vous allez faire dans la vie, tous les deux ? »
Severus était au beau milieu de son explication sur la façon dont il comptait mettre le monde magique à ses pieds grâce à une superbe combinaison de chantage, chantage, et encore plus de chantage, quand Seagoon apparut près de lui.
« Harry vient de défier Smudger aux fléchettes. Il faut que tu fasses quelque chose, » lâcha t'il.
« Oh, je ne sais pas. Après tout, c'est lui qui a éliminé Sa Seigneurie. » Severus attrapa son verre, avec un sourire ironique. Après tout, s'ils avaient laissé Harry prétendre qu'il avait tué le Seigneur des Ténèbres, c'était pour protéger Neville des dangers qui en découleraient. Jouer aux fléchettes avec Smudger avait tout l'air d'être un 'danger qui découlait'.
« Mais il a bu des fœtus ! » insista Seagoon.
« Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu. » Severus secoua la tête, l'air navré.
Du fond de la salle leur parvinrent un bruit étouffé, un cri, et la voix paniquée de Ron Weasley qui disait, « Harry ? Harry ? Parle-moi, Harry ! Est-ce que tout va bien ? »
« Severus, arrête un peu de jubiler, » lui lança sévèrement Minerva. « Et vas donc voir si Monsieur Potter est toujours dans le royaume des vivants. »
Hermione but la dernière gorgée de son verre, et se leva. « Ne vous en faites pas, je m'en occupe. »
Harry n'était pas gravement blessé, mais retirer la fléchette de l'endroit où elle s'était logée dans son épaule allait se révéler ardu. Si elle ne faisait pas attention, elle risquait de plier la pointe. Severus, se penchant par dessus son épaule, et lui faisant de l'ombre, supervisa l'intégralité de la procédure, en lui fournissant un flot incessant de conseils.
« Voilà, » dit-elle vivement, extrayant la fléchette pour la tendre à Ron. « Pas de bobo. »
« C'est facile à dire, pour toi, » protesta Harry. « Ça fait mal ! »
Severus marmonna quelque chose de désagréable entre ses dents, avant d'ajouter un peu plus fort, « Vraiment, Smudger, tu sais pourtant que les fléchettes, tu devrais t'abstenir. »
« Si je peux pas jouer aux fléchettes un jour comme aujourd'hui, alors quand ? » répliqua Smudger, un peu vexé. Ce n'était pas de sa faute si le gamin s'était montré trop stupide pour se lancer un 'Protego' avant de commencer la partie, quand même, si ?
« Pourquoi est-ce que tu ne reprends pas un verre ? » proposa Hermione. « De toute façon, je crois que tu as gagné cette partie. »
Harry hocha la tête. « Je te laisse la victoire, je ne prends pas le risque d'un autre lancer, après tout, j'aimerais sortir d'ici en un seul morceau. »
« Bon, bon, si tu veux jouer les rabat-joie, » grommela Smudger. « Va pour un autre verre, alors. »
Il y avait moins de monde au bar maintenant, juste un va-et-vient régulier de personnes, seules ou deux par deux, qui venaient chercher leur verre suivant. Smudger n'eut pas à attendre longtemps avant d'être servi. Pas de boisson pleine de chichis avec un petit parasol pour lui, merci bien ; il s'en tenait à la traditionnelle pinte.
« Alors, » demanda Smudger, regardant les Gars continuer à jouer aux fléchettes d'un œil envieux. « Comment est-ce que le Vieux Salaud a encaissé vos démissions ? »
« Plutôt bien, j'ai été déçu, » répondit Severus. « Je crois qu'il était bien plus préoccupé par le Baume Apaisant que Madame Pomfresh lui appliquait sur les fesses que par la nouvelle de notre départ à Hermione et à moi. Il ne m'a pas supplié de rester une seule fois, c'est vexant. »
« Je pense qu'il s'attend à pouvoir déléguer le problème du recrutement des remplaçants à Minerva, » intervint Hermione. « Une fois qu'il aura réalisé qu'elle prend six mois de vacances pour rattraper toutes celles qu'on lui doit pour ces dernières années, et qu'il va devoir s'occuper lui-même des entretiens, je pense qu'il prendra la pleine mesure de ce que ça signifie. Je m'attends à ce que nous recevions une paire de hiboux à ce moment-là, pour nous supplier de revenir, sans lésiner sur le chantage affectif. »
« J'imagine qu'il n'ira pas jusqu'à vous proposer une augmentation, quand même ? » demanda Smudger.
« Ça, je n'y crois pas une minute. Pas que ça ait la moindre importance, » répondit Severus. « Tout l'or de Gringotts ne me convaincrait pas de retourner travailler là-bas. »
« Sa-lut ! » s'exclama Smudger, l'attention soudain distraite par une silhouette près de la porte. « C'est qui, la fille aux cheveux roses, là-bas ? Elle a l'air plutôt sympa. »
« C'est Tonks, » expliqua Hermione. « Elle est ici pour assurer notre protection. Shacklebolt a insisté pour que nous ayons une protection, et c'est elle qui s'en occupe. »
« Une Auror ? » demanda Smudger. « C'est intéressant. Je ne suis jamais sorti avec une Auror avant, à part cette fois où y'en a une qui voulait tellement passer du temps avec moi qu'elle m'a sorti du pub manu militari. »
« Elle t'arrêtait, Smudger, » contra sèchement Severus. « Pour ébriété sur la voix publique, si je me souviens bien, et comportement indécent. »
« Ce n'était qu'une ruse, » répliqua Smudger. « Elle cherchait un prétexte pour pouvoir glisser ses mains sous mes robes. »
« Ça t'a coûté dix gallions de pot-de-vin, » insista Severus.
« Ça les valait, tu peux me croire. Elle avait des mains très agréables. Et elle les avait même réchauffées avant de me fouiller. Ça, c'est ce que j'appelle avoir de la considération. »
« Si tu veux faire sa connaissance, il te suffit de le dire, » proposa Hermione. « Je pense que vous pourriez vous entendre. Elle aime le Quidditch, déjà. »
« Est-ce qu'elle joue aux fléchettes ? »
« Je ne pense pas, non. » Hermione tressaillit à l'idée de Tonks et d'objets pointus ; ça ne pouvait que mal se terminer.
« Tant pis. Personne n'est parfait, après tout. Peut-être qu'elle aimerait apprendre ? » suggéra Smudger, plein d'espoir.
« Peut-être. » Hermione sourit à Tonks, et l'invita à approcher d'un signe de la main. « Tonks, je voudrais te présenter un de mes bons amis, Smudger. Smudger, voici Tonks. »
« Salut, » dit Smudger, avant de se retrouver aussi muet qu'une carpe.
« Il est un peu timide, » expliqua Hermione. « Mais il était en train de t'admirer de l'autre côté de la pièce, et il se demandait si tu accepterais de sortir avec lui l'un de ces soirs ? »
Smudger se dandinait d'un pied sur l'autre, comme un écolier. Hermione ne fut pas dupe un seul instant. Apparemment, Tonks non plus.
« En tout bien tout honneur ? » demanda Tonks. C'était une Auror, et elle s'y entendait à mener un interrogatoire. De plus, elle était déterminée à savoir ce qui se cachait exactement derrière cette invitation.
Smudger rougit à ce qu'impliquait la question. « Je peux t'assurer que mes intentions sont tout ce qu'il y a de plus honorables. »
« A quoi bon passer la soirée ensemble, alors ? » demanda Tonks avec un grand sourire.
« D'accord, j'avoue, mes intentions ne sont pas le moins du monde honorables, mais je discerne en toi une sorcière pleine de tempérament et de détermination, qui ne cédera pas facilement. Ça me va, j'aime les défis. »
« Exactement. Puisque nous nous sommes bien compris, je veux bien sortir avec toi. »
« Tu ne saurais pas des fois jouer aux fléchettes, si ? » demanda Smudger.
« Je connais les règles, » répondit-elle. « Mais ils ne me laissent jamais jouer ; je ne suis pas assez douée. »
« C'est marrant que tu me dises ça, » répliqua Smudger, en l'attrapant par le coude. « Parce que je ne sais pas pourquoi, mais les Gars ne me laissent pas jouer aux fléchettes non plus. Qu'est-ce que tu en dis, ça te tente d'essayer de leur montrer à quoi ça ressemble, une vraie bonne partie ? »
Ils s'éloignèrent en direction de la cible, laissant derrière eux Severus et Hermione qui les regardaient avec indulgence.
« Nous devrions peut-être nous éloigner un peu, » dit Severus.
« Tu as raison, laissons leur un peu d'intimité, » approuva Hermione.
« A vrai dire, je pensais surtout à nous mettre à couvert. Je serais plus tranquille s'il y avait une bonne épaisseur de bois entre moi et Smudger, s'il doit avoir des fléchettes entre les mains. Tu as bien vu ce qui était arrivé à Potter. »
« Il ne peut pas être mauvais à ce point ? » s'étonna Hermione, ignorant le sourire moqueur de Severus. « N'est-ce pas ? C'était seulement un manque de chance, non ? »
Severus secoua la tête. Hermione jeta un regard nerveux vers le couple. Smudger se préparait à lancer sa première fléchette, et elle se demanda si s'écarter serait faire preuve d'un manque de tact.
« Ah, » s'exclama Severus, l'air très content de lui. « Regarde un peu qui arrive – le prochain Seigneur des Ténèbres en personne. »
Hermione suivit son regard, pour voir Lucius Malefoy debout près de la porte, l'air dédaigneux. Evidemment, dire que Lucius avait l'air dédaigneux, c'était comme de dire que Lucius ressemblait à Lucius. C'était son état de base, et rien de moins qu'une véritable douche de mauvais sorts ne serait capable de lui ôter cette expression du visage.
Ô combien elle rêvait de tester elle-même cette hypothèse.
Lucius flâna tranquillement à leur rencontre, parvenant à traduire le malaise qu'il éprouvait d'être vu au milieu de tant de gens du commun dans chacun de ses pas. « Severus, Sang d… Miss Granger. »
« Lucius, nous étions justement en train de parler de toi, » répondit tranquillement Severus, se déplaçant légèrement afin que le nouveau venu s'interpose entre lui et la cible. « Alors, tu viens jeter un œil à tes troupes ? »
« Quelque chose comme ça, » admit Lucius. « Narcissa commençait à se montrer un peu nerveuse au sujet de notre place dans le nouvel ordre du monde magique, alors je me suis dit que j'allais faire d'une pierre deux coups. En venant ici, je lui donne l'impression que je fais quelque chose pour améliorer notre position, et pendant ce temps au moins je n'ai pas à l'écouter geindre. »
« Oh, je compatis, » dit Severus, sans se donner la peine de feindre la sincérité. « Narcissa a tendance à monter dans les aigus quand les choses ne vont pas comme elle le voudrait, si je me souviens bien. »
Lucius frémit. « Ça conduirait n'importe quel homme vers la bouteille, » affirma t'il. « Mais je ne peux pas me permettre d'exagérer de ce côté. La dernière chose dont un homme ait besoin le lendemain d'une bonne soirée, c'est de Narcissa qui lui tombe dessus pour lui seriner qu'elle n'a jamais le droit de s'amuser, elle qu'elle n'a jamais l'occasion d'aller nulle part, et que ce n'est vraiment pas juste que ce soient toujours les hommes qui fassent les trucs excitants. »
« Je peux comprendre son point de vue, » intervint Hermione.
« Evidemment, » convint Lucius, amer. « Les femmes – vous êtes bien toutes les mêmes. »
« Je pense que vous vous rendrez compte que vous faites erreur sur ce point, » répliqua t'elle, d'une voix glaciale. « Cependant, si vous étiez aussi intelligent que vous pensez l'être, vous seriez capable de tirer bénéfice de la déception de Narcissa. »
Lucius affichait une expression neutre. Il était plus doué que les garçons pour garder un air intelligent tout en ce demandant ce qui pouvait bien être en train de se tramer, mais il n'en était pas moins complètement perdu.
« Narcissa s'ennuie, » expliqua t'elle patiemment. « Donnez-lui quelque chose à faire. Il y a certainement des gens que vous avez besoin de persuader de faire des choses – et là, je vous parle de véritable persuasion, et pas des accords qu'on obtient baguette à la main – et dans ce cas, une femme attirante peut se révéler utile. Je suis sûre qu'un certain nombre d'épouses seraient ravies d'être invitées au Manoir Malefoy, simplement pour pouvoir se vanter auprès de leurs amis d'y avoir mis les pieds. »
Lucius avait toujours une expression neutre, mais cette neutralité était la façade de quelqu'un qui venait juste d'avoir une série d'idée absolument brillantes, et se demandait laquelle essayer en premier. Hermione savait qu'il avait déjà fait les premiers pas sur la route qui ferait de cette idée la sienne, jusqu'à ce que quelque chose tourne affreusement mal, auquel cas il se souviendrait soudain que c'était elle qui lui avait fait cette suggestion, finalement.
Il avait été un temps où elle était jeune, innocente, et pleine de confiance envers autrui – mais sa première réunion des professeurs lui avait à jamais arraché toutes ces illusions.
« Lucius, mon vieux, » lança Severus, appuyant juste un peu trop sur le mot 'vieux'. « Je croyais t'avoir entendu dire que tu mourais d'envie de boire quelque chose ? »
« Hummm. Hein ? Oh, oui, oui, c'est vrai, » répondit Lucius, son esprit abandonnant les noires machinations qu'il était en train de s'imaginer pour revenir à la conversation présente. « Attends, est-ce que tu es en train de proposer de me payer un verre ? »
« Mais bien sûr, Lucius, » répondit Severus sans faillir, lui passant un bras autour des épaules pour l'entraîner vers le bar. « Je t'en prie, commande ce qui te fait plaisir. Surtout n'hésite pas. »
Le fait que Lucius ne parvienne pas à voir comment il se faisait avoir ne l'empêcha pas de commander un triple brandy. Tant qu'à se faire entuber, autant s'assurer d'être modérément imbibé, de façon à anesthésier la douleur et à lui fournir un minimum d'alibi.
Et puis, un vrai Serpentard ne refusait jamais de profiter d'une opportunité quand celle-ci s'offrait à lui.
Une fois qu'il eut son verre en main – pas de glaçons, et jamais il ne saurait comment il avait eu la force de résister à l'envie de jeter un mauvais sort à ce philistin de barman qui lui avait posé une question pareille – il se retrouva dans la situation délicate de décider qui honorer de sa compagnie. Hermione était plongée dans une conversation privée avec Severus, qui lui souriait béatement. Les interrompre serait malpoli, et puis, il devait admettre qu'Hermione le rendait nerveux. Il avait entendu parler du sort qu'elle avait réservé à Bellatrix, et s'il était possible d'ignorer la version des faits imprimée dans la Gazette du Sorcier – un ramassis de sornettes – il avait entendu Perkins, qui était présent sur les lieux, raconter ce qui s'était passé. Il savait donc exactement à quel point elle pouvait être dangereuse.
Il n'était pas non plus du genre à traîner avec les Gars. Smudger n'était pas si désagréable, mais Grytpype-Thyne lui tiendrait la jambe comme un roquet, déterminé à profiter au maximum de l'opportunité qui lui serait donnée de parler à un Malefoy. Lucius n'avait en général rien contre l'obséquiosité, mais pour une fois il avait envie d'apprécier tranquillement son verre.
Son regard se posa sur Minerva, assise seule à une table, qui regardait Smudger jouer aux fléchettes.
Il avait eu l'occasion de discuter avec elle lors de réunions des Gouverneurs, et elle semblait être une sorcière relativement sensée ; quelqu'un avec qui il pourrait aller bavarder, et qui laisserait peut-être échapper quelques informations sur les futurs projets de Dumbledore, le cerveau embrumé par l'alcool.
« Professeur McGonagall, » salua t'il poliment. « Est-ce que vous me permettez de me joindre à vous ? «
« Mais bien sûr, Monsieur Malefoy, » répondit-elle tout aussi poliment.
« Dumbledore n'est pas là ? » s'enquit-il, assez naturellement. Tout le monde avait entendu les rumeurs qui couraient sur ces deux-là, et c'était curieux qu'il ne soit pas là avec le reste des vainqueurs.
Elle tressaillit, il avait touché un point sensible. « J'ai bien peur qu'Albus n'ait été malencontreusement retenu ; beaucoup de paperasse en retard, ce genre de choses. »
Conscient qu'il venait de mettre les pieds dans le plat de façon magistrale, et que ce n'était pas de cette manière qu'il allait provoquer les confidences de quiconque, il changea de sujet avec un tact immense. « Mais qu'est-ce que c'est que cette infâme concoction moldue que vous buvez ? J'imagine que c'est un breuvage moldu, parce que je n'ai certainement jamais rien vu qui ressemble à ça. »
« C'est une Caresse Intime, » l'informa t'elle. « Quelque chose qu'ils appellent un cocktail. Tout ce que je peux en dire, c'est que c'est très agréable à boire, mais que ça vous descend droit jusqu'au bout des orteils. Mes pieds sont terriblement, terriblement ivres. »
« Ça m'a l'air… intéressant. » Lucius réfléchit soigneusement à la question. Personne ici ne prêterait attention au fait qu'il abandonne la haine de toute chose moldue qu'il avait entretenue toute sa vie durant, et puis après tout, les boissons étaient payées. Il avala son brandy d'un trait, grimaçant à peine, et demanda, « Je peux vous en apporter un autre ? »
Elle regarda son verre, regarda les gens qui s'amusaient autour d'elle, et serra les lèvres, décidée. « Pourquoi pas ? Si on ne peut pas boire quand on vient de vaincre un Seigneur des Ténèbres, alors quand ? Pourquoi ne ramenez-vous pas la liste des cocktails, pour qu'on puisse l'attaquer depuis le début ? »
C'était le désastre assuré, mais il ne pouvait pas reculer devant un défi de ce genre.
Plusieurs cocktails aux couleurs étranges plus tard, il avait eu droit à un bref résumé de la perfidie d'Albus, et la pièce s'était mise à tourner autour de lui. Maintenant, il comprenait ce que Minervaverva avait voulu dire en parlant de pieds ivres. C'était comme si l'alcool vous descendait droit dans les talons, et vous engourdissait peu à peu en remontant depuis les orteils. A ce stade de la soirée, ses jambes étaient pleines, et le liquide lui montait le long du torse, lui arrivant maintenant au niveau des tétons. De temps à autre, quand Minervaverva regardait ailleurs, il glissait une mains le long de son torse, et se pinçait les tétons, pour vérifier. Oui, ils étaient définitivement en train de perdre leur sensibilité.
Il était justement au milieu d'une vérification quand Dumbledore entra dans la pièce. Il devait admettre que la scène présentait mal : il était là, apparemment en train de se caresser de façon suggestive, au milieu d'une fête joyeusement échevelée, assis avec une Minervaverva McGonagagagalll éméchée.
Mais bon, ce n'était quand même pas une raison pour qu'Albus se mette à crier comme ça. Ou à faire des suggestions sur ses parents, ni aucune des autres insultes qu'il jugea bon de hurler à travers l'établissement bondé. Lucius était en train d'essayer de décider si d'être appelé un salaud de Serpentard à l'esprit tortueux, du genre à poignarder les gens dans le dos était une insulte ou un compliment, et au cas où ce serait une insulte, laquelle de ses deux baguettes il devait utiliser pour faire connaître ses objections, quand une large forme se matérialisa dans son champ de vision.
« Voyons, voyons, grand-père, » dit la forme. « Ce n'est pas la peine d'utiliser un langage pareil. »
« Qui est-ce que vous appelez grand-père ? » hurla Albus.
C'était une question plutôt stupide, se dit Lucius, malgré le brouillard de son esprit. Ce n'était pas comme si le pub débordait d'hommes à la longue barbe blanche, et Albus était de toute façons le seul à brailler.
Il n'y avait qu'une seule réponse logique à cela, et ça ne rata pas, le barman répondit, « Vous, grand-père. Et si vous ne vous calmez pas un peu, je vais devoir vous demander de vider les lieux. »
Albus aurait volontiers expédié l'homme au diable vauvert, quand il se souvint qu'il était dans un bar moldu. Il dût se contenter d'un regard assassin. « Mais il a volé ma petite amie, » protesta t'il, montrant Lucius du doigt.
Les Gars étaient fascinés. Smudger arrêta même de jouer aux fléchettes pour regarder le spectacle. Il était de notoriété publique que Lucius Malefoy était un grand séducteur, mais personne n'aurait jamais soupçonné qu'il aurait le culot de s'attaquer à la Vieille Culotte d'Acier en personne.
Il remontait dans leur estime.
Il n'était plus un snob et un dilettante ; il devenait un homme courageux et déterminé. Les opinions étaient divisées quant à savoir s'il était passé du côté des vainqueurs parce qu'il était tombé sous le charme de Minerva, où s'il s'était servi d'elle comme roue de secours pour le cas où Sa Seigneurie tomberait à la dernière haie, mais d'une façon comme d'une autre, il avait montré son talent supérieur pour le complot.
« Ne te ridiculises donc pas ainsi, Albus, » le morigéna Minerva, impitoyable. « Je ne suis pas ta petite amie, tu as été très clair sur ce point. Alors ne viens pas pleurnicher si je choisis de passer du temps avec un autre homme. »
Albus en resta bouche bée. « Comment ça, tu n'es pas ma petite amie ? Nous sommes fiancés. »
« Plus maintenant. »
« Mais qu'est-ce qui t'arrive, Minerva ? Est-ce que ce… ce… Malefoy t'a lancé un Imperio ? » balbutia Albus.
« Les seules choses qui me soient arrivées, ce sont trois Brandys, une Caresse Intime, un Sambuca flambé, et plusieurs Crèmes de menthe. Monsieur Malefoy s'est comporté en parfait gentleman, et nous passions une soirée plutôt agréable avant que tu n'arrives. »
Lucius avait écouté les jérémiades de Minerva avec surprise. Lui tenait toujours parole, parce qu'il trouvait qu'il était important qu'on puisse le croire sans réserve. Evidemment, cette philosophie ne s'appliquait pas à la question de la fidélité à sa femme, mais Narcissa avait certainement réalisé qu'il n'en pensait rien quand il avait prononcé ce vœu ?
Mais là n'était pas le sujet. Le point important, c'était qu'on ne pouvait pas commencer à faire des promesses aux gens pour ensuite ne pas les tenir. Que ce soient des promesses du genre 'je te pourchasserai jusqu'à ce que mort s'ensuive' ou 'j'accepte de suspendre les hostilités contre toi pendant que nous réglons son compte à cet individu, mais notre rivalité reprendra tous ses droits à une date ultérieure' – une parole, c'était sacré.
La seule occasion dans laquelle il était possible de revenir sur une promesse, c'était quand on était absolument certain que la personne ne serait jamais en position de se venger. Ça ne s'appliquait certainement pas au fait de revenir sur une demande en mariage faite à votre Directrice Adjointe.
Pas si vous vouliez qu'elle fournisse le moindre travail à l'avenir, en tout cas.
« Minerva ! » geignit Dumbledore. « Comment est-ce que tu peux me faire ça, après tout ce que nous avons été l'un pour l'autre ? »
Minerva se contenta de renifler, et de lever le nez, l'air dédaigneux.
« Ooohh, là t'as des ennuis, mon pote, » intervint Smudger, secourable. « C'est toujours mauvais signe quand elles reniflent comme ça. »
Les Gars mariés hochèrent tous la tête.
« Je crois que je vais pouvoir régler cette affaire sans votre contribution, merci bien, » dit Albus, tranchant.
« Apparemment, tu te débrouilles pas si bien que ça, » répliqua Smudger. « Si j'étais toi, je crois que j'essaierais de ramper un peu. J'ai été choqué d'apprendre la façon dont tu traitais une chic sorcière comme elle. Tu devrais tomber à genoux et remercier le dieu de ton choix que quelqu'un d'aussi formidable que Minerva ait accepté de sortir avec toi. »
« Je ne vois pas de quoi est-ce que je devrais m'excuser, » dit Albus, « et puis de toutes façons, ce ne sont pas vos affaires. Et je ne sais toujours pas ce que je suis supposé avoir fait. »
Les Gars mariés compatirent. Ils connaissaient eux aussi la terreur de devoir comprendre ce qu'on leur reprochait à partir de quelques commentaires bien sentis et de silences lourds de sens.
« Espèce de salaud ! » s'exclama Minerva. « Comment est-ce que tu peux venir ici pour me dire une chose pareille alors que tu as essayé de te défiler quasiment depuis le moment où tu m'as demandé de t'épouser ! »
« Ce n'est pas vrai ! » rétorqua Albus d'un ton indigné. « J'essayais simplement de te protéger, espèce d'idiote. C'est plutôt difficile d'être heureux en mariage quand ta femme est éparpillée sur le terrain de Quidditch façon puzzle. »
Minerva renifla. « Foutaises. »
Albus avança d'un pas vers elle, et posa une main sur son bras. « Minerva, je t'en prie… Tu sais que je t'aime. »
« Alors prouve-le moi, Albus – abandonne la chose qui compte le plus dans ta vie. »
« Comment, tu veux que je démissionne de mon poste de Directeur ? » demanda t'il, devenant si pâle que même ses lèvres semblèrent devenir blanches.
« Ta barbe, » expliqua t'elle. « Je veux que te coupes la barbe. Je l'ai toujours détestée – c'est comme si j'embrassais un hérisson. »
Les Gars retinrent tous leur souffle, horrifiés. Quand Minerva frappait, elle allait droit à la jugulaire. Tout le monde savait combien Albus aimait sa barbe, elle lui donnait un air sage et digne. Même Lucius ressentit un bref moment de compassion pour le sorcier, avant de l'écraser sans pitié.
« Tu ne peux pas être sérieuse ? » demanda Albus, jouant la montre.
Minerva hocha la tête, implacable.
« Et les choses redeviendront comme elles l'étaient avant ? » demanda t'il.
« Non, Albus. Ensuite, nous parlerons de ce que nous allons faire à l'avenir. Mais si tu ne te rases pas la barbe, nous n'arriverons même pas à ce point. »
Albus déglutit.
Lentement, très lentement, il sortit sa baguette. Il marqua une pause, pour profiter de ses derniers instants de pilosité, avant d'énoncer, « Barbae. »
Sa barbe se détacha de son visage, chaque poil se tombant un par un.
« Voilà, » dit-il. « Est-ce que tu es contente maintenant ? »
Minerva s'adoucit un moment devant pareil sacrifice, avant de se souvenir qu'elle avait décidé d'adopter la manière forte avec lui désormais. « Ça ira pour un début, » convint-elle. « Mais il nous reste encore beaucoup à discuter, Albus. »
« Nous pourrions le faire ailleurs, » répondit-il, jetant un regard chargé de sens à leur public. « Reviens à la maison avec moi, Minerva, reviens. »
« D'accord, » accepta t'elle. « Mais ne crois pas que ça veut dire que tout est réglé, parce que ce n'est pas le cas. Nous sommes encore loin d'en avoir fini. »
Albus hocha la tête, et attrapa la cape de Minerva sur le dossier de sa chaise pour la lui tenir. Elle le laissa l'aider à l'enfiler, et ils se dirigèrent tous deux vers la porte.
Un silence absolu se prolongea pendant plusieurs secondes après leur départ, jusqu'à ce que Lucius dise, « Eh bien, c'était plutôt décevant. Je m'attendais à voir voler plus de sorts. »
« Moi aussi, » avoua Severus. « Ça aurait été une parfaite fin pour cette soirée. »
« On ne peut pas tout avoir dans la vie, » affirma sagement Smudger. « De toute façon, je suis persuadé qu'avec la nouvelle façon de voir la vie de Minerva, plus déterminée, ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne lui arrache le nez d'un sort, ou quelque chose d'autre. »
Severus eut un rictus à cette idée.
« En attendant, il nous reste toujours un autre verre, » ajouta Smudger.
« Il y a toujours un autre verre, » dit Lucius en écho, hochant la tête.
« Dans ce cas, je crois qu'il est temps de porter un toast, » lança Hermione. « A l'un des sorciers les plus courageux que je connaisse, sans qui rien de tout cela n'aurait été possible. Je lève mon verre à… Smudger ! »
« A Smudger ! » reprit la foule.
Severus sourit moqueusement à Harry, qui avait l'air très contrarié des hourras que recevait Smudger.
« Evidemment, nous n'aurions rien pu faire non plus sans toi, » dit Hermione, se retournant pour embrasser Severus sur la joue. Refusant ce traitement indigne, il tourna la tête pour qu'elle puisse l'embrasser comme il se devait.
« Oh, mon Dieu, » laissa échapper Harry, qui se tenait derrière eux. « Est-ce que je peux me crever les yeux avec ma baguette, maintenant ? »
Hermione lui fit signe de se taire, tout en continuant à embrasser Severus.
« Ce n'est pas une si mauvaise idée, » dit Lucius.
« Quoi, de se crever les yeux ? » demanda Ron.
« Non, de trouver une jeune sorcière affectueuse avec qui passer un petit moment tranquille. Je crois, si vous voulez bien m'excuser, Messieurs, que je vais aller voir si je peux trouver une demoiselle de ce genre. » Il se leva avec précaution, et avança jusqu'à la porte avec une prudence infinie. « Je vous vois le mois prochain, j'imagine ? »
« Ça me semble pas mal, » approuva Smudger. « On est toujours d'attaque pour un peu de complot machiavélique, pas vrai les Gars ? »
« Très bien alors, » répondit Lucius, entrouvrant la porte. « Severus, mon vieux, essaie d'adopter une attitude un peu plus convenable. Je suis persuadé que tu as quelque part un lit tout à fait confortable dans lequel te comporter ainsi. »
« Même Lucius peut avoir raison de temps à autre, » murmura Severus contre les lèvres d'Hermione. « Est-ce que nous ne devrions pas laisser ces mauvais sujets s'amuser sans nous ? »
« Oh, oui, » approuva t'elle.
Il leur fallut plusieurs minutes pour rassembler leurs affaires, et dire bonsoir aux Gars, puis ils sortirent et Transplanèrent.
Plus tard cette nuit, étendu, épuisé, le nez confortablement calé entre les seins d'Hermione, il se dit qu'il n'avait jamais été plus heureux qu'en ce moment. Mieux encore, il s'attendait à être encore heureux le lendemain, et le lendemain encore.
Il eut un sourire ensommeillé.
Peut-être même que lundi, il pourrait accorder des points à Gryffondor. Après tout, ils n'étaient pas tous si mal que ça. Certains d'entre eux étaient même très bien.
Et puis, ça effraierait les gamins au delà de tout, surtout s'il souriait au même moment.
Oh, oui, il trouverait encore de quoi s'amuser tranquillement tant qu'il serait à Poudlard.
Et ensuite, il serait libre. Enfin.
FIN.
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Nos héros commencent déjà à vous manquer ? Pas de panique, il y a une suite à leurs aventures. Le résumé, pour vous mettre l'eau à la bouche : "Severus n'a pas l'air dans son assiette. Mais est-ce que Lucius et Smudger sont vraiment les personnes les mieux placées pour lui donner un coup de main ?"
Trop fort le Mangemort 2, prochainement sur vos écrans. A bientôt !
benebu
