Voilà que le chapitre 17 arrive ! J'espère que ces trois semaines d'attente n'auront pas été trop longues... De mon côté, je suis partie en convention pour deux jours de dessin intensif, j'étais ravie de voir du beau monde et de pouvoir discuter avec. (coucou la Bible ! ;) Notre fanzine prépare un fanbook sur Yuri on ice, du coup, si vous êtes fans de la série, je vous conseille chaudement de faire un tour sur mon profil pour en savoir plus ;)
Bref, petites annonces mises à part, j'espère que ce chapitre vous plaira ! Je vais poster le dessin assorti au chapitre sur Deviantart juste après ce chapitre, n'hésitez pas à y jeter un œil une fois le chapitre fini. Bonne lecture à vous !
Chapitre 17 : Des jours nostalgiques (Alphonse)
- Winry ? Tu as un moment ?
- Pas maintenant, Al, marmonna-elle, une vis coincée entre les dents.
Je poussai un infime soupir et restai sur le pas de la porte à la regarder travailler. Elle était penchée sur son atelier, en train de remonter une main mécanique. L'homme à qui elle appartenait avait eu son automail détruit quand l'essieu d'une charrette s'était brisé, lui tombant dessus. Il était donc venu la voir trois jours auparavant, peu après qu'Edward m'ait appelé pour dire qu'il était de retour à Central. Winry et moi avions l'intention de revenir le voir à la capitale, mais ce travail lui était tombé dessus, et depuis, j'hésitais à partir seul.
En vérité, je n'en n'avais pas très envie. Je me sentais en décalage avec le reste du monde, et l'idée de me séparer de Winry, même avec la perspective de retrouver mon frère, me faisait craindre de perdre pied. J'avais l'impression d'être en permanence hors de la réalité, et je ressentais le besoin de me raccrocher au moindre élément familier pour me rassurer. Et puis, depuis sa transformation, je n'arrivais plus à me sentir parfaitement à l'aise en présence d'Edward, et je lui en voulais encore d'avoir voulu me cacher un pan entier de ma vie.
J'avais l'impression d'être une gêne pour lui, impression confirmée par l'ordre de son supérieur de partir à Lacosta sans moi. Bon sang, que je détestais cet homme ! Ce n'était pourtant pas mon genre d'avoir une dent contre quelqu'un, en général, on me reprochait plutôt d'être trop gentil. Mais le regard qu'il m'avait adressé, et la froideur horrible avec laquelle il avait parlé à mon frère… Rien que d'y penser, ça me hérissait le poil.
J'aurais voulu qu'Edward lui désobéisse et me dise de l'accompagner en dépit de ses avertissements, mais ça n'était pas arrivé. Malheureusement, et c'était sans doute le plus vexant dans l'histoire, étant donné mon apparence d'enfant et la nature de la ville dans laquelle il était parti en mission, j'aurais sans doute été réellement gênant. Affronter cette idée était un peu humiliant, mais il valait mieux être lucide et admettre que finalement, c'était encore à Resembool que j'avais le plus ma place. D'un autre côté, Winry m'avait manqué, et le fait de la revoir était assez réconfortant.
Bon, aussi réconfortant que peut l'être une mécanicienne caractérielle qui passe ses journées à travailler. Les incidents à Resembool s'étaient multipliés en son absence, et Pinako était restée alitée plusieurs jours, l'obligeant à travailler d'arrache-pied pour rattraper son retard.
- Tu es encore là ? s'étonna la blonde en se retournant vers moi, réalisant que j'étais resté à la regarder.
- Euh, oui, bafouillai-je, maladroitement.
- Tu n'as rien à faire ?
- Pas vraiment...
- Tu devrais voir à l'étage si Pinako n'a pas besoin de ton aide, fit l'adolescente, de nouveau absorbée par son travail.
- Tu as raison, marmonnai-je avant de me détourner et remonter les marches à contrecœur.
Ce n'est pas Pinako que j'ai envie d'aider, pensai-je amèrement. Et en passant, la connaissant, je doutais qu'elle ait réellement besoin de moi. Par acquis de conscience, je passai tout de même la voir, et elle me répondit d'un ton impatient qu'elle n'avait pas besoin de moi quand tout ce qu'elle avait à faire, c'était réinstaller une prothèse.
Cela me rappela de mauvais souvenirs, qui m'envahirent brutalement.
C'était à l'hôpital, quelques jours après les accidents du cinquième laboratoire, alors que mon frère était au plus bas. J'avais supplié Winry de la laisser l'aider pour l'opération de réinstallation des automails d'Edward, et elle m'avait rembarré avec persévérance, invoquant toute une série de raisons que j'avais repoussées maladroitement. La remarque la plus blessante avait sans doute été celle portant sur mon jeune âge, et je m'étais indigné en lui rappelant qu'elle n'avait qu'un an de plus que moi quand elle avait réalisé et posé des automails pour Edward la première fois.
Malgré ma persévérance, cette discussion s'était soldée par une dispute et un refus ferme et définitif. Après l'opération, à laquelle je n'avais pas assisté, nous nous étions murés dans un silence boudeur que Ross, la militaire qui nous avait ressortis du cinquième laboratoire quelque temps auparavant, avait tenté de briser en vain, jusqu'à ce que l'infirmière nous apprenne la disparition d'Edward, et que la panique nous fasse oublier nos différends.
Nous étions partis à sa recherche en catastrophe, et l'avions retrouvé roué de coups par un ennemi qui s'était enfui en laissant derrière lui mon frère bien cabossé et la silhouette inanimée de Hugues baignant dans son sang. Une vision de cauchemar qui n'avait pas fini de me hanter.
J'étais resté figé d'horreur, regardant mon frère ramper vers la cabine pour se pencher vers le corps de notre ami et se raccrocher au combiné téléphonique, sans parvenir à assimiler réellement ce qui se passait. Je m'étais senti envahi par un immense choc face à la scène, un trop-plein d'émotions avait pesé sur moi, m'empêchant presque de respirer. Ce ne fut qu'une fois que Winry m'avait dépassé en courant pour le rejoindre que j'étais sorti de ma léthargie en tentant maladroitement de les aider.
Pinako ne pouvait pas deviner tout ce que sa réponse sèche à ma proposition de l'aider avait pu faire remonter, et même si je me sentais affreusement mal, je savais qu'il était inutile de lui en vouloir. Alors, après avoir essuyé ce nouveau refus, je sortis de la maison pour aller m'asseoir sur la barrière qui séparait le bâtiment du chemin. Je me gavai les yeux de ce paysage merveilleusement verdoyant, de ces collines généreuses où on voyait de nombreux troupeaux de mouton paître ici et là.
C'était là où j'avais grandi et fait les quatre cent coups, je connaissais ce paysage par cœur, mais après mon séjour à Central entre les murs blancs de l'hôpital, cette région me paraissait soudainement incroyable. Ce ciel dégagé, ce bocage qui s'étendait à des kilomètres à la ronde, ces nuances de vert intense, ce silence bercé par le vent...
Cet ennui...
Je ne me sentais plus être un enfant, et les journées passées à essayer d'attraper les sauterelles, à grimper aux arbres et à patouiller dans les ruisseaux étaient passées depuis longtemps. Les derniers événements avaient donné un goût amer à tous ces souvenirs et avait brisé quelque chose… Mais hormis ces jeux, je n'avais rien à faire ici. Winry et Pinako avaient leur routine et étaient tout à fait habituées à se débrouiller par elles-mêmes, me faisant sentir gênant, qu'elles le veuillent ou non. Edward n'était pas là, et les gens dans le village me paraissaient tous plus lointains les uns que les autres. Je réalisais que j'avais vécu mon enfance dans une bulle avec Winry, mon frère et nos familles respectives.
Bien sûr, j'étais allé à l'école, je connaissais tout le monde au moins de vue, mais... Cela faisait tellement longtemps pour eux que j'étais parti qu'ils n'avaient pas grand-chose à me dire. Ceux avec qui j'avais passé des jours sur les bancs de l'école faisaient au moins une tête de plus que moi, avaient la voix grave et commençaient même, pour certains, à avoir du poil au menton. Je ne pouvais même pas leur raconter nos dernières aventures, puisque je n'en avais aucun souvenir et que je n'aurais fait que recracher des récits qu'on m'avait rapportés, avec leurs imprécisions et leurs lacunes.
Et visiblement, j'avais quelque chose d'effrayant. Sans doute que moi aussi, si je me retrouvais face à quelqu'un qui avait rajeuni de quatre ans et avait perdu ses souvenirs, je me serais senti très mal à l'aise.
Moi qui espérais trouver un peu de réconfort dans mon séjour à Resembool, je me sentais plus seul que jamais. Le seul espoir qui me restait, celui de retrouver les murs familiers de ma maison, s'était aussi envolé peu après mon arrivée ici...
En arrivant devant le terrain où il ne restait plus que des ruines calcinées envahies par le lierre et les herbes hautes, j'avais découvert à mes dépends qu'Edward et moi avions choisi de brûler la maison dans laquelle nous avions grandi lors de notre départ. « Parce que nous ne pouvions aller que de l'avant. » Quelle ironie pour moi, qui étais resté bloqué en arrière. Bien sûr, quand je m'étais retrouvé seul devant ces ruines flanquées de l'énorme marronnier qui jouxtait la maison, je n'avais eu aucun moyen de savoir quelle était la raison de cette disparition.
Je m'étais contenté d'arpenter les anciennes pièces au milieu des herbes folles, des ronces et des orties. Il restait quelques poutres maîtresses qui n'avaient pas fini de brûler et s'étaient effondrées en travers, maintenant envahies par les termites et le lichen, progressivement en train de se désagréger tandis que la nature reprenait ses droits, quelques pans de mur dégradés par le temps, les tomettes de terre cuite qui dallaient l'entrée, noircies par le feu et descellées par les plantes qui s'y frayaient un chemin. Ça n'était pas grand-chose, mais je connaissais tellement cette maison par cœur que je n'avais pas besoin de la voir pour me figurer l'endroit où les murs se dressaient auparavant, les meubles et tout ce qui s'y trouvait.
Pour les autres, ça faisait bien trois ans que les lieux avaient disparu… mais dans mes souvenirs, j'y étais il y a moins d'un mois. Je me remémorais parfaitement la couleur du papier peint du salon et du bureau inoccupé de papa, la déchirure à droite du tableau sur le mur de l'entrée, le carreau fendu dans le carrelage de la cuisine, le nombre de marches dans l'escalier, la boîte à biscuits de Maman...
Tout cela, on me l'avait enlevé. On me l'avait enlevé une première fois quand elle était morte, et que plusieurs objets avaient été vendus pour payer ses obsèques, et on me l'avait enlevé de nouveau quand cette maison avait brûlé. Alors je m'étais adossé à l'empilement de poutres branlantes, contre l'amoncellement de pierres qui avait été la cheminée de la cuisine, et je m'étais recroquevillé pour pleurer en silence, presque avalé par la verdure piquante qui envahissait le peu qui restait de mes souvenirs d'enfance.
J'étais chassé du présent comme de mes souvenirs, et tout me montrait que je n'avais pas de place, nulle part. J'étais resté à pleurer des heures, jusqu'à ce que Den, le chien de la famille Rockbell, me trouve et me lèche les bras, suivit de Winry, quelques minutes plus tard. En me voyant, elle avait compris sans que je dise quoi que ce soit. Elle m'avait ordonné de rentrer d'une voix douce en me prenant par l'épaule, et Pinako et elle m'avaient raconté aussi précisément que possible leurs souvenirs de ce qui s'était passé cette nuit-là. J'avais les bras et les jambes couvertes d'écorchures et de piqûres après avoir traîné dans les orties et les ronces, et la douleur, d'abord effacée par le choc de ma découverte, était revenue dans la nuit, m'empêchant de fermer l'œil.
Depuis cette soirée, j'errais, sans but réel, traversant les journées comme un fantôme. Tout ce que j'attendais, c'était que Winry ou Edward me demandent de l'aide. Mais elle se passait très bien de moi, et pour lui... j'étais une gêne. Quand j'avais découvert tout ce qu'il m'avait caché, à quel point il m'avait menti, je m'étais senti profondément en colère. Qu'il évite de parler de ce qui s'était passé il y a des années, je pouvais encore le comprendre même si c'était terriblement frustrant d'ignorer son propre passé, mais me maintenir dans l'ignorance d'événements en cours, surtout aussi importants, ça, je n'arrivais vraiment pas à l'accepter. Quand, après notre départ de Central, Winry m'avait annoncé ce qui s'était réellement passé durant l'enterrement de Hugues, j'avais eu beaucoup de mal à encaisser qu'ils m'aient caché une chose pareille, qu'il ait fait le choix de me tenir à l'écart.
Je n'avais pas eu le temps de lui dire à quel point je lui en voulais, à quel point je me sentais trahi… mais malgré tout, il me manquait alors quand nous étions au téléphone, j'éprouvais un mélange de soulagement et de nostalgie. Je le savais malgré mon jeune âge : rien ne serait plus jamais comme avant. Jamais nous ne pourrions être aussi proches que nous l'étions avant cette fameuse transmutation. La différence d'âge et tous ces souvenirs que j'aurais dû partager avec lui formaient un fossé infranchissable entre nous. Je me disais que quelque part, il m'en voulait un peu d'avoir oublié, tout comme moi, je lui en voulais d'avoir été transformé. L'idée qu'il soit devenu une fille, c'était tellement...
- Rhah, ça m'énerve ! m'exclamai-je d'un ton rageur.
Je me penchai en arrière et me laissai pendre à la barrière, tête en bas, tenu par les genoux et les pieds, comme nous le faisions souvent étant enfants. Le sexe de quelqu'un, ce n'était vraiment pas le genre de choses qui était censé changer. Cette idée me mettait très mal à l'aise, et je ne comprenais pas par quel miracle Winry avait accepté cette idée avec un simple haussement d'épaules. J'exagérais à peine. Un sursaut de surprise, trois questions, et elle avait repris ses occupations comme si de rien n'était.
J'avais le nez dans les herbes, et l'odeur de la terre vaguement humide m'enveloppait doucement. Comme le sang me montait à la tête, je me remis à l'endroit. Il fallait que je marche, que je fasse quelque chose. Je voyais bien que je tournais en rond, mais je n'arrivais pas à trouver quoi faire. Je n'arrivais même pas à décider à aller à Central-City sans que Winry m'accompagne. Mais je ne me voyais pas voyager sans compagnie, ni me retrouver seul avec Edward, avec qui je risquais fort de me disputer dès les retrouvailles. Ça me désolait de me voir aussi faible et indécis, surtout quand je pensais à tout ce que mon frère affrontait, seul. Je sentis que quelque chose de chaud poussait ma jambe et baissai les yeux. Den était à mes pieds, quêtant une caresse ou une promenade. Ce chien savait toujours venir me voir au moment où je me morfondais le plus on ne pouvait pas en dire autant des humains.
Je sautai au pied de la barrière, lui offris une caresse, et partis me balader dans les champs les plus dégagés où il me suivit à pas tranquilles. Le ciel était parsemé de quelques nuages blancs filant sous le vent qui faisait claquer ma chemise et briller les herbes par vagues successives. Les blés étaient dorés, prêts à être récoltés, les moutons s'étaient chargés de laine pour se préparer à l'hiver, et il faisait encore beau même si le temps un peu plus frais annonçait déjà l'automne à venir. Le soleil baissait, couvrant le paysage d'une lumière orangée qui embellissait tout ce qu'elle touchait. Quand je marchais d'un pas vif, j'arrivais à oublier un peu mes préoccupations et savourer vraiment la beauté des lieux. En tout cas, tant que je ne croisais personne. Je revins au bout d'environ une heure d'absence, et fus accueilli par une Winry qui courait vers moi.
- Al, où tu étais passé ? s'exclama-t-elle d'un ton inquiet.
- J'étais parti me promener, marmonnai-je.
- Tu aurais pu prévenir, quand même, je me suis inquiétée ! En plus, Edward a appelé il y a une dizaine de minutes. Il voulait te parler.
- Ah, mince ! lâchai-je, déçu.
- Tu vas pouvoir le rappeler, il a laissé un numéro.
- Oh.
Je ne prononçai pas un mot de plus et me précipitai dans la maison pour téléphoner à mon frère. Pinako me tendit le bout de papier en me voyant passer et je l'attrapai au vol, impatient d'avoir de ses nouvelles. Je décrochai et annonçai le numéro que je voulais joindre à la standardiste. La tonalité résonna deux ou trois fois avant que quelqu'un ne décroche.
- Allô ? fit une voix féminine qui me prit au dépourvu. Quartier Général de Central-city, j'écoute.
- Allô ? Euh... Je... Est-ce que Edward est ici ? bafouillai-je.
- Edward... ? fit-elle d'un ton interrogatif, attendant visiblement plus d'explications.
- Edward Elric.
- Edward Elric, le Fullmetal Alchemist ?
- Oui, c'est ça, répondis-je.
- Je l'appelle et je vous le passe dès qu'il arrive.
Le Fullmetal Alchemist... Je m'y ferai jamais... pensai-je, étonné pendant les quelques minutes de silence, avant qu'une voix beaucoup plus familière résonne au bout du fil.
- Allô, Al ?
- Ed ! Comment ça va ?
- Ça va pas trop mal. J'ai eu des soucis pour écrire mon rapport de mission, mais je suis arrivé au bout, et là, je suis libre comme l'air ! Comme ça avait l'air un peu compliqué pour toi et Winry de venir à Central, je me suis dit que le mieux serait de vous rejoindre.
- Bonne idée ! On pourra passer un peu de temps tranquille, comme ça ! répondis-je en sentant mon regard s'illuminer comme malgré moi à l'idée de le revoir.
- Oui, je voulais prendre le temps de discuter posément avec toi, par rapport aux derniers événements. Je n'ai pas pu prendre assez de recul, et j'ai fait des choses que je regrette...
- Comme me mentir sur les événements concernant Hugues ? demandai-je d'un ton un peu acide.
- Comme... ça, oui, soupira-t-il. Tu m'en veux encore ?
- Oui, soufflai-je. Je t'en veux de m'avoir mis de côté. Je sais que tu veux me protéger et que la situation n'était vraiment pas simple, mais je me sens ridicule. J'ai l'impression que tu me caches toujours des choses maintenant.
- Je comprends... Je suis désolé.
Le silence s'appesantit, me laissant l'estomac noué. Une partie de moi soupirait « oh non, encore ! » en constatant que, comme à chaque fois que nous nous parlions, l'un ou l'autre finissait par sortir une réplique acide qui nous mettait mal à l'aise. Était-ce vraiment si difficile d'être une seule et même famille ?
- Écoute, Al, tu as tout à fait raison... La prochaine fois qu'on se voit, je te raconte tout ce qui s'est passé depuis la dernière fois qu'on s'est vus... Même la manière dont j'ai résolu l'enquête de Lacosta, je te la raconterai. D'accord ?
- Promis ?
- Promis. Je ne te cacherai plus rien, répondit mon frère d'un ton particulièrement solennel.
C'est dingue comme cette simple phrase me fait du bien, pensai-je, me sentant réchauffé par cette promesse, ce lien qu'Edward essayer de conserver.
- Merci. De mon côté, je tâcherai de faire preuve de maturité... Pour une fois.
- Ne te sous-estime pas autant, Al.
- Excuse-moi, je suis un peu désabusé. Les journées sont longues, Winry et Pinako sont très occupées, et moi, je ne sais pas trop quoi faire...
- Oh… J'imagine que tu dois t'emmerder comme un rat mort depuis tout ce temps !
- Oui, un peu, avouai-je, jetant un coup d'œil coupable à Winry et Pinako qui parlaient à mi-voix. à l'autre bout de la pièce. Je ne l'aurais pas dit comme ça, mais... oui.
- Elles m'ont pas entendu, hein ? souffla-t-il d'un ton faussement inquiet, m'arrachant un petit rire. Bon, en tout cas, ne t'inquiète pas, je prends le premier train demain matin pour vous rejoindre, dans vingt-quatre heures, tu auras des nouvelles particulièrement honteuses à te mettre sous la dent.
- Ça marche ! Je te dis à demain alors !
- A demain !
Il raccrocha, me laissant avec un large sourire à cette idée, et vis que les deux autres me regardaient maintenant avec attention.
- A demain ? Il rentre demain ? demanda Winry d'un ton presque fébrile.
- Oui, apparemment, il n'a pas de mission en ce moment, du coup il a décidé de rentrer nous retrouver.
- Eh bien ! Edward qui rentre à Resembool alors que son automail n'est même pas cassé, ça serait une première, ergota Pinako en mâchouillant le bout de sa pipe, sourire aux lèvres.
- Enfin, rien ne prouve qu'il n'est pas cassé, fis-je remarquer, tout en sachant qu'il y avait peu de chance vu les nouvelles qu'il nous avait transmises.
- Ah non, hein ! J'ai toujours des clients qui attendent, il ne va pas ENCORE me faire bosser toute la nuit parce qu'il traîne n'importe où ! s'exclama la jeune fille, prête à monter sur ses grands chevaux.
- Winry, calme-toi, c'est juste une blague ! annonçai-je. Edward va très bien, ses automails aussi ! Il rentre demain nous voir, c'est tout.
- Mouais. J'y crois pas trop, marmonna-t-elle d'un ton suspicieux. Ça n'est pas son genre.
- Ce que tu peux être rabat-joie quelquefois, répondis-je avec un grand sourire.
Malgré ces remarques, rien ne put entamer ma bonne humeur à l'idée de le retrouver. J'étais content d'avoir pu parler avec lui aujourd'hui, et sa promesse m'avait fait chaud au cœur, rendant la situation infiniment plus simple à mes yeux. J'avais l'impression qu'une fois qu'il serait là avec nous, mes questionnements prendraient fin tout naturellement. C'était peut-être un peu naïf de ma part, mais je n'allais pas me saper le moral alors que je me sentais enfin de bonne humeur. La soirée passa étrangement vite après ces journées interminables. En même temps, j'avais toujours vécu avec Edward à mes côtés, ça n'avait rien d'étonnant qu'en être séparé soit aussi désagréable. Alors cette nuit-là, quand j'allais me coucher, je savourai l'idée de le retrouver, et m'endormis avec un sentiment de soulagement.
Ce sentiment fut de courte durée, quand le lendemain matin, peu de temps après mon réveil, Edward téléphona de nouveau. Etant seul dans la pièce, en train de boire un reste de thé, je me levai pour décrocher le combiné et répondre, m'attendant à entendre quelqu'un demandant un rendez-vous de maintenance de mécanique.
- Allô ?
- Allô, Al ? C'est Ed.
- Mmoui ? marmonnai-je, encore endormi. Bonjour…
- Ça va ?
- Oui, j'ai hâte que tu arrives, ça va me faire du bien de te voir.
Winry, qui s'était sans doute précipitée depuis son atelier pour répondre au téléphone, s'arrêta sur le pas de la porte en comprenant que je parlais à Edward.
- Euh... Al...
Le ton contrit qu'avait mon frère me mit aussitôt mal à l'aise.
- Ed ? Il y a un problème ?
- En fait, une mission m'est tombée dessus hier soir, après mon appel.
- Oh non... murmurai-je. Et tu ne peux pas rentrer ?
- Non, je ne vais pas pouvoir, c'est assez… urgent... bredouilla mon frère, visiblement pris au dépourvu.
- Et personne ne peut accomplir cette mission à ta place ? Il y a pourtant des centaines de militaires à Central !
- Non... Il faut que je le fasse.
- Pourquoi toi ?
- Parce qu'il y a un tueur en série en cavale, et que je le connais.
Sa dernière phrase annula ma colère et me gela les entrailles. Winry, qui était allée jusqu'à l'évier se servir un verre d'eau, croisa mon regard et compris que les nouvelles étaient mauvaises. Elle s'approcha un peu.
- Comment ça, tu le connais ?
- Je me suis déjà battu contre lui, et je sais des choses à son sujet dont je ne peux pas informer l'armée mais qui seront utiles pour le combattre. Je suis particulièrement bien placé pour le retrouver et l'emprisonner.
- Mais... maismaismais... C'est super dangereux !
- Ne t'inquiète pas. J'en ai vu d'autres ! Il ne me fait pas peur.
- Edward, fait attention à toi... murmurai-je, profondément angoissé. S'il t'arrive un malheur, je m'en voudrai toute ma vie de ne pas être à tes côtés.
Winry s'était arrêtée à côté de moi, son verre à la main, visiblement inquiète de m'entendre.
- Ne t'inquiète pas, il ne m'arrivera rien ! s'exclama la voix familière de mon frère, un peu embarrassé. Je te le promets.
- … Quel est le nom de ce tueur en série ?
- Quoi ? !
- Comment veux-tu que je croie tes promesses si tu ne les tiens pas ? demandai-je d'un ton agacé. Commence par ne pas me cacher ce genre de choses : quel est le nom de ce tueur en série ?
- C'est Barry le Boucher, énonça-t-il après une grande inspiration.
J'entendis un bruit de verre brisé juste derrière moi et me retournai vivement.
- Winry ?
Elle me regardait avec de grands yeux choqués et venait de lâcher le verre d'eau qu'elle tenait à la main. Il avait explosé en mille morceaux qui s'étaient éparpillés tout autour de nous. Après une seconde de flottement, elle m'arracha le téléphone des mains sans me le demander.
- Edward ? Barry le Boucher est en liberté ? ! demanda-t-elle, horrifiée.
- Apparemment.
Je me rendis compte que sa voix était parfaitement audible même si je ne tenais plus le combiné près de mon oreille. Winry avait donc tout entendu de notre échange.
- Mais il n'était pas sensé être en prison ? Il n'était pas sensé être exécuté il y a trois ans ? !
- Si, soupira mon frère.
- Mais alors comment... ?
- Le cinquième laboratoire, résuma mon frère.
- Oh.
- Enfin, c'est ma supposition personnelle, évidemment, la thèse officielle de l'armée est que c'est un copycat. Falman avait travaillé sur l'enquête, il dit que la manière de procéder est exactement la même qu'à l'époque. Je n'ai pas vraiment de preuves, mais...
- Tu dois le retrouver, ordonna Winry d'une voix tremblante.
- Oui, je dois le retrouver, le mettre hors d'état de nuire, et en tirer toutes les informations que je peux.
- Bonne chance, Ed. Fais attention à toi. Et surtout, tiens-nous au courant. Je te repasse Al.
- Ah, je suis désolé, j'aurais bien voulu, mais Falman m'appelle, il faut que j'y aille. On va enquêter dans le quartier où c'est arrivé. Mais ne vous inquiétez pas, je vous rappelle aussi vite que possible pour vous tenir au courant.
- Ah, d'accord. Bon courage, alors.
La tonalité lui répondit. Edward avait raccroché, visiblement très pressé. Et moi, j'étais inquiet de ce que je venais d'apprendre et profondément déçu d'avoir vu ma discussion avec mon frère écourtée aussi brutalement. Je jetai un regard un peu jaloux à Winry qui se rendit compte de ce qu'elle avait fait. Elle baissa les yeux vers moi et pris une mine contrite.
- … Désolée.
- C'est pas grave, mentis-je.
Je restai morose toute la matinée. Le temps s'était couvert dans la nuit et ne se prêtait plus trop à des promenades à l'extérieur. Winry était toujours aussi irascible, Pinako se passait toujours aussi parfaitement bien de moi, et moi, je découvrais toujours plus en détail ce sentiment que la présence permanente de mon frère m'avait empêché de connaître : le désœuvrement de l'enfant livré à lui-même. Et finalement, comme le font bien des enfants s'ennuyant un jour de pluie, j'avais atterri dans le seul endroit de la maison que je ne connaissais pas par cœur : le grenier.
J'avais fini par monter l'échelle et détacher le loquet qui fermait la trappe avant de la pousser dans un gros grincement. Je m'étais ensuite faufilé dedans avant de la refermer. La pièce était envahie de bric et de broc entassé, et le tout était recouvert de poussière, de toiles d'araignées et de crottes de chauve-souris. La pluie crépitait bruyamment sur le toit de la maison, et la lumière terne filtrait par l'unique fenêtre de l'étage, éclairant le tout en lui donnant des airs sinistres. Je jetai un regard circulaire à la pièce encombrée. Les lieux étaient un peu lugubres, mais au moins j'avais de quoi m'occuper quelques heures en étudiant son contenu.
Je commençai par fureter, passant entre les cartons, découvrant une rangée d'étagères tout au fond de la pièce ou étaient entreposés de nombreux livres. Je frottai les dos et penchai la tête pour voir leurs titres, et découvris essentiellement des livres de médecine. Je supposai que c'était la bibliothèque des parents de Winry, qui étaient morts lors de la guerre d'Ishbal. Cela pourrait me faire de la lecture. Je continuai mes recherches, ouvrant les cartons qui contenaient les cours d'école de Winry, dont je reconnaissais l'écriture tout en rondeur, ainsi que des notes soigneuses de procédés médicaux, sûrement celles de son père. Je les feuilletai, me surprenant à lire certaines pages avec attention, mais bien incapable de comprendre tout ce qui y était dit. Un peu plus loin, il y avait aussi des plans d'automails annotés et archivés, ainsi que des pièces abîmées qui avaient été stockées dans une boîte, sans doute dans l'intention d'être réutilisées.
Je forçai un peu pour ouvrir une malle dont la poignée avait rouillé, la dernière chose que je n'avais pas fouillée dans ce coin-là. Quand elle s'ouvrit, je découvris, un peu déçu, qu'elle contenait simplement des vêtements, et un petit sachet de lavande complètement décoloré par les ans. Mais cette déception s'arrêta quand je reconnu le vêtement qui se trouvait sur le dessus. Je le dépliai pour m'en assurer, confirmant mon impression. J'avais déjà vu cette robe : Maman la portait sur la photo qui était accrochée dans le salon quand j'étais enfant.
- Des affaires de Maman ? Qu'est-ce qu'elles font là ? murmurai-je pour moi-même, fouillant un peu plus avant.
Je dépliai les robes les unes après les autres, avant de les empiler dans le couvercle de la lourde malle. Je ne connaissais presque aucune d'entre elles, mis à part celles que j'avais vues sur les photos qui dataient d'avant notre naissance, à mon frère et moi. Je supposai que c'était ses vêtements de jeune fille et qu'ils étaient devenus trop petits pour elle après nous avoir portés. Je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle cette malle était arrivée là, mais après le choc que j'avais eu en découvrant que la maison avait disparu, retrouver une trace de Maman m'émut au point de me faire monter les larmes aux yeux. Je dépliai chaque vêtement, et à chaque fois, j'arrivai presque à l'imaginer dedans, tant son souvenir était vivace. Après tout, si nous avions tenté de la faire revenir, c'était parce que nous ne parvenions pas à l'oublier.
Pour cette raison, quand je plongeai dans la malle et découvris que j'arrivais au bout, je me sentis très déçu mais je n'étais pas au bout de mes surprises. En tapotant au fond de celle-ci, je sentis un relief bizarre dans le velours qui tapissait l'intérieur. Je tâtai et reconnus la forme d'un livre. En tirant un peu, ici et là, je réussis à détacher la couche de tissu qui le dissimulait. Je découvris alors que le fond de la malle était tapissé de carnets disparates. Intrigué, j'attrapai l'un d'eux et l'ouvris à la première page, sur laquelle était sobrement écrit :
« mars 1897 – septembre 1897 ».
Je tournai les pages pour lire ce qui s'avéra être une sorte de journal intime, tenu assez régulièrement, avec une écriture propre et élancée. C'était, sans aucun doute, l'écriture de Maman. Je feuilletai, lisant ici et là, attrapant des fragments de vie quotidienne.
« 10 mars. Giboulées.
Aujourd'hui, Maman et moi devions ramasser les choux kale pour aller les vendre au marché demain, sous la pluie. En début d'après-midi, il s'est mis à grêler, et nous avons dû nous réfugier sous les arbres. Bien sûr, elle s'est plainte de mon manque d'efficacité. En même temps, c'est tout sauf le métier de mes rêves. »
« 19 mars. Pluies.
Les leçons de violon avec Martin se passent bien. Il progresse vite, pour autant que je puisse en juger. C'est toujours un plaisir de pouvoir entendre de la musique, j'espère que je pourrais bientôt avoir mis de côté assez d'argent pour m'offrir un gramophone et écouter quelques disques chez moi. Ce soir, quand je suis rentrée après être allée voir Sarah, j'ai trouvé ma mère en pleurs. Cela fait un an que Papa est mort. »
« 21 mars. Giboulées, mais un beau soleil d'après-midi, temps couvert la nuit.
Aujourd'hui, c'était la fête du printemps. L'installation sous la pluie était assez épique, et la grêle a déchiré le gros de nos fanions à midi, mais il a fait beau temps pour la fête elle-même, qui a été merveilleuse. J'avais un peu le trac de rejouer du violon en public, cela faisait tellement longtemps... Mais ça s'est bien passé, tout le monde a dansé, on m'a invité plus d'une fois, et j'ai sans doute un peu trop bu. J'aurais voulu que cette nuit ne finisse jamais. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, sans doute.
J'aimerais tellement retourner à East City et recommencer à chanter et danser, mais je ne peux pas abandonner Maman maintenant. A nous deux, on a déjà du mal à s'en sortir avec tout ce qu'i faire. Dans quelques mois, peut-être, quand on aura revendu une partie des terres et mis un peu d'argent de côté. »
Ma grand-mère... Je ne l'avais jamais connue, mais si j'en croyais ce que je lisais, ce n'était pas une femme facile. Je découvrais tout un nouveau monde, un monde où ma mère était toute jeune, où la guerre était lointaine, où les parents de Winry étaient vivants. Avec le sentiment d'avoir trouvé le plus précieux des trésors, je ramassai tous les carnets qui formèrent une pile d'une trentaine de centimètres de haut à eux tous, me dirigeai vers la fenêtre du grenier pour glaner un peu de lumière, et posai la pile après avoir chassé un peu la poussière. Je m'assis face à la fenêtre, et commençai à feuilleter les carnets pour retrouver l'ordre chronologique. Pour plusieurs heures, peut-être même plusieurs jours, je n'allais pas m'ennuyer. J'avais de la lecture, l'épopée banale de la jeunesse de ma mère. Et rien ne pouvait me passionner davantage à cet instant.
- Al, ça va ? Tu as l'air dans la lune, commenta Pinako en me voyant regarder la lampe d'un œil vague.
- Ça va, je pensais juste à autre chose...
Je m'étais accoudé à table, je n'avais plus très faim. Je pensais à tout ce que j'avais lu, ces fragments de passé qui m'arrivaient, et j'étais partagé entre garder cela secret et le partager avec elles.
- Tu pensais à quoi ? demanda Winry en se penchant vers moi.
- Je pensais à... hum... commençai-je d'un ton hésitant. Comme je ne savais pas quoi faire, je suis allé dans le grenier... Il y a une caisse contenant des pièces d'automail abîmées, je suppose qu'elles pourraient être refondues, non ?
- C'est vrai que j'avais rangé un certain nombre de choses là-bas, je devrais peut-être y faire du tri, marmonna Pinako en se resservant de la soupe.
- J'ai aussi vu une malle avec des robes...
- Tu t'intéresses aux robes, maintenant ? s'étonna la blonde.
- C'était des robes de Maman, répondis-je pour me justifier. J'en ai reconnu certaines que je l'avais vue porter sur des photos. J'étais surpris de trouver des affaires lui appartenant dans le grenier, ajoutai-je, alors je voulais vous demander si vous saviez pourquoi c'était là.
- Ah, je pense savoir d'où sort cette malle. Quand elle t'a eu, elle a pris du poids qu'elle n'a pas réussi à perdre, du coup, comme elle ne portait plus ces vêtements, elle a proposé à Sarah de les récupérer. Vous étiez encore bébés, vous ne vous souvenez sûrement pas de ça.
- Mais comment celle malle a fini dans le grenier, du coup ? insistai-je.
- Quand Sarah et Urey sont morts, nous avons vidé la chambre un peu précipitamment. Tout ça a fini au grenier.
- Je vois, murmurai-je, baissant le nez.
J'avais un instant oublié que je n'étais pas le seul à être orphelin. Winry aussi avait perdu ses parents, encore plus jeune que mon frère et moi. Je me sentis coupable d'avoir réveillé ce douloureux souvenir.
- Je suis désolé...
- Si tout est au grenier, alors il y a des affaires appartenant à mes parents aussi, non ?
- J'ai vu qu'il y avait des cahiers de cours, des livres de médecine et des notes. Tout ça leur appartenait sûrement.
- Oh... je serais curieuse de les voir, fit-elle d'une voix où vibrait la même émotion que moi à l'idée de redécouvrir ses parents par le biais de ce qu'ils avaient possédé.
- Peut-être qu'on pourrait faire un tri ensemble demain, proposai-je.
- Je ne pense pas que j'aurai le temps... soupira-t-elle. Il faut que je finisse de réparer cette main au plus vite, pour le rendez-vous d'après-demain. Hargon ne peut pas travailler sans elle donc c'est assez urgent. Mais peut-être que je pourrai faire une pause après avoir terminé ça.
- Je comprends, soupirai-je.
Mon regard se perdit de nouveau dans la contemplation de la lumière tamisée qui éclairait la table. Je leur avais dit pour la malle, et je savais ce que je voulais savoir. De leur côté, finalement... Elles n'avaient pas besoin de savoir pour le journal intime. Après tout, c'était ma famille. Ma mère. Et ses secrets.
