Hey ! ça faisait longtemps ! (Un mois c'est vachement long en fait, même pour moi TT) On se retrouve pour l'intro de la partie 5, qui, comme les intros de parties précédentes, a un statut un peu à part. Elle est un peu plus longue que les autres, même si elle ne vaut pas un chapitre complet. Je vous laisse en découvrir un peu plus par vous mêmes (par contre, je vous préviens, vous risquez de pas m'aimer.)

Edit : Je reviens ici, parce qu'avec le recul, je préfère vous prévenir : l'histoire prend un ton beaucoup plus sombre dans cette partie, et ce jusqu'à la fin de la fic. Il y a des scènes drôles et tendres, mais aussi des scènes dures et/ou violentes, et quand je les écris, je n'y vais pas de main morte. Si ressentez le besoin d'en savoir plus pour vous protéger/préparer, ma boite à MP vous est ouverte.

Côté écriture, ça avance, je travaille surtout sur mon scénario en ce moment, je me la joue inspecteur des années 50 en recouvrant mon mur de notes ! ^^ Je prépare aussi le début d'une BD longue qui se passera au cabaret Bigarré. Une sorte de side story, donc, ou je pourrai développer davantage les personnages sans casser le rythme de Bras de fer, qui est déjà assez long comme ça ! XD. Je vous en dirai plus quand elle sortira en ligne. ;) Niveau dessin, je n'ai toujours pas fait les illus des chapitres précédents (je crois que j'ai mis la barre trop haut, mais je veux vraiment faire un truc qui pète, du coup je stresse de les réaliser) Par contre, l'illustration de l'intro est faite, terminée, postée sur Deviantart (et vous l'avez peut-être vue passer si vous me suivez sur les réseaux sociaux).

En tout cas, je vous souhaite un bon été, des bonnes vacances pour ceux qui sont en vacances et beaucoup de courage pour les autres ! Sur ce, bonne lecture !


Cinquième partie : Pleins feux (Roy)

La nuit avait englouti les deux silhouettes. Je me précipitai à leur suite, quittant la lumière aveuglante de la salle de réception, prêt à mettre en joue mon ennemi. Mais qu'est-ce que cela aurait pu changer ? Je savais que je n'aurais pas la force d'attaquer. Pas tant qu'elle serait là. Et il le savait.

Je tournai la tête, cherchant fébrilement leurs silhouettes parmi les zones d'ombre de la rue. Un cri attira mon attention, sa voix. Je pris une grande inspiration et bondis dans sa direction, entendant une porte claquer. Je vis la voiture démarrer et mon cœur tomba d'un étage. Il allait s'échapper et l'emporter avec lui, et je ne pourrais rien y faire. Je jetai un coup d'œil aux voitures alentours, priant pour qu'un des militaires ait eu l'idée de génie de ne pas quitter son véhicule et soit prêt à démarrer, mais tout le monde était encore dans le bâtiment. Alors, tout en sachant que c'était désespéré, je me lançai à sa poursuite, courant de toutes mes forces, les yeux fixés vers cette voiture vert bouteille qui s'éloignait inexorablement. Tous ces efforts, je les avais faits pour elle, ce n'était pas possible que ça finisse comme ça !

Le vrombissement d'un moteur jaillit à ma droite, un camion militaire avait démarré et m'avait rattrapé. Je pris mon élan dans ces trois dernières foulées et bondis sur lui, m'accrochant à la portière dont la fenêtre était ouverte. La collision fut aussi brutale que ce à quoi je pouvais m'attendre, et pendant quelques secondes, j'en eus le souffle coupé. Les reflets sur la carrosserie vert sombre se brouillèrent et l'espace d'un instant, je me sentis sur le point de lâcher prise.

Le cri de surprise du militaire qui conduisait suffit à me raccrocher à la réalité. J'avais senti le véhicule ralentir, l'homme s'était sans doute tourné vers moi avec un sursaut de frayeur en réalisant qu'il avait percuté un supérieur.

- Accélérez, on va les perdre ! hurlai-je comme si ma vie en dépendait.

Le soldat obéit et le camion bondit en avant dans un sursaut qui faillit me faire tomber. Mais je serrai la portière à m'en péter les phalanges, m'y raccrochant aussi désespérément que mes yeux s'aimantaient à la silhouette du véhicule que nous poursuivions. Sentant que je ne tiendrais pas très longtemps comme ça, avec les cahots de la route et le vent qui me repoussait brutalement, je tirai sur mes bras, luttant pour ma vie, escaladant la portière et traversant la fenêtre ouverte à tous les vents pour m'effondrer, pantelant, sur le siège passager. Je me redressai pour retrouver le contact visuel avec notre cible. Je ne pouvais pas accepter que ça finisse comme ça, je n'avais pas d'autre choix que de lutter de toutes mes forces. Il fallait que je la sauve, même si je n'avais aucune idée du moyen, jamais je n'arrêterais d'essayer.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

- Je… soufflai-je dans un filet de voix, plus éprouvé physiquement que j'aurais voulu l'admettre. Suivez-les à tout prix.

Réfléchir, trouver une idée, vite. La distance s'était un peu réduite, je vis la portière s'ouvrir. Elle allait sauter alors qu'ils roulaient à tombeau ouvert ? ! Jamais elle ne pourrait survivre à une vitesse pareille ! J'allais lui hurler de ne pas faire ça, sans savoir si elle m'entendrait, mais le bras du conducteur s'étendit et la remit brutalement en place, m'amenant un mélange de soulagement et d'horreur. Elle devait se défendre comme une diablesse, la voiture commençait à zigzaguer dangereusement. Ma gorge se noua dans une admiration mêlée d'angoisse. Elle risquait sa vie. Et moi, j'assistais, impuissant, à son combat pour la liberté.

Une idée, un éclair de génie, vite ! Je devais bien pouvoir faire quelque chose ! Mon cerveau tournait à toute vitesse, cherchant une issue à cette situation dramatique. Si seulement on pouvait tirer une balle dans la tête de cet homme ! Malheureusement, dans ces conditions, je ne connaissais qu'une personne qui en aurait été capable, et elle n'était pas à mes côtés à cet instant.

- Hawkeye, si seulement vous étiez là ! pestai-je.

Je me redressai avec une expression de défi aussi dérisoire que tous mes autres efforts. Rouler à tombeau ouvert dans son sillage jusqu'à ce que l'un des véhicules tombe en panne ? Et après ? Quelle issue ? Comment la sauver ? Comment l'arracher des griffes de cet homme ?

Soudain, la rue s'illumina. J'ouvris de grands yeux, aveuglé par l'éclat de lumière qui venait de jaillir devant nous. Le temps se compressa dans un magma incompréhensible de sensations. Le camion qui pilait, me jetant contre le tableau de bord, la douleur de mon front se cognant contre le pare-brise, une vague de chaleur, le bruit de l'explosion et le cri des freins qui se noyèrent dans un même sifflement aigu. Et je restai, la bouche ouverte, le souffle coupé, le cerveau inondé par le choc de ce que je n'étais pas capable d'accepter. Et pourtant, le spectacle qui s'étalait devant mes yeux ne laissait aucun doute.

La voiture qui était devant nous venait d'exploser.

La structure d'acier, tordue par le choc, disparaissait dans une boule de feu. La déflagration avait projeté des éclats embrasés aux alentours, morceaux de sièges, débris de pneus, lambeaux humains peut-être, qui se consumaient sur le bitume.

Impossible de survivre à ça.

Un haut-le-cœur me remua les entrailles. Ce n'était pas la première fois que je voyais ce genre de brasiers, les souvenirs d'Ishbal étaient chevillés à mon esprit et n'en partiraient jamais mais si j'avais pu faire semblant de m'habituer à ces massacres, là, c'était bien différent. Cette violence-là n'avait pas sa place dans les rues calmes de la ville, et surtout, n'aurait jamais dû s'approcher d'elle. C'était impossible qu'elle meure comme ça. Juste impossible.

J'espérai qu'elle avait eu le temps de sauter, mais je savais que ce n'était pas le cas. Je l'aurais vu, je ne l'avais pas quittée des yeux une seconde. Et comment aurait-elle pu prévoir ça ? Par quel miracle aurait-t-elle pu survivre ?

Je priai un dieu qui n'existait pas, descendant en titubant de la camionnette, les oreilles sifflantes, sans doute hagard. J'avais quelque chose dans l'œil, je l'essuyai d'un revers de manche machinal sans réaliser que c'était le sang d'une plaie de mon front qui s'était mise à couler abondamment, et marchai vers la voiture qui n'était plus qu'une carcasse noircie et éventrée que les flammes léchaient. Je n'entendais plus rien que le sifflement provoqué par l'explosion, et j'étais incapable de formuler la moindre pensée. Ce n'était pas possible. Il y avait une échappatoire, quelque chose. Si c'était ça, la vérité, je préférais encore ne plus jamais être capable de penser.

Les yeux agrandis d'horreur, indifférent aux bourrasques brûlantes que provoquait le brasier, je m'approchai de l'avant de la voiture, le cœur battant d'un espoir absurde.

Sur ce qui restait du siège passager, un corps désarticulé, amagri par les flammes qui l'avaient déjà dévoré. Il ne restait plus de mon amour qu'une silhouette charbonneuse, prête à s'effriter. Il était trop tard. Elle était morte. Elle avait disparu. Et je n'avais rien pu faire pour l'empêcher.

Pire, sans moi, elle serait encore en vie.

À travers le brouillard qui m'envahissait, les oreilles tintantes, les yeux brouillés, les poumons brûlants, j'entendis à peine que quelqu'un s'approchait en courant, et ce n'est que quand une main se posa brutalement sur mon épaule, me forçant à me retourner, que je réalisai que j'étais tombé à genoux.

Je levai des yeux vides vers les silhouettes qui se trouvaient là, peinant même à reconnaître mon supérieur, penché vers moi, les sourcils froncés dans une expression de fureur horrifiée.

- Mustang, c'est vous qui avez fait ça ? ! demanda-t-il avec une inflexion de reproche.

- C…comment j'aurais pu… ? Elle était d-dedans...

J'avais bredouillé lamentablement ces mots, incapable de parler plus clairement que ça, oubliant à quel point ma réponse était inadaptée à mon grade et à ma réputation. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, une lamentable déchirure. Et à cet instant-là, cet homme, si sévère qu'il soit, le comprit. Il ne répondit rien, mais l'éclat de tristesse dans son regard s'enfonça comme un pieu. Je baissai la tête vers le bitume qui luisait sous la chaleur des flammes, et enfouis mon visage dans mes mains.

J'aurais voulu disparaître.

J'aurais voulu n'avoir jamais existé.