Hey !

Et voilà un chapitre un peu plus consistant ! Il était amusant à écrire. principalement parce que Joshua est dedans. Il commence déjà à prendre de la place, le bougre.

(Attention, TW en fin de page !)

Merci à Lae pour la review sous le chapitre précédent !

Bonne lecture !


Mélopée nocturne

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Allez. Il savait que ce moment allait arriver. Il y a pensé toute la journée, entre deux blagues de Shoka. Il s'y est préparé. Et de toute façon il n'a pas le choix. Il va bien falloir qu'il l'ouvre, cette porte. Il inspire. Abandonne la poche de son jean pour la poignée de la porte. Il l'enfonce. Il pousse.

– Oh, Neku ! Tu as pris ton temps. Je commençais à croire que tu t'étais perdu dans le chalet. Ou que tu avais terminé ton chemin dans le couloir des filles. Quel soulagement de te voir.

Et voilà, ça commence.

– Ouais, salut.

– Yo, Riku lance depuis son lit.

Oh. C'est vrai qu'il est là, lui aussi. Bon, il n'a pas l'air trop pitoyable. Pas d'yeux rouges ni de morve au nez, il a l'air de plutôt bien prendre son tout récent célibat. Peut-être que c'est lui qui a rompu, alors ? Neku se demande pourquoi. Quoique, à voir Vanitas, il comprend vite. Oui, la vraie question, c'est comment est-ce qu'il a pu sortir avec ce type aussi longtemps ?

Enfin, ça ne le regarde pas. Il va gentiment faire comme s'il ne savait rien, et il va aller s'installer sur son lit.

– Alors, cette première journée ? Joshua ronronne depuis son propre matelas.

Neku lui jette un bref coup d'œil. Bon, il n'aura pas à le supporter longtemps. Il a suffisamment traîné après le repas pour réduire le temps qui le sépare du dodo.

– Bah, normal.

– Que d'éloquence. J'espère que tu n'as pas trop d'espoir, pour ton bac de français.

– Très drôle.

– Ce n'était pas le but. Je suis juste curieux de savoir comment s'est passé ta journée, tu sais ?

– Et pourquoi ?

– Pourquoi pas ?

Il soupire. Sérieux, c'est quoi cette manie qu'il a, de répondre aux questions par des questions ? On lui a déjà dit que c'était, genre, saoulant ?

Oui, sans doute. Et sans doute aussi qu'il n'en a pas grand chose à faire. Que ça l'amuse, même.

Posé sur son lit, Riku tripote les touches de son téléphone. Il ne pourra pas compter sur lui pour détourner la conversation. Remarque, il les a laissés seuls tous les deux un bon moment, alors c'est sans doute mérité.

– On a fait du ski.

– Je n'aurais jamais deviné.

– C'est toi qu'a posé la question, aussi.

– J'espérais une réponse moins évidente.

– Tant pis.

Il abandonne sa valise dans un coin et s'étale sur son lit. Celui tout près de l'entrée, qui est aussi, le plus proche du radiateur. Radiateur allumé. Ok. Là, c'est parfait.

Enfin, ça le serait, si Joshua ne s'invitait pas éhontément à l'autre bout de la couette.

– Tu fais quoi là ?

– Je viens discuter.

– Qui te dit que j'ai envie de parler ?

– J'ai passé la journée à visiter un musée sur les ours. Tu pourrais avoir un peu plus de compassion.

Un musée sur les… Ah. C'est ce truc chiant dont Eri leur a parlé, non ? Oui, clairement, il n'aurait pas aimé être à leur place. Remarque, la sienne n'était pas plus confortable. Il s'est retrouvé en haut d'une piste de ski immense, à enchaîner les chutes sur le regard de ses camarades. Franchement, il s'en serait bien passé.

– C'est toi qu'a pas voulu faire de ski.

– Oh, ça c'est méchant, Neku.

Il dit ça comme un matou qui ronronne. À s'étirer sur son lit, ses jolies gambettes lancées au travers du matelas.

Enfin, jolies. Des jambes, quoi. Des jambes comme le seraient n'importe quelles jambes. D'ailleurs, maintenant qu'il le regarde, ce pyjama a l'air terriblement cher. Plus cher que ne devrait l'être un vêtement qui sert à dormir.

– Je n'ai pas le choix, tu sais ? Je ne peux pas faire de sport.

– Ouais, ouais.

La princesse et ses histoires de santé fragile. Il sait, monsieur a toujours une dispense à sortir pour éviter les cours de sport. Neku aussi il aimerait bien les éviter, les longues pistes couvertes de neige.

– Je ne plaisante pas. C'est douloureux pour moi.

– Ça l'est pour tout le monde. On appelle ça les courbatures.

L'angelot glousse. Jette ses doigts en l'air comme on abandonne une cause perdue.

– La compassion ne fait pas partie de tes qualités, je note.

– J'ai pas l'énergie pour.

– Quel vilain garçon.

Et ce ton qu'il prend. Ses mirettes plissées, ses doigts qui jouent contre la couette alors que sa tête s'allonge doucement contre son épaule. Petit serpent qui s'enroule et siffle devant le repas qui l'attend.

Tiens. Il a remis du verni, Neku note soudain. Ce n'est pas la couleur qu'il portait ce matin, non ? Une jolie couche de bleu recouvre désormais ses doigts.

– Tu comptes rester là longtemps ?

– Mm, peut-être. C'est un lit plutôt confortable.

– Et c'est le mien.

– Je ne te savais pas si possessif, Neku. Tu pourrais partager.

Pour une fois ? Et en quel honneur est-ce qu'il partagerait quoi que ce soit avec Joshua ? Déjà qu'il ne se gêne pas pour envahir son espace vital.

Le pauvre chaton miaule de dépit. Il se redresse - le mouvement découvre sa jolie petite épaule blanche - et regarde leur troisième camarade lequel a enfilé des écouteurs. Il a l'air terriblement concentré sur… Oh, sa Switch. Neku est presque sûr qu'elles n'étaient pas autorisées dans les bagages, mais il est tout aussi certain que les surveillants n'ont pas vérifié le contenu de leurs valises.

– Deux colocataires, et il n'y en a pas un qui daigne faire la conversation.

– Quel dommage, Neku ironise.

Faussement dépité, le petit bourge se redresse. Enfin. Il élance ses jambes et quitte le matelas, ajuste ce pyjama à l'apparence douce et s'en retourne vers Riku comme un chat change de maître. Bien. Neku serait presque désolé de lui refilé le bébé, mais il a récupéré sa tranquillité, et il ne fera pas une croix dessus. Alors il attrape ses affaires, file se changer dans la salle de bain, puis il s'en retourne enfoncer son casque sur ses oreilles alors qu'il se cale dans son lit.

Vu l'heure, il pourrait dormir. Mais il sait qu'il n'y arrivera pas. Pas tout de suite. Déjà, parce qu'il y a du monde dans sa chambre. Du monde qui parle par murmure, mais du monde qui étouffe son besoin d'intimité. Ensuite, parce qu'il est loin de chez lui. Et Neku n'a jamais su dormir loin de chez lui. C'est comme ça.

Alors il tourne le dos aux deux autres, et il s'enferme dans cet univers musical qui l'étourdit agréablement.

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Il finit par s'endormir, pourtant. Son casque sur les oreilles, tout enfoncé sous la couette. Une chaleur tendre enroulée autour de lui. Mais quand il ouvre l'œil, le soleil n'est pas levé. Loin de là. La pièce tremble dans le noir, les formes se confondent, et il lui faut un moment pour réaliser qu'il n'est pas chez lui. L'odeur des draps n'est pas celle de sa chambre, le froid qui attend hors du lit sent l'inconnu. Perdu dans sa brume, il lui faut un moment pour comprendre que le bruit qu'il entend vient du casque encore sur ses oreilles.

Il note qu'il est endormi sur le dos. C'est rare, ça.

Il tâtonne, coupe Stevens Sufjan en plein milieu de sa chanson, et il repousse doucement le casque. Le pose sur la table de chevet, tout près. Il s'interroge vaguement sur l'heure qu'il est, mais le bruit d'eau qui s'échappe de la salle de bain le rassure. S'il est encore l'heure de se laver, alors il a le temps de pioncer.

Mm, 23h 45, le téléphone dit. Parfait. Demain est encore loin.

Satisfait, il repose l'appareil, zieute rapidement un message quelconque que Shiki lui a envoyé, puis il s'en retourne somnoler sur son oreiller.

Et puis, il entend. D'abord, ce n'est pas très fort. Ça ressemble à une sorte de couinement, du genre que font les parquets quand on glisse dessus. Alors Neku ne s'inquiète pas outre mesure. Sauf que ça se répète. Encore.

Ça ressemble presque à une voix.

Pris d'un doute, il se redresse. Regarde autour de lui. Mais il n'y a que le noir pour l'accueillir. Il hésite, récupère son téléphone. De toute façon, ce n'est pas le peu de lumière de l'écran qui va réveiller ses camarades, hein ?

Non, clairement pas. Puisqu'il n'y a personne. Deux lits vides, des draps rabattus, et pas l'ombre d'un autre être humain dans cette pièce.

– Ah… Mm, comme ça…

Seigneur.

Neku palit. Il a mal entendu, hein ? Après tout, la porte de la salle de bain est épaisse, puis il y a l'eau qui coule par-dessus. Les deux ont dû aller discuter dans une autre pièce pour éviter de le réveiller.

– A-ah !

Oh non. Ce n'est pas en train d'arriver.

La voix aiguë de Joshua traverse la pièce comme une flèche qui retourne le ventre de Neku. D'accord. Ça, c'est un gémissement. Le premier d'une longue série. Et ça ne peut vouloir dire qu'une chose.

Il serre les poings.

Quel sale petit con.

Que Joshua ait une vie sexuelle, il s'en fout comme de l'an quarante. Mais il pourrait avoir la décence de la garder pour lui. Neku sait que ce type n'a aucun savoir vivre, mais alors là…

– Mm ! Encore…

Ok, il remet le casque. Et il cherche la musique la plus forte de son répertoire. Un de ces trucs qu'il a téléchargé pour faire plaisir à Beat. Il veut bien écouter n'importe quoi, tant que ça suffit pour étouffer les glapissements de l'autre bourge. Monsieur Je ne peux pas faire de sport, c'est douloureux. Apparemment, ça ne s'applique à tout les domaines, hein ? Quel crevard. Quand il s'agit de s'agripper au lavabo pour se faire-

Non. Neku ne veut pas imaginer ça. Joshua le dos creux, en train de se mordre la lèvre…

Et merde.

Mais c'est qu'il est bruyant, en plus. Horriblement bruyant. C'est pas possible. Il le fait exprès. Personne ne gémit comme ça. Pas quelqu'un qui cherche à être discret, en tout cas.

Demain, il ira en parler aux pions. Hors de question qu'il laisse passer ça. Et avec un peu de chance, on le changera de chambre. Ils n'auront qu'à coller Vanitas ici, tiens, c'est bien son genre de faire des coups pareils. Ils pourront s'amuser à trois tant qu'ils veulent.

En attendant, il enfonce sa tête dans son oreiller et il relance sa musique. Clairement, il ne va pas se rendormir tout de suite. La nuit promet d'être longue. Et gênant.

La colère tape à l'intérieur de son crâne.

Merde.

Demain. Demain, Joshua fera moins le malin. Quand il devra se justifier devant Uzuki, ou Hanekoma. Ouais. Bien fait pour sa gueule.


[TW : Mention de scène de sexe]

Voilà. Ne faites pas comme Joshua et Riku les gens. C'est pas bien.

(Même si ça donne des scènes cocasses.)

A demain !