Hey !
Chapitre du jour ! On change de point de vue, et ça commence à devenir intéressant. On va bientôt passer à la partie cool de l'histoire.
C'est très chouette d'écrire avec Sanae, en vrai.
Bonne lecture !
Imprévu
.
Sanae attrape la tasse fumante qu'il vient de remplir. Il la garde quelques secondes entre ses mains. Bien. S'il peut la tenir, alors Joshua pourra aussi, sans problème. Il savoure un instant l'odeur sucrée qui flotte, puis il se retourne et quitte les cuisines pour retourner vers la salle principale. A cette heure, il n'y a presque personne. Les élèves sont encore sur les pistes, comme les rares enseignants qui ont donné cours ce matin. Eri discute avec Olette sur le perron.
Et Joshua est là, installé dans un coin de la salle vide, à regarder vers la fenêtre. Il sourit en le voyant s'approcher.
– Chocolat chaud ? il demande.
– Gagné.
– Quelle délicate attention.
Sanae a sorti une table, un peu bancale, juste ce qu'il faut pour que le jeune homme puisse poser sa boisson. Il attend voir si les filles viennent partager le goûter, mais elles ne bougent pas de leur repère.
– C'est le moment où tu me laisses pour sortir fumer ? Joshua poursuit en désignant la baie vitrée.
– Tu n'es pas censé tutoyer un surveillant.
– Comme si ça te gênait.
Non, c'est vrai. Depuis le temps qu'il le connaît, Sanae ne s'inquiète plus de ce genre de détail. Mais il aimerait que Joshua fasse attention, au moins au lycée. Les rumeurs vont vite, et il voudrait éviter les problèmes autant que possible. Problèmes que le garçon a tendance à attirer plus que de raison.
Même si ce n'est pas de sa faute.
– Alors, cette journée ? Pas trop fatigué ?
– Ça va.
Il regarde ailleurs. Et il masse ses jambes. Mensonge. Sanae le capte, mais il préfère ne rien dire. Si Joshua ne veut pas parler de ça, alors il ne le forcera pas.
– Tu sais, si les activités te plaisent pas, tu peux rester ici. Il y aura bien quelqu'un pour te surveiller.
– Oh, tu resterais juste pour moi ?
– Non. Mais je pourrais peut-être convaincre Uzuki.
Une jolie grimace vient colorer la bouche de l'élève, et Sanae se permet de rire. Puis il se tourne vers la vallée de neige. La visite du jour n'était pas des plus palpitantes, il convient. Il ne comprend pas pourquoi les enseignants s'obstinent à vouloir traîner dehors les élèves qui ne désirent ou ne peuvent pas skier. Mais puisqu'il n'y peut rien… Bah, il y a pire dans la vie que d'aller observer une étagère remplie de cailloux. Même s'il y a aussi plus épanouissant.
– J'aimerais autant rester ici seul.
– Je sais.
– Tu ne pourrais pas lui en toucher deux mots ?
– A qui ? Uzuki ?
– Oui.
– Malheureusement.
Elle n'est pas mauvaise. A vrai dire, c'est même une des collègues avec qui il s'entend le mieux. Mais, comme bien trop de gens dans ce monde, elle tient l'exercice et le travail comme deux indispensables pour une vie saine et équilibrée.
– Désolé. On a pas le droit de vous laisser sans surveillance.
Il lui ébourifferait bien les cheveux. Mais c'est toujours le même problème. Il y a des gens avec eux, et Sanae ne veut pas qu'on s'imagine qu'il fait du favoritisme - même s'il en fait, il doit le reconnaître. Ce genre de préférence attire l'inimitié des autres élèves, et Joshua a eu bien assez de problèmes par le passé pour qu'il n'en rajoute pas.
– Et si je fais semblant d'être malade ?
Joshua n'a pas tant besoin de faire semblant. Mais c'est plus compliqué que ça, et ils le savent tous les deux.
– Essaie d'être convainquant.
– Ce n'est pas ce qu'un adulte responsable devrait dire à un jeune garçon de mon âge.
– Et bien que le jeune garçon profite, des fois que je changerais d'avis.
Il sourit. Plonge sa main dans sa poche pour… oh. Il a oublié son paquet dans la chambre. Zut. Tant pis, il ira fumer quand les autres élèves rentreront profiter du chocolat chaud au Nesquik qui leur est dû.
– Et avec tes camarades de chambre ? Ça se passe bien ?
Riku Torres, et Neku Sakuraba. Pour le premier, Sanae ne se fait pas de soucis. C'est un garçon calme et sérieux. Pas le genre à chercher des noises aux autres - quoi que, parait-il que ça lui arrivait, au collège. Il a dû s'assagir avec le temps. Dans le pire des cas, il se contentera sans doute de ne pas lui parler. Et s'ils finissent pas s'entendre, ça ne fera pas de mal à Joshua de se lier avec des gens de son âge. Il a beau dire, il ne peut pas se contenter d'un ami qui a déjà passé la barre des trente ans.
En ce qui concerne Neku, Sanae émet quelques réserves. Ça pourrait bien se passer. Ou alors, ça va être explosif. Tout dépend de la patience du garçon.
– J'aurais pu tomber sur pire.
– J'ai dit à Uzuki d'éviter Hayner.
– Quelle délicate attention. C'est toi qui lui a suggéré Neku ?
– Mm, disons qu'elle voulait le séparer de Beat. J'ai pensé que ça te conviendrait.
Il sait que Joshua en pince pour le jeune garçon. Il ne s'en cache pas, même s'il n'en parle jamais sérieusement. Et pour dire vrai, Sanae n'est pas sûr de son coup. Il se demande même s'il n'a pas fait une énorme erreur, en lui laissant cette petite chance de partager une semaine avec quelqu'un qui lui plait. Sur le moment, il est resté sur son éternelle logique. Joshua doit passer plus de temps avec des gens de son âge.
Mais quand même. Neku n'a pas l'air de beaucoup l'aimer.
– Eh bien, il n'a pas tenté de m'étouffer avec un oreiller cette nuit. C'est un bon point. Mais il était grognon, ce matin. C'est à peine s'il m'a adressé la parole. Il est parti en douce avant tout le monde, tu te rends compte ?
– Et bien sûr, tu ne sais pas ce qui a pu le mettre dans cet état ?
– Exactement.
Sanae le fixe du coin de l'œil. Il voit bien comme le sourire de ce petit menteur s'allonge, là. Lui, il a dû faire une bêtise. Et il ne regrette pas.
Il n'est pas dupe. Joshua est insupportable quand il veut. Et il le fait exprès. Donc, inutile de le lui faire remarquer.
– Mouais.
Il soupire. Il faudra bien qu'il comprenne, un jour, qu'à agir de la sorte, il se fait du mal autant qu'il s'en évite.
– Je doute que Neku soit du genre à détester les gens sans raison.
– Oh, moi, je le trouve particulièrement grognon. Il ne sourit pas beaucoup. Il n'est pas très avenant, d'ailleurs. J'ai voulu faire la conversation hier soir, et il m'a bien fait comprendre que ma présence n'était pas désirée.
– Peut-être que ta présence ne lui était pas très agréable.
– Qu'est-ce que tu insinues ?
– Moi ? Rien.
Joshua avale son précieux chocolat. Il l'observe, l'œil plissé, peu convaincu.
– Menteur.
Sanae ricane.
– Il nous faut bien des points communs.
Oh, cette moue offusquée. Il peut bien faire semblant d'être vexé, il sait très bien qu'il a raison. N'empêche, il est presque adorable, quand il s'y met.
Allez. Les autres ne vont pas tarder à rentrer. Il faut qu'il aille faire chauffer l'eau, qu'il sorte le lait en poudre, le Nesquik, et… Il doit bien y avoir des gâteaux quelque part. Au pire, il ira demander aux cuisiniers. Alors il laisse là son petit protéger, il agite sa main vers Eri alors qu'elle rentre, et il s'en retourne dans la salle réservée aux accompagnants.
– Sanae !
Ah. Ça, c'est Uzuki. Et vu sa voix, il y a un soucis.
– Oui ?
– On a un problème. Tu as le permis ?
Ça, ça ne sent pas bon.
– Oui, mais j'ai pas de voiture.
– Tu prendras la mienne.
Elle fouille dans sa poche, peste et en tire ses clefs. Oh. Si on lui avait dit qu'un jour elle lui confierait son véhicule perso…
– Et je vais où avec ça ?
– A l'hôpital.
Ah.
– Un des élèves s'est blessé. Kariya a fait venir une ambulance, il est avec lui là-bas, mais ils ne pourront pas rentrer seuls.
– C'est grave ?
– Ça va. Fracture du pouce. Il s'en remettra, mais plus de ski pour lui.
Aie. Vu comme les gosses se réjouissaient à l'idée de cette sortie, le pauvre gamin ne doit pas passer une excellente journée. Il n'aimerait pas être à sa place.
– C'est quel élève ?
– Neku Sakuraba. Le petit roux qui partage la chambre de Joshua et Riku.
Neku ?
Sanae redresse la tête.
– J'ai essayé de contacter ses parents, mais ça ne répond pas. Je vais rappeler. Toi, va les chercher.
Il ne se fait pas prier.
Bon, si Neku est blessé, il y a des chances pour qu'il rentre chez lui, et Joshua sera triste. Mais si jamais il restait…
Eh bien, toute déplorable que soit la situation, il se pourrait qu'elle prenne une tournure intéressante.
Il y en a un qui va être content. Je vous laisse deviner qui c'est.
A demain !
