Hey !

Déjà le neuvième jour. On a passé le premier tiers de l'histoire. (Et j'ai toujours pas fini d'écrire les derniers chapitres, ahah. Je vais devoir bouger mon cul.)

On part sur un truc plus court, cette fois ! Mais c'est important, et j'ai failli zapper d'intégrer le sujet parce que j'avais oublié de le mettre dans le plan. Bref. TW en fin de page !

Et toujours un gros merci à Lae pour sa review !

Bonne lecture !


Mauvais rêve

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Eh, poil de carotte !

C'est une explosion. Un truc qui lui prend le ventre comme il ouvre les yeux dans la pénombre matinale, les boyaux tordus. Neku inspire. Expire. Avale sa salive, ravale sa nausée.

Rien, pas de meuble. Autour de lui des formes, hasardeuses, des monstres dans l'ombre. Un tas qui lui rappelle son sac, et une bosse sous une autre couette. Dans un autre lit.

Un autre lit. Pas sa chambre. Ces murs ne sont pas les siens.

Son cœur frappe à l'arrache.

Ok. Il est dans un lit. Il dormait, donc. Ouais. Il dormait. Il rêvait. Un rêve, c'était juste un rêve. Un mauvais rêve, mais quand même, un rêve. Ok.

Sa main tremble contre les draps. C'est le froid.

Neku se redresse. Tatonne. Sur la table de chevet, son portable. Il l'attrape. L'allume. La lumière lui saute à la gueule. 6h25. Pas encore sept. Pas l'heure de se lever, donc. Et puis Hanekoma lui a dit, de toute façon. Qu'il pourrait couper aux cours matinaux. Mais là il a le torse en feu, et il sait qu'il ne se rendormira pas.

Merde.

Il s'assoit contre le bord du lit. Bien réveillé. La trouille aussi, elle est debout. Elle ne le lâche pas. Encore il inspire, et il pose une main sur son torse, là où ça palpite. C'est fini, il pense. Fini. C'était juste un rêve. Un souvenir. Dans tous les cas, c'est terminé. Ça a pris fin quand il a ouvert les yeux, pas la peine de flipper. Oui. C'est bon. Inspirer, expirer. Tout va bien.

Mais ça ne se calme pas. Parce qu'il a l'intime conviction qu'il suffirait qu'il les referme pour que ça recommence.

Ce serait pour de faux. Des images dans sa tête, des restes que son cerveau recrache. Mais les cauchemars, quand on est dedans, c'est aussi vrai que le reste. Et Neku ne veut pas. Plus. Plus jamais, même en rêve.

Il attrape un morceau de peau entre ses dents, serre. Une minute passe, une autre, une dizaine. Et doucement, ça se calme. Comme il ramène à lui des images plus douces, le rire de Shiki et les bras de Beat, ça s'apaise. La peur se tasse. Le cœur se calme. Il tâte encore son torse. Cette fois, ça cogne normalement.

Et soudain, ça vibre à l'autre bout de la pièce. Neku sursaute sous ses draps.

C'est juste le réveil de Joshua. Merde. Même quand il dort, il le fait flipper.

– Mmh.

Un grognement s'échappe depuis la couverture de son camarade, comme un bras tout mince émerge. Et bientôt, le début de musique s'arrête. Pour recommencer, dix minutes plus tard.

Cette fois, Neku croit reconnaître les premières notes de Paparazzi, de Lady Gaga. Est-ce que ça l'étonne ? Non.

Mais quand même.

Joshua redresse la tête. Neku se tasse sous sa propre couette, avant qu'il ne puisse l'apercevoir.

Il perçoit la lenteur de ses gestes pleins de sommeil. Leur mollesse. Apparemment, le pauvre garçon a du mal à s'extirper du lit.

Le garçon attend encore cinq bonnes minutes, se tourne et se retourne. Il repousse en partie la couverture, attrape son portable et pianote. Mais il ne quitte vraiment son petit confort qu'au moment où Kariya vient toquer à leur porte pour les réveiller.

– C'est l'heure de se lever ! il crie derrière la porte.

Pas pour le blessé. Mais il observe son camarade qui se traîne près de lui. Son manque d'énergie se ressent jusqu'ici.

D'abord, Joshua disparaît dans la salle de bain. Il l'entend qui se brosse les dents. Puis l'eau cesse de couler. Il sort, fouille dans son sac et s'en retourne au lavabo. Neku ne peut pas le suivre, mais le silence qui suit l'intrigue. Qui s'enferme dix minutes dans une salle de bain, si ce n'est pas pour utiliser l'eau ?

Il vient de penser à quelque chose. Mais non. Ça, il l'aurait entendu. Eh il n'a pas envie d'imaginer ça. De toute façon, ce n'est clairement pas le moment pour faire ce genre de truc. Hein ?

Bordel. Si seulement l'autre n'avait pas couché avec Riku, Neku n'aurait pas ce genre d'idée en tête.

Joshua ressort. Son camarade se retourne. Il l'entend encore qui fouille dans ses affaires, trotine. Des tissus frottent. Il doit être en train de s'habiller. Dans le noir. Il réalise, brusquement que son colocataire a eu la présence d'esprit ne de pas le réveiller.

Oh.

Ça dure, jusqu'à ce qu'il ouvre la porte. Neku comprend que le petit bourgeois sort enfin. Va pour sortir, tout du moins. Mais il s'arrête. Est-ce qu'il a oublié quelque chose ?

Des bruits de pas. Et soudain, il sent ses doigts sur son épaule. Comme une plume.

– Neku ?

Le rouquin inspire.

– Mm.

Qu'est-ce qu'il lui veut encore ?

– Eh ?

– Quoi ?

Il ne peut pas faire semblant de dormir tranquillement ?

– Ta main ? Ça va ?

Et là, Neku se sent stupide. Joshua est seulement inquiet. Bien. Il est bien heureux que l'autre ne puisse pas le voir.

– Ouais, il marmonne.

– Bien.

C'est juste… Juste ça ? Il veut savoir comment il se sent ? Qu'est-ce que ça cache ?

– Profite bien de ta matinée.

Oh, il y compte. Mais c'est bizarre de l'entendre dire ça. C'est trop… Merde, Joshua, c'est le genre de gars qui regarde les autres depuis son petit trône confortable. Il ne se soucie pas des gens. Pas le Joshua que Neku connaît, en tout cas.

La main s'éloigne soudain, et il disparaît dans le couloir. Le silence retombe, la fatigue s'invite. Et pourtant, Neku ne ferme pas les yeux. Il y a quelque chose de désagréable, là. Comme un semblant de remords. Un truc qui pique, qu'il n'apprécie définitivement pas.

Il se redresse, regarde la porte fermée. Son téléphone qui traine au coin de la table, le lit vide de Riku - il n'est pas rentré cette nuit, donc. Puis ce sont ses propres mains qu'il observe, dans la lumière grise. Ses poignets à la peau fine. Il les caresse, remonte le long de ses bras lisses. Ramène ses jambes contre lui. Déglutit.

Ça remonte. Il voudrait croire que c'est fini, ça. Et ça l'est. Tout va bien aujourd'hui. Il n'a plus peur d'entrer en classe. Ne trace plus dans la cour pour se planquer dans les toilettes. Il passe le portail sans regarder autour de lui, et même, parfois, il se cale contre Beat sans flipper face aux regards des autres.

Alors pourquoi c'est encore là ?

C'est ton sac, celui-là ?

Il pose sa tête contre ses genoux.

Bah maintenant c'est ma poubelle.

Serre le poing.

Qu'est-ce que tu vas faire ?

Fort.

Oh, tu chiales ?

C'est bête, là. Stupide. Deux ans qu'il est tranquille et encore, il crève de honte quand il y repense. Il serre, jusqu'à ce que ça fasse mal, dans sa seule main valide. Comme pour se punir. Parce qu'il n'a pas été foutu de retenir assez longtemps ses larmes, même en gardant les yeux grands ouverts, parce qu'il n'était pas assez fort, pas assez dur, incapable de répliquer, et…

Et même si Shiki lui a répété d'innombrables fois que ce n'était pas de sa faute, il a honte.

Il déglutit.

La pièce est trop grande pour lui, et il regrette - sans doute à tort - de ne pas avoir retenu Joshua.


[TW : Harcèlement scolaire]

Voilà voilà. On arrive sur une des meilleures journées en vrai, j'ai hâte de poser la suite.

A demain !