Hey !
Encore un beau morceau pour aujourd'hui ! Et c'est toujours du fluff.
Merci a Lae pour ses reviews sous les chapitres précédents !
Bonne lecture !
Autour d'un chocolat
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Neku regarde le chocolat chaud fumant devant lui. Il enlève ses gants, passe ses doigts froids autour de la tasse et, délicatement, souffle sur le filet de fumée qui s'élève. Devant lui, le sourire de Joshua flotte, troublé par la vapeur de la boisson. Le garçon découpe un morceau de crêpe au caramel qu'il porte à ses lèvres, engloutit, avant que sa langue rose ne vienne récupérer le sucre brun sur sa bouche.
Bon. Il faut qu'il arrête de le regarder comme ça, vraiment. C'est gênant.
– Tu n'y es pas allé de main morte, Joshua commente.
Comme il parle, il enroule un doigt autour d'une de ses mèches encore humide. La neige fondue leur a laissé quelques souvenirs, qu'ils sont venu effacer bien au chaud, dans un café. Hanekoma leur a gracieusement offert les consommations. Entre ça et les pizzas, ça commence à faire.
Hanekoma, justement, s'est installé dehors, avec Olette et Eri. Neku n'a pas leur courage de suivre. Il préfère la chaleur d'un chauffage artificiel.
– Tu l'as cherché.
– Oh, c'est vilain ça, Neku.
Il lui donne un coup de pied sous la table. Pas trop fort. De toute façon, ça le fait rire.
– Mais quel mauvais garçon.
– C'est l'hosto qui s'fout de la charité.
– Mais je suis très charitable. J'ai renoncé à l'idée de te poursuivre en justice.
– Quelle gentillesse, il ironise.
Il sait que Joshua plaisante, bien sûr. Et même, pour une fois, ça l'amuse. Puis c'est joli, comme l'eau perle de ses boucles.
Merde, il recommence.
– Comme va ta main, d'ailleurs ?
– Pas trop mal.
C'est dingue quand même, comme Joshua lui semble brusquement plus agréable quand il donne l'impression de se soucier de lui. S'il était tout le temps comme ça, il pourrait le supporter à longueur de journée. Les gens l'apprécieraient sans doute plus, d'ailleurs. Alors pourquoi est-ce qu'il s'évertue à jouer le rôle du petit bourgeois pédant ?
– Alors ? Tu préfères les pistes de ski, ou la balade dans un des villages les plus égarés du pays ?
– La balade.
Il ne fait même pas semblant d'hésiter.
– Je déteste le ski, il ajoute.
– Oh ? Et pourquoi ça ?
– J'sais pas.
C'est dur à expliquer. Et à comprendre, aussi. Autour de lui, tout le monde adore. Les pentes, la vitesse. Mais Neku, planté sommet d'une butte neigeuse, il sent juste la peur qui gonfle et les larmes qui lui montent aux yeux. Il n'est jamais autant soulagé qu'au moment où il arrive enfin en bas.
– J'arrive même pas à tenir sur des skis, de toute façon.
– Je constate, Joshua roucoule, les yeux posés sur son atèle.
Et voilà, il recommence. Il a l'air sympa et bam, d'un coup, sa chiantise ressort. A croire que c'est plus fort que lui.
– Mais pourquoi est-ce que tu t'es inscrit à cette classe de neige, alors ?
– Mes parents voulaient.
– Sauf erreur de ma part, c'est à toi de choisir, pas à eux.
– Ouais bof, c'est eux qui signent le papier à la fin.
Il sent que Joshua le scrute là, comme s'il cherchait quelque chose. Il baisse les yeux.
Neku ne peut pas dire qu'on lui a forcé la main. S'il avait insisté, peut-être qu'il aurait pu glandouiller une semaine à la maison, loin du froid et des montagnes. Mais il aurait fallu expliquer, et ça, il a lâché l'affaire depuis longtemps. Les gens comprennent rarement les petites peurs qui l'habitent, et ses parents ne font pas exception. C'est comme quand il préfère les caisses automatiques au supermarché, parce qu'il déteste parler aux caissiers. Pour les gens, c'est facile. Pour lui… S'il peut s'en passer, alors il fait sans.
Pour eux, une semaine de ski, c'est une chance. Et si c'est une chance pour eux, alors ils ne comprennent pas que ça n'en est pas une pour lui.
– Et toi ? Pourquoi t'es venu, si t'aimes pas les sorties ?
– Oh, détrompes-toi. J'aime bien me promener, tant qu'on ne me traîne pas dans un horrible musée aux étagères remplies de vieux cailloux. Aujourd'hui, par exemple, j'ai passé un bon moment.
– Ah. Cool.
– Tu n'y es pas pas rien, d'ailleurs.
– D'accord.
Bien. Il rougit. Est-ce qu'il peut encore mettre ça sur le compte du froid, histoire de préserver son égo ? Mais pourquoi il lui sort ça aussi, l'autre ? Et ça y est, il rit. Il se fout de sa gueule.
– T'es pas drôle, Neku marmonne.
– Effectivement, et je ne cherche pas à l'être. Toi, en revanche…
Une gorgée de chocolat. Voilà, ça fait du bien. Puis il regarde vers la fenêtre, là où les autres sont installés. Eri glousse, Olette raconte un truc qu'il n'entend pas, et Hanekoma hoche la tête.
Le monde tourne, quoi. Et lui, il taille une bavette avec Joshua.
– Mais pour répondre à ta question, disons que mes parents ne sont pas non plus commodes.
Joshua termine sa crêpe d'un coup de cuillère.
– Ils n'aiment pas que je rate les cours, de toute façon.
C'est vrai, maintenant qu'il y pense. Sport excepté, Joshua n'est pas souvent absent. Il a beau geindre tant qu'il veut, il ne demande jamais aux surveillants d'appeler ses parents.
Est-ce qu'il doit s'en inquiéter ? Pas que ce soit peu commun, au contraire. Mais la façon qu'il a d'en parler, toute en légèreté, sa main agitée dans ses boucles alors qu'il glisse l'autre sous la table...
Au pire, ça ne le regarde pas.
– Comme tous les parents, quoi.
Il ne sait pas pourquoi il dit pas. Ce n'est pas complètement faux, mais pas si vrai que ça. Neku déteste les phrases convenues, et c'est pire quand elles sortent de sa bouche.
– Certes.
La conversation s'éteint. Il ne veut pas qu'elle cesse.
– Et du coup, tu sais vraiment pas où Riku était, cette nuit ?
– Quoi, tu te fais du souci pour lui ?
– On est pas censés quitter nos chambres.
– Mm, je dirais plutôt que nous ne sommes pas censés nous faire prendre quand on les quitte. Une question de point de vue, je suppose.
Là, Neku n'est pas entièrement d'accord. Mais il ne peut pas non plus dire qu'il a tort. Techniquement, un élève qui ne se fait pas chopper peut bien faire ce qui lui chante. L'important, ce n'est pas de respecter les règles, mais de les outrepasser à l'abri des regards.
Et ça vaut pour tous les interdits.
Il baisse les yeux. Sous la table, Joshua passe et repasse sa main le long de sa jambe.
– Mais parait-il que Vanitas n'était pas dans la sienne non plus.
– Ouais, j'sais.
Et comme il répond, il réalise que Joshua ne devrait pas avoir cette information.
– Att', d'où tu sais ça ?
– Sho en parlait ce midi. Après ton départ. Tu as raté une magnifique altercation entre notre matheux attitré et ton ami. Beat, je crois ?
Oh. Oui, ça n'a rien d'étonnant.
– J'espère que les enseignants n'auront pas tendu l'oreille trop loin.
– Genre, il l'a dit fort ?
– Pas tant, mais je doute d'être le seul qui ait entendu.
Merde. Oh, tant pis. Si les deux zigotos se font choper, c'est leur problème. Neku espère juste qu'on ne viendra pas lui demander pourquoi il n'a pas prévenu un surveillant, pour Riku. Il n'a pas envie d'avoir à se justifier.
Puis il y a un truc qui devrait alerter Josh, là.
– Et ça t'inquiète pas ? il demande.
– Leur petit manège ? Pas le moins du monde. J'adore me mêler des histoires des autres, tu sais, mais je n'aime pas les régler.
– Non mais Van et Riku.
Il attend que ça lui monte au cerveau.
– Ça devrait ?
– Tu connais Van.
– Oui. C'est assez dur de l'ignorer, tu conviendras.
– Et t'as, genre…
Oh, il n'a pas envie de dire ça. C'est gênant. Il jette un coup d'œil dehors, même s'il sait que le reste du groupe ne pourra pas les entendre.
– T'as couché avec son mec.
– Oui, je suis au courant.
– Il va grave t'en vouloir.
– Vanitas ? Oh j'imagine que la nouvelle ne l'a pas fait sourire.
En effet. Là, c'est Joshua qui sourit.
– Mais ça ne m'effraie pas plus que ça, non.
– T'as pas peur qu'il se venge ?
– Je ne vois pas pourquoi il le ferait. Lui et Riku s'étaient séparés, au moment des faits.
Des faits. A croire qu'il parle d'une scène de crime. Enfin, c'est un peu vrai. Il existe des lois contre l'attentat à la pudeur, mais ce n'est sans doute pas ce qui dérange le plus Joshua, dans cette histoire.
– Et puis, je n'ai pas de petit ami avec qui il pourrait coucher. Enfin, pour l'instant.
C'est quoi ce regard qu'il lui fait, là ? Il croit vraiment que c'est le moment pour ça ?
–Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse ?
– Il pourrait te casser la gueule dans la cage d'escalier. A tout hasard.
– Oh, il n'oserait pas.
– Qu'est-ce que t'en sais ?
– Je suis une balance, Neku. S'il me touche, j'irai tout raconter. Il le sait, et je doute qu'il ait envie de se faire expulser du lycée en cours d'année.
C'est sans doute vrai, mais Neku ne sait pas si ça suffira à le dissuader.
– Il pourrait t'emmerder autrement.
– Je ne pense pas, non. Vanitas est une sale teigne, mais il est loin d'être aussi idiot qu'Hayner. Il se contentera de me faire comprendre qu'il ne veut pas que j'approche son petit ami, je pense.
Possible. Mais quand même, à sa place, le rouquin ne serait pas rassuré.
– Mais je suis touché de voir que tu t'inquiètes pour moi.
– Bah quand même.
Ça l'embêterait, s'il arrivait quelque chose à Joshua. Le constat n'est pas agréable, mais s'il est honnête, il doit bien reconnaître que le jeune homme fait attention à lui. Au moins, à sa main. Puis maintenant qu'il ne le trouve plus si chiant… Enfin, il commence à l'apprécier un peu, quoi.
– Je pourrai compter sur toi, si Vanitas viens me casser la gueule dans la cage d'escalier ? l'autre ronronne.
– Ouais non, quand même.
– Oh, Neku ! Tu le laisserais me frapper ?
– J'ai déjà un bras cassé.
– C'est juste un doigt.
– T'avais qu'à y penser avant de coucher avec son mec.
– Ce n'était plus son mec. Et qui te dit qu'ils sont vraiment retournés ensemble ?
Rien, mais franchement, il n'imagine pas une rupture sur le long terme entre ces deux-là. Ça doit faire genre quatre ans qu'ils s'emballent et se séparent. Ce serait grave bizarre, s'ils devaient rompre définitivement. Leurs histoires font jaser la moitié du lycée.
Oh. Mais si ça se trouve, c'est ce que Joshua espérait ? Zut. Il se sent mal pour lui.
– T'aurais préféré qu'ils se séparent ?
– Pourquoi je voudrais ça ?
– Bah toi et Riku… 'fin j'sais pas. T'as quand même couché avec, quoi. Il te plait pas ?
– Il n'est pas trop mal. Et plutôt sympathique quand il ouvre la bouche - pour parler, j'entends.
Joshua le sait, qu'il ne va pas pouvoir s'empêcher d'imaginer la chose, hein ? Oh oui. Le petit con.
– Mais je n'espérais rien de plus, si c'est ce qui t'inquiète. Ce n'est pas le genre de garçon avec qui je me vois passer le reste de ma vie.
– Ah. Cool, alors.
Passer le reste de sa vie. A l'entendre, ils allaient se marier et avoir des gosses. Enfin, ce n'est pas comme s'ils pouvaient vraiment en avoir, vu qu'ils ne disposent ni l'un ni l'autre de ce qu'il faut. Ils peuvent toujours adopter, mais- Rah, ça lui retourne le cerveau. il déteste ça. Et il déteste comme c'est si simple pour Joshua de le perdre.
– Tu n'es pas doué avec les mots, hein ?
– C'est pas drôle, il râle.
– Parce que c'était un constat, pas une blague. Tu sais Neku, je suis beaucoup moins amusant que tu semble le croire.
Non, mais il est sans doute plus casse-couille qu'il ne pourrait l'imaginer. Et il en a conscience, vu sa moue de petit renard fourbe.
Mais tout irritant qu'il soit, il est moins… Détestable ? Disons qu'il ne l'énerve pas comme Hayner l'énerve. Ou Seifer.
Mais ça, c'est autre chose, et il ne mettra jamais Joshua et ce pauvre con à la même hauteur. Parce que Joshua n'est pas comme ça.
– Tu ne finis pas ton chocolat ? l'angelot demande, le nez pointé vers la tasse.
– T'en veux ?
– Je ne dis pas non.
Il ne peut pas dire oui comme tout le monde, hein ?
Allez. Neku est calé, de toute façon. Il a assez de sucre dans le sang, alors il pousse la tasse dans sa direction. Il le regarde poser ses lèvres contre le bord du récipient.
D'ici, il n'arrive pas à savoir s'il a mis du gloss. Mais il a un joli verni. Neku n'ose pas le lui dire, mais ça lui va bien. Pas tant pour la couleur, d'ailleurs, que parce que Joshua porte à merveille ce que les autres garçons n'osent pas mettre.
Lui, il ne pourrait pas, même s'il voulait. Il y a des choses qu'il n'est pas encore prêt à faire.
Et c'est sans doute ce qui l'agace, chez Joshua. Il ose.
Ils sont combien, à le détester pour ça ?
Ah, ils sont définitivement trop mignons. C'est grave chouette d'écrire avec eux. Et j'ai du mal à croire qu'on a déjà fait la plus grosse moitié du calendrier, wow. Bien bien.
Désolé, ça casse du sucre sur le dos de Vanitas. Mais sait-on jamais, je pourrais en avoir besoin pour une fanfic future.
A demain !
