Hey !
Et voilà un petit chapitre ! Me semble que c'est le dernier qui est court, d'ailleurs. Les autres sont de beaux bébés bien longs. J'espère qu'il vous plaira !
Merci à Lae pour sa review !
Bonne lecture !
Juste un conseil
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Une fois la voiture fermée, Sanae s'assure que tout le petit groupe rentre dans le chalet. Il laisse Joshua plier le fauteuil d'Eri, puisque la jeune fille semble s'en accommoder. Mais alors que tout le monde s'en va regagner sa chambre pour déposer ses affaires, il retient son petit protégé.
– Eh, Josh.
Il a beau gambader comme si de rien était, il l'a vu faire, tout le long du trajet dans le rétro. A triturer sa jambe.
– Si tu t'inquiètes de savoir ce que j'ai fait à ce pauvre Neku, sache que nous avons seulement discuté. Je ne l'ai pas embêté plus que de raison.
Joshua se cache sous son sourire plein de malice.
– J'attendrai quand même d'avoir sa version pour le croire.
– Tu me fais si peu confiance ?
– Disons que tu as tendance à voir les choses comme elles t'arrangent.
C'est vrai. Pas toujours dérangeant, mais vrai. Et Joshua le sait, puisqu'il ne s'offusque pas outre mesure.
En vrai, Sanae ne doute pas que leur échange s'est bien déroulée. Il a remarqué les regards entre eux, et les sourires en coin. C'est plutôt bon signe, il ne s'en fait pas. Non, pour une fois, c'est bien Joshua qui l'inquiète.
– C'est bon, tu es rassuré ?
– Oui, il soupire. Mais c'est pas ce qui m'intéressait..
Il descend son regard.
– Olette m'a raconté que vous avez couru.
– Oh, ça.
Joshua hausse les épaules.
– Ça m'arrive, oui. Je ne suis pas aussi fainéant que les gens veulent bien le croire.
– T'as quand même beaucoup marché, aujourd'hui.
Il n'est pas dupe. Il connaît le père de Joshua, et il sait ce que ce type pense de tout ça. Quelle mentalité il lui a involontairement inculquée. Mais Hanekoma n'est pas de son avis. Il aimerait voir Joshua prendre soin de sa santé.
– C'était une journée mouvementée, oui.
– Comment vont tes jambes ?
Il l'a vu faire ce geste tellement de fois. Passer et repasser sa main contre sa cuisse, comme pour chasser un fourmillement désagréable. La question est là pour la forme. Pour le pousser à parler, puisque chez lui, personne ne semble décidé à régler ce problème.
– Je peux encore marcher.
Ça ne répond pas à sa question. Joshua le sait. Et s'il ne se plaint pas, c'est que ça ne va pas si bien que ça.
– Fais attention ce soir, il insiste, plus doux.
Il croise les bras. Sanae n'aime pas jouer les pions sérieux, d'autant que ça ne marche pas sur le galopin. Alors il reste calme. Mais le fait est qu'il s'inquiète, et il sait qu'il a raison de le faire.
Il sait aussi qu'il ne peut rien faire sans son accord. Il n'a pas à prendre ses décisions. Mais parfois, ça le démange.
– Je demanderai à ce qu'on t'apporte ton repas dans la chambre, si tu ne peux pas sortir.
– Ce serait adorable. Mais je pense que je vais me débrouiller.
– Comme tu voudras.
C'est dit. A Joshua de voir s'il veut saisir la perche qu'il lui tend. Il devrait, de son avis. Mais il sait que ce n'est pas si simple, et c'est bien ce qui l'inquiète. Le garçon adore geindre, mais seulement quand il s'agit de se plaindre dans le vent. C'est une manière comme une autre de cacher ce qui ne va vraiment pas, et Sanae l'a vu faire beaucoup trop de fois. Il exagère aussi bien qu'il minimise ce qui devrait l'alerter.
Enfin. Il ne veut pas aller contre ses décisions. Ce serait contre productif. Si Joshua veut tirer sur la corde, alors qu'il le fasse. C'est à lui de trouver ses limites.
Bien. Il l'a assez embêté. Il peut passer à la question que Joshua meurt d'envie d'entendre.
– Et alors, avec Neku ?
Il jette un coup d'œil vers le couloir, pour s'assurer que le principal concerné n'est pas dans le coin.
– On dirait qu'il commence à t'apprécier.
– Oh ! Toi aussi, tu as cette impression ?
Il retrouve son air insupportable, mais son regard s'illumine. Ça, c'est agréable à voir.
– Evite quand même de trop le titiller. Sa patience est limitée.
– Ne t'en fais pas pour ça. Je serai raisonnable.
Rien n'est plus faux, Sanae n'en doute pas un seul instant. Mais pour une fois, Joshua ne sourit pas comme un petit renard prêt à entrer dans le poulailler. Il dodeline de la tête, adossé contre le comptoir de la salle qui fait office de cantine. Rêvasse entre deux mots. Cette expression, il ne la lui avait pas trouvée depuis longtemps.
C'est une faille dans son inquiétante carapace, et le surveillant s'en réjouit.
– Je peux filer, où tu as d'autres mises en garde à m'adresser ?
– Je crois qu'on est bon pour cette fois.
– Bien !
Le garçon s'éloigne d'un pas joyeux, satisfait. Sanae le suit du regard. Il voit bien comme il avance, droit et digne, ses jambes trop crispées. C'est dur, de ne pas l'arrêter. De ne pas insister. C'est une règle qu'il s'impose, laisser aux autres le choix d'outrepasser leurs limites. Ne pas leur imposer ce qu'il estime être bon pour eux. Mais avec Joshua, il doute toujours. Est-ce qu'il fait bien de le laisser filer, là ? Il devrait peut-être le traîner à l'infirmerie. L'arrêter, quand il n'est pas capable de s'arrêter seul.
Il soupire. Ce n'est pas comme s'il risquait de s'épuiser beaucoup dans sa chambre, de toute façon. Neku n'est pas du genre énergique. Ça leur fait un point commun, d'ailleurs.
Et Neku, justement. Lui aussi, il a l'air tout cabossé. Sanae a eu vent de toutes ces histoires qui circulent dans la salle des profs. Le harcèlement, et le détachement avec lequel ils prennent la chose. S'il n'en dit rien, ça ne l'irrite pas moins. Cette résignation. Ces adultes qui détournent les yeux. Ces gosses livrés à eux-mêmes dans la jungle du lycée.
– Sanae !
Uzuki le tire de ses pensées. Apparemment, elle est de mauvaise humeur. Pour changer.
– Un problème ?
– Pas encore, et j'aimerais autant ne pas attendre d'en avoir. Il faut qu'on s'occupe de l'organisation pour Vendredi.
Vendredi ? Oh oui, la fête. Au moins, elle va droit au but. Allez. La connaissant, ils en ont pour un moment.
Il zieute une dernière fois vers le couloir, où son protégé a disparu. Ne reste que le vide. Il se détend.
Ce n'est plus de son ressort.
Il sait que Joshua n'a pas vécu que de belles choses, et Neku n'a pas pris des chemins plus simples. Surtout, il sait comment sont les adolescents blessés. Comme ils se dépêtrent avec les liens qu'ils essaient de tisser. Alors il espère que ça ira pour eux.
Et voilà. J'aime bien faire le point de vue de Sanae, ça permet de fouiller un peu sous la coquille de Joshua.
A demain !
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