Disclaimer : les personnages du monde de Harry Potter sont la propriété exclusive de J.K. Rowling.

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-2-

Réel ou imaginaire.

Le repas fini, chacun repartit vaquer à ses occupations. Anhura allait monter dans ses appartements lorsque Dumbledore la retint par l'épaule.

"Viens avec moi, je vais te donner ton emploi du temps."

"D'accord."

Ils montèrent les étages. Arrivés devant la grosse gargouille de pierre qui protégeait la tour, Dumbledore prononça : "Chupa Chups", et la statue pivota pour laisser apparaître un escalier en colimaçon. Dumbledore et Anhura se posèrent sur la première marche, puis l'escalier se mit à tourner sur lui-même, les faisant ainsi monter jusqu'à un grand couloir où se trouvait la porte du bureau du directeur. Ils pénétrèrent dans la vaste pièce ronde, remplie d'objets métalliques posés sur de petites tables ou des étagères, à l'entrée de laquelle était perché Fumseck, un phénix rouge et or, qui était déjà présent quand Anhura avait débuté ses études.

"Tiens, bonjour toi," dit-elle gentiment, en caressant tendrement la tête du gros oiseau, qui émit quelques douces notes de musique.

"Voilà pour toi," lança Dumbledore, debout derrière son bureau, en tendant à Anhura son emploi du temps.

"Merci beaucoup, professeur," dit-elle en prenant le parchemin.

Elle allait sortir, mais se souvenant de la conversation de midi, elle s'arrêta brutalement et se retourna.

"Professeur?" appela-t-elle avec hésitation, se demandant si elle n'allait pas paraître indiscrète.

"Oui, qu'y a-t-il?" demanda-t-il d'une voix paisible.

Elle se mordit la lèvre et s'approcha du bureau.

"Je me demandais juste…"

"Oui?" l'encouragea Dumbledore lorsqu'il remarqua sa gêne.

"Eh bien… Pourquoi étaient-ils tous si contrariés, tout à l'heure, quand vous avez dit qu'une certaine Joanne allait publier un livre?"

Dumbledore eut un petit rire malicieux.

"Assieds-toi, je vais t'expliquer."

Intriguée, Anhura s'assit dans un gros fauteuil vert, en face du directeur, qui s'assit également et qui semblait réfléchir à ce qu'il allait dire, les coudes appuyés sur son bureau, les mains jointes en accent circonflexe sous son menton.

"C'est une longue histoire," commença-t-il en soupirant, l'air un peu rêveur. "Vois-tu, il y a quelques années, sept ans exactement, une jeune femme du nom de Joanne Owlgrin était professeur à Poudlard. Elle enseignait d'ailleurs la Défense contre les Forces du Mal. Son vrai métier était celui d'écrivain, mais elle ne gagnait pas assez pour vivre convenablement, alors elle décida de répondre à l'annonce que j'avais faite passer dans la Gazette du Sorcier, à l'époque."

Anhura s'installa plus confortablement dans son fauteuil. Elle adorait écouter Dumbledore parler. Il savait rendre n'importe quel sujet passionnant. Même la recette d'une tarte aux oignons aurait paru fantastique, énoncée par lui.

"Passionnée par l'écriture, elle continuait malgré tout d'inventer des histoires à ses heures perdues," poursuivit-il en appuyant sa tête contre le dossier de son fauteuil. "Elles se déroulaient souvent dans le monde des Moldus, qu'elle connaissait très bien, puisque sa propre mère était elle-même une Moldue. Cependant, peu de sorciers étaient attirés par ce monde-là, et Joanne était désespérée de voir que personne ne s'intéressait à ses récits. Ecoeurée, elle décida d'abandonner complètement le métier d'écrivain et de ne se consacrer qu'à l'enseignement."

Dumbledore marqua une pause; ses yeux bleus se mirent à briller intensément.

"Jusqu'à ce que, deux ans plus tard, arrive Harry Potter à Poudlard."

"Harry Potter?" intervint brusquement Anhura. "Il est ici?"

"Oui, il va commencer sa cinquième année d'études," indiqua Dumbledore avec un sourire.

"Et que s'est-il passé, l'année où il est entré à Poudlard?"

"Comme tu dois t'en douter, personne au château ne resta indifférent à l'arrivée de ce jeune garçon. La plupart des professeurs et des élèves étaient heureux ou fébriles à l'idée de l'avoir pour élève ou pour ami, tandis que d'autres, plus rares, le haïssaient… pour diverses raisons," acheva-t-il d'un air songeur.

Il esquissa un petit sourire.

"Voyant que ce garçon ne laissait personne insensible, Joanne se rendit compte qu'elle tenait là un sujet en or. Harry Potter réveilla en elle sa passion pour l'écriture, et elle s'était mis en tête de raconter l'incroyable histoire du jeune enfant qui avait survécu au plus redouté des mages noirs. Seulement, tout le monde connaissait déjà cette histoire, qui de toute façon n'était pas assez consistante pour remplir un livre entier."

Anhura ne perdit pas une miette de ce que disait Dumbledore. Celui-ci leva les yeux au plafond, comme plongé dans ses souvenirs.

"Alors, sans trop savoir pourquoi, elle observait qui étaient ses amis, qui étaient ses ennemis jurés, et interrogeait les autres professeurs à propos du petit sorcier. Elle parlait même parfois avec lui, pour savoir ce qu'il avait fait durant les dix années qui s'étaient écoulées."

"C'est vrai," dit Anhura en fronçant les sourcils. "Avec qui a-t-il vécu pendant toutes ces années? Ses parents avaient-ils de la famille?"

"Seule sa mère avait une soeur, qui vivait, et vit toujours dans le monde des Moldus. Le lendemain soir du drame, Hagrid, Minerva et moi avons déposé Harry devant la porte de son oncle et de sa tante pour qu'ils en prennent soin. Il valait mieux qu'il vive loin de cette soudaine célébrité le plus longtemps possible," fit remarquer Dumbledore d'un ton grave.

"Oui, c'est sûr," approuva Anhura avec douceur. "Heureusement pour lui qu'il lui restait de la famille."

"Oui," accorda-t-il d'un air perplexe, comme s'il n'en était pas vraiment sûr. "Cependant, d'après ce que Harry a révélé à Joanne, ils lui avaient toujours caché l'existence des sorciers. Lui-même ne savait pas qu'il en était un jusqu'à ce que Hagrid vienne le chercher, peu avant la rentrée de sa première année."

"Vraiment?" demanda Anhura d'un ton calme, pourtant stupéfaite.

Le vieux sorcier gloussa de rire.

"Oui. C'est étrange, n'est-ce pas? C'est précisément cette révélation qui fit renaître l'imagination de Joanne. Elle décida d'écrire l'histoire du plus célèbre des sorciers découvrant le monde de la Magie, en se basant sur toutes les informations qu'elle avait obtenues, ainsi que sur ses propres souvenirs du temps où elle était élève. Elle vient ainsi de terminer son troisième roman, imaginant les aventures de Harry Potter, en mettant en scène quelques professeurs et élèves de Poudlard, ainsi que des personnes dont elle a gardé le souvenir depuis l'époque de ses études à Poudlard, comme James Potter et ses camarades."

Anhura se souvenait parfaitement d'eux. Elle ne leur avait jamais parlé, car ils étaient plus âgés qu'elle de deux ans, mais leur petite bande était si célèbre à Poudlard pour leurs bêtises que tout le monde connaissait leurs noms : Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow. Elle se rappelait aussi la petite amie de James, Lily Evans, qui était devenue la mère de Harry. Une magnifique jeune fille que beaucoup jalousaient. Elle ne saurait dire combien de méchancetés elle avait entendues à son propos dans le dortoir des filles pendant des années.

Dumbledore caressa sa longue barbe argentée d'un air rêveur.

"J'ai moi-même aidé Joanne en lui avouant quelques secrets à propos de certains d'entre nous," admit-il d'un ton amusé. "Etant donné que j'étais persuadé qu'aucun Moldu ne croirait à l'existence de ces personnages, il n'y avait aucun mal à cela. Et Joanne m'a promis de ne les révéler que dans ses livres."

"Comment ça, aucun Moldu?" répéta Anhura, déconcertée. "Elle vend ses livres aux Moldus?"

"Oui, et seulement aux Moldus," répondit Dumbledore d'un ton ferme. "C'est moi qui lui ai demandé de le faire. Je pensais que publier des romans dont Harry était le héros n'aurait fait qu'accroître une certaine jalousie à son égard, de la part des sorciers. Il était déjà assez difficile pour lui d'assumer cette subite célébrité, ce n'était pas la peine d'en rajouter."

"Mais… C'est autorisé?" interrogea-t-elle avec scepticisme.

"Bien sûr," assura Dumbledore en riant. "Elle a eu l'accord du Ministère de la Magie, qui lui a simplement demandé de changer de nom, car Owlgrin aurait pu éveiller les soupçons chez certains Moldus un peu futés. Elle a donc inversé quelques lettres et a pris Rowling pour pseudonyme."

Anhura comprenait à présent l'inquiétude de ses collègues. Elle parla alors avec le plus grand calme, pour essayer de raisonner l'esprit quelque peu farfelu de son supérieur.

"Vous ne trouvez pas ça risqué? Ils pourraient se rendre compte de notre existence très facilement avec ces livres."

"Non, il y a très peu de chances pour qu'il s'en aperçoivent," dit Dumbledore avec un sourire. "C'est curieux, non? Il est vrai qu'au Moyen Age ils étaient totalement conscients de notre existence. Ils mettaient à mort toute personne soupçonnée de faire de la magie, ce qui n'avait bien entendu aucun effet sur les sorciers puisqu'il leur suffisait d'appliquer le sortilège de Gèle-Flamme pour se protéger."

Il finit sa phrase sur un petit rire, et ajusta ses lunettes au bout de son long nez aquilin.

"Mais vois-tu, leur monde a fait tant de progrès dans le domaine de la Science au fil des siècles qu'ils ont été amenés à croire que tout phénomène étrange pouvait avoir une explication rationnelle. Les mentalités ont changé, et ils ne peuvent plus, ou ne veulent plus croire à la Magie."

"Mais certains Moldus sont mariés à des sorciers, ou sont parents de sorciers," dit Anhura après quelques secondes de réflexion. "Ceux-là sont bien obligés d'y croire."

"Effectivement. Mais ils sont en si petit nombre que s'ils révélaient la vérité, il passeraient pour des fous aux yeux de tout le monde."

Anhura était totalement incrédule à ce que venait de dire Dumbledore.

"Comment peut-on être aveugle à ce point?" s'étonna-t-elle à mi-voix, comme si elle se parlait à elle-même.

"Ne crois surtout pas que cela n'arrive qu'aux Moldus," objecta Dumbledore, le visage soudain devenu grave. "Chacun de nous est aveugle, Anhura. Nous préférons toujours croire à notre vérité plutôt qu'à celle qui se trouve sous nos yeux. Et crois-moi, cette cécité de l'âme est la source de nos plus grandes désillusions. Nous vivons tous constamment dans l'imaginaire, et les seuls rares instants où nous sommes confrontés au réel, nous souffrons, par la trop grande différence entre le monde tel que nous le pensons et le monde tel qu'il est vraiment. Tu comprends?"

Anhura regarda quelques instants Dumbledore dans les yeux, pour mieux assimiler ce qu'il venait de dire; puis elle baissa les yeux et réfléchit.

"La mort de quelqu'un, c'est du réel," dit-elle platement sans lever les yeux.

"Exactement," répondit le vieux sorcier d'une voix douce. "Et cela nous fait mal parce que nous avons toujours refusé de croire que cet être cher partirait un jour."

"C'est vrai," admit Anhura en essayant de balayer l'image de sa mère de son esprit.

"Et après cette vive confrontation au réel, nous retournons dans notre petit monde imaginaire en nous disant qu'il est plus heureux là où il est, qu'il veille sur nous, ou bien que son âme a continué de vivre après sa mort. Tu vois? Nous refusons toujours la vérité."

Elle acquiesça par un hochement de tête, en le regardant droit dans les yeux. Dumbledore avait parlé sur un ton très doux, comme pour ne pas la blesser, et elle voulait lui montrer qu'il n'y avait pas à s'inquiéter pour elle, qu'elle n'était pas triste.

"Toutefois, il peut arriver que le réel soit plus beau que l'imaginaire," continua-t-il d'un air plus léger.

"Ah oui? Par exemple?"

Dumbledore joignit ses mains et leva les yeux au plafond, à la recherche d'un souvenir.

"Je n'ai pas d'exemple très parlant à te donner pour l'instant," dit-il lentement tout en continuant à réfléchir. "Mais je suis sûr que tu en découvriras par toi-même."

Il sourit, les yeux brillant intensément. Anhura lui répondit par un léger sourire, en hochant la tête, et décida qu'elle l'avait assez ennuyé pour aujourd'hui.

"Eh bien, merci beaucoup pour tout ce que vous venez de m'apprendre, professeur," dit-elle en souriant tout à fait, cette fois.

"Mais de rien, Anhura, de rien."

Elle se leva.

"Je crois que je vais faire un tour dans ma salle de classe. Est-elle toujours au premier étage?"

"Toujours."

"Très bien. Alors à ce soir pour le dîner, je suppose."

A ce soir, Anhura," confirma Dumbledore.

Le lendemain, en début d'après midi, tandis qu'Anhura préparait ses cours dans son bureau, de fines lunettes rectangulaires au cadre doré posées sur son nez – elle avait une bonne vue, mais comme elle lisait beaucoup, il lui avait été conseillé de porter des lunettes dans ces moments-là pour ne pas trop se fatiguer les yeux –, on frappa à la porte.

"Entrez," dit-elle.

Hagrid apparut dans le bureau, qui semblait cinq fois trop petit pour lui.

"Hagrid!" s'exclama-t-elle comme seule une Anhura pouvait le faire, c'est-à-dire très posément.

"Coucou," dit Hagrid en s'avançant vers elle avec un grand sourire.

"Assieds-toi," dit-elle en répondant à son sourire et en désignant un fauteuil.

"D'accord, mais je ne reste pas, j'ai encore beaucoup de choses à faire avant l'arrivée des élèves. Je suis juste venu te demander comment tu allais, on n'a pas eu beaucoup de temps pour se parler depuis hier."

Il s'assit et posa ses mains contre son ventre, les doigts entrecroisés, signe de bien-être chez lui.

"Oui, c'est vrai," admit Anhura en ôtant ses lunettes. "Je n'ai pas osé venir te rendre visite parce que je me doutais que tu aurais beaucoup de travail."

Hagrid jeta un coup d'oeil à l'ensemble de la pièce en demandant, "Alors, tu te sens bien, ici?"

"Oui, ça va, je m'habitue. C'est beaucoup plus confortable que chez moi, alors je n'ai pas trop de mal à m'y faire."

Il sourit, ses yeux sombres brillant de bienveillance.

"Je suis vraiment fier de toi, tu sais. Devenir professeur de Défense contre les Forces du Mal n'est pas donné à tout le monde."

"Je n'ai aucun mérite, Hagrid," dit-elle en hochant négativement la tête. "C'est simplement le hasard qui a fait que j'ai rencontré Dumbledore au moment où il avait besoin d'un nouveau professeur."

"Tu crois vraiment ça?" demanda-t-il en fronçant les sourcils.

Le ton grave qu'il venait subitement d'emprunter surprit Anhura.

"Bien sûr," affirma-t-elle avec une nuance d'étonnement dans la voix. "Pour quelle autre raison m'aurait-il engagée, sinon?"

"Je ne sais pas."

Il baissa les yeux et tapota nerveusement l'accoudoir. Anhura continuait de le regarder : de toute évidence, il lui cachait quelque chose, mais au moment où elle ouvrit la bouche pour l'interroger, il leva de nouveau les yeux vers elle pour reprendre la parole sur un ton plus joyeux.

"Dis-moi un peu ce qui s'est passé dans ta vie depuis tout ce temps! Tu es mariée, fiancée?"

"Je ne veux personne dans ma vie," répliqua-t-elle immédiatement d'un ton ferme.

Hagrid haussa les sourcils.

"C'est vrai?"

"Oui," répondit-elle d'une voix plus douce avec un petit sourire. "Tu ne te souviens pas de ce que je te disais toujours, avant?"

"Si," dit-il en riant."Coeur attendri, début des soucis. Mais je pensais que tu avais changé d'avis en grandissant."

"Non, et je n'en changerai jamais. Je suis têtue, tu sais."

Le nombre de filles ou de femmes qu'elle avait vues souffrir et pleurer à cause de l'homme qu'elles aimaient l'avait convaincue qu'avoir des sentiments pour quelqu'un était la plus tyrannique des tortures, une faiblesse que l'on payait inévitablement, un jour ou l'autre. En voyant Hagrid pouffer de rire, elle sourit : elle était très heureuse de le retrouver. Mais il cessa de rire, la regardant pendant quelques secondes avec une expression étrange sur son visage.

"Tu as le sourire de ta mère, Anhura," fit-il remarquer d'une voix douce.

Elle eut un petit rire timide et sentit ses joues rougir, tout en étant impressionnée, voire même un peu perplexe par la mémoire de Hagrid, qui n'avait rencontré qu'une seule fois sa mère, d'après ses propres souvenirs.

"C'est la plus belle chose qu'on puisse me dire, Hagrid. Merci."

Il sourit faiblement avant de pousser un profond soupir.

"Bon," dit-il en se levant avec une certaine lassitude. Je vais retourner à ma besogne. On se reverra peut-être ce soir, à la cérémonie."

"D'accord. A bientôt, Hagrid."

"A bientôt!"

Le reste de l'après-midi s'écoula paisiblement pour Anhura; il était six heures moins dix lorsqu'elle cessa de travailler. Elle sortit de son bureau, descendit les escaliers en direction du premier étage, et une fois en bas, elle se rendit à la salle des professeurs – elle n'y était jamais entrée, mais savait où elle se situait.

En poussant la porte, elle découvrit la pièce, qui était plus petite que ce qu'elle avait imaginé, et qui comportait notamment une vieille penderie sur le mur de droite, ainsi qu'une table et des chaises au fond de la salle, près de la fenêtre. Au centre de la pièce se trouvaient des fauteuils en tous genres formant un cercle, sans doute arrangés ainsi pour la réunion, où étaient assis de nombreux professeurs. Flitwick, Binns, McGonagall, Snape et Chourave étaient déjà présents, et également d'autres professeurs qu'Anhura n'avait pas encore eu l'occasion de voir, comme Mrs Vector, son ancien professeur d'Arithmancie, Mrs Gobe-Planche, une vieille femme grincheuse qui lui avait enseigné les Soins aux Créatures magiques, Mrs Sinistra, son professeur d'Astronomie, et Mrs Bibine, le professeur de Vol, qui avait de très courts cheveux gris et qu'elle rencontrait pour la première fois.

Après s'être présentée ou avoir salué ces derniers, elle alla s'asseoir entre les professeurs Binns et Vector, attendant patiemment l'heure de la réunion, tandis que tous discutaient. La porte s'ouvrit dans un grincement pour laisser apparaître une grande femme mince, portant d'épaisses lunettes qui lui faisaient des yeux surdimensionnés, un grand châle sur ses épaules, les bras, le cou et les oreilles couverts de bijoux qui cliquetaient bruyamment pendant qu'elle s'avançait lentement vers les professeurs.

"Bonjour à tous," dit-elle d'une voix mystérieuse.

"Bonjour Sibylle," répondirent poliment quelques professeurs.

Etrangement, beaucoup d'entre eux n'avaient vraiment pas l'air ravis de la voir. Anhura se leva pour se présenter à elle et lui serrer la main.

"Anhura Snowerskin," déclara-t-elle.

"Sibylle Trelawney," annonça la femme d'une voix toujours aussi mystérieuse, gardant la main d'Anhura dans les siennes, chaudes. "Professeur de Divination. Je ne crois pas me tromper en disant que vous êtes le nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal?"

Elle regardait Anhura avec de grands yeux pleins de pitié et de compassion, qui l'effrayèrent un peu.

"Oui, c'est bien ça," répondit Anhura.

Elle entendit la vieille Gobe-Planche grogner à voix basse "Tu parles d'une divination," et quelques professeurs rire discrètement.

"Mon Dieu," murmura Trelawney d'un air dramatique.

Elle avait l'air sur le point de pleurer, ce qui surprit Anhura.

"Quoi?"

"Ma pauvre chérie," continua Trelawney en serrant de plus en plus fort ses mains sur celles d'Anhura, après plusieurs longues secondes de silence. "Vous êtes pourtant si jeune."

Anhura jeta un coup d'oeil aux autres professeurs, qui ne paraissaient pas réellement alarmés. Elle ne savait plus quoi dire, et se demandait si cette Mrs Trelawney n'était pas en train de lui faire une farce.

"Et alors?" interrogea-t-elle d'un ton neutre.

"Elle va venir… Très prochainement…"

On aurait dit qu'elle allait s'écrouler par terre d'une seconde à l'autre, tant sa voix était proche de celle d'une personne à l'agonie.

"Qui?"

Trelawney lui serrait sa main tellement fort qu'elle commençait à sentir des fourmis dans les doigts.

"La Mort, ma chérie! La Mort!" s'écria-t-elle d'une voix tragique.

Anhura regarda Trelawney en se demandant si elle était folle par nature ou si elle avait pris des cours spécialisés pour le devenir. Quoi qu'il en soit, elle en avait marre de toute cette comédie, et elle voulait récupérer sa main. En plus, cette femme dégageait une forte odeur de menthe qui commençait sérieusement à l'incommoder.

"Merveilleux," répliqua-t-elle froidement. "Vous me direz quand exactement, que j'aie le temps de lui préparer un cake de bienvenue."

Il y eut quelques éclats de rire. Trelawney la regarda avec une profonde rancune et lâcha brusquement sa main.

"Vous verrez bien," dit-elle sèchement en allant s'asseoir à côté du professeur Sinistra.

Anhura se rassit. Le professeur McGonagall la regardait avec un très mince sourire; elle paraissait à la fois amusée et fière de la façon dont elle avait réagi. Anhura n'était pas du tout fière d'elle, au contraire : elle avait réussi à se fâcher avec quelqu'un dès son deuxième jour à Poudlard. Bonne progression en sociabilité. Mais d'un autre côté, elle n'aimait pas qu'on la prenne pour une imbécile et que l'on plaisante avec un sujet comme celui-ci.

Elle sortit sa montre de poche. Il était six heures précises. La porte s'ouvrit à nouveau, et Dumbledore entra dans la salle. Il salua chaleureusement les professeurs qu'il n'avait pas encore vus; puis il prit place à côté du professeur McGonagall.

"Je vois que presque tout le monde est là," dit-t-il avec un large sourire. "Il ne manque plus que Vi…"

Il fut interrompu par la porte qui s'ouvrit violemment, faisant sursauter tout le monde. Sur le seuil se tenait un homme dodu d'une assez petite taille, la quarantaine passée, les cheveux châtains, coupés ras façon moldue, une valise à la main. Il portait sur son nez ce que les Moldus appelaient "lunettes de soleil," et il affichait un grand sourire.

"SAAAAAALUT TOUT LE MONDE!" hurla-t-il très joyeusement.

Certains professeurs s'échangèrent des regards dépités. Il s'avança dans la pièce en faisant de petits pas de danse et en chantonnant. Anhura le regarda avec un mélange d'horreur et d'incrédulité lorsqu'elle s'aperçut qu'il ne portait pas une robe de sorcier, mais une chemise jaune fluo avec des palmiers rouges et verts à moitié ouverte sur son torse, des sandales, et ce qu'elle aurait pu appeler un "bermuda" kaki si elle avait eu une plus grande connaissance du monde moldu, mais qu'elle nomma intérieurement "chose ignoble d'une couleur dégoûtante". Elle était profondément choquée. Ce n'était pas souvent que l'on voyait une personne aussi découverte – et fière de l'être – dans le monde des sorciers. A son grand étonnement, aucun de ses collègues ne sembla y faire attention. Ils avaient plutôt l'air blasé.

"Wouplààààà! Haha ha! Yo, Albus!" s'écria-t-il en faisant glisser ses lunettes sur son crâne, et en serrant vivement la main du directeur.

"Bonjour, Victor," répondit poliment Dumbledore.

"Hello, Mac Do!" dit-il en faisant une énorme bise baveuse sur la joue du professeur McGonagall.

Celle-ci répondit un très sec et tendu "Bonjour". Dumbledore prit Victor par l'épaule pour l'amener vers Anhura, qui se leva avec appréhension, se demandant si elle aurait droit elle aussi à une superbe bise.

"Victor, je te présente Miss Anhura Snowerskin, notre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal. Anhura, voici Victor Jumble, professeur d'Etude des Moldus."

"Bonjour!" fit-il en lui secouant la main avec ardeur. "Appelle-moi Vic, O.K.?"

Anhura bougea simplement un coin de sa bouche pour toute réponse, incapable de sortir le moindre mot. D'abord Trelawney, ses gros yeux et son odeur de menthe, ensuite Jumble, qui ressemblait à tout sauf à un sorcier, et encore moins à un professeur de Poudlard, ni même à une personne équilibrée. Pour quelqu'un qui avait peu d'expérience en relations sociales, c'était une magnifique entrée en la matière.

"HAHA! T'es timide, c'est ça? T'en fais pas, va, ça passe avec l'âge!" lança Jumble d'une voix joyeuse, avant d'aller s'affaler dans le fauteuil vide restant.

Anhura se rassit silencieusement, ne sachant que répliquer à un tel énergumène. Les gens extravertis à ce point lui provoquaient toujours une sorte de paralysie cérébrale qui l'enfermait dans une bulle et qui l'empêchait de réagir. C'était une barrière de protection instinctive qui posait la limite de familiarité à ne pas dépasser, lorsqu'un homme comme Jumble la tutoyait et lui demandait de l'appeler "Vic" comme s'ils avaient toujours été les meilleurs amis du monde, alors qu'ils n'avaient que cinq secondes de vie en commun.

Dumbledore, qui avait également repris sa place, s'apprêta enfin à parler.

"Bien, nous pouvons commencer," dit-il en souriant. "Je vous souhaite avant tout la bienvenue, en espérant que cette nouvelle année scolaire soit aussi bénéfique à vous qu'à vos élèves. Cette réunion sera très courte, je souhaite simplement vous rappeler vos devoirs en tant que professeurs de Poudlard."

Mrs Gobe-Planche émit un grognement agacé, mais Dumbledore l'ignora et poursuivit paisiblement son discours.

"Tout d'abord, je compte sur vous pour être le plus juste possible avec vos élèves. Toute bonne réponse à l'une de vos questions devra être récompensée par un gain de points pour la maison à laquelle il appartient. Tout comportement impoli ou irrespectueux pourra donner lieu à un retrait de points, ou, dans le pire des cas, à une retenue – j'ajoute, entre parenthèses, que vous ne pouvez retirer des points qu'en présence de l'élève fautif. Il va de soi que, quel que soit votre vécu à Poudlard, vous devrez vous abstenir d'un quelconque favoritisme à l'égard d'une maison en particulier. Chaque maison doit être traitée à égale valeur."

La plupart des professeurs lança un regard noir à Snape, qui les regarda à son tour avec férocité.

"Si vous trouvez un élève en possession d'un des objets interdits par le règlement, confisquez-le. La liste complète des objets non admis à Poudlard est affichée sur la porte du bureau de Mr Rusard."

"Mais il y en a trop, Albus!" protesta Mrs Chourave, horrifiée. "Il est impossible de tous les retenir!"

Dumbledore eut un petit rire.

"Oui, je sais, Argus m'a dit qu'elle en contenait trois-cent- cinquante-quatre," dit-il d'un air amusé. "Mais il tenait à ce que je vous le rappelle."

"HAHA! Argus, quel vieux fou celui-là!" s'écria Jumble qui semblait plein d'amitié et de tendresse pour Rusard.

"Victor!" s'indigna le professeur McGonagall.

"Pour terminer, je vous rappelle que tous les élèves, exceptés les Préfets et Préfets en Chef, ne sont pas autorisés à circuler dans les couloirs à partir de vingt-et-une heures," poursuivit Dumbledore sans tenir compte de la remarque de Jumble. "A moins qu'il n'ait de bonnes raisons pour s'y trouver, il est dans votre droit de sanctionner un élève si vous le rencontrez à une heure prohibée."

Il marqua une pause de quelques secondes avant de conclure.

"Voilà, chers amis, j'ai dit l'essentiel. Vous pouvez dès à présent vous rendre dans la Grande Salle en attendant l'heure de la cérémonie, les élèves ne devraient plus tarder. Je vous souhaite une bonne rentrée à tous!" Il finit sa phrase avec un enthousiasme que les professeurs ne partageaient pas vraiment; il répondirent en choeur un poli "Merci, Albus", puis se levèrent et sortirent de la pièce.

Anhura décida d'emprunter le chemin que lui avait aimablement conseillé le professeur Flitwick la veille, pour se rendre à la table des professeurs sans avoir à traverser la Grande Salle. Elle descendit un petit escalier tournant en colimaçon, traversa un grand couloir dans lequel se trouvait une ouverture qui donnait sur le hall d'entrée, passa par une étroite pièce contenant une cheminée, une table basse et trois fauteuils, et ouvrit l'unique porte qu'elle comportait pour déboucher finalement dans la Grande Salle, derrière la table des professeurs. Lorsqu'elle arriva, les professeurs Snape, Sinistra et Chourave étaient déjà en train de s'asseoir, chacun à des endroits très différents de l'immense table. Elle prit place sur la troisième chaise à droite du siège destiné à accueillir Dumbledore, assez impressionnée de s'asseoir pour la première fois de sa vie à la table des professeurs.

Une fois installée, elle contempla le magnifique espace qui s'étalait sous ses yeux. La salle avait considérablement changé depuis le dernier déjeuner : des centaines de bougies flottaient en l'air et illuminaient chaleureusement la pièce, et quatre tables d'une longueur inédite, recouvertes de nappes blanches, meublaient l'endroit qu'Anhura avait trouvé si vide auparavant. Elle éprouva une sensation très étrange; c'était tout autre chose de voir la Grande Salle depuis la table des professeurs, qui était surélevée par rapport aux tables des élèves. Elle avait l'impression de la découvrir pour la toute première fois.

Tandis qu'elle admirait inlassablement le décor, le coude en appui sur la table, le menton logé au creux de sa main, ses autres collègues et Dumbledore entrèrent également et s'assirent, Mrs Bibine s'installant à sa gauche, et Victor Jumble, qui avait revêtu un robe de sorcier et un chapeau vert pomme, tout au bout de la table, à son grand soulagement. Très vite, un brouhaha se fit entendre dans le hall, indiquant l'arrivée des premiers élèves, qui, petit à petit, entraient et prenaient place aux tables correspondant à leur maison. Anhura remarqua que certains d'entre eux la regardaient d'un air intrigué. Se sentant un peu gênée, elle leva les yeux pour contempler le plafond magique qui représentait exactement le ciel étoilé qu'il y avait au-dehors.

Deux minutes plus tard, la salle répercutait les conversations bruyantes des centaines d'élèves qui étaient à présent assis. Anhura sentit soudain quelqu'un lui tapoter l'épaule; en se retournant, elle trouva un Hagrid tout souriant.

"Bonsoir, Hagrid," dit-elle avec un petit sourire joyeux. "La traversée du lac s'est bien passée?"

"Impeccable! Dis-moi, ça te dérange si je m'assois à côté du professeur Dumbledore? J'aimerais discuter de quelques petites choses avec lui."

"Non, pas de problème, vas-y Hagrid."

"D'accord. Alors, à plus tard."

"Oui, à plus tard," répéta-t-elle en souriant.

Hagrid alla s'asseoir, et Mrs McGonagall apparut soudain à l'entrée, suivie d'une quarantaine d'enfants qui allaient commencer leur première année d'études à Poudlard, et qui paraissaient tous émerveillés par la beauté de la Grande Salle. Lorsqu'ils furent arrivés devant la table des professeurs, McGonagall plaça le vieux Choixpeau magique sur un tabouret. La salle était à présent totalement silencieuse, et pour cause : le Choixpeau ne tarderait pas à entamer sa nouvelle chanson. Celui-ci commença à bouger, à s'étirer, à se plier dans tous les sens – sans doute pour éliminer les quelques rhumatismes qu'il avait dû attraper pendant son année d'inactivité –, puis entonna, d'une voix forte et joyeuse:

Laissez-moi donc vous expliquer

Quelle est ma tendre destinée :

Je n'suis pas fait pour être porté,

Car qui veut d'un chapeau usé?

Je dois seul'ment vous éclairer

Sur vos plus grandes capacités,

Et par la suite vous conseiller

La maison la plus adaptée.

Si vous allez à Gryffondor,

C'est qu'le courage est votre point fort,

Les plus peureux et timorés

N'y seront jamais invités.

A Poufsouffle je vous enverrai

Si travailler vous adorez;

La patience dont vous êtes dotés

Est d'une grandeur inégalée.

A Serdaigle vous serez admis

Si vous êtes calme et réfléchi,

Si votre plus grande qualité

Est la sagesse en vous innée.

Si Serpentard vous tend la main

Vous faites partie des plus rusés,

Vous trouvez toujours un moyen

D'obtenir ce que vous souhaitez.

Posez-moi donc quelques secondes

Sur vos petites têtes blondes,

Il sera très facile pour moi

De trouver quelle est votre voie.

Il redevint brutalement inanimé, pour ne ressembler à présent qu'à un vieux chapeau usé et rapiécé sans valeur; la salle fut remplie de longs applaudissements enthousiastes, après lesquels le professeur McGonagall déclara, aux jeunes élèves qui avaient l'air extrêmement anxieux, "Lorsque je vous appellerai, vous viendrez vous asseoir sur le tabouret et poser le Choixpeau magique sur votre tête. Il vous dira à quelle maison vous appartenez, et vous pourrez ensuite rejoindre vos camarades à la table correspondante."

Leurs pâles visages firent rire intérieurement Anhura, qui se rendait compte qu'elle aussi avait dû avoir le teint livide, le jour de sa première rentrée à Poudlard.

"Andgor, Jeffrey!"

Un petit garçon aux cheveux blonds se dirigea vers le tabouret, s'assit et revêtit le Choixpeau, qui ne tarda pas à annoncer :

"Poufsouffle!"

Jeffrey alla s'asseoir à la table où se trouvaient les autres élèves de Poufsouffle tandis que ceux-ci applaudissaient avec grand enthousiasme.

"Atingora, Julia!"

Une fillette brune aux joues rouges se dégagea du groupe d'enfants et alla, à son tour, poser le Choixpeau sur sa tête. Celui-ci mit plus de temps à prendre sa décision que pour Jeffrey, et finit par déclarer, après quelques longues secondes de silence :

"Serdaigle!"

La petite fille soupira de soulagement, et se précipita vers la table où les Serdaigle lui faisaient une ovation.

"Bettor, Samantha!"

"Poufsouffle!"

"Cloomay, Nicolas!"

"Gryffondor!"

Pendant que la cérémonie continuait, l'esprit d'Anhura s'évada un peu. Elle se remémorait l'instant où, elle aussi, elle avait dû mettre le Choixpeau magique. Elle était terrorisée, ce jour-là, et craignait que le Choixpeau ne lui annonce qu'elle faisait partie des Serpentard, car ses parents éprouvaient une assez grande répulsion à leur égard. Quel soulagement pour elle lorsqu'elle l'entendit finalement déclarer "Gryffondor" – après, toutefois, une grande hésitation avec Serdaigle, qu'elle aurait aussi apprécié. Elle était heureuse et très fière d'être dans la même maison que celle dont faisait partie sa mère.

Sa mère… cela ferait bientôt quatorze ans qu'elle n'était plus là, quatorze ans que l'on avait découvert son corps inanimé au beau milieu d'une forêt, la nuit même de la mort des Potter et de la défaite de Voldemort, cinq jours après son départ en mission à la recherche d'une bande de jeunes mages noirs qui exerçaient leurs pouvoirs en effrayant des Moldus. Et elle se souvenait encore parfaitement de l'instant où son père lui avait appris la nouvelle, le lendemain du drame, les mots les plus douloureux qu'elle ait entendus de toute sa vie. Si ce jour restait pour la plupart des sorciers le symbole du retour de la paix et du commencement d'une nouvelle vie, c'était pour Anhura le début d'un cauchemar qui dura plusieurs années, avant d'avoir finalement accepté la disparition de sa mère. Elle n'avait versé aucune larme pendant toutes ces années, ni même au moment où elle avait appris les faits. Ses douleurs étaient toujours muettes et invisibles; mais elles n'en étaient que plus violentes.

Anhura fut tirée de ses pensées lorsque toute la salle éclata de rire, parce qu'un garçon était tellement surexcité qu'il avait couru vers le tabouret et l'avait fait basculer en s'asseyant dessus, tombant sur le professeur McGonagall qui l'attrapa de justesse.

"Gryffondor!" s'exclama le Choixpeau quand il l'eut enfin revêtu.

Il se dépêcha de prendre place près de ses camarades, rouge de honte, le visage ainsi assorti à la bannière suspendue au-dessus de la table des Gryffondor.

"Plinman, Magali!"

"Serpentard!"

Une dizaine d'élèves furent encore envoyés dans leurs maisons respectives, et la cérémonie prit fin avec "Werton, Peter" qui fut placé à Serdaigle. Les élèves avaient recommencé à bavarder, mais tout le monde se tut lorsque Dumbledore se leva pour prendre la parole, pendant que McGonagall s'asseyait à droite d'Anhura, entre elle et Snape.

"Bienvenue à tous!" dit-il très joyeusement en écartant généreusement les bras. "J'aimerais simplement vous rappeler, avant de commencer ce repas, qu'aucun élève n'est autorisé à se rendre dans la Forêt Interdite, ni à Pré-au-Lard s'il n'est pas arrivé à sa troisième année d'études."

Il marqua une pause, et reprit :

"En outre, je vous présente votre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, Miss Anhura Snowerskin," annonça-t-il en la désignant galamment.

Toute la salle applaudit bruyamment. Anhura, surprise par cette présentation, tenta de garder son calme en dépit de son coeur qui tambourinait dans sa poitrine. Tout ce dont elle fut capable était d'esquisser un très léger – et sans doute crispé – sourire, en se blâmant intérieurement d'avoir complètement oublié que chaque nouveau professeur y avait droit.

"Il ne me reste plus qu'à vous dire : bon appétit!"

Dumbledore se rassit et tous commencèrent à manger lorsque la nourriture apparut dans les somptueux plats en or. Anhura, tout en remplissant son estomac avec une grande satisfaction, entendait les professeurs Snape et McGonagall parler de Quidditch.

"…peux vous assurer que cette année, les Gryffondor gagneront la coupe," dit McGonagall d'un ton décidé.

"C'est ce que vous dites chaque année, professeur. Pourtant, permettez-moi de vous rappeler que les Serpentard on gagné cinq années de suite," répliqua très calmement Snape d'un air narquois.

"Nous verrons cela, Severus," répondit sèchement McGonagall. "Vos élèves n'ont qu'à bien se tenir."

Snape était donc le directeur de la maison des Serpentard. Anhura n'en était pas très étonnée. Les Serpentard n'étaient pas réputés pour leur sympathie… et Snape correspondait bien à leur profil.

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Note de l'auteur : Owlgrin signifie en Anglais « Grimace de hibou ». Voilà pourquoi Joanne avait peur que son nom soit révélateur de sa nature de sorcière…

Si vous souhaitez écrire à Anhura, lui parler de quelque chose ou lui poser des questions, écrivez votre message dans les reviews (en laissant votre adresse e-mail). Je lui transmettrai votre message par l'intermédiaire de mon hibou – elle ne connaît pas Internet ni même l'informatique – et je vous retournerai sa réponse. Elle sera sûrement très surprise, elle ne sait pas que sa propre histoire est racontée dans le monde des Moldus…