Notes : Merci becky666 pour ta review ! Je suis contente que ma fic te plaise. Ce n'est pas grave si je n'ai pas beaucoup de reviews, mon histoire plaît à quelques personnes et j'en suis déjà très heureuse !
Si vous voulez vous adresser à Anhura, lui poser une question, etc, laissez-lui un message dans les reviews en précisant votre adresse e-mail.
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Je rêve?
Le lundi matin, tous ses élèves de Gryffondor de septième année venaient de quitter la salle, sauf Fred et George Weasley et leur ami Lee Jordan, qui parlaient à voix basse dans un coin de la classe. Tandis qu'elle réunissait les livres étalés sur son bureau, Anhura entendait quelques bribes de leur conversation.
"Tremble un peu plus," dit Fred.
"Comme ça?" demanda George en grelottant.
"Oui, mais essaie d'avoir l'air un peu plus pâle," conseilla Lee en chuchotant. "Mrs Pomfresh ne te croira jamais, sinon."
"Fais comme si tu allais vomir," murmura Fred.
La cloche qui marquait la fin de la pause sonna, mais les trois élèves ne bougèrent pas. Anhura prit son tas d'ouvrages dans les bras, et, légèrement curieuse de savoir ce que mijotaient encore les Weasley, s'approcha de ces derniers. Ils s'arrêtèrent immédiatement de parler, adoptant une mine innocente.
"Vous n'avez pas cours?" demanda-t-elle tranquillement en regardant alternativement Fred, George et Lee. Ce dernier jeta un coup d'oeil à George.
"Si," dit-il avec amusement.
"Justement," dit Fred avec un grand sourire en échangeant un regard avec son frère. Les yeux d'Anhura se posèrent sur le visage joyeux de Fred, puis sur celui, livide, de George. C'est alors qu'un grand déclic se fit dans sa tête.
"Je vois," dit-elle. "Potions."
"Ouais!" s'exclamèrent en choeur Lee et Fred. George ne répondit rien.
"Et tu essaies d'avoir l'air malade pour échapper au cours et aller à l'infirmerie, c'est ça?" lui demanda-t-elle d'une voix plus amère que ce qu'elle aurait voulu, oubliant soudainement qu'elle n'était pas censée avoir entendu leur discussion.
George acquiesça d'un signe de tête.
"Ce n'est pas très digne d'un Gryffondor," fit-elle remarquer d'un air un peu blessé. "Le courage dont tu as fait preuve jeudi soir semble avoir disparu. Aie au moins la politesse d'assumer tes actes et de te présenter à ton cours de Potions. Ne pas y aller serait insulter le professeur Snape une fois de plus."
"Oh, mais ce n'est pas du courage," dit Lee gaiement.
"C'était un pari," expliqua George. "Lee était prêt à nous donner dix Mornilles si l'un d'entre nous le faisait."
"Et comme on avait besoin d'argent…" dit Fred.
"En tout cas, ça les valait!" s'exclama Lee, tout excité. "Après jeudi soir, le cours de Potions sera le bouquet final. Pauvre George, on t'aimait bien, tu sais," finit-il en lui tapotant l'épaule d'un air faussement désolé.
"Eh bien, vous feriez mieux d'y aller tout de suite si vous ne voulez pas qu'il vous tue tous les trois à cause de votre retard," suggéra sombrement Anhura.
"Oui! Au revoir, professeur!" s'écria Fred en courant vers la sortie.
"Au revoir."
Ils sortirent tous les trois. Anhura allait faire de même, mais elle s'arrêta subitement lorsqu'elle eut l'impression que des milliers de fourmis s'étaient mises à marcher dans son crâne. Sa vue devint très trouble et voilée, et ses oreilles ne captaient plus aucun bruit. Paniquée, son coeur s'accéléra, et se souvenant qu'il devait y avoir un banc juste derrière elle, elle s'assit au hasard sans plus vraiment savoir ce qu'elle faisait. Son esprit était vide. Elle ne pouvait plus penser… Sauf à une image…
Une lumière verte éblouissante. Un souffle chaud atteint mon corps.
Anhura voyait plus distinctement la salle de classe autour d'elle. Après avoir vérifié par quelques coups d'oeil furtifs que personne n'y était entré pendant son moment d'absence, elle posa son front contre la paume de sa main, le coude appuyé sur le bureau d'un élève. Elle était légèrement essoufflée; une petite migraine commençait à se faire sentir. Elle avait très froid ou très chaud, elle ne savait pas exactement; ses jambes et ses bras n'avaient plus aucune force; bref, aucune raison pour elle de ne pas s'inquiéter. C'était le même genre de malaise qu'elle avait eu il y a quelque temps dans ses appartements, et cela n'avait rien de rassurant. Etait-elle en train de devenir folle? Peut-être était-ce Poudlard qui la mettait dans cet état. Cela ne lui était jamais arrivé chez elle. Quoique… En y réfléchissant bien, elle avait déjà vu cette lumière verte. C'était aux environs du mois de Mai dernier, pendant qu'elle préparait son déjeuner dans sa cuisine. Elle avait été éblouie quelques secondes par une forte lumière verdâtre, et s'était sentie fiévreuse juste après, mais à l'époque elle avait cru que c'était le reflet du soleil sur l'une de ses casseroles qui l'avait aveuglée, et que sa fièvre était simplement due à la fatigue. Avec le recul, cela ressemblait pourtant bien à l'un de ces malaises, en moins intense.
Elle soupira. Elle se baissa pour ramasser ses livres étalés par terre, et se mit debout sur ses jambes encore faibles dans le but de se rendre à l'infirmerie qui, heureusement pour elle, se situait au même étage. Arrivée devant les doubles portes après deux minutes de marche, elle découvrit, en les poussant, Harry Potter assis sur une chaise, tenant un sac de glace contre son front, à l'endroit où se trouvait sa cicatrice.
"Bonjour Miss," dit Mrs Pomfresh qui venait de se lever de son bureau. "Je peux faire quelque chose pour vous?"
"Oui," répondit Anhura d'un air absent en détachant son regard de Harry. "Je… J'aimerais quelque chose contre les maux de tête."
"C'est vrai que vous êtes très pâle," admit Mrs Pomfresh en examinant son visage. "Je vais vous chercher un remède."
Pendant que Mrs Pomfresh s'affairait à saisir une petite bouteille sur une étagère et à remplis un gobelet, Anhura regarda à nouveau Harry. "Ca va, Harry?"
"Oui, ça peut aller," répondit-il en souriant faiblement, "merci professeur."
Et voilà," lança triomphalement l'infirmière en tendant à Anhura une potion violacée.
"Merci, Mrs Pomfresh."
Un lundi du début du mois de Décembre, en début d'après-midi, Anhura était occupée à corriger les copies des Gryffondor de cinquième année, assise à la table de la salle des professeurs, face à la porte d'entrée, tandis que Minerva McGonagall et Severus Snape discutaient calmement, installés dans des fauteuils. Elle était désespérée de devoir mettre à nouveau une mauvaise note à Ronald, lui qui, au début de l'année, se débrouillait pourtant plutôt bien. Ses deux premiers devoirs avaient largement mérité un quatorze sur vingt; son troisième était descendu à neuf, et son quatrième à six. Celui qu'elle avait sous les yeux ne pouvait pas dépasser les cinq sur vingt, si l'on considérait le peu d'informations qu'il avait données à propos des animaux fantastiques le plus souvent rencontrés en Angleterre et le moyen de les combattre – le thème de la dissertation. Il avait depuis quelque temps changé considérablement d'humeur, et même ses amis, Harry et Hermione, semblaient ne plus savoir quoi faire pour le distraire ou lui décrocher un sourire. Il s'asseyait toujours dans son coin et leur parlait très peu, les yeux baissés sur son livre, sans pour autant le lire vraiment. Si ce comportement persistait, Anhura essayerait de lui en toucher un mot dès que possible; elle trouvait dommage qu'un élève qui avait les capacités pour réussir ne s'en donne pas les moyens.
Elle leva les yeux et fixa d'un air absent la penderie sur le mur de gauche, toujours aussi indécise sur la note qu'elle pouvait lui donner.
"… c'est vrai que Peter Pettigrow était le pire élève de votre classe," dit la voix de Mrs McGonagall. "Je crois que je n'ai jamais accordé un seul point à Gryffondor en l'interrogeant."
Anhura se chatouillait distraitement le bout du nez avec sa plume, les yeux toujours fixés sur la penderie, répétant inconsciemment dans sa tête les mots qu'elle venait d'entendre. De votre classe… Gryffondor… Peter Pettigrow… de votre classe… Gryffondor… Soudain, ce fut comme si la foudre venait de lui traverser l'esprit. Gryffondor? Elle était tellement choquée qu'elle faillit le dire tout haut. Elle posa son regard sur Snape. Il était à Gryffondor? Dans la même classe que Potter, Pettigrow et les autres? C'était tellement… inattendu, pour ne pas dire bizarre. D'un côté, cela expliquait pourquoi sa baguette émettait une lumière rouge lorsqu'il jetait un sort. Mais d'un autre… Comment était-il possible qu'un Gryffondor soit si "Serpentard" dans sa manière d'être, d'agir, de penser, de parler? Comment un ancien Gryffondor avait-il pu devenir le directeur des Serpentard, favorisant injustement ses élèves, et ayant un comportement aussi déplaisant que le leur? Voilà sûrement pourquoi il n'attirait pas la sympathie des autres professeurs. Un Gryffondor impliqué de tout son être dans le petit monde des Serpentard, c'était tout sauf normal.
Un deuxième éclair lui traversa l'esprit. Elle se souvenait de lui, à présent. Elle se souvenait de Snape quand il était encore adolescent. C'était ce garçon solitaire qu'elle voyait très rarement dans la salle commune des Gryffondor. Les seules fois où il s'y trouvait, il était plongé dans ses livres, à l'écart de tous les autres élèves. C'était sans doute la raison pour laquelle elle avait si peu de souvenirs de lui et qu'elle n'était pas parvenue à se rappeler où elle avait déjà vu son visage, au début de l'année.
Snape fit brusquement un geste étrange : il posa sa main droite sur son avant-bras gauche et l'appuya dessus; il semblait essayer d'atténuer une douleur. Le professeur McGonagall s'était arrêtée de parler et l'observait avec inquiétude. Soudainement, Anhura sentit des fourmillements dans sa tête. Non… Il ne fallait pas que cela lui arrive devant les autres professeurs. Le décor commençant à devenir pâle autour d'elle, elle se leva précipitamment de sa chaise et se dirigea vers la porte, sa vue faiblissant considérablement au fur et à mesure qu'elle avançait. Il ne fallait pas qu'elle s'arrête… Elle devait atteindre la sortie avant que cela ne se produise. Mais elle ne voyait déjà plus qu'un voile blanc, et ses oreilles venaient de se boucher. Angoissée par ce vide total, elle appuya son dos contre la penderie qui se trouvait juste à côté d'elle; elle cacha son visage dans ses mains, se sentant respirer vite et fort mais n'entendant pas son souffle. Elle n'était plus vraiment consciente de ce qu'elle faisait… Tout ce qu'elle pouvait voir, c'étaient des images.
Un rat passe à côté de moi. Sans doute Peter, qui vient d'avertir Sirius. Voldemort est à présent debout, au centre de la pièce. Trois Mangemorts masqués, vêtus de noir, sont alignés devant lui. Impossible de savoir qui ils sont. Le Lord est encore plus effrayant que d'habitude. Sa peau est grisâtre, ses yeux rouge vif habités de démence et de folie, et il leur parle d'une voix encore plus aiguë et glaciale qu'à l'ordinaire.
"Il est temps pour moi d'élire l'un d'entre vous pour recevoir mon âme, si par malheur il arrivait que ce vieux fou de Dumbledore parvienne à me vaincre. Ainsi, quel que soit le sort qu'il utilisera sur moi, je ne mourrai pas, mais je vivrai sous une forme immatérielle dans le corps de celui que j'aurai désigné pour être mon protecteur. Je vous ai déjà expliqué comment faire pour me redonner naissance si cela se produit. Seulement, je n'arrive pas à décider lequel d'entre vous est le plus digne d'avoir ce privilège."
Il a fini de parler. Il va s'asseoir dans le gros fauteuil de cuir noir. Il a l'air de réfléchir.
"Choisissez-moi."
"…erskin! Miss Snowerskin! Vous m'entendez?"
Le visage anxieux de McGonagall était apparu devant les yeux d'Anhura, qui était à présent assise par terre contre la penderie. Elle avait posé ses mains sur les bras d'Anhura, apparemment pour l'empêcher de s'effondrer d'un côté ou de l'autre. Snape s'était aussi levé de son fauteuil, et l'observait fixement et étrangement.
"Qu'est-ce qu'il y a?" demanda Anhura d'une voix très faible, néanmoins parfaitement consciente de ce qui venait d'avoir lieu, et horriblement gênée d'être regardée avec autant d'attention.
"Vous… Vous vous êtes mise à paniquer ou je ne sais quoi," expliqua McGonagall d'une voix légèrement tremblante. "Vous aviez l'air d'avoir peur, vous avez couvert votre visage de vos mains, et là, vous… vous êtes tombée… Je vous parlais, mais vous ne répondiez pas…"
"Ah…" fit Anhura en baissant les yeux et en se sentant rougir. "Ce n'est rien, je me suis juste trouvée… un peu mal."
Une atroce migraine lui compressait le crâne; et elle était aussi faible que si elle était restée trois jours sans dormir. McGonagall posa une main sur son front.
"Vous êtes fiévreuse," constata-t-elle avec désolation. "Venez vous asseoir sur un fauteuil."
Elle se leva et tendit une main à Anhura, qui ne bougea pas. Elle savait que ses jambes n'auraient pas la force de porter tout son corps, mais elle ne voulait pas inquiéter encore plus McGonagall en le lui avouant.
"Non… Je préfère rester là pour l'instant, professeur. Je crois que j'irai mieux en restant sans bouger pendant quelques minutes."
L'expression interrogative dans le regard de la sorcière indiqua à Anhura qu'elle ne l'avait convaincue qu'à moitié.
"Dans ce cas, souhaitez-vous que j'appelle Mrs Pomfresh?" demanda-t-elle d'une voix étonnamment douce.
"Non, ce n'est pas nécessaire," répondit Anhura en souriant faiblement. Puis, sentant une insupportable douleur lui marteler les tempes, elle ajouta : "Si vous pouviez simplement lui demander quelque chose contre les migraines…"
"J'y vais."
McGonagall sortit précipitamment de la pièce, laissant Anhura seule avec Snape, qui continuait de l'examiner avec une très étrange expression sur son visage mince, comme s'il était en train de résoudre mentalement une énigme particulièrement complexe. Ne supportant plus d'être dévisagée de la sorte, elle décida d'essayer de se lever, ayant ainsi un bon prétexte pour éviter les yeux de Snape, et poussa de toutes ses forces sur ses jambes. Elle parvint à se mettre debout et à franchir les quelques pas qui la séparaient du fauteuil le plus proche, où elle s'assit immédiatement avec soulagement. Snape se rassit également, mais Anhura n'osait toujours pas le regarder. Elle ne savait pas à quoi il réfléchissait en cet instant précis; elle était en tout cas persuadée que ce n'était pas quelque chose de très positif.
"Cela vous est-il déjà arrivé?
Anhura leva les yeux vers lui. Elle n'était pas sûre d'avoir bien entendu.
"Pardon?" dit-elle timidement.
"Avez-vous déjà eu un malaise comme celui-ci?" répéta Snape très calmement, avec cependant beaucoup de sérieux et de gravité.
Elle se demanda pendant un moment si ses oreilles s'étaient réellement bien débouchées. Depuis quand Snape s'intéressait-il à sa santé?
"Euh… Oui," répondit-elle vaguement, espérant qu'il ne le répète pas au professeur McGonagall.
La petite étincelle qui emplit ses yeux noirs lui fit comprendre qu'elle avait donné la réponse qu'il attendait; néanmoins, le ton qu'il employa pour lui demander "Quand, exactement?" était toujours le même.
Anhura réfléchit. Etait-il prudent de se confier à lui? Il n'était pas infirmier, après tout, et il était clair qu'il avait une idée derrière la tête.
"Il y a un mois, il me semble," finit-elle par admettre. "Et peu de temps après la rentrée, en Septembre."
Ses yeux glacials et légèrement perplexes étaient toujours plantés dans ceux d'Anhura; il s'attendait visiblement à ce qu'elle continue de parler.
"C'est tout?" demanda-t-il après quelques secondes de silence.
Elle rougit. Il avait prononcé sa phrase juste au moment où elle hésitait à lui faire part du jour où elle était dans sa cuisine, et qu'elle avait eu cette poussée de fièvre à la suite d'un éblouissement.
"Non, ça m'est aussi arrivé plus tôt," dit-elle malgré tout posément, "au mois de Mai, je crois. Mais ce n'était pas aussi intense."
Il hocha la tête et détourna finalement son regard, d'abord sur son avant-bras gauche, puis sur le sol, plongé dans une profonde réflexion, ce dont Anhura lui en fut reconnaissante, car son mal de tête ne lui aurait pas permis de répondre à une question supplémentaire. Dès que Minerva McGonagall revint, un gobelet à la main, Snape sortit de la salle.
"J'ai demandé à Mrs Pomfresh d'ajouter quelque chose pour votre fièvre," indiqua-t-elle en donnant une potion de couleur violet foncé à Anhura.
"Merci beaucoup, c'est très gentil."
Peu après qu'Anhura eut fini de boire son remède au goût infect, Dumbledore entra dans la pièce, suivi de Snape, et se posta devant elle.
"Severus m'a prévenu de ton malaise," dit-il d'une voix douce.
Elle croisa volontairement les yeux insondables de Snape, cachés derrière quelques cheveux noirs tombant sur son visage, dans le but de lui dire silencieusement que ce n'était vraiment pas la peine de déranger Dumbledore pour si peu. Elle était déjà gênée du fait que lui et McGonagall soient au courant, elle n'avait pas besoin que le collège entier le soit également.
"Tu vas mieux?" demanda Dumbledore, toujours avec douceur.
"Oui, beaucoup mieux, merci," répondit-elle, embarrassée.
Il s'assit dans le fauteuil le plus proche, avec la prudence et la délicatesse d'une personne âgée, avant d'ajouter, "Il m'a également dit que ce n'était pas la première fois que tu en avais."
"Oui, c'est vrai," admit-elle en fuyant son regard.
"Je voudrais que tu me dises," reprit Dumbledore, le visage grave, "ce qui se passe dans ses moments-là."
Elle leva ses yeux vers ceux, vifs et brillants, de Dumbledore. Pourquoi lui demandait-il cela? Se doutait-il de quelque chose à propos des images qu'elle voyait, ou souhaitait-il simplement savoir quel genre de maladie elle avait?
"Je vois tout flou," répondit lentement Anhura, calculant chaque mot qu'elle devait dire ou ne pas dire. "Tout… Tout s'efface autour de moi, et puis… je n'entends plus rien," continua-t-elle, essayant d'ignorer les lourds et rapides battements de son coeur.
"Et?" insista Dumbledore d'un ton calme.
Anhura se mordit la lèvre. Si elle avouait tout, ils la prendraient tous pour une folle, et l'enverraient directement à l'hôpital Ste Mangouste. Mais le regard de Dumbledore était tellement grave et perçant qu'elle pouvait difficilement lui mentir. Elle regarda vaguement par terre et ne dit plus un mot, incapable de se décider.
Il prit les mains glacées d'Anhura dans les siennes, chaudes et marquées par le temps, continuant de l'examiner à travers ses lunettes.
"Ecoute-moi, Anhura," dit-il d'une voix très douce, " ce que je te demande est vraiment important. N'aie pas peur de me le dire. Que se passe-t-il pendant ces malaises? Tu ne vois plus et n'entends plus, et ensuite?"
Elle regarda successivement Snape, McGonagall, qui étaient tous deux restés debout et qui l'observaient attentivement, puis Dumbledore, avant de pousser un soupir résigné.
"Ensuite, je n'arrive plus à penser," continua-t-elle faiblement. "Et d'un coup, je… je sens, je vois, et j'entends des choses."
Un silence pesant régnait dans la salle. Anhura contempla les plis de sa robe, sachant pourtant parfaitement qu'ils ne lui seraient d'aucun secours, pendant que Dumbledore se redressait dans son fauteuil.
"Quel genre de choses?"
"Ca dépend," dit-elle à voix basse. "Parfois, c'est une lumière verte et chaude qui m'éblouit, et parfois je vois… Vous-Savez-Qui, qui parle à des Mangemorts."
"Et que leur dit-il?"
L'attention que lui portaient Snape et McGonagall était de plus en plus lourde pour elle. Elle n'était vraiment pas habituée à être le centre d'intérêt.
"Il leur dit qu'il va choisir l'un d'entre eux pour recevoir son âme… ou quelque chose comme ça. Il dit que, même si vous le tuiez, il ne mourrait pas vraiment, mais vivrait dans le corps de celui qu'il aura choisi."
Tout en parlant, Anhura se rendit compte de l'absurdité de ce qu'elle racontait. Une formule ou une potion capable d'un tel pouvoir était presque irréalisable.
"Enfin, ne prenez pas ça au sérieux," s'empressa-t-elle d'ajouter. "Je dois délirer, pendant ces malaises."
"Et qui choisit-il?" demanda Dumbledore calmement, ignorant sa remarque.
"Je ne sais pas," dit-elle en soupirant avec perplexité. "A un moment donné, il s'assoit dans un fauteuil pour réfléchir, et aujourd'hui, j'ai entendu quelqu'un lui demander de le choisir, mais je ne peux pas vous dire de qui il s'agit, mon rêve… ou ma vision s'est arrêtée d'un coup."
Dumbledore échangea un regard avec Snape, dont l'expression était indéchiffrable.
"Je sais, ça n'a aucun sens," ajouta Anhura avec gêne et une inhabituelle impatience. "Quand je reviens à moi, je me sens très faible et j'ai de la fièvre. Je suppose que c'est la fièvre qui me fait voir des choses stupides."
Mais personne ne répliqua, et un autre long et détestable silence emplit de nouveau la salle.
"Et où se trouvent-ils?" finit par demander Dumbledore.
"Vous-Savez-Qui et les autres?" – Dumbledore acquiesça d'un signe de tête – "dans une sorte de grande cabane en pierres luxueuse," répondit-elle d'un air songeur. "Et il me semble que moi, je les vois à travers un trou."
Les traits de Dumbledore se figèrent dans une légère, étrange et sombre satisfaction.
"Très bien," fit-il doucement. "Très bien."
McGonagall et Snape étaient aussi perdus qu'Anhura, à en juger par le regard qu'ils lancèrent au vieux sorcier. Elle baissa un peu la tête, à la recherche d'autres détails de la scène qu'elle venait de s'imaginer, et tout à coup, une image lui revint clairement en mémoire.
"J'oubliais. Au tout début, avant que Vous-Savez-Qui ne se mette à parler, je vois un rat passer à côté de moi…" Elle marqua une pause, se doutant que ce qu'elle allait annoncer paraîtrait encore plus absurde que tout ce qu'elle avait pu rapporter jusqu'à présent. "Et je ne sais pas pourquoi, je me dis que c'est Peter, qui vient de prévenir Sirius," acheva-t-elle timidement.
"Sirius?" répéta Dumbledore, légèrement étonné. "Sirius Black?"
"Oui," confirma Anhura d'un air perplexe, tout en se demandant ce que Sirius Black pouvait bien faire dans ses délires, car même si elle connaissait ce nom par coeur à cause de sa réputation à Poudlard, ce n'était pas quelqu'un qui l'avait particulièrement marquée, dans sa jeunesse. "Oui, c'est bien à lui que je pense quand je vois passer le rat."
"Et de quoi vient-il de le prévenir?" interrogea Dumbledore d'un air intéressé.
Anhura, surprise qu'il n'ait pas réagi au fait qu'un rat s'appelle Peter et communique avec les humains, leva les yeux au plafond, à la recherche d'un élément qui lui permettrait de répondre.
"Je ne sais pas," conclut-elle d'un ton désolé.
"D'accord," fit-il d'une voix douce. "Merci beaucoup, Anhura."
Lentement, il se leva, croisa ses mains derrière son dos et posa une nouvelle fois son regard sur elle.
"S'il te plaît, promets-moi de venir me voir la prochaine fois que cela se produit."
Le ton pesant, insistant qu'il avait adopté lui fit comprendre qu'il ne lui laissait pas réellement le choix.
"D'accord," dit-elle posément, bien qu'un brin déconcertée. "Je vous le promets."
Dumbledore fit un signe de tête appréciateur et esquissa un très faible sourire.
"Veux-tu prendre une journée de repos?"
"Non merci," répondit-elle en souriant. "Je me sens parfaitement bien, grâce au remède de Mrs Pomfresh." Elle était finalement plutôt réconfortée et soulagée, ainsi entourée de trois personnes qui venaient de l'écouter sans émettre la moindre remarque négative sur l'absurdité de ses propos.
"D'accord, comme tu voudras."
Sans plus d'explications, il se dirigea vers la porte, suivi des yeux par Anhura, Snape et McGonagall.
"Monsieur le direc…"
"Ne me posez pas de questions, Severus," coupa calmement, mais fermement, Dumbledore.
Il le regarda en silence puis sortit de la pièce, laissant Anhura avec ses collègues, dont les yeux s'étaient à nouveau posés sur elle, bouillonnants d'interrogations silencieuses et cherchant visiblement – et inutilement – des réponses. Elle aurait aimé être en mesure de leur en donner; elle était malheureusement dans le même état qu'eux, confuse et frustrée. Dumbledore lui cachait-il quelque chose? Pouvait-il comprendre le sens des hallucinations qu'elle avait eues, et dans ce cas, pourquoi ne le lui expliquait-il pas? Elle se souvint subitement de ce que lui avait dit Hagrid au début de l'année. Ce n'est pas un hasard si tu l'as rencontré cet été. Avait-il souhaité qu'elle soit le nouveau professeur de défense contre les Forces du Mal pour une raison qu'elle ignorait?
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Note : Mais qu'arrive-t-il à Anhura ? Vous le saurez peut-être dans deux semaines…
