PARTIE UNE – Après s'être évadé, Sirius Black décide de dire la vérité à Harry. Il apprend que la vie de son filleul n'a pas été de tout repos et décide de tout faire pour le protéger. Tous les deux ont un mois pour apprendre à se connaître et planifier un plan pour innocenter Sirius.
Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck
N/A : Merci à tous pour l'accueil que vous avez réservé à cette histoire, j'en suis très touchée ! J'espère que la suite va vous plaire, n'hésitez pas à commenter pour me donner vos théories, retours et critiques.
L'histoire suit (au début) l'axe narratif de J.K. Rowling. Il y a deux modifications :
1) Le premier match de Quidditch se fera plus tôt que dans le livre ;
2) Dans le livre, Harry gonfle sa tante au milieu du mois d'août. Dans PAF, Harry l'a gonflé le jour de son anniversaire, il a donc un mois de tranquilité avant la rentrée, donc un mois pour faire pleeein de choses.
Bonne lecture !
Partie 1. Chapitre 1.
"Discussion avec Patmol"
Tous les muscles endoloris de Harry se détendirent lorsque l'eau brûlante coula sur son corps. La vapeur envahit la salle de bain et il s'autorisa enfin à soupirer de soulagement, comme si l'eau pouvait effacer cette terrible soirée qu'il venait de vivre.
Il prit une grande inspiration. Le Chaudron Baveur fournissait un gel douche qui colorait la peau de toutes les couleurs et qui sentait divinement bon : un mélange de tarte au citron et de menthe fraîche.
Harry savoura enfin sa chance. Pour la première fois, il n'avait aucun horaire. Il n'avait pas à se dépêcher, il pouvait rester sous l'eau chaude, dans un endroit où il se sentait en sécurité. Chez les Dursley, il n'avait que cinq minutes pour prendre sa douche, avant que son oncle Vernon ne coupe l'eau chaude. Et à Poudlard, il devait toujours se dépêcher pour aller en cours. Pouvoir, aujourd'hui, prendre son temps était un vrai plaisir. La première fois qu'il pouvait enfin faire ce qu'il voulait.
Un mois débarrassé des Dursley !
Il aurait gonflé son oncle ou sa tante bien avant, s'il avait su que cela lui permettait d'échapper à Privet Drive pendant plus d'un mois.
Tout cela lui apparaissait si incroyable qu'il ne savait même pas quel allait être son programme pendant quatre semaines. Il allait devoir acheter ses fournitures pour la rentrée, peut-être de nouveaux vêtements, voire même des lunettes à sa vue. Il savait que ses parents lui avaient laissé un peu d'argent et qu'il pourrait utiliser quelques noises pour lui. Pour une fois. Il savait qu'il devait garder tout son argent pour ses sept ans à Poudlard, mais, rien qu'une fois, il voulait acheter quelque chose pour lui et se faire plaisir.
Il s'enroula dans une serviette moelleuse de l'hôtel avant d'enfiler un pyjama, réchauffé magiquement par Tom avant de partir. Tout ce qu'il voulait à présent, c'était se lover dans un lit douillet et y dormir pendant des heures. Il était épuisé après tout ce qu'il avait vécu ce soir-là et avait besoin de sommeil pour récupérer.
Il retourna dans sa chambre en bâillant, tout en se demandant si Tom pourrait lui monter une tasse de thé, avant de se figer brutalement.
Parce que le chien noir qu'il avait amené avec lui n'était plus là. À la place, se trouvait la personne la plus recherchée d'Angleterre : l'assassin Sirius Black.
Une masse de cheveux sales et emmêlés lui tombait sur les épaules. Sans ses yeux qui brillaient au creux de ses orbites sombres et profondes, on aurait pu penser qu'il s'agissait d'un cadavre. Sa peau cireuse était tellement tendue sur les os de son visage qu'on croyait voir une tête de mort. Un rictus découvrait ses dents jaunes.
– Que-ce que... murmura Harry en cherchant instinctivement sa baguette du regard.
Il la repéra rapidement : dans la main de Sirius Black. Il la faisait tourner autour de ses doigts, avec une dextérité surprenante pour quelqu'un ayant passé douze ans à Azkaban.
– Le pièce est insonorisée, dit alors Black d'une voix gutturale.
C'était comme s'il n'avait pas parlé depuis longtemps, ce qui devait sans doute être le cas, songea Harry un instant.
Black l'observait avec un air particulier, que Harry n'arrivait pas à analyser. Il semblait ne pas en revenir, hésiter, un peu perdu. Cette image ne collait pas avec l'image qu'on lui avait donnée de Black. Il ne ressemblait pas vraiment au tueur de sang-froid, Mangemort, prêt à venger son Maître.
Harry se rappela du chien noir qui avait sautillé autour de lui, qui l'avait réconforté et l'avait suivi jusqu'ici. Où était-il ? Black l'avait-il tué ?
– Harry, je... Écoute-moi. J'ai besoin de quelques secondes, fit Black d'une voix suppliante.
Harry sentit une déferlante d'adrénaline parcourir son corps, parce qu'il comprit que quelque chose ne collait vraiment pas. Black, même après douze ans à Azkaban, le connaissait. Et il semblait vouloir lui dire quelque chose. Mais pourquoi ne le tuait-il pas dès à présent ?
– Vous me connaissez ? demanda Harry suspicieusement.
– Oui. Bien sûr que oui, je te connais, répondit Black en haussant un sourcil, surpris à son tour.
Au fond de lui, Sirius était fou de rage, parce qu'il venait de comprendre, qu'en plus de ne rien lui avoir dit que ce qu'il avait fait, personne n'avait pensé à expliquer à Harry qu'il était son parrain.
Harry ne voyait en lui qu'un assassin, adepte de Voldemort. Il ne savait pas si cela allait rendre les choses plus faciles ou plus difficiles.
Mais, au moins, Harry ne semblait avoir aucune conscience qu'il était responsable de la mort de ses parents et c'était un bon point pour lui. Peut-être qu'il accepterait de l'écouter quelques secondes.
Les deux hommes restèrent face à face un long moment, sans bouger.
Harry, lui, ne savait pas quoi faire. Que pouvait-il faire ? La pièce était insonorisée, il n'avait pas sa baguette et Black, un tueur, le menaçait. C'était un protégé de Voldemort, qui venait sans doute finir le travail de son Maître et le venger.
Mais pourquoi maintenant ? Et pourquoi ici, alors que Black aurait pu simplement le tuer chez les Dursley ou dans la rue quand il l'avait trouvé seul ? Car Harry était persuadé que Black était le chien. Ils avaient les mêmes yeux et il ne voyait nulle part le corps du canidé. Jamais Black ne l'aurait laissé partir, au cas-où il alerterait Tom. Cela ne signifiait qu'une chose : Black était le chien. Il ne savait pas comment c'était possible, mais plus rien ne l'étonnait, à présent.
Harry songea alors qu'il n'avait que deux choix qui s'offraient à lui.
Soit il sautait immédiatement sur Black, jouant sur l'effet de surprise pour récupérer sa baguette. S'il réussissait à le déstabiliser assez, alors peut-être qu'il pourrait sauter par la fenêtre ou même sortir par la porte si elle n'était pas verrouillée, ce dont il ne pouvait pas être sûr. Il était assez maigre pour passer au travers de la fenêtre, mais il était au dernier étage du Chaudron Baveur et il ne tenait pas à mourir aussi bêtement.
Soit il écoutait ce que Black avait à lui dire. C'était peut-être le choix le plus insensé, mais au moins, il ne risquait rien pour le moment. Il allait le laisser parler, faire semblant de l'écouter et le mettre en confiance, en essayant de gagner du temps et de trouver le moyen d'appeler à l'aide.
C'était son seul moyen de s'en sortir. La porte était hors-jeu tant qu'il n'avait pas sa baguette, son objectif principal était de la récupérer et de lancer un Alohomora pour crier à l'aide, en espérant que quelqu'un l'entende hurler. Il devait faire parler Black et profiter d'une brèche. C'était sa seule chance.
À ce moment précis, Harry senti l'épuisement le gagner. Il était si fatigué, si las. Sa dernière nuit complète remontait à Poudlard. Il avait froid, il était épuisé par l'effort magique qu'il avait produit pour gonfler la tante Marge comme un ballon, son cœur battait encore la chamade d'avoir rencontré le Ministre de la Magie et maintenant ça ?
Il n'avait même pas envie d'écouter Black. Il n'avait pas envie de chercher, encore, un moyen de sauver sa peau. Mais il le devait. Il ne pouvait pas baisser la baguette, même s'il en avait terriblement envie. Il aurait voulu que Black l'achève maintenant et que tout soit terminé, enfin.
Mais Harry était un Gryffondor et il savait qu'il ne pouvait pas faire ça. Alors, il se contenta de soupirer et de prendre sur lui pour écouter ce que Black avait à lui dire. En espérant que cela prenne assez de temps pour qu'il puisse se sortir de ce pétrin, sans perdre de sang ou finir à l'infirmerie.
– Vous êtes un chien, dit finalement Harry qui se disait que c'était la meilleure manière d'introduire une conversation.
Black haussa de nouveau son sourcil avec une certaine élégance, avant qu'un sourire large n'étire son visage. Les traits du criminel se détendirent et Harry eut l'impression qu'il venait de perdre dix ans.
– Je suis un Animagus, oui, répondit Black sans cesser de sourire. Tu sais ce que c'est ?
– Pas vraiment, admit Harry en haussant les épaules.
– Certains sorciers ont la capacité de se transformer en animal. Il y a tout un processus pour y arriver.
– C'est comme ça que vous vous êtes échappé ? comprit alors Harry.
– Oui. Les Détraqueurs ne peuvent pas...
– Détraqueurs ? répéta Harry en fronçant les sourcils, ayant la sensation que ce nom lui était familier.
– Ce sont les gardiens d'Azkaban, expliqua Black en frissonnant de peur.
Harry se souvint alors que son ami Hagrid avait eu le même air terrifié, lorsqu'il avait été emmené à Azkaban l'année dernière quand la Chambre des Secrets avait été ouverte. C'était pourtant l'homme le plus courageux que Harry ait rencontré. Il se demanda ce que ces Détraqueurs pouvaient faire pour terrifier autant de monde.
– Les Détraqueurs, reprit Black d'une voix plus grave, ne sentent pas la présence des animaux. Ils pensaient juste que je perdais la tête.
– Oh, fit Harry qui trouvait cette situation complètement absurde.
Il était emprisonné dans sa chambre, avec Sirius Black, qui se trouvait être un Animagus chien, qui venait de s'évader de la prison la plus sécurisée d'Angleterre, qui avait piqué sa baguette et qui semblait prêt à le tuer après avoir déroulé un monologue.
Et Harry qui pensait qu'une fois parti des Dursley, il serait enfin tranquille ! Tout ce qu'il pouvait se dire, à ce moment précis, c'était pourquoi ce genre de choses lui tombaient toujours dessus ? Pourquoi devait-il toujours mener des batailles pour sauver sa peau ? Toute cette situation était finalement devenue son quotidien depuis plus de deux ans et ce n'était pas fait pour le rassurer.
– Vous voulez peut-être vous asseoir ? proposa Harry en voyant que Black était devenu tout blanc et grimaçait de douleur.
Black éclata d'un rire froid, sans aucune trace de joie.
– Je suis un criminel, qui te menace avec ta propre baguette et tu veux que je m'assoie ?
– Si vous aviez voulu me tuer, vous l'auriez fait dans la rue, répondit sèchement Harry légèrement agacé. Vous voulez parler, alors faites-le ou tuez-moi maintenant, plutôt que de tourner autour du chaudron.
Sirius était complètement mortifié, au fond de lui. Il s'assit sur l'un des fauteuils, encore tremblant.
Ce n'était pas seulement la fatigue et la douleur, mais plutôt la réalisation de ce qu'était Harry. Son comportement n'était absolument pas celui d'un garçon de treize ans, Sirius en était persuadé. Qu'avait-il pu bien se passer dans la vie de ce garçon pour qu'il réagisse comme ça ?
Parce que le Harry qu'il avait devant lui ne semblait pas avoir peur. Il avait un regard déterminé, alerte et Sirius avait déjà vu qu'il cherchait le moyen de récupérer sa baguette et de s'enfuir. Il savait que sa proposition de s'asseoir n'était pas dénuée d'arrière-pensée ; Harry voulait qu'il baisse la garde. Il avait des instincts de survie particulièrement développés pour un garçon de son âge.
Sirius songea, à ce moment précis, qu'il avait bien fait de suivre son propre instinct et de rester avec Harry. Parce que tout ça, c'était loin d'être normal, mais c'était inquiétant.
Harry prit place sur le lit, tout en restant tendu et en le fixant avec méfiance.
– Je ne sais pas par où commencer, avoua Sirius.
Sa voix était comme tendue, rauque. Comme c'était étrange de parler de nouveau. Il avait l'impression de n'avoir parlé à personne depuis des siècles. Parfois, des représentants du Ministère passaient le voir, d'autre fois sa cousine lui lançait des insultes auxquelles il répondait allègrement, mais c'était si rare qu'il était presque sûr qu'il lui faudrait des semaines pour retrouver sa voix normale.
– Commencez par le début, non ? proposa Harry d'une voix clairement agacée. Vous dites que vous voulez me parler, alors faites-le.
– J'ai tellement de choses à te dire, Harry.
– Je ne vois pas quoi, siffla le garçon en plissant les yeux. Vous ne me connaissez pas. Vous êtes du côté de Voldemort, vous êtes là pour finir le travail de votre Maître.
Black ne bougea pas un sourcil quand Harry prononça le nom de "Voldemort". Harry en resta pantois quelques secondes, parce qu'il avait toutes les personnes du monde magique sursauter et crier dès que le nom du mage noir était prononcé. Il se souvint, par la suite, que Black était l'un des plus fidèles lieutenants de Voldemort et qu'il n'avait sans doute pas peur de prononcer son nom.
La seule personne que Harry connaissait qui n'avait pas peur de Voldemort et prononçait son nom était le grand Albus Dumbledore. Qu'aurait-il fait à sa place ? Sans doute proposer à Black de s'asseoir et de manger un bonbon au citron, pensa Harry vaguement amusé.
– Non, répondit Black.
– Non quoi ?
– Tu te trompes. Je te connais, insista Black avec une étrange sincérité dans la voix. Quand tu étais un bébé.
– Quand j'étais bébé ? répéta Harry en écarquilla les yeux.
Il ne s'attendait clairement pas à cette réponse et était un peu perdu par la tournure de la conversation.
– Oui quand tu étais bébé. J'étais le meilleur ami de ton père. Je suis aussi ton parrain.
Sirius n'avait pas pu s'en empêcher. Il avait lâché l'information sans prévenir, cette chose qu'il gardait en lui depuis tellement de temps. En voyant Harry il n'avait pas pu s'en empêcher, il fallait qu'il sache. Il fallait que Harry l'écoute, le comprenne, accepte de lui parler.
Sirius ne savait pas vraiment comment Harry allait réagir à cette révélation. Il avait pensé qu'il allait pleurer, crier ou même réagir d'une quelconque façon, mais le garçon le surpris de nouveau. Parce que Harry éclata de rire, comme si Sirius venait de lui raconter la blague du troll, du gobelin et de la harpie qui vont aux Trois Balais.
– Mon parrain ? Sérieux ? fit Harry en essuyant des larmes qui avaient coulé aux coins de ses yeux.
Harry ne pouvait pas s'empêcher de trouver ça hilarant. Il avait si peu d'informations sur son passé. Les Dursley n'avaient jamais voulu lui parler de ses parents. Il ne connaissait même pas leurs noms avant que Hagrid ne vienne lui annonce qu'il était un sorcier.
Le demi-géant, son premier vrai ami, lui avait bien sûr expliqué tout ce qu'il savait, mais jamais il n'avait rencontré qui accepte de lui parler de ses parents.
Il avait toujours cru n'avoir plus aucune famille, à part les Dursley, sinon pourquoi aurait-il été envoyé là-bas ? Il ne pouvait pas avoir un parrain. Un parrain criminel dont personne ne lui avait jamais parlé. Pas même Dumbledore, pas même Hagrid. Non, il ne pouvait pas y croire.
– Harry, je t'assure que je suis ton parrain, assura Sirius d'une voix qu'il espérait convaincante.
– Pourquoi personne ne m'aurait dit que j'avais un parrain ? demanda Harry.
– Parce qu'ils pensent que je suis un assassin. Ils pensent que je suis un Mangemort, souffla Sirius. Ils ne voulaient sans doute pas te faire de la peine, ajouta-t-il en haussant les épaules.
Harry fronça les sourcils, parce que cela pouvait se tenir, mais qu'il ne comprenait pas comment Hagrid et Dumbledore avaient pu lui cacher une telle information, alors qu'il avait désespérément cherché depuis deux ans à tout savoir sur ses parents.
– Donc, si je comprends bien... reprit Harry en ricanant sans pouvoir s'en empêcher. Vous êtes mon parrain, vous assassinez douze moldus dans la rue, vous êtes un Mangemort, vous vous évadez et personne ne me dit rien. Ça ne vous semble pas un peu gros ?
– Tu penses vraiment que le Ministre de la Magie vient régler les problèmes d'usage abusif de la magie chez un sorcier de premier cycle, Harry Potter ou non ? Tu ne penses pas qu'il a d'autres dragons à fouetter ? releva pertinemment Sirius.
Harry se souvint alors que Fudge lui avait fait promettre de rester du côté sorcier en l'informant que Sirius Black s'était échappé. Il lui avait assuré que cela n'avait rien à voir avec lui, mais pourtant, le Ministre avait semblé soulagé quand il était descendu du Magicobus. Comme s'il était heureux de le savoir en vie. Maintenant qu'il y repensait, Fudge lui avait vraiment semblé étrange.
– Mais pourquoi est-ce qu'il ne m'aurait rien dit ? souffla Harry.
– Je n'en ai pas la moindre idée, répondit Black qui semblait tout aussi perdu que lui.
– Fudge m'a demandé de ne pas m'éloigner du Chemin de Traverse. Est-ce que c'est pour ça ? demanda Harry. Parce qu'il pense que vous...
– Que je suis là pour te tuer, compléta Black. Oui, je le pense.
Harry soupira, furieux que personne ne l'ait prévenu. Après tout, il ne se serait sans doute pas enfui de chez les Dursley s'il avait su qu'il avait un criminel aux trousses. Il ne voyait pas pourquoi Fudge n'avait pas profité de l'occasion de leur entretien pour lui dire la vérité. Rien n'avait de sens.
– Pourquoi vous ne m'avez pas tué dans la rue ? demanda finalement Harry qui se posait la question depuis qu'il avait compris que le chien était Black.
– Parce que je ne veux pas te tuer ! s'exclama le prisonnier en soupirant. Je ne sais même pas quoi te dire pour que tu me crois, mais Harry... Jamais... Jamais, je ne pourrais te faire de mal, assura-t-il d'une voix si sincère que Harry eut envie de le croire. Si j'avais vraiment voulu te tuer, j'aurais eu des dizaines d'occasions pour le faire, nom d'un hippogriffe !
Harry faillit demander ce qu'était un hippogriffe avant de se rappeler que Black était un assassin et pas un professeur à qui il pouvait poser des questions.
Tout ce qu'il voyait, c'était que Black ne faisait aucun geste pour le tuer. C'était comme s'il avait juste envie de discuter mais que ses pensées étaient confuses, mélangées. Harry pensa qu'il était peut-être fou. Il était devenu fou après douze ans passés à Azkaban.
– Peut-être que, comme les grands méchants dans les films, vous vouliez vous vanter de votre plan avant de m'assassiner ? proposa Harry.
Black étira son visage en un sourire léger, presque détendu, comme s'il comprenait parfaitement la référence, ce qui était étrange puisque les sorciers ignoraient presque tous le terme de "film".
– J'aurai pu le faire dans la rue moldue au lieu d'attendre de venir ici, opposa Black.
– Mais j'aurai pu crier dans la rue, indiqua Harry.
– C'est vrai, admit Black en grimaçant. Mais je te promets Harry, je le jure sur ma magie, que je ne te ferais jamais de mal.
– Mais vous êtes un criminel et vous suiviez Voldemort. Vous voulez me tuer.
– Non. Non je ne suivais pas Voldemort, dit Black d'une voix tendue en grimaçant. Jamais. Jamais je n'aurai fait ça.
Cette idée semblait si désagréable pour lui que Black se mit à grimacer de dégoût en frissonnant. Comme si la simple pensée qu'il puisse être un Mangemort le rendait malade.
– Pourquoi vous avez tué les moldus, alors ? demanda Harry qui ne comprenait plus rien.
– Je n'ai pas tué ces gens ! s'écria Black en plissant les yeux. Je ne l'ai pas fait !
– Vous avez été condamné, répliqua Harry, agacé qu'il le croit stupide.
– Je n'ai pas eu de procès.
Harry eut l'impression qu'un Cognard venait de lui percuter l'estomac. Parce qu'il voyait la sincérité de Black dans ses yeux. Parce que Harry savait que c'était parfaitement possible. Après tout, Hagrid avait été enfermé à Azkaban pour quelque chose qu'il n'avait pas commis, simplement parce que le Ministre de la Magie l'avait décidé. Il se souvenait de la phrase terrible de son grand ami, lui disant que les Détraqueurs n'avaient pas voulu le laisser sortir et que le savoir coupable ou innocent leur importait peu tant qu'ils avaient des âmes à se mettre sous la dent.
– Comment je peux vous croire ? soupira Harry en se frottant les yeux.
– Laisse-moi t'expliquer, plaida Black avec espoir.
Harry hocha la tête en songeant qu'il n'avait, de toute façon, plus rien à perdre. Black avait l'air terriblement sincère, il ne semblait pas menaçant pour une noise et il eut l'espoir que, peut-être, il pourrait répondre à certaines de ses questions.
– Ton père et moi étions amis, commença Sirius en souriant avec nostalgie. Les meilleurs amis du monde. Des frères. Dès l'instant où nous nous sommes rencontrés sur le quai 9 3/4, ça a été une évidence entre nous. Ton père et ta mère sont sortis ensemble en septième année. Je suis devenu très proche de Lily, ta maman. J'ai même été témoin à leur mariage et...
Harry eut soudain une illumination et sauta sur ses pieds. Il ouvrit sa malle, sous le regard intrigué, mais méfiant de Black. Harry trouva ce qu'il cherchait tout au fond de sa valise ; un carnet de photographies, offert par Hagrid, qu'il chérissait plus que tout.
Il l'ouvrit pour tomber sur la photo de mariage de ses parents. Lily et James en vie, souriants à l'objectif. Son père, radieux, les cheveux en bataille et sa mère qui rayonnait de bonheur en lui adressant de grands signes de la main.
Et, en arrière-plan, il y avait un homme au visage rieur et séduisant. Harry regarda l'homme sur la photo et Black, face à lui. Ils n'avaient presque plus rien en commun, pourtant leurs yeux gris étaient les mêmes.
– C'est vous, n'est-ce pas ? s'enquit Harry en montrant la photo à Black.
Ce dernier étira son visage en un sourire radieux qui lui donna énormément de ressemblance avec l'homme de la photo.
– En effet. Tes parents étaient si heureux, ce jour-là. Ils t'ont eu un an plus tard. Ils s'aimaient vraiment tous les deux, le vrai amour, comme on dit, dit Black d'une voix remplie de nostalgie et d'amour. Et puis Voldemort a commencé à les traquer. Alors, ils se sont cachés, dans l'une de leurs maisons. Tu es né et, même s'ils n'avaient jamais été aussi heureux, ils ont décidé de renforcer leurs protections et de faire un Fidelitas.
– Un Fidelitas ? répéta Harry en fronçant les sourcils.
– C'est un enchantement, expliqua le criminel. Pour faire simple, tes parents ont choisi un Gardien du Secret qui était le seul à savoir où ils se cachaient. Seul le Gardien pouvait révéler l'information. Même si Voldemort avait regardé à la fenêtre de leur maison, il n'aurait pas pu les voir. C'est un sortilège très puissant.
– Mais le Gardien doit garder le secret, murmura Harry qui commençait à comprendre peu à peu ce qui avait pu se passer.
– Exactement, confirma Sirius en grimaçant. Au début, c'est moi que tes parents avaient choisi pour devenir le Gardien du Secret.
Harry sauta sur ses pieds instantanément, prêt à sauter sur Black, mais ce dernier leva une main pour le tranquilliser.
– James m'a proposé... Il m'a dit qu'il me confierait sa vie, comme je lui aurai confié la mienne. Jamais je n'aurai pu les trahir. Mais, au dernier moment, nous avons décidé de changer.
Black prit une grande inspiration tremblotante, comme s'il se retenait de fondre en larmes.
– Un de nos amis... Peter Pettigrow... il était... personne n'aurait jamais pensé que ça puisse être lui, le Gardien. Tout le monde savait que James et moi nous étions comme des frères. J'étais persuadé que Voldemort viendrait me chercher et j'étais prêt à me battre, à mourir pour tes parents, dit Black avec des yeux flamboyants. Alors on a fait croire que c'était moi le Gardien, ajouta-t-il avec un rire sans joie. Ta mère a pratiqué l'enchantement et c'est Peter qui est devenu le Gardien du Secret. Avec James, on pensait que c'était la seule solution. Quelques jours après, ils étaient... Peter avait révélé le Secret à son Maître. Et tes parents étaient...
La voix de Black se brisa et il plongea sa tête entre ses mains. Harry aurait pu se précipiter vers lui pour attraper sa baguette, mais il ne pouvait plus bouger.
Ainsi, c'était comme ça que ses parents étaient morts ? Voldemort les avait traqué et un de leurs amis les avait trahis... Ce n'était pas un hasard que le mage noir soit présent à Godric's Hollow ce soir-là, mais tout avait été planifié. Voldemort avait été présent pour assassiner ses parents.
– Et ce Peter, où est-il maintenant ? demanda Harry.
– C'est là que l'histoire devient hilarante, dit Black sans aucune trace d'humour dans la voix. Avec ta mère, nous avions mis en place un système d'alerte. J'ai su le premier que tes parents étaient en danger. Mais quand je suis arrivé... C'était déjà trop tard, souffla-t-il avec difficulté. Je t'ai récupéré pour t'emmener avec moi, mais Hagrid est arrivé. Il est toujours garde-chasse ?
– Oui, répondit Harry en souriant légèrement.
Le demi-géant lui avait raconté plusieurs fois le soir où il était venu le récupérer pour le confier à Dumbledore.
– Il m'a dit que Dumbledore voulait te cacher en lieu sûr, dit Black. Je n'ai pas réfléchi à ce moment et... Harry... Si tu savais comme je m'en veux de t'avoir laissé à Hagrid. Mais je pensais que... Je pensais vraiment te retrouver après. J'ai juste... Je m'en voudrais toute ma vie de t'avoir laissé à Hagrid alors que j'aurai pu... J'aurai dû rester avec toi, comme le voulaient tes parents. Je voulais m'assurer que Peter était en vie et ça m'a coûté douze ans...
– Que s'est-il passé ? demanda Harry qui se trouvait pris dans l'histoire de Black.
– Je pensais que Peter avait été torturé ou tué, tu comprends ? Donc je suis allé chez lui. Et quand j'ai compris... Il était prêt à prendre la fuite et je... Je suis allé le confronter. Il était si... ce sale traître ! siffla Sirius avec une voie remplie de haine. Il venait de trahir tes parents et je voulais juste l'arrêter, lui faire payer... Mais il a fait une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Il fait semblant. Nous étions en plein milieu d'une rue et il a hurlé "pourquoi tu as fait ça à Lily et James ?". Il provoqué une explosion en tuant les moldus, il s'est tranché un doigt pour faire croire qu'il avait été tué dans l'explosion et il s'est transformé...
– Transformé ? interrompit Harry.
– C'est aussi un Animagus. C'est un rat, indiqua Black qui ne semblait pas en colère que Harry l'ait interrompu. Il s'est transformé et il s'est évanoui dans la nature, tout ce qu'il restait de lui c'était sa robe tâchée de sang et un doigt... J'étais tellement sous le choc que j'ai rigolé. Je ne pouvais même pas me défendre, soupira-t-il en se prenant de nouveau la tête entre les mains. J'ai été emmené à Azkaban et personne... personne n'est jamais venu m'interroger. Dumbledore pensait que j'étais le Gardien du Secret et voilà. J'étais en prison et personne ne m'a laissé la moindre chance de m'expliquer.
– Mais vous n'avez pas eu procès ?
– Aucun, grinça Black. Il y a simplement l'un des représentants du Ministère qui venait faire un tour régulier à Azkaban qui m'a annoncé que j'étais condamné à perpétuité. Et c'est tout.
– Mais vous auriez pu dire que vous étiez innocent, non ?
– Toutes les personnes qui sont à Azkaban disent qu'elles sont innocentes, grimaça Black. Ça n'a rien changé. Le gardien a simplement ri et c'était tout. Ensuite, ça ne servait plus à rien. J'étais résigné.
– Mais pourquoi vous n'avez pas eu de procès ?
– C'étaient des temps sombres. Voldemort venait de tomber, personne ne savait qui était sincère ou non. Ils ont voulu être efficaces et ne laisser aucun Mangemort en liberté. J'étais un parfait exemple.
– Mais c'est injuste, s'écria Harry.
– La vie est injuste.
Harry avait l'impression d'avoir percuté le Magicobus. Il était perdu, abattu et il ne savait pas si Black disait la vérité. Si c'était le cas, cette histoire était absolument effrayante, mais d'un autre côté, Black avait passé douze ans en prison et il aurait pu devenir ou être réellement fou. Harry ne savait plus quoi ou qui croire.
– Mais où est Peter maintenant ?
– Il s'est caché dans une famille sorcière, sans doute dans l'espoir que son Maître revienne un jour, dit Black d'un ton sarcastique. Personne ne devait savoir qu'il était en vie et il devait se tenir informé de l'actualité.
– Comment est-ce que vous pouvez savoir ça ?
– J'ai vu une photo de lui dans le journal. D'un rat.
– Il y a des millions de rats en Angleterre, opposa Harry avec précaution. Il est peut-être caché dans le monde moldu. Comment vous pouvez le reconnaître ?
– Déjà, parce que j'ai vu Peter se transformer devant moi des milliers de fois et que je sais à quoi il ressemble. Mais aussi à cause de ça.
Black sortir de sa poche une page de journal arrachée qu'il tendit à Harry. Ce dernier fronça les sourcils en reconnaissait la famille de son meilleure ami Ron qui lui faisait des signes de la main. C'était la photo que la Gazette du Sorcier avait publiée cet été, montrant les Weasley qui, ayant gagné un prix, avaient pris des vacances en Égypte. Ils avaient été photographiés devant une pyramide.
Et c'est en voyant Croûtard sur l'épaule de Ron qu'il comprit. Il approcha son nez de la photo et vit clairement qu'il n'avait que quatre doigts à l'une de ses pattes. Harry le savait pour en avoir parfois discuté avec Ron : Croûtard l'avait perdu dans une bataille. Mais ce rat avait d'abord appartenu à Percy, le frère aîné de Ron et il était dans la famille Weasley des années. Depuis au moins...
– Douze ans... murmura Harry. Vous êtes sûr de vous ? demanda-t-il en plongeant son regard dans celui de Black.
– Absolument, répondit Sirius d'une voix étranglée quand il croisa le regard émeraude de Harry, si Lily.
Harry soupira intérieurement quand il se rendit compte qu'il croyait en l'histoire de Black. Il savait que c'était fou de croire à une telle histoire. Il était fou de croire un criminel en liberté, il le savait, mais au fond de lui, quelque chose venait d'apparaître. Une flamme, brûlante et intense, qui l'avait quittée l'année passée après ce qu'il avait vécu : l'espoir.
L'espoir que Black soit sincère, qu'il en connaisse autant sur ses parents, l'espoir qu'il ait un parrain. Un membre de sa famille encore vivant, différent des Dursley. Cela lui apparaissait tellement improbable, mais il avait envie d'y croire.
– Je ne comprends pas vraiment, admit finalement Harry. Ils n'ont pas retrouvé le corps de Peter... Personne ne s'est posé de questions ?
– Ils ont pensé que je l'avais fait exploser, grimaça Black. Et puis, personne n'aurait pu se douter... Déjà, ils pensaient que j'étais le Gardien, nous avions vraiment bien caché l'information. Mais surtout, personne ne savait que nous étions des Animagi. Nous nous sommes transformés pendant notre scolarité à Poudlard, mais c'était interdit.
– Quand vous dites nous... fit Harry en sentant son cœur battre un peu plus vite.
– Oui, ton père était un Animagus, répondit Black avec un sourire tendre. C'était un cerf.
– Un cerf... répéta Harry très ému.
Il avait attendu treize ans pour avoir des informations sur ses parents et voilà qu'un criminel lui racontait un secret sur son père. Harry était à la fois triste de ne pas avoir eu d'informations plus tôt, mais aussi si heureux d'en apprendre plus. Il voulait tout savoir sur ses parents, malheureusement, personne n'avait été aussi enclin à lui parler d'eux.
– Comment est-ce que je peux vous croire ? demanda finalement Harry.
Black hésita un instant, puis il lui lança sa baguette à la plume de Phénix. Harry la rattrapa avec l'agilité de l'attrapeur et se sentit beaucoup plus rassuré. Il savait que ça ne changeait rien, mais le simple fait que Black accepte de lui rendre son bien le plus précieux en disait beaucoup. Il lui faisait confiance pour ne pas se ruer dehors en hurlant au criminel.
Harry observa Black un long moment, en se demandant s'il pouvait réellement lui faire confiance.
Ce moment parut des heures à Sirius qui se sentait terriblement anxieux. Il avait conscience que son histoire paraissait folle, qu'il y avait des zones d'ombre, que les apparences jouaient contre lui... Mais tout ce qu'il lui fallait, c'était que Harry le croit.
Ce dernier finit par abaisser sa baguette et regarda Sirius dans les yeux. Sirius ne savait pas ce qu'il pouvait bien se passer dans la tête de Harry, il ne savait pas ce qu'il l'avait convaincu, mais ça avait marché et c'était tout ce qui comptait.
– Donc vous voulez attraper Peter, c'est ça ?
– Oui. C'était mon plan. Je voulais aller à Poudlard et tuer Peter, dit Sirius qui se disait que dire la vérité était la seule chose à faire.
– Le tuer ? répéta Harry sous le choc.
– Oui. Je voulais être emprisonné pour un crime que j'ai vraiment commis. Je voulais venger tes parents, Harry !
– Mes parents n'auraient pas voulu que leur meilleur ami devienne un meurtrier, lâcha Harry clairement dubitatif.
Sirius eut l'impression de recevoir un coup de poing dans le ventre, tant la justesse des mots de Harry faisait sens. Il n'imaginait en effet pas James et Lily être heureux à l'idée qu'il tue Peter, malgré ce qu'il avait fait. Sirius savait que ses amis auraient voulu qu'il soit en bonne santé, en sécurité, et pas emprisonné de nouveau à Azkaban, même s'ils lui en voulaient certainement d'avoir laissé Harry seul le soir du 31 octobre 1981.
– Pourquoi vous êtes là ? demanda Harry.
– Je suis là pour toi, répondit Sirius avec une voix franche et sincère qui réchauffa le cœur de Harry. Quand je t'ai vu dans la rue, si perdu, si petit... Je ne pouvais pas t'abandonner... Pas encore une fois. Je voulais juste avoir la possibilité de te rencontrer et de t'aider.
– Pourquoi m'aider ?
– Tu n'avais pas l'air en forme. J'ai voulu te réconforter.
Harry sentit son cœur faire de grands bonds. Parce que c'était la première fois que quelqu'un voulait l'aider. C'était la première fois qu'un adulte lui disait qu'il ne pouvait pas l'abandonner, qu'il était resté pour lui. Harry entendait la tendresse et la sincérité dans la voix de Sirius et il se sentait presque dépassé par ses propres émotions. Le simple fait que quelqu'un tienne à lui, sans même le connaître, le rendait à la fois heureux et complètement apeuré. Il ne savait même pas quoi dire, quoi faire...
– Je peux attraper le rat, dit finalement Harry pour rompre le silence qui s'était installé. Le garçon sur la photo est mon meilleur ami. Ron Weasley. Il partage mon dortoir.
– Peter dort dans ton dortoir !? s'écria Black d'une voix sourde. Quel sale petit...
Harry ne put s'empêcher de ricaner en entendant l'homme face à lui se mettre à jurer dans plusieurs langues étrangères, d'une manière si naturelle qu'il sut que ce n'était pas la première fois.
– Je ne pensais pas qu'il dormait dans ton dortoir, enchaîna Black les yeux plissés. Je voulais simplement m'assurer qu'il ne te fasse rien, mais je n'aurai jamais pensé qu'il puisse dormir dans ta chambre !
– Pourquoi il ne m'a pas tué, alors ? demanda soudain Harry, faisant sortir Black de sa torpeur.
– Parce qu'il ne fera rien s'il n'y trouve pas son intérêt. C'est un lâche. Il attend simplement que Voldemort revienne à la vie pour agir.
– Donc, on doit juste l'attraper et prouver que vous êtes innocent, dit alors Harry avec joie, comme s'il venait de résoudre un problème complexe. Comme ça, il ira en prison et ne pourra pas soutenir Voldemort.
– Tu penses que je suis innocent ? demanda Sirius en sentant son cœur battre de joie.
– Je pense que, si vous aviez voulu me tuer, vous l'auriez déjà fait. Et puis, cette histoire de rat tient la route, même si ça semble complètement fou. Je suis prêt à vous croire, mais à la moindre entourloupe, je vous dénonce, menaça Harry qui ne savait pas s'il prenait la bonne décision.
– Évidemment ! s'écria Black en souriant aussi largement que s'il avait gagné la Coupe de Quidditch de Poudlard. Tu ne le regretteras pas ! Je ne te lâcherai plus, promit-il en levant sa main droite en l'air et en posant sa main gauche sur le cœur, en signe de serment.
Harry sentit son corps traversé par une vague de chaleur. Jamais personne ne lui avait dit une telle chose.
Mais surtout, jamais il ne s'était senti aussi à l'aise avec un adulte de sa vie. Surtout quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Généralement, Harry avait tendance à fuir toute sorte d'autorité ou d'adulte qui pourrait lui dire qu'il "exagérait".
Il savait que la confiance qu'il pensait avoir en Black traduisait surtout une once de folie. Il venait d'accorder sa confiance à un criminel, qui pourrait le tuer dans son sommeil. Même s'il croyait sincèrement à l'histoire de Black, il savait que sa réaction était complètement stupide et inconsciente.
Pourtant, il était prêt à prendre le risque. Quitte à mourir, il préférait l'être en ayant eu l'espoir d'avoir quelqu'un qui tenait vraiment à lui. Parce que c'était tout ce qu'il avait toujours souhaité : que quelqu'un l'aime et prenne soin de lui. Et Black l'avait dit, il avait abandonné une vengeance réfléchie depuis douze ans pour lui, pour lui venir en aide et le soutenir. C'était plus que tout ce que Harry aurait pu espérer.
Harry bâilla soudain et il sentit la fatigue, les évènements de la journée, sa magie involontaire, les révélations de Black lui tomber dessus. Une intense fatigue le prit et ses yeux se fermèrent presque tout seul.
– On peut parler demain ? demanda Harry en tombant dans le lit sans même attendre de réponse.
– Bien sûr. Dors Harry, tu en as bien besoin, dit Sirius d'une voix douce, avant se transformer en chien, comme pour le rassurer.
Harry était complètement épuisé et il ne pouvait pas garder ses yeux ouverts. Il savait qu'il était complètement inconscient d'héberger un criminel dans sa chambre, prisonnier qui pourrait aussi décider de l'assassiner dans son sommeil, mais il ne pouvait plus lutter contre le sommeil. Il eut à peine le temps de fermer les yeux qu'il était parti dans les bras de la fée Morgane.
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Harry se réveilla avec une sensation de lourdeur dans tous les membres. Tous les muscles de son corps lui faisaient mal. Il avait l'impression d'avoir été écrasé par le Magicobus, avant d'être percuté par des Cognards. Il savait que son acte de magie de la veille y était pour quelque chose. Pratiquer la magie pouvait être éreintant, surtout à un tel niveau.
Il ouvrit brusquement les yeux en se souvenant des évènements de la veille. Il s'était endormi sans même se protéger ! Il devait vraiment être fou. Black aurait pu l'enlever, l'assassiner, prendre sa baguette et, lui, il s'endormait !
Harry se demanda si toutes les aventures qu'il avait vécues à Poudlard depuis deux ans ne l'avaient pas un peu traumatisé, à un point tel qu'il ne sentait plus le danger. Il se rendait compte, après coup, qu'il n'avait pas eu peur une seule fois hier soir.
Était-ce parce qu'il avait de suite fait confiance à Sirius ou parce qu'il ne ressentait plus la peur depuis que Voldemort avait tenté de le tuer en première année à Poudlard ? Était-ce à cause de son enfance terrible chez les Dursley et que Sirius représentait une chance pour lui de s'en sortir ? Il ne savait vraiment pas ce qu'il se passait, mais cette situation n'était pas saine.
Il ne savait pas comment réagir normalement aux évènements de la veille. Il aurait tant voulu parler à Ron et Hermione, ses meilleurs amis. Mais il savait que leurs conseils ne l'auraient pas aidé. Hermione aurait pris un air horrifié en récitant toutes les charges qui avaient été retenues contre Sirius, alors que Ron aurait été circonspect et l'aurait frappé amicalement le bras en lui demandant s'il était fou. Rien de tout cela n'aurait vraiment été utile.
Il entendit l'eau couler dans la salle de bain et il comprit que Sirius prenait une douche. Il savait que c'était sa dernière chance. Il pouvait, s'il le voulait, descendre et aller alerter Tom de la présence du criminel dans le Chaudron Baveur, mais il n'en avait aucune envie.
Parce qu'il croyait Sirius. Au point même de l'appeler "Sirius" et plus "Black". Il savait, au fond de lui, qu'il était quelqu'un de bien. Sirius s'était échappé d'Azkaban pour lui, après tout. Pour se venger de Pettigrow, mais aussi s'assurer qu'il ne lui fasse aucun mal. Jamais personne n'avait essayé de le protéger comme ça.
Il avait été envoyé à Azkaban pour un crime qu'il n'avait pas commis, ça, Harry en était sûr. Parce qu'aucune personne ne pouvait aussi bien mentir. Sirius lui avait paru sincère et réellement attristé par la mort de ses parents.
Pour Harry, cela ne signifiait qu'une chose : le responsable de la mort de ses parents courrait toujours. Et il voulait à présent faire éclater la vérité. Il voulait que Peter Pettigrow paye ce qu'il avait fait à ses parents et à Sirius. Même s'il n'avait aucune preuve que tout ce que lui avait dit l'ancien prisonnier était vrai, il prenait le pari de le croire.
– Waouh ! Une douche, c'est le rêve absolu après toutes ces années ! s'écria Sirius en sortant de la salle de bain, l'air plus apaisé qu'hier soir.
Les cheveux longs de Sirius étaient propres et brillants, il avait rasé sa barbe, sa peau avait perdu cette couleur parcheminée due à Azkaban et il paraissait beaucoup plus jeune. Sirius sourit largement à Harry en ne le voyant pas s'enfuir en courir et, l'espace d'un instant, Harry vit le Sirius qu'il aurait pu être sans avoir passé douze ans à Azkaban : quelqu'un d'enjoué, qui lui parlait avec une douceur et un calme étonnant, quelqu'un qui méritait de vivre. Sirius n'avait pas mérité ça. Cette injustice tordait le ventre à Harry, qui se promit de tout faire pour l'aider.
– Il va vous falloir des vêtements, dit Harry en regardant la tenue que portait Sirius.
C'était un uniforme de prisonnier, d'un gris délavé, qui flottait autour du corps maigre de l'homme. Elle était trouée par endroits, miteuse. Il avait réussi à lui lancer un sort de nettoyage, mais il ne pouvait décemment pas rester dans ces habits.
Harry ouvrit sa malle et lui lança un de ses tee-shirts et un jean qui avaient, jadis, appartenus à Dudley. Les vêtements seraient trop grands, mais ils étaient déjà plus propres que la tenue d'Azkaban.
Harry partit prendre sa douche et, quand il revint, il vit que Sirius avait mis le feu à son ancienne tenue et portait un jean beaucoup trop grand, mais qui était déjà plus seyant.
– C'est à toi ? s'enquit Sirius en voyant les vêtements trop larges qu'il venait d'enfiler.
– À mon cousin. Je récupère ses vieilles affaires, éluda Harry en grimaçant.
Sirius haussa un sourcil, sans oser faire de remarque. Il n'était clairement pas légitime à lui parler de l'aspect de ses vêtements, même si tout cela ne lui disait rien qui vaille.
La réaction de Sirius fit pourtant réfléchir Harry. Il savait que ses parents lui avaient laissé un peu d'argent pour Poudlard, mais il pourrait peut-être en profiter pour trouver, enfin, des vêtements neufs et à sa taille. Il n'en avait jamais eu, à l'exception de sa robe de Poudlard. Cela ne lui coûterait presque rien s'il ne prenait que le strict minimum.
– Je vais aller faire quelques boutiques, dit finalement Harry. Pour vous acheter des vêtements et faire mes achats pour la rentrée.
– Harry, je peux payer et... commença Sirius qui paraissait très embêté.
– Aucun problème, affirma Harry. Mes parents m'ont laissé un peu d'argent, je pense qu'acheter un jean ne fera pas un gros trou dans mon coffre.
– Un peu d'argent ? répéta Sirius en haussant un sourcil. Tu es au courant que les Potter font partie des plus riches familles magiques d'Angleterre ? Après les Black, bien sûr.
– De quoi est-ce que vous parlez ? fit Harry très surpris par ce qu'il venait d'entendre.
Sirius s'installa sur l'un des fauteuils, l'air plutôt inquiet.
– Tu ne sais pas beaucoup de choses sur tes parents, je me trompe ?
– Non, révéla Harry en prenant place face à Sirius. Les Dursley ne parlaient jamais de mes parents.
La voix de Harry tremblota légèrement, mais Sirius fit semblant de ne rien avoir entendu. Les pièces du puzzle commençaient à s'assembler et il n'aimait pas du tout ce qu'il était en train de comprendre. Personne n'avait parlé à Harry de sa famille. C'était pire que tout ce qu'il avait pu imaginer.
– La famille Potter a toujours été très bonne en affaires, expliqua Sirius. Ils ont réalisé de nombreux investissements, tout au long de leur vie. Et ils étaient assez aisés. Assez pour que ton père n'ait pas besoin de travailler après avoir été diplômé.
– Mes parents m'ont laissé un coffre avec de l'argent, oui, expliqua Harry qui ne voyait pas vraiment où il voulait en venir.
– Bien sûr qu'ils t'ont laissé un coffre, Harry. Mais ce coffre est destiné à tes années d'études à Poudlard. Tes parents n'avaient pas qu'un seul coffre.
– J'ai d'autres coffres ? s'étonna Harry.
– Personne ne t'en avais parlé ? s'horrifia Sirius.
– Non, je ne savais pas que mes parents étaient riches... souffla Harry complètement sous le choc.
– Je te conseille d'aller voir le gobelin en charge de tes coffres, conseilla alors Sirius. Il pourra mieux t'expliquer que moi.
Harry hocha la tête, un peu sous le choc par cette accumulation de révélations. Il savait que Sirius ne lui mentirait pas sans raison, mais il trouvait ça un peu gros de n'apprendre que maintenant qu'il avait d'autres coffres et que sa famille était riche.
Quand il pensait à tout ce qu'il avait vécu chez les Dursley... Il se demandait ce qu'il se serait passé si Sirius s'était occupé de lui et s'il avait pu profiter de son argent, plutôt que de récupérer toujours les vieilles affaires de Dudley.
Sirius grimaça intérieurement quand Harry sortit de la chambre pour faire acte de présence auprès de Tom et faire quelques emplettes. Parce qu'il savait qu'il existait un risque que son filleul le dénonce. Les Aurors ou les Détraqueurs pouvaient arriver d'un moment à l'autre. Mais, malgré ce risque, Sirius faisait confiance à Harry.
Il savait que cette sensation était biaisée. Parce qu'il voyait James en Harry et que jamais James Potter ne l'aurait trahi de la sorte. Or, Harry n'était pas James. Mais il faisait... il devait faire confiance à Harry qui était son seul allié dans cette bataille. Lui seul avait accepté de le croire et il ne pouvait pas croire une seconde que son filleul le dénonce.
Il attendit toutefois quelques longues minutes, sur ses gardes, avant de se détendre en comprenant que Harry n'avait rien dit.
Il s'allongea sur le lit moelleux en gémissant presque de bonheur face à la sensation de confort et de bien-être qu'il ressentait. Sans même s'en rendre compte, il ferma les yeux et s'endormit. Dans un sommeil sans cauchemar, plus reposant que toutes les nuits qu'il avait passées à Azkaban depuis douze ans.
.
Harry pénétra sur le Chemin de Traverse avec une joie et une sensation de liberté incommensurables. Il prit une bouffée d'air chaud et sec. Il était libre de faire tout ce qu'il voulait. Il pouvait aller n'importe où, acheter ce qui lui faisait plaisir, parler avec qui il voulait... Il pouvait enfin parler de magie, lire la Gazette du Sorcier, acheter une glace à Florian Fortârome, savourer le petit-déjeuner de roi que lui avait servi Tom ce matin... Tout était possible à présent.
Harry se balada un long moment dans les rues pavées du Chemin de Traverse, savourant à chaque foulée sa nouvelle liberté. Il observa les étalages, vit des enfants courir, rit quand des jeunes s'arrosèrent avec leurs baguettes, acheta une glace à la fraise, avant de se décider à aller à Gringotts.
Il avait compris qu'il avait beaucoup de choses à apprendre et il lui tardait de savoir enfin tout ce qu'il devait savoir sur la famille Potter. Il pénétra dans l'immense bâtisse et, comme à chaque fois, fut impressionné par la beauté des lieux. Tout était immense, majestueux, mais également inquiétant.
Il régnait une sorte de tension dans l'air assez étouffante, qui provenait sans aucun doute de l'aura des gobelins, qui le fixaient alors qu'il s'approchait d'un guichet, un peu incertain sur la démarche à suivre. Il avait peur de se faire envoyer sur les baguettes avec ses questions.
– Bonjour, dit Harry sans savoir comment s'adresser à l'étrange créature. J'aimerai retirer de l'argent et voir la personne qui s'occupe de mes coffres.
– Vous êtes ? demanda le gobelin sans même relever la tête des Gallions qu'il était en train d'expertiser.
– Harry Potter.
Le gobelin lâcha une pièce et le regarda attentivement, posant ses yeux perçants sur lui, comme s'il pouvait lire à travers lui. Il finit par hocher la tête, au moment même où Harry s'apprêtait à revenir sur sa demande, pensant qu'il était ridicule et qu'on allait se moquer de lui.
– Bogrod ! cria alors le gobelin en faisant sursauter Harry.
Un vieux gobelin aux cheveux blancs arriva au guichet et détailla Harry attentivement, avant de lui faire un signe de la main pour qu'il le suive.
Ils traversèrent le hall d'entrée, avant de passer par une porte qui menait à un immense couloir. Bogrod ouvrit une petite porte sur le côté droit et Harry pénétra dans un petit bureau, à taille de gobelin. Le bureau était rond et rempli de documents. Les murs étaient recouverts de tableaux représentant des scènes de guerres entre les gobelins et les sorciers. Harry observa alors, mortifié, un sorcier se faire transpercer à coup d'épée.
– Asseyez-vous, Mr Potter, dit Bogrod qui semblait très amusé de le voir regarder les peintures. Il s'agit d'une représentation de la Bataille de Molvid, que les gobelins ont, évidemment, remportée.
– Je suis pas très fort en Histoire de la Magie, reconnut Harry qui ne savait pas quoi dire de plus.
Il était petit pour son âge et il ne sentait pas à l'étroit ici, mais il se demandait ce que devait ressentir un adulte en rentrant dans un tel bureau. Ici, ce n'étaient pas les sorciers, mais les gobelins qui faisaient la loi.
– Vous avez demandé à me voir ? s'enquit Bogrod après lui avoir laissé le temps d'observer les lieux.
– Oui. On m'a dit... j'aimerai savoir combien j'ai de coffres. Et voir... comment organiser mon argent pour mes futures années. Je ne sais pas trop... enfin, voilà, balbutia Harry en rougissant.
Harry se mit à maudire Sirius à ce moment précis, en se demandant s'il ne valait mieux pas pour lui qu'il sorte et parte Gringotts sur le champ, avant que le gobelin ne lui dise qu'il faisait erreur.
– Je m'étonnais de ne pas vous avoir vu plus tôt, Mr Potter, dit finalement le gobelin tout en se levant pour attraper l'un des dossiers de l'immense bibliothèque placée sur un pan de mur.
– Plus tôt ? répéta Harry en haussant un sourcil, surpris de voir que Sirius avait eu sans doute raison de l'envoyer ici.
– Plus tôt, oui. Afin de gérer votre argent, d'en savoir plus sur vos coffres, vos possessions. Votre héritage, en somme, répondit le gobelin en le regardant comme s'il était stupide.
– Je ne savais pas, avoua alors Harry en baissant la tête. Je pensais que je n'avais qu'un coffre et que... je ne savais pas que j'avais un conseiller...
– Personne ne vous a parlé de cela ? s'étonna Bogrod avec un regard plus compréhensif.
– Ma tante Pétunia est moldue, je ne pense pas qu'elle...
– Votre tante n'est pas votre tuteur magique, indiqua Bogrod en le regardant étrangement.
– C'est quoi ça un tuteur magique ?
– Quand un enfant sorcier perd ses parents, on lui attribue un tuteur magique qui s'occupera de ses coffres et des affaires de sa famille. Je suppose que vous ne connaissez pas votre tueur magique ?
– Euh, non. Je ne connais que ma tante, répondit Harry en haussant les épaules, rougissant.
– Je vois. Vous êtes un cas particulier, Mr Potter, dit finalement Bogrod.
– On me le dit souvent, soupira Harry légèrement désabusé.
– Vos parents avaient désigné un tuteur magique avant leur décès. Il se trouve que votre tuteur magique est également votre parrain.
– Sirius ? s'étonna Harry sans se rendre compte de ce qu'il disait. Il ne m'a pas parlé de ça !
Harry se figea en percutant qu'il venait d'avouer qu'il connaissait Sirius Black et qu'il lui avait parlé. Bogrod dévisagea Harry avec un intérêt manifeste et ce dernier se demanda s'il allait être dénoncé, avant que le gobelin n'étire son visage en un sourire amusé, révélant ses dents acérées et jaunies.
– En effet, Mr Black a été désigné comme votre tuteur magique. Il devait également avoir votre garde. Cependant, au regard des circonstances fâcheuses que vous connaissez sans doute mieux que moi, Mr Black n'a pas pu assurer ce rôle. Je suis toutefois étonné que Dumbledore ne vous ait pas informé de cette situation.
– Dumbledore ? Pourquoi ? s'étonna Harry.
– Le professeur Dumbledore a placé des protections autour de votre maison, dès que vous avez été placé chez votre oncle et votre tante. Aucun sorcier ne pouvait vous envoyer de courrier pendant votre minorité, mais également vous joindre. Lui seul pouvait vous contacter pendant toutes ces années et vous informer de la situation de vos coffres.
– Mais puisque Sirius était en prison, personne ne l'a remplacé comme tuteur magique ? demanda Harry. Je veux dire... Il a quand même été accusé d'avoir trahi mes parents, non ?
– C'est une très bonne remarque, dit Bogrod en hochant la tête. Lorsqu'un tuteur magique est condamné, il est déchu de ses droits, surtout dans votre cas. Toutefois, Mr Black n'a pas eu de procès. Il est toujours considéré comme innocent et, de ce fait, est le seul à pouvoir être votre tuteur magique.
– Donc c'est vrai, il n'a pas eu de procès ? souffla Harry qui avait l'impression de se prendre un coup de massue de troll sur la tête.
– Non, affirma Bogrod en montrant sa désapprobation par un ton sec.
Sirius avait donc dit vrai. Cette révélation confortait Harry dans le fait qu'il avait eu raison de croire son parrain. Il était innocent !
– Et personne n'a voulu prendre la place de Sirius ? demanda Harry après avoir repris ses esprits.
– Nous avons eu une demande d'Albus Dumbledore, informa Bogrod en fouillant dans le dossier. Nous avons refusé, puisque c'est la volonté des parents qui prime sur le reste. Et, tant que Mr Black n'était pas condamné, personne ne pouvait prendre sa place.
– Donc, il savait que Sirius n'avait pas eu de procès ?
– Oui, répondit Bogrod si rapidement que ça ne pouvait être que la vérité.
Cette révélation heurta Harry bien plus que tout le reste. Parce qu'il ne comprenait pas comment un homme tel que Dumbledore avait pu laisser Sirius à Azkaban sans chercher à lui donner un procès. Dumbledore avait de grands principes. Même s'il avait cru Sirius coupable, il avait le droit à un procès ! Harry sentait la rage monter en lui, ce terrible sentiment d'injuste qui lui donnait envie de vomir et de tout envoyer valser.
– Pourquoi il n'a rien fait ? demanda Harry d'une voix sourde.
– Mr Black était emprisonné depuis un an lorsqu'il a fait sa demande. Nous pensons qu'il n'a pas voulu ouvrir un procès pour protéger la population sorcière. Surtout que toutes les preuves désignaient Mr Black comme coupable.
– Mais c'est injuste, tout le monde a droit à un procès ! Et il est innocent ! s'écria Harry avec véhémence alors que Bogrod confirmait d'un simple signe de tête.
Harry trouvait ça terriblement injuste. Même un an après, tout le monde avait le droit à un procès. Il avait l'impression d'avoir été trahi par Dumbledore, mais il ne pouvait pas juger sans avoir une réelle explication sur ce qu'il s'était passé.
– Et si Sirius avait été condamné, le professeur Dumbledore aurait-il pu devenir mon tuteur magique ? demanda Harry.
– Non. Lorsque le tuteur magique décède ou est déchu de ses droits, ce sont les gobelins qui prennent en main les affaires de l'orphelin. Vos parents, avec lesquels j'ai beaucoup collaboré, m'ont personnellement désigné. Je me suis occupé de vos coffres depuis le jour de leurs décès.
Harry sourit en sentant, dans la voix de Bogrod, qu'il était particulièrement honoré d'avoir été désigné. Il songea alors que ses parents devaient être vraiment exceptionnels pour qu'un gobelin parle de "collaboration" et soit heureux de gérer les coffres de la famille Potter.
– Vos parents étaient des gens exceptionnels, dit alors Bogrod confirmant les pensées de Harry. Votre mère, tout particulièrement. Une très grande sorcière. Elle a décliné nos propositions d'embauche à de nombreuses reprises.
Harry ne put s'empêcher de se sentir fier. Il savait que ses parents avaient été brillants, mais savoir que sa mère était reconnue à ce point le touchait. Il avait l'impression d'en savoir plus sur eux.
– Vos coffres sont donc entre de bonnes mains. Vous souhaitiez récupérer quelques pièces aujourd'hui, il me semble.
– Je veux juste un peu d'argent pour m'acheter des vêtements et acheter mes fournitures.
– Vous avez assez d'argent pour cela, Mr Potter. Je peux vous informer que vous avez dans votre coffre personnel soixante-et-un mille quatre centre cinquante-trois galions, vingt mornilles et trois noises.
Harry fit la conversion dans sa tête et écarquilla ses yeux en comprenant qu'il s'agissait de l'équivalent trois cent mille livres. Jamais il n'aurait pensé posséder un jour autant d'argent, c'était complètement insensé !
– Est-ce que vous pouvez m'expliquer combien j'ai de coffres ? demanda Harry une fois sa surprise passée.
– Vous prenez actuellement de l'argent dans le coffre 697. Ce coffre est à votre entière disposition, vous pouvez donc l'utiliser comme vous le souhaitez. Vos frais de scolarité à Poudlard sont entièrement payés, mais Mr et Mrs Potter tenaient à ce que votre coffre contienne assez de pièces pour payer vos fournitures et vous aider en cas de nécessité.
– Parfait.
– À votre majorité, vous accèderez à l'intégralité de vos coffres, qui sont au nombre de trois. L'un d'eux appartenait à votre père, l'autre à votre mère et le troisième est le coffre familial des Potter, qui se transmet de génération en génération.
– Et donc, je n'ai rien à faire moi ?
– Absolument pas, confirma Bogrod. Toutefois, je vous informe que si vous souhaitez investir une somme d'argent avant votre majorité, il vous faudra l'autorisation de votre tuteur magique ou de ma personne. Je suis également à votre disposition si vous avez des questions sur vos investissements actuels ou encore sur le contenu de vos comptes.
– Et si Sirius est déclaré innocent, qu'est-ce qu'il va se passer ?
– Tout d'abord, Mr Black pourrait dès à présent venir à Gringotts pour prendre de l'or dans ses coffres, mais également gérer les vôtres, affirma Bogrod. S'il était déclaré innocent, cela ne changerait rien pour nous puisqu'il est toujours investi de ses droits.
– Et un tuteur magique peut faire tout ce qu'il veut ? demanda Harry très intrigué par le mécanisme.
– Tous les pouvoirs du tuteur magique sont encadrés par les gobelins. Un tuteur peut faire des investissements, mais il ne peut pas vendre de biens, sauf autorisation expresse du gobelin en charge. Il ne peut pas non plus prendre de l'argent dans les coffres du mineur, à l'exception d'une prime de gestion qui est fixée en fonction de différents critères. Je peux déjà vous informer que Mr Black a renoncé à cette prime par une lettre, qu'il nous a transmise, après votre naissance. Il nous a dit vouloir s'occuper de vous, s'il arrivait quelque chose aux Potter, sans aucune contrepartie.
Le ventre de Harry se contracta de bonheur quand il attrapa la lettre que lui tendait le gobelin. Savoir que Sirius avait écrit ça le rassurait d'autant plus. Il avait déjà, à l'époque, accepté de s'occuper de lui. Il y avait donc une infime chance pour que Sirius soit sincère et veuille vraiment le garder près de lui. Tout cela lui donnait tant d'émotions qu'il crut qu'il allait s'évanouir.
– Et est-ce que j'ai des biens ? demanda Harry.
– Tout à fait. Vous avez à votre dispositions les biens des Potter. Je vais vous transmettre une liste des biens contenus dans les coffres, que vous pourrez revendiquer auprès de moi, si vous le souhaitez. En plus de ces biens matériels, vous avez également plusieurs maisons. Vous pouvez y accéder dès à présent, puisque vos parents ont tenu à ce que vous puissiez en disposer. Je crains néanmoins que des travaux doivent être réalisés dans ces différentes maisons.
Harry ne savait même pas quoi faire de ces informations. Il avait des maisons ! Quand il pensait à ces treize années avec les Dursley alors qu'il aurait pu s'installer dans l'une de ses maisons, il trouvait ça tellement incroyable.
– Mais comment est-ce que vous savez tout ça ? demanda Harry qui ne savait pas encore comment gérer cet amas d'informations. Mes parents vous l'ont dit ou...
– Vos parents ont rédigé un testament dans lequel ils indiquaient leurs volontés, dans le cas où il leur arriverait malheur, expliqua Bogrod.
– Et ce testament, je peux le lire ?
– Il a été scellé au décès de vos parents par Dumbledore, Président du Magenmagot.
– Pourquoi ? s'écria Harry mortifié de ne pas pouvoir accéder à un document rédigé par ses parents.
– Dumbledore a estimé qu'il fallait vous placer dans un lieu sûr, dans le monde moldu. Il a convaincu le Magenmagot et a fait sceller le testament. Il savait sans doute que Mr Black serait désigné comme votre gardien et il voulait éviter toute bataille juridique. Son principal but était de vous mettre en sécurité.
– Mais s'il est scellé, comme est-ce que vous savez ce qu'il contient ? fit Harry.
Le gobelin eut un sourire malfaisant qui déclencha une myriade de frissons dans le dos de Harry.
– Les gobelins n'obéissent pas à la loi des sorciers, Mr Potter. Votre père m'avait remis une copie du testament pour que les comptes soient gérés selon leurs volontés. Ils souhaitaient également que Mr Black soit votre tuteur légal. Ils ont fait des dons à leurs amis, mais cette partie du testament n'a pas pu être exécutée en raison du scellement. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus sur son contenu, indiqua Bogrod.
Mais Harry n'était pas sûr de vouloir savoir ce que contenait le testament pour le moment. Il se sentait légèrement nauséeux, ne comprenant pas pourquoi le testament n'avait pas été ouvert. Il savait que Dumbledore avait eu de bonnes raisons pour l'éloigner du monde magique ; le mettre en sécurité, garder les protections de sa mère actives, l'éloigner de l'agitation du monde magique à son égard...
Mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser que, peut-être, si ce testament avait été ouvert, Sirius aurait eu un procès. Peut-être qu'il aurait été entendu, peut-être qu'il aurait été innocenté et que Harry aurait pu être élevé par lui, par quelqu'un qui voulait vraiment de lui. Peut-être qu'il n'aurait pas passé douze ans chez les Dursley.
– Et tout le monde a accepté les explications de Dumbledore ? demanda Harry qui peinait à y croire.
– Dumbledore est très persuasif et a beaucoup de pouvoirs, admit Bogrod. Et vous étiez, en effet, bien mieux protégé dans le monde moldu. Il a également joué sur le fait que, si le testament était ouvert, Mr Black pourrait s'occuper de vos comptes depuis Azkaban, jusqu'à son procès. Personne ne voulait risquer qu'il s'approche de vous ou de vos comptes. Après tout, les Potter sont l'une des plus grandes fortunes sorcières.
– Et moi, est-ce que je peux faire ouvrir le testament ?
– Un testament ne s'ouvre pas comme ça. Il faut effectuer une demande auprès du Ministère de la Magie. Si je peux vous donner un conseil, vous devriez d'abord faire innocenter Mr Black. Ce dernier pourra ensuite en demander l'ouverture.
– Et si Sirius est déclaré innocent, est-ce qu'il pourrait récupérer ma garde ?
Harry pensa un instant qu'il s'avançait trop rapidement. Sirius venait juste de retrouver sa liberté et, après douze ans enfermé, il était peu probable qu'il veuille se retrouver à élever un gamin de treize ans. Mais il voulait être certain d'avoir toutes les informations avant de partir de Gringotts.
– Il pourra demander votre garde, oui. Mais le processus sera long et complexe. Après tout, vous êtes le garçon-qui-a-survécu, Mr Potter.
Harry leva les yeux au ciel sans pouvoir s'en empêcher, tant il détestait ce surnom stupide qu'on lui avait donné. Il n'était en vie que grâce au sacrifice de sa mère. C'était elle qui devrait être célébrée, pas lui. Mais Harry se détendit en voyant que Bogrod avait dit cela sur le ton de la plaisanterie.
– Est-ce qu'il y a autre chose que je devrais savoir ?
– Vous êtes libre de m'envoyer un hibou si vous avez une question, Mr Potter.
– Passons à votre coffre, si vous le voulez bien. Et dites à Mr Black que nous sommes à sa disposition.
– Je ne suis pas en contact avec lui, protesta vainement Harry.
– Bien sûr que non, ironisa Bogrod en lui faisant un sourire complice.
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Après être sorti de Gringotts, Harry pris son temps sur le Chemin de Traverse. Il avait pensé à emporter sa liste de fournitures pour Poudlard. Il commença, d'abord, par se faire un nouveau stock d'ingrédients de Potions, avant d'acheter les livres pour ses nouvelles options et un nouveau télescope pour les cours d'Astronomie. Il passait aussi prendre les graines préférées de Hedwige, qui en raffolait.
Une fois ses courses scolaires réalisées, il chercha une boutique de vêtements moldus, ses robes sorcières étant encore à sa taille. Il regretta vite sa promesse de ne pas sortir dans le monde moldu en voyant les habits qui étaient proposés sur le Chemin de Traverse. Ils semblaient avoir été faits uniquement pour les personnes voulant se rendre sur le quai 9 3/4, sans attirer l'attention des moldus, avant de les enlever rapidement une fois dans le train. Il trouva un jean à sa taille et acheta plusieurs tee-shirt unis qui ne semblaient pas trop jurer avec la mode moldue. Comme Sirius était plus grand que lui, il prit les tailles au-dessus en espérant que cela lui conviendrait.
Au moment de rentrer, il passa devant la boutique "l'œil parfait" qui promettait des lunettes en trente minutes. La sorcière qui s'occupa de lui était adorable et fut horrifiée en voyant l'état de ses lunettes. Elles avaient été cassées lors d'une bataille avec Dudley et Hermione n'était pas là pour les lui réparer.
Il acheta deux paires, qui avaient l'avantage d'être plus résistantes et d'être, enfin, à sa vue. Les lunettes sorcières différaient des lunettes moldues, en ce qu'elles étaient imperméabilisées et incassables. Cette indestructibilité lui apparaissait être un rêve, vu le nombre de fois où il cassait ses lunettes, les rafistolant avec du scotch. Il garda ses vieilles lunettes rondes en souvenir.
Il passa devant une petite boutique qui vendait des friandises et il s'y précipita pour ramener quelque chose de sucré à Sirius, qui serait heureux d'avoir du sucre à se mettre sous la dent après son périple.
Il prit une inspiration en remontant dans sa chambre. Il ne savait pas si Sirius était toujours là, mais il pressentait que son été s'annonçait beaucoup plus compliqué qu'il ne l'avait espéré.
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Harry s'arrêta avec stupéfaction quand il pénétra dans la chambre et qu'il retrouva Sirius, assis dans l'un des fauteuils, lisant son exemplaire du Monstrueux Livre des Monstres que Hagrid lui avait envoyé pour son anniversaire et qui relevait, selon lui, de l'inconscience.
– Comment vous avez fait ça ? s'écria Harry en lâchant ses fournitures sur le sol.
– Fait quoi ? demanda Sirius, perplexe.
– Pour ouvrir le livre, insista Harry. Il a essayé de me morde ! J'ai dû l'attacher avec une vieille ceinture.
– Oh, ça, dit Sirius en souriant. Ce livre est hilarant. Il fallait simplement le caresser pour l'ouvrir. Je ne sais pas qui a eu l'idée, mais c'est grandiose !
Sirius se leva souplement et attrapa les quelques sacs que Harry avait encore dans les mains, commençant à les déballer et à ranger les affaires dans la chambre et dans sa malle, tout en déposant les bonbons sur la table du petit salon. Cela figea complètement Harry, stupéfait de voir Sirius se donner la peine de ranger les affaires, comme un parent aurait pu le faire pour son enfant.
Harry secoua la tête pour arrêter de dévisager Sirius qui suspendait les vêtements dans son armoire.
– Vous aviez pris le cours de Soins aux créatures magiques à Poudlard ? demanda Harry.
– Oui, c'était ma matière préférée après la Défense contre les Forces du Mal. J'ai toujours été doué avec les animaux et pouvoir en devenir un, en tant qu'Animagus, était la plus belle expérience de ma vie. Tu as choisi cette matière ?
– Je commence le cours cette année, oui. Avec la Divination.
– Bon shopping ? demanda Sirius en l'observant. Jolies lunettes.
– Merci, rougit Harry avant de lui tendre le dernier paquet qu'il avait gardé dans la main. Ce sont des vêtements.
Sirius sourit largement et fit un mouvement dans sa direction, comme s'il voulait le prendre dans ses bras, avant de se retenir au dernier moment, rougissant de gêne. Sirius se racla la gorge et se dépêcha d'aller enfiler ses nouveaux vêtements.
Quand il sortit de la salle de bain, il ressemblait à un autre homme. Le jean était un peu court, mais il l'avait retroussé aux chevilles et il lui allait bien. La couleur bleue du tee-shirt faisait ressortir ses yeux gris. Il était encore très maigre et ses traits étaient marqués, mais il semblait plus serein, comme s'il s'autorisait enfin à se détendre.
– Je vais faire du thé, dit Sirius en attrapant deux tasses et en faisant chauffer l'eau d'un coup de baguette.
– J'ai vu Bogrod, le gobelin qui s'occupe de mes comptes, informa Harry en attrapant la tasse fumante alors que Sirius se précipitait vers les gâteaux en fermant les yeux de plaisir.
– Du sucre, c'est incroyable, murmura-t-il en lançant un fondant du chaudron en l'air avant de le rattraper avec dextérité. Sinon, qu'est-ce que ce vieux Bogrod t'a dit ?
Sirius écouta attentivement Harry lui raconter l'entrevue avec le gobelin, qu'il connaissait bien puisqu'il s'occupait de ses propres comptes. Il fut soulagé de savoir que le peuple gobelin le considérait innocent et qu'il était toujours le tuteur magique de Harry. Cela l'aiderait peut-être, s'il voulait demander la garde de Harry un jour.
Mais l'annonce que Dumbledore ne lui avait pas donné de procès aurait pu le rendre fou de rage, s'il ne s'était pas contenu pour ne pas faire peur à Harry.
Ainsi, il avait la révélation qu'il attendait. Il l'avait toujours su, au fond de lui. Dumbledore ne lui avait pas donné de procès. Certes, il l'avait pensé coupable, mais il aurait dû lui organiser un procès, que ce soit un ou dix ans après. Avec tout ce que Sirius avait fait pour l'Ordre du Phénix, pour Dumbledore, il trouvait ça injuste que ce dernier ne se soit pas assuré que ses droits soient respectés. Il serra les poings, mais prit le temps de respirer pour ne pas frapper le mur de rage.
– Il faut qu'on vous déclare innocent, affirma Harry d'une voix déterminée qui sortit Sirius de son état de rage pour laisser place à de la délectation. On va attraper le rat dès que possible. Nous pourrions même aller chez les Weasley maintenant, non ?
– Je pense qu'il faut attendre. Ne pas se précipiter.
Harry haussa un sourcil, très étonné. Sirius ne pouvait pas lui en vouloir. Il le connaissait depuis une journée tout au plus, mais Harry avait déjà compris à quel point il pouvait être impulsif et que le terme "patience" ne faisait pas partie de son vocabulaire.
Mais Sirius avait passé douze ans à Azkaban, il avait eu le temps de réfléchir à tout ça et de se rendre compte que se précipiter tête baissée n'était jamais la bonne solution. Ils risquaient de voir Peter s'échapper et personne ne voulait ça. Il fallait que le rat soit coincé.
– Je pense que le meilleur moyen c'est d'attendre que tu sois à Poudlard. Pour que Dumbledore et McGonagall soient présents. Ils vont reconnaître Peter et s'assurer qu'il ne prenne pas la poudre de cheminette.
Sirius n'était pas un grand adorateur de Dumbledore - surtout en apprenant qu'il ne lui avait pas donné de procès. Mais il savait que c'était un grand sorcier et que, s'il découvrait Peter Pettigrow dans son château, il voudrait avoir des réponses et qu'il ferait tout pour le garder sous bonne protection en attendant l'arrivée des Aurors. C'était leur unique solution pour s'assurer que Harry n'affronte pas Peter tout seul, mais aussi pour que le rat ne puisse pas s'échapper.
– Je pars à Poudlard dans un mois, dit Harry. Vous ne pouvez pas rester ici.
Sirius soupira légèrement, parce qu'il savait que Harry avait raison. C'était beaucoup trop dangereux. Il était persuadé que, dans quelques jours, des Détraqueurs viendraient inspecter le Chaudron Baveur. Il devait absolument être parti à ce moment, car ils ne le louperaient pas cette fois.
Il savait ce qu'il devait faire, même s'il n'en avait aucune envie. Il y avait longuement réfléchi aujourd'hui, s'était refusé à y penser, mais il savait que c'était la seule solution. Car tout ce qui comptait à présent, c'était qu'il soit en sécurité. Même si cela signifiait retourner dans la maison de son enfance qui lui flanquait encore la frousse.
– J'ai une maison, admit Sirius à demi-mots. La maison de mes parents. Elle est au cœur de Londres, mais elle est parfaitement protégée. Avec un Fidelitas en plus, personne ne pourra me trouver.
– C'est parfait, alors ! s'exclama Harry et son enthousiasme fit sourire Sirius. Il faut qu'on planifie tout de suite notre plan pour que vous soyez en sécurité le plus rapidement possible.
Sirius ne savait pas comment réagir face à cela, parce que les paroles de Harry signifiaient qu'il avait envie de rester avec lui et de l'aider. C'était à la fois grisant, car tout ce que souhaitait Sirius c'était créer une relation avec son filleul, mais aussi effrayant car Harry le connaissait à peine et lui faisait confiance trop rapidement.
– Je ne sais pas comment on va faire pour sortir d'ici par contre, murmura Harry.
– Parce que tu comptes m'accompagner ? s'étonna Sirius, complètement stupéfait.
– Si vous voulez de moi, bien sûr.
– Bien sûr que oui, dit Sirius en souriant comme un enfant. J'en serai ravi.
Il sentait son cœur faire des sauts périlleux. Parce qu'il s'en voulait toujours autant d'avoir abandonné Harry il y a douze ans, mais qu'à présent, il ne voulait plus l'abandonner. Et le fait que Harry soit d'accord avec ça, le mettait en joie. Ça ne faisait qu'un jour qu'ils se connaissaient et, pourtant, Sirius ressentait le profond attachement qu'ils avaient l'un envers l'autre. Il savait que Harry voulait discuter de son plan pour le faire sortir d'ici, mais Sirius ne pouvait pas réfléchir clairement tant qu'il n'avait pas exposé ses intentions à Harry.
Parce qu'il ne voulait plus jamais l'abandonner et il voulait que Harry le sache. Il voulait que son filleul sache qu'il était prêt à tout pour construire quelque chose avec lui et ne plus jamais le laisser tout seul. Il voulait faire ce qu'il n'avait pas fait il y a douze ans : avoir la garde de Harry et s'en occuper comme l'auraient voulu Lily et James.
Harry voudrait sans doute rester chez son oncle et sa tante, mais il devait savoir. Il devait lui dire, lui expliquer tout ce qu'il ressentait. Alors, il interrompit les pensées de Harry en se raclant la gorge, ne sachant pas réellement comment présenter la situation. Il ne voulait surtout pas faire fuir le garçon.
– Tu sais, tes parents voulaient que je m'occupe de toi s'il leur arrivait quelque chose.
Les yeux de Harry se mirent à briller et Sirius décida de continuer, incapable d'analyser ça.
– Alors, tu sais... Si jamais... Quand je serai déclaré innocent... Je peux comprendre que tu refuses, évidemment. Tu dois être attaché à ton oncle et ta tante. Mais, si tu veux... Uniquement si tu le veux... Tu pourrais venir habiter avec moi...
– Tu veux que j'habites avec toi !? s'écria Harry en sautant sur ses pieds, sans même se rendre compte qu'il était passé au tutoiement.
– Eh bien, oui, dit Sirius en déglutissant difficilement.
– Mais tu ne veux pas profiter de la vie ? demanda Harry d'un ton anxieux. Je ne veux pas être un poids ou...
– Non. Pas du tout. Harry, tout ce que je veux c'est faire mon boulot de parrain que j'aurai dû faire il y a douze ans, dit Sirius en baissant la tête. Je veux te protéger. Tu es mon filleul et je veux être un vrai parrain pour toi. Mais tu peux prendre le temps d'y réfléchir ou de...
– D'y réfléchir ? répéta Harry avant de se mettre à sauter sur place, à la grande surprise de Sirius. Mais tu rigoles ? Quand est-ce que je peux m'installer ?
– Tu... tu serais d'accord ? demanda Sirius, les yeux écarquillés, ne croyant pas à ce que Harry venait de lui répondre.
– J'en rêve ! C'est la plus belle chose que quelqu'un m'ait di...
La voix de Harry se brisa légèrement et Sirius ne put s'empêcher de s'approcher de lui pour poser une main sur son épaule. Harry avait dit oui ! Son cœur battait à toute vitesse et il se sentait heureux. Il ne savait pas pourquoi Harry avait accepté, mais c'était un grand pas en avant. Harry lui faisait confiance et c'était tout ce qui comptait.
Harry, lui, n'avait jamais été aussi heureux que ce jour-là. Il était prêt à tout pour partir de chez les Dursley, même si cela signifiait faire confiance à Sirius. Il était gentil, ils semblaient bien s'entendre pour le moment.
Et Sirius voulait le protéger ! Jamais Harry n'avait connu quelqu'un qui veuille de lui. Tout ça lui paraissait incompréhensible. Il était prêt à entendre Sirius lui dire que c'était une blague, mais il voulait profiter de ce bonheur qu'il ressentait avant qu'il ne soit trop tard. Alors, il oublia ses angoisses et sourit largement à Sirius.
– Bon, où est cette maison ? demanda Harry en attrapant le plan de Londres laissé dans l'une des tables de nuit de la chambre. On va commencer la mission "exfiltration" avant que quelqu'un ne te trouve ici.
Ils passèrent leur nuit à préparer leur plan, le tutoiement s'imposant facilement entre eux. Ils discutèrent de choses et d'autres jusqu'à une heure avancée de la nuit, s'endormant à même le sol. Ils avaient tous les deux l'espoir immense qu'ils pourraient apprendre à se connaître pendant des jours, des mois, des années.
Cela faisait longtemps que Sirius et Harry n'avaient pas ressenti la flamme de l'espoir brûler en eux.
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Dernière correction : 08/05/2021
