PARTIE UNE – Sirius Black s'échappe d'Azkaban et décide d'aider Harry. Ils apprennent à se connaître et Sirius découvre que la vie de son filleul n'a pas été de tout repos. Il comprend que Voldemort va revenir et se promet de tout faire pour protéger Harry de la menace. Mais pour cela, il doit être innocenté.
Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci !)
N/A : MERCI A TOUS pour tous vos commentaires, les vues, les favoris et les follow, c'est vraiment très touchant ! Je ne pensais pas que cette histoire plairait autant. N'hésitez pas à partager vos théories et merci à tous de continuer à me lire ! Oui les chapitres sont plutôt longs et ils vont rester de cette longueur car je déteste les petits chapitres personnellement. Bonne lecture à tous !
Partie 1. Chapitre 2.
"12 Square Grimmaurd"
– Tom me surveille, soupira Harry en entrant dans la chambre les bras remplis de brioches qu'il avait réussi à récupérer.
Cela n'avait pas été difficile ; Tom tenait absolument à ce que Harry mange.
– Évidemment qu'il te surveille, ricana Sirius en avalant un pain au raisin. Tu es menacé de mort. Et tu es le Garçon-qui-a-survécu-alors-qu'il-n'était-qu'un-bébé.
– Ne m'appelle pas comme ça, grogna Harry en lui jetant un regard noir.
Sirius sourit malicieusement. Ses yeux pétillaient et il paraissait beaucoup plus jeune. Il avait remarqué, pendant les deux jours qu'il avait passé avec Harry, que ce dernier détestait qu'on le surnomme comme ça. Ou même qu'on lui parle de la façon dont il avait vaincu Voldemort. Sirius trouvait ça très amusant.
Deux jours, mais le temps pressait. La veille, Harry avait commencé à faire des repérages pour savoir comment Sirius pourrait sortir. Pour le moment ce n'était pas fructueux puisque Tom observait chacun de ses mouvements, veillait à ce qu'il mange correctement et le regardait partir sur le Chemin de Traverse. Mais Harry craignait que les Détraqueurs ne viennent fouiller le Chaudron Baveur et y découvrent Sirius. Il fallait absolument qu'il parte.
– Ce n'est pas grave, je peux aussi te suivre à Poud... reprit Sirius avant de voir le sourire amusé de Harry.
– Non, on va dans ta maison. Mais on va simplement ruser un peu.
Les yeux gris de Sirius se mirent à briller. À ce moment, Harry ressemblait tellement à James que son cœur arrêta de battre.
– Il est temps que je sorte la vieille cape de mon père, s'amusa Harry en se précipitant vers sa malle.
Sirius prit la cape entre ses doigts. Sentir l'étoffe soyeuse, douce, qui coulait dans ses mains lui donna les larmes aux yeux. Combien de fois avait-il vu James se cacher là-dessous ? Combien de fois lui-même s'était-il caché là-dessous ? Combien de méfaits avaient-ils fait ?
Harry sembla comprendre l'émotion qui le traversait et posa une main sur son avant-bras.
– Tout va bien se passer.
– C'est juste... il me manque, avoua Sirius. C'est si injuste que j'ai passé tant de temps avec lui et toi non.
– On va te faire innocenter. Je vais m'en charger.
– C'est bien le problème, grommela Sirius, ça ne devrait pas être à toi de faire ça.
– Si on attrape le rat, tu es libre ? Il faut juste être malin et attendre le bon moment pour la révélation.
– Tu as sans doute raison, soupira Sirius.
– C'était ton idée, rappela Harry.
– D'habitude je fonce tête baissée, ça me fait juste bizarre de construire un plan aussi élaboré.
– Bon, voilà ce que je propose...
.
Harry descendit pour le petit-déjeuner avec un sourire non feint. Même s'il le surveillait, il adorait parler avec Tom. Il avait toujours plein d'anecdotes intéressantes à raconter et le Chaudron Baveur était toujours rempli de personnes qui paraissaient loufoques et extraordinaires à la fois. Pour le moment il n'avait croisé aucun de ses camarades et ça lui allait très bien. Ce n'était pas le moment de commencer une conversation. Ils avaient un plan.
– Bonjour Tom, dit-il alors que ce dernier lui servait une assiette complète avec uniquement les choses qu'il préférait.
Jamais il n'avait mangé à sa faim pendant un été, à l'exception de l'année dernière quand il avait été chez les Weasley. Les Dursley se faisaient un plaisir de l'affamer ou de lui donner uniquement du pain pour la journée. Il savait qu'il était maigre. Et pouvoir manger à sa faim était quelque chose qui le mettait de bonne humeur. Parce qu'il n'avait plus à se faufiler dans la cuisine pour piquer quelque chose, il n'avait plus à sentir son ventre gargouiller, il n'avait plus la tête qui tournait et réfléchissait beaucoup mieux.
– Harry, répondit Tom joyeusement, as-tu entendu parler des résultats de la Coupe de la Ligue ?
Harry discuta avec plaisir des dernières informations sur le Quidditch avec Tom. Sirius était à côté de lui, sous sa forme canine. Harry se sentait beaucoup plus apaisé quand il était là. Sans doute parce qu'il avait peur que Sirius parte sans lui ou que des Détraqueurs finissent par le trouver en plein Chaudron Baveur. Il voulait juste que Sirius soit en sécurité.
Il n'arrivait pas encore à comprendre pourquoi et comment il avait pu se sentir si proche de quelqu'un en seulement deux jours. En fait, il n'avait pas essayé de comprendre. Il voulait juste que Sirius soit en sécurité. Il espérait juste que Sirius avait raison, que Peter était bien le rat, qu'il allait pouvoir être innocenté, que Harry allait pourvoir avoir une famille...
Ils parlèrent pendant quelques minutes, avant que Harry ne lui dise qu'il allait faire un tour sur le Chemin de Traverse.
– Bonne balade ! dit gaiement Tom. À ce soir, je suppose ?
– Oui. Je vais sans doute travailler au soleil pour l'histoire des sorcières au Moyen-Age. Et sortir le chien.
Sirius aboya joyeusement en tournant autour de Tom qui le caressa.
– Je te conseille de parler au glacier, Florian, il adore l'Histoire de la Magie.
– Merci pour le conseil.
Harry sourit et tapota les briques pour arriver sur le chemin de Traverse.
Il y avait peu de monde ce matin-là et ce fut difficile pour lui de trouver un recoin où il put se faufiler sous la cape d'invisibilité. Sirius se transforma sous la cape et Harry vit qu'il était un peu blanc. Ils savaient tous les deux que leur plan pouvait basculer entre ce moment et l'arrivée dans la maison de Sirius. Si la cape tombait, si quelqu'un les repérait... Sirius était mort.
Sirius était beaucoup plus grand que Harry et il dut se baisser pour que leurs pieds ne dépassent pas. Puis, Sirius appliqua plusieurs sortilèges pour qu'ils soient réellement invisibles : absence de bruit, absence d'odeurs et surtout absence de frottements de capes. Sirius avait du mal à faire fonctionner la baguette de Harry qui semblait vouloir revenir à son maître, mais pour le moment, ça leur allait. Sirius savait qu'il lui faudrait une baguette, et vite.
– Tu dois vraiment m'apprendre ça, dit Harry.
– Bien sûr que je vais le faire, rit Sirius. C'est mon devoir de Maraudeur.
Harry se dit que ce n'était pas le moment de lui demander ce qu'était un "maraudeur".
– Comment tu le sens ?
– Ça va bien se passer, assura Sirius en fronçant ses sourcils malgré tout.
Tellement de choses pouvaient mal se passer.
– Je peux me transformer en chien, si tu penses que c'est mieux ?
– On va d'abord passer par le Chaudron baveur, il faut qu'on arrive à sortir. Ensuite tu te transformes en chien, ça paraîtrait bizarre si tu étais sans moi.
– Sans doute.
Harry et Sirius se postèrent devant l'entrée du Chaudron Baveur et attendirent pendant quelques minutes qu'une personne ouvre le passage. Une fois cela fait, il leur fut difficile de manœuvrer dans le Chaudron même. C'était le matin et beaucoup de sorciers étaient levés. Ils faillirent heurter une famille, un homme que Harry soupçonnait d'être un vampire et Tom qui apportait un petit-déjeuner. Le sang de Harry pulsait à ses oreilles et il sentait que Sirius était très tendu. Le fait de marcher les genoux baissés n'était pas non plus très agréable.
Ils mirent plusieurs minutes à atteindre le bout du bar et attendirent quinze de plus pour, qu'enfin, une personne ouvre la porte qui menait au Londres moldu.
Harry et Sirius continuèrent de marcher d'un pas mesuré dans le Londres moldu, mais leurs sourires étaient beaucoup plus larges, leurs pas beaucoup plus légers. Sirius bifurqua dans une petite ruelle sombre.
– Bien. Tu te souviens du plan, dit Sirius alors que Harry mettait sa baguette dans sa poche et sortait de son sac à dos une casquette (au cas-où quelqu'un reconnaîtrait ta tignasse, avait-dit Sirius).
– Oui, tu te transformes en chien et tu me conduis à la maison de tes parents, répéta Harry.
Ils avaient parlé de leur plan pendant tellement de temps qu'ils le connaissaient par cœur.
– Super. On en a pour trente minutes de marche, je pense.
– Tu es assez en forme ?
Sirius le regarda d'un air choqué, avant de se transformer en un gros chien noir. Harry sourit largement en voyant Patmol sautiller autour de lui et le léchant alors qu'il le caressait.
La balade fut agréable et le temps passa très vite. Sirius avait un vrai comportement de chien et semblait si heureux que Harry ne pouvait pas lui dire de revenir. Il courrait après les pigeons, sautillait, aboyait de joie et jouait même avec les autres chiens qu'ils croisèrent dans un parc. Sirius était vraiment libre à ce moment, en sécurité, et Harry ne pouvait pas lui enlever ça. Et puis, la possibilité qu'ils croisent un sorcier était faible.
L'air était doux et Harry se surprit à aimer cet exercice physique. Chez les Dursley, il sortait rarement et ne pouvait rien faire. Il avait ici une sensation de liberté et de bonheur qu'il n'avait jamais ressenti. Il se sentait libre. Il se demanda si Sirius ressentait la même chose. Pour la première fois, Harry eut l'impression d'être avec quelqu'un qui tenait réellement à lui. Cela lui fit tellement au chaud au cœur qu'il sentit ses yeux picoter.
Ils jouèrent un instant dans le parc, s'amusant à courir, rigolant, écoutant les oiseaux chanter, avant de sortir du parc. Ils arrivèrent dans une rue avec des maisons moldues typiques de Londres. Ils se cachèrent derrière un arbre et Sirius se transforma avant qu'ils ne se cachent sous la cape d'invisibilité.
– C'est ici, souffla Sirius avant de s'arrêter entre les maisons 11 et 13. Bienvenue au 12 Square Grimmaurd !
La maison était vieille et mal entretenue. Les murs de la maison étaient décrépis, la porte délabrée, les fenêtres crasseuses et les marches du perron usées.
Harry avait envie de poser de nombreuses questions, mais se retint. Sirius avait le visage plutôt froid et Harry lui donna sa baguette sans hésiter. Sirius lui sourit d'un air crispé alors qu'ils entraient sur le territoire de la maison.
La porte d'entrée noire était éraflée par endroits. La poignée d'argent était en forme de serpent et il sembla que le serpent était vivant, se mouvant sur place et lançant un clin d'œil à Harry qui lui sourit sans pouvoir s'en empêcher. Depuis qu'il savait qu'il pouvait parler aux serpents, malgré le fait que ce soit une faculté typique des mages noirs, il était fasciné par ces bêtes.
Sirius souffla pour se donner du courage et pénétra dans la maison. Son cœur tambourinait et il avait la sensation qu'il allait être foudroyé sur place pour avoir osé revenir chez lui.
Le hall était éclairé par des lampes à gaz à l'ancienne qui donnait un air peu chaleureux à l'entrée. Un lustre en forme de serpent diffusait une lumière inquiétante et était couvert de toiles d'araignées.
– Charmant, ricana Harry sans pouvoir s'en empêcher. Tu as réellement vécu ici ? s'exclama-t-il en voyant, avec horreur, les têtes d'elfes de maison accrochées aux murs décrépis et le papier peint à moitié décollé.
– Oui et encore tu n'as pas tout...
La fin de sa phrase fut étouffée par un terrible hurlement à glacer le sang. Les rideaux mangés aux mites s'écartèrent brusquement, dévoilant un tableau qui représentait une vieille dame coiffée d'un chapeau noir qui hurlait de toutes ses forces, comme si on l'avait torturée. C'était un portrait grandeur nature qui donna des frissons à Harry.
La vieille femme bavait, ses yeux roulaient dans leurs orbites, sa peau parcheminée se tendait sur son visage tandis qu'elle vociférait. Dans le hall, tous les autres portraits se réveillèrent soudain en se mettant à crier à leur tour dans un tel vacarme que Harry dut se plaquer les mains sur les oreilles.
– Ouuuuu ! hurla la femme les yeux exorbités en voyant Sirius approcher. Traître, abomination, honte de ma chair et de mon sang !
– TAIS-TOI ! hurla Sirius à son tour les yeux flamboyants.
– Saleté ! Comment oses-tu souiller la demeure de tes aïeux ! Pourriture !
– Je ne suis pas là pour souiller la demeure, dit sèchement Sirius.
– Ô le traite à son sang est ici, murmura un elfe de maison qui apparut dans le hall l'air mauvais.
Harry ne connaissait qu'un elfe de maison, Dobby, mais celui-ci semblait vraiment très vieux et presque poussiéreux. Il avait un air mal aimable et la façon dont il le dévisagea le fit frissonner.
– Bâtard ! Mutant ! Monstre ! hurla le portrait.
– Mère ! dit sèchement Sirius. Je ne suis pas ici pour me battre.
Le portrait arrêta de hurler et elle regarda Sirius d'un air dubitatif, l'air de ne pas y croire.
– Tu t'es enfuis, dit-elle simplement d'un air noir.
– Oui. Parce que je ne partageais pas tes vues sur les moldus, soupira Sirius qui semblait avoir eu cette conversation des centaines de fois.
– Tu es sorti d'Azkaban ?
– Je me suis évadé, rétorqua Sirius avec un sourire amusé.
Le portrait rigola d'un rire sans joie. Mais Harry vit que la posture du tableau était différente. Elle semblait presque impressionnée.
– Tu as tué ces gens ?
– Bien sûr que non ! répliqua Sirius. J'étais innocent. Je n'ai pas trahi Lily et James.
Le tableau sembla peiné, mais cela dura un fragment de seconde et Harry eut l'impression de l'avoir imaginé.
– Que fais-tu là ?
– Je viens redorer le blason des Black !
Les mots de Sirius arrêtèrent la litanie d'insultes de l'elfe et eurent le mérite de faire écarquiller les yeux de la vieille femme.
– Tu t'es enfuis. Pourquoi voudrais-tu redevenir un Black ?
– Je suis parti car je ne voulais pas baiser les pieds d'un homme qui se prétend être un Lord, alors qu'il n'est rien, répliqua Sirius. Il s'en fichait des Sang-Purs. Il voulait juste prendre le pouvoir et décimer le plus de personnes qu'il pouvait. Toutes les familles se sont battues les unes contre les autres au lieu de s'entraider. Je savais que nous n'aurions jamais le même point de vue sur les moldus. Mais le Lord, sérieusement ? Comment avez-vous pu soutenir un homme tel que lui ?
– Tu marques un point, concéda le tableau, Regulus m'a dit la même chose avant de mourir.
– Reg... ? murmura Sirius. Il a dit ça ?
– Oui. Il m'a longuement parlé du Seigneur des Ténèbres. Il m'a expliqué que, contrairement à ce que nous avions pensé, il ne voulait que du pouvoir et voulait vaincre la mort. Il se fichait des familles de Sang Pur.
– Je l'ai toujours dit, s'agaça Sirius.
– Regulus avait une manière plus délicate d'exprimer ses pensées.
Sirius ricana. Son frère avait toujours su mettre les formes. Un parfait petit sang-pur. Sirius savait qu'il avait détesté les moldus et nés-moldus autant que sa mère. Pourtant, il avait aussi ses propres idées et pouvait les exposer sans se faire assassiner par leur mère. Sirius avait toujours admiré sa façon très Serpentard de présenter les choses. Mais depuis quand Regulus ne suivait plus aveuglément Voldemort ?
– Pourquoi es-tu là ? Tu ne devrais pas courir vers ton adorateur de moldus ?
– Non, ricana Sirius, Dumbledore n'a rien fait pour moi. Il n'a rien fait pour me sortir de là.
– Tu as ouvert les yeux, dit le tableau d'un ton appréciateur.
– Oui. Mais je reste sur mes positions s'agissant des moldus.
– Je n'ai jamais pu te faire changer d'avis sur les moldus, je ne vais pas commencer à présent. Mais tu étais sincère ?
– Oui. Je vais reprendre ma place de Black, affirma-t-il d'une voix pleine d'assurance. Je veux que les gens nous respectent et ne pensent plus à nous comme des Mangemorts. Je vais faire mordre la poussière à Dumbledore et à cet hippogriffe de Voldemort. Que ça te plaise ou non.
Sirius semblait étinceler de Magie. Il semblait si fort, si sûr de lui. Il ne semblait pas avoir passé près de douze ans en prison. Il avait un port altier, très droit, ses cheveux entouraient son visage déterminé. Prêt à conquérir et à terrasser quiconque se dresserait devant lui.
– Tu as toujours été un Black, Sirius, concéda le tableau en souriant largement.
– Tu ne m'as jamais aimé.
– C'est faux. J'ai été aveuglée par le Lord, je le conçois. Mais Regulus m'a ouvert les yeux à son sujet. Malheureusement, pour toi, il était trop tard... Il a voulu te parler, mais... Tu étais sous la coupe de Dumbledore. Une fois qu'il t'avait, il t'a contrôlé. Tu ne peux pas le nier. Dès l'instant où tu es allé à Poudlard, j'ai su que je t'avais perdu.
Sirius grinça des dents, mais il dû admettre qu'elle n'avait pas tort.
– Mais qui vois-je ? murmura le tableau en dévisageant Harry.
Ses yeux remontèrent vers sa cicatrice et elle eut un air pincé, mais ne fit aucune remarque.
– Sang-Mêlé... je suppose que c'est tout ce que je peux attendre de toi ? dit-elle simplement.
– La famille Potter est aussi puissante que les Black. Tu aurais dû être ravie de mes alliances, grinça Sirius.
Le tableau tiqua, mais ne répondit rien. Sirius, très tendu, se tourna vers Harry.
– Harry, je te présente ma mère.
– Euh... enchanté, Mrs Black, dit Harry dans un sourire gêné.
La mère de Sirius ne cessa de le dévisager et Harry se demanda ce qu'un tableau pouvait penser de lui. Puis, elle se tourna vers Sirius et semblait beaucoup plus sereine.
– Tu vas devoir recréer le lien avec Kreattur. Kreattur, je t'ordonne d'obéir à Sirius.
– Oui, Maîtresse, dit Kreattur en se penchant en avant.
– D'accord, fit Sirius un peu perdu. Bon. Je vais le faire.
– Tu es le dernier descendant mâle des Black ça ne devrait pas poser de problèmes.
– Moi, Sirius Orion Black, descendant de Walburga et de Orion Black, descendant de Arcturus Black, je te demande de m'obéir et de consacrer ta vie à honorer la maison Black.
– Oui, Maître, dit Kreattur en se penchant très bas.
Une sorte de lien magique se créa entre les deux. Des liens verts et argent s'entourèrent autour de la créature et de Sirius. En un instant, ce fut terminé. Kreattur avait les larmes aux yeux et semblait très ému. Sirius aussi, étrangement. Il n'avait pas pensé qu'un jour il se lierait avec cet elfe qu'il détestait. Mais il se dit qu'il devait faire des efforts. Il savait à quel point les créatures étaient mal-aimées. Il avait vu, à la prison, à quel point le rejet pouvait mener à des choses affreuses. Il devait donner l'exemple à présent. Il n'aimait pas Kreattur, mais il savait qu'il avait aimé Regulus et qu'il ferait tout pour la maison Black. C'est tout ce qui lui fallait.
Harry était un peu perdu par ce qu'il venait de se passer.
– Félicitations, fit finalement le tableau.
– Le fait que Kreattur se soit incliné et qu'un lien soit apparu montre qu'il me reconnaît comme son Maître. Et donc, comme le descendant des Black, expliqua Sirius à Harry. Ma mère m'avait déshérité, je ne pensais pas que ça marcherait.
– Je ne t'ai pas déshérité, claqua le tableau, juste enlevé de la tapisserie.
Sirius leva ses yeux au ciel.
– Tu viens ici pour te cacher ?
– Oui. Je veux prouver mon innocence, mais j'avais besoin d'un endroit où m'installer.
– Tu es le bienvenu.
– C'est ma maison, s'amusa Sirius.
– Les protections de la maison sont au niveau normal, tu te souviens de comment les activer ?
– Oui, dans le bureau de papa ?
– Il faudra sans doute refaire un Fidelitas, si tu veux être sûr que personne ne te trouve.
Sirius grimaça, mais hocha la tête et sembla ravi de voir que sa mère le soutenait. Ce n'était pas arrivé depuis... jamais.
– Harry, tu vas m'aider. Il faut être deux pour faire le sort.
– Euh... je n'ai pas le droit de faire de la magie en-dehors de l'école.
– Tu n'auras pas besoin de faire de magie. Et puis, tu n'as pas le droit de faire de la magie chez les moldus, souligna Sirius. Mais dans une maison sorcière, le Ministère ne peut pas savoir si c'est un sorcier majeur ou mineur qui fait de la magie.
– C'est injuste ! s'exclama Harry sous le choc.
– Oui.
– C'est pour ça alors... l'année dernière un elfe de maison a fait de la magie dans ma maison et j'ai reçu un avertissement.
– Un elfe de maison ? s'amusa le tableau. Un des elfes de la famille Potter ?
– J'ai des elfes ?!
Sirius regarda sa mère d'un air de dire "il y a du boulot".
– Évidemment. Enfin, la famille Potter a eu des elfes. Mais à présent je ne sais pas s'ils sont toujours en vie.
– Mais, s'ils n'ont pas de Maître ?
– Les elfes protègent leur maison jusqu'à leur mort, que leur Maître soit présent ou non. Comme Kreattur. Si la lignée s'éteint... eh bien, il y a toujours quelqu'un qui peut hériter des biens. Et le lien se transmet ainsi.
– Oh... Comment je fais pour savoir si j'ai des elfes ?
– Tu ne connais pas leur nom donc ils ne peuvent pas te répondre, dit Sirius. Il faudra voir ça avec Gringotts.
– De toute façon c'était un autre elfe de maison qui voulait m'empêcher d'aller à Poudlard.
– Mr Potter, vous êtes bien plus intéressant que je ne le pensais, s'amusa le tableau. Je meurs d'envie d'entendre quelques-unes de vos aventures.
– On va protéger la maison et on prendra un thé avec toi plus tard, s'agaça Sirius. Et ne commence pas à lui parler de tes théories sur les Moldus. On pourra parler de la décoration aussi, dit-il d'un air dégoûté.
– Tu es ici chez toi.
– Je suppose que ton tableau est collé avec de la Glue Perpétuelle ?
– Évidemment.
– Kreattur, je veux que tu remettes en état cette maison. Ce n'est pas digne de la Noble et Très Ancienne Maison des Black, ordonna-t-il pompeusement. J'ai toujours rêvé de dire cette phrase, murmura Sirius à Harry.
Harry rigola et suivit Sirius. La maison entière était tout aussi angoissante que le reste. Harry s'efforça de ne pas trop regarder autour de lui, craignant de rencontrer les yeux globuleux d'une tête d'elfe. L'espace d'un instant, l'image du Basilic tentant de le tuer dansa devant ses yeux. Il grimaça en suivant Sirius. Il y penserait plus tard.
Sirius entra dans une pièce, cachée derrière une tenture et ils pénétrèrent dans le bureau de son père. C'était une grande pièce dont la fenêtre donnait directement sur la rue et le petit parc attenant. Les meubles semblaient être taillés sur mesure. L'immense bibliothèque prenait tout un pan du mur et le bureau était parfaitement rangé.
Harry regarda la bibliothèque et vit qu'il y avait de nombreux livres qui traitaient de la magie noire.
– Tu n'y touches pas, prévint Sirius qui avait pris place sur le fauteuil en cuir de son père.
– Pourquoi ? s'amusa Harry qui avait vu le livre Sortilèges et Défense contre les Forces du Mal, les sortilèges les plus dangereux qui le tentait beaucoup.
– Ce sont presque uniquement des ouvrages de magie noire. Il y a des sorts qui sont appliqués sur les bibliothèques pour qu'on ne puisse accéder qu'à certaines catégories, à partir d'un certain âge. Je vais monter les protections de la maison et t'y inclure. Il y a une autre bibliothèque dans le salon vert qui te sera entièrement accessible. Une autre qui te sera limitée à certains livres et celle-ci, totalement interdite. Moi-même je n'ai jamais eu l'occasion de prendre des livres sans l'autorisation de mon père. Il y a des choses affreuses là-dedans, grimaça-t-il.
Harry s'installa sur l'un des deux fauteuils en face de Sirius et l'observa sortir un coffret en bois d'un tiroir. Quand il l'ouvrit, il en sortit une petite pierre. Elle était complètement noire, de la taille d'une balle de tennis et aucune lumière ne semblait s'y refléter.
– Ce que tu vois, c'est la pierre de la maison. Elle permet de contrôler tout, de limiter les protections, de les augmenter, de limiter des accès à certaines pièces ou plein de choses encore. Seul le descendant des Black, et donc propriétaire de la maison, peut la faire marcher.
– Donc toi ?
– Exactement.
– Tu me dis ça parce que tu as peur que je la pique pour pouvoir lire les livres ? s'amusa Harry.
– En effet. Si tu la touches, tu reçois une décharge de magie qui te projette à terre. Oui, mes parents étaient charmants.
– Comment tu le sais ?
Sirius haussa un sourcil d'un air de dire "tu poses vraiment la question".
– Pourquoi tu voudrais lire ces livres ?
– Pour apprendre. Ce n'est pas si horrible que ça en a l'air. Certains ouvrages sont même très intéressants, même s'ils frôlent voire abordent totalement la magie noire. Bon, comment ça marche déjà ? souffla Sirius. Mon père m'a formé pour prendre sa place dès que j'ai eu dix ans. J'étais l'aîné, tu vois. Mais je me suis enfuis à quinze ans. Ça fait longtemps...
– Pourquoi tu t'es enfuis ?
– Cette maison était horrible. Ma mère était horrible.
– Elle a l'air... spéciale.
– Oui, elle me détestait. Enfin, elle donnait l'impression. Je pense qu'elle aurait voulu que je sois comme elle, mais ce n'était pas le cas. Elle voulait éradiquer tous les moldus, moi non. Nous avons eu beaucoup de disputes à ce sujet. Mais le point de tension ça a été Voldemort. Elle voulait le suivre, j'ai refusé. Je l'ai insultée plusieurs fois et elle me l'a toujours fait payer.
– Et ton père ?
– Mon père n'a jamais voulu suivre Voldemort, mais il n'a jamais su dire non à ma mère. Je suppose que, quand mon frère s'est engagé, ils l'ont vu comme un héros. Prêt à défendre la cause des Sangs-Purs. Sans savoir ce à quoi il s'engageait.
– Ton frère était un adepte de Voldemort ?
– Oui. Mais apparemment, ça n'a pas duré longtemps, grimaça Sirius en songeant à sa conversation. Il va falloir que je demande des explications à ma chère mère. Regulus il n'avait pas un mauvais fond, mais il était influençable et Voldemort... eh bien il savait influencer les autres.
– Sans doute.
– C'était un politicien, il aurait pu être Ministre, s'il n'avait pas été obsédé par le pouvoir. Il a mis toutes les familles de sang pur les unes contre les autres. Bien sûr, les familles ne s'aimaient pas toutes, mais tout le monde vivait en harmonie. Quand il est arrivé, les tensions se sont exacerbées.
– Mais qu'est-ce qu'il en retirait lui ?
– Du pouvoir. Ce n'est qu'une question de pouvoir. Je pense qu'il s'en fichait du statut de sang pur, grimaça Sirius, il voulait juste tuer des gens, il voulait qu'on le craigne. Donc il a utilisé un bouc émissaire, une cause autour de laquelle ils se sont réunis. Et il a pris le pouvoir comme ça. Ses adeptes subissaient des sortilèges de torture, ils n'étaient pas considérés comme des égaux, mais comme des sujets. Jamais je ne me serais abaissé à ça.
– Pourquoi personne ne s'est rebellé ?
– Parce qu'il était craint. C'était un sorcier très puissant. Et beaucoup ont préféré le suivre plutôt que de l'affronter. Quand Voldemort a disparu, je pense que beaucoup ont été soulagés. Ils ont réussi à faire croire qu'ils avaient été forcés de suivre Voldemort et je pense qu'ils regrettent de l'avoir suivi un jour. D'autres le défendront à jamais, mais il y a toujours des fous.
– Tu penses à quelqu'un en particulier ?
– Oui, ma cousine.
– Tu as une cousine ?
– J'en ai trois. Andromeda, qui a aussi été reniée car elle a épousé un né-moldu.
– Elle a été reniée parce qu'elle a épousé un né-moldu ? s'insurgea Harry.
– Les Black voulaient rester purs. Quoi que cela veuille dire, puisque personne ne peut plus être totalement pur, sinon on s'éteindrait tous. On est déjà tous reliés les uns aux autres, ce qui a entraîné l'apparition de nombreux cracmols ces dernières années. C'était notre grand sujet de conversation avec ma mère. Elle pensait qu'un sang pur rendait plus puissant, même si ce n'était pas forcément vrai. Regarde ta mère, elle était née-moldue et pourtant, c'était une sorcière formidable.
– Tu as parlé de deux autres cousines.
– Oui. Il y avait Cissy. Et surtout Bellatrix qui était... folle, souffla Sirius en frissonnant. Elle était plus âgée et elle était l'une des plus fidèles de Voldemort.
– Où est-elle à présent ?
– À Azkaban, elle était dans la cellule à deux pas de la mienne. Elle a été condamnée à perpétuité. Elle a torturé deux Aurors.
– Aurors ?
– Chasseurs de mages noirs. Elle les a torturés jusqu'à ce qu'ils perdent la tête. Triste histoire. Ça a eu lieu quelques jours après que tu aies éliminé Voldemort. Tous les pensionnaires d'Azkaban en parlaient et elle s'est vantée, c'est comme ça que je le sais.
– C'est triste.
– Oui. Ils avaient un fils de ton âge, d'ailleurs, songea Sirius en relevant la tête de la pierre qu'il n'avait pas lâché. Neville Londubat, peut-être que tu le connais ?
– Neville ? s'exclama Harry. Oui, il est de mon année à Gryffondor. Je ne savais pas que... ses parents sont toujours en vie ?
– Je ne sais pas. Ils n'étaient pas morts il y a douze ans, mais qui sait ce qu'il peut se passer.
Harry sentit l'effet d'une douche froide couler dans son corps. Depuis deux ans qu'il partageait son dortoir avec Neville, jamais il n'avait songé à lui demander ce qu'il était advenu de ses parents. Il n'était pas le seul à avoir perdu des proches à cause de Voldemort.
– Ah ! cria Sirius en se faisant projeter au sol dans un panache de fumée. Par Merlin, cette famille est folle !
Il se releva en se frottant la main qui avait pris la décharge et Harry éclata de rire.
– Où est passé le "ce n'est pas digne de la Noble et Très Ancienne Maison des Black", imita Harry.
Sirius lui lança un regard noir, avant de prendre sa baguette et de lancer quelques sortilèges.
– Je crois qu'il y a un mot de passe. Mais je ne demanderai pas à ma mère. Jamais ! Je vais y arriver.
Une heure plus tard, Sirius s'avoua vaincu. Kreattur leur avait apporté des tasses de thé fumantes et des petits gâteaux. Harry avait regardé Sirius se faire projeter de nombreuses fois, recevoir des panaches de fumée, des décharges de plus en plus puissantes, mais la boule noire n'avait toujours pas bougé. Il avait tenté tous les mots qu'il pouvait, avait fait appel à tous les sortilèges qu'il connaissait mais rien.
– Je ne suis peut-être pas le propriétaire de la maison.
– C'est ridicule, dit Harry. Tu as réussi à créer le lien avec Kreattur, c'est forcément toi. Va demander à ta mère.
Sirius souffla et se dirigea d'un pas traînant vers le tableau, avant de revenir l'air très agacé.
– Elle a choisi ça exprès, gronda-t-il.
Il pointa sa baguette sur la pierre noire.
– Toujours Purs.
Il ne se passa rien pendant un instant, puis la boule se mit à frémir. Elle s'ouvrit et sembla exploser en un millier de lumières vertes et argent, avant de transformer en un parchemin qui portait les armoiries des Black.
– Waouh, murmura Harry.
– C'est fait pour impressionner, s'amusa Sirius.
– Toujours Purs ?
– C'est la devise de la famille. Elle devait savoir que jamais je ne prononcerais cette phrase de mon vivant. Bon voyons ça.
Sirius lut le parchemin attentivement, pendant que Harry dégustait le merveilleux gâteau au chocolat de Kreattur qu'il venait de préparer. Sirius utilisa sa baguette plusieurs fois. Il ajouta Harry comme membre de la famille et monta les protections de la maison au maximum. Il mit longtemps avant de trouver comment restreindre les accès à certaines pièces ou aux bibliothèques, mais finit par y arriver.
– C'est fait, sourit Sirius. La maison est protégée contre toute sorte d'attaques. Mon père était très doué en magie, il a créé de sacrées protections. Maintenant, on doit la rendre incartable.
Sirius et Harry procédèrent au sortilège du Fidelitas. Sirius lança une incantation pendant de longues minutes, puis de la lumière sembla sortir de lui et entourer la maison d'un halo doré. Sirius continua ses formules. Puis il dit "Sirius Black est le Gardien du Secret : Sirius Black habite au 12 Square Grimmaurd". Harry ne sentit rien de différent. Mais il sut que ça avait marché en voyant l'air ravi de Sirius.
– Cool, dit Harry en voyant la lumière s'estomper.
– N'est-ce pas ? C'est ta mère qui m'a appris à le faire.
– C'est utile. Donc maintenant, personne ne peut savoir que tu habites ici ?
– Non. Sauf si je le dis à une personne. Si je meurs, toutes les personnes à qui j'ai donné le secret seront considérées comme Gardien du Secret.
– Tu es en sécurité, conclut Harry d'un air ravi. C'est super !
– En effet. Allons voir si Kreattur a préparé le repas, je meurs de faim. Ensuite on pourra faire un tour si tu le souhaites.
Harry sourit et fut heureux de voir que Kreattur avait préparé un repas délicieux. Sirius qui n'avait rien avalé à part des bonbons depuis des jours semblait encore plus heureux que lui. L'elfe de maison était inquiet par la santé de son Maître.
– Je vais me remettre, assura Sirius.
Et il y croyait. Il savait qu'il lui faudrait se soigner au niveau mental. Mais avant, il pouvait se soigner physiquement et il allait le faire.
– Je compte sur toi pour me préparer des choses aussi bonnes.
– Ce serait mon plus grand honneur Maître, dit Kreattur en s'inclinant.
Kreattur semblait adorer Harry et l'avait déjà resservi trois fois. Il l'appelait même Maître Harry (au début, c'était Maître Potter, mais Harry avait tenu à ce qu'il l'appelle par son prénom).
– Il a raison, dit finalement Sirius. Il faut que je me remplume. Toi aussi d'ailleurs.
– Sans doute, grimaça Harry.
Il avait perdu beaucoup de poids pendant ces vacances.
– On va devoir se faire un programme pour ce mois, souffla Sirius. Il faut qu'on soit en forme pour les événements à venir.
– Je peux rester là, n'est-ce pas ? demanda Harry un peu anxieux à l'idée que Sirius ne veuille plus de lui.
– Évidemment ! s'amusa Sirius. Mais je pense que tu devrais rentrer au Chaudron Baveur tous les soirs. Sinon Tom va s'inquiéter. Faire acte de présence.
Harry acquiesça. Il savait que personne ne devait se douter qu'il voyait Sirius en secret.
– Je pense qu'on peut demander à Kreattur d'aller te chercher, dit Sirius en regardant l'elfe.
– Ce serait mon plus grand honneur, répéta Kreattur en souriant. J'irai chercher Maître Harry tous les matins et le ramènerai le soir.
– Super ! Bon, on fait la visite ?
Harry trouva la maison encore plus inquiétante que quand ils étaient arrivés. La décoration était encore plus affreuse à mesure qu'ils montaient dans les étages. Sirius avait soupiré en voyant l'état des pièces, mais Kreattur s'attelait déjà à tout remettre en ordre. La maison était immense et Harry avait peur de se perdre dans ce dédale de pièces.
– Un coup de peinture va être nécessaire, souffla Sirius. Je pense qu'un mois ne sera pas de trop pour Kreattur. C'est dommage que je ne puisse pas engager un autre elfe. Mais bon, d'ici la fin du mois d'août, ça devrait aller.
– Ça ne va pas être trop dur pour toi de rester dans cette maison ? s'enquit Harry. Je sais que tu as de mauvais souvenirs ici.
Sirius haussa les épaules.
– Je me sens bizarrement en sécurité. Je vais avoir trois repas par jour. Une fois que j'aurai enlevé les têtes d'elfes, je me sentirai mieux. Et ce n'est que temporaire.
– Bogrod m'a dit que j'avais des maisons. Peut-être qu'on pourrait s'y installer une fois que tu seras innocent, proposa Harry.
– J'en serais ravi.
Sirius sourit largement en se disant que Harry était vraiment étonnant.
– C'est ma chambre, dit Sirius en ouvrant la porte avant de grimacer.
La pièce était spacieuse. Le lit au cadre de bois sculpté était toujours là. Les murs étaient recouverts de photos de motos et de femmes moldues en bikini. Sirius ne savait pas si Harry était assez grand pour les voir. Harry ne se formalisa pas et glissa sur ses lèvres un sourire moqueur.
– Jolie déco. Ta mère a dû adorer.
– Oui, je voulais la rendre folle.
Harry avait l'impression que ses yeux allaient exploser tant tout ce qu'il regardait était rouge. Sirius avait accroché de grandes bannières aux couleurs de Gryffondor. Le regard de Harry fut tout de suite attiré par une photo sur le mur.
Sirius Black et James Potter, debout côte à côte, bras dessus bras dessous, riaient devant l'objectif. Avec un tressaillement de joie, Harry reconnut son père. Ses cheveux noirs mal coiffés se dressaient en épis à l'arrière de sa tête, comme ceux de Harry, et lui aussi portait des lunettes. À côté se tenait Sirius, d'une beauté désinvolte, son visage, légèrement arrogant, beaucoup plus jeune et plus heureux qu'aujourd'hui.
– James, murmura Sirius avant de secouer sa tête et détournant le regard comme s'il ne pouvait pas supporter de voir son meilleur ami, figé à jamais en photo.
– C'est vrai que je lui ressemble un peu.
– Tu es son portrait craché, confirma Sirius. Sauf les yeux. Mais on doit te dire ça tout le temps.
– Tu sais, grimaça Harry, on me dit tout le temps que je ressemble à mon père et à ma mère. Mais personne ne m'a jamais parlé d'eux.
– Personne ?
– Non. Tante Pétunia ne voulait pas que je pose de questions et à l'école... je n'ai jamais demandé non plus mais...
– Je peux t'en parler, assurant Sirius en posant sa main sur l'épaule de Harry.
– C'est vrai ? demanda Harry les yeux brillants d'impatience.
– Évidemment. Je pense que je suis celui qui les connaissait le mieux. Surtout ton père. On a été amis à partir de nos onze ans et on ne s'est jamais quitté. Quant à Lily... je ne l'ai connu véritablement qu'en septième année, quand elle est sortie avec ton père. Mais c'était une sorcière incroyable. Quand je l'ai laissée m'approcher, j'ai découvert qu'on n'était pas très différents. Une sœur qui la détestait, l'impression de ne pas appartenir au même monde que ses parents...
– Pourquoi tu as dit "quand je l'ai laissée approcher" ? Vous ne vous parliez pas avant la septième année ?
Sirius grimaça, avant de regarder sa montre.
– Pas tellement. Il est tard. Il faut que tu rentres sinon Tom va s'inquiéter. Ce que je te propose c'est qu'on parle de tout ça demain.
– Avec plaisir !
– C'est la chambre de mon frère, soupira Sirius en regardant la porte en face de sa chambre.
– Il est tard, dit Harry en voyant que Sirius se sentait mal, on peut faire ça demain.
Sirius hocha la tête et sembla soulagé de la proposition.
Harry agrippa la main de Kreattur, salua Sirius et disparut dans un pop sonore.
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