PARTIE UNE – Sirius Black s'échappe d'Azkaban et décide d'aider Harry. Ils apprennent à se connaître et Sirius découvre que la vie de son filleul n'a pas été de tout repos. Il comprend que Voldemort va revenir et se promet de tout faire pour protéger Harry de la menace. Mais pour cela, il doit être innocenté.

Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci !)

N/A : Merci à tous pour tous vos retours adorables et pour toutes les personnes qui visitent et lisent cette histoire ! Les review sont géniales et merci de proposer vos idées, c'est très intéressant d'avoir vos retours ! J'adore discuter des théories et surtout critiquer Dumbledore avec vous. Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à ne pas l'aimer et surtout que Sirius aurait dû se battre un peu plus. Merci à tous pour toutes les reviews, les vues et les favorites/follow ça me touche beaucoup !

Juste une précision : dans cette histoire Harry ne sera pas un grand sorcier capable de se transformer en Animagus en deux mois ou qui va soudain avoir énormément de puissance. Je pars du principe que Harry est très doué dans la pratique de la magie, s'il a confiance en lui OU si sa vie est menacée (ce qui est absolument aberrant pour un garçon de treize ans...) Mais il est puissant et il adore la Défense : un Patronus corporel à treize ans, quand il maîtrise le Accio il fait un Accio sur des centaines de mètres ! Donc il est puissant, mais il doit juste se faire confiance. Il ne va juste pas devenir le plus fort sorcier de sa génération, juste un petit Harry normal qui aime la Défense.

Une personne m'a fait remarquer que je publiais vite : j'essaie du plus que je peux. Je déteste les histoires qui se traînent en longueur, qui sont publiées tous les quatre mois (même si je peux aussi comprendre qu'on ne puisse pas tout sortir en une seule fois), c'est juste ma manière de fonctionner. Je ne vous garanti pas un chapitre par jour, mais s'ils sont prêts j'essaie de les sortir rapidement.

Bonne lecture !


Partie 1. Chapitre 4.

"Entraînement"

Le lendemain, Harry fut accueilli par Sirius dans une robe de sorcier bleue nuit qui lui seyait parfaitement au teint. Il prit son petit-déjeuner et fut ravi que Harry lui tende la Gazette.

– Merci ! dit Sirius en se plongeant dans les articles.

– Je pense prendre un abonnement, dit Harry.

– C'est une bonne idée pour savoir ce qu'il se passe dans la société.

– Tu as bien dormi ?

– Mieux que je ne le pensais, admit Sirius en grimaçant. J'ai retrouvé mes anciennes robes. Ma mère les avait rangées dans le grenier. Elles sont un peu courtes, mais ça se voit à peine.

– Elle te va très bien.

– Oh, regarde ce que j'ai trouvé dans le bureau de mon père.

Sirius lui montra une baguette plutôt courte.

– C'était la baguette de mon père, dit Sirius. Je pense que c'est du prunellier. Elle marche plutôt bien, même si ma baguette me manque.

– Tu as prévu quoi pour aujourd'hui ?

– Je te propose de faire un peu de sport et ensuite on pourra discuter de tes parents.

– Du sport ? fit Harry étonné. Ici ?

– Oui, tu vas voir. Je faisais des sports de combat quand j'étais plus jeune. J'ai dû perdre pas mal, mais je peux t'apprendre deux ou trois trucs.

– Du sport de combat ? Mais pourquoi ?

Harry était horrifié à l'idée de faire du sport. Il n'en avait jamais fait. Il avait couru quand il était plus jeune, mais c'était surtout pour éviter son cousin.

– Le mieux aurait été de pouvoir courir, dit Sirius songeur. Il faudrait que tu t'y mettes à Poudlard. Mais comme on est ici, on va se contenter du combat. Il faut que tu prennes un peu de muscles, on dirait que tu vas t'effondrer.

– Tu t'es vu ?

– Oui. C'est une demande totalement égoïste, assuma Sirius, je veux me remettre en forme et je ne veux pas être seul. Tu ne vas pas laisser un vieil homme tout seul, qui sort d'une prison affreuse, non ? Tu vas m'aider ?

Sirius lui fit des yeux de chien triste et Harry capitula.

– Je n'aime pas le sport.

– Tu en as déjà fait ?

– Pas vraiment.

– Alors tu ne peux pas dire ça, dit Sirius. Tu sais, je pense que courir peut vraiment t'aider. Ça te permet de remettre tes idées en place, ça te permet d'avoir les idées claires et de te défouler. Le sport de combat aussi.

– Et j'en retire un avantage, à part les courbatures ?

– Oui. Tu vas gagner en concentration, puissance magique et en bien-être. Et surtout, c'est très utile en combat. La plupart des sorciers se battent uniquement avec leur baguette mais, d'une, tu peux la perdre et, de deux, ça te donne un avantage certain. On pourrait s'entraîner au duel ensemble et tu verras que ça va t'aider. Je te propose une séance. Et si tu n'aimes pas on arrête, d'accord ?

Harry ne put pas refuser l'offre de Sirius tant il semblait excité à cette idée. Alors il accepta. Pour une séance seulement.

Quand Harry rentra le soir, il avait mal partout. Il sentait chacun de ses muscles qui le brûlaient, il avait du mal à marcher et il était juste épuisé. Il était sûr qu'il allait être recouvert de bleus. Sirius lui avait fait faire plusieurs exercices de renforcement, puis ils avaient enchaîné sur le sport de combat en lui-même. Sirius avait pris des cours pendant plus de cinq ans, avant Azkaban. Il avait de beaux restes et connaissait de superbes techniques pour mettre Harry à terre.

À sa grande surprise, Harry mit énormément d'énergie pour se débattre quand Sirius le coucha à terre et il comprit que son filleul ne supportait pas d'être entravé. Sirius l'avait fait travailler sur ce point et il arborait un sourire heureux après leur longue séance.

Harry ne dîna pas et monta directement se coucher. Il prit une douche brûlante en maudissant Sirius sur plusieurs générations. Lui et ses idées farfelues. Comment pouvait-il dire que le sport était bien ? Il le détestait. Il lui avait dit : "plus jamais". Sirius avait simplement souri en lui souhaitant une bonne nuit. Il s'allongea sur son lit et s'endormit presque instantanément.

Il se réveilla et ses yeux papillonnèrent. Il se rendit compte qu'il n'avait fait aucun cauchemar. Rien du tout. Il se sentait même... plutôt bien. Tout son corps le brûlait et il avait encore du mal à descendre les escaliers, mais il avait une sensation de bien-être comme s'il... comme s'il allait mieux.

Quand Sirius l'accueillit ce matin-là, il ne s'étonna pas de voir Harry prêt pour un nouveau combat.

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Harry et Sirius trouvèrent une routine agréable pendant le mois d'août. Le matin, Harry prenait son petit-déjeuner avec Tom qui le régalait d'anecdotes. Puis, il partait sur le Chemin de Traverse, récupérait la Gazette du Sorcier déposée par un hibou depuis qu'il s'était abonné. Il se mettait sous sa cape, appelait Kreattur et ils transplanaient au Square Grimmaurd où Sirius l'accueillait avec un grand sourire, comme surpris qu'il revienne tous les jours. Harry attendait que Sirius ait lu son journal et en profitait pour discuter avec Kreattur ou avec la mère de Sirius.

Le matin, ils faisaient de l'exercice physique : sport de combat, musculation et course à pied (Sirius suivait Harry autour du pâté de maison sous sa forme canine). Harry avait une légère préférence pour le footing, mais savait qu'il ne pouvait pas en faire régulièrement, de peur de se faire repérer. Ils se limitèrent à deux fois par semaine, leurs cœurs tambourinant de crainte de se faire attraper.

Harry aimait le fait qu'il n'ait pas besoin de se concentrer. Il courrait simplement. Et il ne pensait à rien. Les sports de combat demandaient de l'adresse, de la concentration et surtout beaucoup de sang-froid dont il manquait cruellement. Il se sentait facilement angoissé quand Sirius l'attaquait et ça le rendait nerveux. Même s'il faisait quelques progrès il savait que ce n'était que par nécessité qu'il s'entraînait au combat et non par plaisir.

Il ne pouvait pas nier qu'il dormait beaucoup mieux depuis qu'ils avaient commencé à s'entraîner, il se sentait beaucoup plus reposé et son esprit était plus clair. Voir les yeux jaunes du basilic toutes les nuits était terrifiant et il était content de ne plus les voir

En fin de matinée, Harry faisait ses devoirs pour Poudlard dans le petit salon bibliothèque. Il avait à sa disposition tous les ouvrages des Black et trouva intéressant de compléter certains de ses devoirs par des choses trouvées dans les livres. Son devoir de Sortilèges était bien plus long que ce qui était demandé et Harry en fut ravi.

Pendant ce temps, Sirius s'occupait de déchiffrer le carnet de son frère. Une plume à la main, il enchaînait les tasses de café et s'arrachait les cheveux en maudissant son frère.

Le midi, ils déjeunaient sous le regard attentif de Kreattur qui voulait que Harry prenne du poids. Il le resservit plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il s'estime satisfait.

L'après-midi était consacré au duel. Sirius lui avait promis qu'il pouvait utiliser sa baguette dans la maison des Black et, bien qu'un peu anxieux, il n'hésitait plus à présent. L'existence du Fidelitas empêchait quiconque de savoir ce qui s'y passait, Ministère ou non. Sirius était très doué en duel. Il avait été recruté dans l'Ordre du Phénix en partie pour sa facilité déconcertante à se battre.

En fin d'après-midi, ils dégustaient un thé et Sirius lui parlait de ses parents. Il était toujours ému, mais il adorait raconter toutes sortes d'histoires.

Harry détestait rentrer au Chaudron Baveur. Il détestait laisser Sirius seul dans cette maison où il avait tant de souvenirs. Il détestait devoir rester seul dans sa chambre le soir. Il n'attendait qu'une chose : être le lendemain et revoir son parrain.

.

– C'est quoi les Maraudeurs en fait ? demanda Harry alors que Sirius lui racontait les épopées qu'il avait vécues avec James.

– C'était nous. Les quatre garçons de Gryffondor. Ton père, Cornedrue, Patmol pour moi, Queudver pour Peter et Lunard pour Remus.

– Oh... Et pourquoi ces noms ?

– En raison de nos Animagus. Ton père un cerf, Peter un rat, moi un chien.

– Et Lunard ?

– C'est un loup-garou, dit Sirius après une hésitation.

– Il y a des loups garous ? interrogea Harry.

Sirius soupira de soulagement en se disant que Harry n'avait aucun préjugé sur les loups garous. Il commença alors à lui parler de leurs aventures, de comment ils étaient devenus amis, de comment ils avaient découvert que Remus était un loup-garou, de comment ils étaient devenus des Animagus pour l'aider. Puis, ils parlèrent des préjugés sur les loups garous et Harry en fut outré.

– Où est-il à présent ?

– Je ne sais pas, soupira Sirius. Je pensais que c'était le traître. Nous nous sommes violemment disputés quelques mois avant que tes parents ne soient menacés. Il a toujours cru que j'étais le Gardien du Secret et donc le traître.

– Mais pourquoi ? Vous étiez amis !

– Parce que j'étais un Black et les Black sont mauvais, dit simplement Sirius. Je pensais que c'était le traître parce que c'était un loup garou. Les préjugés ne nous quittent jamais vraiment. Je le regrette à présent. Je crois qu'il n'a jamais su que je n'avais pas eu de procès. Je me demande ce qu'il devient.

– Tu pourrais le contacter, proposa Harry.

– Pas avant que je ne sois innocenté, grimaça Sirius. Il y a eu trop de choses entre nous. Je ne sais pas comment il pourrait réagir. Et puis, il ne veut sans doute pas entendre parler de moi.

– Vous avez perdu tous les deux un ami, remarqua Harry. Je trouve ça dommage que vous ne vous parliez plus après ça. En douze ans, il a pu se calmer et il veut sans doute renouer les liens, enfin, quand il apprendra que tu es innocent.

– Tu as sans doute raison. Peut-être un jour, sourit Sirius.

– Comment as-tu rencontré mon père ?

– Sur le quai. Je venais de quitter mes parents et on s'est rentrés dedans. Ça a tout de suite accroché. On s'est souri et on a commencé à discuter comme si on se connaissait depuis toujours. Ton père était déjà très drôle. J'ai rencontré ses parents à ce moment-là. Et puis on s'est installé dans le train. On a commencé à rigoler. James s'en fichait de ma famille, du moment que je n'allais pas à Serpentard. C'est lui qui m'a donné envie d'aller à Gryffondor. Au départ, je voulais Serdaigle. Ce n'était pas Serpentard et c'était acceptable pour ma famille. L'intellect tu vois. Mais James était persuadé d'être à Gryffondor et je ne sais pas vraiment, mais j'ai dû trouver que c'était une bonne idée. C'était le meilleur moyen de faire enrager ma mère.

– Ça a dû la rendre folle.

– Oh oui. Et puis, on a rencontré Remus et Peter. On a tout de suite formé un petit groupe d'amis. Mais ton père... c'était comme mon frère. On se connaissait par cœur. On finissait les phrases l'un de l'autre. On était aussi prétentieux l'un que l'autre, admit Sirius. Mais on s'adorait.

– Il te manque ?

– Tous les jours. On avait aussi notre caractère. J'étais le seul à pouvoir raisonner James. Mais je n'en ai jamais eu envie. J'aimais quand on attaquait les Serpentard... Je sais que Remus a essayé de nous raisonner plusieurs fois, mais dès qu'on avait une idée dans la tête... Remus arrivait parfois à nous faire entendre raison. Mais je pense qu'on aurait dû l'écouter un peu plus.

– Raison de plus pour le recontacter.

– En effet.

– Et mes parents ?

– Tes parents... Ils se sont mis ensemble en septième année. Ce n'était pas un coup de foudre, s'amusa Sirius. Plutôt le contraire.

Sirius lui raconta comment ils avaient rencontré Lily et Severus dans le train, comment James détestait Severus. Lily qui détestait James.

– Elle le détestait ? grimaça Harry qui avait toujours cru que ses parents s'étaient follement aimés.

– Au début non. Je pense qu'elle était agacée par le fait qu'il ne prenait rien au sérieux. Il était assez prétentieux par moment, reconnut Sirius.

– Comment ont-ils fini ensemble alors ?

– James a commencé à la trouver jolie à partir de la troisième année. Je crois qu'il était déjà amoureux et que c'est pour ça qu'il la cherchait constamment. Tous les jours il lui demandait de sortir avec elle, mais comme on s'acharnait sur Rogue, ça n'a pas aidé, fit Sirius. Finalement en sixième année il s'est calmé. On s'est calmé. Il a arrêté de lui demander à tout bout de champ de sortir avec lui. Sa tête a dégonflé et ils ont commencé à discuter. Ils avaient beaucoup de points communs. Quand elle a accepté le premier rendez-vous, je ne l'avais jamais vu aussi heureux. Et puis, ça a bien marché. Lily était... Elle avait un fort caractère. Généralement, la Salle Commune se vidait rapidement quand ils se prenaient la tête. Mais ils étaient vraiment amoureux. Ils ont juste mis du temps à se trouver.

– Je pensais qu'ils avaient toujours...

– Ta mère aimait ton père, assura Sirius. Au début elle était agacée et c'est vrai qu'il pouvait être vraiment ennuyeux. Mais en sixième année elle s'est éloignée de Rogue, elle rigolait un peu plus aux blagues parce qu'on visait la Grande Salle entière et plus une seule personne...

– Vous aviez arrêté d'attaquer Rogue ?

– Nous n'avons jamais arrêté, dit Sirius d'une voix blanche. Mais oui, à partir de là on s'est calmés. Et elle a dû commencer à trouver que nos blagues étaient recherchées et qu'on avait du talent.

– Tu ne te vantes pas trop ?

– Non. C'était de la belle magie, McGonagall adorait ça, sourit Sirius. Je pense que, s'ils se disputaient souvent, c'est parce qu'ils ne voulaient pas admettre qu'ils s'aimaient. Quand ils sont sortis ensemble, tout le monde a vu à quel point ils étaient fait l'un pour l'autre. Ta mère calmait James. James faisait voir le monde différemment à Lily. Ils étaient très mignons.

– Et c'est là où tu es devenu son ami ?

– Oui. Au départ je ne voyais que la parfaite Préfète qui nous ennuyait et qui refusait toutes les avances de James sans comprendre pourquoi. Je veux dire, James était vraiment génial et toutes les filles voulaient sortir avec lui. En septième année, nous nous sommes calmés et j'ai pu discuter calmement avec elle. On a commencé à parler des sortilèges.

– Les sortilèges ?

– Oui, on adorait ça. Elle m'a donné des conseils, moi aussi et finalement on s'est rendu compte qu'on travaillait bien ensemble. James nous avait laissé un après-midi, parce qu'il espérait qu'on s'adresse la parole. Ça a tellement bien marché que c'est Lily qui a tenu à ce que je sois ton parrain et que je m'occupe de toi s'il leur arrivait quelque chose. Elle avait une confiance absolue en moi, dit-il d'une voix triste. Et on a beaucoup discuté de nos familles.

– Pétunia... grinça Harry.

– Lily était très affectée par le comportement de sa sœur. Elle l'aimait vraiment. Un jour, avec James, ils ont dîné avec ton oncle et ta tante, ça s'est mal fini. Elles ne se sont plus jamais vues après ça. Et Lily est venue directement me voir. Je pense qu'elle savait que je la comprenais. James n'avait pas de frère ou de sœur. Moi je savais ce que c'était de détester son frère.

– C'est bien que tu aies été là pour elle, dit Harry qui songeait que ça n'aurait jamais marché avec ses parents si Sirius et Lily ne s'étaient pas entendus.

– Oh oui. Elle m'a fait grandir, beaucoup. Elle n'avait pas beaucoup d'amies en vie, avec la guerre, beaucoup se sont faites assassiner ou elles se sont perdues de vue. Je pense que le fait qu'on soit là pour elle a beaucoup compté. C'était comme ma petite sœur. On était une famille, dit-il avec émotion. Je me suis fait un plaisir de la sortir un peu, rit Sirius. Je crois qu'on a fait beaucoup de bars moldus à cette période de nos vies, ça nous permettait de ne plus penser à Voldemort. J'étais même là quand tu étais né.

– C'est vrai ? s'exclama Harry les yeux ronds.

– Et oui. James était je ne sais où, je surveillais Lily comme James me l'avait demandé. Je me souviens, on était en train de discuter de magie noire et là elle me regarde et elle me dit "Sirius, il arrive".

Harry éclata de rire en voyant l'air de panique de son parrain.

– Et là j'ai paniqué, admit Sirius. Elle m'a crié dessus ; on adorait se crier dessus. Et finalement j'ai repris mes esprits et je l'ai accompagnée à St Mangouste. James est arrivé peu après. Cinq heures plus tard, tu étais dans mes bras.

Sirius sourit avec nostalgie en regardant Harry.

– C'était une grande sorcière. Elle faisait des choses incroyables. Si nous on créait des blagues, elle créait des sortilèges et des choses merveilleuses.

Harry sourit en voyant Sirius perdu dans ses pensées.

– Ton père était vraiment prétentieux, mais ne pense jamais que tes parents ne se sont pas réellement aimés. C'était de la passion et de l'amour pur. Ta mère aurait donné sa vie pour toi et James. Et c'est la même chose pour ton père.

– Ils te manquent ?

– Tous les jours, dit Sirius en secouant sa tête. Allez ! Je vais te raconter la fois où on a changé un groupe d'élèves en poussins. McGonagall nous a retiré cinquante points, mais elle en a accordé vingt pour la prouesse magique.

.

Au bout de quelques semaines passées ensemble, Sirius se rendit compte que Harry avait beaucoup de mal avec les sports de combat. Il avait essayé plusieurs techniques, mais Harry n'accrochait pas. Il voyait que Harry fonçait tête baissée sans réfléchir. Un vrai Gryffondor.

– Tu te bats avec ta colère, dit Sirius en le mettant à terre.

– Je ne suis pas en colère.

– Ah non ? s'amusa Sirius.

Harry se précipita sur son parrain, mais il lui retourna le bras pour le mettre à genoux.

– Je déteste ce sport ! cria Harry en se dégageant brusquement.

– Tu dois juste apprendre. C'est normal de ne pas...

– Et si je ne veux pas ? Tu me mets à terre à chaque fois, ça sert à quoi ?! J'en ai marre, je suis fatigué ! Je te déteste !

Ses yeux flamboyaient de rage, il tremblait. Soudain, Sirius eut une illumination. Il fit apparaître un sac de frappe moldu, transforma une tasse en gants de boxe.

– Frappe.

– Quoi ? fit Harry sous le choc.

– Frappe en disant ce que tu détestes.

Harry le regarda incertain, chaussa les gants et souffla. Il tapa une première fois. Étrangement, il trouva cela plutôt apaisant. Alors il recommença. De plus en plus vite et fort. Il n'avait plus besoin de penser. Il avait juste à frapper ce sac.

– Qu'est-ce que tu détestes ? demanda Sirius.

– Le sport de combat ! Que tu me mettes à terre ! Que je sois à terre ! Jamais plus je ne veux être à terre devant quelqu'un ! Surtout pas devant un Dursley.

À chaque phrase, Harry frappait en soufflant, fou de rage.

– Je déteste les Dursley ! Je déteste ce qu'ils m'ont fait ! Je déteste que mes parents soient morts ! Je déteste Voldemort ! Je déteste le fait que tu aies été en prison ! Je déteste le fait que personne ne me croit ! Je déteste être seul ! Je déteste Voldemort ! Je déteste Peter ! Je déteste ce traître ! Il a tué mes parents !

Sirius eut l'impression que cela dura des heures. Harry frappait sans relâche. Il relâchait son trop-plein d'émotion, il relâchait sa peur, ses peurs. Tout. Il pleurait à présent, mais continua de frapper sans jamais s'arrêter, sans jamais faiblir. Sirius l'observa avec un mélange de fascination et de peur. Harry semblait contenir énormément de choses en lui et il savait que c'était tout, sauf bon. Sirius espérait que Harry pourrait continuer la course à Poudlard ou n'importe quoi qui lui permette d'évacuer ce trop-plein. Parce que si Harry Potter débordait... ça allait faire mal.

Harry s'arrêta après plus de trente minutes de frappe. Il regarda le sac l'air hagard, complètement amorphe et épuisé. Il se rendit compte qu'il avait pleuré et se sentit honteux. Mais bien. Heureux. Comme vidé. Toute cette colère, toute cette haine qu'il avait accumulée, toute cette peur qu'il avait depuis le basilic, tout ce ressentiment, tout ça s'était évaporé. Il ne restait que lui. Sa peur était tapie au fond de lui et semblait avoir battue en retraite.

Harry regarda Sirius et pleura.

– Désolé... je ne voulais pas... dit Harry la voix remplie de sanglots.

Si. Il le fallait. Harry, tu es en colère et tu as peur. Ce sont deux émotions normales, mais il faut que tu évacues tout ça. Tu ne peux pas rester avec ça en toi.

– Comment je peux faire ?

– Soit tu parles à quelqu'un, soit tu te bats. Tu continues le sport et dès que ça ne va pas, tu te défoules.

– Je ne veux pas le ressentir.

– Ce sont des émotions normales.

– Mais avant...

– Avant tu te battais pour survivre, souffla Sirius. Avant personne ne t'avait dit que tu avais le droit d'être triste et en colère. Tu viens juste de comprendre que tu n'es qu'un enfant et que tu peux être en colère. Il faut juste canaliser ça et je vais t'aider.

Harry hocha sa tête et resta dans les bras de Sirius un long moment, trop vide pour penser ou réfléchir. Il se sentait beaucoup mieux. Mais il avait vu la colère qu'il avait en lui. Et il savait que ce n'était pas bon. Un jour, il lui faudrait parler à quelqu'un. Mais pas tout de suite. Non, aujourd'hui, il pouvait parler avec le sport.

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Harry découvrit avec fascination la tapisserie de Black. Elle paraissait très ancienne. Elle était décolorée et semblait grignotée par endroits. Mais le fil d'or avec lequel elle avait été brodée continuait de briller suffisamment pour qu'on puisse voir un arbre généalogique aux multiples ramifications qui remontait au Moyen-Age. Tout en haut était écrit en grosses lettres dorées "La Noble et Très ancienne Maison des Black" ainsi que leur devise "Toujours Pur".

– C'est la tapisserie de la famille Black, dit Sirius.

– Tu n'y es pas, remarqua Harry après avoir cherché.

– J'y étais, mais ma chère mère m'a effacé d'un coup de baguette lorsque je suis parti de la maison à seize ans.

– Où es-tu allé ?

– Chez ton père, dit Sirius. Tes grands-parents ont été très gentils avec moi. D'une certaine manière, ils m'ont considéré comme leur deuxième fils. Je suis allé camper chez eux pendant les vacances scolaires et, quand j'ai eu dix-sept ans, j'ai pris une maison à moi. Mon oncle Alphard m'avait laissé une assez belle quantité d'or - lui aussi, on l'a enlevé de l'arbre, sans doute à cause de ça - et, à partir de cette époque, j'ai pu vivre par mes propres moyens. Mais j'ai toujours été invité à déjeuner le dimanche chez Mr et Mrs Potter.

– Mais tu es parent avec mon père ! remarqua Harry qui avait suivi les ramifications.

Une certaine Dorea Potter s'était mariée avec un Potter.

– Tous les Sang-Pur sont reliés, dit Sirius amusé. Mais oui. Charlus Potter était le frère du père de James. On était relié, mais de très loin. Ça nous faisait beaucoup rire. Ce sont mes cousines, tu vois Andromeda a eu droit à la baguette aussi. Elle a eu une fille avec Ted Tonks, nommée Nymphadora mais, évidemment, elle n'est pas sur la tapisserie.

Harry regarda à côté d'Andromeda, vit Bellatrix, avant de tomber sur Narcissa qui devait être la "Cissy" dont Sirius lui avait parlé. Sauf qu'il avait un lien qui la menait directement à Lucius Malefoy.

– Tu es parent avec les Malefoy ? s'exclama Harry avec dégoût.

– Oui, sa mère est ma cousine Cissy, on s'aimait beaucoup avant tout ça.

– Que s'est-il passé ?

– Elle s'est mariée avec cet hippogriffe de Malefoy. On se détestait. On a toujours gardé le contact, mais personne ne le savait. Elle était plus âgée que moi et quand je suis entrée à Poudlard elle était déjà en sixième année. Je crois qu'elle m'aimait bien. Avant que Voldemort ne prenne le pouvoir et qu'elle coupe tous les ponts avec sa famille. Je vais la contacter quand je serai innocenté, dit Sirius.

– C'est une Malefoy, dit rageusement Harry.

– Tu connais son fils ? devina Sirius amusé.

– C'est un vrai petit prétentieux qui se croit au-dessus de tout le monde !

– Comme son père, dit Sirius. Mais tu ne devrais pas le juger trop vite.

– C'est lui qui juge trop vite. Il parle à Hermione comme une moins que rien et avec Ron c'est pareil.

– Et toi tu ne l'as jamais jugé trop vite ? dit Sirius en haussant un sourcil. Je veux dire, James et moi on était comme ça aussi.

Harry lui raconta alors leur première rencontre, leur deuxième, et leurs deux ans à Poudlard, deux ans passés à se haïr.

– Tu l'as aussi jugé rapidement, affirma Sirius. Lors de votre première rencontre, tu n'as pas apprécié sa remarque. Et ensuite, tu t'es dit que c'était un mauvais sorcier comme son père et tu as décidé de ne pas lui parler.

– Peut-être... concéda Harry.

– Les Malefoy ont de la ressource. Ils seraient de bons alliés.

– Ce sont des Serpentard.

– Tous les Serpentard ne sont pas mauvais. Ils sont rusés. Tu devrais peut-être prendre exemple sur eux, au lieu de foncer, rit Sirius.

– Tu peux parler toi.

– Je l'avoue moi-même, si j'avais été plus rusé et réfléchi, tout ça ne serait pas arrivé, grimaça Sirius.

– J'aurai dû être à Serpentard, dit Harry avant d'expliquer sa conversation avec le Choixpeau. Dumbledore m'a dit que j'étais un vrai Gryffondor...

– Tu sais, je pense qu'on a tous un peu de chaque maison en nous. Ton père était un pur Gryffondor, comme les Malefoy sont des Serpentard. Moi j'aurai pu être à Serdaigle. Tu aurais fait un bon Serpentard, mais je pense que ta capacité à chercher les problèmes et à foncer aurait été difficile à canaliser, s'amusa-t-il.

– Rogue m'aurait fait renvoyer.

– Sans doute. Renvoyer un Potter doit être son rêve ultime. Pour en revenir aux Malefoy, je pense qu'il a réagi comme un Malefoy, parce que c'est la seule chose qu'on lui avait apprise. Ensuite, tu ne lui as pas serré la main, il a dû être vexé.

– Moi aussi j'ai été vexé ! Il a critiqué mon premier ami !

– Donc au lieu de vous expliquer à ce sujet, vous décidez de vous haïr. Tu sais, ça me rappelle beaucoup Rogue, dit Sirius. On l'a détesté au premier coup d'œil. Peut-être que, si on avait juste parlé, on lui aurait trouvé des qualités... ou non. Mais on a jugé trop vite c'est sûr.

– Son père a essayé de me tuer !

Sirius fit une pause en se souvenant de ce que lui avait raconté Harry sur sa seconde année.

– Je ne pense pas que Lucius aurait été assez fou pour te tuer à Poudlard, rit Sirius. Il a été sans doute très soulagé quand Voldemort a disparu et, même s'il a perdu son calme, je doute qu'il te tue devant Dumbledore. Mais je lui en parlerai.

– Il a donné le journal à Ginny !

– Les Malefoy n'ont pas la même connaissance en magie noire que les Black. Tu sais, je ne pense pas qu'il savait ce que ça allait donner.

– Tu lui cherches des excuses.

– Je pense surtout que tout n'est pas noir ou blanc, expliqua Sirius. Et même si tu détestes Lucius, ce que je peux comprendre, Draco n'est pas son père.

– C'est le même ! Un arrogant et prétentieux qui se croit tout permis.

– Il a forcément pris de son père, s'amusa Sirius. Il a été élevé comme ça. Mais il a aussi pris de sa mère.

– Comment elle était ?

– Cissy a toujours aimé sa famille, plus que tout. Et je pense que Draco a dû le sentir. Il a été élevé dans l'amour. Cissy était vraiment adorable et très douce. Elle avait ses idées sur les moldus, certes, mais à côté de ça, elle pouvait lancer un sort particulièrement vicieux pour nous protéger. En première année, elle m'a évité quelques sortilèges de personnes qui me détestaient parce que j'avais choisi le mauvais camp. C'est elle qui m'a appris à me défendre.

– Elle a soutenu Voldemort.

– Lucius l'a soutenu. Je ne pense pas qu'elle se soit engagée. Avec Lucius ils voulaient que des sangs purs soient au pouvoir. Ils ont suivi Voldemort pour ses idées. Ils ont sans doute été refroidis en voyant ce qu'il était prêt à faire pour obtenir le pouvoir.

– Peut-être, mais c'était un Mangemort ! En liberté !

– Lucius a toujours dit qu'il n'avait pas été un Mangemort. Je pense pourtant qu'il était assez proche de Voldemort. Mais ce n'est pas pour ça qu'il acceptait ce qu'il faisait. Il aimait Cissy et son fils de tout son cœur. Il a tout fait pour les protéger.

– Mhm...

– Ce n'est pas juste pour Draco que tu le compares à son père. Tu ne penses pas que Draco mérite d'avoir le choix si Voldemort revient ?

– Il a déjà fait son choix.

– C'est une chose de vouloir que des sangs purs prennent le pouvoir et une autre d'assassiner vraiment des gens. Il te semble assez fort pour ça ?

Harry se dit que, sans doute pas. Draco se donnait des grands airs, mais il n'était pas très courageux ou même vicieux au point de tuer quelqu'un de sang froid.

– Tu compares Draco à son père, mais Rogue fait la même chose et tu trouves ça injuste. Pourquoi tu fais ça à Draco ? demanda sincèrement Sirius.

– Il m'attaque !

– Toi aussi. Vous vous attaquez mutuellement. Personne n'a vraiment commencé. Je dois avouer que les divisions entre maisons n'ont pas aidé.

– C'est drôle venant de toi, dit rageusement Harry.

– Je sais que je ne suis pas le mieux placé pour parler de ça. Mais tu devrais juste essayer, ça ne te coûte rien. S'il continue tu lui jettes un sort. Mais donne-lui sa chance, tend lui ta main.

– Pourquoi je ferais ça ? s'horrifia Harry.

– Parce que si Voldemort revient, il devra choisir. Et qu'il choisira ses parents. Sauf si tu lui proposes une alternative, proposa Sirius en haussant les épaules.

– Il traite Hermione de Sang de Bourbe, opposa Harry.

– Parce qu'il a été élevé comme ça. Regarde mon frère, il était pareil, dit Sirius d'une voix triste. Il détestait les moldus et nés-moldus. Si je l'avais laissé entrer dans mon cercle d'amis, il aurait compris que certains sont doués. Mais nous sommes tous aveuglés par nos préjugés et, si personne ne fait d'effort, la situation restera comme ça. Je suis sûr que Draco n'a jamais parlé avec Hermione. Il la voit juste comme ton amie et il cherche à l'atteindre par ce biais. Sans doute que s'ils parlaient, tout serait différent. Mais il reste dans sa maison Serpentard car personne n'aime les Serpentard. Donc leurs idées circulent entre eux et là-bas on ne peut pas dire qu'on aime les nés-moldus. Donc il se conforme à la doxa du groupe.

– Ils ont le choix.

– Non, je ne pense pas. Je l'ai compris à Azkaban. La plupart des gens qui ont été enrôlés n'avaient pas le choix. Une fois à Serpentard tu n'as plus d'alternative. Il faut que tu fasses et penses comme tout le monde. Personne n'est ami avec les Serpentard. Donc ils restent dans leur cercle et ne parlent à personne d'autre.

– Tu penses que si les autres Maisons leur parlaient...

– Ça changerait tout, affirma Sirius avec détermination. Réfléchis, si tu te bats contre des gens qui t'ont haï toute ta vie, tu n'hésites pas. Mais si tu te bats contre tes amis et qu'un homme que tu ne connais pas essaie de te monter contre eux... et bien certains y réfléchiront deux fois avant de s'engager.

– Je ne sais pas trop... admit Harry qui ne voyait pas Draco Malefoy changer.

– Tout le monde n'a pas la chance de venir d'une famille tolérante. Nous avons tous des préjugés. Regarde-moi j'en avais sur les Serpentard, ton ami Ron aussi.

– Pas du tout.

– C'est lui qui t'a influencé, remarqua Sirius. Il t'a dit que les Malefoy venait d'une famille de mages noirs, il t'a dit que les Serpentard tournaient mal. C'est ça qui t'a poussé à détester Malefoy.

– Non...

Mais Harry savait que, si Ron ne lui avait pas dit tout ça, il aurait probablement fini à Serpentard. Il n'avait pas vraiment apprécié Draco Malefoy à leur première rencontre sur le Chemin de Traverse, mais il devait admettre qu'il n'était pas si mauvais que ça.

– Tu avais des préjugés... plaida Harry.

– Oui. J'aurais aimé que quelqu'un me dise que je faisais fausse route et que non, tous les Serpentard ne sont pas mauvais. J'aurai sans doute pu sauver beaucoup de personnes de Voldemort. Ne reproduis pas nos erreurs, laisse-lui une chance, conseilla simplement Sirius.

Harry grimaça, mais n'ajouta rien. Sirius songea que ça serait compliqué. Pourtant il était persuadé que les relations conflictuelles entre Maisons pourraient être résolues si, simplement, deux personnes acceptaient de se parler et de faire une trêve. Il était sûr que Draco Malefoy avait plus à apporter que ce que Harry pensait. La guerre arrivait. Et il leur fallait des alliés. Il espérait juste que Cissy serait de son côté.

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– Tu es doué en duel, remarqua Sirius après avoir pris un sortilège en plein dans le bras ce qui l'avait paralysé pendant quelques secondes, suffisantes à Harry pour l'achever.

Harry adorait les duels. Il n'avait jamais eu de professeur de Défense contre les Forces du Mal qui soit bon, mais il avait toujours trouvé la matière intéressante. Depuis qu'il était dans la maison des Black, il avait récupéré de nombreux livres de Défense et s'entraînait à lancer les sorts sous l'œil attentif de Sirius.

Harry s'était beaucoup amélioré et il bougeait plus. Au lieu de rester stoïque, son exercice physique le rendait beaucoup plus agile et il pouvait sauter, se pencher, s'écarter pour éviter un sort sans se sentir essoufflé. Ils n'avaient plus refait de sport de combat, mais cela convenait parfaitement à Harry.

– Je sais que ton père utilisait une technique particulière pour se battre, dit finalement Sirius.

– Qu'est-ce qu'il faisait ?

– Il utilisait la Métamorphose. En fait, quand un sort arrivait sur lui ou sur un de nous, il métamorphosait quelque chose pour que le sort heurte cette chose et non lui. Ça peut être utile parfois, quand on est trop loin pour lancer un bouclier. Moi j'avais plutôt tendance à...

– Foncer dans le tas ?

– En effet, s'amusa Sirius. On pourrait essayer l'été prochain. Mixer les matières. C'est intéressant.

– Oui, ça serait super, sourit Harry.

Il adorait quand Sirius parlait de l'été prochain. Cela lui donnait de l'espoir.

– J'ai toujours eu des profs nuls en Défense, soupira Harry. C'est bien d'avoir quelqu'un qui m'apprend vraiment quelque chose.

– Quelles sont tes matières préférées ? demanda Sirius quand ils se retrouvèrent autour d'un thé.

– J'aime bien la Défense, depuis que je suis ici. Avant, j'aimais bien mais les profs étaient vraiment horribles.

– Oui, entre un qui a la tête de Voldemort à l'arrière de la tête et l'autre qui a inventé ses succès, je peux le comprendre, ricana Sirius.

– J'aime bien les Sortilèges. Et j'adore la Métamorphose. Les autres cours sont bien, mais je préfère quand on fait de la pratique.

– J'adorais ça aussi.

– Tu étais doué ? À l'école, je veux dire.

– Très, se vanta Sirius. On désespérait Remus avec ton père, parce que nous étions très doués sans même avoir besoin de travailler. On faisait toujours tout au dernier moment, mais on avait de très bons résultats.

– Et ma mère ?

– Ta mère était une sorcière incroyable. Elle aussi elle avait le truc pour la magie, comme nous. Mais elle travaillait beaucoup plus dur.

– C'est quoi le truc pour la magie ? demanda Harry en fronçant ses sourcils.

– C'est quelque chose d'inné. Généralement il nous fallait quelques essais pour réussir un sort. Une fois qu'on a compris le truc c'était facile. Remus travaillait énormément pour avoir de bonnes notes, nous non. On arrivait simplement à lancer les sorts parce qu'on avait compris comment fonctionnait notre magie.

– C'est injuste, grimaça Harry.

– Oui. Ça s'appelle un don.

– Tu n'as pas l'impression de te vanter ?

– C'est dans la nature d'un Black de se vanter, rit Sirius.

– Ma mère était comme ça aussi ?

– Oui, très instinctive quand il s'agissait de magie, réfléchit Sirius. En fait c'est ça, c'est ne pas réfléchir. Avoir une puissance magique c'est une chose. Mais là c'est plus que ça, c'est savoir l'utiliser. Comprendre sa Magie. Être dans l'instinct. Tu as ça en toi aussi.

– Moi ? s'étonna Harry. Je suis très moyen tu sais, c'est Hermione qui...

– De ce que tu m'as dit, Hermione travaille énormément. Elle doit s'entraîner à réaliser les sortilèges avant les cours. Elle a aussi des facilités parce que, plus tu t'entraînes, plus il est facile de réaliser un sort. Mais toi... tu n'as pas besoin de travailler pour avoir une grande puissance magique. Tu as vaincu un basilic, tu as combattu Voldemort...

– Ce n'étaient que des coups de chance. Et la magie n'a rien à voir là-dedans. J'ai eu de l'aide à chaque fois.

– Sans doute, mais tu as quand même réussi à apprendre des tonnes de sortilèges de Défense depuis que tu es là et tu n'as même pas l'air fatigué. Harry, on fait des Duels d'un niveau de quatrième voire cinquième année. Le Stupefix n'est pas enseigné avant la quatrième année. Je ne te parle pas de l'Expelliarmus.

– Je l'ai appris en deuxième année, opposa Harry.

– Oui. Tu as appris à jeter le sort et à prendre la baguette de quelqu'un. Mais ce n'est pas ce que tu fais, dit Sirius qui semblait très amusé. Quand tu envoies ton sort, il est tellement puissant, qu'il prend me désarme et me projette au sol.

– Je pensais que c'était normal.

– Justement ! s'écria Sirius. Non. Ce n'est pas normal. Tu as de la puissance, c'est tout. Et tu le fais instinctivement, comme ton père, dit-il fièrement.

– Pourquoi tu ne m'as pas dit que ce n'était pas de mon niveau ? dit Harry en fronçant ses sourcils.

– Je ne pensais pas que c'était important. J'ai vu que tu y arrivais sans mal. Tu as mis deux jours à maîtriser le Stupefix, donc j'ai augmenté le niveau sans te le dire.

– Pourquoi ? répéta Harry.

– Parce que tu n'as pas confiance en toi. Je ne sais pas pourquoi, admit Sirius. Mais je vois que tu te bloques quand je parle des sorts qui ne sont pas étudiés avant la quatrième année. Tu te brides. Tu ne veux pas montrer que tu réussis. Je sais que tu as des résultats moyens. Mais ta Magie est loin d'être moyenne.

– Comment tu peux...

– Harry, je le vois. Tu pourrais réaliser de grandes choses. Tu as transplané quand tu étais enfant !

– Transplané ?

– Oui, les sorciers peuvent se rendre d'un endroit à l'autre en transplanant. C'est ce que tu m'as dit, n'est-ce pas ? Que tu t'étais retrouvé sur le toit un jour. Et bien c'est du transplanage, on ne l'apprend qu'en septième année. La plupart des sorciers font leurs actes de magie volontaire en soulevant dans les airs un bonbon. Toi, tu as carrément transplané !

– Je n'ai pas...

Sirius soupira et sortit sa baguette.

– La formule c'est Aguamenti.

Aguamenti ? répéta Harry. De quoi est-ce que tu...

Sirius pointa sa baguette sur la table et y mit le feu. Harry sursauta en regardant autour de lui pour trouver de l'eau. Puis, il comprit. Il ne réfléchit pas une seule seconde, alors que les flammes montaient et menaçaient de s'attaquer à Sirius qui ne bougeait pas. Il se concentra un instant sur le sortilège.

Aguamenti! cria Harry alors qu'un jet d'eau plutôt fin s'échappait de sa baguette.

Sirius éclata de rire et l'aida à éteindre le feu.

– Tu es fou ? s'exclama Harry.

– Je voulais juste te montrer que tu peux y arriver. C'est un sortilège de sixième année au moins. Tu es loin d'être moyen au niveau de la puissance. Tu te rends moyen. La question est : pourquoi ? Ça je ne peux pas te le dire. Tout ce que je sais c'est que, la théorie c'est bien, mais le plus important c'est la pratique. Avec de la pratique tu seras un aussi grand sorcier que tes parents. Poudlard est là pour t'aider à progresser. Si tu limites la magie, même inconsciemment, ils ne pourront pas t'accompagner pour que tu maîtrises ta puissance.

Harry sourit en sentant une pulsion de fierté dans son corps.

Il s'interrogea longuement sur le point de savoir si Sirius disait la vérité. Puis, il songea qu'effectivement il ne manquait pas de magie : il avait réussi à reproduire le sortilège de Tom Jedusor contre les araignées sans même l'avoir réalisé avant, il avait gonflé sa tante comme un ballon, il adorait la magie pure et prenait plaisir à apprendre de nouveaux sortilèges.

Alors pourquoi ne voulait-il pas montrer ce qu'il savait faire ? La réponse était simple et il la connaissait déjà, au fond de lui. En arrivant chez Sirius il avait vu à quel point il aimait lire, approfondir certaines matières, mais surtout pratiquer la magie.

À Poudlard il ne l'avait jamais fait. D'une part, parce que Ron n'était pas intéressé par les cours et qu'il ne voulait pas le laisser seul. D'autre part, parce que les cours étaient une prérogative de Hermione. C'était elle qui était intelligente et qui travaillait dur. Il ne voulait pas lui faire de peine.

Derrière lui, flottait aussi le visage de Dudley. Son oncle l'avait menacé de le frapper pour qu'il n'ait pas de meilleures notes que Dudley. Il avait préféré rester moyen pour éviter la colère de son oncle. Il avait reproduit ce comportement à Poudlard, sans même s'en rendre compte.

– Personne ne t'en voudra si tu as de bonnes notes, dit Sirius qui semblait lire dans ses pensées. Nous étions en tête de liste et pourtant les autres nous adoraient. Enfin, tous les élèves, sauf les Serpentard.

Harry hocha la tête.

– Ne te bride plus, s'il te plaît.

Et Harry promit. Parce que Sirius avait raison : une guerre allait se préparer. Et Harry se devait d'être prêt. Il aimait les cours, du moins certains. Il aimait pratiquer la magie. Il voulait devenir un grand sorcier, comme ses parents. Plus jamais il ne voulait se retrouver dans une situation où seule Hermione savait comment réagir. Il devait pouvoir se défendre seul. Il devait pouvoir se battre sans se demander comment il allait rester en vie. Parce que Voldemort lui avait promis : ils allaient se revoir. Et, à ce moment, il devait être prêt.

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Quand Sirius lui raconta une énième blague que les Maraudeurs avait faite, Harry se rendit compte qu'elle visait une fois de plus les Serpentard.

– Vous ne visiez que les Serpentard ?

– En partie, oui, soupira Sirius. Maintenant je le regrette.

– Pourquoi ?

– Parce que tous les Serpentard n'étaient pas méchants. Mais qu'on a dû en forcer deux ou trois à le devenir à cause de nos blagues.

– Tu parles de Rogue ?

Sirius eut un reniflement dédaigneux.

– On se haïssait. Enfin, il détestait surtout James. Je pense que c'était parce que James était cool et populaire et pas lui. Il traînait énormément avec ta mère au départ, il a dû être jaloux de voir que ta mère tombait amoureuse.

– Je croyais qu'ils se détestaient.

– Oui. Mais tout le monde pouvait voir à quel point ils allaient bien ensemble. Et je ne sais pas trop pourquoi Lily a arrêté de parler à Rogue. Mais Rogue et nous c'était de la haine. Je le détestais parce que c'était un Serpentard et ton père parce qu'il était ami avec ta mère. Et Rogue nous détestait parce que ton père était amoureux de Lily.

– Tu sembles le regretter ?

– Depuis que je sais que Regulus n'a pas voulu être au service de Voldemort, mais y a été presque obligé... je me dis que nous avons dû faire pareil avec certains Serpentard. Même Rogue. Je vois à présent qu'on les a traités comme on traitait les loups garous : le mépris, les préjugés, la haine... alors qu'on ne les connaissait pas.

– Qu'est-ce qui t'a fait penser ça ?

– Ce que tu m'as raconté sur ton cousin, grimaça Sirius. Je me suis rendu compte que c'était exactement le même comportement que j'ai eu avec Rogue. Je le détestais parce qu'il était à Serpentard et que, pour moi, ça signifiait Mangemort. Mais j'avais tort. Regarde mon frère... Et surtout, j'ai sans doute poussé Rogue à partir de ce côté. Quoi que, il ne me semble pas qu'il ait été un Mangemort un jour, je ne sais pas. En tout cas, je ne l'ai pas aidé à devenir quelqu'un de bien. S'il avait eu besoin d'aide, vers qui aurait-il pu se tourner ? Les Serpentard étaient presque tous à la solde de Voldemort et les autres maisons détestaient les Serpentard.

– Mais les Serpentard sont...

– Rusés ? Oui. Mages noirs ? Non. J'ai vu Peter trahir ton père, dit Sirius d'une voix sourde, j'ai vu Regulus devenir un sorcier qui a tout fait pour se détourner de Voldemort. Je crois que les maisons importent peu. Mais que nous avons contribué à rendre certains Serpentard mauvais.

– Comment ? demanda Harry.

– Voldemort n'avait qu'à leur dire : regardez comment l'autre camp vous traite. Vous souhaitez vraiment leur ressembler ?

– Dumbledore m'a dit que mon père avait sauvé Rogue, dit Harry d'un ton anxieux. Et que c'est pour ça qu'il le détestait.

Sirius pâlit dangereusement.

– En effet. C'était ma faute. La pire erreur de ma vie, souffla Sirius. J'étais tellement aveuglé par ma haine. Comme je te l'ai dit, Remus se transformait toutes les pleines lunes dans la Cabane Hurlante. Rogue est venu me voir un jour et il m'a provoqué. Et, comme toujours, j'ai réagi au quart de tour.

– Qu'est-ce que tu as fait ? demanda Harry.

– Je lui ai dit que, s'il voulait des réponses, il devait aller dans la Cabane Hurlante. Il y est allé. Il est tombé sur Remus qui venait de se transformer. James... quand il l'a appris, il est devenu fou. Il a couru jusqu'à la Cabane Hurlante et il a sauvé Rogue. Rogue l'a détesté encore plus car il est passé pour un héros. Dumbledore a fait promettre à Rogue de ne jamais révéler ce qu'il avait vu.

– Tu as eu quoi comme punition ?

– Presque rien, comparé à ce qui aurait pu se passer. Il m'a enlevé des points et j'ai été en retenue tous les week-end jusqu'à la fin de l'année. Il aurait pu me renvoyer, mais bon... la seconde chance de Dumbledore, tu sais.

– Comment a réagi Remus ?

– Dévasté, murmura Sirius d'une voix blanche. Je crois que c'est à partir de ce moment-là que nos liens se sont distendus. Il m'en a voulu. Et je le savais. S'il était arrivé quelque chose à Rogue par sa faute... Et il s'en voulait d'avoir fait peur à Rogue. Je n'ai pas pensé aux conséquences.

– Et mon père ?

– Il était furieux. Et il a compris quand je lui ai raconté que Rogue m'avait provoqué. Mais il a été en colère pendant des semaines. Nous avons mis six mois à retrouver notre complicité entre Maraudeurs après ça.

– Mais, finalement, Remus t'a pardonné ?

– Oui. Mais ça ne veut pas dire que moi, oui. Quand j'étais à Azkaban j'ai eu le temps de réfléchir et je sais que je me suis mal comporté avec Rogue. Cette blague, c'était la blague de trop. Après ça, nous nous sommes calmés. James a changé, il est devenu plus mature. Et je l'ai suivi. Je savais que j'étais passé proche d'être envoyé à Azkaban et je me suis tenu à carreau. Nous sommes entrés en septième année et il a commencé à sortir avec Lily. Pour moi, c'était oublié. Mais de toute évidence, Rogue a encore de la rancœur. Ce que je comprends.

– Que ferais-tu aujourd'hui ? demanda Harry qui songeait à Draco Malefoy. Pour les Serpentard ? On sait que Voldemort va revenir et tu sembles penser qu'ils ne sont pas tous mauvais.

– Ils ne le sont pas, ils le deviennent. Aujourd'hui, je leur donnerais le choix.

– Ils ont le choix.

– Non. Si Voldemort revient, la plupart seront entraînés par leurs parents, dit Sirius. Comme mon frère. Et quelle alternative ont-ils ? Suivre leurs parents ou des personnes qui les détestent. Alors que si les maisons deviennent amies... Dumbledore a raison sur ce point, l'amour et l'amitié peuvent empêcher la peur. Parce que la peur qu'ils auront va mener à la colère, puis à la haine et à la souffrance. Si tu leur donnes une chance, alors ils auront le choix. Si j'avais tendu ma main à mon frère, sans doute qu'il ne serait pas devenu un Mangemort.

– Même à ceux qu'on déteste ? souffla Harry.

– Oui. Tu les détestes peut-être mais tu ne les connais pas. Laisse-leur une chance de s'approcher de toi, tu pourrais être surpris.

Harry songeait que jamais Draco Malefoy ne pourrait changer. Mais que Sirius avait raison. Il fallait donner un choix. Et que la haine n'était pas un choix valable. Peter s'était retourné contre ses amis par peur. S'il avait une chance de ne sauver qu'un Serpentard si Voldemort revenait, alors pourquoi pas ?

– Les Serpentard ont aussi de très bonnes relations. Ils sont rusés, pour la plupart de sang pur. Ils constituent des atouts politiques majeurs. Parce que Voldemort est une chose, mais c'est le futur de la magie qui est en jeu. Les maisons ne peuvent pas continuer à se haïr à ce point.

Harry se dit que la haine qu'il entretenait avec Draco Malefoy ne devait pas l'aider.

– Si on veut vaincre Voldemort, il faut se battre ensemble.

– Mhm si tu le dis.

– Il est tard, grimaça Sirius. Les vieux hommes comme moi ont tendance à divaguer.

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