PARTIE UNE – Sirius Black s'échappe d'Azkaban et décide d'aider Harry. Ils apprennent à se connaître et Sirius découvre que la vie de son filleul n'a pas été de tout repos. Il comprend que Voldemort va revenir et se promet de tout faire pour protéger Harry de la menace. Mais pour cela, il doit être innocenté.

Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci à toutes les deux pour votre rapidité, votre bonne humeur et vos excellentes corrections, c'est un vrai plaisir de savoir que vous travaillez avec moi sur cette histoire !)

N/A : MERCI A TOUS ! Il y a de plus en plus de personnes qui suivent les aventures de Sirius et Harry, qui commentent et qui lisent tout simplement l'histoire alors un grand merci à vous. Je ne pensais pas que cette histoire plairait autant. Voici le dernier chapitre de la partie 1. Ensuite, ce sera la rentrée à Poudlard. La partie une était longue mais les autres le seront encore plus. Je ne pense pas publier la partie 2 avant une bonne semaine pour me laisser le temps de prendre un peu d'avance. Bonne lecture à vous et merci à tous !


Partie 1. Chapitre 5.

"Magie noire"

– J'ai trouvé ! fut la première chose que Sirius lui dit ce matin-là.

Harry était encore à moitié endormi et accepta la tasse de café de Kreattur avec plaisir. Il avait mangé sur le pouce, envahi par les cauchemars et n'avait dormi que deux heures.

– Trouvé quoi ? grommela Harry.

– Le code ! Le code de mon frère, expliqua Sirius, l'air ravi.

– Oh super... Quoi ? s'exclama Harry en comprenant enfin les paroles de Sirius. Quand ?

– Cette nuit. J'ai rêvé de mon frère et... je ne sais pas, ça m'est venu comme ça.

– C'était quoi le code alors ?

– Un code très compliqué. On bougeait les lettres de trois en avant. On faisait une première traduction, puis on reculait de cinq en arrière. Et il y a aussi quelques symboles et des codes plus complexes pour certains mots. Mais ça devrait aller. Je vais faire la traduction. Il y a beaucoup de pages, je vais en avoir pour la journée. Ça te dérange si...

– Pas de soucis, dit Harry. Je vais traîner ici avec Kreattur et finir mes devoirs.

– Super. N'hésite pas si tu as besoin de moi.

Harry accompagna Sirius dans le salon où ils avaient leurs habitudes. Sirius se mit tout de suite au travail, entouré par des bouts de parchemin, sa plume à la main, calculant et comptant les lettres. Parfois il raturait, grognait, déchirait des parchemins en maudissant les "stupides codes moldus" et Regulus sur dix générations.

Harry était amusé de le voir s'acharner autant. Il termina rapidement tous ses devoirs et décida d'aller voir Kreattur pour voir ce qu'il préparait pour le repas du midi. Sirius lui avait dit qu'il ne mangerait pas et lui souhaitait bon appétit, le nez plongé dans le petit carnet.

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Sirius était un petit garçon très joyeux, j'ai toujours été dure avec lui, expliqua Walburga, alors que Harry finissait sa tarte à la mélasse.

Il s'était installé par terre pour déjeuner, face au tableau et la mère de Sirius en avait été ravie. Elle babillait depuis plus de trente minutes sur ses formidables garçons. Harry ne voulut pas lui faire de la peine en lui rappelant que Sirius avait quitté la maison à cause de ce qu'elle lui avait fait subir.

– Pourquoi ?

Parce que c'était l'aîné. Il devait représenter les Black. Les aînés sont très importants dans les familles de sang pur car ce sont eux qui sont censés perpétuer la lignée et le nom des Black. Évidemment, Regulus a été ravi de reprendre la place de son frère, mais il n'avait pas autant de charisme que Sirius.

– Regulus avait l'air très intelligent.

Il l'était. Tous les deux. Mais Sirius avait...

– Le truc de la magie ? demanda Harry.

On ne dit pas "truc", c'est très malpoli, claqua Walburga. Mais oui, il avait quelque chose en plus. Alors je l'ai poussé. Sans doute trop.

– Et Sirius et Regulus, ils s'aimaient bien ?

Les meilleurs amis du monde, grimaça Walburga. Ils m'en font fait voir pendant des années. Sirius n'a jamais dénoncé Regulus. En fait, je n'ai jamais puni Regulus. Je savais qu'ils complotaient ensemble, mais Sirius a toujours pris la faute sur lui. Une fois j'ai pris Regulus sur le fait. Alors, Sirius a fait tomber mon vase préféré pour que je ne punisse pas son frère,sourit-elle.

– C'est mignon, dit Harry qui songeait que Sirius avait ça en lui, cette volonté de protéger les autres.

Quand Sirius est entré à Poudlard, Regulus était si triste. Et puis, Sirius a été réparti à Gryffondor. Et nos relations se sont définitivement tendues. Quand son frère a été réparti à Serpentard, ils ne se sont plus adressé la parole.

– À cause de Sirius ?

Pas seulement, admit Walburga. Je pense que Regulus voulait s'intégrer à Serpentard. Sirius était à Gryffondor et à l'époque les relations entre les deux maisons étaient très tendues.

Harry songea que ça n'avait pas tant changé que ça.

Sirius détestait les Serpentard, continua-t-elle. Regulus et lui, ils n'avaient pas les mêmes opinions sur les moldus. Alors Sirius a coupé les ponts. Quelques années plus tard, il partait de la maison et n'est jamais revenu.

– Il a quitté la maison à quel âge ?

Seize ans, grimaça Walburga. J'étais si en colère que je l'ai renié. Regulus a mis des mois à s'en remettre, même s'il ne le montrait pas. Leurs dernières années à Poudlard ont été très tendues. Regulus voulait s'intégrer donc il s'est mis à fréquenter des Serpentard et, finalement, les partisans du Seigneur des Ténèbres.

Harry grimaça.

– Je me demande pourquoi Regulus a changé d'avis sur Vol... Vous-Savez-Qui, se reprit Harry en voyant le tableau lui faire les gros yeux.

Je ne sais pas. Je suis un tableau. Je sais qu'il est venu me voir en me disant que le Lord n'était pas celui qu'on croyait, qu'il ne voulait pas le bien des sangs purs, mais juste arriver au pouvoir par la terreur.

– Pourquoi est-ce que vous détestez les moldus et nés-moldus ? demanda finalement Harry.

Ce sont des êtres infâmes qui volent notre magie !

– Sérieux ? rigola Harry.

On ne dit pas "sérieux" sur ce ton à une dame, Mr Potter.

– Désolé. Mais juste... je croyais que toutes les lignées de Sang Pur s'éteignaient. Vous ne croyez pas qu'à force de vous marier entre vous vous allez perdre votre magie ? Sirius m'a dit que les cracmols étaient sans doute liés au fait que la magie ne se renouvelait pas.

Ce sont des sangs impurs,dit Walburga.

– Certains sorciers issus du monde moldu sont de très grands sorciers, affirma Harry qui pensait à Hermione.

Ils volent notre magie.

– Et comment ils feraient ça ? Ils viennent du monde moldu. C'est sans doute... un de leurs ancêtres était forcément sorcier, non ?

Cela n'a jamais été prouvé. Ils arrivent avec leur monde moldu et veulent tout changer. Ils veulent tout contrôler, ils veulent que la technologie moldue soit intégrée chez nous. Ils ne veulent pas s'intégrer.

– Vous avez peur ?

Oui. J'ai peur qu'ils s'installent durablement et changent notre monde. Nous avons des traditions qui ne sont pas respectées, à cause de ces gens-là. Ils ne veulent pas s'intégrer, donc ils doivent partir. Et ne pas se mélanger avec nous.

Harry songeait que ce n'était pas très juste car sans doute que s'ils ne s'intégraient pas, c'est qu'ils ne le pouvaient pas. Mais il savait qu'il n'arriverait pas à faire changer d'avis Walburga sur ce point.

– Et Sirius...

La fin de sa phrase fut coupée par Sirius qui déboula dans le couloir en le cherchant. Il avait l'air dévasté et se précipita sur Harry pour l'entraîner dans un câlin. Il le serrait si fort qu'il lui faisait mal, mais Harry n'osa pas dire quelque chose. Il fallut quelques minutes à Sirius pour se calmer. Il respirait difficilement, son visage était pâle et il tremblait. Pour la première fois, Sirius semblait mal en point.

– Ça ne va pas ? demanda Harry très inquiet.

– J'ai lu le carnet. J'ai fait toutes les traductions. J'ai refait ça des dizaines de fois, mais je ne me suis pas trompé.

– Assieds-toi.

Harry appela Kreattur pour qu'il apporte un verre d'eau à Sirius. Sirius s'assit en face de sa mère en grimaçant.

– Salut maman.

Ne me dis pas "salut" comme un vulgaire...

– Ok, bonjour chère mère, dit Sirius en levant ses yeux au ciel. Je suis parti de la maison, je t'ai traité de vieille folle et tu veux que je te dise bonjour. Elle est complètement tarée, si tu veux mon avis, chuchota-t-il à Harry.

– Qu'est-ce que tu as lu ? s'enquit Harry.

Sirius blanchit et se retint de vomir son petit-déjeuner. Il avait passé moins de temps que prévu à déchiffrer le journal. Il avait procédé à toutes les traductions et avait lu toutes les recherches de Regulus sur une forme de magie très noire. Regulus parlait dans son carnet d'une caverne, de Kreattur, de Voldemort. Tout était confus et Sirius avait eu du mal à saisir l'enjeu du carnet.

À la fin, Regulus avait gribouillé un mot. Huit lettres. Il avait compris que ce mot était le plus important, celui qui lui permettrait de comprendre l'ensemble des indications de son frère. Il l'avait su quand il avait compris que ce mot était protégé par un code maximal : il fallait faire de multiples opérations de conversation, ajouter des nombres, multiplier certaines lettres...

Sirius y avait passé plus d'une heure, essayant de se souvenir des codes, avant d'arriver à déchiffrer le mot. Et de comprendre le carnet.

– C'est pire que tout ce que j'aurais pu imaginer, dit Sirius.

– Tenez, Maître Black, dit Kreattur en lui tendant le verre.

– Reste ici, tu veux, dit Sirius en soufflant et avalant l'eau d'une traite. J'ai besoin que tu me dises ce qu'il s'est passé la nuit où Regulus est mort.

Walburga retint son souffle. Kreattur semblait hésiter entre partir en courant, ne pas trahir Regulus et obéir à son Maître.

– Je sais qu'il t'a dit de ne pas en parler, dit Sirius d'une voix douce. Mais j'ai besoin de savoir. Je sais qu'il t'a demandé de faire quelque chose. C'était marqué dans son carnet, expliqua-t-il en lui montrant le petit carnet. Il a parlé d'une caverne et...

Au mot "caverne" Kreattur se mit à pleurer à gros sanglots.

– Kreattur a failli ! Kreattur est un mauvais elfe ! Kreattur ne veut pas trahir Maître Regulus !

– Tu ne vas pas le trahir, affirma Sirius d'une voix forte. Tu vas honorer sa mémoire en me disant ce que vous y avez trouvé. Raconte-moi tout depuis le début. Je te promets que tu n'auras pas d'ennuis.

– Maître Regulus m'a fait promettre de ne jamais en parler à Maîtresse Walburga.

– Je ne suis pas Maîtresse Walburga, s'amusa Sirius. Tu ne crois pas qu'il aurait voulu que son frère sache ce pour quoi il a été assassiné ? Tu n'auras pas de problème, mais raconte-nous.

La voix de Kreattur était entrecoupée de pleurs et de sanglots, mais ils comprirent l'essentiel. Voldemort avait demandé à Kreattur de l'aider à cacher un objet dans une caverne. Kreattur avait été sauvé par Regulus. Regulus avait fait des recherches, consignées dans le journal. Il avait demandé à Kreattur de l'amener là-bas. Il était mort et avait demandé à Kreattur de détruire le médaillon.

– Apporte-moi le médaillon.

Kreattur trottina et revint avec un lourd médaillon en or, avec la lettre S sertie de petites pierres vertes.

C'est le médaillon de Serpentard, siffla Walburga impressionnée.

– Maître Regulus m'avait fait promettre...

– Kreattur, dit Sirius d'une voix forte, je te promets que je vais le détruire. Je vais détruire ce médaillon et honorer la mémoire de Regulus.

– Merci, Maître Sirius ! cria Kreattur en éclatant en sanglots.

Sirius fut ébranlé que Kreattur l'appelle "Maître Sirius", mais sourit largement.

– Tu peux retourner travailler si tu le souhaites.

– Merci, Maître Sirius.

Kreattur semblait beaucoup plus heureux en repartant et Harry trouva ça touchant. Touchant que Sirius fasse des efforts avec son elfe.

– Est-ce que tu peux m'expliquer ? demanda Harry qui voulut prendre le médaillon des mains de Sirius.

Ce dernier posa le médaillon loin de Harry et posa un regard très inquiet sur lui. Le regard de Sirius se posa sur la cicatrice de Harry.

– Je peux regarder ta cicatrice ?

– Euh... oui.

Sirius posa des mains douces et chaudes sur sa cicatrice. Il l'observa un instant, mais ne dit rien. Il regarda sa mère et regarda enfin Harry, l'air grave.

– Harry, ce que je vais te dire... Ça risque... je ne sais même pas si je devrais t'en parler.

– Tu m'as promis, dit Harry d'une voix accusatrice. On marche à deux. Explique-moi.

– Ça risque de te choquer.

– C'est à propos de Voldemort, n'est-ce pas ?

– Qui d'autre ? souffla Sirius.

Ses yeux étaient flamboyants et il semblait sur le point d'assassiner quelqu'un. Harry le voyait à présent comme il avait dû être au moment de la guerre : prêt à tout pour terrasser ses adversaires.

– C'est évidemment une découverte qui devra rester secrète. Même pour tes amis.

– D'accord, répondit Harry.

Il avait vu l'air paniqué de Sirius, sa peur, et savait qu'il n'imposerait plus une telle chose à ses amis. Ce n'était pas leur combat. Ils avaient déjà été entraînés assez dans ses galères.

– Regulus avait découvert que Voldemort avait créé des Horcruxes.

Walburga posa ses mains sur sa bouche après avoir laissé échapper un cri de stupeur. Elle avait les yeux écarquillés et semblait sur le point de défaillir.

Tu as dit "des", dit Walburga d'une voix blanche.

– Oui. J'ai dit "des", confirma Sirius d'un ton grave et sérieux que Harry ne lui connaissait pas.

– On va commencer par le début, dit-il d'une voix blanche. Regulus a compris en voyant Kreattur que quelque chose s'était passé. Il lui a demandé de lui parler du médaillon et j'ai l'impression qu'il a vite compris que c'était un Horcruxe. Il a demandé à Kreattur de le détruire car il savait qu'il ne pourrait pas survivre à la caverne.

– Euh... c'est quoi un Horcruxe ? demanda Harry d'une petite voix.

Une abomination ! dit Walburga d'une voix blanche. Une infamie. C'est quelque chose que même un monstre ne ferait pas !

Sirius lui jeta un regard noir, avant de regarder Harry sans savoir comment lui expliquer ça avec des mots qu'il comprenne et qui ne lui fassent trop peur. Il pensa que c'était trop tard. Harry avait déjà peur.

– Un Horcruxe c'est un sortilège de magie noire. Très noire. Ça permet de séparer son âme en deux et d'enfermer cette âme dans un objet ou même dans un animal.

– Mais pourquoi on ferait ça ? grimaça Harry.

L'âme du sorcier est protégée dans l'objet. On ne peut pas mourir.

Harry eut un mouvement de recul en comprenant ce que Walburga venait de dire.

– Donc... comprit Harry. Si Voldemort est toujours vivant...

– C'est parce qu'il a créé un Horcruxe qui le maintient en vie.

– Donc il est vraiment mort cette nuit-là ?

– Sans aucun doute. Il est mort, mais il ne pouvait pas mourir.

– Comment fait-on pour créer un Horcruxe ? demanda Harry.

Sirius et sa mère se regardèrent sans oser répondre.

On tue, dit simplement Walburga.

– Il y a aussi un rituel complexe, dit Sirius. Mais oui, en gros, c'est l'idée. On tue de sang-froid.

Harry grimaça en sentant des sueurs froides couler dans son dos.

– Donc, Voldemort ne peut pas mourir ?

– Tant que les Horcruxes existent, il ne peut pas mourir, admit Sirius. Mais si on les détruit... Alors il redeviendra mortel. C'est ce que Regulus avait découvert. Il voulait sans doute détruire l'Horcruxe pour que quelqu'un puisse définitivement tuer Voldemort. Tous nos combats ne servaient à rien... il est juste immortel pour le moment.

– Mais pourquoi quelqu'un voudrait ça ?

– Le pouvoir, grimaça Sirius. Tu imagines ne jamais mourir et arriver au pouvoir ? Tu pourrais faire ce que tu voudrais, tuer qui tu voudrais... tu serais juste toujours en vie. Évidemment, Voldemort est à peine vivant pour le moment. Mais il peut revenir, parce qu'il ne peut pas mourir.

– Donc tout ce qu'on a à faire c'est détruire le médaillon ? dit Harry déterminé.

– Je t'aurai dit oui, si tu ne m'avais pas parlé de ce que tu as vécu à Poudlard, dit Sirius en grimaçant.

Tu as parlé des Horcruxes, il y en a plusieurs ? demanda Walburga.

– Au moins deux. Le journal que tu as détruit, indiqua Sirius en se tournant vers son filleul.

– Le journal était un Horcruxe ?! s'exclama Harry.

– Oui. Je pense. En fait, quand tu m'as parlé de comment l'âme de Voldemort était sortie et avait pris le contrôle de ton amie... Je ne sais pas, mais j'ai trouvé ça étrange. Il avait l'air de penser par lui-même. C'est impossible qu'un journal fasse ça, mauvais sort ou non. Et j'ai compris qu'il y avait quelque chose d'étrange. Quand j'ai lu le mot "Horcruxe" j'ai tout de suite pensé au journal.

– Comment as-tu su ce que c'était ?

– De la même manière que Regulus, expliqua Sirius. Les Black sont réputés pour être une famille qui fait de la magie noire. Ce n'est pas totalement vrai, on apprend la magie noire. J'ai appris deux-trois choses dans mon enfance avec mon père. Dont ça.

– Quelle superbe lecture pour un enfant, ricana Harry qui essaya de détendre l'atmosphère.

C'était pour le préparer à toute éventualité, indiqua Walburga. Il devait avoir le savoir des Black si jamais il nous arrivait quelque chose. Sirius et son père n'ont pas abordé le comment, mais juste ce que c'était. Je pense que peu de personnes savent de quoi il s'agit.

– Regulus aussi devait savoir. C'est pour cela qu'il a fait des recherches quand Kreattur lui a parlé de ça. Il a compris et il voulait me laisser des indices, au cas-où.

– Donc le journal de Jedusor... commença Harry.

Jedusor ? dit Walburga dans son tableau. Tom Jedusor ?

– Vous le connaissez ? s'étonna Harry.

Évidemment, dit-elle en pouffant, quel jeune homme charmant. Il avait deux ans de moins que moi, un Serpentard et un vrai charmeur.

Sirius et Harry se dévisagèrent un instant. Sirius étira son visage en un sourire amusé et ironique à l'idée que sa mère ait été amoureuse de Voldemort.

– Tom Jedusor est Voldemort, lâcha Sirius.

COMMENT ?! hurla Walburga. C'est impossible ! Lui qui était si mignon !

– Mignon ?

C'était un vrai charmeur, tous les professeurs l'adoraient. Toutes les filles voulaient sortir avec lui, dit-elle en rougissant. Comment a-t-il pu devenir cet homme-là ?

– Je ne sais pas, dit Sirius. Je n'en reviens pas que tu connaisses Voldemort ! Il va falloir qu'on enquête sur lui et tu vas pouvoir nous y aider.

Tu penses qu'il y a d'autres Horcruxes ? comprit Walburga.

– Oui. Je ne sais pas combien, grimaça Sirius, mais s'il est assez fou pour en avoir créé deux ça ne m'étonnerait pas qu'il y en ait plus.

– Comment on va faire pour les trouver ? intervint Harry.

– "On" ne va rien faire, dit sèchement Sirius. Je vais m'en occuper.

– Tu ne pourras pas y arriver seul !

– Bien sûr que non, soupira Sirius. Mais tu ne vas pas m'aider pour ça. Et c'est non négociable, c'est de la magie très noire, Harry. Tu as treize ans par Merlin, ce n'est pas ton rôle !

– Mais je veux aider, tenta Harry la mine renfrognée.

– Tu as déjà détruit le journal, remarqua Sirius. Tu as détruit un Horcruxe. Laisse-moi m'occuper du reste.

Harry grogna en se disant qu'il n'était pas du tout d'accord avec cette décision.

– Tu es enfermé ici, comment est-ce que tu veux faire ça ?

– Je sais que je suis enfermé ici, soupira Sirius. Mais je ne vais pas partir à leur recherche maintenant. Il faut d'abord que je me renseigne sur les Horcruxes, que j'arrive à en savoir plus sur Voldemort...

Sirius a raison mon garçon, c'est de la magie très noire, entourée de beaucoup de sortilèges. Regarde ce pauvre Regulus... Les épreuves que le Seigneur des Ténèbres a faites pour protéger le médaillon étaient sans doute très complexes et mortelles.

Harry capitula en voyant le regard effrayé de Walburga.

– Vous avez sans doute raison. Je vais te laisser faire, Sirius, mais je veux être au courant de tout, s'il te plaît, plaida-t-il.

– Bien sûr, dit Sirius en levant ses yeux au ciel. Je ne vais pas te mettre de côté. Juste, tu ne participeras pas aux recherches. Je veux que tu profites de tes cours et de ton année. Ma mère va me parler de Jedusor et je vais réunir une équipe.

– Qui ?

– Je ne sais pas encore, admit Sirius. Amelia Bones me semble être un bon choix. Elle est à la tête de la Justice Magique. Il faudra que j'attende d'être innocenté pour lui en parler. Ensuite, tu as raison, je pourrais renouer le contact avec Remus... Et il nous faudrait quelqu'un qui s'y connaisse un minimum en magie noire. Mais il faudra attendre pour ça.

– Ça peut attendre tu penses ?

– Oui. Pour le moment, Voldemort n'est pas de retour. Ça nous laisse quelques mois. Je vais mettre le médaillon en lieu sûr et puis commencer par faire le maximum de recherches possibles et chercher les lieux où Voldemort aurait pu cacher les autres. Il faut juste qu'on soit prêts. Je dois chercher tout ce que je peux sur son enfance, sur sa vie. Réunir une équipe. Parler à Malefoy.

– Malefoy ?

– Oui. S'il a donné le journal à ton amie Ginny, il doit sans doute savoir quelque chose. Je veux savoir s'il savait que c'était dangereux à ce point, grimaça Sirius.

– Ce sont des méchants, tu sais.

– On a déjà eu cette conversation, s'amusa Sirius. Je ne pense pas. Tu devrais laisser une chance à ce mini-Malefoy. Ce n'est pas son père. Et son père est un vrai... Bref. Ce n'est pas quelqu'un de fréquentable. Mais ma cousine oui.

– Tu fais un peu trop confiance.

– Tu rigoles ? dit Sirius effaré. Tu as suivi un criminel...

– Oui, marmonna Harry, tu me le dis tous les jours.

– Excuse-moi de trouver ça choquant, répliqua Sirius. Et puis, je ne vais pas leur parler des Horcruxes, juste voir où est leur allégeance. Je suis sûr qu'ils iront du côté de ceux qui protègent leur famille.

– Je n'en suis pas sûr, ils sont mauvais.

– Non. Malefoy père n'était pas quelqu'un de gentil et je pense qu'il était content de suivre Voldemort. Mais tuer des moldus, devenir esclave d'un type comme Voldemort ? Non. Je pense qu'il l'a suivi pour ses idées, mais que les méthodes ne lui ont pas plu. Comme Regulus.

– Pourquoi il n'est pas parti alors ? dit rageusement Harry.

– On ne quitte pas Voldemort en présentant sa démission. Quand on part on est recherché, torturé et tué. Avec sa famille. Je connais Malefoy et la chose la plus importante pour lui, c'est sa famille. Il ferait tout pour la protéger.

– Je ne veux pas devenir ami avec Malefoy ! C'est un petit prétentieux.

– Il a vécu seul avec ses deux parents qui le chérissait. Tu sais, il me rappelle James, s'amusa Sirius. Il était comme ça lui aussi.

– Impossible. Malefoy est toujours à faire des remarques sarcastiques, à montrer qu'il a de l'argent...

– C'est un fils unique. Un fils unique qui a été choyé et qui cherche sa place. Se pavaner c'est la seule chose qu'il connaît parce qu'il prend exemple sur son père, dit Sirius en éclatant de rire. Ton père était comme ça. Au départ j'ai trouvé ça très ennuyeux. Mais quand tu creuses... tu découvres une pépite. Qui sait, peut-être que derrière Draco Malefoy se trouve ton futur meilleur ami.

– Aucune chance. Jamais, au grand jamais je ne serai ami avec Draco Malefoy.

– Je ne parierais pas sur ça, dit Sirius en lui lançant un clin d'œil amusé.

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Harry et Sirius ne reparlèrent plus des Malefoy, même si Harry voyait que Sirius voulait leur parler, il restait opposé à cette idée. Il se dit qu'il avait jusqu'à son innocence pour le convaincre que, non, les Malefoy n'étaient pas fréquentables.

Sirius emprisonna le médaillon dans un coffret qu'il bombarda de sortilèges en tout genre pour l'empêcher de répandre le mal. Il l'installa dans un coffre caché derrière un tableau et Harry fut soulagé de ne plus le voir.

Sirius arrêta ses recherches pour les deux semaines qu'il leur restaient à passer ensemble et promit de s'y atteler dès septembre. Sirius intensifia leurs entraînements. Il faisait travailler Harry sur les duels et les cours de boxes et footing étaient devenus essentiels à Harry qui avait du mal à dormir. Des images de l'âme de Voldemort, de médaillon et de rayon vert hantaient ses nuits. Il ne dit rien à Sirius, mais Sirius avait compris.

Sirius laissa Harry lire plusieurs après-midis et revint avec une potion de sommeil sans rêve qu'il avait préparé, ainsi que la potion pour Pettigrow. Il fit promettre à Harry de ne pas en abuser et de la prendre si vraiment le sommeil était trop difficile. Les nuits furent moins agitées et il reprit peu à peu contenance, s'acharnant dans le travail. Il passait son temps à travailler, à s'entraîner aux duels, à lire et à discuter avec Sirius. Le travail le motivait.

Ils avaient tous deux compris que Voldemort allait revenir. Et il fallait être prêt à toute éventualité.

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Ils parlèrent longuement de leur plan pour attraper Peter et ils se sentaient sereins, même si tout pouvait capoter. Sirius avait simplement peur du procès. Il espérait sincèrement qu'Amelia Bones voulait l'écouter. Il lui fallait des personnes qui soient derrière lui pour préparer sa défense, réunir des preuves. Il ne savait pas si Peter avait la marque sur le bras, mais ça pouvait l'aider. Il allait lui falloir un avocat, parler à la presse. Il avait dit à Harry qu'il s'occuperait de tout cela au moment où Peter serait découvert. Alors, il pourrait contacter les bonnes personnes et commencer sa campagne.

– Il faut que je me batte pour mon innocence et pour ta garde.

– Ma garde ne posera pas de problèmes, assura Harry.

– Tu es sûr de toi ? grinça Sirius. Dumbledore a tant insisté pour que tu ailles chez les Dursley... On verra bien, mais je préfère me préparer.

Harry avait encore une foi inébranlable en Dumbledore ce qui agaçait prodigieusement Sirius. Comment pouvait-il faire confiance à un homme qui l'avait laissé chez des gens comme les Dursley ? Sirius savait que Dumbledore refuserait de laisser partir son protégé et il était prêt à se battre. Il savait que Harry allait être déçu par Dumbledore quand il comprendrait qu'il ne lui voulait pas que du bien et il espérait pouvoir être derrière lui et le rassurer. Parce que la chute serait rude.

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Kreattur avait fait un travail merveilleux avec la maison. Suite à la découverte du médaillon et la promesse de Sirius de le détruire, il avait été encore plus acharné à la rendre habitable. Les murs avaient été presque tous repeints en blanc, il avait tenu à garder certaines vieilleries et Sirius avait accepté. Il lui avait proposé une chambre plus grande, mais Kreattur avait refusé, préférant rester près des cuisines.

Kreattur avait pu acheter de nombreux meubles, grâce aux gobelins qui avaient donné l'argent sans poser de questions. Ce n'était pas la plus belle maison et la plus agréable, mais au moins il n'y avait plus de têtes d'elfes, ni de créatures prêtes à lancer leur venin dans les rideaux et tout était beaucoup plus clair et lumineux.

Sirius s'y sentait beaucoup mieux, même s'il ne pouvait se retenir de frissonner de peur par moment, comme un enfant pris en faute. Il parlait beaucoup plus avec sa mère à présent, même s'il attendait que Harry soit parti pour lui poser des questions sur Voldemort. Il voulait que leurs vacances ne soient pas uniquement focalisées sur Voldemort. Ils travaillaient dur, mais Sirius voulait à tout prix que Harry s'amuse. Le voir sourire était sa plus belle récompense.

Plus le temps passait et plus Sirius remarquait à quel point Harry était différent de James. Ça l'avait contrarié au départ, puis il avait fini par s'y faire. Il avait quelque chose de Lily, mais aussi autre chose ; quelque chose de Harry. Il savait qu'il allait devoir parler de ça à quelqu'un, parce qu'il ne pouvait pas associer Harry à James. Parfois il l'appelait James et non, ce n'était pas acceptable. Ce ne serait jamais acceptable. Son filleul s'appelait Harry. Harry. Il ne remplacerait jamais James comme Sirius ne remplacerait jamais le père de Harry. Mais ils pouvaient s'aider pour surmonter ça.

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– Comment c'était Serpentard à votre époque ?

Fantastique ! Il y avait beaucoup moins de conflits. Les Serpentard ont toujours été plus renfermés, mais il n'était pas rare que des couples inter-maisons se créent. Ma tante, Dorea s'est mariée avec Charlus Potter. Ça n'a jamais été une tare. Du moment qu'elle choisissait un sang pur.

Harry grimaça en écoutant Walburga. Il n'était pas du tout d'accord avec l'idée de purifier la race des sorciers, se débarrasser de ceux qui venaient de familles moldues et de mettre les sangs purs au pouvoir. Quand on connaissait Crabbe et Goyle on ne pouvait pas dire que les sangs purs étaient supérieurs.

Ensuite, les tensions se sont exacerbées. Sans doute avec la montée du Lord. Les autres maisons ne voulaient plus être affiliées aux Serpentard. Alors qu'il y a autant de mages noirs dans les autres maisons,grimaça Walburga. Au moment où Sirius et Regulus sont entrés à Poudlard, les tensions étaient à leur apogée.

– Aujourd'hui c'est la même chose, soupira Harry. Sirius m'a dit qu'il fallait se rapprocher des autres maisons.

Il a raison. Ne lui dis pas que je t'ai dit ça, grimaça-t-elle. À notre époque, les relations étaient pacifiées. Si Gryffondor et Serpentard ont toujours eu de violents conflits, ce n'était pas le cas pour les autres maisons qui ont beaucoup à apporter. Quand les maisons s'entendaient, c'était beaucoup plus agréable pour tout le monde.

– Comment avez-vous réagi quand Sirius a été réparti à Gryffondor ?

C'est Bella qui me l'a annoncé, elle devait en être ravie, s'amusa le tableau. Je l'ai maudit sur dix générations. Je savais qu'il l'avait fait pour me rendre folle. J'ai envoyé des lettres à Dumbledore, c'était très amusant.

– Des lettres à Dumbledore ? Pour vous plaindre de la répartition ? s'étonna Harry en imaginant Dumbledore recevoir une beuglante de Walgurga lors du petit-déjeuner.

Oh oui, assura Walburga. Beaucoup de parents qui ne sont pas d'accord avec la répartition écrivent au directeur pour demander une nouvelle répartition. Mais personne n'a jamais été réparti de nouveau.

– Qu'est-ce qu'il vous a dit ?

Que Sirius était très bien là où il était. Je savais que c'était vrai, Sirius a toujours été très courageux et très impulsif. Il avait tout d'un Gryffondor.

– Ça ne l'a pas aidé...grogna Harry en songeant que son caractère l'avait sans doute conduit à Azkaban.

Non. Mais il est comme ça. À Serpentard il se serait fait tuer. Ils n'auraient pas supporté que quelqu'un vienne remettre en cause ce qu'ils pensaient tous. Serdaigle... non il était trop impulsif pour Serdaigle. Ils sont trop calmes.

– Poufsouffle ?

Elle éclata de rire.

Sirius n'aurait pas été un bon Poufsouffle, même s'il a toujours été loyal. Je savais que ce serait un bon Gryffondor. Mais je lui ai quand même envoyé deux ou trois beuglantes.

– Très amusant, grinça Sirius qui était accoudé sur le mur et observait Harry discuter avec sa mère.

Non, ne l'emmène pas avec toi, plaida Walburga d'un air triste.

– Il doit rentrer au Chaudron Baveur.

J'aime bien discuter avec lui. Très divertissant avec ses idées sur les moldus.

– Tu rigoles ? s'étonna Sirius. Quand je te parlais de ça, tu me jetais des sorts.

Harry a une vision bien à lui, s'amusa Walburga.

– Vraiment ?

– Je pense qu'ils ont simplement peur que les moldus essaient de transformer le monde magique pour qu'il ressemble au monde moldu, expliqua Harry. Ils ont peur de perdre leurs traditions. Mais je reste persuadé que les sangs purs devraient se mélanger, sinon ils risquent de disparaître. Et si les nés-moldus étaient mieux intégrés alors sans doute que les sangs purs n'auraient plus peur de voir leurs traditions supprimées.

– Je suis d'accord, dit Sirius en s'asseyant face à sa mère. Il y a eu beaucoup de cracmols ces dernières années, sans doute parce qu'on se mariaient tous entre nous.

Harry grimaça tant il trouvait ça archaïque.

– Tu sais quand je suis arrivé à Poudlard, je ne connaissais rien du monde magique, dit Harry. J'aurais adoré avoir quelqu'un qui m'explique tout plutôt que de passer pour un fou à chaque fois. Les moldus parlent toujours de leur monde parce qu'ils ne comprennent pas le nouveau.

– Lily m'avait dit qu'il était très difficile de jongler entre sa vie moldue et sa vie de sorcière, affirma Sirius. Elle voulait aussi mettre en place une sorte d'école pour jeunes sorciers, pour permettre aux sangs purs et aux nés-moldus d'apprendre à se connaître, mais surtout pour que les nés-moldus puissent apprendre nos traditions et notre façon de vivre.

– Elle pensait comme moi ? demanda Harry les yeux brillants.

– Oui. Je crois qu'elle a toujours trouvé difficile d'être à la fois une née-moldue et une sorcière. Elle a toujours cloisonné les deux mondes et... Oui, je pense qu'elle aurait voulu que ça change, mais elle ne voulait pas que le monde magique soit effacé au profit du monde moldu.

C'est la faute de ce Dumbledore !

– Pourquoi détestez-vous Dumbledore ? demanda Harry.

C'est un adorateur de moldus. Il a supprimé toutes nos traditions au profit de celles moldues !

– Elle n'a pas tort, admit Sirius. Tu sais que la majorité des nés-moldus retournent dans leur monde à la fin de Poudlard ? Parce qu'ils ne s'intègrent pas vraiment. Quand j'ai commencé à parler à Lily, on a passé des heures à parler des traditions sorcières. James s'en fichait, mais Lily voulait apprendre.

Et quoi de meilleur qu'un Black ?se vanta Walburga.

– En effet, j'étais plutôt au fait des traditions, s'amusa Sirius. Je pense qu'elle était contente de pouvoir en apprendre plus.

– Tu pourras m'apprendre ?

– Je le fais déjà, mais oui, on pourra en discuter, promit Sirius.

– Tu imagines la tête de mes camarades quand j'ai dit que je ne connaissais pas le Quidditch, ricana Harry. Mais je suis d'accord avec vous sur certains points. Le monde sorcier est beaucoup plus petit par rapport au moldu et il faut aussi protéger la communauté.

Walburga avait un regard rempli de fierté et Sirius leva ses yeux au ciel.

– C'est ce que j'ai toujours dit ! s'agaça-t-il.

Oui, mais toi tu me traitais de mégère après, ça enlevait tout le panache de ton discours, je t'ai toujours dit d'être moins vulgaire, claqua Walburga.

– Allez, on discutera traditions plus tard, il faut que tu rentres.

– À bientôt Mrs Black ! lança Harry au portrait.

– Elle t'adore. Je crois que tu lui fais penser à mon frère, dit Sirius avec un soupçon de nostalgie.

– Tu penses qu'elle pourrait m'apprendre des choses sur le monde sorcier ?

– Elle en serait ravie. Et c'est la meilleure pour ça, finit par dire Sirius.

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L'heure du départ de Harry approchait. Ses amis lui avaient écrit et lui avaient donné rendez-vous sur le Chemin de Traverse le dernier jour des vacances. Sirius se sentait triste à l'idée que Harry parte. Ils avaient été ensemble pendant tout le mois d'août et il redoutait de se retrouver seul. Il redoutait que Harry ne trouve pas Peter. Il redoutait de ne pas être déclaré innocent. Il redoutait de se faire attraper et de ne pas pouvoir profiter plus de Harry.

Mais d'un autre côté, il voulait aussi que Harry profite de sa vie. Et pour ça, il devait retourner à Poudlard et ne plus penser à son criminel de parrain. Il allait devoir s'éloigner de toutes ces histoires d'Azkaban, d'Animagus et de Voldemort et profiter de sa vie d'adolescent.

Sirius arrêta leurs entraînements la dernière semaine d'août. Harry était un peu déçu, mais fut ravi quand Sirius lui raconta toutes ses années à Poudlard, leurs blagues, des anecdotes sur ses parents... Ils parlèrent beaucoup de leur plan et il leur sembla que tout était clair dans leur tête. Tout était prêt. Même si beaucoup de choses pouvaient arriver, ils se sentaient prêts.

– Et là, on a changé la couleur des cheveux de toute la Grande Salle, rit Sirius.

– Comment avez-vous fait ?

– Ton père et Remus ont réussi à trouver une potion dans un ouvrage, je pourrais te donner le titre. Et les elfes nous adoraient donc ce n'était pas très compliqué pour la mettre dans la nourriture de tout le monde. Ça a duré toute la journée.

– Le professeur McGonagall devait être ravie, ricana Harry.

– Oui, surtout que la couleur des cheveux changeait en fonction des humeurs de chacun : jaune pour l'ennui, rose pour l'amour, rouge pour la colère, vert pour la jalousie, bleue pour... je ne sais plus le bleu, mais c'était tordant. Le plus drôle c'est que quand ta mère et ton père se sont regardés, leurs cheveux sont devenus rose vif, le rose le plus vif que j'avais vu de ma vie.

– C'était en septième année ? devina Harry.

– Oui. Ils se sont mis ensemble une semaine plus tard. Lily a fini par comprendre que nos blagues pouvaient réellement être drôles.

– Quand elles ne visaient pas que les Serpentard.

– Sans doute. On ne ciblait plus que les Serpentard quand ils se sont mis ensemble, ou alors juste ceux qui étaient des Mangemorts notables comme Rosier qui s'amusait à lancer des sorts aux nés-moldus. James et Rogue ont continué à se haïr mais il n'a plus jamais lancé un sortilège en face de ta mère.

– Une bonne chose, dit Harry qui n'avait pas encore digéré le fait que son père ait harcelé un de ses camarades pendant près de six ans. Tu adorerais les jumeaux Weasley.

– Ils font aussi des blagues ?

– Oui, ils sont très drôles.

Harry lui raconta quelques blagues et Sirius semblait impressionné.

– J'adorerais les rencontrer, assura Sirius. Tu ne m'as jamais parlé d'eux, ce sont tes amis ?

– Ce sont les frères de Ron, on se connaît comme ça, mais on n'est pas vraiment amis.

– Pourtant, ils ont l'air de beaucoup t'apprécier, dit-il.

– Je ne sais pas. Je n'ai pas beaucoup d'amis tu sais, rougit Harry. Je traîne souvent avec Ron et Hermione.

– Pourquoi ?

– Pourquoi quoi ?

– Pourquoi tu ne restes qu'avec eux ?

– Ce sont mes amis.

– Oui, mais ça ne t'empêche pas de rencontrer d'autres personnes. Tu peux être amis avec eux, mais parler avec les autres.

– Vous n'étiez pas tout le temps ensemble avec mon père ? demanda Harry qui avait imaginé sa relation avec Ron comme son père et Sirius.

– Non. Enfin, nous étions beaucoup tous les quatre, jamais les uns sans les autres. Mais on avait aussi d'autres connaissances. Pas des amis, mais des gens à qui on parlait. James parlait beaucoup avec l'équipe de Quidditch. Moi je connaissais quelques élèves de Serdaigle et on s'entendait bien. Il y avait aussi les Gryffondor d'autres années. Même si je savais que jamais rien ne remplacerait mon amitié avec ton père. C'était la plus importante.

– Je parle à des gens... dit Harry avant de se rendre compte que non.

Harry ne connaissait quasiment personne à l'exception de Ron et Hermione. C'était souvent Hermione qui lui parlait de gens inconnus et il ne connaissait même pas tous les noms des personnes de son année.

– Tu sais les gens se sont retournés contre toi aussi parce qu'ils ne te connaissaient pas.

– Ce n'est pas juste.

– C'est sûr, mais c'est comme ça, grimaça Sirius. Ils ne te connaissent que par ce qu'on dit de toi. Si on dit que tu es un mage noir, ils vont le croire. Si on dit de toi que tu es un héros, ils vont le croire. Alors que si tu connais des gens, même de loin, ils peuvent dire "non je le connais il n'est pas comme ça".

Harry concéda que Sirius marquait un point.

– Harry, je sais que ce n'est pas simple. Mais tu m'as promis d'essayer de ne pas te brider en cours. Alors pourquoi tu n'essaies pas de ne pas te brider en amitié ?

– Je ne me bride pas !

Sirius le regarda d'un air non convaincu.

– Je ne te dis pas de devenir ami avec tout le monde, juste de parler avec les autres. Les amis on en a très peu. Mais les connaissances c'est utile. Tu auras besoin d'alliés tu sais. Si Voldemort revient, il faudra que les gens nous croient. Et si on arrive à le tuer avant, tu auras besoin de contact pour ta vie future.

– C'est du piston, grimaça Harry.

– Et alors ? Ce n'est pas mauvais en soi. Tu ne sais pas encore ce que tu veux faire, mais imagine que tu veuilles devenir joueur de Quidditch, c'est bien d'avoir des connaissances qui connaissent des recruteurs. Ce n'est pas du piston. Ça l'est un peu, mais tout le monde le fait. Pour les comptes des Potter, tu auras besoin de faire des investissements et, pour ça, tu dois connaître des gens.

– Et si je ne veux pas ? grimaça Harry.

– Pour le moment, sans doute pas. Tu sais moi aussi ces histoires de chiffres ne m'intéressaient pas. Aujourd'hui, je suis heureux que mon père ait géré la fortune des Black, que je puisse avoir une maison et de l'argent pour vivre. Après, tu t'inquiéteras pour tes enfants. Tes parents ont créé un coffre pour toi en cas de problème, tu seras content de pouvoir le faire pour les tiens.

Harry rougit à l'entente du mot "enfant".

– Et puis, tu ne te lies avec eux que si tu trouves qu'ils sont intéressants. Certains ont beaucoup de choses à partager, surtout dans les autres maisons. Ils ont un caractère différent. Juste parle avec eux. Je suis persuadé que tu ne connais pas tout le monde dans ta promotion.

– Sans doute... je connais deux trois personnes, dit Harry.

– Apprends au moins leur nom, dis bonjour et tu verras bien. Tu pourrais être surpris.

– Mais je suis souvent avec Ron et...

– Ron peut être tout seul deux minutes, assura Sirius. James et moi nous étions toujours ensemble. Mais ce n'est pas pour ça qu'on ne voyait pas d'autres personnes. Et ça ne nous a pas empêché de rester meilleurs amis. Rien n'a jamais changé ça. Mais parfois, changer d'air c'est bien. Et tu apprends beaucoup de choses, les potins, les relations entre les autres, c'est toujours utile.

– Mhm...

– Essaie au moins, dit simplement Sirius. Tu serais surpris de ce qu'on apprend en étant ami avec d'autres personnes et d'autres maisons. Bon, on fait une partie de bataille explosive ?

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Les au revoir furent déchirants. Harry n'avait pas envie de partir. Mais il savait que ses amis allaient sur le Chemin de Traverse le lendemain et qu'il fallait qu'il fasse acte de présence. C'était important. Mais savoir qu'il allait laisser Sirius tout seul lui brisait le cœur.

– Ça va aller ? demanda Sirius en voyant l'air dépité de Harry.

– Tu vas me manquer.

– Harry, je sais que tout ça c'est compliqué pour toi. Tu as déjà vécu trop de choses et je te demande encore de m'aider, soupira Sirius. Mais ne t'en fais pas. Si tu ne trouves pas Peter, ce n'est pas grave, je veux juste... je veux juste que tu profites de ton année. Promets-moi que tu ne passeras pas l'année à courir après Peter.

– Je ne sais pas si...

– Harry, tu as treize ans. Personne n'aurait jamais dû mettre ça sur tes épaules, dit fermement Sirius. Essaie au moins. Tu verras, des personnes peuvent te surprendre. Et nous serons réunis très vite, assura-t-il.

Harry, traversé par un instinct qu'il ne contrôla pas, se précipita vers Sirius pour le prendre dans ses bras. Jamais Harry ne commençait un contact physique. Sirius avait bien vu à quel point il se crispait quand il le touchait. Le fait qu'il prenne l'initiative était quelque chose de nouveau, de positif, qui montrait qu'il lui faisait confiance. Sirius posa ses bras autour de son filleul et espéra que, quand ils se reverraient, il serait libre.

– Fais attention à toi, par pitié, souffla Sirius. Essaie de ne pas te faire tuer.

– Un parent normal dirait "ne fais pas trop de bêtises".

– Tu n'es pas un enfant normal, grimaça Sirius alors que les images de basilic et de Voldemort trottaient dans sa tête. Ne fait rien d'inconsidéré.

Harry songea que Sirius était bien placé pour dire ça. Mais il devait admettre qu'il rêvait d'une année tranquille lui aussi.

– J'attrape Peter et ensuite je profite. Et je me fais des connaissances. Promis, assura Harry.

Sirius eut du mal à le lâcher.

– Et fais attention à toi, dit Harry. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

– Je n'ai que quelques mois à attendre.

– Qu'est-ce que tu vas faire ?

– Me renseigner sur les Horcruxes, soupira Sirius. J'ai beaucoup de recherches à faire. Prendre soin de moi. Je veux être au top pour récupérer ta garde.

Harry sentit une vague de chaleur en songeant que Sirius n'avait pas abandonné cette idée. Il voulait vraimentêtre son tuteur.

Harry et Sirius se regardèrent un dernier instant, l'émotion remplissant leurs regards.

Ils n'auraient jamais pensé créer un lien aussi fort en l'espace d'un mois. Harry était si heureux à l'idée que, peut-être, il n'était plus seul.

Sirius avait l'impression d'avoir mûri en l'espace d'un mois et se sentait prêt à protéger Harry. Il avait été furieux de savoir ce par quoi son filleul était passé et il lui avait promis de tout faire pour que, plus jamais, il ne soit en danger seul contre tous. Il serait derrière lui. À jamais.

Harry salua Sirius d'un signe de main avant de partir dans un POP sonore avec Kreattur.

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Une fois Harry parti, Sirius resta des heures sur le fauteuil de son père à se demander ce qu'il allait pouvoir faire de ses journées, comment allait Harry, à combien Harry allait lui manquer, à son inquiétude de nouveau parent, à sa peur panique qu'il lui arrive quelque chose. Au fait que Harry avait une mission et qu'il se sentait coupable, parce que ça n'aurait pas dû être à Harry de s'occuper de ça. À Harry qui lui manquait déjà trop.

Quand il arriva à l'heure du déjeuner, il fut soulagé de voir que Kreattur aussi semblait triste. Il lui servit son repas, mais passa dix minutes à nettoyer un verre, le regard dans le vide. Sa mère dans le tableau ne parlait plus.

La maison semblait vide et triste. Malgré la nouvelle décoration, la présence d'Harry l'avait fait vivre. À présent, il lui semblait que tout était fade. Comme si la maison, elle-même, se rendait compte qu'il manquait l'étincelle pour être accueillante. Il ne restait plus que Sirius, qui était incapable de faire quelque chose puisqu'il était encore recherché.

Les images des Détraqueurs et d'Azkaban revinrent en rêves plus fréquemment et Sirius sut qu'il fallait qu'il fasse quelque chose. Il ne savait pas quand il serait considéré comme innocent, ou s'il le serait un jour, mais s'il voulait s'occuper d'Harry. Il allait devoir assurer et il allait devoir régler ses problèmes. Leurs exercices physiques avaient aidé, mais ça ne suffisait pas. Ça avait suffi pour un mois, pour un Harry qui ne savait pas ce qu'était un parent "sain", mais ça n'allait pas pour la suite. Parce que Sirius était persuadé qu'il lui faudrait se battre pour la garde de Harry. Et qu'il ne l'aurait jamais s'il restait dans cet état.

Un emprisonnement à Azkaban laissait des séquelles. Même si ce mois avait été incroyable avec Harry, Sirius avait beaucoup de choses à rattraper. Il voyait que son corps ne suivait pas, il avait toujours des cauchemars et était toujours sur ses gardes. Azkaban l'avait marqué, Azkaban n'était pas derrière lui mais toujours présent. Si Sirius voulait pouvoir protéger Harry de Voldemort, il allait devoir être plus en forme et plus sain. Il ne fallait pas qu'il soit un poids pour Harry, mais un véritable atout. Il devait redevenir le Sirius Black qu'il avait été avant son emprisonnement.

Alors, il prit sa plus belle plume et se décida à envoyer un courrier à un vieil ami, espérant qu'il accepterait de l'écouter. Parce que son but était de protéger Harry. Et que, pour ça, il allait devoir se faire soigner.

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FIN DE LA PARTIE UNE

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