PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.
Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci !)
N/A : Bonjour à tous ! Voici le début de la PARTIE 2. Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont pris le temps de lire l'histoire, de commenter, de m'ajouter à leurs favoris ou de me suivre, ça me touche beaucoup. Je suis à presque 100 followers c'est juste inespéré ! Je vais reprendre certains évènements du livre. Toutefois, les évènements ne seront parfois pas repris dans l'ordre pour que ça puisse aller dans le sens de mon histoire. Et d'autres seront modifiés, comme vous allez le voir dans ce chapitre... J'espère que la suite vous plaira ! Merci à vous tous ! Bonne lecture !
Partie 2. Chapitre 1.
"Rentrée mouvementée"
Harry marchait avec appréhension. Il entendait son cœur tambouriner en écho. Il était totalement aveugle. Puis, il déboucha sur un lieu qu'il connaissait bien et sa vision s'éclaira. Humide, sombre, vert. La Chambre des Secrets. Il courut vers le corps étendu dans la Chambre. "Non, pas Ginny" murmura Harry. Il s'approcha du corps étendu à même le sol et qui ne bougeait plus. Il retourna Ginny. Mais ce n'était pas Ginny.
C'était Hermione. Hermione le regard vide, éteint. Hermione morte.
– Harry c'est un piège ! hurla Sirius. Pars !
Harry regarda Sirius courir vers lui, sans voir l'ombre qui s'élevait derrière lui. Le basilic planta ses crocs dans le bras de Sirius qui l'avait levé pour se défendre. Harry s'entendit hurler de toutes ses forces en voyant son parrain tomber sur le sol, se vidant de son sang.
Un rire démoniaque derrière lui. Voldemort. Tom Jedusor.
– Tu vois, Harry, je suis partout. Je suis nulle part. Je contrôle ta vie.
Tom Jedusor en pleine puissance, le médaillon de Salazar autour du cou et le journal dans sa main droite. Terrifiant.
– Attaque, dit Tom en Fourchelang.
Harry se retourna. Il eut à peine le temps d'apercevoir les yeux jaunes du basilic qu'il était déjà mort.
Harry se réveilla en sursaut. Il prit une grande inspiration en allumant la lumière de sa chambre à tâtons. Il regarda tout autour de lui et fut soulagé de ne pas voir de Basilic dans la chambre. Il était en sueur. Il avait le souffle court et avait l'impression qu'il allait se faire attaquer s'il fermait les yeux ne serait-ce qu'une seconde. Il but un grand verre d'eau et fit quelques étirements pour calmer son cœur qui tambourinait.
Il vit qu'il n'était que trois heures du matin et grimaça en se recouchant. Il attrapa la potion de sommeil sans rêve de Sirius et s'endormit rapidement, la lumière allumée.
Le lendemain, Harry se leva aux alentours de onze heures. La potion avait fait effet et il se sentait beaucoup plus reposé. Il s'apprêtait à se préparer pour aller chez Sirius quand il se rappela qu'il devait voir Ron et Hermione aujourd'hui. Et que la rentrée était demain. Il grimaça en songeant que Sirius lui manquait déjà. Il se prépara avec lenteur. La potion de sommeil sans rêve l'avait épuisé et il serait bien retourné dans son lit quelques heures. Il prépara ses affaires pour le départ du lendemain et descendit au Chaudron Baveur pour y prendre un déjeuner.
– Harry, salua Tom, dure nuit ?
Harry hocha la tête et Tom n'insista pas. Il avait vu les cernes de Harry et les bâillements qu'il retenait difficilement. Il lui servit un plat copieux et une tasse de chocolat chaud fumante. Harry le remercia chaleureusement en parlant des derniers résultats de Quidditch. Il pouvait gérer une conversation de Quidditch. Ça lui évitait de penser à d'autres choses. Comme le Basilic, comme Peter, comme Voldemort. Comme les Horcruxes.
Il savait qu'il ne pouvait en parler à personne et que ça allait être compliqué à gérer. Il ne voulait pas en parler de toute façon, c'était trop difficile à encaisser pour des enfants de treize ans.
Il aurait voulu pouvoir parler de Sirius avec Hermione ou même Ron. Mais il ne le pouvait pas. Il songea qu'il n'aurait que deux petits mois à attendre. Ensuite, il pourrait faire la révélation. Il le fallait. Il espérait réellement que ce soit vrai. Il ne pourrait pas supporter l'annonce que Sirius était fou et coupable. Car il existait toujours un risque. Sirius aurait réellement pu devenir fou à Azkaban et se persuader qu'il était innocent. Harry n'avait qu'une hâte ; savoir si Croûtard était réellement Peter.
– Harry ! crièrent les jumeaux Weasley en entrant dans le Chaudron Baveur.
– Bonjour, dit Harry avant de siffler en voyant leurs peaux tannées par le soleil. Vous êtes bronzés !
– L'Égypte... fit Fred avec nostalgie en s'installant à ses côtés.
– On reste là ce soir, informa George en voyant son air surpris. On peut manger avec toi ?
– Notre mère est partie faire les courses avec les autres, continua Fred.
– Vous ne vous joignez pas à eux ?
George et Fred grimacèrent légèrement, avant de faire un signe de tête négatif.
– Tom, tu peux nous apporter deux assiettes ? demanda Harry en se tournant vers le patron du Chaudron Baveur.
– Tout de suite, Harry.
– Tu connais le patron, s'amusa Fred.
– Oui, on a sympathisé pendant les vacances.
– Papa nous a raconté que tu avais gonflé ta tante comme un ballon ! dit George les yeux remplis de questions.
Harry leur raconta l'histoire et les jumeaux éclatèrent de rire. Il leur expliqua qu'il avait été content d'être débarrassé des Dursley pendant une année et qu'il avait profité de son mois d'août pour travailler.
– Et vous ? demanda Harry.
– Plein de projets, s'amusèrent les jumeaux.
Alors que Fred parlait avec sa passion habituelle, Harry regarda George à plusieurs reprises. Il mélangeait sa nourriture sans la manger et, s'il rigolait avec eux, il le faisait avec un temps de retard.
– Ça va, George ? demanda Harry.
– Mhm ? fit le roux en relevant la tête. Oui, pourquoi ?
– Comme ça.
Harry vit quelque chose qu'il n'avait jamais vu chez George ; de la tristesse. Il se demanda ce qu'il pouvait avoir, avant de se dire que ça ne le regardait pas.
– Vous avez prévu des blagues intéressantes cette année ? s'enquit Harry.
Les jumeaux sourirent en lui racontant ce qu'ils avaient imaginé. Harry avait hâte d'y être. Ils enchaînèrent sur l'Égypte et ce qu'ils y avaient visité.
– Votre frère est Briseur de sort, c'est ça ?
– Oui. Il affronte des choses horribles là-bas. Mais il adore ça, affirma Fred.
– On a essayé d'enfermer Percy dans une pyramide, mais notre mère nous a vus, soupira George.
– Ça doit être intéressant.
– Il adore son métier, confirma Fred. C'est dangereux et ça rend notre mère folle, mais il adore ça.
Les jumeaux et Harry discutèrent de leur programme pour cette prochaine année et, surtout, de la saison de Quidditch.
– Cette année, la Coupe est à nous ! affirma George en levant son poing en l'air.
– Je crois que Dubois va nous faire des discours encore plus longs, soupira Fred. Du genre "c'est ma dernière année, je compte sur vous ou je vous jette du haut de la tour d'Astronomie et moi avec", imita-t-il de façon très convaincante.
– HARRY ! cria une voix derrière eux.
Harry se retourna et vit Hermione le saluer avec un grand sourire. Elle aussi était très bronzée et ses cheveux bruns ébouriffés étaient parsemés de reflets dorés.
– Hermione ! s'exclama Harry en souriant à sa meilleure amie. Toi aussi tu restes là ce soir ?
– Oui, mes parents m'ont déposée ici.
– Oh, salut Harry, salua Ron qui était derrière Hermione et semblait ravi de le revoir.
Le Trio se dirigea vers la terrasse de chez Florian Fortârome pour y prendre un dessert. Ron éclata de rire quand il lui parla de la tante Marge alors que Hermione semblait mortifiée à l'idée qu'il ait rencontré le Ministre de la Magie.
Harry accompagna Ron et Hermione pendant qu'ils faisaient leurs courses de la rentrée. Quand ils arrivèrent à Fleury et Bott, Harry se surprit à regarder autour de lui pour voir si un livre pouvait l'intéresser.
– Deux ?! glapit le vendeur.
Harry s'approcha de ses amis et vit le vendeur prendre une pince pour s'approcher des livres le Monstrueux livre des Monstres qui voulaient le mordre.
– Il faut les caresser, expliqua Harry.
– Excusez-moi ? dit le vendeur les yeux écarquillés.
Harry s'approcha de la boîte et caressa un livre qui ronronna et se détendit. Il l'attrapa et le donna à Hermione. Il fit de même avec un autre livre et Ron l'attrapa au vol en souriant.
– Génial ! dit le roux.
– Comment vous avez su ? demanda le vendeur stupéfait.
– Je ne sais pas, répondit Harry. Je me suis dit qu'il devait y avoir quelque chose.
– Très amusant... grogna le vendeur qui semblait soulagé de ne pas devoir attraper les livres.
Ron trouvait ça très drôle et mis de longues minutes à se remettre de l'air de stupéfaction du vendeur.
– Je dois emmener Croûtard à l'animalerie, indiqua le roux en montrant son rat.
Harry ressentie une vague de haine de le traverser. Croûtard semblait très mal en point. Ses moustaches manquaient d'éclat et il avait des morceaux entiers de fourrure qui étaient tombés. Harry espéra sincèrement qu'il souffrait. Il hésita à lui jeter un sort immédiatement, mais il savait qu'il fallait attendre, ce n'était pas le bon moment.
– Et moi je veux m'acheter un hibou, dit Hermione qui portait au moins cinq sacs de livres.
– Combien d'options tu suis ? demanda Harry en attrapant un de ses sacs pour la soulager.
– J'en ai pris plus que vous, éluda-t-elle en les entraînant vers l'animalerie.
Harry ne chercha pas à comprendre. Il savait que Hermione adorait apprendre. Ça ne l'aurait pas étonné qu'elle ait pris toutes les options possibles.
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La soirée se passa tranquillement et Harry était ravi de retrouver la famille Weasley. Même si les relations s'étaient tendues depuis que Hermione avait acheté Pattenrond, Ron avait réussi à sourire et à lui parler de son voyage en Égypte. Harry se retenait d'attraper le rat et de lui couper la tête. Mais il devait songer au plan. Il l'avait promis à Sirius, il attendrait. "Le plan, pense au plan", se disait-il en grimaçant, voyant Croûtard se ruer sur la nourriture.
– Voyons Ron, soupira Hermione pour la énième fois, Pattenrond dormira dans mon dortoir et Croûtard dans le tien. Ils ne se croiseront pas.
– Il est sensible, dit sèchement Ron. Il doit se reposer. Dis-lui Harry !
Harry ne dit rien et les regarda se disputer en souriant. Ça faisait quand-même bien du bien de retrouver ses amis.
– Vous avez apprécié votre voyage ? demanda Harry à Arthur.
– Oh c'était fantastique, l'Égypte est un pays fascinant. Vraiment fascinant.
Arthur lui parla des différents lieux qu'ils avaient visités et du travail de Bill. Molly le couva d'un regard inquiet pendant tout le repas, sans doute inquiète à l'idée que Sirius soit à sa recherche. Harry se demandait si quelqu'un allait lui dire qu'un criminel était à sa poursuite ou s'il allait être laissé dans l'ignorance. Il trouvait ça, au mieux inquiétant, au pire angoissant, de savoir qu'un criminel pouvait chercher à le tuer sans que personne ne le prévienne.
– Et ton mois ici, Harry ? s'enquit Molly. Tu t'es occupé ?
– Oui. J'en ai profité pour travailler un peu.
Hermione le détailla du regard quelques secondes, avant de sourire d'un air satisfait, comme si elle venait de remporter une bataille.
– Travailler, répéta Ron qui le regardait comme s'il était fou.
– Tu devrais peut-être prendre exemple sur lui, dit sèchement Molly.
– Oui Ronnie, tu devrais écouter ta maman, fit Fred d'une voix moqueuse.
– Fred... gronda Molly d'une voix menaçante.
Fred baissa la tête pour ne pas montrer qu'il se retenait de rigoler.
– Et toi, Hermione, tes vacances ? demanda Harry pour changer de sujet.
– Oh, la France est un pays merveilleux ! La Tour Eiffel est splendide, l'Arc de Triomphe. J'étais juste déçue de ne pas avoir pu voir les Champs Elysées sorciers, mes parents n'étaient pas très emballés par l'idée, grimaça-t-elle.
Les parents de Hermione étaient dentistes et ignoraient tout du monde magique.
– Une autre fois peut-être, suggéra Molly.
– Ensuite nous sommes descendus dans le sud...
– D'où le bronzage.
– Exact, rit Hermione. J'y ai retrouvé une partie de ma famille. Je ne m'entends pas très bien avec mes cousines, mais les autres membres de ma famille sont très gentils.
– Qu'est-ce que tu leur dis quand tu les vois ? demanda Harry.
Les Dursley racontaient aux voisins qu'il était inscrit dans un pensionnat pour jeunes délinquants.
– Je dis que je suis dans un pensionnat anglais très sélectif, expliqua Hermione en rosissant.
Harry passa une très bonne soirée avec les Weasley et Hermione. Il était heureux de retrouver ses amis et cette famille qui l'avait accueilli l'année précédente. Son mois chez les Weasley restait gravé en lui, comme le premier lieu où il s'était senti le bienvenu et aimé. Il ne pourrait jamais oublier ce qu'ils avaient fait pour lui. Malgré tout, il espérait pouvoir passer son prochain été avec Sirius. Quand il monta se coucher, il ne put s'empêcher de sentir son cœur se serrer en se disant qu'il ne reverrait pas son parrain avant un long moment.
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Harry s'installa avec Ron et Hermione dans le compartiment en bâillant. Il avait très mal dormi, mais avait été touché qu'Arthur Weasley lui dise que Sirius Black en avait après lui. Il ne comprenait toujours pas pourquoi personne ne l'avait informé avant, alors qu'il s'était enfuit de chez son oncle et sa tante. C'était incompréhensible. Au moins, Arthur tenait suffisamment à lui pour le prévenir, sachant sans doute qu'avec Ron et Hermione il n'était pas rare qu'ils se baladent dans le château après le couvre-feu.
– Qui c'est à votre avis ? murmura Ron en voyant un homme seul dans le compartiment.
C'était un homme profondément endormi, assis près de la fenêtre. L'homme portait une robe de sorcier miteuse, rapiécée en plusieurs endroits. Il semblait malade et épuisé. Il paraissait jeune mais ses cheveux châtains étaient parsemés de mèches blanches.
– Le professeur R. J. Lupin, chuchota Hermione. C'est écrit sur sa valise.
– Raconte-nous, dit Ron après qu'il ait vérifié que l'homme dormait, qu'est-ce que voulait mon père ?
Harry avait pensé ne rien dire à Ron et Hermione au sujet de Sirius. Il ne voulait pas les inquiéter inutilement. Mais Ron insista alors Harry leur raconta ce qu'il savait : Sirius Black était à sa recherche. Hermione parut horrifiée à cette idée et Ron semblait sous le choc. Harry se demanda s'il aurait eu peur s'il n'avait pas connu Sirius avant. Avant de se dire qu'avoir un criminel aux trousses n'était pas la chose la plus rassurante au monde.
Harry se sentait mal de cacher la vérité à Ron et Hermione, mais il l'avait promis à Sirius qui ne devait surtout pas être découvert. Et si ses amis ne comprenaient pas ? S'ils le dénonçaient ? Il ne pouvait courir aucun risque et il savait qu'il faisait tout ça pour Sirius. Toute cette histoire était trop grave, avait trop de conséquences pour que Harry trahisse le secret. Il devait attendre.
Harry eut un sourire satisfait en voyant Pattenrond sauter sur Ron pour tenter d'attraper Croûtard. Harry se doutait que ce chat était plus intelligent que la moyenne et qu'il avait vite compris que le rat n'était pas un simple rat.
– Il a un problème ton chat, dit furieusement Ron.
Pattenrond cracha sur Ron avant de se détourner fièrement et de se lover sur les genoux de Harry. Pattenrond ronronna affectueusement en sentant la main de Harry caresser son pelage. Harry se promit de lui offrir un jouet pour le remercier.
– On fait une partie de cartes ? proposa Harry en voyant Ron dévisager le chat avec dégoût.
Au milieu de l'après-midi, alors que la pluie commençait à tomber, ils entendirent des bruits de pas dans le couloir et Draco Malefoy apparut à la porte, flanqué de Vincent Crabbe et Gregory Goyle.
Harry le dévisagea sans savoir comment réagir. Malefoy n'avait pas changé en deux mois. Il avait toujours des cheveux blonds presque blancs parfaitement bien coiffés et ce petit air suffisant que Harry avait envie de lui faire ravaler. Il ne comprenait pas comment Sirius pouvait envisager de s'allier avec des gens pareils. Lucius Malefoy était un ancien Mangemort qui avait donné le carnet à Ginny et avait même essayé de l'attaquer quand il avait libéré Dobby. Non, les Malefoy lui semblaient être tout, sauf des potentiels alliés.
Mais Sirius n'avait pas tort quand il disait que Draco n'était pas son père. Prétentieux, irrespectueux avec les autres et bourré de préjugés, oui. Mais mage noir... Il ne savait pas. Mais s'il y avait une infime chance qu'il s'entende avec lui ? Une infime chance qu'il l'aide dans le futur ? Il savait que Voldemort allait revenir. Pouvait-il aider Malefoy à ce moment ? Pouvait-il changer de camp s'il lui proposait un choix, une autre possibilité d'avenir ?
Harry se demanda ce qu'il se serait passé s'il avait serré la main de Draco ce jour-là, s'il n'avait pas rencontré Ron en premier, si Malefoy n'avait pas insulté la famille de Ron... Et s'ils avaient été amis ? Et si... et si...
Harry maudit Sirius sur toutes les générations parce qu'il n'avait pas spécialement envie de devenir ami avec Draco. Mais il pouvait essayer de faire un effort. Et, comme il était persuadé que jamais Malefoy n'accepterait ça, il pourrait ensuite continuer à le haïr cordialement et lui jeter des sorts sans aucun état d'âme.
– Qui voilà... dit Malefoy de son éternelle voix traînante.
Harry soupira pour se donner du courage. Juste une fois. Il l'avait promis. Une main tendue. Il faisait un pas, Malefoy refusait et il aurait rempli sa part du marché. Il aurait montré à Sirius que les Malefoy ne changeraient jamais et serait tranquille pour le reste de l'année. Et il pourrait dire enfin à Sirius "je t'avais dit qu'ils n'étaient pas fréquentables".
– Bonjour Malefoy, dit Harry d'une voix polie. Tu as passé de bonnes vacances ?
Harry eut l'impression que tout le monde retenait sa respiration et le fixait comme s'il était devenu fou. Mais Harry plongea son regard dans celui de Draco et n'y vit qu'un sincère étonnement. Comme lors de leur première rencontre dans le train ; Draco avait été curieux de savoir qui était Harry. Il n'y avait pas encore de haine entre eux à ce moment. La haine était venue quand Harry avait choisi Ron et avait refusé de lui serrer la main. Cette fois, c'était Harry qui faisait un pas et qui tendait sa main à Draco. Allait-il la prendre ?
Draco semblait légèrement ébranlé par le ton poli de Harry. Il mit quelques secondes à se reprendre. Son visage n'avait montré aucune émotion, mais Harry avait vu dans ses yeux qu'il se posait un milliard de questions.
– Bien, répondit finalement Draco avec une réticence palpable, ses sourcils se fronçant légèrement. Les tiennes ?
– Beaucoup de travail. La dissertation de Binns était surprenante, non ? enchaîna Harry qui se demandait ce qu'il était en train de faire.
Il était en train de parler à son ennemi juré d'un devoir d'Histoire de la Magie. Tout ça pour Sirius. Harry se dit que son parrain avait passé trop de temps à Azkaban, c'était évident, et qu'il n'aurait jamais dû entrer dans son jeu. Il attendait que Malefoy l'envoie sur les roses et laisse échapper un de ses ricanements moqueurs dont il avait le secret. Mais rien. Draco le regardait avec curiosité.
– La chose la plus surprenante serait qu'on apprenne quelque chose avec lui, répondit finalement Malefoy.
Les lèvres de Draco frémirent un instant et Harry ne put s'empêcher de sourire. Est-ce que Draco Malefoy, le Serpentard, Sang-Pur, qui appelait son père à chaque problème, venait de faire une blague ?
Crabbe et Goyle se regardaient sans savoir s'ils avaient l'autorisation de frapper quelqu'un. Leur air ahuri leur donnait un air encore plus stupide que d'habitude.
– Qui est-ce ? demanda Draco en posant son regard acier sur l'homme qui dormait toujours.
– Sans doute le nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal.
Harry sentait le regard interrogateur de Hermione et les yeux écarquillés de Ron sur lui. Draco ricana en observant l'aspect de ses vêtements, avant de secouer sa tête.
– Ça ne peut pas être pire que les autres années.
– C'est peut-être un vampire, suggéra Harry d'un air sérieux.
– Les vampires ne dorment pas, Potter, dit Draco en levant ses yeux au ciel.
– Tant qu'il nous apprend des sorts.
Draco hocha de la tête sans savoir quoi faire. Finalement, il se tourna vers Crabbe et Goyle et leur fit un signe de tête.
– À plus, Potter, dit Draco en continuant de le fixer avant de refermer le compartiment.
– C'est quoi ça ?! s'exclama Ron qui semblait s'être retenu pendant tout le temps que Malefoy avait été présent.
Ron était tout rouge et semblait hésiter entre fixer Harry avec stupeur ou le frapper pour qu'il reprenne ses esprits.
– Eh bien... commença Harry sans savoir quoi dire.
Il ne savait même pas si Draco voulait changer. Il ne voulait pas vraiment être son ami, juste faire ce que Sirius lui avait demandé. Juste lui donner une chance, un choix. Il avait pensé que Malefoy lui lancerait une remarque acerbe, mais pas du tout. Il avait semblé surpris, intéressé, mais pas du tout moqueur. Il lui avait même semblé qu'il envisageait la possibilité de parler avec lui. C'était plutôt positif et Harry lui-même ne savait pas comment réagir à cela.
– Je veux juste que cette année se passe bien, avoua Harry qui comprit enfin pourquoi il venait de faire un pas vers Malefoy.
Ce n'était pas que pour Sirius. C'était aussi pour lui, pour des relations apaisées. Parce que plus jamais il ne voulait voir Hermione être triste que Malefoy la traite de "Sang de Bourbe" ou Ron être blessé quand il se moquait de sa famille. Il ne voulait plus de guerre entre Gryffondor et Serpentard, alors qu'il savait qu'une guerre se préparait et que Voldemort allait revenir. Il voulait juste profiter de son année et se reposer. Et les conflits avec Malefoy étaient trop anxiogènes et lourds à supporter. Pas cette année. Harry pria de toutes ses forces pour que, cette fois, il puisse ne pas risquer sa vie et passer une année calme. Et ça commençait pas mettre les rancœurs de côté.
– Malefoy est un petit con, dit Ron hargneusement. Il ne changera pas. Il attend juste le bon moment pour t'attaquer. S'il voit que tu te ramollis il va...
– Je ne vais pas devenir son ami non plus, répliqua Harry. Je veux juste passer une année sans qu'on se saute à la gorge à chaque fois. Mais s'il m'attaque, je me défendrai.
Ron grogna dans son coin en montrant sa réprobation, mais n'ajouta rien. Harry savait que Ron et Malefoy se haïssaient. Malefoy estimait que Ron n'était qu'un "traître à son sang" et ne perdait pas une occasion pour se moquer de la pauvreté de sa famille. Harry pouvait comprendre que le roux ne soit pas à l'aise à l'idée qu'il fasse un pas vers Malefoy.
Hermione observait Harry avec attention. Elle n'aimait pas Malefoy, c'était évident. Il l'avait traité de Sang de Bourbe l'année passée et elle était sûre qu'il avait été content de la savoir pétrifiée par le Basilic. Mais elle savait aussi ce que les préjugés pouvaient faire à quelqu'un. Et une année sans que Ron et Harry ne soient dans les problèmes lui apparaissait comme un rêve éveillé. Peut-être que sans leur guerre interminable ils travailleraient davantage sur leurs devoirs.
– J'ai une surprise pour toi, dit finalement Harry qui voyait que Ron ne décolérait pas.
– Il faudrait un sacré truc pour que tu me fasses oublier cette conversation. Enfin, Harry, c'est Malefoy ! Il ne changera jamais !
Harry sortit un petit paquet tout fin de sa poche de sorcier, sans répondre. Ron leva ses yeux au ciel mais il souriait en attrapant le petit paquet, visiblement touché qu'il lui offre quelque chose.
– Qu'est-ce que...
Ron écarquilla les yeux en fixant la carte de chocogrenouille qu'il tenait entre ses mains.
– MAIS NON ?! cria Ron.
– Chut, dit sèchement Hermione en montrant de la main le professeur endormi.
Les trois amis regardèrent avec appréhension l'homme, mais il ne bougea pas et resta profondément endormi. Ron regarda Harry, les yeux brillants d'émotion.
– Par Merlin ! Comment as-tu fait ?
– Je suis tombé dessus, mentit Harry. Je sais que tu fais la collection, donc voilà.
– Merci, Harry.
Ron semblait vraiment sous le choc et vraiment heureux à l'idée d'obtenir enfin cette carte tant attendue. Ron tendit la carte d'Agrippa à Hermione qui leva ses yeux au ciel.
– Tout ça pour une carte ?
– Ce n'est pas une simple carte, répondit Ron en levant ses yeux au ciel. Ça fait des années que je la cherche. Il ne m'en reste pas beaucoup. Je crois qu'il me manque uniquement Ptolémée, tu ne l'as pas ?
– Non, répondit Harry en riant. Content que ça te plaise.
– C'est une carte très rare, expliqua Ron à Hermione. Je crois que c'est une carte sur mille paquets.
Hermione hocha la tête en faisant semblant d'être intéressée, avant de sortir un livre de sa valise Les Sortilèges appliqués aux Potions.
– Ça a l'air passionnant, se moqua Ron.
– Ça l'est, rétorqua Hermione.
L'après-midi passa rapidement. Le sujet Malefoy ne fut plus abordé. Ron et Harry passèrent leur après-midi à jouer à différents jeux. Hermione resta plongée dans son livre pendant tout le trajet, mais lançait quelques commentaires sur ce qu'ils disaient. Harry ne savait pas comment elle pouvait à la fois lire un livre, écouter ce qu'ils disaient et faire des remarques pertinentes.
Le train commença soudain à ralentir, interrompant Hermione dans sa lecture.
– On est arrivé, enfin, je meurs de faim, dit Ron.
– Ça m'étonnerait qu'on soit arrivé, soupira Hermione en regardant sa montre, il reste au moins deux heures de trajet.
– Alors, pourquoi on ralentit ?
Le train continua à ralentir jusqu'à s'arrêter. Puis, toutes les lampes s'éteignirent d'un coup et le convoi fut plongé dans une totale obscurité.
– Qu'est-ce qui se passe ? demanda la voix de Ron derrière Harry.
Harry était tout aussi perdu que Ron. Quand les lumières du train s'éteignirent, Harry sentit son cœur se serrer d'angoisse sans savoir pourquoi.
Neville et Ginny les rejoignirent, dans un concert d'exclamations, de pieds écrasés et de paroles sèches.
– Silence ! lança soudain une voix rauque.
Le professeur Lupin semblait s'être enfin réveillé. Il voulut se lever, mais debout, dans l'encadrement de la porte, se dressait une haute silhouette enveloppée d'une cape, le visage entièrement dissimulé par une cagoule. L'être dissimulé sous la cagoule prit une longue et lente inspiration qui produisit une sorte de râle. On aurait dit qu'il essayait d'aspirer autre chose que de l'air.
Un froid intense envahit le compartiment. Harry sentit son propre souffle se figer dans sa poitrine. Le froid lui traversait la peau et se répandait dans tout son corps. Un crépitement semblable à une chute d'eau retentit dans ses oreilles. Il avait l'impression qu'on le tirait par les pieds à mesure que le grondement de l'eau s'intensifiait.
Alors, venus de très loin, il entendit de terribles hurlements, des cris terrifiés, implorants. Son premier mouvement fut de se porter au secours de la personne qui hurlait ainsi, mais lorsqu'il essaya de bouger, il s'aperçut qu'il était paralysé... un brouillard blanc, épais, l'enveloppait, s'insinuait en lui...
– Harry ! Harry ! Ça va ?
Harry ouvrit les yeux. Il se sentait mal. Sa tête bourdonnait, il avait la nausée et il se sentait très mou. Comme s'il ne pouvait plus bouger aucun de ses membres. Ses yeux papillonnèrent. Hermione était penchée au-dessus de lui et semblait très inquiète. Il grogna en se rendant compte qu'il était allongé sur le sol du compartiment.
– Tenez, Harry, dit le professeur en lui donnant un morceau de chocolat.
Harry s'assit et vit que tout le monde le regardait avec inquiétude. Il se rendit compte, mortifié, qu'il s'était évanoui. Il mangea le chocolat sans même écouter les commentaires de ses amis. Pourquoi s'était-il évanoui ? Avec tout ce qu'il avait vécu, pourquoi n'avait-il pas supporté de voir cette étrange créature ? Le chocolat lui fit reprendre ses esprits et il se sentit beaucoup mieux.
Il fut content quand Hermione changea de conversation, semblant avoir compris qu'il ne voulait plus parler de ça. Harry se sentait très faible, même quand les détraqueurs furent partis et que les conversations redevinrent plus légères. Le froid ne l'avait pas quitté. Il avait peur. Il entendait encore ces hurlements dans sa tête. À qui appartenaient-ils ? Pourquoi n'arrivait-il pas à les oublier ?
Il avait besoin de Sirius. Il aurait tant voulu lui parler. Mais Sirius n'était pas là. Il ne serait pas là avant des mois. Il était seul et cette pensée lui donna envie de pleurer. Lui qui avait traversé tant de choses se trouvait soudain perdu, triste, fatigué. On avait mis Sirius sur son chemin, avant de le lui enlever. Il trouvait ça encore plus dur que tout ce qu'il avait déjà vécu. Il avait enfin eu quelqu'un qui tenait à lui, mais qu'il ne pourrait pas revoir avant des mois et ne pouvait même pas communiquer librement avec lui sans crainte qu'il ne soit arrêté. C'était si injuste.
– On est arrivé, dit gentiment Hermione en voyant que Harry avait son regard fixé sur la vitre depuis plus d'une heure.
– Hein ? Oh, chouette, dit Harry en suivant ses amis sans entrain.
Harry vécut la soirée de rentrée dans une sorte de brouillard confus. Il vit à peine les regards des Serpentard sur lui. Il se vit à peine dans le bureau de McGonagall à les rassurer, elle et Mrs Pomfresh. Il entendit à peine le professeur Dumbledore parler des nouvelles mesures de protection. Il ne se rendit pas compte qu'il était dans son dortoir, avant qu'il ne se glisse dans son lit chaud.
Il aurait voulu voir Sirius. Il s'était tellement reposé sur lui pendant un mois. Hermione et Ron ne pouvaient pas comprendre. Sirius savait ce qu'était un Détraqueur. Harry était sûr que Sirius aurait compris ce qu'il s'était passé, pourquoi il s'était évanoui et pourquoi ces créatures lui faisaient un tel effet.
Il avait été habitué à être seul. Depuis toujours. À présent, il avait quelqu'un à qui il pouvait parler. Mais il ne le pouvait pas à cause de Peter. Il hésita à se lever pour attraper le rat, mais il savait que ce n'était pas la solution. Il devrait attendre. Attendre pour sauver Sirius, pour pouvoir lui parler et pour enfin retrouver la seule personne qui semblait tenir à lui.
Il s'endormit difficilement, peinant à se réchauffer. Sa nuit fut peuplée de cauchemars. Des cris terrifiants, suppliants, implorants...
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Harry se leva aux aurores le lendemain. Il entendait ses camarades de dortoir dormir profondément et décida de se lever sans faire de bruit. Il attrapa une tenue de sport achetée sur le Chemin de Traverse et sortit pour faire son footing matinal. Il avait beaucoup gagné en endurance, même si ses séances avec Sirius avaient été limitées lors du mois d'août.
Il avait finalement pris goût au sport et il apprécia de courir autour du lac noir de bon matin. Le soleil se levait tranquillement et il put voir les douces couleurs du matin ensoleiller la vallée et se refléter sur le lac, immense et lisse, seulement troublé par le Calmar géant qui remontait parfois à la surface. Des cris d'oiseaux rompaient le calme de Poudlard et lui donnaient l'impression qu'il n'était pas seul.
L'image du Détraqueur et les sensations qu'il avait ressenties flottaient encore dans son esprit. Il se demandait comment Sirius avait pu rester douze ans à côté de ces êtres sans devenir fou. Il se demandait ce que Sirius avait ressenti et comment il avait pu rester aussi lucide. Bien sûr, sa forme canine n'y était pas pour rien, mais ces créatures étaient juste terribles. Et ce froid, cette peine, cette douleur... insurmontables.
Courir lui fit un bien immense. Comme si ses problèmes disparaissaient à mesure que ses muscles chauffaient. À la fin, il se sentait épuisé et complètement vidé et c'était justement ce qu'il voulait. Ne plus penser à cette peine et cette douleur qui l'empêchaient de respirer. Il voulait juste oublier les cris qu'il avait entendus et se sentir bien de nouveau. Peu à peu, il se sentit mieux. Le décor était somptueux et il ne savait pas si, un jour, il pourrait se passer de la sensation de bien-être qu'il avait en lui quand il courrait.
À chaque fois qu'il regardait le château, il ressentait cette vague de joie qu'il avait eue en le voyant pour la première fois. Il se demandait si, un jour, cette sensation s'arrêterait. Si, un jour, il serait triste à l'idée de retourner à Poudlard parce qu'il aurait une maison qu'il ne voudrait pas quitter. Il savait que, si ses camarades adoraient Poudlard, leur maison leur manquait. Harry n'avait pas d'attache et ne considérait pas le Square Grimmaurd comme un endroit accueillant, Sirius ou non. C'était Sirius qui lui manquait, mais le château restait sa première maison et un endroit où il se sentait bien.
– Tu as une mine terrible, grimaça Hermione en le voyant arriver dans la Grande Salle après une douche brûlante.
– Merci, Hermione, ironisa Harry.
– Tu étais où ? demanda Ron qui était assis en face d'eux. Je ne t'ai pas vu ce matin.
– Je suis allé courir.
Hermione s'étouffa avec son jus de citrouille et Harry lui donna des tapes dans le dos.
– Courir ? fit Ron d'un air effaré. Pourquoi faire ?
– Juste comme ça, pour faire de l'exercice.
– Mais ça ne sert à rien, dit Ron.
Harry haussa les épaules sans chercher à s'expliquer. Ça ne s'expliquait pas. Il savait que les sorciers n'étaient pas du tout attachés aux exercices physiques, mais dans le monde moldu le sport était valorisé et encouragé. Il savait que Ron trouverait ça étrange, mais lui trouvait ça normal venant du monde moldu.
– C'est une bonne idée, assura Hermione en souriant légèrement. Quand j'étais chez mes parents je faisais du sport, c'est dommage que Poudlard ne propose rien.
– Il y a du Quidditch.
– Mm... dit Hermione d'un air pincé. Ce n'était pas réellement du sport physique.
– Monte sur un balai ! s'exclama Ron effaré à l'idée que le sport préféré des sorciers soit critiqué.
– Bien sûr que c'est physique, fit Hermione, mais rien avoir avec les sports moldus.
– Qu'est-ce que tu faisais ? s'enquit Harry en voyant Ron commencer à argumenter.
– De la danse. J'en ai fait pendant huit ans.
– C'est dommage que tu ne puisses pas continuer. Tu veux courir avec moi ? proposa Harry qui avait adoré courir avec Sirius même si ce n'était que sous sa forme canine.
– Sans façon, dit Hermione effarée. On monte assez d'escaliers comme ça dans la journée.
– Et toi Ron ?
– Tu es fou ? siffla Ron. Tu ne me feras jamais courir.
– Tenez, vos emplois du temps, dit Fred en s'installant à côté de Harry.
George prit place en face en regardant le sien avec dégoût.
– Deux heures de potions, grimaça le roux. Laissez-moi mourir.
– On commence par divination, dit Ron qui semblait ravi.
– On t'a entendu tout à l'heure, tu as vraiment été courir ? s'enquit George.
– Oui. Pourquoi ça paraît si incroyable que ça ? Je suis sûr que d'autres personnes le font.
– C'est sûr, dit Fred, on en a déjà vu. Mais c'est juste que tu n'avais jamais fait ça avant.
– J'ai commencé pendant les vacances, ça me permettait d'échapper aux Dursley, dit Harry en contournant la vérité.
Il avait toujours couru, mais jamais pour le plaisir. La plupart du temps c'était pour fuir Dudley et ses amis qui menaçaient de le frapper lors de la "chasse au Harry". Il avait découvert qu'il avait déjà une bonne endurance et il ne savait pas s'il devait remercier son cousin pour ça. Ron parut légèrement gêné quand il évoqua son cousin, sachant à quel point son enfance avait été terrible.
– Ça vous intéresse ? dit Harry sans y croire vraiment.
– Tu es fou ? s'exclama Fred.
– Oh oui ! dit George en même temps.
Fred et George se regardèrent un instant, avant de rigoler.
– Vous n'êtes pas d'accord ? dit Ron éberlué.
– Il nous arrive de ne pas être pareil, dit Fred amusé.
– En effet, ricana Ron qui regarda George un court instant.
George se ferma complètement, alors que Fred lançait un regard noir à son petit-frère. Hermione replongea dans son livre, gênée, en sentant la tension entre les frères. Harry se demanda ce qu'il venait de se passer, mais décida de faire comme si de rien n'était.
– On peut se retrouver à sept heures, George, proposa Harry en souriant.
George hocha la tête en promettant d'être là, avant de partir avec Fred qui continuait de dévisager Ron avec colère.
– C'était quoi ça ? demanda Harry en haussant un sourcil.
Ron rosit légèrement, mais changea de sujet. Harry n'insista pas, mais en voyant le sourire qui manquait de conviction de George, il se dit qu'il avait dû se passer quelque chose pendant ces vacances et qu'il mourrait d'envie de savoir ce qui avait pu instaurer une telle tension chez les Weasley.
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La première journée de cours aurait pu être qualifiée de cauchemar par Harry.
Le cours de divination commença sur les chapeaux de roues avec une prédiction des plus funestes. Harry savait que le chien que Trelawney avait vu pouvait correspondre à Sirius, mais les autres élèves ne le savaient pas. Ils l'avaient tous regardé comme s'il allait mourir dans la salle de classe cela l'avait énormément agacé. Il ne voulait dire à personne que l'air grave et inquiet de la voyante lui avait fait peur. Et si elle avait raison et qu'il avait vraiment le Sinistros sur lui ? Il avait tant de fois échappé à la mort...
Le cours de Métamorphose qui suivit fut plus intéressant et rassurant. McGonagall se transforma en chat et Harry se demanda comment Sirius avait pu devenir un Animagus sans aide. McGonagall le rassura en disant que Trelawney prédisait la mort d'un élève chaque année, mais pourtant, Harry ne pouvait s'empêcher de penser au Détraqueur du train. Avait-il été en danger à ce moment ? Sans oublier les autres années et tout ce qu'il avait vécu. Sirius avait été réellement effaré quand il lui avait raconté ce qu'il s'était passé. Et si, vraiment, Harry était en danger ? Et s'il courrait un risque en attrapant Pettigrow ? Et si Peter lui jetait un sort de magie noire ? Et si Sirius se faisait attraper ? Et s'il retournait chez les Dursley ? Non, une menace de mort n'était vraiment pas ce qu'il lui fallait en ce moment.
Harry arriva au cours de Soins aux créatures magiques avec un soulagement palpable. Il allait revoir Hagrid et avait hâte de voir ce qu'il leur avait réservé comme premier cours. Il sentait que ça ne pouvait pas être pire que le cours de Divination et le Détraqueur du train qui l'avaient mis mal à l'aise.
Les Gryffondor furent rejoints par les Serpentard. Harry se demanda pourquoi le directeur les mettait toujours en binôme avec eux, tant leur animosité était forte. N'aurait-il pas été plus pacifique de mettre les Serpentard avec les Serdaigle ?
Harry hocha la tête en direction de Draco, qui le lui rendit l'air toujours stupéfait. Harry avait été étonné que Malefoy ne fasse aucune remarque sur son malaise dans le train, qui avait fait le tour de Poudlard. Malefoy avait juste l'air neutre. Comme s'il ne savait pas encore quoi en penser et qu'il réservait son jugement. Harry pouvait gérer un Malefoy neutre. À vrai dire, c'était même très reposant de ne pas avoir à regarder derrière soi et toujours être prêt pour contre-attaquer les remarques de Malefoy.
– Ouvrez vos livres, dit Hagrid qui venait de les emmener près de la bordure de la forêt.
Draco avait blanchi et Harry se demanda s'il se souvenait que, la dernière fois qu'ils étaient allés dans la forêt, ils s'étaient retrouvés face à celui qui avait tué des licornes. Malefoy ne savait sans doute pas qu'il s'agissait de Voldemort, mais il n'avait pas pu oublier une telle chose. Harry aurait eu envie de lui en parler, avant de se fustiger et de se rappeler qu'il parlait de Malefoy.
– Comment fait-on ? demanda la voix traînante de Draco.
– Quoi ? demanda Hagrid un peu perdu.
– Comment fait-on pour ouvrir nos livres ? répéta Draco.
Il sortit son exemplaire du Monstrueux Livre des Monstres qu'il avait ficelé avec un morceau de corde. D'autres élèves sortirent également les leurs. Certains les avaient attaché avec une ceinture et d'autres les avaient serré dans des sacs étroits ou avec d'énormes pinces.
– Il faut le caresser, expliqua Harry distinctement en montrant son livre qui ronronnait tranquillement dans ses bras.
– Très drôle, murmura Malefoy d'une voix cassante.
Hagrid lança un regard de remerciement et rempli de fierté à Harry. Il voyait bien que son ami Hagrid était stressé. L'air sarcastique de Malefoy n'aidait pas. Mais il pouvait comprendre qu'il soit réticent. Draco avait été en retenue avec Hagrid dans la forêt interdite où ils avaient failli mourir. Ensuite, Malefoy avait vu Hagrid garder un dragon dans sa maison en bois.
– Et voilà, dit Hagrid en revenant de la forêt pour y amener les hippogriffes.
Harry les trouva magnifiques.
– Qui veut les toucher ? demanda Hagrid les yeux pétillants.
– Moi, dit finalement Harry en voyant que personne ne se proposait.
– Harry, siffla Parvati les mains devant sa bouche.
– Souviens-toi du Sinistros, continua Lavande.
Harry ne leur accorda aucune attention et se pencha vers Buck qui claqua du bec. Buck s'inclina, à son grand soulagement. Harry trouva son poil très doux et il eut l'impression que Buck l'aimait bien. Il apprécia de voler quelques instants avec l'animal, même si l'expérience n'était pas aussi bien qu'un balai.
– Beau travail Harry ! dit Hagrid qui semblait lui aussi soulagé.
Harry discuta du cours avec Hagrid, tout en restant proche de Buck qui le fixait avec intérêt.
Bientôt, tout le monde s'inclina devant les créatures, non sans appréhension. Malefoy, qui avait choisi Buck, caressait l'animal en le regardant d'un air supérieur. Harry pensa que les choses ne changeraient jamais vraiment et que Malefoy semblait ravi d'avoir fait aussi bien que Harry. Mais Harry n'avait pas envie de jouer. Il avait proposé une trêve, implicite, s'il ne l'acceptait pas, tant pis pour lui. Il n'allait pas courir après Draco Malefoy et n'allait surtout pas chercher à savoir qui était le meilleur d'entre eux.
– C'est très facile, dit Malefoy de sa voix traînante, suffisamment fort pour être sûr que Harry l'entende. Tu n'es pas dangereux, n'est-ce pas, sale bête repoussante ?
Tout se passa alors en un éclair. Harry vit la griffe de Buck fendre l'air. Dans un instinct, qui serait qualifié plus tard de suicidaire, il poussa Malefoy sur le côté, se plaçant entre le blond et Buck. La patte de Buck lui fit une longue et profonde entaille dans le bras.
Si, au départ, Harry ne sentit rien, la douleur vint progressivement et puissamment. Le sang giclait de son bras que Harry n'osait pas regarder par peur de défaillir. Il grogna de douleur en tenant son bras, effaré. C'était ce bras qui avait perdu ses os l'année dernière, ressoudés par les bons soins de Mrs Pomfresh.
Il tomba sur ses genoux, sa vision se troublant légèrement sous le coup de la douleur. Il avait l'impression qu'un fer chauffé à blanc lui brûlait le bras. Il sentait son sang couler et il avait envie de vomir.
Les élèves furent saisis de panique. Lavande et Parvati qui avaient poussé des cris de panique l'observaient comme s'il était prêt à mourir. Draco, qui était tombé à terre, regardait Harry les yeux écarquillés, stupéfait.
– Harry ! cria Hermione sous le choc en courant vers lui.
Buck claqua son bec en sa direction et Hermione fut rattrapée à temps par Hagrid. Buck semblait s'être rendu compte qu'il avait attaqué la mauvaise personne et semblait vouloir protéger Harry d'éventuelles attaques. Buck pencha sa tête sur le côté droit de Harry, comme pour le soutenir. Harry tapota le bec de Buck.
– Je vais bien, murmura Harry. Laisse Hagrid s'approcher.
Buck regarda Hagrid en claquant son bec, avant d'incliner sa tête en direction du demi-géant.
– Harry ? s'enquit Hagrid qui semblait sur le point de fondre en larmes.
– Je vais bien, assura fortement Harry en s'appuyant sur la main de Hagrid pour se relever.
Il sentit que, non, il n'allait pas bien, puisqu'il s'effondra sur Hagrid quand des points noirs envahirent sa vision. Il devait être très blanc puisque Dean, qui était le plus proche, vint le soutenir sur son côté gauche.
– Je vais bien, répéta Harry.
Hermione le regarda les mains devant sa bouche. Harry faisait peur à voir. Entre le sang qui continuait de couler de son bras, l'estafilade qu'il avait et son teint qui pâlissait de plus en plus... Il semblait sur le point de s'évanouir. Hagrid dut comprendre l'urgence de la situation et sortit de son manteau un tissu qu'il compressa sur la blessure de Harry pour arrêter le sang.
– Hagrid ! Il faut l'emmener à l'infirmerie ! cria Hermione.
Harry croisa le regard de sa meilleure amie qui semblait proche de l'hystérie et c'est sans doute ce qui lui fit le plus peur. Il aurait voulu lui dire que tout allait bien, mais il avait l'impression que sa bouche ne lui obéissait plus. Hagrid hocha la tête, souleva Harry qui n'avait plus de forces, et interrompit le cours.
Harry s'évanouit avant d'arriver à l'infirmerie, dans les bras de Hagrid.
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– Il est complètement malade...
– Je n'en reviens pas qu'il ait fait ça. Tu te rends compte ?
– Il aurait pu mourir !
Les yeux de Harry papillonnèrent et il vit Hermione et Ron de chaque côté du lit de l'infirmerie, l'air très inquiet.
– Harry ! dit Hermione en voyant qu'il venait d'ouvrir les yeux. Comment tu te sens ?
– Pourquoi tu as fait ça !? s'exclama Ron au même moment.
– Je vais bien, assura Harry.
Ce n'était pas vrai. Son bras le lançait terriblement, il avait mal et avait l'impression que des millions d'aiguilles le transperçaient inlassablement. Plus il se réveillait et plus la douleur augmentait. Il serra courageusement les dents.
– Tu as oublié le Sinistros ? insista Ron qui le regardait comme s'il était fou.
– Arrête, Ron, dit sèchement Hermione. C'est n'importe quoi. Le Sinistros n'existe pas. Trelawney est folle.
– C'est parce que tu ne comprends rien à ce cours, répliqua Ron agacé. Le Sinistros existe, d'accord ?
Hermione secoua sa tête sans chercher à discuter avec Ron de ses croyances.
– Pourquoi tu as fait ça, Harry ? répéta Ron.
– Je ne l'ai pas fait exprès, répondit-il agacé.
Il avait la tête qui bourdonnait et aurait voulu qu'ils arrêtent de se disputer comme ça. Il aurait voulu être au calme.
– Et sauver Malefoy en plus ! Tu aurais dû le laisser se faire tuer !
– Je n'ai juste... pas réfléchi, grimaça Harry. Je ne voulais pas que Hagrid ait des problèmes. Tu imagines si Malefoy avait été blessé ?
– Il aurait fait renvoyer Hagrid, fit Hermione encore plus horrifiée par cette perspective.
– Super premier cours, ricana Ron pour détendre l'atmosphère et en voyant que Harry n'avait pas envie d'en discuter. Je me demande ce qu'il nous réserve pour la suite.
Harry grogna alors que Mrs Pomfresh arrivait visiblement très en colère.
– Deux fois, en deux jours, Potter ! hurla-t-elle horrifiée. Vous cherchez vraiment les problèmes ou alors je commence à croire que vous aimez un peu trop ma potion de soins !
Mrs Pomfresh était si en colère qu'elle renvoya Hermione et Ron de l'infirmerie sans sommation. Elle observa son bras et grimaça en le désinfectant. L'entaille était très profonde et très douloureuse.
– Comment vous sentez-vous ?
– J'ai un peu mal... d'accord, j'ai très mal, dit Harry en voyant le regard meurtrier de Mrs Pomfresh. Mais ça va, ce n'est pas pire que le Poussos.
Mrs Pomfresh sembla hésiter entre rigoler et soupirer face à son patient le plus régulier. Finalement, elle lui fit un bandage accompagné de cataplasmes et le gava de potions contre la douleur. Elle lui tendit un petit flacon orange qu'il connaissait bien.
– Je n'ai pas besoin de dormir ! protesta-t-il.
– Mr Potter, vous avez l'air épuisé.
Harry se rappela qu'il n'avait pas dormi de la nuit et s'était épuisé en courant tout autour du lac. Le matin lui semblait si lointain. Il avait l'impression que tout lui tombait dessus : Sirius, les Détraqueurs, Malefoy, Buck... Il but la potion et s'enfonça dans un sommeil sans rêve avec délice, en se demandant comment il allait expliquer à Sirius qu'il avait failli mourir deux fois en deux jours.
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Harry fut réveillé le lendemain matin par Hagrid qui pleurait à ses côtés.
– Hagrid... dit Harry très gêné d'être à l'origine de la tristesse de son ami. Je vais bien. Ce n'est qu'une petite blessure.
– Tu aurais pu mourir ! J'aurais dû commencer par quelque chose de plus simple... commencer par les Veracrasses ou quelque chose comme ça... c'est entièrement de ma faute...
– Hagrid, dit Harry d'une voix forte, vous êtes un bon professeur.
Hagrid semblait si désolé que Harry sentit son cœur se serrer. Il aimait beaucoup Hagrid et ne voulait pas que ça l'empêche de continuer ses cours. Il savait qu'il était passionné par les créatures magiques et il n'y avait que lui qui les connaissait aussi bien. Il pouvait être un bon professeur s'il s'en donnait les moyens.
– Pourquoi tu as fait ça ?
– Parce que si ça avait été Malefoy il vous aurait fait renvoyer, expliqua Harry.
– Le conseil d'administration n'a pas encore été informé. Le professeur Dumbledore... grand homme Dumbledore... il m'a dit que personne n'avait rien dit.
– Pas même Malefoy ? s'étonna Harry.
– Tu lui as sauvé la vie, dit Hagrid comme si ça expliquait tout.
– N'importe quoi, rougit Harry. J'ai juste...
– Désolé, Harry, s'amusa Hagrid, mais tu es encore un héros.
Harry souffla en se disant qu'il n'avait pas fini d'en entendre parler.
– Hagrid... pour les cours suivants, peut-être qu'il faut s'en tenir aux animaux du livre ?
Hagrid rigola légèrement et hocha la tête.
– Je vais changer mon programme, Dumbledore m'a dit qu'il m'aiderait.
– C'était votre premier cours. Et c'était très intéressant. C'est Malefoy qui a insulté Buck, ce n'est pas de votre faute !
– Tu es un homme bien Harry, affirma Hagrid qui avait les yeux rougis. Comme ton père et ta mère.
Harry rougit sous le compliment. Il savait que Hagrid avait ses parents en haute estime et il était fier d'être comparé à eux, surtout avec tout ce que Sirius lui avait raconté à leur sujet.
– Ah, Mr Potter, vous êtes réveillé, constata Mrs Pomfresh avant d'inspecter sa blessure.
– Vous allez me retirer les bandages ?
– Hors de question. Vous allez les garder au moins une semaine.
– Mais quand j'ai eu le bras cassé...
– Ça n'a rien à voir, Mr Potter, coupa sèchement l'infirmière. C'est une blessure faite par une créature magique qui ne se soigne pas comme ça. Il faut que les parois de votre peau se ressoudent et ça prendra du temps. D'où l'utilité des bandages, des potions et d'une compression continue.
Hagrid semblait horrifié et commença à nouveau à s'excuser. Harry se leva et se sentit beaucoup plus en forme que la veille. Il n'avait aucun vertige et put sourire fièrement à l'infirmière qui soupira, comme si elle hésitait à l'attacher pour ne pas le laisser partir. Il savait que la potion de sommeil avait été très utile pour qu'il puisse se remettre. Elle lui donna trois potions à boire et il grimaça en sentant le goût affreux.
– Et pas de magie pendant une journée ! s'exclama Mrs Pomfresh en le poursuivant jusqu'aux portes de l'infirmerie. Les professeurs sont au courant, Potter. Vous viendrez me voir tous les soirs pour que je puisse contrôler votre blessure.
Harry soupira, agacé à l'idée de devoir aller régulièrement à l'infirmerie. Il avait vécu bien pire que ça. Hagrid insista pour l'accompagner jusqu'à la Salle Commune, sans doute pour se faire pardonner.
– Je vais bien, assura Harry.
– Ce n'est pas sûr pour toi, dit Hagrid d'une voix tendue.
– Ne vous inquiétez pas, Sirius Black ne me fera rien.
– Comment es-tu au courant ? s'exclama Hagrid étonné.
– Arthur Weasley.
– Oh... je pense que c'est pour le mieux. Vous avez la fâcheuse manie de traîner dans le château avec Hermione et Ron.
– Oui, rigola Harry. Merci Hagrid. Et ne vous inquiétez pas, vous êtes un super prof. Vous passerez le bonjour à Buck de ma part ?
– Il sera content, assura Hagrid les yeux brillants alors que Harry entrait dans la Salle Commune.
Les personnes qui étaient présentes le regardèrent, sans doute étonnées de le voir sorti aussi vite, avant qu'il ne soit assailli de questions sur ce qu'il s'était passé. Harry gémit légèrement quand quelqu'un toucha son bras et Fred fendit la foule pour l'aider à s'asseoir sur un fauteuil. Il réussit à convaincre les autres Gryffondor de le laisser tranquille alors que George lui fourrait dans les mains un paquet de Chocogrenouille. Le sucre du chocolat explosa dans sa bouche et lui fit un bien fou. Il n'avait même pas eu la sensation d'avoir faim.
– Tu sais, si tu ne voulais plus faire de footing, tu pouvais simplement nous le dire sans avoir besoin de mourir pour trouver une excuse. George aurait compris, ricana Fred en lui lançant un clin d'œil.
Harry rigola en s'excusant auprès de George.
– Ne t'inquiète pas pour ça, Harry, assura George. On reprendra quand tu te sentiras mieux.
– Sauf si Dubois te tue avant, ricana Fred. Il est devenu fou quand il a appris que tu ne pourrais peut-être pas jouer le match.
Harry grimaça parce qu'il savait qu'il allait passer un mauvais moment avec son capitaine. Mais il savait qu'il serait prêt pour jouer le match. Il le fallait.
– Harry ! s'exclama Lavande qui venait de descendre de son dortoir avec Parvati en le regardant comme s'il était déjà mort. Comment as-tu pu faire ça ? Tu ne te souviens pas ce que le professeur Trel...
– Lavande... soupira Harry. Je vais bien. Je n'ai pas le Sinistros.
La prédiction de Trelawney avait fait le tour de la Salle Commune, mais plusieurs Gryffondor confirmèrent que la professeure était tout sauf douée et qu'il ne fallait rien croire de ce qu'elle disait. Parvati et Lavande semblèrent agacées en voyant qu'on remettait en cause leur professeur préférée.
– Tu es fou, siffla Hermione qui venait de se glisser à ses côtés.
Elle le fusillait du regard et semblait à la fois inquiète pour lui et scandalisée à l'idée qu'il ait fait une telle chose.
– Désolé de t'avoir inquiété.
– Inquiété ! répéta Hermione, sa voix montant dans les aiguës. Tu t'es jeté devant Malefoy, Harry... Malefoy ! Tu t'es jeté devant un hippogriffe qui avait été insulté ! Buck aurait pu te tuer !
– Je croyais que tu n'aimais pas Trelawney, s'amusa Harry avant de déglutir difficilement en voyant l'air sérieux de Hermione.
– Ce n'est pas parce que j'ai dit que le Sinistros était faux qu'il faut que tu joues les héros et que tu fasses quelque chose d'aussi stupide et dangereux !
Harry hocha la tête en voyant qu'elle avait été vraiment inquiète et s'excusa de lui avoir fait peur. Hermione pouvait être terrifiante quand elle le voulait. Elle fut rassurée de voir qu'il allait bien, mais tint à vérifier l'état de ses bandages. Si elle semblait moins tendue, ses sourcils étaient froncés par l'inquiétude et elle restait tout de même très tendue. Harry s'en voulait un peu, mais il savait aussi qu'il ne l'avait pas fait exprès. Il n'avait tout simplement pas réfléchi.
– Comment va Hagrid ? demanda Ron qui venait d'arriver et compris qu'il ne servait à rien d'insister sur le fait que Harry avait fait quelque chose de stupide.
Harry leur raconta ce que Hagrid et l'infirmière lui avaient dit. Les jumeaux insistèrent pour qu'il raconte tout en détail et, quand Dean Thomas raconta l'événement, Harry trouva son imitation très exagérée.
– Ça ne s'est pas passé comme ça, affirma Harry.
– Je n'exagère pas, répliqua Dean les yeux écarquillés. Tu t'es vraiment jeté entre Malefoy et l'hippogriffe. Je n'ai jamais vu une chose aussi terrifiante de ma vie.
Ses autres camarades confirmèrent et Harry grimaça en se demandant si tout ce qu'il avait vécu ne l'avait pas traumatisé pour qu'il fasse des choses aussi suicidaires.
– Tout ça pour Malefoy... ricana Ron.
– Je trouve ça très courageux, dit rêveusement Parvati. Protéger son ennemi, c'est très Gryffondor.
– C'est suicidaire, siffla Hermione sans laisser à personne la possibilité de répliquer. Mais, au moins, Hagrid ne sera pas renvoyé.
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Le soir, Harry fut surpris de voir Hedwige lui apporter une lettre. Il était seul dans le dortoir et prêt à s'endormir (l'infirmière lui ayant donné une potion calmante dont les effets secondaires étaient la somnolence).
– C'est de la part de Sirius ? souffla Harry en prenant la lettre. Merci ma belle. Passe me voir au petit-déjeuner si tu veux un bout de bacon.
Hedwige lui mordilla affectueusement le doigt avant de s'envoler par la fenêtre pour rejoindre la volière. Il était étonné de recevoir du courrier, car il avait quitté Sirius il y a trois jours et ils avaient décidé de limiter leurs contacts au strict minimum au cas où le courrier serait surveillé. Il était toutefois très content que son parrain lui ait écrit car il lui manquait terriblement. Il appréhendait de lui raconter ce qu'il s'était passé depuis la rentrée et se demanda comment il allait réagir.
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Harry,
Je sais que ça ne fait que quelques jours que nous nous sommes quittés, mais tu me manques déjà. Le Square Grimmaurd semble bien vide sans toi. Ma mère est devenue plus folle que jamais et Kreattur fixe le mur pendant des heures. Je ne sais pas quel sort tu leur as jeté, mais ils attendent déjà ton retour.
Comme je te l'ai dit, profite ! Profite de ta troisième année, de tes nouvelles options et de tes amis. Tu as plein de choses à découvrir (comme des passages secrets...). Je suis à la recherche active d'un objet que ton père et moi avions pour communiquer. Pour le moment, aucune trace, mais je ne désespère pas car ce serait plus simple que de communiquer par lettres. J'ai demandé à Hedwige de te déposer la lettre quand tu serais seul pour être sûr que personne ne te pose de questions. Elle est si intelligente.
J'ai pris contact avec un ancien ami à moi qui s'appelle Mihai Duca. C'est un psychomage très reconnu en Roumanie. Nous nous sommes rencontrés après Poudlard et nous avons gardé contact jusqu'à mon arrestation. Il a accepté de me rencontrer et je pense que tout se passera bien. Cela va me permettre de me remettre en forme avant le procès et surtout avant que tu ne reviennes à la maison. Je te tiens au courant.
J'espère que tout se passe bien pour toi et que tu ne t'es pas encore fourré dans les problèmes. Dis-moi tout ! J'attends le détail de tes premiers jours avec impatience ! Tu peux m'écrire quand tu le souhaites, mais peut-être que tu devrais écrire "Sniffle" au cas où ton courrier serait surveillé, bien que j'en doute.
Fais attention à toi,
Sirius Orion Black
La Noble et Très ancienne maison des Black
(Ça claque, non ? Pour être un parfait petit Black je devrais mettre la devise de la famille, mais JAMAIS je n'écrirais "Toujours Pur", c'est d'un ridicule... Je pense que je peux la changer mais je ne sais pas quoi mettre à la place : Toujours Pour les Moldus ; Toujours Impur ; Toujours Black... Il faut quelque chose qui choque ma mère, n'hésite pas à me donner tes idées).
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Sirius avait le cœur qui battait fort. Il savait que faire confiance à Mihai Duca était risqué parce qu'il aurait pu prévenir les Aurors, il savait qu'il pouvait se faire arrêter sur le champ et être condamné au Baiser du Détraqueur. Mais il avait besoin de voir quelqu'un. Et Mihai était la personne la plus adaptée et compétente pour cela. Il espérait juste que tout ce qu'il avait vécu avec cet homme comptait plus que prévenir les Aurors.
Mihai avait répondu à sa lettre rapidement, lui donnant rendez-vous dans un bar moldu. Sirius avait été étonné car il pensait son ami en Roumanie, dans sa clinique privée. Sirius avait métamorphosé son visage en prévention, car Harry lui avait dit que les chaînes d'informations moldues avaient indiqué qu'il était dangereux et armé. Sirius avait toujours été doué en Métamorphose, même s'il était loin du niveau de James, et ce fut un jeu d'enfant de passer inaperçu dans la ville. Pouvoir se promener librement lui semblait à la fois terrifiant et terriblement libérateur.
Le bar était en plein cœur de Londres, dans une petite ruelle, à l'abri des regards. L'intérieur était confortable et beaucoup de tables en bois étaient occupées. Toutefois, il n'eut pas grand mal à reconnaître Mihai. Il n'avait pas changé en douze ans. Mihai avait commandé un café et était plongé dans un dossier. Ses cheveux étaient toujours longs et attachés en une queue de cheval. Il avait le teint hâlé qui faisait ressortir l'intensité de ses yeux. Quand Sirius s'approcha, il remarqua des rides aux coins de ses yeux.
– Salut, dit Sirius en s'installant face à son ancien ami.
Mihai releva la tête, le dévisagea un instant, avant de hocher la tête.
– Joli déguisement.
– Comment tu sais que c'est moi ?
– La voix, la posture, expliqua Mihai qui le détaillait du regard.
– Tu n'as pas prévenu les Aurors ? demanda Sirius en pensant qu'il pouvait de toute façon lui mentir.
– Non, dit Mihai légèrement choqué. Pour qui tu me prends ?
– Pour quelqu'un qui a un rendez-vous avec un criminel.
– Tu n'es pas un criminel, rétorqua Mihai.
– Non. En effet.
– Que puis-je vous servir ? demanda la serveuse en interrompant leur conversation.
– Un cappuccino avec un peu de crème et deux sucres, merci.
– Jamais un criminel ne demanderait çaà une serveuse, dit-il simplement Mihai en souriant légèrement.
– Tu n'as pas l'impression de me faire confiance un peu trop facilement ?
– Non. Tu préfères que j'appelle les Aurors ? demanda Mihai sans perdre son flegme.
– Je ne préfère pas, admit Sirius en haussant les épaules.
– J'ai été content que tu me contactes, assura Mihai en avalant son café. Je sais ce que tu as vécu.
– J'ai beaucoup hésité, admit Sirius alors que la serveuse lui apportait sa commande.
– Pourquoi ?
– Je ne pensais pas que tu me croirais. Tu penses vraiment que je suis innocent ?
– C'est évident, dit Mihai d'une voix débordante de sincérité. Je te connais. Je connaissais Lily je te rappelle. Je t'ai vu avec James et Lily, je sais que jamais tu n'aurais pu les trahir. Et puis cette histoire de moldus... Je veux dire, toutes les personnes qui te connaissaient savent que tu n'aurais jamais pu faire ça.
Sirius ferma les yeux un instant, envahi par les souvenirs qui se percutaient les uns les autres dans son cerveau. Depuis sa sortie de prison il avait été assailli par de nombreux souvenirs et il était parfois difficile pour lui de reprendre pied avec la réalité. Mihai sembla le comprendre et ne fit aucune remarque.
Sirius avait rencontré Mihai lors d'un voyage en Roumanie avec Lily. Ils y faisaient des recherches sur les sortilèges de magie noire et les rituels roumains. Ils avaient planifié un séjour de trois semaines, mais Lily s'était évanouie alors qu'ils se promenaient dans une rue. Suite aux bons conseils des personnes rencontrées sur place, Lily avait été emmenée dans la clinique privée de Mihai qui avait pris le soin d'ausculter Lily, même si ce n'était pas sa spécialité.
– C'est moi qui ait annoncé à Lily sa grossesse, se rappela Mihai un sourire amusé sur les lèvres.
– Quel souvenir, répondit Sirius les yeux dans le vague.
– Tu étais là pour la soutenir. Tu l'as regardé en lui disant que James allait être le plus heureux des hommes.
Lily avait fait une crise de panique en apprenant sa grossesse. Elle avait dit à Sirius que ce n'était pas le moment, que James allait lui en vouloir, que la guerre était là et que c'était inconscient d'avoir un enfant. Mais Sirius connaissait James par cœur et il n'avait pas eu tort en disant à Lily que James serait plus que heureux de savoir qu'elle était enceinte, guerre ou non.
Mihai avait imposé à Lily un repos de quelques heures. Sirius avait réservé un Portoloin international, promis à Lily de lui envoyer le résultat de ses recherches et l'avait regardée partir pour retrouver l'homme de sa vie. Il avait continué ses recherches et Mihai l'avait beaucoup conseillé. Ils avaient parlé, beaucoup, et étaient devenus amis. Sirius était resté un mois en Roumanie et avait noué des liens avec Mihai. Mihai l'avait rejoint quelques fois en Angleterre, avant que la guerre ne commence vraiment et que le médicomage ne retourne en Roumanie.
– Jamais tu n'aurais pu les trahir, assura Mihai. Et puis, je sais que tu n'as pas eu de procès.
– Comment ?
– J'ai mes relations à Gringotts, s'amusa Mihai. J'ai décidé de venir te voir et ce que je vois confirme ce que je savais déjà ; tu n'es pas le traître.
– Tu es pire que Harry, souffla Sirius.
Comment toutes ces personnes pouvaient lui faire à ce point confiance alors qu'il était accusé de crimes si horribles ? Lui faire confiance alors qu'il avait mené James et Lily à la mort ? Il s'en voulait terriblement et ne comprenait pas comment personne ne pouvait lui en vouloir.
– Harry ? Le fils de James et Lily ? comprit Mihai en haussant un sourcil interloqué.
Sirius se mordit la lèvre inférieure parce qu'il ne voulait surtout pas impliquer son filleul dans cette histoire. Il avait peur pour lui et il ne voulait surtout pas qu'il soit interrogé par les Aurors qui étaient de véritables brutes.
– Tu n'es pas obligé de m'en parler tout de suite, assura Mihai. Qu'est-ce que tu veux ?
– Je veux obtenir la garde de Harry, dit franchement Sirius. Et pour ça, je dois me soigner.
– Je te trouve en forme pour quelqu'un qui a passé douze ans à Azkaban.
– Je suis un Animagus, lâcha Sirius.
– Wouah ! siffla Mihai les yeux écarquillés.
– Eh oui, c'est la seule chose positive dans tout ça. Ça m'a aidé à ne pas perdre la tête. Mais ce n'est pas pour ça que ça ne m'a pas affecté. Je... j'ai beaucoup de cauchemars et je sens que je ne suis pas stable. Je veux être un bon parent. Je veux que Harry puisse se reposer sur moi. Je veux être guéri.
Mihai but une gorgée de café en observant attentivement Sirius.
– Tu ne guériras jamais, lâcha le psychomage avec douceur. J'ai soigné plusieurs personnes ayant fait des séjours là-bas, puisqu'en Angleterre vous n'avez aucune clinique de soins. Tu auras besoin d'un suivi de psychomagie toute ta vie, surtout après douze ans de prison. Est-ce que tu es prêt à ça ?
Sirius soupira. Il aurait bien voulu que Mihai lui donne une potion et que tout se règle facilement. Mais il revit ses cauchemars, ses crises de panique, les moments où il confondait Harry avec James et... non, ce n'était pas possible.
– Oui, dit franchement Sirius en observant Mihai dans les yeux. Je veux me soigner. Et si ça signifie qu'on doit se voir toute ma vie alors je prends. Tant que je peux m'occuper de Harry sans risque.
– Je n'en attendais pas moins de toi.
– Comment ça va se passer ? demanda Sirius un peu inquiet, n'ayant jamais vu de psychomage de sa vie.
– Je suis en Angleterre jusqu'à juin, tu as de la chance, répondit Mihai.
– Tu fais des recherches ?
– Oui. Toujours sur la magie noire et les incidences sur le cerveau.
Sirius sourit. Il y a douze ans déjà Mihai s'était spécialisé dans ce domaine et c'était notamment cela qui avait conduit les deux amis à discuter. C'était l'un des plus grands spécialistes de psychomagie et de magie noire en Europe et il était régulièrement consulté par différents hôpitaux étrangers. Mihai avait voulu travailler en Angleterre quand il avait connu Sirius, mais la guerre avait éclaté. Le fait qu'il puisse poursuivre ses recherches aujourd'hui était très positif pour lui et ses recherches. Outre la magie noire, Sirius savait que c'était l'un des meilleurs psychomages et que c'était lui dont il avait besoin pour se remettre.
– Il faut qu'on se voie régulièrement, prévint Mihai. Je pense que trois fois par semaine est un bon début. Je vais te faire une analyse complète. Il faudra que tu continues à venir me voir quand je serai en Roumanie. On ne peut pas arrêter les soins comme ça. Si tu commences avec moi, tu dois accepter de le faire pendant des années.
– Ça ne devrait pas poser de problème, j'espère être innocenté rapidement, sourit Sirius.
– Où est-ce que tu veux qu'on se rencontre ?
– Chez moi. Il me faut un endroit où je suis en sécurité.
– Tu veux que je fasse un serment magique ?
– Oui, dit finalement Sirius après réflexion. Ce n'est pas que je ne te fais pas confiance, mais...
– Ne t'en fais pas. Beaucoup de mes patients me l'ont demandé afin de garantir que ce qu'ils me disent ne franchisse pas les portes de la consultation.
– Je vais te conduire chez moi, décida Sirius. J'ai beaucoup de choses à raconter.
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