PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.
Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci !)
N/A : UN GRAND MERCI à toutes les personnes qui ont commencé, lu et aimé cette histoire. Je suis très touchée par l'accueil qui est fait à cette histoire et au fait que vous semblez tous aimer la relation entre Sirius et Harry. Dans ce chapitre, vous allez faire la connaissance à la fin de deux personnages qui seront très importants dans la suite de l'histoire, j'espère qu'ils vous plairont. J'espère que la suite vous plaira, bonne lecture !
Partie 2. Chapitre 4.
"Phase deux"
L'opération Gruyère était lancée. Sirius avait insisté pour donner un nom à leur mission, arguant du fait qu'avec James ils donnaient toujours un nom de code à leurs blagues. C'était une tradition de Maraudeur et rien ne pouvait y déroger.
Sirius avait passé plus de temps à trouver le nom qu'à planifier l'opération, mais sa mine réjouie avait fait fondre toutes les critiques de Harry. Ce dernier avait sobrement proposé le "Plan Pettigrow" ou encore "Piège à rat". Mais Sirius voulait un nom intraçable, qu'ils puissent utiliser sans que personne ne le sache. Il avait proposé "Gruyère" en faisant valoir que c'était le plus discret et illustrant le fait qu'ils allaient capturer Peter par la nourriture. Personne ne pouvait savoir ce qu'ils entendaient par là.
Harry avait capitulé en écoutant Sirius planifier les quatre phases du plan.
La première était la préparation de la potion par Sirius et la répétition de tout ce qu'ils allaient faire pour que l'opération soit réussie.
La deuxième était de contacter Susan Bones qui aiderait Harry à écrire une lettre à Amelia Bones, la Directrice de la Justice Magique, l'aidant à prendre conscience que Sirius n'avait pas eu de procès. Ils ne savaient pas si cette partie pouvait être une réussite, mais il voulait juste installer le doute chez Amelia.
La troisième était d'attraper Peter. Harry avait un rôle très important à jouer (au grand désespoir de Sirius), car il était essentiel que cette partie réussisse. C'était là où la situation pouvait réellement changer ou s'aggraver.
Enfin, la dernière phase, qui consistait en la préparation du procès et l'appel à la presse, devait déboucher sur l'innocence de Sirius.
.
Au début du mois d'octobre, Harry se décida à mettre en route la phase deux.
Depuis qu'il avait intégré le cours de Runes, il s'était beaucoup rapproché de Susan Bones et de Hannah Abbott. Avec Hermione, ils avaient commencé à discuter avec les Poufsouffle devant la porte du cours de Runes. Puis, Hannah et Hermione s'étaient trouvé des centres d'intérêts communs (les cours, les devoirs et les professeurs) et prenaient plaisir à discuter ensemble, devant la salle et même en-dehors du cours de Runes. Hermione semblait aimer les commentaires acerbes de Hannah qui avait un avis tranché sur chaque personne de Poudlard et était au courant de tous les potins du château. Depuis qu'elles traînaient ensemble, Hermione semblait beaucoup plus joyeuse et oubliait peu à peu les disputes qu'elle avait avec Ron depuis le début de l'année.
Susan et Harry s'étaient rapidement retrouvés installés côte à côte en cours et passaient leur temps à discuter de choses et d'autres. Ils avaient institué un concours pour savoir qui résoudrait le plus rapidement les traductions proposées par la professeure Babbling. Harry découvrit qu'en plus d'être très intelligente, Susan était une fille très sympathique et rigolote. Elle avait des cheveux blonds coupés en carré et, à ses oreilles, étaient toujours pendues des boucles d'oreilles différentes, la droite n'étant jamais la même que la gauche.
À la grande surprise de Susan, il lui avait proposé de travailler avec lui sur les Runes à la bibliothèque. Elle avait accepté avec joie. Harry l'avait fait sans même réfléchir à l'opération Gruyère, juste parce qu'il aimait bien Susan et que leur collaboration en Runes lui était vraiment profitable.
Il adorait Hermione et travaillait parfois avec elle, mais elle avait tendance à travailler soit en silence, soit en étalant tout son savoir si rapidement que Harry avait du mal à appréhender ses explications. Susan allait toujours droit au but sans se perdre dans les détails. Et surtout, Susan était drôle. Il n'était pas rare que Mrs Pince les fasse sortir de la bibliothèque en hurlant au sacrilège de les entendre rigoler dans son antre sacré.
Au départ, Susan et Harry s'étaient retrouvés un soir par semaine à la bibliothèque, puis ils avaient fini par se donner rendez-vous presque chaque jour. Harry était passé par-dessus le manque de confort de la bibliothèque car Susan et lui avaient un rythme similaire. Chacun avait ses matières préférées et pouvait aider l'autre. Quand l'un ne comprenait pas quelque chose, l'autre lui expliquait. Quand les deux ne comprenaient pas, ils soupiraient en se tournant vers Hannah et Hermione, toujours studieuses, qui se faisaient un plaisir de les aider.
– Mr Potter, parfait, sourit le professeur Babbling en lui rendant son devoir.
Harry avait bien progressé sur les traductions avancées que lui avait données son professeur et ses notes s'en ressentaient. Après avoir traduit un conte entier, tracer des runes de base était devenu instinctif pour lui. Il avait constaté pour son plus grand plaisir qu'il était vraiment bon dans cette matière.
– Tu as intérêt à m'aider pour le prochain, soupira Susan en voyant qu'elle peinait à obtenir la moyenne.
– Si tu m'aides pour la Botanique, je confonds toujours les filets de walad et les plantes amoe. Je pourrais te parler à la fin du cours ? chuchota Harry.
– Bien sûr.
À la fin du cours, Harry entraîna Susan dans une salle de classe vide, sous le regard amusé de Hannah. Susan avait les joues un peu roses alors qu'il insonorisait la pièce avec l'Assurdiato (merci Sirius !).
– Excuse-moi de te déranger.
– Tu ne me dérange pas, assura Susan d'un ton doux, mais inquiet.
Pourquoi Harry voudrait-il lui parler en-dehors des cours ou de leurs séances de travail ? Il semblait plutôt anxieux et n'osait même pas la regarder en face.
– En fait... c'est un peu délicat... Ta tante dirige bien le Département de la Justice Magique ?
– Oh... oui, dit Susan d'un ton plus froid en sentant son cœur se contracter à l'idée de ce qu'allait lui demander Harry.
Harry n'y prêta pas attention, trop concentré sur le fait que son plan devait absolument marcher.
– C'est à propos de Sirius Black, en fait, et...
– Tu liras les journaux, Harry. Je n'ai aucune information à te donner, dit-elle sèchement.
Harry vit qu'elle était un peu vexée et il se demanda pourquoi. Il comprit soudain en voyant ses lèvres pincées et le fait qu'elle avait croisé ses bras autour d'elle, comme si elle cherchait à se protéger.
– Oh... Non Susan, ce n'est pas... Enfin je ne veux pas que tu... enfin... c'est juste qu'on s'apprécie, et...
– Harry, souffla-t-elle l'air gêné. Je t'apprécie bien aussi. Mais ce n'est pas pour ça que je vais te donner des informations sur Sirius Black !
– Je ne t'ai pas demandé ça... c'est juste...
– Tout le monde le fait, avoua-t-elle en claquant sa langue contre son palais, agacée. Mais je ne peux rien dire parce que je ne sais rien ! Je ne pensais pas que tu serais celui qui viendrait me demander une telle chose.
Son ton était froid et Harry vit qu'elle se sentait blessée à l'idée qu'il l'ait utilisé pour avoir des informations. Il se maudit en songeant que Sirius allait devoir lui donner des conseils pour parler aux filles. Pourquoi étaient-elles aussi compliquées ?
– Ce n'est pas ce que tu crois, balbutia Harry. Je veux que tu me mettes en contact avec ta tante. Mais tu peux refuser. Je ne veux pas que tu te sentes utilisée... Je t'apprécie beaucoup et c'est juste parce qu'on se connaît... mais je ne suis pas devenu ami avec toi pour ça ! se reprit-il en voyant qu'il s'embourbait dans ses explications.
Harry soupira de frustration en s'installant sur une chaise. Il avait tout raté. Pourquoi n'avait-il pas répété ce qu'il allait lui dire avant ? Il dut avoir l'air très pâle puisque Susan se rapprocha de lui en se mordant la lèvre inférieure, comme si elle semblait hésiter sur la démarche qu'elle devait suivre. L'écouter ou non ? Après tout, Harry avait toujours été si gentil avec elle. Mais l'avait-il été dans le seul but d'avoir des informations sur Sirius Black ? Elle ne pouvait pas se résoudre à penser une telle chose. Ils s'étaient considérablement rapprochés et jamais Susan n'aurait pensé trouver en Harry quelqu'un de si sympathique et de si facile à apprécier.
– Harry ? demanda-t-elle finalement en songeant que tous leurs éclats de rires et discussions ne pouvaient pas être feints.
– Est-ce que tu peux garder un secret ? Et n'en parler à personne, pas même à Hannah ?
Susan sembla peser le pour et le contre, avant d'acquiescer. Harry ne voulait surtout pas que Hermione ou Ron apprennent qu'il cherchait des informations sur Sirius.
– J'ai surpris une conversation, dit-il en grimaçant. À propos de Sirius Black. Tu sais de quoi il est accusé ?
– Bien sûr, dit Susan sur le ton de l'évidence.
– C'est mon parrain.
Cette fois-ci, Susan écarquilla les yeux et mit ses mains devant sa bouche.
– C'est mon parrain. Il aurait trahi mes parents.
Susan semblait encore plus horrifiée. Harry comprit qu'elle savait de quoi il était accusé, mais qu'elle n'était pas au courant de la plus grosse accusation. Pas du fait qu'il ait passé douze ans à Azkaban pour avoir soi-disant trahi l'homme qu'il considérait comme son frère.
Harry soupira et plongea sa tête entre ses mains. Le dire était pire que tout. Il savait que Sirius était innocent et trouvait ça si injuste que personne ne le sache. Il ressentit une vague de haine pour Pettigrow à cet instant. Il voulait se lever et attraper le rat immédiatement.
Susan dut penser qu'il était bouleversé par rapport à Sirius Black car elle posa sa main sur son avant-bras.
– Harry, je...
– Personne n'est au courant. Pas même Ron et Hermione, continua-t-il, la voix cassée. Je ne veux pas que... peu importe. J'aimerais juste pouvoir parler à ta tante et savoir ce qu'il a dit à son procès. Je veux juste savoir, s'il s'est excusé ou... c'étaient mes parents. C'est à cause de lui que...
Harry ne finit pas sa phrase. Dans sa tête flottait l'image de Croûtard. Qui avait trahi ses parents. Celui qui avait trahi tout le monde. Qui avait entraîné Sirius dans sa chute. Sans lui, il aurait eu des parents. Sans lui, il n'aurait pas été le garçon qui a survécu. Il aurait été juste Harry. Un Harry qui aurait parlé à Susan des Runes et des cours plutôt que du procès d'un criminel. Il sentit son cœur se serrer et il crut qu'il allait vomir. Susan avait l'air réellement inquiète à présent.
– On va lui écrire une lettre, dit-elle finalement. Après tout, si quelqu'un mérite des explications, c'est bien toi.
– Merci Susan.
Harry ressentit une vague de bonheur déferler en lui. Il savait que c'était la première étape du plan. La Directrice de la Justice Magique allait, si elle était aussi juste que Sirius le disait, commencer des investigations, comprendre que quelque chose n'allait pas et qu'il n'avait pas eu de procès. Quand il lui amènerait Peter Pettigrow, alors le procès de celui qui avait trahi ses parents pourrait commencer.
– Je ne voulais vraiment pas que... Je t'apprécie vraiment...
– Ne t'inquiète pas, sourit Susan qui semblait aussi soulagée. N'hésite pas, si tu as besoin d'en parler. Je peux comprendre que... Pourquoi tu n'as rien dit à Ron et Hermione ?
– Je ne veux pas qu'ils paniquent, avoua-t-il sincèrement. J'aimerais que peu de personnes soient au courant. Je vais leur dire, mais pour le moment... Ils savent déjà que Sirius cherche à me tuer.
– Comment es-tu au courant ?
– Mr Weasley. Il sait qu'on se balade avec Ron la nuit dans les couloirs, rit Harry qui se sentait soulagé à l'idée qu'elle l'ait écouté.
– C'est bien qu'il t'en ait parlé. Ma tante était furieuse quand elle a su que le Ministre ne t'avait pas informé. Black aurait pu te chercher à ce moment et te tuer.
– Oui... Je me suis baladé tout l'été sur le Chemin de Traverse, s'il a pu passer les Détraqueurs, ce n'est pas quelques sorciers qui allaient l'arrêter, grimaça-t-il en songeant qu'effectivement si Sirius avait réellement voulu le tuer il aurait été une cible facile.
Susan hocha la tête, les yeux brûlants de fureur. Comment des gens avaient-ils pu le laisser ainsi dans l'ignorance ? Elle se sentait outrée à l'idée qu'ils aient risqué la vie de Harry inutilement. Si elle ne le connaissait pas beaucoup avant cette année, elle l'avait toujours trouvé très gentil, bien que très secret. Depuis qu'ils se parlaient, Susan le trouvait adorable.
– Merci beaucoup, Susan. Et tu sais, tu es vraiment une amie. Ce n'est pas... Je...
– Ne t'inquiète pas, répéta-t-elle d'un ton assuré.
Harry lui sourit largement. Susan changea de sujet pour préparer leur programme de révision du jour. Harry était soulagé que Susan ne se sente pas utilisée car cela n'avait jamais été son intention. Il appréciait réellement la blonde et leurs conversations étaient toujours passionnantes. Jamais il n'avait pensé à l'opération Gruyère en parlant avec elle.
La connaître avait vraiment changé son rapport aux autres. Il n'hésitait plus à se rendre à la table des Poufsouffle pour parler avec Susan et Hannah. Lui qui avait toujours été très secret et timide, se trouvait à apprécier de parler avec d'autres personnes et même avec les garçons de son dortoir qu'il fréquentait si peu. Mais surtout, ce qu'il aimait avec les autres élèves, c'est qu'il pouvait avoir des conversations normales.
Avec Susan, il ne parlait pas de Voldemort, de pierre philosophale ou d'Héritier de Serpentard. Non. Avec elle, il était juste un enfant comme les autres. Jamais Susan ou Hannah ne lui avaient montré qu'elles voyaient en lui le Garçon-qui-a-Survécu. Il était Harry. Juste Harry.
Susan et Harry arrivèrent en rigolant dans la Grande Salle. Harry et Susan étaient très proches et nombre de personnes observèrent le Garçon-qui-a-Survécu sourire largement et tendre le sac de Susan qu'il avait porté sur le chemin. Susan avait les joues un peu rouges et cligna des yeux plusieurs fois, un peu étourdie, quand Harry lui lança un sourire éclatant.
Il n'en fallut pas plus pour que Poudlard Potins soit lancé. Hannah sautillait sur sa chaise l'air extatique.
– À plus tard Harry ! lança gaiement Susan avant de se diriger vers la table des Poufsouffle.
– Susan Bones... dit George d'une voix amusée alors que Harry s'installait en face des jumeaux pour y prendre son déjeuner.
Harry rosit légèrement en comprenant le sous-entendu.
– C'était juste pour parler des Runes.
– Les Runes ? C'est comme ça qu'on appelle ça à votre époque ? ricana Fred.
Harry rougit et changea de sujet en parlant de l'entraînement de Quidditch. Fred lui lança un clin d'œil amusé, pas dupe. Harry se dit qu'il valait sans doute mieux qu'ils pensent qu'il voulait sortir avec Susan, plutôt que de connaître leur véritable sujet de conversation. Et puis, personne n'y ferait sans doute attention.
.
À la grande surprise de Harry, sa prétendue relation avec Susan Bones fit le tour de Poudlard et il fut au centre de toutes les conversations pendant deux jours. Harry ne fit aucun commentaire et renvoya sèchement ceux qui venaient lui parler. Il eut la désagréable surprise de voir plusieurs filles tenter de se rapprocher de lui et ne savait pas comment gérer la situation.
Ron et lui ne parlèrent pas de la situation, mais Harry sentait à quel point Ron en était jaloux. Il trouvait ça injuste car il ne se passait rien du tout avec Susan. Il était jaloux de la simple possibilité qu'il ait trouvé une copine. Harry ne manquait pas les regards de ses camarades et de toutes les personnes de Poudlard. Même le professeur Chourave avait souri en voyant Harry et Susan faire équipe en Botanique. Il avait l'impression que l'ensemble de Poudlard s'intéressait à sa vie sentimentale inexistante et il demanda des explications à Hermione.
– Tu es le Garçon-qui-a-survécu, dit-elle simplement en haussant un sourcil.
Hermione était clairement amusée par la situation. Elle lui avait fourni une liste de sorts très ingénieux pour repousser les personnes qui venaient lui poser des questions sur Susan. À ce moment, Harry avait vu le côté effrayant de Hermione Granger et s'était promis de ne jamais la mettre en colère. Le sortilège qui donnait de l'acné pendant des jours semblait particulièrement agressif.
– Et alors ?
– Eh bien les gens te connaissent. Tu ne te souviens pas de tes premiers jours ici ? Tu es connu Harry. Et puis, tu ne sors même pas avec elle, je ne comprends pas pourquoi ça t'embête.
– Parce que je fais ce que je veux, Poudlard n'a pas besoin de le savoir. Si, et je dis bien si, je sortais avec Susan, je détesterais que tout le monde soit au courant et me demande des détails. C'est censé être privé ! Et puis, tu sais qu'elle a été attaquée par d'autres filles ? Attaquée, Hermione ! Alors qu'on est juste des amis.
Hermione soupira de dépit en repoussant son devoir d'Arithmancie.
– Harry, les gens s'intéressent à ta vie.
– Mais pourquoi ? J'ai juste survécu, dit Harry dégoûté à l'idée qu'il soit célèbre pour ça. J'étais un bébé.
– Oui. Et tu es le plus jeune attrapeur de Poudlard, tu es riche et tu es mignon. Les filles veulent sortir avec toi depuis toujours. Mais maintenant qu'elles ont compris que tu étais prêt pour une relation... Elles vont essayer de te séduire.
Harry la dévisagea et Hermione rougit légèrement.
– Pas moi ! se défendit-elle. Mais j'ai déjà entendu des filles parler de toi dans les toilettes.
– Fantastique. Et personne ne se souvient que l'année dernière j'étais l'Héritier de Serpentard ? cracha-t-il agacé par la situation.
– Non. Sans doute pas. Tu dois juste... continuer à vivre et ne pas montrer que ça t'affecte. Mais je te conseille d'en parler à Susan, il n'y a qu'elle qui peut décider si elle veut continuer à te parler.
– On ne sort même pas ensemble !
– Je le sais, Harry, répliqua Hermione. Laisse les gens parler. Tu sais bien que tu ne pourras rien faire contre ça. Il vaut mieux qu'on dise que tu sors avec Susan plutôt que tu cherches à assassiner des nés-moldus, non ?
– Hermione... Promets-moi que jamais tu ne seras comme ces filles, plaida Harry très sérieusement.
Hermione promit, mais ne put cacher son amusement en voyant les nombreuses filles qui passaient par leur table pour essayer d'attirer l'attention de Harry.
– Je te promets que je serai là quand toutes ces filles te feront perdre la tête.
– Aucune chance.
.
Harry eut la surprise de voir Dobby apparaître alors qu'il s'apprêtait à monter se coucher. Il avait veillé tard pour finir son devoir de Potions. Il répugnait toujours à les commencer, mais avait refusé que Hermione ne l'aide. Il voulait se débrouiller de lui-même et Susan, qui détestait cette matière autant que lui, n'avait pas été d'une grande aide.
– Maître Harry. Voici un cadeau de la part de Maître Sirius.
Harry sourit en remerciant l'elfe qui repartit rapidement. C'est un petit paquet assez fin. Harry fronça ses sourcils en voyant qu'il s'agissait d'un miroir. Il se demanda si son parrain se moquait de lui.
Harry. Ceci est un Miroir à Double Sens. J'en possède un autre exactement semblable. Si tu as besoin de me parler, prononce mon nom en le regardant. Tu apparaîtras alors dans mon propre miroir et moi, je te parlerai dans le tien. James et moi utilisions ce moyen pour communiquer lorsque nous étions en retenue dans des endroits différents.
Harry laissa échapper une exclamation de surprise en regardant l'artefact magique. Il prononça distinctement "Sirius Black" après avoir mis en place sa bulle de silence.
– Harry ! s'exclama Sirius qui souriait largement.
Harry reçoit un coup au cœur en voyant son parrain. Il aurait tellement aimé être avec lui.
– Tu n'es pas couché ? s'étonna Harry.
– Tu peux parler ! Je sais que Dobby ne vient te voir que tard le soir. J'étais sûr que tu me passerais un coup de miroir quand tu l'aurais.
– C'est une super invention, dit Harry qui était impressionné par l'objet.
– Comment se passent les cours ? demanda Sirius en voyant la petite mine de son filleul.
– Bien. C'est juste que... Tu me manques, avoua Harry qui ne comprenait toujours pas comment il avait pu s'attacher à ce point à cet homme qu'il connaissait si peu.
– Moi aussi... dit Sirius en grimaçant. Mais on se voit bientôt.
– Et avec le miroir on pourra se voir plus souvent.
– J'ai mis des semaines à le récupérer ! avoua Sirius. Mais ça va nous être utile. Dobby m'a parlé de la Villa Bleue.
– Je ne voulais pas m'avancer, commença Harry, un peu gêné. Mais je me suis dit que ça serait sympa, si tu voulais toujours...
– Bien sûr ! dit Sirius en levant ses yeux au ciel. Je veux toujours qu'on emménage ensemble et c'est une formidable idée. Je suis touché que tu aies pensé à moi.
Harry et Sirius discutèrent longuement des aménagements possibles de la maison et Sirius promit de faire ce qu'il fallait pour que ce soit habitable le plus rapidement possible, tout en sachant qu'avec douze ans sans entretien, cela pourrait prendre du temps même pour des elfes. Sirius s'était fait à l'idée de rester au Square Grimmaurd quelques temps, mais la perspective de remettre en état la maison semblait l'enchanter.
– Tu es sûr que... dit Harry.
– Oui. On habite ensemble dès que je suis innocent. À la mer c'est parfait. Si toi tu le veux toujours ?
– Oui !
– Bien. Comment as- tu trouvé la devise des Potter ? dit finalement Sirius en pensant à sa dernière lettre.
Harry n'avait pas encore pris le temps d'y répondre, plongé dans ses révisions.
– Horrible, rit Harry. Je suis sûr que jamais mon père n'aurait choisi ça.
– Les Potter n'avaient pas de devise, avoua Sirius. Je l'ai proposée à ton père il y a des années et il a toujours refusé. Je crois que les devises c'est un truc de Black... Mais tu peux en créer une.
– Je vais y réfléchir. Mais je ne vais pas te demander d'aide.
– Pourquoi ? Toujours Black est superbe ! se vanta Sirius.
– C'est mieux qu'opération Gruyère, ricana Harry.
– Tu n'y connais rien en nom de code. Et je suis l'adulte, j'ai forcément raison. Je suis parfait.
– Pas du tout... dit Harry hargneusement. Tu as tort sur plein de choses.
– Comme ? Parce que j'ai eu raison pour Drago Malefoy et je suis sûr d'avoir raison pour plein d'autres choses.
– Je ne suis pas ami avec Drago, souffla Harry en levant ses yeux au ciel.
– Tu lui as sauvé la vie. Tu as écouté ses conseils. Excuse-moi, mais ça porte à confusion.
– C'est parce que tu m'influences ! Jamais je n'aurais fait ça sans toi.
– Oui, mais tu l'apprécies bien ?
– Il est toujours aussi arrogant, grommela Harry.
– C'est un Malefoy. Les Malefoy sont arrogants, c'est dans leur sang.
– Je ne serai pas ami avec lui. Mais au moins on ne se jette plus de sortilèges.
– C'est déjà ça, soupira Sirius en voyant que Harry ne voudrait jamais admettre apprécier le blond, rien qu'un peu. Et Ron et Hermione ?
– Ils s'évitent, grimaça Harry. Mais Hermione semble bien s'entendre avec Hannah et Susan, je crois que ça lui fait du bien de parler avec d'autres personnes que Ron et moi.
– Susan Bones ?
– Oui, on s'est rapprochés en cours de Runes.
– Tu as pris Runes ? Fantastique ! dit Sirius en souriant largement. Tu vas voir, c'est génial.
– J'aime déjà beaucoup ça, confirma Harry. La prof trouve que je suis plutôt bon et elle m'a donné des devoirs supplémentaires.
– Waouh, fit Sirius en sifflant. Un vrai Serdaigle. Fais attention à ne pas te transformer en Hermione.
– Aucune chance.
– Tu me parlais de Susan Bones. Raconte-moi tout.
Sirius ne fut pas d'une grande aide. Il rigola pendant cinq minutes quand Harry lui raconta ses déboires et lui indiqua, qu'au contraire, il devrait être fier de savoir qu'il plaisait à autant de filles. Harry était juste gêné par cette attention. Il ne s'imaginait pas encore sortir avec une fille, il avait tellement de choses à penser : Voldemort, le basilic, Sirius, Peter. Comment pourrait-il envisager une relation avec quelqu'un ?
– Je vois, dit finalement Sirius après que Harry lui ait expliqué son ressenti, qu'en dit Susan ?
– Je ne sais pas. Des filles lui ont jeté un sort.
– Elle leur a fait un câlin ?
– C'est une Poufsouffle Sirius, mais aussi la nièce de la directrice du Département de la Justice Magique. Elle leur a jeté un sort. Les filles sont à l'infirmerie depuis trois jours.
– Je l'aime bien, dit finalement Sirius les yeux pétillants, tu ne veux pas essayer ?
Harry rougit furieusement et tenta de changer de sujet. Sirius n'insista pas mais se promit de parler à Harry quand ils pourraient passer quelques jours ensemble. Harry avait été tellement habitué à ne pas être aimé dans sa vie qu'il ne pouvait pas imaginer avoir une relation avec quelqu'un.
Sirius pouvait le comprendre. Quand il était arrivé à Poudlard il avait enchaîné les petites-amies, sans s'attacher, parce qu'il ne se sentait pas capable d'aimer et surtout d'être aimé. Parce qu'il ne s'était jamais senti aimé par sa famille et surtout par sa mère. James lui avait fait voir les relations différemment. Il lui avait montré comment aimer pouvait ne pas être aussi effrayant, comment aimer pouvait être merveilleux et fantastique.
– Tu devrais envoyer un petit mot à Susan.
– Je vais le faire, dit Harry.
– Ne gâche pas une amitié parce que tu ne veux pas qu'on parle de toi. Tu es connu et les gens s'intéressent à toi. Tu ne pourras pas changer ça.
– C'est ce que m'a dit Hermione, je ne comprends juste pas pourquoi.
– Les gens sont attirés par la célébrité. Tu aimes bien Susan, non ?
– Elle est super, avoua Harry. Ça fait du bien d'avoir quelqu'un avec qui parler de choses insignifiantes et pas de Voldemort.
– Et Hannah ?
– Hannah est marrante. Elle est très piquante, je pense qu'elle te plairait bien. Ça m'a étonné que Hermione soit amie avec elle, mais bizarrement, elles sont très proches.
– De ce que tu m'as dit, Hermione n'a que toi et Ron comme ami. Le fait qu'elle s'ouvre aux autres est très positif. Je pense que Gryffondor n'était pas la meilleure maison pour elle.
– Ce n'est pas très bien vu qu'elle aime autant travailler, avoua Harry. Elle est plus à l'aise avec les Poufsouffle.
– Les Poufsouffle sont généralement plus ouverts. Les Gryffondor sont plus... moins tolérants, admit Sirius en grimaçant. Quand je suis arrivé en première année, ils ont mis du temps à me faire confiance.
– Comment as-tu fait ?
– Ton père a frappé Andrew Lomer, un quatrième année, qui voulait que je change de maison. Le fait qu'un Potter prenne la défense d'un Black a fait grand bruit. Après ça, plus personne ne m'a jamais rien dit. Et puis, Cissy m'a appris de nombreux sortilèges pour que je puisse me défendre tout seul.
Il ne fut pas difficile à Harry d'imaginer son père protégeant ses amis contre toutes sortes de menaces.
– Hermione a l'air plus heureuse. Je pense que pouvoir parler des cours sans qu'on la traite de Miss-Je-Sais-Tout doit y faire beaucoup.
– Et elle peut avoir des conversations de filles, s'amusa Sirius.
– Je ne veux pas savoir, rougit Harry. Et pour Ron ?
Sirius grimaça. Harry lui avait parlé de Ron. Mais, malheureusement, Sirius n'en avait pas une bonne opinion. Sans le vouloir, il l'imaginait comme Peter. Malgré tout, Ron avait toujours été un fidèle ami. Il était juste aveuglé par la jalousie et Sirius savait que ce sentiment était difficile à laisser de côté et que ce n'était pas à Harry de faire des efforts. Ron ne voyait tout simplement pas qu'il enviait un garçon qui avait perdu ses parents, vivait chez des moldus qui le torturaient et était menacé par Lord Voldemort.
– Laisse couler, il va finir par revenir, ça ne sert à rien de t'expliquer. Tu lui as dit que tu n'étais pas avec elle, il doit juste apprendre à ne plus être jaloux. Et puis, tu as le droit de sortir avec une fille si tu veux sans qu'il ne soit en colère.
– Pourquoi c'est aussi compliqué ?
– Je ne sais pas Harry. Mais il va falloir t'y habituer. Pendant les vacances on ajoutera un cours "séduction", rigola Sirius.
– Je te déteste.
– Non je suis trop adorable pour ça.
– Je vais aller me coucher.
– À bientôt. Ne travaille pas trop dur. Pense aux fill...
Harry coupa la communication avant la fin de la phrase en soupirant. Avoir un parrain pouvait être si fatiguant.
.
Harry envoya un petit mot à Susan qu'il fit apparaître sur sa table pendant le cours de Sortilèges qu'ils avaient en commun.
"Je suis désolé pour les filles qui t'ont jeté un sort. Je ne pensais pas que notre amitié ferait le tour de Poudlard. Comment vas-tu ?"
"Je vais bien, merci. Ne t'inquiète pas, elles se sont attaquées à la mauvaise personne. Et tu n'as pas à t'excuser, ce n'est pas toi qui as fait ça. Tu veux qu'on rédige la lettre pour ma tante ensemble ?"
"Tu es sûr que tu veux être vue avec moi ? Je ne veux pas que tu aies des problèmes."
"Harry, nous sommes amis. Si les autres ne le voient pas, c'est leur problème. Je peux me défendre."
"Cool. On se retrouve à la bibliothèque comme d'habitude ?"
Susan se tourna légèrement vers lui et lui fit un sourire radieux en acquiesçant. Hermione le dévisagea longtemps, avant qu'un sourire amusé prenne place sur ses lèvres.
– Tais-toi.
– Je n'ai rien dit, murmura-t-elle avant de ricaner.
Harry soupira en détournant son regard vers l'objet qu'il avait devant lui.
– Glacius, dit-il en essayant de ne pas regarder Hermione.
À sa grande surprise, un immense bloc de glace entoura la plume qu'il avait devant lui. Hermione et Ron qui étaient à ses côtés écarquillèrent les yeux. Même Hermione n'avait pas encore réussi le sortilège.
– Mr Potter a réussi ! s'exclama le professeur Flitwick en frappant dans ses mains l'air très étonné. Félicitations Mr Potter. Dix points pour Gryffondor.
Harry rosit légèrement. Hermione suivit bientôt sa performance, mais sembla un peu déçue de ne pas avoir réussi du premier coup. Harry espérait qu'elle ne lui en voudrait pas trop, avant de se rappeler la promesse qu'il avait faite à Sirius : faire du mieux qu'il pouvait.
– Comment as-tu fait ça ?! s'exclama Ron.
– Je ne sais pas trop, en fait... j'ai imaginé la glace et... attends, tu fais le mauvais mouvement, dit-il en lui montrant le mouvement du poignet qu'il avait réalisé. Voilà, sois plus souple.
Ron recommença l'incantation et, à la fin de l'heure, il avait parfaitement réussi son sortilège. Il sourit à Harry qui espérait que le froid qu'il y avait eu entre eux allait être oublié après ça.
– Tu t'es beaucoup amélioré, remarqua Hermione d'une voix un peu triste.
– Non, j'ai juste bien compris ce sortilège.
Hermione hocha la tête, mais Harry vit qu'elle réfléchissait à toute allure. Il se demanda si elle était prête à accepter qu'il puisse être meilleur qu'elle sur certaines choses. Il savait que jamais il n'aurait les mêmes notes qu'Hermione, surtout s'agissant de la théorie qu'il n'aimait pas trop.
Mais la pratique, les sorts, la magie pure... c'était différent. Il voyait bien ce que Sirius avait tenté de lui dire pendant les vacances. S'il se concentrait suffisamment et essayait vraiment, il avait des facilités à lancer des sortilèges. Il se sentait frustré d'avoir bloqué son potentiel à ce point pendant deux ans.
Il avait mis les bouchées doubles pour rattraper deux ans de retard et s'entraînait pratiquement tous les jours pour s'améliorer en pratique. Ses révisions avec Susan étaient aussi bénéfiques et ses notes s'en ressentaient. Il espérait juste que Hermione et lui pourraient rester amis.
.
Il retrouva Hermione à la bibliothèque, plongée dans un livre. Harry comprenait que les études étaient importantes pour son amie et que, peut-être, il lui avait laissé croire qu'il était ami uniquement pour qu'elle lui corrige ses devoirs. Elle avait été déçue quand il lui avait dit qu'elle n'avait plus besoin de relire ses devoirs. Elle semblait avoir peur que, si Harry ne lui faisait pas relire ses devoirs, alors ils ne seraient plus amis. Mais ce n'était pas le cas. Il adorait Hermione et pas parce qu'elle l'avait aidé à réaliser tous ses devoirs depuis la première année. Hermione avait bien d'autres qualités et il fallait juste qu'elle en prenne conscience. Hermione laissa de côté son devoir de Métamorphose et dévisagea Harry.
– Je peux te poser une question ?
Harry reposa sa plume en regardant Hermione qui sembla hésiter un court instant.
– Je veux juste savoir si tu t'es retenu à cause de moi ?
Harry ne s'attendait pas à ça. Il s'attendait à ce qu'elle lui demande où il avait appris ça, qu'elle le bombarde de questions, qu'elle s'énerve, qu'elle lui dise qu'elle ne l'aiderait plus pour ses devoirs... mais pas à ça.
– Euh... quoi ? dit Harry un peu interloqué.
– Ce que tu as fait en cours... Le Harry que j'ai côtoyé pendant deux ans n'aurait jamais fait ça. Ce qui me fait penser que, soit tu es devenu un génie de la magie, soit tu n'avais pas encore montré l'étendue de ta Magie. Personnellement, je pense que cette seconde option est la plus logique. Parce que je t'ai vu en première année affronter Quirell et je sais ce qu'il s'est passé l'année dernière. Je sais de quoi tu es capable. Donc, tu t'es volontairement restreint. Je te demande donc pourquoi et si c'est à cause de moi ?
Harry était interloqué et ne savait pas quoi répondre à ça.
– Tu n'es pas en colère ? demanda Harry avec réticence.
– En colère ? Pourquoi je le serai ? s'étonna Hermione en écarquillant les yeux.
– Eh bien, quand j'ai lancé le sort tu semblais un peu triste.
– Tu penses que je t'en veux parce que tu as réussi un sort avant moi ?
Harry hocha la tête et Hermione sourit tristement.
– J'étais triste parce que je me suis rendue compte que tu étais un grand sorcier et que tu le cachais. Et j'ai eu peur que ce soit à cause de moi. Ce qui semble être le cas. Mais, Harry, je sais déjà que tu es un grand sorcier !
– Tu es une grande sorcière, répliqua Harry.
– Merci, répondit-elle touchée. Mais ce n'est pas pareil. Moi j'apprends tout dans les livres. Toi, tu es doué... naturellement. Tu comprends la magie, ça se sent. Je ne pourrai jamais t'en vouloir. Et puis, tu aimes la pratique. Moi j'adore la théorie et...
– Je ne pourrais jamais apprendre autant de choses que toi, confirma Harry en rigolant.
– Tu dois montrer ce que tu sais faire. Sinon les cours n'ont aucun intérêt. Jamais je ne t'en voudrai de montrer ce que tu sais faire. Je suis même ravie que tu prennes tes études au sérieux cette année.
– Ce n'est pas à cause de toi que je me suis limité... avoua Harry. Bien sûr, c'est un peu pour ça. Avec Ron qui détestait faire ses devoirs et toi qui...
– Veut toujours tout savoir, qui travaille énormément et qui tient absolument à avoir des bonnes notes ? continua-t-elle amusée. Les études sont importantes pour moi, mais jamais je ne pourrais t'en vouloir si tu es meilleur que moi.
– Je ne voulais pas que... Je ne suis pas ami avec toi parce que tu es intelligente ou pour que tu m'aides en cours, dit Harry un peu gauchement. Je ne veux pas que tu penses ça. Tu es ma meilleure amie.
– Merci Harry, dit Hermione touchée. Je le savais mais... c'est vrai que, parfois...
Harry grimaça en pensant que Hermione pouvait parfois avoir l'impression que lui et Ron n'étaient là uniquement pour qu'elle leur fasse leurs devoirs ou leur donne ses notes en Histoire de la Magie. Elle semblait soulagée de savoir qu'il n'allait pas se détourner d'elle, même si elle n'avait plus besoin de l'aider.
– Mais ce n'est pas seulement pour ça... avoua Harry. Quand j'étais à l'école chez les moldus... Les Dursley ne voulaient pas que j'aie de meilleures notes que Dudley... Alors j'ai arrêté d'en avoir et je me suis restreint. Je pense que j'ai juste continué à Poudlard... Et quand j'ai rencontré Ron, et bien, c'était mon premier véritable ami. Il n'aimait pas vraiment les devoirs, donc je me suis...
– Adapté à ce qu'il faisait pour ne pas perdre son amitié ? conclut Hermione en lui lançant un sourire compatissant. Je peux le comprendre. Moi, au contraire de toi, je n'ai jamais réussi à m'intégrer. Mais pourquoi les Dursley ne voulaient pas que tu aies de meilleures notes que leur fils ?
– Si tu savais, soupira Harry.
– Raconte-moi.
Et Harry lui raconta. Il parla de tout. Jamais il n'avait parlé de ça avec une personne, à l'exception de Sirius. Il trouvait les Dursley horribles, mais il ne semblait pas se rendre compte d'à quel point leur comportement était grave. C'est quand il se souvint de la colère de Sirius et vit l'air horrifié de Hermione qu'il comprit que, non, ce comportement n'était pas normal.
– Je ne comprends pas comment ils peuvent avoir ta garde ! s'exclama-t-elle brusquement.
Heureusement que Harry avait mis un sortilège de silence autour d'eux.
– Moi non plus, dit Harry en grimaçant. Mais ça va bientôt changer, heureusement.
Hermione haussa un sourcil.
– Pourquoi ?
Harry rougit furieusement en se rendant compte qu'il venait de se trahir. Mais il savait qu'il ne pouvait rien dire. Pas encore.
– Je ne peux pas t'expliquer. Mais bientôt, promit Harry qui décida de jouer franc jeu.
– Ça a un lien avec ton nouveau comportement ? Tu es différent cette année.
– Oui.
Hermione sourit, semblant être contente de le voir heureux. Elle ne lui posa pas plus de questions, comprenant que Harry ne voulait pas en parler.
– Maintenant, raconte-moi ta vie avant Poudlard, demanda Harry.
– Ce n'est pas très intéressant, dit Hermione en se cachant derrière ses cheveux.
– Si, tu es intéressante, dit Harry en regardant fixement Hermione.
Elle lui raconta à son tour son enfance et Harry se demanda pourquoi ils n'en avaient jamais parlé avant. Hermione aussi avait été mise à l'écart, mais parce qu'elle avait trop de connaissances. Sa famille ne l'avait jamais acceptée et ses cousines lui en faisaient voir de toutes les couleurs. Heureusement pour elle, ses parents l'aimaient énormément et l'avaient soutenu quand ils avaient appris qu'elle était une sorcière.
Elle lui parla du fait qu'il était difficile pour elle d'être entre deux mondes : le monde moldu et le monde sorcier. Ses parents ne savaient pas ce qu'il se passait ici et c'était parfois difficile d'être seule. Elle n'avait que quatorze ans mais devait se débrouiller seule dans un monde qu'elle ne connaissait pas. Elle n'était ni vraiment sorcière ni vraiment moldue et avait parfois du mal à trouver sa place. Et que c'était pour cela qu'elle travaillait dur : pour montrer que oui, elle appartenait au monde sorcier.
Après cette soirée, ils se sentirent plus proches que jamais. Harry n'avait qu'une hâte : pouvoir lui parler de Sirius.
.
Amelia Bones, Directrice de la Justice Magique, avait les mêmes rituels tous les matins quand elle arrivait au Ministère. Elle commençait par faire le tour des services sous son contrôle pour saluer un à un ses employés. Elle buvait une grande tasse de café en attrapant le courrier que lui donnait sa secrétaire personnelle. Puis, elle prenait les dossiers en cours et s'enfermait dans son bureau jusqu'à l'heure du déjeuner. Tout le monde savait qu'il fallait une raison impérieuse pour la déranger pendant la matinée.
Ce matin-là, elle fut toutefois intriguée par une enveloppe dont l'écriture lui était vaguement familière. Elle ne comprenait pas pourquoi sa nièce lui écrivait au travail. Elle décacheta la lettre avec appréhension et fut surprise de voir sur la lettre que ce n'était pas l'écriture de la nièce, mais une écriture plus masculine.
.
Chère Mrs Bones, (coucou tata, c'est Susan dans les parenthèses)
Je m'appelle Harry Potter. Je me permets de vous adresser cette lettre sous les conseils de votre nièce (qui est incroyablement intelligente et gentille). Votre nièce qui est mon amie et qui est incroyablement intelligente et gentille (c'est mieux).
Il a été porté à mon attention que Sirius Black, qui s'est évadé d'Azkaban, est aussi mon parrain. Je sais qu'il était le Gardien du Secret de mes parents et je souhaiterais savoir ce qu'il a dit à son procès. A-t-il donné les raisons pour avoir commis cet acte ? S'est-il excusé ?
Je suppose que vous avez beaucoup de travail (des tonnes !) et que répondre à un collégien n'en fait pas partie. Mais je n'ai jamais eu de famille. Mon oncle et ma tante me détestent et ne m'ont jamais considéré comme faisant partie de la famille. J'aimerais simplement savoir ce que l'homme qui a trahi mes parents avait à dire pour ruiner la vie d'un enfant.
Je vous remercie du temps que vous consacrerez à me répondre.
(Bisous tata)
Respectueusement,
Harry James Potter.
.
Amelia sentit son cœur se liquéfier. Susan lui avait déjà parlé de Harry Potter, à quel point il était "mignon" et "intelligent". Savoir qu'ils étaient à présent amis l'intriguait et elle voulait en savoir plus. Mais la lettre de Harry la troublait encore plus.
La phrase selon laquelle son oncle et sa tante le détestaient l'inquiétait terriblement et lui avait tout de suite sauté aux yeux. Elle avait entendu parler de son acte de magie involontaire de cet été et s'était demandée ce qui avait pu se passer pour qu'il perdre à ce point le contrôle de sa Magie. Mais si cela s'expliquait par ses tuteurs ? Susan lui avait dit que Harry était très maigre et Amelia sentit son sang bouillir en se disant que cette famille ne semblait pas claire.
De plus, elle était sûre que le Ministre de la Magie ne lui avait pas parlé de Sirius Black. C'était un point sur lequel ils s'étaient violemment opposés pendant les vacances. Elle avait tenu à informer Harry de la menace, mais personne n'avait semblé vouloir accéder à sa demande. Quand le jeune Harry avait disparu, elle avait relancé Fudge qui avait à nouveau refusé, arguant qu'il ne s'agissait que d'un enfant. Amelia supposait que Dumbledore, qui donnait des conseils réguliers à Fudge, lui avait conseillé de ne rien dire à Harry.
Elle ne connaissait pas le dossier Sirius Black, n'étant qu'une jeune recrue du Ministère quand les procès avaient eu lieu, mais elle lui vouait une haine sans nom. C'était celui qui avait trahi l'Ordre du Phénix. Son fiancé, son frère et sa famille avaient été assassinés suite aux renseignements qu'il avait fournis à Voldemort. Elle n'avait pas fait partie de l'Ordre, mais elle savait que Black était celui qui avait trahi tout le monde. Elle le haïssait.
Le fait qu'il se soit échappé lui avait fait faire des cauchemars. Parce qu'elle revoyait Edgar, avant qu'il ne meure, mais aussi Jack, son fiancé. Sa famille entière. Parce qu'elle revoyait leurs sourires, leur complicité, leurs embrassades... Tout cela avait été détruit à cause d'un seul homme.
Elle pouvait comprendre Harry. Elle aussi aurait voulu savoir pourquoi il avait fait ça. Elle se doutait que c'était sans doute parce qu'il s'agissait d'un Black et qu'il était bien connu que tous les Black étaient des mages noirs. Mais ça ne faisait pas sens avec ce qu'elle connaissait de Sirius Black. Ils avaient été de la même année à Poudlard : charmeur, blagueur, impulsif... mais traître n'était pas l'adjectif qu'elle aurait utilisé pour le décrire.
Alors, elle se décida qu'elle aussi voulait savoir ce que Sirius aurait pu dire pour sa défense lors du procès. Elle se doutait, qu'après la guerre, les procès avaient dû être expéditifs. Elle avait assisté à certains, en tant qu'assistante personnelle de Croupton, avant que son fils ne soit emprisonné à son tour. Mais elle voulait toutefois y jeter un coup d'œil et peut-être apporter une réponse à ce pauvre enfant. Peut-être avait-il expliqué pourquoi il avait fait une telle chose, rien qu'une phrase, une explication... Ça valait le coup de vérifier.
– Mrs Bones, un problème ? demanda sa secrétaire en la voyant sortir de son bureau.
– Aucun, Alice. Je vais simplement aux archives.
– Aux archives ? répéta la secrétaire interloquée de la voir déroger à son planning habituel.
– Oui.
Amelia sourit simplement et prit l'ascenseur pour descendre aux archives. L'avantage d'être la Directrice du département de la Justice Magique était qu'elle avait accès à tous les services au sein du Ministère. Elle se dirigea dans les longues allées remplies de caisses cartonnées.
Les archives de la Justice Magique réunissaient tous les procès qui avaient eu lieu : du simple usage de la magie des mineurs aux crimes de Mangemorts. Tout était rangé par catégorie, année et nom de l'accusé. Elle n'eut pas de mal à trouver la boîte qui parlait de "Sirius Black".
Elle la prit pour la monter dans son bureau, le cœur battant. Quand elle fut tranquillement installée dans sa chaise, elle but une nouvelle tasse de café sans pouvoir l'ouvrir. Elle avait peur de ce qu'elle allait trouver là-dedans. Allait-il s'excuser pour ses actes ? Elle trouvait ça peu probable. C'était un Mangemort de la pire espèce. Tout le monde au Ministère connaissait les faits et gestes de Sirius Black qui avait tué pas moins de douze moldus et un sorcier. Peter Pettigrow n'avait pas laissé un souvenir transcendant à Amelia, mais une vie était une vie et personne ne méritait cela.
Elle souffla pour se donner du courage, prit une inspiration et ouvrit la boîte.
La boîte était remplie de dossiers et de photos : on y voyait les lieux du crime, une note sur le fait que Sirius Black était le Gardien du Secret des Potter rédigée par Dumbledore, des témoignages de personnes dans la rue, des témoignages des Aurors qui étaient intervenus sur place... il y avait beaucoup de choses. Elle mit presque deux heures à tout lire. Quand elle arriva au fond de la boîte, elle fut toutefois frappée de voir qu'il n'y avait aucune trace d'un quelconque procès. Aucune.
Elle vérifia de nouveau chaque pièce, descendit dans les archives pour vérifier qu'elle n'avait pas oublié une boîte. Mais elle fut obligée de constater que, non, il n'y avait pas eu de procès.
Si Amelia détestait le fait que Sirius Black ait conduit à la mort de tant d'innocents, elle croyait en la Justice. Et elle savait qu'un procès était essentiel. Comment avait-on pu laisser un homme tel que Sirius Black sans procès ? Elle savait que les temps avaient été troublés. Mais Sirius Black avait assassiné douze moldus, un sorcier et avait trahi son camp. Comment personne n'avait-il pu réclamer de procès ?
Elle réfléchit au fait que, à cette époque, Barty Croupton était le Directeur de la Justice Magique, Dumbledore président du Magenmagot. Comment ces deux hommes, intègres et avides de justice, n'avaient-ils pas pu accorder à cet homme un procès ? Comment Barty avait pu signer cet envoi à Azkaban, sans même lui donner la possibilité de s'expliquer ?
Amelia détestait l'injustice par-dessus tout. Elle pouvait comprendre que Barty avait été perturbé par l'emprisonnement de son fils. Mais rien, oh non, rien ne justifiait qu'un individu passe douze ans de sa vie sans avoir pu s'expliquer sur ses actes, surtout des actes aussi graves. Pourquoi n'avaient-ils rien fait ?
Amelia avait été répartie à Poufsouffle pour son sens de la justice, du devoir, des valeurs morales. Mais le Choixpeau avait longuement hésité avec Gryffondor. Quand les personnes la virent passer en furie ce matin-là, il fut évident qu'elle aurait fait une très bonne lionne.
– Mrs Bones, dit le secrétaire alors qu'elle déboulait dans le bureau du Directeur de la Coopération Magique Internationale.
– Je dois voir Mr Croupton, dit-elle sèchement.
– Il est en réunion.
Elle lui décrocha un regard si glacé que le secrétaire balbutia et partit prévenir son patron.
– Amelia ? s'étonna Barty en la voyant marcher en long et en large.
– Nous devons parler.
Barty eut un léger mouvement de recul en la voyant aussi furieuse. Il l'avait formée quand elle était arrivée au Ministère et l'avait vu gravir les échelons pas à pas, jusqu'à occuper ce poste de Directrice de la Justice Magique. Amelia était une très bonne employée du Ministère, mais Barty savait qu'il ne fallait pas la mettre en colère. Il lui fit signe d'aller dans son bureau et demanda à son secrétaire de ne pas les déranger.
Amelia posa sur le bureau de Barty le papier qui donnait l'ordre d'envoyer Sirius Black à Azkaban. Barty haussa un sourcil en le lisant, ne comprenant pas ce qui pouvait mettre Amelia dans cet état.
– C'est toi qui as rempli ça ? demanda-t-elle.
– Oui, il y a ma signature.
– Tu te souviens de ça ?
– Comment l'oublier, grimaça Barty. Je suis allé sur les lieux je te rappelle. Le sort d'explosion était si puissant qu'il avait formé un cratère et que les canalisations avaient éclaté. Douze moldus à terre. Un sorcier... en miette. Il n'est resté qu'un doigt de Peter Pettigrow, grimaça Barty. C'est la Brigade de la Police magique qui l'a arrêté. Ils étaient douze ! Jamais ils n'avaient vu quelqu'un d'aussi fou.
– Et ensuite ? poussa Amelia.
– Ensuite ? Eh bien il a été arrêté pour meurtre sur ces personnes. Dumbledore est venu nous voir en nous disant que Sirius Black était le Gardien du Secret des Potter et les avait trahi.
– Ils avaient fait un Fidelitas ? s'étonna Amélia.
– Oui. De toute évidence, ils savaient qu'ils étaient une cible, grimaça Barty. Black était le Gardien et a informé son Maître. Nous l'avons alors inculpé pour être un Mangemort. Dumbledore nous avait dit que Black avait donné des informations compromettantes à Tu-Sais-Qui sur l'Ordre du Phénix.
– Je sais très bien, dit sèchement Amelia. Mon frère et mon fiancé faisaient partie de l'Ordre. Les renseignements de Black ont conduit à l'assassinat de mon frère.
Barty la regarda un instant sans savoir quoi lui dire. La famille d'Amelia avait été décimée à cause de Black. Parce qu'il avait dit à son Maître qui faisait partie de l'Ordre et avait donné des informations sur leurs lieux de résidence.
– Tu t'intéresses à cette affaire ? demanda-t-il. Je croyais que les Aurors s'occupaient des recherches.
– Ils ne sont pas près de le trouver, si tu veux mon avis, remarqua Amelia. Il a réussi à s'enfuir une fois, il peut recommencer. Il était plein de ressources à Poudlard.
– C'est pour ça que des Détraqueurs ont été placés à Poudlard ?
– Oui. Je sais que Black était très doué pour se faufiler dans le château.
– Tu le connaissais bien ?
– Nous étions de la même année, admit Amelia. C'était un garçon très... il était adorable. Toujours souriant, un peu moqueur. Jamais je n'aurais pensé qu'il se tournerait vers Tu-Sais-Qui. Il était toujours avec James Potter et ils étaient comme des frères.
– C'est ce que j'ai entendu. Ce qui rend sa trahison encore plus dégoûtante. Pourquoi tu cherches des informations sur lui ? Tu veux reprendre l'affaire en main ?
– Je veux savoir pourquoi il n'y a pas eu de procès.
Amelia s'attendait à beaucoup de choses : de la stupeur, de la dénégation, des recherches par Barty dans le dossier pour chercher un contre-rendu d'audience, des excuses parce qu'il avait été occupé par son fils et n'avait pas pensé à donner un procès à Black... Mais Amelia ne s'attendait pas à ce qu'il la regarde, interloqué, et ne cherche même pas à nier ce fait.
– C'était un Mangemort, dit-il simplement.
– Il n'a pas eu de procès ! s'écria-t-elle. Tu l'as envoyé là-bas en sachant qu'il n'aurait pas de procès ?
– C'était des temps différents, Amelia.
– J'étais là je te le rappelle. Et je me souviens bien que Lestrange a eu droit à son procès. Alors pourquoi pas Black ?
– Tu t'attaches trop à...
– Trop à quoi ? Tu as condamné un homme sans procès. Il n'a pas pu s'expliquer !
– Il est coupable ! affirma Croupton furieusement.
– Et comment tu le sais ?
– Il n'arrêtait pas de dire "c'est ma faute", claqua Croupton. On l'a trouvé sur les lieux du crime. Dumbledore a écrit une note disant qu'il était le Gardien. Qu'est-ce que tu veux de plus ?!
– La justice. Je veux la justice !
– C'est la justice. Il fallait faire un exemple.
– Tu l'as condamné à perpétuité à Azkaban sans même savoir si c'était lui. Il n'a même pas pu expliquer son geste !
– Tu voulais quoi de plus, des aveux ? ricana Barty. Il avait déjà avoué que c'était de sa faute.
– Ça aurait été bien. Je veux juste qu'il ait la possibilité de s'expliquer sur ses actes !
– Tu te rends compte qu'il est forcément coupable.
– Oui, admit Amelia. Mais le condamner sans procès ? Non, ça je ne suis pas d'accord. Peu importe tes certitudes. Notre justice c'est ce qui nous différencie des Mangemorts, dit-elle sèchement. Si on les emprisonne sans procès, on ne vaut pas mieux qu'eux.
– Qu'est-ce que tu vas faire ? soupira Barty en voyant qu'il ne pouvait rien faire pour la faire changer d'avis.
– Dès qu'on aura retrouvé Black, je vais m'assurer qu'il ait un procès équitable.
Elle se leva folle de rage. Au moment de partir, elle se tourna vers Croupton.
– Rassure-moi, avant de l'envoyer à Azkaban, tu as vérifié qu'il avait la marque ?
Barty pâlit légèrement.
– Tout concordait, Amelia...
Elle n'écouta pas la fin de la phrase et partit du bureau sans se retourner. Elle se dirigea vers le bureau des Aurors, le cœur lourd.
.
Rufus Scrimgeour, Chef des Aurors, vit Amelia débarquer dans le bureau et fronça ses sourcils en voyant sa tête des mauvais jours. Il était en pleine réunion des Aurors et leur jeta un regard circulaire.
– Réunion terminée, dit-il à son équipe avant d'entraîner Amelia dans son bureau. Que se passe-t-il ?
Amelia lui tendit l'avis d'emprisonnement de Sirius Black.
– Oui ? Kingsley est sur le coup, dit-il d'une voix franche. Si c'est Black qui t'inquiète, on va le retrouver.
– Il y a intérêt, dit-elle d'une voix cassante, parce qu'il n'a jamais eu de procès.
– Quoi ? s'exclama le chef des Aurors en la dévisageant interloqué. Tu es sûre ?
– Je viens de voir Barty. Il m'a confirmé qu'il avait considéré avoir assez d'éléments pour le mettre en prison. En raison du contexte de la guerre et des éléments du dossier.
Scrimgeour entreprit de lire avec Amelia les pièces du dossier sur lesquelles s'était fondé Barty.
Rufus n'était pas le plus abordable des hommes. Amelia et lui avaient mis du temps avant de s'apprécier. Elle le trouvait trop intraitable et sûr de lui dans ses enquêtes, il la trouvait trop jeune. Quand elle avait pris la tête de la Justice Magique et lui du Bureau des Aurors il n'avait pas été rare de les voir se disputer.
Mais tous deux avaient à cœur la Justice et la lutte contre la magie noire. Quand ils avaient compris qu'ils partageaient des intérêts communs, ils avaient remis en cause leurs méthodes de travail pour s'adapter et étaient devenus amis. Depuis, Amelia et Rufus travaillaient de concert et jamais la Justice Magique n'avait été aussi bien gérée.
– Rassure-moi, il a vérifié qu'il avait la marque ? dit-il d'une voix lourde.
Amelia fit un signe de tête négatif et le Chef des Aurors grinça des dents.
– Il faut qu'il ait un procès, plaida Amelia. On ne peut pas laisser quelqu'un en prison sans procès.
– Je suis d'accord, admit Rufus qui détestait les Mangemorts mais voulait avant tout que chacun puisse être jugé équitablement. Comment Barty a pu faire ça ? Je veux dire, le procès, c'est ce qui nous différencie des Mangemorts.
– C'est ce que je lui ai dit, fit triomphalement Amelia.
– Le fait qu'il se soit évadé va rendre l'organisation d'un procès compliqué, mais ça nous aura permis de nous rendre compte de cette erreur... positiva Rufus. Comment as-tu su ?
– J'ai reçu un courrier de Harry Potter.
– Potter t'a écrit à propos Black ? Je croyais qu'il ne devait pas être au courant, s'étonna Rufus.
Le dédain perçait dans la voix de Scrimgeour qui détestait que Dumbledore s'implique dans les affaires du Ministère et pose son véto sur le fait de prévenir un enfant en danger de mort. La haine entre Rufus et Albus était légendaire et tout le monde savait qu'il ne fallait pas lancer le Chef des Aurors sur la question.
– Il m'a dit qu'il avait été informé, sans dire par qui... Peu importe. Il voulait savoir ce qu'avait dit Black à son procès. Tiens.
Elle lui tendit la lettre et Rufus en resta bouche-bée.
– Comment peut-il être au courant de ça !? s'exclama Rufus. Pour le Gardien du secret ? Personne ne le sait à part quelques personnes. Ça n'a jamais été rendu public.
Le sang d'Amelia se glaça. Comment pouvait-il être au courant, en effet ? La presse avait bien confirmé que Sirius Black avait tué des moldus et un sorcier. Mais le fait que les Potter aient été sous Fidelitas et aient été trahis par Black, non, jamais. De même que l'organisation de l'Ordre du Phénix était restée très secrète et que personne ne savait qui en avait fait partie à l'exception de ses membres et de certaines personnes du Ministère.
– Les professeurs, peut-être ? suggéra-t-elle.
– Dumbledore a la main dessus. À mon avis, il leur a dit de ne rien dire du tout à Potter. Potter n'est même pas censé savoir que Black est à sa recherche, alors comment il a pu savoir qu'il était son parrain, qu'il était ami avec ses parents et était le Gardien du Secret ?
– Un camarade de classe ?
– Un enfant de Mangemort tu veux dire ?
– Oui. L'information a dû tourner parmi eux...
– Je ne vois pas pourquoi un camarade de classe irait dire ça à Potter, dit Rufus interloqué. Bon, quelqu'un aurait pu lui dire que Black avait trahi les Potter. Mais lui dire qu'il était son parrain ? Potter fils est né au plein milieu de la guerre, personne ne s'intéressait aux histoires de famille. A part l'Ordre, personne ne devait savoir que Potter avait choisi Black comme parrain...
Rufus et Amelia se dévisagèrent.
– Tu ne penses quand même pas que Black...
– Je ne sais pas, dit Rufus. Mais je trouve étrange qu'un gamin de treize ans t'envoie une lettre pour savoir ce qu'a dit un assassin à son procès.
– Il parle de son oncle et sa tante qui le traiteraient mal.
– Je trouve ça quand même étrange, grimaça Rufus. Pourquoi quelqu'un aurait-il dit ça à Potter ? Personne ne veut lui dire qu'il est en danger et il se retrouve à connaître toute la vie de Black.
– Black n'aurait pas osé s'approcher de lui ? demanda finalement Amelia le cœur battant. C'est sans doute un professeur... Comment aurait-il pu l'approcher ? Il veut le tuer.
Rufus soupira en regardant à nouveau le dossier que lui avait ramené Amelia. Il n'arrivait pas à comprendre comment Potter pouvait savoir de telles choses. Évidemment, quelqu'un aurait pu lui en parler, mais est-ce que ça ne faisait pas trop de coïncidences ? Qui aurait pu lui parler ?
Le Ministère était hors-jeu. Personne ne voulait dire à Potter qu'il était en danger. L'un des professeurs pouvait avoir parlé à Potter, mais pourquoi lui dire tout ça ? Pourquoi parler du Fidelitas ? Rufus savait que Weasley connaissait le jeune Potter, mais il n'était pas au courant du Fidelitas. A part les Hauts Gradés du Ministère, Dumbledore, l'Ordre et sans doute quelques Mangemorts, personne ne savait qu'il avait trahi les Potter. Alors comment, par Merlin, Potter était informé de tout ça ?
Non, il y avait quelque chose qui ne collait pas. Et Rufus n'était pas le Chef des Aurors pour rien. Il ne voyait qu'une personne qui aurait pu lui parler de tout ça. Sans comprendre pourquoi, le visage de Black ne cessait de revenir devant ses yeux quand il imaginait toutes les possibilités. Pourquoi Black, s'il avait parlé avec Potter, ne l'avait pas tué ? Et pourquoi lui aurait-il parlé de tout ça ?
– Est-ce qu'il y a une possibilité pour que Black soit innocent ? demanda Rufus qui venait d'avoir une illumination, alors qu'Amelia le regardait effarée.
– Non. Bien sûr non ! Je veux dire, il était le Gardien du Secret. Il a été trouvé sur les lieux du crime. Et il a dit que c'était lui.
Rufus avait été un très bon Auror avant de prendre la tête du département, ayant arrêté nombre de Mangemorts et criminels en tout genre. Il n'avait pas été mis sur l'affaire Black, mais il se souvenait de ce que Maugrey Fol Œil lui avait raconté, ce qu'il avait vu quand il était allé sur les lieux après l'arrestation de Black. Et ce n'était pas joli, même pour un Mangemort. Les membres du Ministère avaient mis des heures à oublietter les moldus.
– J'ai entendu dire que Potter et Black étaient comme deux frères, insista Rufus qui commençait à croire qu'il avait peut-être une nouvelle piste à mesure qu'il réfléchissait à l'affaire.
– Des jumeaux, avoua Amelia. Ils finissaient les phrases l'un de l'autre, ils se comprenaient sans parler. Je n'ai jamais vu deux personnes aussi proches sans avoir de lien de famille.
– Ça ne te paraît pas étrange qu'il ait trahi les Potter ?
– Si. Mais c'est un Black.
– Et ? Amelia, voyons, tu sais très bien qu'il ne faut pas juger quelqu'un à cause de sa famille.
– Il a trahi l'Ordre ! dit sèchement Amelia. Les preuves sont toutes contre lui !
– À l'époque, oui, dit Rufus. Mais on a quoi dans le dossier ? Une lettre de Dumbledore qui pense que Black était le Gardien, le fait qu'il soit sur les lieux du crime et aucun aveu, aucune marque des ténèbres. Rien !
– C'était le Gardien.
– C'est Dumbledore qui le dit, grimaça Rufus. Écoute, Amelia, je ne sais pas... Je trouve qu'il y a quelque chose de pas clair là-dedans.
Il n'arrivait pas à savoir ce qui pouvait clocher, il n'avait lu que partiellement le dossier, mais il sentait que quelque chose n'allait pas. La lettre de Potter l'intriguait trop. Il était de plus en plus persuadé que seul Black aurait pu lui parler de tout ça. Et si Black lui avait parlé, alors ça ne signifiait qu'une chose : quelque chose leur échappait. Et Rufus détestait être dans l'ignorance. Il y avait une possibilité qu'il soit innocent, mais il lui aurait fallu analyser le dossier pour savoir si son intuition était corroborée par les éléments.
– Tu racontes n'importe quoi, dit Amelia.
– Non, je me base sur le fait que Black ait parlé à Potter.
– On n'en sait rien ! s'agaça Amelia.
– C'est vrai. Mais imaginons que ça soit vrai. S'il lui a parlé c'est qu'il ne l'a pas tué. Et si Potter demande des informations c'est parce qu'il croit que Black est innocent.
Amelia regarda Rufus comme s'il était fou.
– Tu pars en vrille. Tu pars tête baissée dans une piste, dans tes théories du complot, alors qu'on n'a aucune information. Black est coupable.
– C'est une supposition, Amelia, dit Rufus agacé. Je ne te dis pas que c'est vrai, mais que c'est probable.
– Tu divagues complètement.
– Black n'a pas eu de procès, il n'a même pas pu s'expliquer. Et s'il était vraiment innocent ?
– Je n'y crois pas, dit sèchement Amelia. Tu penses ça parce que tu veux que Dumbledore ait tort. Et ce n'est pas une démarche de Chef des Aurors. On se base sur des preuves, pas sur nos inimitiés.
Rufus souffla en songeant qu'elle n'avait pas tort. Il voulait réellement mettre Dumbledore à mal. Et quoi de mieux que de mettre en avant qu'il avait mis un innocent en prison pendant douze ans ?
– Plus j'y réfléchis et plus je pense avoir raison, dit finalement Rufus alors qu'Amelia levait ses yeux au ciel.
– Tu es aveuglé par ta haine de Dumbledore.
– Je ne le déteste pas. Je ne l'apprécie pas, corrigea Rufus.
Amelia haussa un sourcil en désignant la lettre de Dumbledore que Rufus avait serré dans son poing inconsciemment.
– D'accord, je le hais, admit Rufus.
Amelia sourit en regardant Rufus dont les yeux flamboyaient. Il avait sa tête des jours où il avait trouvé une affaire qu'il n'allait pas lâcher jusqu'à avoir retourné chaque preuve dans tous les sens.
– Je suis persuadé que Potter a parlé à Black. Et si c'est le cas, il pense sérieusement que Black est innocent. Il y a quelque chose à creuser et tu le sais, dit malicieusement Rufus en voyant l'éclat de curiosité passer dans les yeux d'Amelia.
– Bon, je vais te suivre, soupira Amelia. Mais uniquement parce que Black n'a pas eu de procès et qu'il faut le préparer sans aucun à priori. Je veux que tu reprennes le dossier en entier et que les Aurors donnent leurs conclusions.
Rufus sourit largement.
– Mais tu ne les influences pas ! Tu leur donnes le dossier et tu demandes un rapport. Tu ne parles pas de Harry ou de tes théories.
– Je vais mettre Kingsley et Tonks sur le coup, dit Rufus. Je vais leur demander d'analyser la scène de crime et les éléments du dossier et me donner leurs conclusions, comme si c'était une affaire normale qui devait être jugée. Je vais demander les éléments à charge et à décharge. Promis, je ne leur parle de rien.
– Demande-leur de ne pas ébruiter le fait qu'il n'y ait pas eu de procès. Je ne veux pas que la presse s'en mêle, souffla Amelia.
– Tu sais que si Croupton a emprisonné un innocent pendant douze ans, la presse va s'en donner à cœur joie.
– Il n'est pas encore innocent, claqua Amelia. Pour le moment c'est un criminel en fuite, qui a le droit à un procès.
– S'il est innocent, moi aussi j'aurai cherché à m'enfuir.
Amelia leva ses yeux au ciel, agacée par la mauvaise foi de Rufus.
– Je vais dire à Potter que je recherche des informations sans en dire plus, conclut Amelia.
– Tu sais, dit Rufus d'une voix amusée, imaginons qu'il soit en contact avec Black. Il t'a sans doute envoyé cette lettre pour que tu découvres qu'il n'y avait pas eu de procès.
– C'est un gamin de treize ans, remarqua Amelia. Et tu fais des suppositions mais pour le moment Black reste un Mangemort.
Elle voulait que Black ait son procès parce qu'elle voulait que celui qui avait trahi l'Ordre soit traduit en justice. Elle voulait continuer à haïr celui qui était responsable de la mort de sa famille.
– Ce serait juste amusant que ça soit ça, tu ne trouves pas ?
– Pas tellement.
– Bon, on parie combien ? demanda Rufus en souriant.
Son sourire était légèrement tordu dû à une cicatrice qui lui avait fait un mauvais sort il y a quelques années.
– Comment ça ? demanda Amelia effarée.
– Tu es convaincue que Black est coupable. Je pense qu'il est innocent, qu'il s'est échappé pour le prouver et que Potter est en contact avec lui. Donc qu'est-ce que tu veux parier pour ta défaite ?
Amelia se sentit piquée au vif et se redressa instantanément.
– Tu veux parier sur le sort d'un criminel ?
– Personne n'en saura rien, souffla Rufus voyant qu'elle était à deux doigts d'accepter. Tu es sûre de toi, qu'est-ce que tu risques ?
– C'est mal.
– Oui. C'est aussi mal d'envoyer un homme en prison sans procès. Mais on va faire quelque chose pour changer ça. Notre mauvaise action est donc compensée. Alors ?
– Je ne sais pas...
– Des places pour la Coupe du Monde de Quidditch, proposa Rufus.
Amelia sentit son ventre se contracter d'anxiété. Ce n'était pas éthique de faire ça. Mais elle voulait tellement rabattre son caquet à Rufus. Elle était sûre que Black était coupable. Il n'y avait pas d'autres solutions. Les Moldus, les Bones, Pettigrow, les Potter, ils étaient tous morts. Et tout convergeait vers un seul homme : Sirius Black. Non, elle était sûre de gagner. Tout ce qu'elle voulait c'était un procès pour que sa culpabilité soit établie.
– Vendu, répondit-elle en serrant la main de Rufus.
Amelia eut l'impression de faire un pacte avec le diable. Elle voulait continuer à haïr Black et elle ne voulait pas que Rufus se pavane. Elle espérait secrètement que Sirius Black soit réellement coupable.
.
.
