PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci !)

N/A: Halloween se rapproche... Vous aussi vous sentez la pression monter ? Je suis si impatiente ! Peter va-t-il être attrapé ? Vous le saurez dans le prochain chapitre. Un grand merci à nouveau à toutes les personnes qui lisent l'histoire et l'apprécient !

Je veux juste revenir sur Amelia parce que certains m'ont indiqué qu'elle avait beaucoup de choses à reprocher à Sirius. Et bien, oui. Même si nous, nous savons que Sirius est innocent, ça paraît improbable pour tout le monde. Elle reste persuadée de sa culpabilité parce que tout converge vers Sirius. Il a été désigné comme Gardien, il était sur les lieux du crime et a "avoué", ça prête à confusion. Amelia est persuadée qu'il est réellement coupable. Mais malgré sa haine (le traitre a vendu sa famille, tout le monde est mort à cause de lui je vous rappelle !) elle veut lui organiser un procès. Alors, oui, Amelia est une personne qui n'a pas forcément fait son deuil, qui veut croire que Sirius est coupable, mais parce qu'elle n'est pas infaillible. Elle est humaine, elle souffre et c'est ça qui fait qu'elle est géniale.

Rufus aussi a beaucoup de choses à reprocher à Dumbledore. Il part du principe que Black est innocent parce qu'il veut faire tomber Dumbledore (on le veut tous), Amelia a donc du mal à l'écouter parce qu'elle voit que lui aussi n'est pas impartial... Voilà, j'espère que vous comprendrez un peu plus son état d'esprit, ce n'est pas une mauvaise personne, elle veut juste se persuader qu'il est coupable, parce que sinon ça signifie qu'un innocent a passé douze ans de sa vie en prison... Et c'est contre tout ce quoi elle se bat !

Bonne lecture à tous !


Partie 2. Chapitre 5.

"Match et Tribunal des Aurors"

– Harry !

Harry, qui s'apprêtait à entrer dans la Grande Salle, s'arrêta quand il vit Susan se précipiter vers lui.

– Salut Susan.

– Ma tante m'a dit qu'elle t'avait envoyé une lettre. Ça a répondu à tes questions ?

Harry avait reçu une lettre d'Amelia Bones lui indiquant qu'elle procédait à des recherches avant de lui communiquer d'éventuelles informations. Harry espérait que cela signifiait qu'elle avait découvert que Sirius n'avait pas eu de procès et qu'elle cherchait des informations pour un éventuel procès.

– Oui. Elle m'a dit qu'elle faisait des recherches. Merci beaucoup, c'est grâce à toi, dit Harry en la remerciant très sincèrement.

Susan rosit légèrement.

– Tu prends ton petit-déjeuner avec nous ? proposa-t-elle alors qu'ils entraient dans la Grande Salle.

– Avec plaisir, souffla Harry qui était heureux de pouvoir éviter les disputes entre Ron et Hermione rien qu'un instant.

– Je te propose ça de façon très intéressée, en fait, s'amusa Susan alors qu'ils se dirigeaient vers la table des Poufsouffle. Tu pourrais me corriger mon devoir de Runes ?

– Euh... oui, mais pourquoi ?

– Parce que tu es le meilleur dans cette matière, répliqua-t-elle en levant ses yeux au ciel.

– Hermione...

– Le professeur Babbling te donne des devoirs supplémentaires. J'ai jeté un coup d'œil à ce qu'elle te donnait à la bibliothèque et c'est d'un niveau très avancé. Donc, ça ne te dérange pas ?

– Pas du tout.

Harry se sentait étrangement fier à l'idée qu'il soit bon dans une matière et qu'une de ses camarades lui demande de l'aide.

Quand ils arrivèrent à la table des Poufsouffle, Harry eut la surprise de voir que Hermione était en grande conversation avec Hannah. Hermione devait éviter l'atmosphère pesante de Gryffondor et ses disputes incessantes avec Ron.

Les deux filles s'étaient rapprochées au grand étonnement de Harry. Hannah adorait les potins et jamais il n'aurait cru qu'Hermione puisse apprécier ce genre de conversations. Hermione n'aimait pas Parvati et Lavande qui partageaient sa chambre parce qu'elles passaient tout leur temps à parler de garçons et de ragots. Pourtant, Hannah et Hermione avaient beaucoup d'affinités, sans doute parce qu'elles étaient toutes deux très studieuses. Le fait que Hannah ne se soit jamais moquée de Hermione devait aussi jouer. En tout cas, Harry adorait voir Hermione rigoler avec Hannah. Jamais il ne l'avait vue aussi détendue.

– Harry, salua Hermione alors qu'il s'installait face à elle.

– Toi, chez les Poufsouffle ? s'amusa Harry.

– J'évite Ron, grimaça Hermione.

– C'est un goujat, dit sèchement Hannah en regardant la table des Gryffondor.

Hermione sourit, heureuse que quelqu'un prenne sa défense. Harry vit qu'elle avait les yeux un peu rouges et se demanda si l'imitation qu'avait faite Ron d'elle sautillant sur sa chaise en était la cause. Lavande et Parvati avaient rigolé, ce qui expliquait sans doute pourquoi Hermione ne les aimait pas.

– Et toi ? demanda Hermione.

– J'évite les disputes, rit-il en se servant du porridge.

– Et je l'ai supplié de me corriger mon devoir de Runes, dit Susan en lui tendant un morceau de parchemin.

– Oh... dit Hermione. Tu peux corriger le mien ?

Harry s'étouffa avec son jus de citrouille.

– Tu veux que je corrige ton devoir ?

– Oui, tu es le meilleur en Runes, dit simplement Hermione. D'habitude, je vérifie mes devoirs au moins trois fois en changeant de livres. Mais je me dis que, comme tu adores les Runes et que tu es doué, ça me ferait ça de moins à faire. J'ai pas mal de travail en ce moment.

– Tu vérifies trois fois tes devoirs ? répéta Hannah, les yeux écarquillés. Pourquoi tu n'es pas à Serdaigle ?

Il n'y avait aucune trace de moquerie, juste de la curiosité. Harry se demanda si Hermione appréciait les Poufsouffle pour leur capacité à être aussi intéressés par les autres, sans aucune méchanceté, cherchant simplement à en savoir plus sur leurs camarades.

– Le Choixpeau a hésité, admit Hermione. Mais il a finalement choisi Gryffondor. Tu es d'accord ? demanda-t-elle les yeux plein d'espoir.

Jamais Harry n'aurait pensé que Hermione lui demanderait de l'aider pour un cours. Il était content qu'elle se décharge légèrement car elle semblait débordée. Et puis, avec tout ce qu'elle avait fait pour lui, il pouvait bien l'aider.

– Évidemment. Mais tu pourrais regarder mes devoirs de Potions ? J'ai encore du mal avec certaines propriétés des plantes ou avec certaines recettes.

– Bien sûr, dit Hermione sur le ton de l'évidence.

La première fois que Harry avait refusé que Hermione corrige ses devoirs, elle avait été très étonnée. Puis, elle avait souri et compris que Harry voulait savoir ce qu'il valait sans son aide. Ron semblait d'ailleurs bien en peine depuis qu'il faisait la tête à Hermione. Mais les Potions restaient la bête noire de Harry et une correction de Hermione n'était pas de refus s'il voulait passer en quatrième année.

Justin Finch-Fletchley et Ernie Macmillan arrivèrent à leur tour et dévisagèrent les Gryffondor d'un œil circonspect. Ernie et Harry se regardèrent un instant sans savoir quoi se dire. L'année passée, Ernie avait accusé Harry d'être l'Héritier de Serpentard qui avait cherché à tuer Justin, avant de s'excuser quand Hermione avait été pétrifiée.

Harry détourna le regard, gêné de voir les garçons l'observer et se concentra sur les traductions de ses amies. Il sortit sa plume et fut ravi de corriger une erreur sur la feuille de Hermione. Il comprenait la sensation d'intelligence qu'elle pouvait tirer en corrigeant leurs devoirs, à lui et Ron.

– Prêt pour le match, Harry ? demanda finalement Justin un peu crispé à l'idée de se faire envoyer dans les mornilles.

– Oh oui, répondit Harry, soulagé de rompre la tension. Olivier nous fait travailler très dur.

– C'est contre Serpentard, n'est-ce pas ? s'enquit Hannah.

– Oui.

L'atmosphère se détendit légèrement quand Harry et Justin se mirent à comparer les sports moldus et sorciers. Justin semblait heureux de pouvoir parler de cela à quelqu'un, n'étant entouré que de sorciers de Sang-Pur qui ne connaissaient rien au football ou au rugby.

– Tu n'as jamais assisté à un match ? s'enquit Justin.

– Non, grimaça Harry alors que les hiboux envahissaient le ciel de la Grande Salle.

– C'est génial, tu devrais essayer, conseilla Justin.

– Je prends le conseil. Tu supportes quelle équipe ?

– Liverpool, évidemment, dit Justin amusé.

– Liverpool ? répéta Hermione avec dédain, à la surprise de tout le monde. Manchester vaut cent fois mieux que Liverpool.

Hermione et Justin argumentèrent quelques instants pour savoir quelle était la meilleure équipe de football, à la surprise des Poufsouffle qui n'avaient jamais entendu parler de ce sport. Harry était simplement étonné que Hermione aime le football et supporte à ce point une équipe.

Un hibou se posa devant Harry avec la Gazette sur Sorcier, bientôt suivi par Hedwige qui se posa de manière altière devant lui.

– Tiens, dit Harry en lui donnant un morceau de bacon.

– Elle est tellement jolie ! dirent Susan et Hannah d'une même voix.

Hedwige semblait avoir compris les compliments et leur jeta un regard fier en claquant doucement du bec. Elle mordilla le doigt de Harry affectueusement.

– On pourrait aller prendre le thé chez Hagrid ? proposa Hermione qui avait terminé sa bataille avec Justin.

– Bonne idée ! dit Harry en griffonnant sur un morceau de parchemin une lettre à son ami. Tiens, tu peux porter ça à Hagrid ?

Hedwige le regarda d'un air de dire "pour qui tu me prends" et s'envola dans un battement d'ailes.

– Comment trouves-tu les cours de Hagrid ? demanda Justin à Hermione qui semblait avoir oublié qu'elle supportait une équipe rivale.

Hermione expliqua, qu'après le cours sur les hippogriffes, le fait que Hagrid suive le programme permettait de rendre les cours à la fois plus intéressants, mais aussi plus sûrs. Hagrid avait pris confiance en lui et connaissait réellement les créatures magiques, même s'il les considérait toujours comme "inoffensives".

– Harry ! cria Olivier Dubois en s'approchant de la table des Poufsouffle. Qu'est-ce que tu fais là ? L'entraînement va commencer, dépêche-toi.

Harry grimaça alors qu'Olivier lui attrapait le bras pour le tirer hors de la Grande Salle.

– Bon courage ! s'amusa Susan.

– On se voit à la bibliothèque ? cria-t-il en luttant contre Olivier.

Susan hocha la tête sous les rires amusés des Poufsouffle.

– Dis-nous tout ! dit Hannah en frappant dans ses mains une fois que Harry fut hors de vue.

– Dire quoi ?

– Harry et toi.

– C'est un ami, souffla Susan en rosissant.

Hermione sourit légèrement en voyant que Susan semblait avoir une légère attirance pour Harry.

– Oh... soupira Hannah un peu triste. Tu es sûre ?

– Oui, dit Susan d'un ton catégorique.

– Hermione tu n'es pas au courant de quelque chose ?

– On ne parle pas de ça avec Harry, affirma la brune, un peu gênée.

– Je ne pense pas qu'il ait envie d'une relation, enchaîna Susan.

– Je suis d'accord avec toi, confirma Hermione. Il ne se rend même pas compte que des filles s'intéressent à lui. Alors envisager une relation...

– À ce point ? dit Hannah avide d'en savoir plus sur Harry. Il est si mignon.

– Quand la "relation" entre Susan et Harry a fait le tour de Poudlard, il est venu me voir en me demandant pourquoi les élèves s'intéressaient à lui, rigola Hermione.

– Ça correspond bien à Harry, ricana Susan.

Susan avait observé, depuis qu'ils se côtoyaient, que Harry était absolument inconscient de l'attraction qu'il pouvait provoquer chez les autres.

– Il est timide, confirma Hannah. Pourtant, quand on le connaît, il est différent.

– Comment ça ? s'enquit Hermione.

Hermione fréquentait Harry depuis la première année et ne savait pas ce que les autres pouvaient bien penser d'eux. Sans doute donnaient-ils l'impression d'être très secrets, d'être un groupe fermé. Avant cette année, Hermione avait rarement vu Harry discuter avec des personnes d'autres maisons. Ils étaient toujours tous les trois. Le Trio.

– On vous a toujours vus comme un groupe très soudé. Harry, Ron et Hermione. Jamais l'un sans l'autre. Mais personne ne connaissait vraiment Harry, à part ce qu'on disait sur lui, expliqua Susan un peu gênée.

– Et ce qu'on dit n'est pas forcément flatteur, souffla Hannah.

Hermione grimaça en songeant que, s'ils avaient été plus ouverts, peut-être que les rumeurs de l'année dernière n'auraient pas été aussi importantes. Peut-être que quelqu'un aurait pu dire "non, Harry n'est pas comme ça". Mais personne ne les connaissait réellement. Dès lors, comment lutter contre des rumeurs quand personne ne pouvait dire le contraire ? Quand personne ne le connaissait réellement ? Il avait fallu qu'elle se retrouve pétrifiée pour que certains comprennent que, jamais, Harry n'aurait fait ça à sa meilleure amie.

– Il avait l'air assez secret, comme s'il ne voulait pas qu'on s'approche de lui, continua Hannah. Mais cette année...

– Il a changé, admit Susan. Il est beaucoup plus ouvert. Et il est marrant. En fait, je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais pas à ça. Nous sommes super contentes de vous parler.

– Toi aussi, affirma Hannah en regardant Hermione. Tu es beaucoup moins ennuyeuse qu'on le dit.

– Euh... merci ?

– Hannah, dit sèchement Susan en voyant que la franchise de son amie pouvait être mal interprétée. C'est juste que personne ne vous connaissait. On savait que tu étais très forte en cours, personne ne pensait que tu pouvais aussi parler d'autre chose.

– Mais en fait, si ! s'amusa Hannah. Tu es hyper intéressante. Je ne comprends pas comment les membres de ta propre maison peuvent parler de toi comme ça ! Cette Parvati et cette Lavande... Ce sont des pestes.

– On s'est rapidement mis à l'écart, admit Hermione. Et Harry... je pense qu'il était très proche de Ron et qu'il n'avait juste pas pensé qu'il pouvait aussi avoir d'autres amis. Mais maintenant, on se connait, rougit-elle.

– On est contentes de te connaître aussi, Hermione, assura Hannah.

– Et donc, Harry ? demanda Hermione en se tournant vers Susan.

– Si quelque chose devait arriver avec Harry, jamais je ne le dirais à Hannah, dit Susan en grimaçant.

– Mais je suis ton amie ! dit Hannah avec une moue boudeuse.

– Tu es la pire commère de Poudlard ! Je suis sûre que tu te retiens depuis ce matin de nous raconter un scoop.

Hannah hésita et se mordit la lèvre inférieure, comme si elle se retenait pour ne pas conforter les paroles de Susan.

– Pansy Parkinson et Draco Malefoy sortent ensemble, lâcha Hannah dans un soupir résigné.

– Quoi ? dit Susan les yeux écarquillés. Il sort avec une fille !?

– C'est peut-être sa couverture, dit Hannah d'un ton conspirateur alors que Susan hochait la tête en signe d'assentiment.

– Vous pensez que Malefoy aime les garçons ? demanda Hermione en éclatant de rire.

– C'est évident, affirmèrent les Poufsouffle.

– Ils ne vont pas ensemble, affirma Hannah. Ils vont rapidement se séparer.

Les filles grimacèrent en voyant le couple Serpentard s'embrasser à leur table.

– Beurk.

– Bon, Hermione, raconte-nous tout sur Harry, on veut des informations croustillantes, dit Hannah en frappant dans ses mains.

.

Lors de la dernière séance d'entraînement avant le match de Quidditch, Olivier Dubois annonça à l'équipe une très mauvaise nouvelle.

– Nous n'allons pas jouer contre l'équipe de Serpentard ! dit-il d'un ton furieux. Flint est venu me voir, on va rencontrer les Poufsouffle à la place.

– Et pourquoi ?

– Leur gardien, Miles Bletchley, serait toujours malade, répondit Dubois en grinçant des dents. Mais c'est évident qu'ils ne veulent pas jouer par ce temps. Ils pensent qu'ils auraient moins de chances de gagner !

Harry connaissait peu le gardien de l'équipe de Serpentard, mais tout le monde avait entendu parler de sa maladie. Au départ, tout le monde avait pensé à une intoxication alimentaire. Mais il avait vomi pendant une journée avant que l'infirmière ne parvienne à trouver un antidote. Les jumeaux rougirent légèrement et Harry comprit qu'ils n'y étaient pas pour rien dans cette farce. Sans doute un test de leurs produits dont George lui avait parlé.

– Mais il joue la comédie ! s'exclama Angelina qui semblait furieuse.

– Harry s'est fait déchiqueter le bras par un hippogriffe et il joue pourtant ! renchérit Katie, outrée.

Les techniques n'étaient pas du tout les mêmes en fonction des équipes qu'ils devaient affronter. Un changement d'équipe à une semaine du match était catastrophique pour eux. Les Poufsouffle avaient une technique plus douce et plus axée sur la défense que les Serpentard.

– Je le sais bien, mais apparemment il est trop faible pour jouer, dit Olivier en grinçant des dents. J'ai monté une nouvelle stratégie.

Dix minutes plus tard, l'équipe écoutait d'une oreille le discours grandiloquent d'Olivier. Tout le monde espérait battre les Poufsouffle. Leur équipe n'était pas la meilleure de Poudlard, mais le discours sinistre d'Olivier leur fit prendre conscience que, non, il ne fallait surtout pas les sous-estimer.

.

Le jour du match, Olivier était très pâle. Le temps était l'un des pires qu'ils avaient eus pour jouer et même les autres joueurs de l'équipe semblaient inquiets.

– On va avoir du mal, dit Dubois qui ne pouvait rien avaler.

– Arrête de t'inquiéter, Olivier, dit Alicia d'un ton apaisant, ce n'est pas une petite pluie qui va nous arrêter.

Mais c'était beaucoup plus qu'une petite pluie. Le vent était si violent qu'ils entrèrent sur le terrain en chancelant.

– Harry ! cria une voix derrière lui.

Harry vit Susan et Hannah braver le vent pour l'accoster.

– Bon courage, dit Susan.

– Je me bats contre votre maison, dit Harry en souriant.

– Susan voulait te dire bon courage, parce que tu en auras besoin contre notre super équipe, se moqua Hannah.

Harry sourit largement tandis que les filles se dirigeaient dans les tribunes où elles pourraient s'abriter et être au chaud. Harry aurait voulu pouvoir les accompagner et ne pas avoir à voler par ce temps.

Au coup de sifflet, qui parut lointain dans le vacarme de la tempête, il s'envola. Harry s'éleva rapidement, mais le vent faisait légèrement dévier son balai. Il essaya de maintenir son cap le mieux possible et décrivit une courbe en plissant les yeux sous la pluie qui tombait à verse. Il arrivait à peine à voir devant lui, comment pourrait-il apercevoir le Vif d'or dans ces conditions ?

En quelques minutes, il se sentit glacé et trempé jusqu'aux os. Il faillit être désarçonné par un Cognard à deux reprises. Il perdit toute notion du temps. Maintenir son balai droit devenait de plus en plus difficile. Le ciel s'assombrissait sans cesse. Les joueurs étaient tous tellement trempés et la pluie était si dense qu'ils n'arrivaient plus à se distinguer les uns des autres.

Enfin, le sifflet de Mrs Bibine retentit en même temps qu'un éclair illuminait le ciel. Harry aperçut la silhouette de Dubois qui lui faisait signe de descendre. L'équipe au complet atterrit sur le sol dans des éclaboussures de boue.

– J'ai demandé un temps mort ! rugit Dubois à ses coéquipiers. Venez là-bas...

Il les regarda d'un air grave.

– Il faut se dépêcher de trouver le Vif, Harry.

– Je ne vois rien, soupira Harry.

Le sortilège qui repoussait l'eau sur les lunettes qu'il avait acheté sur le Chemin de Traverse n'était pas assez puissant pour faire face au déluge qui s'abattait sur eux. Au même moment, Hermione apparut derrière lui.

– J'ai eu une idée, Harry ! dit-elle. Donne-moi vite tes lunettes.

Il les lui tendit et toute l'équipe la regarda tapoter les verres avec sa baguette magique en marmonnant Impervius !

– Et voilà, maintenant elles vont repousser l'eau.

– Formidable ! dit Dubois qui semblait sur le point de l'embrasser.

Quand Harry s'envola à nouveau, il fut heureux de voir que le sortilège de Hermione avait réussi. Il était toujours engourdi par le froid, toujours trempé, mais au moins il arrivait à voir normalement.

Il prit un virage serré avec l'intention de revenir vers le milieu du terrain, mais au même moment, un autre éclair illumina les tribunes et Harry vit quelque chose qui détourna aussitôt son attention : sur le plus haut gradin, vide de spectateurs, la silhouette d'un énorme chien noir et hirsute se détachait nettement dans la pénombre du ciel.

Il cligna des yeux et se demanda si Sirius était devenu fou. Il allait le tuer pour avoir fait ça. Pourquoi était-il là alors que des Détraqueurs étaient aux abords de l'école ? Comment avait-il passé les détraqueurs ? Que faisait-il ici alors qu'il était recherché ? Et s'il se faisait attraper ? Il allait le tuer !

– Harry ! hurla la voix angoissée de Dubois.

Harry tourna la tête et vit Cedric Diggory qui filait à toute vitesse dans sa direction. Entre eux deux, un minuscule point doré scintillait sous la pluie. D'un mouvement brusque de panique, Harry se coucha sur son manche et fonça vers le Vif d'or.

– Allez, vas-y, murmura-t-il à son balai.

Mais quelque chose d'étrange se produisit. Un silence inquiétant s'était soudain abattu sur le stade. Bien qu'il fût toujours aussi violent, le vent avait cessé de mugir. C'était comme si quelqu'un avait coupé le son. Harry sentit alors une vague de froid l'envahir. Un froid qui le pénétra jusqu'au fond de lui-même. Un froid terriblement familier. Puis, il eut conscience que quelque chose bougeait sur le terrain...

Harry détacha les yeux du Vif d'or et regarda en bas. Une centaine de Détraqueurs, leurs faces encagoulées levées vers lui, se tenaient sur le terrain. Il eut l'impression qu'une eau glacée se déversait dans sa poitrine et lui déchirait les entrailles. Alors, il entendit à nouveau... la voix de quelqu'un qui criait, criait à l'intérieur de sa tête... une voix de femme...

Pas Harry, pas Harry, je vous en supplie, pas lui !

Pousse-toi espèce d'idiote... Allez, pousse-toi...

Non, pas Harry, je vous en supplie, tuez-moi si vous voulez, tuez-moi à sa place...

Harry sentait son cerveau engourdi par une espèce de brouillard blanchâtre qui tourbillonnait dans sa tête... Que faisait-il là ? Pourquoi volait-il sur ce balai ? Il fallait immédiatement porter secours à cette femme... elle allait mourir... quelqu'un était sur le point de l'assassiner...

Harry tombait, tombait à travers le brouillard glacé.

Non pas Harry, je vous en supplie ! Ayez pitié...

La voix suraiguë se mit à rire, la femme hurla et Harry n'entendit plus rien du tout.

.

Il entendit des voix lointaines. Ses yeux s'ouvrirent brusquement alors que son cœur se serrait d'appréhension. Il reconnut les murs blancs et l'odeur acide des potions de l'infirmerie et émit un gémissement de douleur en sentant son dos qui l'élançait.

– Harry ! s'exclama Fred le teint livide. Comment tu te sens ?

C'était comme si la mémoire de Harry s'était mise à fonctionner en accéléré : l'éclair, Sirius, le Vif d'or, les Détraqueurs, les cris...

– Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il en se redressant brusquement.

Harry eut l'impression de survoler la discussion. Il écouta Hermione lui raconter ce qu'il s'était passé, comment les Détraqueurs étaient venus sur le terrain et l'avaient fait tomber de son balai. Il vit Ron lui apporter les morceaux de son Nimbus 2000. Il écouta Fred lui raconter que Dumbledore était furieux et George lui dire qu'Olivier se noyait dans la douche. Il les entendit, mais il ne comprit pas.

Tout ce à quoi il pouvait penser, c'étaient les Détraqueurs. La voix de cette femme qui hurlait. Qui suppliait. Le rire suraiguë. La peur qu'il avait ressentie avant de tomber. Il répondit à peine à ses amis, son cerveau trop embrumé pour prendre part à la discussion et, après que Mrs Pomfresh ait mis tout le monde dehors, il sombra avec joie dans un sommeil réparateur.

Mrs Pomfresh insista pour le garder jusqu'à la fin du week-end et il ne chercha même pas à discuter ou à se plaindre. Il était finalement content de se trouver à l'abri de tout le monde. Dès qu'il fermait les yeux, il voyait les Détraqueurs. Dès qu'il y pensait, il se mettait à frissonner. Il ne comprenait pas pourquoi ces créatures lui faisaient ça. Harry se sentait malade et humilié.

Et il ne pouvait s'empêcher de penser à Sirius. Il n'avait pas pu lui parler puisque son miroir était dans son dortoir. Si personne ne lui avait parlé d'une arrestation, il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur à l'idée que Sirius ait pu avoir des problèmes. Il voulait savoir si Sirius allait bien. Les Détraqueurs le rendaient malade et il n'osait pas imaginer ce que pouvait ressentir Sirius quand ils étaient proches de lui.

Mais surtout, il était furieux contre son parrain. Il lui en voulait de s'être déplacé, d'avoir risqué sa vie pour venir le voir. Il était finalement soulagé de ne pas pouvoir lui parler pendant quelques jours, car il n'était pas sûr qu'il aurait su garder son calme. Il était fou de rage qu'il se soit mis en danger ainsi.

Il ne dormit pas beaucoup le samedi soir, se réveillant toutes les heures en entendant un rire démoniaque et en voyant Sirius se faire capturer par les Détraqueurs. Même la potion de sommeil sans rêve lui fut inutile.

Il reçut un flot de visiteurs mais rien ne parvint à le consoler. Pas même le fait que Hermione et Ron aient enterré la baguette de guerre pour lui remonter le moral.

Il quitta l'infirmerie le lundi et fut ravi de trouver l'agitation et le bruit de l'école qui l'obligeaient à penser à autre chose. Il fut accueilli dans la Grande Salle par les exclamations de joie des Gryffondor et surtout des poursuiveuses de l'équipe de Gryffondor qui vinrent lui demander comment il allait. Harry mit plusieurs minutes à parvenir auprès de Hermione, Katie voulant savoir s'il pourrait jouer le prochain match et Angelina lui demandant s'il allait racheter un balai.

– Comment tu te sens ? demanda Hermione en lorgnant sur ses cernes.

– Bien.

Mais Harry mentait. Parce que Harry n'allait pas bien. Pas bien du tout. Harry avait compris en se réveillant à qui appartenait la voix. Entendre les cris de sa mère à l'agonie était la pire chose qui soit. Il n'avait cessé de se répéter les paroles dans sa tête, en se retournant dans son lit. Il avait entendu les derniers mots que sa mère avait prononcés avant de mourir, sa dernière tentative de le protéger, lui, Harry, de Lord Voldemort. Et il avait entendu le rire de Voldemort avant qu'il ne la tue... Un rire de démon qui le faisait frissonner de peur.

Ron et les jumeaux le rejoignirent, ravis de le voir en forme. Cedric Diggory passa même à sa table pour prendre des nouvelles et Harry en fut très touché.

– Quel bellâtre, soupira Fred.

– Il est gentil, répliqua Harry. Il a essayé de faire annuler le match, il n'était pas obligé.

Les jumeaux grommelèrent de frustration. Ils n'étaient pas prêts de pardonner les Poufsouffle d'avoir battu la meilleure équipe de Poudlard, selon eux.

Ron et Harry discutaient du nombre de points que Gryffondor devait rattraper pour la Coupe de Quidditch, quand l'arrivée des hiboux les interrompit. Harry vit que plusieurs hiboux transportaient un long paquet étroit qu'ils posèrent devant lui. Tout le monde avait les yeux rivés sur Harry qui rougit.

– Qu'est-ce que c'est que ça ? dit-il en fronçant ses sourcils.

Harry déchira le papier et poussa une exclamation de stupeur en voyant apparaître un splendide balai étincelant. Ron écarquilla ses yeux.

– Ça, c'est incroyable, dit Harry d'une voix rauque.

C'était un Éclair de Feu. Il était magnifique. Fred et George sifflèrent de stupéfaction en le voyant. Ron avait les yeux pétillants en voyant le modèle. Olivier qui passait pour saluer Harry pleura de bonheur en voyant le balai.

– Waouh ! cria-t-il en sautillant de joie. Joli choix Harry !

Harry ne le contredit pas. Il avait vu au fond de la boîte une trace de patte de chien. Il savait qui lui avait envoyé le balai et personne ne devait être au courant. Alors, il fit comme s'il l'avait commandé et garda le secret sur le somptueux cadeau que lui avait fait son parrain.

– Merci, Olivier, dit Harry en souriant alors que Hermione le dévisageait, visiblement circonspecte.

– Avec ça, on va gagner la Coupe !

Olivier semblait avoir repris espoir. Les Gryffondor observèrent le balai avec admiration et Harry eut du mal à rejoindre la Salle Commune, flanqué de Hermione et de Ron.

– Ce n'est pas toi qui l'a commandé, remarqua Hermione suspicieusement une fois qu'ils furent installés à l'abri des oreilles indiscrètes.

– Non, dit Harry qui ne pouvait pas mentir à sa meilleure amie.

– Qui aurait pu t'offrir ça ? s'enquit Ron extatique. Je pourrais l'essayer ?

– C'est étrange, non ? dit Hermione en fronçant ses sourcils. Il s'agit d'un très bon balai, n'est-ce pas ?

– C'est le meilleur balai du monde, Hermione, répondit Harry avec un soupir exaspéré.

– Il a dû coûter très cher ?

– Il vaut probablement plus cher que tous les balais de l'équipe Serpentard réunis, assura Ron d'un ton joyeux.

– Qui enverrait un tel balai à Harry sans le prévenir ? Et surtout, qui sait que son balai a été réduit en miettes ?

Harry suivait bien son raisonnement et il comprenait ses inquiétudes, mais il ne pouvait pas lui en parler. Il avait promis et ils avaient un plan à respecter. Il voyait Croûtard sur l'épaule de Ron et il savait qu'il ne pouvait pas parler de Sirius maintenant.

– Tu dois le montrer à McGonagall, dit Hermione d'une voix inquiète.

– Tu es folle, pourquoi ? dit Ron en écarquillant ses yeux.

– Parce que c'est sans doute Sirius Black qui lui a offert !

– Il est en fuite ! s'exclama Ron qui bondit sur ses pieds. Tu es complètement parano.

– Un balai vaut plus que la vie de ton meilleur ami ? siffla-t-elle agacée. Il l'a peut-être ensorcelé !

Mais avant qu'Hermione n'ait pu répondre, Pattenrond sauta sur Ron.

– SORS-LE D'ICI ! hurla Ron tandis que les griffes du chat se plantaient dans sa peau et que Croûtard tentait de s'enfuir par-dessus l'épaule de son maître.

Ron attrapa Croûtard par la queue et voulut donner un coup de pied à Pattenrond. Hermione enferma Pattenrond dans le dortoir des filles avant d'aller en Métamorphose, mais elle était furieuse que Ron ait essayé de lui donner un coup de pied. Ron ne décolérait pas contre Pattenrond et ils ne s'adressèrent plus la parole de la journée.

Harry se retrouva au milieu de ses deux amis, sans savoir qui soutenir. Finalement, il décida d'arrêter de chercher à les réconcilier. Ils étaient grands et sauraient comment faire pour se parler de nouveau. Il se sentait coupable parce qu'il savait pourquoi Pattenrond cherchait à attaquer Croûtard, mais il ne pouvait rien dire. Il avait hâte d'être à la semaine suivante. Halloween approchait et il espérait qu'une fois Croûtard révélé, Hermione et Ron arrêteraient de se prendre la tête.

– Tu viens ? dit Harry à Hermione à la fin du cours.

– Partez devant, j'ai quelque chose à dire au professeur McGonagall.

– Elle veut sans doute des cours supplémentaires, dit Ron dans un bâillement.

Harry étala devant lui un devoir qu'il avait à faire (malgré Ron qui avait insisté pour aller essayer le balai), quand Hermione les rejoignit, accompagnée par McGonagall. Les personnes présentes dans la Salle Commune la regardèrent avec des yeux ronds tant il était rare de la voir ici. Hermione alla s'asseoir derrière eux, prit un livre et se cacha derrière.

– Mr Potter, dit le professeur McGonagall en s'avançant vers eux. Miss Granger vient de me prévenir qu'on vous avait envoyé un balai.

Harry et Ron se tournèrent vers Hermione et virent son front rougir.

– Pouvez-vous aller me le chercher, Mr Potter ?

Harry soupira et descendit le balai. Le professeur McGonagall l'examina minutieusement d'un bout à l'autre du manche.

– Ce n'est pas vous qui l'avez commandé, constata la professeure.

Harry hésita à mentir. Mais il n'avait pas le bon de commande et il savait qu'elle ne le croirait pas.

– Non.

– Bien... dans ce cas, je crois que je vais l'emporter avec moi, dit le professeur McGonagall.

– Q... Quoi ? Pourquoi ? dit Harry en se levant d'un bond.

– Il va falloir vérifier s'il n'a pas subi de mauvais sorts. Bien entendu, je ne suis pas une experte, mais Mrs Bibine et le professeur Flitwick vont le démonter entièrement.

– Le démonter ?! s'exclama Olivier Dubois qui venait d'assister à la conversation et la regardait comme si elle était devenue folle.

– Ça ne devrait pas durer plus de quelques semaines. Si nous sommes certains qu'il n'y a pas de mauvais sorts, nous vous le rendrons.

– Il marche très bien ce balai.

– Enfin, professeur, commença Dubois l'air inquiet, vous n'êtes pas sérieuse...

– Je suis très sérieuse, Mr Dubois. C'est sans appel.

Le professeur McGonagall tourna les talons et emporta le balai. Olivier la suivit en essayant d'argumenter, mais elle fut intraitable et menaça Dubois de le mettre en retenue jusqu'à la fin de l'année s'il continuait. Harry la regarda sortir de la salle commune, tandis que Ron se tournait vers Hermione.

– Pourquoi tu es allée tout raconter à McGonagall ?

Hermione posa son livre. Elle avait toujours le teint rosé, mais elle regarda Ron avec une expression de défi.

– Parce que j'ai pensé que le balai avait sans doute été envoyé par Sirius Black et que Harry était en danger !

.

Harry monta les marches jusqu'à son dortoir sans adresser la parole à Hermione. Il savait qu'elle n'avait eu que de bonnes intentions en agissant ainsi, mais il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir. Il lança une bulle de silence autour de son lit et passa un coup de miroir à Sirius.

Harry ! s'exclama Sirius en souriant largement, avant de se figer en voyant sa tête. Ça ne va pas ?

– Est-ce que tu es devenu fou ! s'exclama Harry qui avait retenu sa colère toute la journée, exacerbée par l'initiative de Hermione.

Oh... Ne t'inquiète pas, j'ai fait attention. Personne ne m'a vu. Et toi, comment tu vas ? Je t'ai vu tomber, c'était impressionnant. Heureusement que Dumbledore a ralenti ta chute. J'étais inquiet, mais tu semblais en vie quand je suis parti.

– Tu es venu à Poudlard ! Il y a des Détraqueurs, ils auraient pu t'attraper !

Je t'assure que je maîtrisais la situation, dit Sirius d'un ton confiant.

À ces mots, Harry se rappela tout ce qu'il s'était passé et sentit son ventre se tordre d'angoisse. Il entendit les cris de sa mère et surtout, imagina ce qu'il se serait passé si Sirius avait été arrêté à ce moment, à une semaine de l'opération Gruyère. Par Merlin qu'il détestait ce nom stupide. Par Merlin qu'il détestait Sirius à ce moment.

Harry sentit une chape de plomb tomber sur lui et se mit à pleurer sans arriver à se contrôler. Il savait que la potion de Sommeil sans Rêves pouvait avoir comme effet secondaire d'accroître la sensibilité, mais il se sentait gêné à l'idée de pleurnicher devant Sirius et tourna le miroir pour qu'il ne puisse pas le voir.

Oh... Harry je suis désolé. Je voulais juste te voir voler... dit Sirius à travers le miroir.

Harry mit quelques minutes à se calmer, furieux contre lui-même, essuya ses larmes et retourna le miroir.

– S'il t'arrivait quelque chose... murmura Harry d'une voix brisée. Tu es la dernière personne qui me reste. Comment peux-tu me faire ça ? Et s'ils t'avaient attrapé ?

Ce n'était pas très malin, tu as raison. Je n'ai pas réfléchi. Sèche tes larmes. Je suis vraiment nul. Je voulais juste te voir voler. Je ne pensais pas que ça serait dangereux.

– Je suis tellement en colère. Tu n'aurais pas pu me le dire avant ?

Je voulais te faire la surprise, grimaça Sirius. Mon côté Gryffondor a dû l'emporter.

– Ne mets pas tout sur Gryffondor, souffla Harry. Tu n'as pas réfléchi. Mais il reste une semaine ! Une semaine et tu risques ta vie pour rien... La prochaine fois, préviens-moi.

Promis, affirma Sirius en posant sa main sur son cœur. Bon, allez... Raconte-moi ce qu'il s'est passé.

Harry lui raconta la chute causée par les Détraqueurs (sans parler de ses parents et de ce qu'il entendait), du match perdu, des cauchemars, du balai (il remercia chaleureusement Sirius qui lui dit que c'était normal après toutes ces années sans s'occuper de lui) et de Hermione.

– Tu te rends compte, McGonagall va étudier le balai en long et en large ! Ils vont le démonter entièrement ! C'est une catastrophe ! dit-il en colère.

Harry, tu ne peux pas lui en vouloir pour ça, dit finalement Sirius. Elle veut te protéger.

– C'est parce qu'elle ne comprend rien au Quidditch !

Non c'est parce qu'elle tient à toi.

– Comment tu peux la défendre ? C'est ton cadeau !

Oui. J'ai eu tort de le faire, souffla Sirius, nous aurions dû attendre quelques semaines ou j'aurais dû t'en parler avant pour que tu puisses dire que tu venais de l'acheter. Comme d'habitude, je n'ai pas réfléchi avant d'agir. Mais tu ne peux pas en vouloir à Hermione. Elle pense que tu as un criminel aux trousses.

– Pourquoi elle va toujours voir les professeurs au lieu de m'en parler avant ?

Parce que tu ne l'écoutes pas ? suggéra Sirius, amusé. Elle voulait bien faire. Rien ne t'empêche de lui dire que tu n'as pas apprécié qu'elle ne t'en parle pas avant.

– J'ai tellement hâte que tu sois innocenté, soupira Harry qui en avait marre de cacher des choses à ses meilleurs amis.

Et moi donc, soupira Sirius. Mais ne lui en veux pas, on fait tous des choses stupides.

– Comme venir dans une école remplie de Détraqueurs alors qu'on est en fuite ? dit sèchement Harry.

Sirius eut le mérite de se sentir gêné et orienta la conversation sur le talent brut de Harry sur un balai. Harry se détendit légèrement en voyant à quel point Sirius avait été impressionné. Sirius lui raconta les meilleurs mouvements de James pendant ses matchs et de sa façon moins instinctive de voler, mais tout aussi efficace, toute dans la technique.

En regardant Harry s'endormir, Sirius se sentit coupable. Parce qu'il avait simplement voulu voir Harry voler, mais n'avait pas réfléchi au fait que Harry aurait pu être inquiet pour lui. Encore une fois, il avait cru que Harry était James et qu'il trouverait ça génial. Parce que James aimait le danger comme lui. Mais ce n'était pas bon, parce que Harry ne voulait plus de danger. Il avait déjà eu trop peur dans sa vie. Pourquoi fonçait-il toujours avant de réfléchir alors que ça lui avait déjà porté préjudice ?

Il passa un coup de cheminette à Mihai qui vint le voir immédiatement pour le rassurer. Non, il n'était pas un mauvais parrain, oui, il avait fait les mauvais choix, oui, il était trop impulsif et, oui, il pouvait changer, mais oui, il devait aussi rester tel qu'il était. À la fin, Sirius se sentait un peu mieux. Mais il se promit de ne rien faire d'inconsidéré avant le procès. Ensuite il pourrait faire ce qu'il voudrait. Ensuite, il serait libre. Ce n'était pas le moment de retourner à Azkaban.

.

Le lendemain matin, Harry se réveilla un peu hagard. Il s'était endormi lors de sa conversation avec Sirius et n'avait fait, à sa plus grande surprise, aucun cauchemar. Il avait rêvé qu'il volait avec son père et se sentait un peu triste à l'idée que ce rêve ne se réalise jamais.

Il fallait qu'il parle à Hermione. Il savait qu'elle l'avait fait pour de bonnes raisons et que c'était aussi de sa faute. Il pouvait dire ce qu'il voulait à Sirius, lui aussi était impulsif et parlait parfois sans réfléchir. Hermione avait eu peur pour lui, comme il avait eu peur pour Sirius. Et la peur ne se contrôlait pas. Elle ne pouvait pas savoir qu'il parlait à Sirius. Et surtout, il ne pouvait pas lui en vouloir après tout ce qu'elle avait fait pour lui. Elle avait risqué sa vie tous les ans à Poudlard pour lui. Elle valait bien plus qu'un balai, aussi merveilleux soit-il.

Harry trouva sa meilleure amie endormie sur une table de la Salle Commune, sur un livre d'Arithmancie. Il n'était que six heures et personne n'était encore levé.

– Hermione, dit-il en secouant doucement son épaule.

– Hein ? Quoi ? Oh, Harry ! dit Hermione en grimaçant. Je suis désolée, tu sais j'ai juste pensé que...

Harry l'interrompit d'un geste de la main.

– J'ai compris pourquoi tu as fait ça. Je comprends que tu t'inquiètes pour moi. Donc merci.

– Oh Harry ! pleura Hermione en se réfugiant dans ses bras.

Harry sourit doucement en rendant son câlin à Hermione. Il n'aimait pas les contacts physiques, mais Sirius et Hermione étaient les seuls qu'il laissait approcher, sans doute parce qu'il leur faisait plus confiance qu'aux autres.

– Mais j'ai quand même été blessé par ce que tu as fait, dit Harry d'une voix agacée.

Hermione baissa sa tête en mordillant sa lèvre inférieure.

– Je suis désolée.

– Écoute, je sais que tu t'inquiètes, mais je préfèrerais que tu viennes m'en parler avant d'aller voir les professeurs à chaque fois. Ce qui me blesse, c'est que tu aurais dû m'en parler avant.

– Mais j'ai essayé...

– Hermione, je venais de recevoir le balai, Ron était fou de joie. Tu voulais que je dise quoi ? Je n'ai pas réfléchi sur le moment, admit Harry en songeant que Sirius avait dû avoir la même pensée en venant le voir.

– Je... commença Hermione en soupirant. Tu as raison. J'aurai dû te parler avant, c'était bête. J'avais juste peur que tu enfourches le balai dans la Salle Commune.

– C'est ton côté Gryffondor, c'est normal, rigola Harry. N'en parlons plus.

– Tu n'as pas l'air inquiet... remarqua finalement Hermione. Par rapport à Sirius Black.

Harry souffla en songeant qu'il devenait vraiment difficile de cacher la vérité à Hermione.

– Ça fait partie de ce dont tu ne peux pas parler, devina-t-elle.

– Oui.

Hermione n'insista pas et Harry la remercia intérieurement. Il savait qu'il n'aurait pas pu résister si elle avait insisté.

– Tu travailles sur quoi ? demanda finalement Harry.

– Sur l'Arithmancie.

– Ça m'a l'air horriblement ennuyeux, dit Harry en regardant une table de calculs compliqués.

– Oh, non, c'est passionnant ! C'est ma matière préférée.

– Tu ne crois pas que tu devrais dormir un peu ? Tu as dormi ici ?

– Oui, mais ce n'est pas grave, assura Hermione en grimaçant.

– Je vais te dénoncer au professeur McGonagall si tu dors dans la Salle Commune, menaça Harry.

Hermione rigolait en entendant le ton moqueur de Harry et décida de mettre de côté ses cours pour se rendre dans la Grande Salle avec lui. George et Harry avaient décidé d'arrêter la course à pied pendant une semaine, pour que Harry puisse se remettre de sa chute. Il n'y avait presque personne qui prenait son petit-déjeuner et ils discutèrent un long moment avant que la Grande Salle se remplisse.

Quand Ron s'installa à leur côté, il dévisagea Hermione avec un agacement palpable.

– Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il rageusement en attrapant de la nourriture.

Hermione rougit en balbutiant des excuses.

– Elle mange avec moi, dit Harry qui se tendit en voyant l'air en colère du roux.

– Tu es une rapporteuse, dit sèchement Ron.

– Ron... souffla Harry qui avait vu Hermione se figer. Hermione a voulu faire ça pour mon bien. Elle ne voulait pas...

– Bien sûr que si ! dit Ron. Tu l'as fait exprès, parce que tu veux toujours tout contrôler et montrer que tu sais tout mieux que tout le monde !

– Hermione est notre amie, intervint Harry.

– Une amie n'aurait jamais fait ça.

Le ton glacial de Ron sembla heurter Hermione qui se leva les larmes aux yeux et partit de la Grande Salle sans se retourner.

– Tu ne peux pas la laisser tranquille ? s'agaça Harry.

– Non, répliqua Ron. Elle t'a dénoncé, Harry ! Son sale chat n'arrête pas de m'attaquer et elle n'a même pas l'air de le regretter.

– D'accord, tu lui en veux pour Croûtard. Mais arrêtes de lui parler sur ce ton.

– Tu la défends maintenant ? Ça ne te fait rien qu'elle ait parlé à McGonagall ?

– Elle aurait fini par le savoir, dit Harry agacé. Et puis, elle l'a fait parce qu'elle avait peur pour moi.

– Enfin, c'est ridicule ! Sirius Black acheter un balai alors qu'il est en fuite ? Elle est complètement malade.

Harry leva ses yeux au ciel. Il espérait qu'une fois Pettigrow révélé, ses amis arriveraient à s'entendre de nouveau. Mais comment allaient-ils réagir en apprenant ce que Harry leur cachait depuis trois mois ?

.

Amelia et Rufus se rejoignirent durant le mois d'octobre dans le bureau de ce dernier. Kingsley et Tonks furent appelés pour rendre leurs conclusions dans l'affaire Black. Amelia était un peu anxieuse à l'idée de savoir ce que les Aurors avaient pu trouver.

– Vous avez étudié le dossier ? demanda-t-elle aux deux Aurors.

– En effet, Mrs Bones, dit Kingsley qui semblait prendre la tête des opérations.

Amelia savait à quel point Kingsley était une bonne recrue. Il avait procédé à un nombre impressionnant d'arrestations et était très compétent.

Elle connaissait moins Tonks, qui était une nouvelle recrue et était connue pour sa maladresse. Amelia savait que son intégration avait été compliquée. Pourtant, Fol Œil l'avait prise sous son aile et l'avait formée. Tout le monde savait que jamais il ne l'aurait fait si elle n'avait pas eu les compétences. Au final, elle avait montré qu'elle avait un grand instinct et pouvait faire avouer n'importe qui. Son don de métamorphagie avait été fort utile dans certaines enquêtes délicates.

– Le Chef nous a demandé de reprendre le dossier comme si l'affaire venait à nous pour la première fois. Il nous a indiqué que Black n'avait pas eu de procès, grimaça Kingsley.

– Quelles sont vos conclusions ? demanda Rufus.

– Il est innocent, affirma Tonks.

Rufus sourit triomphalement.

– Je ne serais pas aussi catégorique que Tonks, grimaça Kingsley.

Amelia sourit à son tour en fixant Rufus victorieusement.

– Vous n'êtes pas d'accord ? demanda Rufus.

– Non.

– Bon, vous savez ce qu'on fait ? dit le Chef des Aurors en se frottant les mains.

– Tribunal des Aurors ! s'exclama Tonks, extatique.

– Euh... Tribunal des Aurors ? répéta Amelia.

– C'est un procédé que j'ai inventé, dit Rufus. Quand deux Aurors travaillent sur une affaire et ne sont pas d'accord sur la culpabilité de l'accusé, on réunit tous les Aurors disponibles et on fait un mini-procès. On choisit trois Aurors pour juger de l'affaire et chacun expose son point de vue. Ça permet de voir si leurs argumentations tiennent, les éléments qui sont convaincants ou non et si on doit continuer à poursuivre.

– Malin, siffla Amelia. Vous l'avez souvent utilisé ?

– Rarement.

– J'aime beaucoup l'idée, très ingénieux.

– Il m'arrive de l'être, dit Rufus. Évidemment, c'est une affaire classée secrète. Donc nous serons les deux juges, mais le principe reste le même.

Amelia hocha la tête. Elle faisait partie du Magenmagot et du Conseil de la Magie (qui traitait des affaires les moins graves). Elle était habituée à juger et avait hâte de connaître les arguments de l'un et de l'autre. Elle se sentait très intriguée par cette affaire qui changeait du quotidien et qui semblait ne pas être si claire qu'elle avait été présentée.

Rufus fit couler du thé et apporta un siège confortable à Amelia. Ils avaient tous deux un bloc de parchemin pour noter les éléments qu'ils estimeraient pertinents. Rufus lança un sort sur son bureau pour que personne ne puisse les déranger, sauf urgence absolue. L'affaire pouvait avoir un fort retentissement politique et il fallait que rien ne fuite.

Amelia et Rufus savaient déjà que, innocent ou non, Sirius Black aurait droit à son procès. Et que ça ferait les choux gras de la presse. La famille Black était l'une des plus riches de l'Angleterre. Le fait qu'un membre d'une telle famille ait été emprisonné sans être jugé allait être médiatisé et ils devaient être prêts à répondre à toutes les attaques. Le Bureau des Aurors devait poursuivre Black s'il était coupable et le soutenir s'il était innocenté. Il ne pouvait plus avoir une analyse différente de l'issue du procès. Ils ne pouvaient plus se tromper.

Kingsley afficha sur le tableau magique (qui permettait un agrandissement d'un simple coup de baguette) les photos de la scène de crime, le rapport des Aurors de l'arrestation, les témoignages des personnes ayant assisté à l'attaque et la lettre de Dumbledore donnant le nom du Gardien du Secret et indiquant que Black avait fait partie de l'Ordre du Phénix.

– On a que ça comme éléments ? grinça Rufus.

– Oui. C'est ce sur quoi s'est fondé Mr Croupton pour condamner Black, indiqua Kingsley. Vous nous avez demandé de reprendre le dossier tel quel.

– Allez-y, Kingsley.

– On va reprendre chaque élément un à un. D'abord, l'Ordre du Phénix. Black venait d'une famille qui apprenait notoirement la magie noire. Il était exceptionnellement doué en duels et dans toutes les branches de la magie, comme le montrent ses relevés de notes de Poudlard. Il a eu ses ASPICS haut la main. Nous savons que Black faisait partie de l'Ordre. Il a été recruté par Dumbledore, avec les Potter. Nous savons qu'au moment de la guerre, la plupart des membres se sont cachés pour éviter les représailles. La famille Bones faisait partie de ces familles.

Kingsley regarda brièvement Amelia dont le visage ne laissa transparaître aucune émotion.

– La famille Bones a été assassinée en juin 1981. Black connaissait toutes les informations sur les membres de l'Ordre et leur lieu de résidence. Il pouvait les transmettre à l'autre camp. Les Potter avaient déjà commencé à se cacher. Ils ont dû fuir de nombreuses fois. En septembre 1981 ils ont échappé de peu à la mort après avoir été découverts. À ce moment, Dumbledore était persuadé qu'il y avait un traître dans l'Ordre du Phénix. Dumbledore a proposé la mise en place d'un Fidelitas qui a été pratiqué en octobre 1981. Jusque-là tu es d'accord ? demanda l'homme en se tournant vers Tonks.

Tonks souriait tranquillement en observant son collègue. Kingsley avait définitivement la manière de présenter les choses. Il était clair, concis et apportait toujours des éléments à l'appui de ce qu'il avançait.

– Je suis d'accord. Mais je veux juste rappeler qu'on ne juge pas quelqu'un par sa famille. La famille Black est réputée pour apprendre la magie noire et pas la pratiquer.

– Tu dis ça uniquement par rapport à ta mère, rétorqua Kingsley. Ce n'est pas parce qu'elle a pu changer que tout le monde l'a fait.

– Ma mère n'a rien à voir là-dedans. Elle est partie de la famille des années avant que Sirius Black n'entre à l'école. Ils se sont peu connus. Mais Black a été à Gryffondor, il a lutté contre sa famille, il a été renié par sa mère ! Jamais il ne se serait engagé sur la voie de Tu-Sais-Qui alors qu'il a lutté contre ses idées toute sa vie.

Amelia hocha la tête. Elle devait avouer que Tonks marquait un point.

– Mais continue, invita doucement Tonks.

– Bien, dit Kingsley en levant ses yeux au ciel. Ensuite, le Fidelitas. Dumbledore a affirmé que James Potter lui avait dit que Black était le Gardien du Secret et que jamais il ne les trahirait. Le 31 octobre 1981, les Potter ont été trouvés par Vous-Savez-Qui qui a assassiné James et Lily Potter. Le petit Harry a survécu, comme vous le savez tous. Il est évident que les Potter ont été trahi par leur Gardien du Secret.

– C'est sûr, confirma Tonks.

– Ah ! Donc tu confirmes que Black a trahi les Potter ?

– Pas du tout ! Je dis que les Potter ont été trahis par leur Gardien du Secret. On ne sait pas si c'est Black.

Amelia toussa dans sa tasse, visiblement circonspecte.

– Développe, demanda Rufus très intéressé.

Il devait avouer que cette histoire du Gardien du Secret était ce qui l'avait le plus intrigué. Pourquoi, par Merlin, Black aurait-il trahi les Potter ? S'il était le Gardien, comment se pouvait-il qu'il soit innocent ?

– Potter et Black étaient comme deux frères. Mrs Bones l'a confirmé, indiqua Tonks.

– Certes, mais ça ne change rien, dit Kingsley.

– Je pense que ça change tout, répliqua Tonks. Qui trahirait son frère ?

– Black a pu cacher son jeu pendant tout ce temps, gagner la confiance de Potter pour ensuite se tourner vers Tu-Sais-Qui.

– Mais c'est n'importe quoi, King. Au moment où Black s'est engagé dans l'Ordre, il avait renié sa famille. Tout le monde savait à quel point Black détestait la magie noire.

– Il aurait pu cacher son jeu, répéta Kingsley.

– Non, souffla Tonks. Black n'avait rien d'un mage noir. Mais pour en revenir au Gardien du Secret. Ce que je veux dire... dit-elle en rougissant en voyant tout le monde la regarder. C'est qu'on sait que les Potter ont pratiqué un Fidelitas. Mais on ne sait pas qui est le Gardien du Secret.

– Tu dérailles ! s'exclama Kingsley. Regarde la lettre de Dumbledore !

Tonks se leva en agrandissant la lettre de Dumbledore, semblant reprendre confiance en elle.

– Dumbledore a dit "j'ai conseillé à Lily et James de pratiquer un Fidelitas" et ensuite "James m'a dit qu'il allait proposer à Black, qui se disait prêt à mourir pour eux". C'est une preuve indirecte, rien ne dit qu'il est vraiment le Gardien. Dumbledore n'a pas assisté au Fidelitas. Alors, oui, il y a une grosse présomption et il est clairement possible que Black soit le Gardien. Mais il y a une possibilité qu'il ne le soit pas.

Rufus retint son souffle en sentant une lumière s'allumer dans sa tête.

– Tu penses qu'il n'était pas le Gardien ?

– Je ne sais pas, admit Tonks. Personne n'a vu les Potter pratiquer le sort. C'est une possibilité, répéta-t-elle en voyant Kingsley s'apprêter à argumenter. Ça met simplement le doute et c'est une chose qu'il faudra lui demander quand il aura été arrêté.

Amelia nota sur son parchemin : "Gardien du Secret : Black ou autre ?"

– Mais qui ? demanda Rufus. Qui aurait pu être le Gardien du Secret ?

– C'est complètement tiré par les cheveux, fit Kingsley d'une voix tranchante. Je pensais que c'était évident qu'il était le Gardien du Secret et que tu allais simplement argumenter sur l'attaque des moldus.

– Non. Pour moi Sirius Black est innocent de toutes les charges qui sont retenues contre lui. Je ne sais pas... Mais imaginons que vous êtes James et Lily Potter. Vous savez que Vous-Savez-Qui vous recherche. Vous êtes poursuivis, il vous a déjà trouvé plusieurs fois. Vous devez trouver un Gardien du Secret. La première personne à qui vous pensez c'est qui ?

– Sirius Black, dirent en cœur les trois personnes du bureau.

– Oui ! dit-elle d'un air triomphant ses cheveux changeant de couleur instantanément. Exactement ! Vous pensez à Black. Donc, à votre avis, qui Vous-Savez-Qui serait allé torturer en premier pour avoir des informations ?

– Black... murmura Rufus en comprenant enfin l'élément qui lui manquait. Les Potter savaient que Black serait le premier sur la liste des personnes à torturer ! Alors ils ont changé le Gardien du Secret... Potter a dit que Black était prêt à mourir pour eux, mais...

– Mais il était prêt à mourir pour eux parce qu'il n'avait pas l'information ! continua Tonks. Il était prêt à mourir sous la baguette de Vous-Savez-Qui pour laisser le véritable Gardien en vie. Il était prêt à se faire attraper par Voldemort, se faire torturer et mourir pour ses amis.

Rufus et Tonks se regardaient triomphalement comme s'ils se comprenaient parfaitement et avaient résolu l'affaire. Kingsley et Amelia semblaient stupéfaits.

– Mais alors qui ? demanda Rufus en se creusant la tête.

– Si j'avais été les Potter, j'aurai choisi quelqu'un qui passait inaperçu. Quelqu'un que personne n'aurait pu soupçonner... dit Tonks avec assurance.

Rufus écarquilla les yeux en voyant Tonks pointer du doigt le visage de Peter Pettigrow.

À ce moment, Amelia éclata de rire.

– Mais enfin ce n'est pas sérieux ?

– Je vous l'avais dit, grommela Kingsley. N'importe quoi...

– C'était un ami de Black et Potter, il faisait partie de leur groupe avec un autre nommé Lupin. C'est lui qui passait inaperçu. Lui que personne n'aurait soupçonné. Lui que j'aurais personnellement choisi.

Mais tout prenait sens à présent pour Rufus. Comme si les morceaux de puzzle qu'il avait devant lui venaient de s'assembler. Il savait que Tonks était comme lui, tout dans l'instinct. Et Rufus, en voyant le dossier avait eu l'instinct que, non, quelque chose ne collait pas. Mais les pièces étaient éparpillées. Tonks venait juste de les assembler.

– Elle a raison, affirma Rufus qui n'en revenait pas d'avoir compris la logique de cette affaire.

– Enfin, Rufus ! cria Amelia. Tu dis ça parce que tu veux que Dumbledore ait tort !

– Pas du tout ! Toi tu veux que Black soit coupable !

– Non ! répliqua Amelia en rougissant. C'est juste insensé. Pettigrow est mort !

– Écoute ce que dit Tonks. Moi je vois les preuves devant moi ! Black était comme un frère pour Potter, pourquoi il l'aurait trahi ?

– Par cupidité, avidité, jalousie, pouvoir... tu sais aussi bien que moi quels sont les mobiles d'un meurtre.

– Mais de quoi Black aurait-il pu être envieux ? Les Black étaient aussi riches que les Potter, ils avaient les mêmes résultats scolaires, ils étaient pareil. Non, ça ne colle pas.

– Black s'est enfui de chez lui, renchérit Tonks. Vous savez où il est allé ?

Amelia écarquilla ses yeux en craignant d'avoir la réponse de Tonks.

– Et oui, chez les Potter. Apparemment, ils le considéraient comme leur second fils. Il y a vécu pendant deux ans, avant de déménager. Mais il a toujours été invité chez les Potter jusqu'à leur décès.

– Comment tu sais ça ? demanda Kingsley effaré à l'idée qu'elle ait obtenu une telle information.

– Ma mère. Je ne sais pas comment elle l'a su, grimaça Tonks. Je pense que mon père avait des contacts avec le père de James Potter pour des affaires. En tout cas, Black était vraiment proche de Potter. C'était son frère. Et jamais un frère ne ferait ça.

– Mais alors comment expliquer l'attaque des moldus ? demanda finalement Amelia pour recentrer le débat.

Tonks fit un signe de tête à Kingsley pour qu'il continue sa présentation.

– Bien, s'agissant de l'attaque des moldus, reprit Kingsley en secouant la tête pour remettre ses idées en place. Le 1er novembre 1981, aux environs de huit heures trente-quatre, un moldu a donné l'alerte. Ce dont on est sûr c'est que Peter Pettigrow et Sirius Black se sont affrontés en Duel. Les témoins présents sur les lieux ont dit que Pettigrow avait hurlé "Lily et James ! Comment as-tu pu faire ça Sirius ?!". Puis il y a eu une explosion. On voit le cratère provoqué par l'explosion. Douze moldus ont péri et il n'est resté de Pettigrow que sa robe ensanglantée et un doigt.

Tonks leva les yeux au ciel à ce moment et Rufus lui sourit. Il avait hâte de savoir ce qu'elle allait pouvoir répondre à ça.

– Quand le Ministère est arrivé, Sirius Black rigolait comme un fou. Quand il a été arrêté, il a dit "tout est de ma faute". C'est évident que Black a tué Peter, puis les moldus. Et il a avoué l'avoir fait. Comment tu veux lutter contre ça ? Imaginons que ta théorie absurde soit vraie et que Black ne soit pas le Gardien, il a quand même tué les moldus et Pettigrow ! s'exclama Kingsley.

– Je ne pense pas.

Kingsley souffla de dépit en prenant sa tête entre ses mains. Il avait l'air de penser qu'elle était folle.

– Tu fais trop de suppositions.

– Mais toi aussi ! rétorqua-t-elle. Tu penses que tout ce qui est dans le dossier est vrai. Mais les preuves peuvent être interprétées différemment et c'est toi qui me l'a appris ! Je te rappelle qu'il n'y a eu aucun procès, que Black n'a jamais été interrogé et que personne n'a pensé à vérifier s'il avait la marque des Ténèbres !

Kingsley la regarda interloqué en voyant ses cheveux prendre une teinte rouge vif.

– Tonks, explique-nous, dit gentiment Rufus qui voulait croire à son histoire.

– J'ai plusieurs théories sur ce qu'il s'est passé, avoua Tonks en secouant la tête et retrouvant ses cheveux roses. Soit on suit King, Black était le Gardien du Secret, Pettigrow l'a poursuivi et Black l'a fait exploser. Soit, Pettigrow était le Gardien du Secret, il a trahi les Potter et Black est devenu fou et l'a tué avec les moldus. Soit... rougit-elle. Soit Pettigrow était le Gardien du Secret, Black l'a poursuivi et Pettigrow a tué les moldus.

– Pettigrow est mort ! s'écria Amelia qui semblait à présent croire qu'elle était folle.

– Bon, oublions ma première hypothèse et partons du principe que Pettigrow était le Gardien du Secret. On sait que Black est allé chez les Potter. Il se rend compte qu'ils sont morts. Alors il part à la recherche de Peter qu'il sait être le Gardien du Secret pour voir s'il est encore en vie. Ils étaient amis. Il se rend compte que Pettigrow a trahi les Potter et... et ensuite on ne sait pas.

– Black a fait exploser la rue !

– Non. On sait qu'une explosion a eu lieu, mais personne ne sait qui a jeté le sort.

– Je pense que tu devrais changer de métier, dit sincèrement Kingsley, effaré.

– Toi aussi ! Parce que tu pars du principe que Black est coupable ! J'essaie de montrer que, non, ce n'est pas si évident que ça, les preuves ne sont qu'indirectes. Personne n'a dit "Black a lancé le sort". Évidemment que tout semble aller dans le sens d'un Black coupable. Mais si on prend tous les éléments, on voit bien que certaines choses ne collent pas.

– Comme quoi ?

– On va reprendre les choses dans l'ordre. Black aurait lancé un sort d'explosion tellement fort qu'il aurait fait exploser Pettigrow et tué des moldus. Il y a bien eu une explosion qui a créé le cratère et a tué douze moldus sur le coup. Pettigrow aurait explosé, mais pas les autres moldus ? Ils ont été retrouvés en entier eux, juste assommés. Comment vous expliquez ça ?

– Pettigrow était le plus proche du sortilège, fit Amelia. Il a pris le sortilège de plein fouet et ensuite... ensuite la force de l'explosion a créé le cratère qui a conduit à la mort des moldus.

– Ça peut se tenir, admit Tonks. Mais alors pourquoi la robe ? Pourquoi le doigt ? Regardez...

Elle agrandit une photo qui montrait le doigt qui avait été retrouvé de Peter avant d'être déposé dans une boîte et rendu à sa mère.

– Il est tranché nettement. Si réellement Pettigrow avait explosé... Jamais il ne serait resté un droit aussi net. C'est ça qui m'a fait reconsidérer l'affaire. Il y a quelque chose qui ne colle pas.

– Mais c'est possible, dit Kingsley fermement. Black l'a fait exploser et seul un doigt est resté.

– Impossible, dit catégoriquement Tonks. Si on prend un fruit et qu'on lui lance un sortilège d'explosion, que va-t-il se passer ? Le fruit va exploser et tout ce qu'il contient va être projeté sur les murs et le sol. Aucun morceau ne va rester intact ou être coupé aussi régulièrement.

– Si tu te bases juste sur un doigt...

– Mais non, il n'y a pas que le doigt, souffla Tonks. Pettigrow est censé avoir été réduit en miettes. Pourtant, il n'y a aucune trace de sang à part sur la robe. Il aurait dû exploser : on aurait dû retrouver des morceaux de corps, du sang et pas seulement un pauvre doigt, posé délicatement sur une robe. Et la robe, alors ? Il a explosé, mais sa robe est restée intacte ? Regardez là ! Elle n'est même pas abimée par Merlin ! Comment l'explosion d'un corps peut laisser une robe intacte et un morceau de doigt à l'endroit même de l'explosion ?

Rufus se leva et applaudit. Amelia le fit rasseoir sèchement.

– Tu n'as pas encore gagné, grinça-t-elle entre ses dents. Mais je dois avouer que c'est une théorie intéressante. Vous avez bien travaillé.

Rufus trouvait ça brillant. Il ne savait pas combien de temps Tonks avait passé à étudier le dossier, mais il était évident qu'elle le connaissait sur le bout des doigts. Et elle avait parfaitement raison. Rufus voyait la robe de sorcier parfaitement intacte. Pourquoi le corps de Pettigrow aurait explosé et pas sa robe ? Pourquoi un seul doigt tranché nettement et aucune autre trace d'un autre membre du corps de Pettigrow ? Il y avait quelque chose qui ne collait pas.

– Mais comment aurait-il fait ça ? demanda Kingsley toujours circonspect. Et, si tu pars du principe que Pettigrow a tué les moldus, où est-il ?

– C'est la seule question à laquelle je ne peux pas répondre, avoua Tonks. Je ne sais pas comment il a fait, mais sans doute que son Maître lui a donné des cours. Imaginons qu'on retrouve Pettigrow...

– Si on retrouve Pettigrow, je te considèrerais comme le meilleur Auror de la génération et je m'excuserai platement, dit Kingsley en souriant. Mais pour le moment il est toujours enterré.

– Son doigt est enterré.

– Si tu le dis... Mais ça me paraît tiré par les cheveux.

– C'est possible.

– Black était le meilleur en Duels, renchérit Kingsley. Comment aurait-il pu se laisser avoir par Pettigrow ? On a vu ses résultats, si Black était brillant, Pettigrow était tout juste moyen.

– Le choc, dit Tonks. Il a vu les Potter morts et il a pété une mornille. Il était juste choqué et, ensuite, il a été mis en prison et personne ne lui a donné la possibilité de s'expliquer.

– Donc il aurait aussi pu tuer Pettigrow par haine ?

– Oui. Mais ça ne colle pas avec le personnage. Même si c'est possible... Tout dépend du point de savoir si Pettigrow est encore en vie.

– Il a dit que c'était de sa faute.

– Soit c'est réellement de sa faute et il est fou. Soit il a compris que Peter avait trahi les Potter, il en est devenu fou et il l'a tué. Soit, il était innocent, mais il dit que c'est de sa faute parce qu'ils ont changé le Gardien du Secret et qu'il s'est senti responsable.

– Ce ne sont que des si... remarqua Amelia.

– Oui, comme vous. Vous partez du principe que Black est le Gardien du Secret sans aucune preuve, pareil pour l'agression des moldus, ce sont des si.

– Oui, mais il a été retrouvé sur les lieux du crime, fit Kingsley qui ne semblait pas du tout convaincu.

– Et la robe ?

– Je dois avouer que la robe était convaincante, admit Kingsley en grimaçant. Mais ça pourrait s'expliquer par un sortilège de magie noire qu'on ne connait pas, qui détruit uniquement le corps humain...

– Ça fait beaucoup de coïncidences, admit Rufus. Moi je suis convaincu par Tonks.

– Je dois avouer que c'est une théorie intéressante, admit Amelia. Mais comment expliquer Azkaban ?

– Azkaban ?

– Il s'est enfui. Il faut être sacrément fort en magie noire pour s'enfuir. Ça montre qu'il avait les compétences pour faire exploser Pettigrow. Fudge est allé le voir et il a dit qu'il n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi sain d'esprit. Comment on peut survivre à Azkaban comme ça si ce n'est avec de la magie noire ?

– Je ne sais pas... avoua Tonks. Peut-être parce qu'il était innocent et que ça a suffi pour lui donner espoir.

– Les Détraqueurs enlèvent tout espoir, coupa Kingsley.

– C'est la seule chose que je n'arrive pas à comprendre.

– Comme nous tous... souffla Rufus. Je suppose qu'il faut attendre de retrouver Black pour savoir comment il a fait.

– Ou de retrouver Pettigrow, suggéra Tonks.

Amelia et Kingsley se regardèrent avec l'air de ne pas y croire. Kingsley regardait sa collègue avec un petit sourire moqueur. Il était sûr que Tonks se plantait totalement. Il ne pouvait pas y avoir autant de coïncidences en une seule affaire. Les Aurors n'avaient pas pu, à ce point, se tromper de coupable.

Amelia, elle, ne savait plus quoi en penser. Bien sûr, les arguments de Tonks étaient convaincants, mais rien ne confortait réellement ce qu'elle disait. C'était de l'interprétation de preuve, comme tous les avocats pouvaient le faire. Or, Amelia voulait une preuve concrète. Elle voulait voir Black et voir ce qu'il avait à dire pour sa défense. Le procès était essentiel à présent.

Rufus ne parla pas de ses doutes s'agissant de Potter. Mais pour lui, il était évident que Potter avait un contact avec Sirius Black. Potter croyait en l'innocence de Black et il voulait que les Aurors regardent l'affaire de près. Tonks avait pointé des éléments très intéressants. Mais Kingsley également. Toutes les preuves convergeaient vers Black et seule une analyse minutieuse pouvait poser le doute. Mais uniquement sur des suppositions. La seule manière de connaître la vérité était d'interroger Sirius Black et donc de le trouver, vivant.

– Je vais demander au Ministre de restreindre l'arrêt de recherche, expliqua Rufus. Je veux Black en vie, il y a trop d'incohérences dans ce dossier.

– Tu crois vraiment qu'il est innocent ? demanda Amelia.

– Oui. Tonks a apporté des éléments pertinents. Et toi ?

– Je doute de plus en plus, avoua-t-elle. Ces crimes... ça ne correspondait pas au Sirius Black que je connaissais. Mais j'ai besoin de preuves concrètes.

– Comme nous tous, souffla Rufus. Kingsley, Tonks, vous avez bien bossé.

– Trouvez Black, ordonna Amelia. On va lui donner son procès. Et ce sera à lui d'être convaincant.

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