PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci !)

N/A : MERCI à tous, très chaleureusement, pour tous vos retours et notamment sur le Tribunal des Aurors. Je suis contente que ça vous ait plu à ce point, mes études de droit ont été utiles pour ça. Je veux absolument qu'il y ait un vrai cheminement assez clair et ça semble être réussi.

Je viens de voir que j'ai passé +15.000 visites donc un grand merci à vous pour cet accueil toujours incroyable ! Je n'en reviens pas. Merci à tous les followers, ceux qui ont ajouté la fiction dans leurs favoris, ceux qui commentent (coucou à tous ceux qui commentent chaque chapitre) mais aussi à tous les lecteurs silencieux. Merci de suivre les histoires de Sirius et Harry.

Je viens aussi de voir que j'ai passé les +100.000 mots, c'est juste incroyable parce que c'est la fiction la plus longue que j'ai écrite et il reste encore plein de chapitres ! Je ne pensais pas, en la commençant, que j'arrivais à ce nombre de mots en à peine quelques chapitres.

Je vous laisse avec le chapitre. Halloween est là... Est-ce que Peter va être arrêté ?

Bonne lecture !


Partie 2. Chapitre 6.

"Halloween"

La première sortie à Pré-au-Lard fut organisée le jour de Halloween. En voyant ses amis partir, Harry ne tenait plus en place. Il savait que la phase trois de l'opération Gruyère se déroulerait le soir même. La phase la plus complexe, la plus dangereuse et celle où tout pouvait basculer, d'un côté ou de l'autre. C'était le dernier moment où il avait un rôle à jouer et pas des moindres. Ensuite, Sirius reprenait les rênes.

C'était le moment le plus important et Harry se sentait très anxieux. D'habitude, il agissait sans réfléchir. Le fait d'avoir un plan et la crainte de tout rater était pire que tout. Il était stressé, gonflé d'angoisses et n'arrivait pas à se poser.

Il était aussi triste de ne pas pouvoir accompagner ses amis lors de cette sortie à Pré-au-Lard, tout en sachant que, si tout se passait bien, Sirius pourrait lui signer son autorisation pour la prochaine sortie. Il avait vu ses amis partir avec appréhension, parce qu'il ne savait pas ce qu'il allait bien pouvoir faire de sa journée.

Harry se baladait dans les couloirs en se demandant comment il allait réussir à attendre jusqu'au soir. Il avait déjà fait tous ses devoirs, les avait corrigés, avait été courir et avait même emprunté un livre à la bibliothèque avant de le laisser de côté en voyant qu'il lisait la même phrase depuis plus de dix minutes sans la comprendre.

Tant de choses pouvaient mal tourner et il n'était pas non plus très rassuré. Pettigrow restait un Mangemort qui connaissait sans doute des sorts de magie noire. Il pouvait attaquer quelqu'un et Harry savait qu'il devrait agir avec vitesse et précision pour être sûr que personne ne soit blessé. Heureusement que Sirius l'avait entraîné, mais ce n'était pas pour ça qu'il se sentait serein.

– Harry ?

Il se retourna et vit le professeur Lupin à la porte de son bureau.

– Qu'est-ce que vous faites là ? Où sont Ron et Hermione ?

– À Pré-au-Lard.

– Ah... Entrez-donc, je viens de recevoir un strangulot pour le prochain cours.

Harry suivit le professeur Lupin dans son bureau et accepta avec plaisir une tasse de thé.

– Asseyez-vous, dit Lupin. Je n'ai malheureusement que des sachets, mais je crois que vous n'êtes pas un adepte des feuilles de thé.

Harry le regarda interloqué.

– Comment le savez-vous ?

– C'est le professeur McGonagall qui me l'a dit. J'espère que vous n'êtes pas trop inquiet par ces prédictions.

Pendant un instant, Harry eut la vision de Sirius renvoyé à Azkaban, de Peter s'enfuyant, de tout ce qui pouvait mal se passer ce soir, de la peur, des Détraqueurs, de sa chute... Mais il ne voulait pas laisser croire à Lupin qu'il était un froussard, surtout qu'il semblait déjà convaincu que Harry était incapable d'affronter un épouvantard.

– Quelque chose vous tracasse ? demanda le professeur en voyant son visage se fermer.

– Non, mentit Harry. Ou plutôt si... Le jour où nous avons fait cette séance avec l'épouvantard... pourquoi est-ce que vous n'avez pas voulu que je l'affronte ? demanda sèchement Harry.

Lupin leva les sourcils.

– Je pensais que c'était évident, Harry, dit-il surpris. J'imagine que si l'épouvantard s'était trouvé face à vous, il aurait pris l'aspect de Lord Voldemort.

Harry le regarda avec les yeux ronds. Non seulement il ne s'attendait pas à une telle réponse, mais en plus, Lupin avait prononcé le nom de Voldemort. Harry ne connaissait que deux personnes qui le faisaient sans frissonner : Dumbledore et Sirius.

– Apparemment je me suis trompé, dit Lupin, les sourcils froncés. Mais je pensais que ce n'était pas du tout une bonne idée de voir Voldemort se matérialiser devant les élèves.

– Au début, j'ai pensé à Voldemort, répondit Harry, mais ensuite... je me suis souvenu du Détraqueur.

– Je comprends, dit Lupin d'un air pensif. Je suis très impressionné... Ce dont vous avez le plus peur, c'est la peur elle-même. C'est la preuve d'une grande sagesse Harry.

– Professeur... dit Harry en grimaçant. Vous semblez bien connaître les Détraqueurs. Pourquoi est-ce qu'ils me font cet effet-là ? Est-ce que je suis...

– Ça n'a rien à voir avec une quelconque faiblesse, dit le professeur Lupin comme s'il avait lu dans les pensées de Harry. Les Détraqueurs vous affectent plus que n'importe qui d'autre parce qu'il y a dans votre passé des horreurs qui n'existent pas chez les autres. Celui qui croise un Détraqueur ne garde en mémoire que les pires moments de sa vie. Et les pires moments de votre vie, Harry, suffiraient à faire tomber n'importe qui de son balai. Il n'y aucune honte à cela.

– Quand ils sont près de moi...

Harry s'interrompit, le regard fixé sur le bureau. Il n'avait pas encore parlé de cela à Sirius, parce qu'il ne s'en sentait pas le courage. Mais il avait besoin d'en parler. Il fallait que quelqu'un le sache, qu'il comprenne. Il devait en parler et le professeur Lupin semblait être la personne la plus à même de l'écouter aujourd'hui.

– ... j'entends Voldemort qui tue ma mère, acheva-t-il la gorge serrée.

Lupin amorça un mouvement comme pour prendre Harry par l'épaule, mais il se ravisa. Il y eut un moment de silence.

– Dans le train, reprit Harry pour rompre le silence, vous avez réussi à faire partir ce Détraqueur.

– Il existe... certains moyens de défense dont on peut se servir. Mais plus ils sont nombreux, plus il est difficile de leur résister.

– Pourriez-vous me les apprendre ?

– Et bien... dit Lupin en soupirant. Les Détraqueurs semblent vous affecter plus que les autres. Je vais essayer de vous aider. Nous pourrions nous retrouver la semaine prochaine ?

– Parfait. Merci professeur !

Lupin sourit doucement et sembla vouloir lui dire quelque chose, avant de se raviser.

– À bientôt, Harry, souffla Remus quand le fils de son meilleur ami fut parti.

.

Tu as la potion ? s'enquit Sirius à travers le miroir.

Il était plus blanc que d'habitude et son sourire était si crispé qu'il avait l'air d'être torturé. Harry ne devait pas être mieux. Son cœur battait à la chamade et il avait regardé dix fois dans sa poche pour être sûr qu'il avait la potion. Tout pouvait si mal se passer.

Sirius l'avait aidé à passer la journée. Après avoir rencontré le professeur Lupin, ils avaient discuté presque toute l'après-midi en attendant le retour de ses camarades. Sirius avait semblé aussi impatient que lui et avait tourné en rond au Square Grimmaurd toute la journée.

– Oui. Ça va aller.

Évidemment, dit Sirius en levant les yeux au ciel, et ne t'en fais pas trop. Si ça ne marche pas, on trouvera une autre solution.

– Ça va marcher, affirma Harry d'une voix forte. Tu as attendu trop longtemps.

Sirius et Harry se regardèrent un court instant avant de soupirer d'un même souffle. Sirius lui souhaita bonne chance avant de couper la communication, pour laisser à Harry le temps de se préparer. Tout se jouait dans les prochaines heures de la soirée d' Halloween.

Halloween avait toujours été une fête que Harry n'appréciait pas.

D'abord, parce que ses parents étaient décédés ce jour-là. D'habitude, il n'y prêtait pas attention, mais avoir entendu sa mère hurler et se sacrifier pour lui l'avait remué plus qu'il ne l'imaginait. Il entendait le dernier cri qu'avait poussé sa mère et c'était terrifiant. À chaque fois qu'il y pensait, son estomac se retournait. Alors non, cette année, il n'avait pas envie de fêter Halloween, même si le banquet était l'un des meilleurs de l'année.

Ensuite, les banquets d'Halloween n'étaient jamais calmes. Lors du premier qu'il avait fêté à Poudlard, un troll avait été introduit par Quirell. Bien sûr, cela lui avait permis de faire la connaissance d'Hermione et de devenir son ami, mais ça avait été aussi terriblement dangereux. C'était l'une des premières fois où il avait eu peur pour sa vie, malheureusement pas la dernière.

Le second banquet, l'année dernière, s'était terminé par la découverte de la chatte d'Argus Rusard pétrifiée par le Basilic. La Chambre des Secrets et son ouverture avaient entraîné une série de conséquences terribles dont Harry peinait à se remettre.

Peut-être que sa rencontre avec Sirius n'avait rien arrangé. Il avait compris, dans les mots et le regard de son parrain, que tout cela n'était pas normal. Qu'il avait réellement failli mourir pendant ses deux premières années. Avant, il avait juste foncé. À présent, il avait compris que, non, un enfant ne devait pas risquer sa vie dans une école. Et pourtant, il s'apprêtait à la mettre en jeu encore une fois.

Après le comportement des Dursley, il avait considéré Poudlard comme sa maison. Aujourd'hui, il n'en était plus vraiment sûr. Poudlard lui semblait plus menaçante que jamais. La présence de Pettigrow avec son meilleur ami depuis autant de temps n'était pas faite pour le rassurer. Il trouvait ça très angoissant de savoir qu'un Mangemort avait partagé leur dortoir pendant plus deux ans, en toute impunité.

Mais Halloween était le meilleur moment et le plus sûr pour la révélation. Tous les élèves et professeurs seraient présents et pourraient aider si Pettigrow essayait de s'enfuir. Il fallait frapper un grand coup et le banquet était le meilleur choix.

Harry restait inquiet, malgré son impatience. Il n'avait qu'une envie : faire la révélation. Il fallait que ça soit fait. Il avait hâte de pouvoir aider Sirius, pour que justice soit enfin faite. Même si beaucoup de choses pouvaient se passer ; la potion pourrait ne pas fonctionner, Ron pouvait ne pas emporter Croûtard avec lui...

Et surtout, Croûtard pouvait ne pas être Pettigrow et n'être qu'une invention de Sirius, ruinant ses chances d'avoir un parent qui tienne à lui et ruinant toute la confiance qu'il avait mise dans cet homme. Il le croyait, fermement, mais sans doute parce qu'il n'avait jamais été aimé et que la seule possibilité de ne jamais revoir les Dursley l'enchantait. Mais... et si Sirius était juste fou ? Harry avait peur que Sirius ait perdu l'esprit et ait inventé toute cette histoire. Il ne savait pas s'il pourrait le supporter. Il fallait que ce soit Pettigrow.

Et surtout, Harry était inquiet de la réaction de Ron et Hermione. Ils allaient lui en vouloir. Il leur avait caché tellement de choses, tant de secrets, tant de mensonges... Ils étaient ses meilleurs amis. Et s'ils ne lui parlaient plus jamais ? Et s'ils lui tournaient le dos ? Il appréciait leur amitié, plus que tout, et craignait que tout ne change à partir de ce moment.

– Harry ?

– J'arrive, dit finalement Harry en sortant de la salle de bain où il s'était réfugié avant le banquet.

Ron lui sourit en lui disant qu'il n'avait pas très faim, ayant mangé plein de bonbons à Pré-au-Lard. Harry soupira de soulagement en voyant Croûtard dans sa poche.

– Tu emmènes Croûtard ? s'enquit Harry en essayant d'adopter un air détaché.

– Ça va lui faire du bien, n'est-ce pas ? fit Ron alors que le rat couinait d'excitation.

– Oui, je pense.

"Profite de ton dernier repas, sale traître" pensa Harry hargneusement. Il s'assura, à nouveau, qu'il avait la potion dans la poche et ils descendirent à la Grande Salle en parlant de Quidditch. Ils rejoignirent Hermione et Harry s'assura de s'installer aux côtés de Ron. Les relations s'étaient légèrement apaisées depuis quelques jours, après que Ron se soit excusé pour son comportement. Ce dernier avait même accompagné Hermione à Pré-au-Lard qui semblait ravie de leur balade.

– Ça va Harry ? Ta journée ? fit Hermione d'un ton anxieux.

Elle n'avait pas voulu le laisser seul aujourd'hui, mais il avait insisté. Il irait à Pré-au-Lard dès que Sirius serait innocenté. Il n'était donc pas si jaloux de les entendre parler de tout ce qu'ils avaient vu à Pré-au-Lard, même si Honeyduckes lui faisait de l'œil.

– J'ai parlé avec le professeur Lupin. Il m'a dit qu'il pourrait sans doute m'aider pour les Détraqueurs, dit Harry en souriant largement, très impatient à l'idée de commencer les cours. Et toi ? Comment as-tu trouvé Pré-au-Lard ?

Hermione lui raconta avec joie les livres qu'elle avait achetés et les bonbons merveilleux qu'elle avait pu trouver.

Le directeur introduisit le banquet avec sa bonhomie particulière, mais Harry eut du mal à apprécier les plats qui étaient toujours aussi variés. Il se sentait nauséeux et son estomac complètement contracté. Son cœur tambourinait et ses mains tremblaient à l'idée que quelque chose ne fonctionne pas. Il avait l'impression que tout le monde pouvait entendre son cœur battre à la chamade. Il peinait à se concentrer tant le sang pulsait dans son cerveau.

Il avait pourtant affronté des situations pires que celles-ci. Voldemort, le troll, le basilic, les araignées... Mais le fait d'agir sans réfléchir, d'avoir de l'adrénaline, l'avait empêché d'avoir vraiment peur. C'était après qu'il était retombé. Il se souvenait avoir dormi pendant des siècles après son affrontement avec Voldemort. Parce que l'adrénaline était tombée. Et puis, ce soir, il y avait tellement d'enjeux : la libération de Sirius, son innocence, leur vie future...

Harry attendait le bon moment. Il savait qu'il n'aurait droit qu'à une seule chance. Sirius comptait sur lui. Sa vie allait se jouer sur ce moment, la vie de Sirius aussi. Parce que, s'il ratait, Pettigrow risquerait de prendre le large. Le rat était constamment attaqué par Pattenrond et Harry le soupçonnait de chercher à s'enfuir loin d'ici.

Alors que Hermione discutait de la Cabane Hurlante et que Ron était concentré sur Croûtard qui grignotait un bout de citrouille, Harry en profita. Il attrapa une petite coupelle vide, y versa un peu de jus de citrouille et la potion de Sirius avec la dextérité et la rapidité de l'attrapeur. Il soupira de soulagement en voyant que personne n'avait rien remarqué. La potion était prête. Maintenant, Croûtard devait la boire.

– Et on sait ce qu'il y avait dans la Cabane ? s'enquit Harry en essayant d'adopter un ton détaché.

– Non, répondit Hermione qui semblait passionnée par le sujet, les habitants entendaient des hurlements et maintenant il n'y a plus rien. Mais tu sais, c'est sans doute une légende. Je ne pense pas qu'elle ait réellement été hantée.

– Tu verrais l'aspect, ricana Ron, c'est plutôt terrifiant. Ça ne m'étonnerait pas qu'il y ait eu deux ou trois fantômes.

– Je n'irais pas y faire un tour, c'est sûr, admit Hermione en frissonnant.

Harry regarda la table des professeurs. Ils étaient tous en train de discuter joyeusement et de manger, mais il savait qu'il serait protégé. Si Pettigrow essayait de s'enfuir, tous les élèves de Gryffondor l'auraient vu, permettant de jeter le doute sur la culpabilité de Sirius. Bien sûr, le mieux était qu'il arrive à l'attraper, mais il devait envisager toutes les possibilités. Il allait y arriver.

Alors que les desserts apparaissaient, Harry se dit que c'était le moment. Il devait agir. Il sourit à Ron qui continuait à discuter de Pré-au-Lard et se sentit légèrement coupable. Il savait que, s'il s'agissait bien de Peter, Ron allait être triste. Il adorait son rat et, surtout, il en voudrait à Harry de ne pas lui en avoir parlé. D'un côté, il espérait que Sirius se soit trompé pour que Ron ne lui en veuille pas. De l'autre, il voulait tellement que ce soit Pettigrow, pour que Sirius puisse être innocenté.

– Tiens Croûtard, dit Harry en essayant d'adopter un ton détaché. C'est du jus de citrouille.

Il posa la petite coupelle devant le rat qui sembla hésiter. Il se demanda si les rats avaient l'odorat développé et si Croûtard pouvait sentir que ce n'était pas uniquement du jus de citrouille.

Harry regarda la scène, un peu inquiet, avant de soupirer de soulagement en voyant Croûtard laper la petite coupelle jusqu'à ce qu'elle soit vide.

L'espace d'un instant, Harry eut l'impression que tout avait échoué car il ne se passa rien. Croûtard se balada sur la table, prêt à dévorer un autre bout de gâteau. Harry sentit son cœur se serrer en pensant que Sirius s'était, soit trompé, soit était réellement coupable. Toute la confiance qu'il avait en Sirius fondit et il se sentit si mal qu'il crut qu'il allait s'évanouir.

Avant que le rat ne se fige, comme pétrifié.

Son petit corps sembla agité de convulsions. Ron poussa un cri de terreur en voyant Croûtard tomber sur la table. Le rat poussa des cris aigus de détresse qui attirèrent l'attention de tout le monde. D'abord des Gryffondor, puis de la Grande Salle toute entière. Croûtard hurlait à la mort. Ron semblait paralysé de peur et devint blanc. Les conversations se turent et les élèves se levèrent pour tenter de voir ce qu'il se passait.

Croûtard arrêta de hurler. Il retomba raide sur la table. Ron gémit brusquement en plongeant sa tête entre ses mains, pensant voir les dernières minutes de vie de son rat. Avant que le rat ne se transforme sur la table, comme dans un film en accéléré ; une tête apparut, puis des bras poussèrent et des jambes. Un instant plus tard, un homme se tenait à l'endroit où Croûtard était tombé, sur la table des Gryffondor.

L'homme était recroquevillé sur lui-même et se tordait les mains. Il était petit, le sommet de son crâne était chauve, entouré de cheveux fins en bataille, à la couleur indéfinissable. Sa peau paraissait sale et terne, comme les poils de Croûtard. La respiration saccadée, il regardait frénétiquement autour de lui.

– Ahhhh ! hurla Hermione en voyant l'homme se tourner vers elle.

Ron se leva brusquement en regardant l'homme avec un mélange d'incrédulité et de dégoût. La Grande Salle sembla suspendue l'espace d'un instant, tentant de comprendre ce qu'il se passait. Harry vit du coin de l'œil McGonagall, Dumbledore, Rogue et Lupin se lever pour venir à leur rencontre.

Les petits yeux de Peter s'écarquillèrent de peur. Harry eut la vision d'un homme pathétique. Il avait devant lui l'homme qui avait trahi ses parents, qui avait fait enfermer Sirius pendant douze ans à Azkaban. Un déluge de haine déferla en lui et il se retint de le frapper jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il songea à Sirius. Il faisait ça pour Sirius. Le témoignage du rat était essentiel pour la suite. Il ne pouvait pas le tuer.

Harry, qui s'était levé dès que le rat s'était transformé, pointa sa baguette sur l'homme d'un geste fluide, sans aucune hésitation.

À ce moment, Harry était simplement impressionnant. Il s'était relevé sur toute sa hauteur, sa baguette pointée sur l'homme en face de lui, les yeux flamboyants de rage. La Magie semblait pulser autour de lui alors que, sur son visage, ne transparaissait qu'une détermination farouche. Harry semblait prêt à terrasser tout le monde sur son passage. Ce n'était plus le petit Harry timide et secret qui était là. C'était Harry Potter, qui avait déjà affronté des acromentules géantes, Voldemort et avait vaincu un basilic avec une simple épée.

Un silence de mort tomba dans la Grande Salle. Harry Potter avait été le sujet de nombreuses rumeurs au cours de ses deux premières années à Poudlard. Même si personne ne savait réellement ce qu'il s'était passé, tout le monde savait qu'il avait fait des choses étonnantes et avait affronté de nombreux dangers. Mais le voir prêt à se battre restait surprenant. Personne ne semblait pouvoir détacher son regard du petit brun. Même Hermione et Ron, qui n'avaient jamais vraiment vu Harry en action, se figèrent.

Peter Pettigrow croisa le regard de Harry en se liquéfiant sur place. Il avait devant lui le portrait de James Potter. Un James Potter très en colère.

– H... Harry... fit Pettigrow d'une voix couinante semblable à des cris de rat.

– Bonjour Peter, dit Harry d'une voix glacée.

La Grande Salle retint son souffle. Que se passait-il au juste ? Qui était cet homme ?

Harry était à présent fou de rage et sa Magie sembla sortir de lui. L'homme sur la table cria de peur, alors que certains Gryffondor se levaient en pointant leur baguette à leur tour pour soutenir Harry, sans savoir pourquoi.

Les yeux de Peter se posèrent sur la porte de la Grande Salle une fraction de seconde et Harry sut qu'il n'aurait pas d'autre chance.

Stupefix ! hurla Harry avec toute la colère qu'il avait en lui.

Il mit toute sa puissance dans ce sort. Jamais il n'avait ressenti une telle haine, un tel désir de vengeance. Il ne voulait pas le tuer, juste le blesser, juste s'assurer qu'il serait traduit en justice, juste s'assurer qu'il ne pourrait plus jamais s'enfuir. Sirius, Sirius, Sirius. La litanie dansait devant ses yeux.

Peter Pettigrow se figea et fut projeté sur cinq mètres par la force du sortilège, faisant tomber les assiettes et verres sur son passage.

– Mais... qu'est-ce que... Mr Potter ! s'exclama le professeur McGonagall en le regardant.

Harry était tendu et avait toujours sa baguette pointée vers l'homme, comme s'il craignait que Peter se relève et tente à nouveau de s'enfuir.

Les professeurs réussirent à détourner leur regard de Harry pour regarder l'homme qui venait d'apparaître sur la table des Gryffondor. Le professeur Lupin pâlit dangereusement et le professeur McGonagall laissa échapper un cri de surprise en reconnaissant à son tour l'homme.

– Peter Pettigrow ! s'exclama-t-elle en écarquillant Les yeux.

Le professeur Lupin semblait sur le point de s'évanouir. Dumbledore et Rogue se regardèrent d'un air réellement surpris.

– C'est lui, Minerva, dit finalement Lupin après s'être approché de Pettigrow. Je l'affirme.

Les professeurs se regardèrent sans savoir quoi faire, légèrement sonnés. Finalement, le directeur sembla se reprendre. Ses yeux étaient beaucoup plus froids que d'ordinaire alors qu'il fixait Pettigrow stupéfixé.

– Emmenez-le à l'infirmerie, dit finalement Dumbledore avant de se tourner vers Harry. Mr Potter, suivez-moi. Mr Weasley et Miss Granger peuvent nous accompagner.

Rogue utilisa un sortilège pour faire flotter Pettigrow jusqu'à l'infirmerie. Ron semblait sur le point de défaillir et le cerveau d'Hermione semblait bouillonner de questions.

– Reprenez le repas ! lança d'une voix joyeuse Dumbledore avant de sortir de la Grande Salle.

Le petit groupe se dirigea vers l'infirmerie sans rien dire. Une fois arrivé, Harry constata avec plaisir que Pettigrow avait été attaché au lit.

– C'est un Animagus, prévint Harry en regardant Dumbledore.

– J'ai déjà appliqué un sortilège rendant impossible toute transformation, dit sèchement Rogue.

– Parfait, continua Harry sans détourner son regard du directeur. Monsieur, il faut qu'il soit confié aux Aurors.

– Mr Potter, répliqua Rogue d'une voix doucereuse, je ne pense pas que vous soyez le plus à même de...

– Professeur, interrompit Harry d'une voix froide, sauf votre respect, je vous demande de l'amener aux Aurors qui pourront l'interroger. Si cet homme subit le Baiser du Détraqueur, il ne pourra pas expliquer pourquoi il est en vie alors que Sirius Black est censé l'avoir assassiné.

Son annonce jeta un froid polaire dans la pièce. Ron et Hermione se regardèrent interloqués en se demandant ce qu'il se passait. Ils ne comprenaient rien. D'abord, le rat de Ron était un Animagus. Ensuite, cet homme était censé être mort. Et, enfin, comment Harry pouvait-il le connaître ?

Les professeurs se regardèrent également sans savoir comment réagir. Il était évident que Harry en savait beaucoup plus que ce qu'ils ne pensaient. Remus s'assit sur une chaise, se sentant faiblir, sans pouvoir détourner son regard de Pettigrow. Le directeur sonda Harry du regard, qui ne laissa rien transparaître.

Le professeur McGonagall sembla être la première à réagir.

– Mr Potter, je crois que vous nous devez quelques explications. Savez-vous qui est cet homme ?

– C'est Peter Pettigrow, dit Harry.

– Que savez-vous sur cet homme ? enchaîna Minerva qui se sentait obligée de parler pour combler le silence.

Tout le monde s'était assuré que Harry n'apprenne pas que Sirius Black le recherchait. Aucun professeur n'avait parlé à Harry de la situation. Dumbledore lui-même s'était assuré que Remus ne lui parle de rien, pas même de son amitié avec James et Lily. Harry ne savait quasiment rien sur ses parents. Comment pouvait-il connaître Peter Pettigrow, savoir à quoi il ressemblait et savoir qu'il s'agissait d'un Animagus ?

Harry soupira légèrement avant de se tourner vers ses amis.

– Ron, je suis désolé, dit-il avant d'enchaîner sur son histoire. Peter Pettigrow était ami avec mon père et Sirius Black. Mes parents se sont cachés pendant la guerre et ils ont utilisé le sortilège du Fidelitas. Le gardien du secret aurait été Sirius Black, mon parrain.

Dumbledore retint sa respiration. Rien de tout cela n'était prévu. Comment pouvait-il savoir ça ? Le Gardien du Secret, le fait que Black soit son parrain... personne n'avait pu lui dire une telle chose !

– Il aurait vendu mes parents à Voldemort, continua Harry sans voir Hermione pâlir légèrement et les professeurs grimacer quand il prononça le nom du mage noir. Sirius Black a été accusé d'avoir assassiné Peter et douze moldus. Il ne serait resté qu'un doigt de Peter. Et, quand Sirius s'est échappé, tout le monde a pensé qu'il voulait me tuer.

Dumbledore releva que Harry venait d'appeler le criminel en fuite "Sirius". Il comprit qu'il n'était pas le seul à l'avoir remarqué en voyant Hermione hausser un sourcil et Severus frémir.

– Potter ! s'exclama Rogue. Avez-vous eu des contacts avec Black ?

Harry hésita un instant en regardant son professeur de Potions.

– Peter Pettigrow était un Animagus non déclaré, enchaîna-t-il en contournant la question. Sirius et lui ont échangé leur place de Gardien du Secret, plaida-t-il en se tournant vers Remus qui avait semblé reconnaître Peter. Sirius pensait que personne ne se douterait qu'ils avaient changé.

Remus pâlit encore plus avant de jeter un œil à Peter, toujours pétrifié.

– C'est Peter qui a trahi tout le monde ! C'est lui qui a vendu mes parents. C'est lui qui a tué les moldus et s'est coupé un doigt pour faire accuser Sirius ! dit Harry en sentant la fureur se déverser en lui. Et ensuite il a trouvé une famille de sorciers, les Weasley (les regards se tournèrent un instant vers Ron qui semblait abasourdi) pour se tenir au courant. Et voilà. Sirius est innocent ! s'exclama-t-il finalement en espérant que cela pourrait convaincre au moins une personne.

– Potter... répéta doucereusement Rogue en grimaçant comme s'il se retenait de le frapper. Avez-vous eu des contacts avec Sirius Black ?

L'ensemble des personnes dans la pièce sembla suspendu aux lèvres de Harry qui rougit légèrement.

– Cet été, admit-il finalement dans un souffle alors que les personnes présentes reprenaient leur souffle. Mais il est innocent ! Il n'aurait pas pu trahir mes parents, affirma-t-il d'une voix tranchante. Mon père et Sirius... ils étaient comme des frères ! C'était Peter !

La Magie de Harry sembla s'emballer autour de lui. Les professeurs semblaient perdus, ne sachant pas qui croire, quoi faire, quoi dire.

– Il est innocent ! cria-t-il presque les larmes aux yeux. Vous devez me croire. Peter est coupable, pas Sirius !

– Back est un dangereux criminel, susurra Rogue d'un air mauvais. C'est un Mangemort.

– Regardez le bras de Peter, dit simplement Harry d'une voix froide en espérant que tout ce que lui avait dit Sirius était vrai.

Rogue haussa un sourcil, peu convaincu. Parce que Severus espérait réellement que Black soit coupable. Imaginer Black enfermé à jamais à Azkaban avait été son plus grand bonheur. Il n'avait jamais entendu dire que Pettigrow aurait été un Mangemort. Black non plus, mais ça ne l'avait pas étonné plus que ça. Un Black restait un Black. Et Black était mauvais.

Rogue souleva la manche de Peter Pettigrow. La marque des ténèbres était à peine visible, mais elle était là. Sur son bras grisé par la saleté, on distinguait parfaitement la forme d'un crâne avec un serpent sortant de la bouche. Minerva étouffa un cri de stupeur.

– Il a tué mes parents ! cria Harry fou de rage. Monsieur le directeur, vous devez le faire témoigner. Sirius est innocent. Il faut le prouver et...

– Harry, calme-toi, dit Dumbledore en voyant la Magie pulser autour du jeune Harry. Nous allons le confier aux Aurors, assura-t-il d'une voix calme.

– Vous n'allez pas le confier aux Détraqueurs ?

Harry semblait prêt à exploser. Il se triturait les mains et avait l'air fortement angoissé. Le professeur McGonagall fit signe à Hermione et Ron de se décaler et de se mettre derrière elle.

– Non, Harry. Je vais m'assurer personnellement qu'il puisse témoigner.

Le ton déterminé de Dumbledore sembla le convaincre. Harry se tranquillisa légèrement et sourit. Si Dumbledore lui promettait cela, Sirius avait une chance. Ils allaient interroger Peter. Sirius allait pouvoir être déclaré innocent.

– Vous avez parlé avec un criminel, dit Rogue en le dévisageant d'un ton froid, vous n'avez donc aucun sens de la préservation, Potter ?

– IL EST INNOCENT ! hurla Harry les yeux remplis de larmes.

La Magie de Harry sembla sortir un instant et heurter Rogue qui fit quelques pas en arrière sous le choc. Harry ne comprit pas ce qu'il avait fait et ne pensait qu'à une seule chose : Sirius. Il fallait qu'on le croie. Sirius comptait sur lui.

– Il aurait pu ne pas l'être ! Il cherchait à vous tuer ! cria presque Rogue qui semblait très énervé à l'idée d'avoir été attaqué par Potter même inconsciemment.

– Et comment aurais-je pu le savoir ? demanda Harry hargneusement.

– Comment ça ? demanda sèchement Rogue. Tout le monde savait que Black était un criminel, même les moldus en ont parlé.

Cette fois, Harry sembla perdre pied et rigola froidement

– Mes moldus me détestent. Ils m'enferment dans ma chambre tout l'été et ne me laissent pas regarder la télévision ou suivre les informations.

Rogue se tut, incapable de répondre.

– Quand je suis parti, c'est Sirius qui m'a trouvé. Il ne m'a rien fait, il a été plus respectueux que mes moldus qui me haïssent ! Il m'a aidé ! Et nous avons discuté. Le ministre de la Magie m'a dit que Sirius n'avait rien avoir avec moi. Je ne pouvais pas savoir. Je n'ai appris que Sirius voulait me tuer que quand Arthur Weasley m'en a parlé sur la voie 9 3/4.

Rogue le regarda fixement.

– Il vous a sans doute jeté un sort, Potter.

La Magie de Harry crépita tellement que Rogue fit un pas en arrière par peur. Les yeux de Harry lançaient des éclairs et il semblait sur le point de foudroyer son professeur de Potions sur place.

– Severus ! dit fermement le directeur. Prévenez le département des Aurors que nous avons Peter Pettigrow ici.

Rogue hocha la tête et sortit de l'infirmerie précipitamment.

Harry souffla fortement pour essayer de se calmer. Il fit des allers et retours sur place, sentant qu'il était sur le point d'exploser de rage, sans voir les regards inquiets des professeurs sur lui.

– Harry, dit Dumbledore. Calme-toi. Nous te croyons. Nous allons faire la lumière sur cette affaire.

La Magie de Harry se calma, mais tout sembla lui tomber dessus. Les regards inquiets des professeurs, de Hermione, Sirius, la mine abattue de Ron, Sirius, sa Magie, sa haine de Peter, Sirius, la révélation, la vengeance, Sirius, ses parents.

Il s'assit sur le lit, en face de celui du traitre, incapable de le quitter des yeux. Hermione s'assit à ses côtés en lui prenant le bras. Harry sentit que les mains de Hermione tremblaient. Ron semblait trop sidéré et s'assit sur un autre lit. Les professeurs entourèrent Pettigrow pour être sûr qu'il ne puisse pas s'enfuir, mais le sortilège de Harry faisait toujours effet.

Personne ne parla, seul le souffle haché de Harry rompait le silence de la pièce. Dumbledore sortit de l'infirmerie pour parler aux Aurors. Et ils attendirent dans le silence.

.

Amelia et Rufus prenaient un thé en parlant des affaires en cours. Il était tard, mais ils n'étaient pas prêts de rentrer chez eux. Ils venaient d'arrêter un gros réseau de revente de potions clandestines (mal fabriquées) ayant conduit à la mort de trois sorciers et un moldu. Le procès avait été planifié et ils devaient rédiger les rapports d'enquête et recueillir le plus de preuves possibles pour faire tomber les accusés.

– Je pense qu'il faut faire parler Shaquif. Il va balancer ses complices si on le pousse un peu.

– Je suis d'accord. Tu peux me dire...

Amelia fut interrompue par un coup frappé à la porte.

– Oui ? lança Rufus.

Un Auror fraîchement nommé entra dans le bureau, un peu gêné de les déranger.

– Le directeur Dumbledore a demandé des Aurors à Poudlard.

– Pourquoi ? s'enquit Amelia en se levant sa main droite sur son cœur qui tambourinait.

Jamais les Aurors n'allaient à Poudlard. C'était forcément grave. Elle pensa immédiatement à sa nièce.

– L'un des professeurs nous a dit qu'ils avaient attrapé un homme nommé... euh... balbutia l'Auror avant de sortir un papier de sa poche. Peter Pettigrow ?

Rufus et Amelia restèrent sous le choc un moment, avant qu'un sourire triomphant n'éclaire le visage de Rufus.

– Vous êtes sûr ?

– Oui. Enfin, le professeur Rogue avait l'air sûr.

– Il était dans mon année, murmura Amelia à Rufus. Il connaît Pettigrow.

– Bien, prévenez immédiatement Tonks et Kingsley. Je les accompagne à Poudlard, dit Rufus en prenant sa baguette.

La recrue écarquilla les yeux tant il était rare que le Chef des Aurors se déplace sur une affaire. Cela devait être très important. Tout le monde savait à quel point les relations entre le Chef des Aurors et le Directeur de Poudlard étaient tendues et que Rufus faisait tout pour ne jamais croiser Dumbledore.

– Désolé, Amelia, je dois repousser notre repas.

– Je vais avancer sur le dossier en attendant.

Amelia regarda partir Rufus avec incompréhension. Serait-ce réellement possible que... ?

Tonks et Kingsley arrivèrent quelques minutes après avoir été rappelés de chez eux. Tonks avait l'air endormi, mais Kingsley était frais comme s'il s'était agi d'un début de journée classique.

– Chef ?

– Nous partons à Poudlard. Ils ont trouvé Pettigrow, expliqua Rufus.

Tonks fut de suite plus réveillée et ses cheveux prirent une teinte rose vif. Son visage s'étira en un sourire confiant.

– Pettigrow ? répéta Kingsley abasourdi. Ils sont sûrs ?

– On va vite le savoir.

Les trois Aurors transplanèrent devant les portes de Poudlard où ils furent accueillis par le professeur Rogue, sans aucune chaleur. Il les conduisit jusqu'au bureau de Dumbledore qui les attendait dans toute sa splendeur.

– Monsieur le Chef des Aurors, salua pompeusement Dumbledore. Une tasse de thé ?

– Ce n'est pas le moment, je le crains, dit Rufus avait toute l'ironie qu'il pouvait mettre dans sa voix.

Kingsley avait un petit sourire amusé sur les lèvres. La tension entre les deux hommes était palpable. Dumbledore, toujours de bonne humeur, avait cette petite lueur agacée dans les yeux à l'idée que des Aurors foulent la terre de son école.

– Que s'est-il passé ? demanda Rufus en regardant Dumbledore.

– C'est une affaire vraiment étonnante... Vraiment étonnante. Saviez-vous que la fête de Halloween représente chez les moldus le...

– Venez en au fait, Dumbledore, coupa Rufus agacé. Nous sommes pressés.

– Bien entendu. Excusez à un vieil homme ses divagations.

Rufus se retint de lever ses yeux au ciel. Rogue le dévisageait sans gêne d'un air mauvais. Rufus savait que Dumbledore avait apporté des éléments prouvant le changement de camp de Severus Rogue et avait proposé de le garder à Poudlard en échange de l'abandon de toutes les charges. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser que Rogue n'était qu'un Mangemort en liberté. Aussi détestable soit-il, Rufus n'aurait jamais voulu se trouver à la botte de Dumbledore.

– Pendant le repas d'Halloween, le rat d'un de nos élèves s'est transformé. Ce rat était un Animagus non déclaré. Il s'agit de Peter Pettigrow.

– Il est mort, releva Rufus.

– De toute évidence, non, dit sèchement Rogue.

Rufus le regarda un long instant, avant que Rogue ne détourne son regard. Jamais il ne se laisserait marcher dessus par un Mangemort en liberté, surtout quelqu'un d'aussi joyeux qu'un Détraqueur. Son fils lui avait raconté à de nombreuses reprises à quel point cet homme était injuste avec ses élèves et Rufus haïssait l'injustice plus que tout.

Tonks avait souri largement au mot "Animagus", comme si tout s'était mis en place. Elle avait la pièce qui lui manquait sur le comment Pettigrow s'était enfui. Restait à connaître le pourquoi : Sirius était-il devenu fou ou Peter avait-il tout manigancé depuis le début ? Elle avait déjà son idée sur la question et attendait simplement la confirmation.

– Et que s'est-il passé quand il s'est transformé ?

– Harry Potter l'a stupéfixé, dit Dumbledore.

Rufus sentit son cœur se serrer à l'idée que, peut-être, il avait eu raison depuis le départ. Pourquoi ce garçon aurait stupéfixé Peter Pettigrow s'il n'avait pas su qui il était ?

– Est-ce que Mr Potter a quelque chose à voir avec la transformation de Pettigrow ? demanda Kingsley avec pertinence.

– En effet, dit le directeur. Il lui a fait ingérer une potion qui permet de forcer un Animagus à reprendre sa forme humaine.

– Pourquoi ? demanda Kingsley.

– Il a eu des doutes, dit le directeur. Je n'en sais pas plus.

Rufus souffla en songeant que, soit Potter n'avait pas parlé de Black, soit Dumbledore mentait. Il voulait en avoir le cœur net. De toute évidence, Kingsley était aussi impatient que lui. Tonks semblait très amusée par la situation.

– Pettigrow a la marque sur le bras, dit Rogue d'une voix fraîche.

Tonks eut un air triomphant en regardant Kingsley qui souffla de frustration et serra les dents. Dumbledore haussa un sourcil en les voyant faire. Rufus sourit largement en comprenant que Dumbledore pensait être meilleur que les autres et avoir toutes les informations, prêt à les distiller au compte-goutte. Mais Rufus aussi avait un temps d'avance

– Nous voulons voir Pettigrow et Potter.

– Je ne pense pas que...

– Nous voulons voir Pettigrow et Potter, répéta Rufus d'une voix glaciale. Vous n'avez pas voix au chapitre.

– Ils sont à l'infirmerie, concéda Dumbledore, les lèvres pincées.

Il y avait beaucoup de personnes à l'infirmerie. Un homme à l'aspect dégoûtant était étendu sur le lit, figé. Les professeurs McGonagall, Flitwick et Lupin étaient debout et avaient leurs baguettes pointées sur Peter, au cas-où il essaierait de s'enfuir.

Trois enfants étaient là. Un roux avait un air stupéfait. Deux autres enfants étaient côte à côte et fixaient Pettigrow. L'un d'eux avait sa baguette sortie et la pointait aussi sur l'homme allongé. La jeune fille avait des cheveux broussailleux et avait posé sa main sur l'épaule du garçon. Le garçon se retourna et plongea son regard émeraude dans les yeux de Rufus.

Rufus n'avait pas connu James Potter, mais il avait vu des photos et il sut instantanément que ce garçon était Harry Potter. Il était chétif, plus petit que ce qu'il avait imaginé, mais ses yeux flamboyaient d'une détermination peu commune.

– Le chasseur de Mangemort, s'amusa Rufus.

Harry haussa un sourcil, mais se détendit légèrement comme rassuré à l'idée que Rufus puisse le croire. Rufus nota que Harry s'était mis devant la jeune fille, comme pour la protéger et avait serré sa baguette plus fortement. Comme s'il craignait d'être attaqué. Ce petit avait déjà des réflexes d'Auror. Et, de ce qu'il voyait, une grosse puissance. À moins que les professeurs n'aient ajouté de protections, le sortilège de Potter était toujours actif.

– Rufus Scrimgeour, Chef des Aurors. Et voici les Aurors Tonks et Shacklebolt.

Harry hocha la tête en dévisageant les trois Aurors. Il ne semblait pas surpris par la couleur des cheveux de Tonks, mais Rufus vit le roux la dévisager d'un air circonspect. Tonks faisait souvent cet effet.

– Est-ce bien Peter Pettigrow ? demanda Rufus.

– Oui, affirma le professeur McGonagall. Je l'ai reconnu immédiatement.

Ses dires furent confirmés par l'ensemble des professeurs qui semblaient tous avoir connu Pettigrow et avaient, au surplus, pratiqué un sortilège d'identité.

– Saviez-vous qu'il était un Animagus ? demanda Rufus.

– Non, dirent les professeurs.

– C'était impensable, avoua le professeur McGonagall. Quand il était à Poudlard, il avait un niveau moyen. Jamais je ne l'aurais pensé capable de faire une telle prouesse.

– Vous allez l'interroger, n'est-ce pas ? interrompit Harry sous le regard agacé de Rogue devant tant d'impertinence. C'est un Animagus, il ne faut pas qu'il s'échappe.

– Ne t'inquiète pas Harry, dit Tonks. On va l'emmener avec nous et il pourra témoigner.

Harry hocha la tête, soulagé. Comme si Tonks avait réussi à enlever ses doutes à l'idée qu'ils laissent partir cet homme. Rufus n'aimait pas tellement la familiarité avec laquelle Tonks parlait aux gens, mais il devait avouer que ça marchait. Elle avait le don pour faire parler n'importe qui. Sans doute parce que tout le monde la sous-estimait et qu'il était plus facile de se confier à quelqu'un qui mettait en confiance.

Rufus fixait Harry sans pouvoir s'en empêcher. La fine cicatrice sur son front était parfaitement visible. Il ne ressemblait pas à ce qu'il avait imaginé. Pour lui, le Garçon-qui-a-Survécu devait être heureux et plein de vie. Ce Harry qu'il avait devant lui avait une part de tristesse en lui, mais aussi beaucoup de colère et de tension. Il semblait déterminé et très anxieux à l'idée qu'ils puissent laisser Pettigrow s'échapper.

Rufus sentit alors qu'il avait eu raison. Harry connaissait Black. Il lui avait dit qu'il était innocent et Harry le croyait. Il l'avait aidé à prouver son innocence. Mais pourquoi, par Merlin, un enfant ferait-il confiance à un criminel ? Il avait dû avancer des arguments infaillibles. Il avait compris, grâce à Tonks, que Black avait des chances d'être innocent. Mais comment un enfant de treize ans aurait-il pu croire un criminel qu'on présentait comme fou et dangereux, même chez les moldus ?

– Nous allons vérifier les protections autour de Mr Pettigrow pour pouvoir l'emmener. Vous avez appliqué des sortilèges ?

– Juste le Stupefix de Mr Potter, informa le professeur Flitwick. Ainsi que des protections anti-animagus.

– Impressionnant, souffla Rufus alors que Harry rougissait.

– Nymphadora, tu peux... commença Kingsley.

– Ne m'appelle pas Nymphadora ! cria Tonks alors que ses cheveux passèrent du rose au rouge vif.

– Waouh ! dit Harry les yeux écarquillés. C'est génial !

– Merci Harry, répondit Tonks avec un sourire de fierté.

– Vous êtes une Métamorphomage ? demanda la jeune fille aux cheveux broussailleux qui s'était rapprochée d'eux.

– Métamorphomage ? répéta Harry en se tournant vers elle.

– Elle peut changer d'apparence à volonté, expliqua Hermione avec l'air de quelqu'un qui savait tout sur le sujet.

– C'est exact, dit Tonks.

Elle fronça légèrement son nez qui prit l'apparence de Rufus. Ce dernier claqua sa langue contre son palais. Il détestait quand elle faisait ça.

– Est-ce que je peux apprendre ? demanda Harry qui semblait fasciné par Tonks.

– Ça te serait bien utile, rit Tonks en regardant sa cicatrice. Mais non. C'est un don. Par contre, si tu entres chez les Aurors, tu auras des cours de filature et tapinois.

– Il me semble que ce n'est pas le moment de recruter les élèves, fit Dumbledore agacé. Pouvons-nous avancer ? Il est tard et les élèves devraient être au lit en ce moment.

Rufus hocha sa tête, mais retint que Potter cachait bien son jeu. Comme il était petit, il paraissait peu impressionnant. Pourtant, il était assez puissant pour terrasser un adversaire d'un Stupefix, à l'âge de treize ans, et tout faire pour sauver un criminel en liberté. Il semblait avoir beaucoup plus de ressources qu'il n'y paraissait. Il serait un atout non négligeable chez les Aurors.

– Tonks, reprit Kingsley agacé. On va vérifier Pettigrow.

– Tonks, Tonks... répéta Harry en fronçant ses sourcils. Mais, vous êtes la fille d'Andromeda ?

L'ensemble des personnes dévisagèrent Harry qui grimaça en se rendant compte de ce qu'il venait de dire.

– Tu connais ma mère ? s'étonna Tonks.

Rufus vit Dumbledore avancer vers Harry du coin de l'œil, mais il lui jeta un regard noir. Il voulait entendre ce que Potter avait à dire.

– Euh... non... Je sais juste que... C'est la cousine de Sirius Black, murmura Harry qui semblait comprendre que Dumbledore n'avait pas encore parlé de ses liens avec le criminel.

Kingsley se stoppa alors qu'il avançait vers Pettigrow en dévisageant Harry. Lui aussi avait compris que le jeune Potter en savait plus qu'il n'y paraissait.

– Mr Potter, fit Rufus. Est-ce que vous êtes en contact avec Sirius Black ?

Harry sembla hésiter un instant. Il regarda Dumbledore, son amie et fixa Rufus en relevant la tête, avec un air de défi.

– Je ne vous dirais pas où il est, dit Harry d'une voix tranchante.

Kingsley semblait abasourdi, mais Rufus sourit largement.

– Il est innocent ! plaida Harry d'une voix forte. Il n'a pas eu de procès ! Il est innocent ! Ce n'était pas lui le Gardien du Secret, mais Pettigrow ! C'est Pettigrow qui a tué les moldus après avoir trahi mes parents ! C'était un coup monté !

Tonks lança son poing en l'air en signe de victoire, un sourire triomphant étirant ses lèvres. Kingsley grogna de frustration en plongeant sa tête entre ses mains.

– Je crois que tu as quelque chose à dire, King, dit malicieusement Tonks en se tournant vers son collègue.

– Ce n'est pas le moment, rechigna l'Auror.

– C'est le moment, confirma Rufus sous les regards intrigués des personnes présentes.

– D'accord ! dit Kingsley irrité en levant ses yeux au ciel. Tonks, tu es la meilleure Auror de notre génération. Je m'excuse d'avoir douté de toi.

– Et... ? demanda-t-elle amusée.

– Et je ferai tes rapports pendant deux semaines pour m'excuser, souffla Kingsley.

Malgré sa grimace, Kingsley semblait impressionné par Tonks qu'il avait formé pendant plus d'une année après le départ de Maugrey. Tonks sourit avec fierté. Les professeurs les observaient en se demandant ce qu'il venait de se passer.

– Je crois, Mr Potter, que vous avez des choses à nous raconter, dit simplement Rufus en se tournant vers le brun.

Harry soupira et leur raconta sa rencontre avec Sirius Black et l'opération qu'ils avaient montée pour attraper Peter.

– Le directeur ne nous a pas parlé de ça, dit Rufus en dévisageant Dumbledore.

– Je voulais protéger Harry.

– Vous vouliez aussi le protéger en ne lui disant pas qu'un criminel était à sa recherche ? siffla Rufus. Heureusement, il se trouve que Black ne voulait pas lui faire du mal. S'il avait été un vrai Mangemort, il aurait eu des tas d'occasions de le tuer. Par votre faute.

Un froid glacial s'installa entre les deux hommes qui se regardèrent avec un dégoût et une haine palpables. Rufus détestait la manie qu'avait cet homme de cacher toute information susceptible d'aider les autres. Toujours en solitaire.

– Vous me croyez, dit finalement Harry en comblant le silence.

Il fixait Rufus sans sembler savoir s'il devait lui faire confiance.

– Je vous crois, Mr Potter, avoua Rufus. Et l'Auror Tonks également.

– J'ai dit dès le départ que Black n'était pas le Gardien et que Pettigrow n'était pas mort. Seul le Chef m'a cru, expliqua-t-elle en souriant de toutes ses dents. Je vais personnellement m'assurer que cet homme explique pourquoi il n'est pas mort comme il aurait dû l'être il y a douze ans.

Tonks se précipita vers Pettigrow pour installer des sortilèges de protection, anti-transplanage, anti-animagus et anti-fuite, sous l'œil acéré de Kingsley. Harry semblait soulagé et beaucoup plus détendu à présent, en voyant que sa demande était prise au sérieux.

Dumbledore semblait réellement étonné à l'idée qu'ils aient repris le dossier de la procédure.

– Pourquoi vous me croyez ?

– Vous avez envoyé une lettre à Amelia Bones, dit simplement Rufus.

– Je lui ai juste demandé des informations, indiqua Harry.

– Non, vous lui avez écrit en lui demandant ce qu'il avait dit à son procès, pour qu'Amelia se rende compte qu'il n'y avait pas eu de procès et qu'on mène une enquête, n'est-ce pas ?

Dumbledore prit une inspiration en comprenant ce que cela signifiait et pourquoi les Aurors avaient étudié le dossier Black.

– C'est exact, rougit Harry.

– Amelia est venue me voir quand elle a appris qu'il n'avait pas eu de procès. Elle était folle de rage et tenait à ce qu'un procès soit organisé. J'ai mis les Aurors Tonks et Shacklebolt sur l'affaire. Ils ont repris le dossier et ont mené une enquête. Tonks a conclu à son innocence, d'autres pensaient qu'il était coupable.

Dumbledore se figea en comprenant que Rufus savait qu'il n'y avait pas eu de procès. Et qu'un homme avait sans doute été envoyé pendant douze ans à Azkaban pour des crimes qu'il n'avait pas commis.

– Vous pensez qu'il est innocent ? demanda Harry avec l'air de ne pas y croire.

– En effet, répondit Rufus. Le dossier de la procédure comportait quelques incertitudes mises en lumière par l'Auror Tonks. La preuve que vous venez de nous apporter avec Pettigrow va dans ce sens. Nous verrons ce qu'il va dire pour sa défense, une fois que nous l'aurons interrogé.

– Mais pourquoi croyez-vous qu'il est innocent ? D'accord, Pettigrow est vivant, mais pourquoi ?

– Parce que Black vous a contacté, dit simplement Rufus. Pourquoi vous aurait-il parlé sans vous tuer s'il était coupable ?

– Comment saviez-vous que j'avais des contacts avec Sirius ?

Rufus sourit en remarquant que Harry l'appelait "Sirius".

– Peu de personnes savaient que Black était le Gardien du Secret. Et je ne voyais personne d'autre que Black qui aurait pu vous informer de cela. Surtout quand je sais que personne ne voulait vous informer qu'il cherchait à vous tuer, continua-t-il en regardant Dumbledore, ou même du fait qu'il soit votre parrain. Soit vous l'aviez découvert de vous-même, soit Black vous avait contacté.

– Donc, il va avoir un procès ? souffla Harry qui semblait soulagé.

– Oui. Je m'y engage personnellement. Je ne peux pas vous garantir l'issue de ce procès, mais l'apparition de Peter Pettigrow et les incohérences que nous avons relevées seront analysées par le Bureau des Aurors et le service de la Justice Magique. Nous allons faire la lumière sur cette affaire et je vous promets que Sirius Black aura le droit à un procès équitable. Quelqu'un aurait-il un parchemin à me prêter ?

La jeune fille à côté de Harry sortit un bout de parchemin et une plume de son sac.

– Merci, Miss ?

– Granger.

Rocha hocha sa tête en griffonnant un message avant de le tendre à Harry. Il savait qu'Amelia ne lui en voudrait pas de parler en son nom.

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Cher Mr Black,

Il a été porté à mon attention que vous n'aviez pas reçu le procès que vous méritiez. Nous avons repris intégralement le dossier de la procédure. Des incohérences ont été découvertes et nous allons organiser un procès le plus rapidement possible pour que vous fassiez valoir votre version des faits.

Harry Potter nous a grandement aidés en nous livrant Peter Pettigrow.

Nous allons lever le mandat d'arrêt contre vous, dès que Pettigrow sera passé aux aveux.

Quand l'audience sera fixée, vous serait-il possible de vous déplacer au Ministère ? J'aimerais discuter avec vous et vous interroger avant le procès, en compagnie de Mrs Amelia Bones. Je crois personnellement à votre innocence.

Rufus Scrimgeour, chef des Aurors.

.

– Donnez ça à Mr Black.

Harry hocha la tête en le remerciant plus chaleureusement. Il semblait avoir été entendu et soulagé à l'idée que l'affaire soit prise en charge.

– Vous pourrez remercier Mrs Bones pour moi ?

– Bien sûr. Mr Potter, Miss Granger, professeurs, salua-t-il avant de tourner les talons.

Rufus suivit Kingsley et Tonks qui faisaient léviter Pettigrow devant eux.

– Dumbledore, vous serez sans doute convoqué pour témoigner, dit Rufus en se tournant vers le directeur avant de sortir de l'infirmerie.

– Pourquoi ? demanda Dumbledore visiblement très étonné.

– Parce que Mr Black a été emprisonné sans procès. Si je me souviens bien, vous étiez le président du Magenmagot à cette époque ?

Dumbledore semblait fulminer de rage alors que Rufus partait sans même attendre d'être escorté. Il avait un sourire aux lèvres. Il savait que ce n'était pas très protocolaire, mais il ne voulait pas que le jeune Potter soit influencé. Il voulait juste lui montrer qu'il y avait quelques problèmes avec le plan de Dumbledore. Il voulait simplement lui mettre le doute sur le fait que Dumbledore cherche à le protéger. Parce qu'il était évident que Dumbledore voulait garder le jeune Potter pour lui et l'influencer, le façonner à son image. Et Rufus ne voulait pas que ça arrive.

.

Dumbledore renvoya les trois adolescents dans leur dortoir dès le départ des Aurors. Le Trio se dirigea dans sa Salle Commune sans un mot. Harry avait croisé le regard glacial de Rogue qui ne semblait pas s'être remis de son "attaque". Harry savait qu'il allait en baver lors des prochains cours. Hermione semblait réfléchir à tout allure, Ron avait l'air toujours aussi abasourdi et marchait à quelques pas d'écart de ses amis.

Ils s'installèrent sans se concerter dans les fauteuils de Gryffondor. La Salle Commune était vide. Harry lança une bulle de protection, car il savait que la discussion qu'ils allaient avoir était confidentielle et potentiellement houleuse.

Ron se tourna immédiatement vers Hermione.

– Tu étais au courant ?

– Pas du tout ! s'exclama Hermione, blessée à l'idée que Ron l'attaque ainsi.

– Elle ne savait rien. Personne ne savait, souffla Harry. Je sais que j'aurais dû vous le dire.

– Nous sommes tes amis ! cria Ron en se levant. Et tu n'as rien dit ! Tu m'as laissé dormir avec un Mangemort Animagus pendant deux mois sans rien me dire ! Comment as-tu osé me faire ça ? Après tout ce qu'on a vécu ensemble.

Hermione pinça ses lèvres, mais semblait aussi très blessée à l'idée que Harry ne lui ait rien dit.

– J'avais promis ! répliqua Harry agacé. Personne ne devait savoir. Sirius, il...

– Sirius ? répéta Ron en ricanant. Tu ne le connais même pas ! C'est un criminel.

– Il est innocent !

– Il y a deux mois, tu nous dis qu'il te cherche pour te tuer et maintenant c'est Sirius, mais tu es complètement cinglé !

Harry accusa le coup.

– Tu ne nous fais pas confiance ? demanda Hermione d'une petite voix.

– Comment il le pourrait ? dit sèchement Ron. Tu l'as dénoncé à McGonagall pour son balai !

– Ron, dit sèchement Harry. C'est ma faute, je ne vous en ai pas parlé, mais ne t'en prends pas à Hermione.

– Évidemment, tu es de son côté.

– Mais je ne suis du côté de personne ! cria Harry. Je ne pouvais pas en parler, personne ne devait savoir !

– Même tes meilleurs amis ? Tu as passé un mois avec un criminel, tu discutes avec lui et tu ne nous en parles pas ! C'est lui qui t'a changé comme ça ?

– Changé ?

– Maintenant tu es comme Hermione, continua Ron. Toujours à la bibliothèque avec tes cours. Tu ne joues plus, on ne te voit plus...

– J'ai toujours été comme ça, avoua Harry. Je n'avais juste... C'est juste... j'ai besoin de travailler.

– Mais pourquoi ?

– Parce que Voldemort est toujours là ! hurla Harry à son tour agacé.

– NE PRONONCE PAS SON NOM ! cria Ron en frissonnant. Enfin, tu dérailles, Tu-Sais-Qui est parti !

– Mais pour combien de temps ? Je dois me préparer s'il revient ! Je suis toujours le même, Ron. J'ai juste changé un peu, mais...

– Ce Black, il t'influence.

– C'est mon parrain, dit sèchement Harry.

– Tu ne le connais pas ! Comment peux- tu lui faire confiance ?

– Parce que je n'ai aucune famille à part lui ! hurla Harry. Je n'ai personne. Et il est là, il tient à moi !

– Il t'utilise ! Tu es tombé sur la tête ou quoi ? Il t'a retourné contre nous ! Maintenant tu traines avec Bones et compagnie, tu n'es plus le Harry que j'ai connu !

– Mais enfin, Ron... souffla Harry. Je peux avoir des amis dans d'autres maisons. Tu restes mon meilleur ami.

– Ton ami à qui tu mens depuis trois mois, ricana froidement Ron. Et Bones, vous sortez ensemble ?

– Mais non, c'est une amie ! Je te l'ai déjà dit.

– Elle est au courant ? Tu as envoyé une lettre à sa tante, dit le roux d'un ton accusateur.

– Non. Elle n'en savait pas plus que vous, dit Harry. Vous êtes mes meilleurs amis.

– Mais pas assez dignes de confiance, apparemment.

– Je ne pouvais rien te dire ! hurla Harry. Ton rat était toujours avec toi, personne ne devait savoir !

– Pourquoi tu n'as pas fait ça avant ?

– Parce que les professeurs devaient être là au cas-où il s'enfuirait.

– Mais POURQUOI ?

– Parce que Sirius est INNOCENT ! Et que Pettigrow est le seul moyen de prouver qu'il est innocent ! Parce qu'il est censé être mort !

– Tu es sûre que tu n'étais pas au courant ? demanda à nouveau Ron en se tournant vers Hermione. Vous passez énormément de temps ensemble, dit-il d'un ton accusateur.

– Je te l'ai dit, répéta calmement Harry. Je veux travailler et Hermione m'aide. Mais non, elle n'est pas au courant non plus.

– Alors pourquoi tu n'es pas en colère ? demanda hargneusement Ron. Il nous a menti !

– Parce que j'attends que Harry me donne ses raisons, expliqua Hermione. Tu as raison, j'ai été voir le professeur McGonagall pour son balai, je peux comprendre qu'il ait eu peur de me confier une telle chose.

– Mais c'est parce que tu es une rapporteuse !

– Ron, dit sèchement Harry. Je comprends que tu sois en colère, que tu m'en veuilles. Mais arrête avec Hermione. Elle ne savait rien.

– Tu prends toujours sa défense.

– Non, je ne prends pas sa défense, s'agaça Harry. J'essaie juste de t'expliquer.

– C'est un peu tard pour t'expliquer. Tu avais trois mois pour le faire.

Ron tourna les talons et monta les escaliers sans un regard pour ses amis.

– Ça s'est mieux passé que je ne le pensais, dit Harry en grimaçant.

– Tu trouves ? dit Hermione en ricanant. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? demanda-t-elle d'un ton blessé.

– J'avais promis, fit Harry agacé. Sirius m'a fait promettre. Personne ne devait savoir. C'était... il fallait que Pettigrow soit découvert à Halloween. Parce qu'il aurait pu être dangereux.

– Tu l'as laissé dans le dortoir pendant deux mois, dit Hermione d'un ton accusatoire. Ça aurait pu être très dangereux pour Ron.

– Il n'a pas bougé pendant deux ans, releva justement Harry.

Hermione hocha la tête, en admettant qu'il marquait un point. Mais elle se sentait blessée à l'idée qu'il lui ait caché une telle chose. Parce que son nouveau comportement venait de l'influence de Black, sans aucun doute. Elle aurait juste aimé qu'il lui fasse confiance.

– Je suis désolé.

– Je sais, Harry. Mais je suis blessée à l'idée que tu m'aies caché ça depuis trois mois.

– Je ne suis pas le seul à cacher quelque chose, releva justement Harry.

Hermione rougit en hochant la tête. Elle savait que Harry se demandait comment elle pouvait suivre plusieurs cours en même temps. Elle non plus ne pouvait rien dire. Elle l'avait promis.

– Laisse-moi juste encaisser ça.

Hermione monta les escaliers après lui avoir jeté un dernier regard. Harry soupira de frustration en espérant de tout cœur qu'il n'allait pas perdre ses amis.

Harry ? dit Sirius le visage inquiet quand il lui passa un coup de miroir. Alors ?

– Ils ont arrêté Pettigrow.

Le sourire qui étira les lèvres de Sirius valut pourtant toutes les amitiés du monde.

.

Rufus prit en charge l'interrogatoire de Peter Pettigrow. Amelia, Kingsley et Tonks se mirent derrière la vitre sans tain.

Quand Rufus ôta les sortilèges de protection et de sommeil, Peter se réveilla très anxieux et agité. Ses yeux mouillés étaient furtifs et il semblait chercher du regard un moyen de s'échapper.

– La pièce est totalement protégée de tous les sortilèges d'évasion ou d'une quelconque transformation, indiqua doucereusement Rufus en souriant froidement. Qui êtes-vous ?

– Peter... Peter Pettigrow, dit l'homme en se recroquevillant.

– Oh ? Vraiment ? dit Rufus étonné. Peter Pettigrow est censé être mort le 1er novembre 1981, assassiné par Sirius Black.

– J'étais si terrifié ! plaida Peter les larmes aux yeux. Il me terrifiait.

– Donc vous vous êtes transformé en rat pour lui échapper, alors qu'il était à Azkaban ?

– Je pensais qu'il allait s'évader.

– Alors que personne n'avait jamais réussi avant lui ? rit froidement Rufus.

– Oui. Le Seigneur des Ténèbres lui avait sans doute appris certains de ses tours ! couina Pettigrow.

– C'est drôle, remarqua Rufus, mais les seules personnes qui appellent Vous-Savez-Qui le Seigneur des Ténèbres sont des Mangemorts. Est-ce que ça à avoir avec la marque que vous portez à votre bras ?

Peter balbutia, l'air perdu et anxieux.

– Vous savez ce que je pense ? Je pense que vous avez piégé Sirius Black. Et que vous attendiez uniquement le bon moment pour vous révéler. Quel meilleur moyen de se tenir informé d'un possible retour de Vous-Savez-Qui qu'en étant adopté par une famille de sorciers ?

Peter secoua sa tête de gauche à droite sans oser le regarder dans les yeux.

– Pourquoi vous êtes-vous engagé aux côtés de Vous-Savez-Qui ?

– Je ne me suis pas...

– Nous avons vu la marque sur votre bras.

– J'avais peur ! cria Peter.

– Donc nous sommes passés de "j'avais peur de Black" à "j'avais peur de Vous-Savez-Qui". Vous considérez-vous comme un froussard, Mr Pettigrow ?

– Oui... je... il a menacé de me tuer ! plaida Peter. J'étais terrifié !

– Pourtant, vous avez donné consciemment et à de multiples reprises des informations confidentielles concernant l'Ordre du Phénix. Le niez-vous ?

– Non... je...

– Avez-vous donné à Vous-Savez-Qui le lieu de résidence de la famille Bones, juste avant qu'ils ne se fassent assassiner ?

Derrière la vitre, Amelia avait blanchi. Tonks posa une main sur son épaule pour la soutenir.

– Oui, mais...

– Étiez-vous le traître qui informait Vous-Savez-Qui des mouvements de l'Ordre du Phénix ?

Peter grimaça avant d'hocher la tête.

– Je veux vous l'entendre le dire.

– Oui ! Oui c'était moi ! cria Peter. Mais je ne voulais pas ! Il m'a obligé ! Il m'a forcé !

Il semblait avoir compris qu'il ne servait à rien de nier. La plume de vérité enchantée de Rufus écrivait au fur et à mesure chaque mot que prononçait Peter.

– Évidemment, dit sarcastiquement Rufus. Étiez-vous le Gardien du Secret des Potter ?

Peter hésita un long moment. Il savait que tout se jouait en ce moment. Il savait qu'il n'avait aucune issue pour s'en sortir à part plaider la peur. Ils finiraient par le découvrir, de toute manière.

– Oui.

Tonks reprit son souffle derrière la vitre. Elle avait eu raison. La victoire n'en fut que plus amère. Black était innocent et avait passé douze ans en prison pour rien.

– Pourquoi ? Le professeur Dumbledore a mentionné que Sirius Black était le Gardien du Secret.

– Il a voulu changer, dit Peter. Au dernier moment. Sirius a dit que jamais le Seigneur des Ténèbres ne penserait que c'était moi le Gardien. Il a dit que les Mangemorts le chercheraient et qu'il était prêt à mourir pour nous protéger.

– Pourquoi Dumbledore l'a cru ?

– Parce que Sirius et James étaient comme des frères. Tout le monde savait que Sirius se sacrifierait pour lui, dit Peter en reniflant dédaigneusement. Quand il m'a proposé, j'ai accepté et on a procédé au rituel.

– Et vous les avez vendus à Vous-Savez-Qui !

– Je ne voulais pas... pleura Peter. J'avais peur. Il a des moyens de faire parler, vous n'avez aucune idée...

– Vous vous êtes engagé auprès de lui, dit rageusement Rufus. Je refuse de croire qu'il vous a forcé à donner tous ces renseignements. Avez-vous donné l'adresse des Potter ?

– Oui.

– Vous saviez que Vous-Savez-Qui allait les tuer ?

– Oui.

– Pourquoi voulait-il tuer les Potter ? demanda Rufus.

Peter soupira.

– Peu de personnes sont au courant, dit Peter anxieux. Lily et James ne nous ont jamais rien dit. C'est lui qui me l'a dit, pour me forcer, vous comprenez... Il m'a fait du chantage et...

– Oui, dit rapidement Rufus. Donc, pourquoi ?

– Une prophétie.

– Une prophétie ? répéta Rufus interloqué. Il a voulu tuer les Potter à cause d'une prophétie ? Qu'est-ce qu'elle disait ?

– Je ne sais pas, gémit Peter. Ce que je sais c'est que ça pouvait viser deux familles. Les Potter ou les Londubat. Je ne sais pas pourquoi... Il m'a menacé... torturé... c'était terrible !

– Que s'est-il passé la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1981 ?

– Le Seigneur des Ténèbres est allé tuer les Potter. J'avais si peur... pleura Peter.

– Qu'avez-vous fait quand vous vous êtes rendu compte que Vous-Savez-Qui avait été vaincu ?

– J'ai pensé que tout était fini, j'étais soulagé et j'ai voulu sortir. Mais Sirius, il a su que c'était moi et il a essayé de me tuer ! Il a tué tous ces moldus, parce qu'il était enragé ! C'est un Black, il pratique la magie noire !

Rufus souffla de dépit en comprenant la nouvelle ligne de défense de Peter. Il avait avoué avoir donné des informations sous la contrainte et voulait faire croire que Sirius avait tué tout le monde pour se venger. Mais Rufus avait déjà pris le parti de Tonks. Sirius Black était innocent. Et Peter allait devoir se mettre à table.

– Donc... reprit Rufus, vous êtes responsable de la mort des Potter. Et Black, fou de rage, vous poursuit et tue douze moldus innocents, mais pas vous ?

– J'ai réussi à lui échapper.

– Donc vous avez réussi à vous enfuir. Il tue douze innocents. Et vous vous cachez pendant douze ans.

– J'avais peur... personne ne m'aurait cru.

– Effectivement, dit sarcastiquement Rufus. Votre histoire ne tient pas la route !

– Sirius est un Black, c'est un mage noir ! Il a appris des choses que je ne connaissais pas. J'avais si peur.

– Mr Black est en effet spécialisé en magie noire, reconnut Rufus.

Peter sourit triomphalement.

– Oui, c'est sa famille. Les Black sont tous comme ça ! Ils lui ont tout appris !

– Pourquoi vous couper un doigt ? demanda Rufus. Je peux comprendre, vous avez eu peur, vous vous êtes transformé pour éviter la rage de Black, mais alors, pourquoi vous couper un doigt ?

Peter balbutia en cachant sa main. Mais c'était trop tard, Rufus avait vu la main qui ne comptait que quatre doigts. L'un d'eux avait été nettement tranché. Nettement... trop nettement.

– Vous me prenez pour qui, Pettigrow ? Vous pensez que j'ai une tête à me faire entuber ? dit froidement Rufus. J'ai vu plus de Mangemorts que vous ne pouvez l'imaginer. Vous pensez que Vous-Savez-Qui était terrifiant, attendez de me voir en action.

Peter gémit de peur en voyant l'éclat de fureur dans les yeux du Chef des Aurors.

– Vous avez trahi les Potter. Vous avez trahi l'Ordre du Phénix en devenant un Mangemort. Vous avez suivi Vous-Savez-Qui. Et Black l'a découvert. Alors je vous le demande à nouveau : avez-vous tué les douze moldus dans cette rue ou non ?

– Oui ! Oui je les ai tués ! hurla Peter les yeux révulsés.

– Et vous avez fait croire à la responsabilité de Sirius ?

– C'était le meilleur plan ! lâcha-t-il.

– Vous vous êtes caché en attendant le retour de votre Maître.

– Non... reprit Peter qui semblait se rendre compte qu'il s'était emballé. Non, je ne voulais pas que Sirius me retrouve. J'ai dû partir, sinon... vous ne comprenez pas, il m'aurait tué !

– Donc au lieu de vous faire soi-disant tuer par Sirius Black, vous assassinez douze moldus et vous faites croire à votre disparition pour qu'il soit envoyé à Azkaban. Ce n'est pas un peu excessif ?

– Je... et bien...

– Mr Pettigrow, vous allez être jugé pour assassinat de douze moldus, transmission d'informations pour le compte de Vous-Savez-Qui, participation au groupe de Vous-Savez-Qui comme Mangemort, transformation en Animagus non déclarée, utilisation de Sortilègess Impardonnables, complicité d'assassinat sur les familles Bones et Potter et complicité de tentative d'assassinat sur la personne de Harry Potter.

Rufus sortit de la pièce, fou de rage, sous les pleurs et les supplications de Peter. En sortant il passa devant ses collègues et posa une main réconfortante sur l'épaule d'Amelia qui était très pâle.

– J'ai donné rendez-vous à Black. On va lever l'avis de recherche.

– C'est une bonne idée.

Elle avait un air triste, mais décidé.

– J'espère que Fudge va enlever les Détraqueurs de Poudlard, dit-elle inquiète.

– Pourquoi il ne le ferait pas ?

– Tant que Black n'est pas innocenté, pour le moment, il est toujours recherché.

Rufus soupira en songeant que les prochains mois seraient compliqués à gérer pour tout le monde.

– La prophétie ? dit Amelia en le suivant dans le bureau.

– Nous en discuterons avec Black quand il viendra, ça te va ?

– Oui. Quelle histoire, soupira-t-elle en prenant le verre que lui tendait Rufus. Peter Pettigrow... Il passait inaperçu. Je pense que tout le monde l'a oublié. Il suivait James et Sirius comme un petit chien.

– Tu l'appelle Sirius à présent ? s'amusa Rufus.

– Je suis sous le choc, dit Amelia en plongeant sa tête entre ses mains.

– Comme nous tous. Je vais m'occuper moi-même du dossier.

– Tu ne veux pas que Kingsley et Tonks t'aident ?

– Je voudrais bien, mais je te rappelle que Tonks est de la famille de Black. Je veux un dossier en béton, sans qu'un avocat me dise qu'elle n'était pas impartiale. Je veux que Black soit innocenté le plus vite possible. Tu es d'accord ?

– Bien sûr ! dit Amelia. Comment ai-je pu croire que...

– On l'a tous cru.

– Pas toi.

– Parce que j'avais compris que quelque chose ne collait pas. Mais je suis extérieur à l'affaire, toi tu as trop d'affect. Ça ne fait pas de toi une mauvaise Directrice de la Justice. Au contraire.

– Je l'ai jugé sur sa famille et...

– Tout laissait penser qu'il était coupable, Amelia. Je veux dire, à part Tonks, personne n'aurait pu le croire... ça semblait si improbable... tellement gros, tellement de coïncidences.

– Tu l'as cru.

– Parce que je déteste Dumbledore et je voulais qu'il ait tort, admit Rufus. Tu vois, ça fait aussi de moi quelqu'un d'horrible. Parce que j'ai souhaité qu'un innocent ait passé douze ans en prison pour faire tomber Dumbledore. Mais toi, tu as voulu donner un procès à l'homme qui avait trahi ta famille, alors que tu le haïssais. C'est une preuve de grande intégrité. Et tu as aussi le droit de faire des erreurs. Le plus important, c'est de les réparer et je pense que c'est fait.

Amelia sourit faiblement en resserrant ses bras autour de sa poitrine. Elle avait si froid. Elle ne se sentait pas rassurée et se sentait légèrement nauséeuse. Toute cette histoire l'avait retourné. Les visages de ses proches assassinés flottaient devant ses yeux.

– Tu penses interroger Harry ? demanda Amelia.

– Non. Il viendra sans doute au procès, ça suffira. Et puis, ça concerne une époque dont il ne se souvient pas.

– Que fait-on pour la presse ?

– On va faire un communiqué, dit Rufus. On dit que Pettigrow est vivant, que Black n'a pas eu de procès et qu'on a trouvé de nouveaux éléments. On les informe du procès et du fait qu'on lève l'avis de recherche.

Amelia prit des notes et hocha la tête.

– Tu penses qu'il va venir nous voir ?

– J'en suis persuadé. Je l'espère...

– Il faut fixer le procès rapidement, dit Amelia.

– Je vais voir Fudge pour les Détraqueurs et je demande une fixation pour avant décembre.

– Ça risque d'être juste, il faut préparer tout le dossier et réunir tout le Magenmagot.

– J'espérais que Black et Potter puissent passer leur Noël ensemble, avoua Rufus.

Amelia et Rufus se regardèrent un instant. Rufus avait vu l'état de Harry Potter et n'avait pas pu s'empêcher de penser à la phrase de sa lettre "mon oncle et ma tante me détestent".

– Je m'occupe du procès, affirma Amelia.

– Chef ? fit Tonks en entrant dans le bureau sans même frapper.

– Oui ?

– J'ai eu une idée. Est-ce qu'on a toujours la baguette de Black ?

– Pourquoi ? demanda Amelia alors que les yeux de Rufus se mirent à pétiller.

– Parce qu'on va pouvoir ajouter un élément de plus au dossier.

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