PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci !)

N/A : Un immense merci à tout le monde pour continuer de lire cette histoire, Sirius vous remercie chaleureusement. Je vous remercier particulièrement Euroz et Elia qui ont trouvé le nom de l'opération Horcruxes que vous découvrirez à la fin de ce chapitre. J'espère que le chapitre vous plaira, il est très long... J'ai l'impression que plus j'avance, plus mes chapitres sont longs haha. Pensez tous à regarder vos MP car je réponds à toutes les reviews en message privé. Bonne lecture !


Partie 2. Chapitre 7.

"Lunard"

Quand Harry se réveilla le lendemain de la soirée d'Halloween, il décida d'éviter tout le monde. Il s'enveloppa dans sa cape d'invisibilité pour partir du dortoir en toute discrétion. Il ne voulait parler à personne. Il était tôt pour un dimanche et il ne croisa personne dans les couloirs, à son grand soulagement.

Il avait veillé tard pour raconter à Sirius tout ce qu'il s'était passé la veille, dans les moindres détails. Sirius avait presque pleuré de joie à l'idée de savoir Peter arrêté. Il avait été dubitatif à l'idée que les Aurors le croient, mais semblait plutôt rassuré à l'idée d'avoir enfin un procès. Sirius lui avait aussi dit de ne pas en vouloir à Ron, qui avait sans doute été vexé que Harry lui cache des choses – surtout une chose aussi importante ! – ou encore à Hermione qui était habituée à tout savoir et avait dû se sentir blessée. Mais Harry n'avait pas envie de parler à Ron ou Hermione... ou à n'importe qui.

Le fait de ne pas pouvoir voir Sirius était difficile. Le miroir ne remplaçait pas les contacts physiques. Harry s'en voulait d'avoir à un moment douté de son parrain. Il était complètement perdu. Il était angoissé à l'idée que Pettigrow n'avoue pas. À l'idée qu'on vienne l'interroger pour savoir où était Sirius. Il se sentait mal. Il avait besoin de Sirius. Il aurait tant voulu se retrouver au Square Grimmaurd pour voir son parrain. À peine l'avait-il retrouvé qu'il devait venir à Poudlard et ne plus le voir pendant des mois. Pourquoi la vie était aussi injuste ?

Il avait besoin d'un duel magique avec Sirius. Il avait besoin de courir. Il avait besoin de magie. Il avait besoin de se défouler magiquement. Il se souvenait de la veille, quand il avait inconsciemment attaqué Rogue. Comment cela était-il possible ? Il savait que, comme pour la tante Marge, un trop plein d'émotion avait conduit à ça. Il avait fait de la magie involontaire, sa Magie l'avait protégé d'une attaque, d'un afflux d'émotions.

Mais ce n'était pas normal. Il fallait qu'il se calme, sinon il craignait de ne pas pouvoir se contrôler. Il avait peur de blesser quelqu'un. Il ne comprenait pas pourquoi il avait autant d'émotions en lui. Ce n'était pas normal, c'était dangereux. Il se souvenait de la tante Marge qu'il avait gonflée comme un ballon, du moment où il s'était retrouvé sur le toit de l'école en primaire, du moment où il avait lâché le serpent sur Dudley... Sa Magie l'aidait, oui, mais elle pouvait être si dangereuse. Elle pouvait blesser les autres et il ne le voulait pas. Il voulait juste arriver à se détendre, à ne plus sentir ses émotions s'entrechoquer dans son corps, ne plus sentir cette frustration, cette envie de tout lâcher, se laisser aller... cette envie d'exploser...

Il devait se calmer, absolument.

Mais il se sentait si en colère, si frustré, si triste... Sirius aurait su quoi faire. Ici, il n'y avait personne. Ici, il était seul. Sirius aurait su le calmer, comme il l'avait déjà fait après l'un de leurs entraînements. Mais il n'avait pas de sac de frappe ici et il ne savait pas quoi faire. Il sentait que c'était plus violent que la première fois. Il avait besoin de se sentir épuisé. Il fallait que sa Magie sorte. Il fallait qu'il fasse de la magie.

Sans comprendre pourquoi, ses pas le menèrent au bureau du professeur Lupin. Il frappa, un peu hésitant, à la porte.

– Harry ? fit Remus en écarquillant ses yeux.

Il était habillé et semblait prêt à commencer sa journée, mais ses cernes étaient plus violets que jamais. Harry vit un éclat jaune dans les yeux de son professeur qui disparut si vite qu'il crut l'avoir imaginé.

– Excusez-moi de vous déranger, professeur, s'excusa Harry. J'étais juste... dans le couloir et je...

– Entrez Harry.

Remus sourit doucement à Harry en voyant qu'il avait l'air épuisé. Remus aussi l'était. La pleine lune était dans trois jours et il sentait qu'elle ne serait pas de tout repos. L'annonce que Peter Pettigrow était vivant lui avait porté un coup au cœur. Il se sentait mal, coupable... Il n'avait pas dormi de la nuit et se sentait nauséeux tout en sachant que ce n'était pas la pleine lune qui lui faisait ça. Comment avait-il pu croire en la culpabilité de Sirius ?

Il se sentait si coupable et ne savait pas comment réagir à tout ce qu'il s'était passé hier. Il avait compris que Harry ignorait qu'il avait été ami avec James et Sirius. Il avait aussi compris, hier, que Harry parlait à Sirius depuis plus de trois mois. Il n'était pas étonné que les deux s'entendent bien. Harry croyait en la justice, ce que Remus avait déjà constaté en cours. Défendre un homme emprisonné à tort qui se trouvait être son parrain semblait avoir été la grande cause de Harry depuis la rentrée, une cause en laquelle il croyait profondément. Il ressemblait tant à James.

Remus aurait juste voulu savoir comment son ancien ami se portait, avoir des nouvelles, savoir s'il allait bien. Mais il hésitait. Il ne savait pas comment en parler à Harry. Comment lui dire qui il était, pourquoi il ne lui avait pas parlé de ses parents plus tôt, pourquoi il avait cru à la culpabilité de Sirius... Il avait peur que Harry ne le rejette, que Sirius ne veuille plus lui parler - à raison. Il l'avait abandonné. Il avait abandonné le dernier Maraudeur, malgré leur promesse dès la première année de ne jamais se monter les uns contre les autres. Où est-ce que ce serment était passé ?

Le professeur Dumbledore lui avait dit de ne pas parler à Harry des liens qu'il avait entretenus avec James et Lily. Mais, de toute évidence, tout avait changé quand Sirius s'était révélé être innocent. Parce qu'il était sûr à présent que Sirius était innocent. Tout concordait : Peter en vie, la marque et l'idée de changer de Gardien du Secret qui était simplement brillante...

Ce qui rendait l'emprisonnement de Sirius encore plus cruel. Parce que Remus n'avait rien fait. Il n'avait même pas su qu'il n'avait pas eu de procès... Pourquoi ne s'était-il pas assuré de ça ? Pourquoi n'avait-il rien fait ? Tant de culpabilité, de peine, tant de douleur et de vies brisées par la faute d'un seul homme qui avait mal tourné. Il sentait une haine à l'encontre de Peter qu'il n'avait jamais ressentie pour personne, pas même pour Sirius. La traîtrise de Peter était plus cruelle que tout, parce qu'un autre innocent en avait payé le prix.

– Vous voulez vous entraîner pour combattre les Détraqueurs ? demanda finalement Remus qui voyait à quel point Harry était à fleur de peau.

Harry semblait prêt à exploser magiquement. Remus le voyait parce qu'il semblait fatigué et très anxieux, il sentait presque les éclats de magie autour de Harry, ses cheveux semblaient parcourus d'un souffle qu'il reconnaissait être celui de la magie pure. Il se souvint de l'attaque de Harry contre Rogue la veille au soir. Il n'y avait pas prêté attention, mais à présent que le jeune homme était face à lui, il se rendait compte que Harry semblait prêt à se laisser envahir par sa Magie. Et il savait que ça pouvait être très dangereux.

Remus se souvenait de Lily qui était tout aussi émotive. Il se souvenait d'une fois où James l'avait poussé à bout. La Magie de Lily l'avait attaqué. Si James en rigolait beaucoup, il avait été impressionné. Parce que Lily n'était pas n'importe quelle sorcière, que sa Magie était puissante et avait mis le brun à terre. James était sans doute tombé encore plus amoureux de Lily à ce moment.

Remus avait entendu dire que Harry avait gonflé sa tante comme un ballon cet été et, de toute évidence, il avait de Lily en lui. S'il avait un trop plein d'émotions, trop de colère, de frustration, alors sa Magie le défendait. Et Remus, en tant que professeur de Défense contre les Forces du Mal, devait l'aider à se contrôler. Parce qu'il savait que ça pouvait être dangereux pour ceux qui étaient autour.

La seule façon que Lily avait trouvé pour se calmer avant d'exploser avait été de faire un entraînement de Sortilèges poussé qui la laissait presque endormie. Mais Harry semblait avoir une appétence particulière pour la Défense et s'entraîner à lutter contre les Détraqueurs était si difficile que sa Magie serait rapidement calmée.

Remus savait qu'il était beaucoup plus faible à l'approche de la pleine lune et qu'il n'était pas conseillé de soutenir un élève prêt à faire un Patronus, mais Harry avait besoin de se défouler.

– Sérieusement ? s'exclama Harry soulagé. Oh, oui. J'aimerais beaucoup. Merci, professeur.

Remus sourit en lui parlant longuement du sortilège et de la façon dont on pouvait repousser les Détraqueurs. Heureusement, il avait réussi à trouver un épouvantard la veille en prévision de leurs séances.

Harry écouta attentivement son professeur en le remerciant intérieurement. S'entraîner lui permettait de penser à autre chose. Ne pas penser à Ron, à Hermione... à leur amitié. À Peter. Sirius... la prison... les Détraqueurs...

Il vit le premier Détraqueur apparaître avec appréhension, alors que Remus lâchait l'épouvantard. Harry se sentit une nouvelle fois happé par un brouillard blanc et épais. La voix de sa mère, plus puissante que jamais, résonna dans sa tête.

Non pas Harry ! Je vous en supplie... je ferai ce que vous voudrez !

Pousse-toi idiote, allez pousse-toi...

Harry !

– Harry !

Harry reprit brusquement conscience. Il était étendu sur le plancher et les lampes s'étaient rallumées.

– C'est de pire en pire, marmonna Harry en croquant la tête de la grenouille que lui avait tendue Lupin. Cette fois, j'entendais ma mère encore plus fort... et lui aussi... Voldemort...

Lupin pâlit en se demandant s'il avait bien fait... Peut-être aurait-il dû l'entraîner au duel tout simplement ? Il existait d'autres moyens de le calmer plutôt que le mettre face à un Détraqueur qui lui faisait revivre la mort de sa mère.

Mais Harry insista pour recommencer et se concentra sur le moment où Gryffondor avait gagné la coupe des Quatre Maisons l'année dernière.

Le Détraqueur apparut de nouveau.

Spero Patronum ! hurla Harry. Spero Patronum ! Spero Pat...

Le brouillard blanc engourdit son esprit... De gigantesques formes aux contours incertains bougeaient autour de lui... Il entendit alors une autre voix, celle d'un homme qui criait, pris de panique...

Lily ! Prends Harry et va-t'en ! C'est lui ! Va-t'en ! Je vais le retenir.

Quelqu'un trébuchait... une porte s'ouvrait à la volée... Le gloussement d'un rire suraigu...

– Harry ! Harry !

Lupin tapotait vigoureusement les joues de Harry. Cette fois-ci, Harry mit plus longtemps à comprendre pourquoi il était étendu sur le parquet poussiéreux d'une salle de classe.

– J'ai entendu mon père, bredouilla-t-il. C'est la première fois que j'entends sa voix. Il a essayé d'affronter Voldemort tout seul pour donner le temps à ma mère de s'enfuir...

Harry se rendit soudain compte que des larmes se mêlaient à la sueur qui ruisselait sur son visage.

– Vous avez vu James ? dit Lupin d'une voix étrange.

Harry se tourna brusquement vers Remus.

– Oui... Pourquoi ? Vous... vous connaissiez mon père ?

– Oui... oui, en effet, nous étions amis quand nous étions élèves à Poudlard. Harry, enchaîna-t-il, je crois que nous ferions bien d'en rester là pour aujourd'hui...

Mais Harry insista et voulut recommencer. Il se mit sur ses pieds sans faire attention à sa nausée et se concentra de toutes ses forces. Remus fut impressionné par son courage, prêt à affronter sa pire peur.

Harry se focalisa sur sa rencontre avec Sirius, sur le mois qu'il avait passé avec lui, sur son sourire hier quand il lui avait annoncé qu'il avait attrapé Peter. Quand le Détraqueur se dressa devant lui, il était prêt.

SPERO PATRONUM ! hurla-t-il.

Les cris avaient recommencé à résonner dans sa tête, mais cette fois, c'était comme s'ils provenaient d'une radio mal réglée. Leur intensité diminuait, augmentait, diminuait de nouveau. Le Détraqueur s'immobilisa tout à coup et une immense ombre argentée jaillit de sa baguette magique et flotta dans l'air, entre le Détraqueur et lui. Harry avait l'impression que ses jambes s'étaient liquéfiées, mais il tenait toujours debout...

Riddikulus ! rugit Lupin en se précipitant aux côtés de Harry.

Le Patronus et le Détraqueur se volatilisèrent en même temps. Harry se laissa tomber sur une chaise, les jambes tremblantes.

– Excellent ! Bravo, Harry, c'était un très bon début. On va s'arrêter là pour aujourd'hui.

– Quand pourrons-nous recommencer ?

– La semaine prochaine, si vous le souhaitez, dit Remus en pensant que la pleine lune ne lui laisserait que peu de temps de se remettre.

Mais il appréciait réellement Harry. Le voir réussir, même faiblement, un sortilège de ce niveau lui avait rappelé James. Son cœur s'était serré et, égoïstement, il voulait juste revoir ça à nouveau. James lui manquait tant. Il voulait juste apercevoir l'ami qu'il avait perdu il y a douze ans.

– D'accord, dit Harry en attrapant la grande barre de chocolat que lui tendait Lupin.

Remus sentait Harry beaucoup plus apaisé. Il semblait épuisé et n'avait plus aucune colère en lui. Sa Magie semblait s'être calmée et le sourire que Harry lui lança lui réchauffa le cœur. C'était comme le calme après une tempête.

– Merci. De m'avoir permis de faire ça, dit Harry en croquant un morceau de chocolat.

– Vous avez eu une dure soirée, reconnut Lupin.

Une pensée traversa alors l'esprit de Harry quand il se remémora ce qu'il s'était passé la veille. Il se souvint d'un détail, qui ne l'avait pas plus interloqué que ça, mais ajouté à ce que le professeur lui avait dit plus tôt... Il se demanda pourquoi il ne l'avait pas compris plus tôt. Il sourit largement en regardant son professeur.

– Professeur Lupin ?

– Oui, Harry ?

– Est-ce que vous êtes Lunard ? demanda Harry avec sérieux et appréhension.

Lupin se tourna vivement vers lui, avec l'air de ne pas y croire. Harry souffla de soulagement en comprenant qu'il avait vu juste. Lupin avait les yeux écarquillés et semblait hésiter entre nier et partir en courant.

– Co... comment ?

– Vous avez dit que vous étiez ami avec mon père, expliqua Harry. Et Sirius m'a parlé de vous. Enfin, de Lunard. Je n'avais pas encore fait le rapprochement, parce que je ne connaissais pas votre prénom, mais c'est évident, non ?

Remus rougit en se demandant ce que Sirius avait pu dire à Harry à son sujet.

– C'est vous, n'est-ce pas ? Remus ? Lunard ?

– Oui, c'est moi, admit Remus dont les mains tremblaient légèrement.

Harry étudia un instant son professeur en essayant de le superposer à l'image que Sirius lui avait donnée de son meilleur ami. À Lunard. À cet homme, loup-garou, qui avait toujours voulu faire le bien, qui avait été prêt à tout pour défendre ses amis, cet homme que Sirius avait cru être le traître. Un Maraudeur.

– Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ? se renfrogna Harry, un peu vexé.

Remus soupira un instant. Il aurait tant voulu parler à Harry. Dès le départ, dès le moment où il avait croisé son regard émeraude dans le train, quand il l'avait vu s'évanouir, quand il lui avait parlé... le portrait craché de James. Il avait eu envie de le protéger, de le couver et surtout de tout lui avouer. Mais il n'avait pas pu. Il en avait été empêché.

– Le professeur Dumbledore m'a demandé de ne rien dire, avoua Remus avec réticence.

– Le directeur a fait ça ?

Harry sentit son cœur se serrer. Pourquoi, par Merlin, Dumbledore aurait-il interdit au professeur Lupin de lui parler ?

– Il avait sans doute peur que je vous parle de Sirius. De toute évidence, vous n'avez pas eu besoin de ça, s'amusa Remus.

Harry rougit furieusement en voyant le regard amusé de Remus sur lui. Il semblait avoir perdu quelques années et les marques de fatigue étaient atténuées. En le voyant sourire comme ça, Harry l'imaginait parfaitement faire des blagues avec Sirius et son père.

– Est-ce que vous pensez qu'il est innocent ?

C'était la seule chose que Harry voulait savoir. La seule chose qui lui importait vraiment.

– Depuis que Peter a été découvert hier, oui. Avant, j'ai cru que Sirius était coupable. Je m'en voudrai toujours de l'avoir cru.

– Il n'a pas eu de procès, dit rageusement Harry.

– C'est ce que j'ai cru comprendre.

– Vous ne pouviez pas savoir, dit finalement Harry en haussant ses épaules avec un air de résignation. Personne ne pouvait savoir.

– J'aurai pu...

– Vous allez lui écrire ? coupa Harry.

– Je ne sais pas, dit sincèrement Remus. Je ne pense pas qu'il ait envie de me parler.

– C'est ce qu'il m'a dit aussi, s'amusa Harry. Il ne veut pas vous écrire parce qu'il a pensé que c'était vous le traître.

Remus sourit un instant. Il ressentit l'espoir... L'espoir que Sirius veuille lui aussi lui reparler. Depuis la veille au soir, c'était la seule chose qu'il voulait. Revoir un des Maraudeurs. Revoir son ami. Il se souvenait de toutes leurs blagues, de leurs éclats de rire, de leur dortoir à Gryffondor, du jour où Sirius s'était transformé en chien pour lui, de la manière dont Sirius l'avait toujours défendu.

Puis, de la distension de leurs liens. De la "blague" de Sirius à Severus. De leur éloignement, de la guerre. Du traître. De comment Peter avait réussi à les monter les uns contre les autres. Parce que c'était ça qu'il s'était passé, il s'en souvenait à présent. Peter, si innocent, si gentil... comment avait-il pu, par des remarques innocentes, jeter le doute dans leurs esprits ? Monter les autres contre Remus du fait de sa condition, alors qu'ils étaient devenus des Animagi pour lui ? Si James n'y avait jamais cru, Remus savait que Sirius avait eu peur. Il y avait un traître et tous deux s'étaient mutuellement accusés, sous l'œil attentif de Peter. Pourquoi avaient-ils fait confiance à Peter ? Comment avaient-ils tous pu être aussi naïfs ?

Il se souvenait aussi de l'après, de sa colère, de sa haine... De son besoin d'échapper à tout ça. À la tristesse, la colère, la culpabilité d'être le dernier survivant des Maraudeurs.

Et à présent tout était chamboulé. Tout allait changer, définitivement. Peter allait sans doute être jugé et, enfin, James et Lily seraient vengés. Et Sirius devrait se reconstruire. Remus doutait que Sirius veuille lui parler. Il l'avait abandonné. Il l'avait cru coupable. Il avait failli à son serment de Maraudeur.

– Peut-être que je pourrais lui écrire, dit finalement Remus en sentant une flamme, qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps, l'embraser ; l'espoir.

Harry observa son professeur qui semblait réfléchir à un tas de choses. Il songea qu'il ne devait pas le brusquer. Il prendrait sa décision seul. Harry trouvait ça juste dommage que les deux amis ne se parlent plus parce qu'ils avaient, tous les deux, peur que l'autre le rejette. C'était à la fois touchant et désespérant.

– Est-ce que vous pourriez me parler de mon père ? Sirius m'en a parlé, expliqua Harry. Mais il a tendance à exagérer un peu. Il m'a parlé d'un vol à dos de dragon, donc bon, je ne sais pas si je peux le croire ou non.

Remus éclata de rire parce qu'il connaissait parfaitement l'histoire du dragon, inventée par Sirius et utilisée pour séduire les sorcières. Pourtant, le seul dragon que Sirius avait vu avait été dessiné dans un livre.

– Il a toujours été comme ça, dit Remus avec nostalgie. Je crois que nous allons avoir besoin d'un peu de thé.

Remus se leva pour préparer une tasse que Harry attrapa avidement. Il était encore frigorifié de sa rencontre avec l'épouvantard. Il accueillit la brûlure du liquide avec bonheur.

– Est-ce que vous allez dans la Cabane Hurlante pour vos transformations ? demanda soudain Harry qui se souvint de ce que Sirius lui avait raconté sur les transformations de Lunard.

Remus se figea un instant et Harry grimaça en se disant qu'il avait été un peu indiscret. Après tout, il restait son professeur.

– Non, dit finalement Remus en comprenant que Harry se fichait qu'il soit un loup-garou. Je reste dans mon bureau. Le professeur Rogue est le meilleur potionniste d'Angleterre et me prépare la Potion Tue Loup.

– Ça sert à quoi ? demanda Harry intrigué.

Remus se tranquillisa en voyant que Harry ne semblait pas prêter attention à sa condition. Il ressemblait tant à James à ce moment, curieux, sans aucune once de dégoût, que Remus sentit son cœur se serrer. Il pensait à toutes leurs aventures. À la joie qu'il avait ressentie de ne plus être seul, d'avoir enfin des amis. Il secoua sa tête pour sortir de ses souvenirs.

– Elle me permet de me contrôler. Si je la prends dans la semaine qui précède la pleine lune, je reste lucide pendant le temps de ma transformation... Je ne suis plus qu'un loup inoffensif, expliqua Remus en souriant légèrement.

– Oh, ça a l'air super. Et vous pouvez en trouver facilement ?

– Les Maîtres potionnistes sont rares et la potion est très chère, dit Remus en grimaçant.

– Sirius m'a dit que les loups-garous étaient discriminés...

– En effet, dit Remus. Il n'est pas facile de trouver un emploi. Dumbledore a accepté de me donner ma chance et je lui en suis très reconnaissant.

– C'est injuste, grimaça Harry.

– Oui. Mais je ne me plains pas, j'ai eu la chance d'aller à Poudlard, de rencontrer les Maraudeurs. J'ai été vraiment heureux.

– Et c'est pour cela qu'ils sont devenus des Animagi ?

Remus sourit largement en racontant à Harry comment tout cela s'était passé. Il se souvenait parfaitement que James, Sirius et Peter avaient découvert son secret à la fin de la première année. Ils l'avaient fait asseoir et lui avaient demandé s'il était un loup-garou de façon franche, sans aucune échappatoire possible.

– J'étais terrifié, expliqua Remus. J'ai pensé que j'allais devoir rentrer chez moi, parce qu'ils allaient en parler ou avoir peur de moi. Ce que j'aurais compris. Personne ne voudrait partager son dortoir avec un loup-garou.

– Qu'est-ce que vous avez fait ?

– J'ai confirmé. Et ils m'ont dit que ce n'était pas un problème, sourit Remus qui se souvenait de la joie qui l'avait envahie à ce moment. Ils sont passés à autre chose et nous n'en avons pas reparlé. Il y a eu les grandes vacances, puis la rentrée. Ils passaient un temps infini à la bibliothèque et j'ai juste pensé que...

– Qu'ils vous évitaient ?

– Oui, avoua Remus la voix tendue. Quelques semaines après la rentrée de deuxième année, ils m'ont entraîné dans le dortoir. Ils avaient mis des dizaines de parchemins et des livres par terre. Je détestais quand ils mettaient le bazar.

– Mon père était comme ça ?

– Oh oui, rit Remus. Je n'ai jamais compris comment il faisait. Même si une pièce était parfaitement propre quand il arrivait, deux minutes après, plus rien n'était à sa place. Sirius aussi était très doué pour mettre le bazar.

Harry rigola en se rappelant des parchemins de Sirius qu'il retrouvait parfois dans les placards ou même de sa chambre qui, malgré le rangement assidu de Kreattur, finissait toujours sens dessus dessous.

Remus lui raconta alors leur conversation. Celle qui avait noué leur amitié à jamais. La première conversation des Maraudeurs.

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"Assieds-toi" avait dit James sans lui laisser le choix.

James, Sirius et Peter s'étaient assis en tailleur face à lui, comme ils le faisaient souvent. Le sol de leur dortoir était devenu le lieu de préparation des blagues les plus farfelues, leur lieu de rendez-vous, leur lieu de crise. C'était plus solennel que les lits et cela permettait d'étaler leurs plans à même le sol.

Remus les avait regardés avec inquiétude. Il se souvenait avoir paniqué. Sans doute que ses amis avaient réfléchi, discuté et ne voulaient plus partager leur dortoir avec lui... Ils allaient le faire expulser de Poudlard et...

"Calme-toi", avait dit Sirius d'une voix tranchante.

Le ton sévère de Sirius avait toujours eu le don de calmer ses crises de stress. Sans doute parce que jamais Sirius ne montrait jamais qu'il était anxieux. Toujours drôle, mais avec cette part sombre en lui. Cette façon qu'il avait de cacher son jeu et de paraître plus fort que n'importe quelle personne, prêt à tout pour défendre ses amis. Son calme olympien avait toujours rassuré Remus, au contraire de James qui était souvent insouciant et ne comprenait pas pourquoi il craignait que ses amis l'abandonnent. James avait été choyé toute sa vie. Il ne savait pas ce que c'était d'être un paria, d'être haï pour ce que l'on était.

Sirius savait ce que c'était d'avoir peur, il savait ce que c'était d'être rejeté, parce que sa famille l'avait écarté pour ce qu'il était. Il n'avait pas été choyé par ses parents, même si les Maraudeurs n'avaient appris ce qu'il se passait réellement chez les Black qu'en troisième année, ils se doutaient déjà tous à l'époque que l'enfance de Sirius n'avait pas été heureuse. Sirius avait toujours compris Remus et il avait toujours essayé de lui montrer que la meilleure manière d'agir était de se battre, ne jamais abandonner, ne jamais se rabaisser devant les autres. De ne pas montrer ses faiblesses.

Remus se souvint avoir soufflé et avoir regardé un à un ses amis en se demandant si c'était la dernière fois qu'il les voyait.

"Tu sais ce qu'est un Animagus ?" avait demandé James à la grande surprise de Remus qui ne s'était pas attendu à une telle question.

James avait alors étiré son visage en un sourire malicieux, comme si toute cette situation l'amusait. Comme s'il ne comprenait pas à quel point Remus était au bord de l'évanouissement.

"Oui, c'est un sorcier qui se transforme en animal" avait récité Remus, interloqué.

"Exact !" avait dit Sirius qui s'était calé sur James et souriait largement.

Sirius ne souriait comme ça qu'avec ses amis. C'était un vrai sourire sincère, heureux. Avec les autres, il avait son sourire de façade. Son "sourire de Black" comme il l'appelait. Avec les filles, il avait son sourire de séducteur. Mais jamais un sourire sincère comme il l'avait avec ses amis.

Les trois garçons en face de Remus lui avaient semblé très excités à l'idée de lui parler des Animagi.

"Ce sont des animaux" avait dit Peter en insistant bien sur le dernier mot.

Remus avait froncé ses sourcils en voyant qu'ils essayaient de lui faire comprendre quelque chose.

"Ce sont des animaux" avait répété Sirius.

"Et tu sais ce qu'ont en commun les animaux ?" avait demandé James.

"Euh... non ?" avait dit Remus qui ne comprenait pas où voulaient en venir ses amis.

"Les loups-garous n'attaquent pas les animaux" avait lâché James sans détacher son regard de Remus.

Remus avait regardé James un long moment. Il y avait vu de l'amusement, mais surtout une profonde affection. Remus s'en était voulu d'avoir pensé qu'ils allaient l'abandonner. Parce que, de toute évidence, ils n'allaient pas le faire.

"C'est vrai" avait admis Remus "je n'attaque que les humains".

"Le loup n'attaque que les humains" avait corrigé Peter en levant ses yeux au ciel.

"Tu n'es pas un monstre" avait enchaîné Sirius en lui donnant un grand coup dans l'épaule, comme s'il était agacé à l'idée qu'il se dénigre à ce point.

Sirius n'avait jamais été avare des déclarations d'affections, mais par cette phrase et ce coup, il venait de lui montrer que, non, il ne l'abandonnerait pas.

"Merci... Mais, et alors ?"

"Tu n'as pas compris ?" avait dit James sans se départir de son sourire. "On va devenir des Animagi pour te tenir compagnie !"

"Que... quoi ?" avait balbutié Remus avant de rigoler. "Vous n'êtes pas sérieux ?"

"Très" avait dit James un peu vexé. "On fait des recherches depuis des siècles depuis que tu nous as dit pour ton problème de fourrure."

"Mon problème de fourrure ?"

"Il nous fallait un nom de code pour que personne ne comprenne" avait expliqué Sirius. "C'est moi qui l'ait trouvé ; opération fourrure".

"Ça ne m'étonne pas tellement que ça soit toi" avait dit Remus en souriant légèrement. "Écoutez, je suis très touché. Mais vous ne pouvez pas devenir des Animagi. Du moins, pas avant des années. Il faut se déclarer, c'est un processus long et diffic..."

James avait balayé ses explications d'un geste de la main.

"Je me suis faufilé dans la réserve" avait expliqué James en montrant d'un signe de la main sa fantastique cape d'invisibilité. "On a trouvé tout le processus pour se transformer. Ne t'inquiète pas, c'est sans danger."

"C'est totalement risqué" avait dit Sirius en rigolant. "C'est même presque mortel si c'est mal fait."

"Mais ça ne nous fait pas peur !" avait dit fortement Peter.

Le fait que ce soit Peter... Peter, si fragile et si peureux, qui soit prêt à tenter l'expérience avait réchauffé le cœur de Remus.

"Mais enfin, il faut..."

"On ne va pas se déclarer" avait assuré James en répondant à la question muette de Remus qui avait alors écarquillé ses yeux.

"Vous pourriez finir à Azkaban !"

"Azkaban, tu rêves !" avait Sirius amusé. "Ils devront se mettre à douze pour m'y envoyer !"

"Personne n'en saura jamais rien" avait dit James en levant ses yeux au ciel.

"Vous êtes fous" avait dit Remus sous le choc. "Je ne veux pas que vous fassiez ça, c'est dangereux, risqué et..."

"Remus" avait dit Sirius en le frappant à nouveau sur l'épaule. "On va le faire que tu le veuilles ou non. Tu es notre meilleur ami et on va te soutenir"

"On y réfléchit depuis des mois" avait continué James qui sautillait presque d'excitation. "On a pesé le pour et le contre, nous sommes tous les trois consentants et nous allons le faire."

Même Peter avait hoché la tête pour confirmer.

"Il nous faudra sans doute des années, mais on veut le faire pour toi. Pour que tu ne sois plus jamais seul."

Tout le discours que Remus avait préparé dans sa tête pour les en empêcher s'était évanoui alors qu'il observait ses trois amis lui faire face. Ils avaient semblé si déterminés, si sûrs d'eux. Prêts à tout pour lui. Ils ne voulaient pas l'abandonner, non, ils voulaient le soutenir de la plus belle des manières. Le cœur de Remus avait fait des bonds en comprenant qu'il avait de vrais amis à présent. Des amis prêts à risquer leurs vies pour lui.

"Tu es d'accord ?"avait demandé Peter d'une petite voix.

"À une seule condition" avait soupiré Remus "je veux être là à chaque étape. Si c'est trop dangereux ou risqué, on arrête."

James avait lancé son poing en l'air en signe de victoire. Remus avait frappé dans ses mains de joie. Sirius avait entraîné Remus dans un câlin collectif, ce dernier tentant d'oublier la pointe de culpabilité qui pinçait son cœur.

Les Maraudeurs venaient de naître.

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– Combien de temps ont-ils mis ? demanda Harry les yeux brillants d'excitation.

– Ils ont mis deux ans et demi. Ce qui est une prouesse extraordinaire, admit Remus. James s'est transformé en premier, à la fin de notre quatrième année. C'était le meilleur en métamorphose. Sirius a suivi un mois plus tard, puis Peter a réussi à la rentrée. À partir de notre cinquième année, ils sont venus m'accompagner à chaque pleine lune.

Harry sourit en imaginant les quatre animaux se balader dans la forêt interdite. Il savait que tout cela avait été terriblement risqué, mais il était fier que son père ait fait tout ça pour soutenir son ami.

– C'était très dangereux, admit Remus un peu anxieux. Il n'y a pas un jour où je le regrette.

– Ils l'ont fait pour vous et ils le voulaient. Vous n'étiez pas responsable.

– Sans doute. Mais j'ai toujours eu l'impression d'avoir trahi la confiance que m'avait accordée Dumbledore.

– Vous n'avez jamais dit que Sirius était un Animagus, constata Harry.

Remus souffla un instant. Jamais il ne pourrait oublier les yeux bleus d'Albus Dumbledore qui le fixaient alors qu'il lui demandait s'il avait une idée de comment Sirius avait pu s'échapper. La culpabilité, la peur, la honte d'avoir fait ça sous son nez l'avait paralysé et il avait affirmé que, non, il n'en avait aucune idée.

– J'ai longuement hésité. Mais comme Sirius n'est pas venu à Poudlard, je me suis dit que... ce n'était pas nécessaire, grinça Remus. Que, peut-être, ce n'était pas le fait qu'il soit un Animagus, mais simplement... De la magie noire. En fait, je crois surtout que je ne pouvais pas les trahir. C'était au-dessus de mes forces.

– Parce que vous êtes un Maraudeur, dit Harry en souriant.

– Je l'étais, oui.

– Les Maraudeurs ne sont pas morts ! s'exclama Harry outré en regardant son professeur. Sirius et vous... Vous êtes toujours là. Je ne pense pas que mon père aurait voulu ça. Il aurait voulu que ses amis se retrouvent.

Remus imagina la tête qu'aurait faite James s'il le voyait hésiter à envoyer une lettre à Sirius. James l'aurait regardé, avec ses cheveux ébouriffés et un air faussement sévère en lui disant "Lunard, est-ce que tu ne serais pas un peu Serpentard ?". Le fait que le portrait craché de James lui dise que les Maraudeurs n'étaient pas terminés lui avait donné un coup au cœur.

– Vous êtes tous les deux désolés parce que vous avez cru que l'autre était le traître. Mais c'est ridicule. Peter vous a manipulés. Il a manipulé tout le monde. Comment vous pouvez vous en vouloir pour ça ?

– Si j'avais...

– Même Sirius m'a dit que les preuves jouaient contre lui, grinça Harry. Vous ne pouviez pas savoir. Et vous, vous l'avez bien pardonné pour Rogue, alors pourquoi il ne vous pardonnerait pas pour ça ?

Remus fronça ses sourcils avant de comprendre que Harry parlait de la fois où Sirius avait entraîné Rogue dans la cabane hurlante.

– Je ne lui en ai jamais vraiment voulu, avoua Remus. J'étais en colère qu'il ait risqué la vie de Rogue. Mais il semblait si coupable... Il le regrettait vraiment et je pense que j'ai compris pourquoi il l'avait fait.

– Ils se détestaient.

– En effet. Sirius a toujours été impulsif et prêt à tout pour protéger ses amis. Ce n'était pas la bonne méthode, mais bon... Je lui ai pardonné, oui. Après bien sûr, il y a eu la guerre. Nos liens se sont distendus à ce moment. Nous étions toujours amis, mais je sentais que Sirius était plus méfiant. Il était si proche de James. Comme un frère. Et puis, ensuite, il est devenu très proche de Lily. Quand elle est tombée enceinte, il la protégeait comme si c'était sa sœur. Il était méfiant avec tout le monde. Peut-être que si nous avions discuté à ce moment... Mais je ne voulais pas leur imposer ma condition, alors je me suis effacé. J'ai eu peur qu'ils pensent que c'était moi le traître et je suis parti.

– Et Peter a profité de la brèche.

– Oui. J'avais beaucoup de mal à trouver un travail du fait de ma condition. Je pense que Peter a profité de mes absences pour jeter le doute sur moi. Je ne lui ai jamais donné tort. Sirius voulait juste protéger James et Lily.

– Alors écrivez à Sirius, plaida Harry. Il m'a parlé de vous tout l'été.

– Vraiment ?

– Oui. Il était vraiment désolé pour Rogue, il s'en voulait. Mais encore plus d'avoir pensé que vous pouviez être le traître. Je ne sais pas s'il fera le premier pas, mais il s'en veut lui aussi. Vous pensez qu'il est innocent, alors dites-lui. Personne ne l'a jamais cru.

– Vous avez sans doute raison, Harry, admit Remus.

Remus réfléchit un instant sur ce qu'il allait faire, avant de fendre son visage d'un sourire.

– Voulez-vous que je vous raconte la fois où James est sorti avec Lily pour la première fois ?

– Avec plaisir.

Quand Harry partit juste après le déjeuner qu'ils avaient partagé ensemble, Remus attrapa sa plus belle plume et décida de montrer qu'il n'était pas un Gryffondor pour rien.

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Sirius n'avait jamais ressenti une telle joie. Savoir que Peter avait été découvert et dormirait à Azkaban le remplissait de joie. Il sautillait depuis le matin et son sourire ne l'avait pas quitté, même quand sa mère l'avait traité de "bon à rien" en voyant qu'il n'avançait pas sur les Horcruxes.

Kreattur semblait très amusé de le voir dans cet état et avait préparé un assortiment de gâteaux tous délicieux pour fêter ça. Il en avait aussi envoyé une partie à Harry, craignant qu'il ne soit pas nourri convenablement à Poudlard, rempli d'elfes libérés qu'il méprisait.

– Tu as l'air en grande forme, dit Mihai quand il arriva au Square Grimmaurd par cheminette.

– Ils ont attrapé Peter ! dit Sirius en frappant dans ses mains.

– Fantastique ! s'exclama le psychomage.

Sirius se fit un plaisir de lui raconter tout ce que Harry lui avait dit sur la soirée d'Halloween.

Il avait été surtout impressionné par le fait que Harry ait à ce point réussi le Stupefix, mais aussi intrigué à l'idée que le Chef des Aurors semblait le croire innocent. Il avait lu la lettre et ne savait pas encore s'il allait y répondre favorablement. Il n'oubliait pas que c'était ceMinistère qui l'avait emprisonné sans procès. Et s'ils faisaient la même chose à nouveau ? Sirius ne pouvait s'empêcher d'avoir une peur presque panique à l'idée d'y retourner et de ne jamais en sortir.

Harry ne s'était pas prononcé sur le Chef des Aurors. Il l'avait trouvé impressionnant et sincère, mais il ne savait pas s'il pouvait lui faire confiance. Si Sirius restait très méfiant depuis son emprisonnement, Harry ne faisait confiance à personne quand il s'agissait de son parrain. Il avait déjà été trop déçu par les adultes pour leur faire confiance à nouveau. Il attendait des actions concrètes pour juger quelqu'un.

– Comment tu te sens ? demanda le psychomage avec sollicitude.

– Soulagé, anxieux, triste.

– Développe ces sentiments, dit Mihai en s'installant dans un fauteuil.

– Soulagé, parce que Harry m'a dit que le Chef des Aurors semblait persuadé de mon innocence, je vais avoir un procès et je vais pouvoir dire que je suis innocent. Anxieux, parce que je peux aussi être condamné et que le procès n'est pas encore fixé. Triste, parce que Peter était un de mes amis et que James est mort. Les Maraudeurs sont morts, soupira Sirius en se retenant de fondre en larmes.

– Qu'est-ce que tu comptes faire ?

– Je vais d'abord appeler un avocat, dit Sirius en grimaçant. Alan Maxwell. J'ai trouvé le nom dans les affaires de mon père. Je veux faire valoir mes droits. J'attends que le mandat d'arrêt soit levé. Et mon avocat pourra aller au Ministère.

– Tu ne veux pas aller voir le Chef des Aurors ?

– Non. J'ai un peu p...

Sirius ! Sirius ! Sirius !

Sirius leva ses yeux au ciel en extirpant son miroir à double sens de sa poche. Il s'excusa auprès de Mihai et répondit à son filleul.

– Salut Harry. Désolé, je suis un peu occ...

Sirius ! coupa Harry en criant à moitié. Tu ne devineras jamais qui est mon professeur de Défense !

– Euh... non ? Tu m'as dit qu'il était doué, dit Sirius en fronçant les sourcils et oubliant la présence de Mihai.

Seul Harry comptait à ce moment. Qu'avait-il pu bien se passer pour que Harry lui passe un coup de miroir en pleine journée ?

C'est le meilleur, confirma Harry qui semblait surexcité.

– Tu as eu ta première leçon sur le Patronus ? devina Sirius. Ça s'est bien passé ?

Oui, c'était super, je te raconterai plus tard. Mais peu importe. Je t'ai parlé de mon professeur, mais je ne t'ai jamais dit son nom !

Sirius haussa un sourcil en voyant le sourire si large de Harry qu'il avait l'impression que son visage allait se fendre en deux.

Il s'appelle Lupin.

La mâchoire de Sirius se décrocha.

– Tu es sûr que c'est Remus ? demanda-t-il avec l'air de ne pas y croire.

Il me l'a confirmé ! On a parlé toute la matinée. Et il est comme toi, il m'a dit qu'il n'osait pas te parler parce qu'il avait pensé que tu étais le traître et il s'en veut. Alors envoie-lui une lettre.

– Mais...

Je dois te laisser. On s'appelle ce soir.

Mihai observa le miroir de Sirius avait intérêt.

– Cette petite chose semble très pratique.

– Ça l'est. Je n'aurais pas supporté de ne pas voir Harry pendant des mois, admit Sirius en grimaçant.

– En Roumanie les élèves rentrent chez eux chaque soir.

– C'est une bonne idée. Quatre mois c'est trop long. Et encore, je ne sais même pas si je vais pouvoir passer Noël avec Harry.

– Je suppose que tu trouveras un moyen, dit Mihai amusé.

– Sans doute. Ça sera mon premier Noël depuis... tout ça, grinça Sirius.

Les Détraqueurs n'étaient pas réputés pour leur sens de l'hospitalité et ne venaient pas remplir les cellules de cadeaux.

– Est-ce que tu te sens prêt à parler d'Azkaban ? Tu sais que ce serait un pas important dans la thérapie, rappela Mihai qui essayait à chaque séance de lui faire parler de cela sans grand succès.

Sirius frissonna un long moment en imaginant les Détraqueurs flottant devant sa cellule.

– On peut plutôt parler de Remus ? Avec ce que m'a dit Harry, je ne sais pas trop quoi faire.

Mihai soupira légèrement, mais fit un signe de tête à Sirius pour qu'il parle de son ancien ami.

Sirius savait, qu'un jour, il devrait parler de ce qu'il avait vécu à Azkaban. Parce qu'il en avait toujours des cauchemars terribles. Il ne pouvait plus rester dans une pièce sans lumière, il sursautait au moindre bruit et avait tendance à se transformer en chien dès qu'il ne se sentait pas en sécurité, comme pour se rassurer. Mais ce n'était pas le moment. Il ne se sentait pas prêt à parler de son pire cauchemar.

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Suite à sa discussion avec Remus, Harry se sentait beaucoup mieux. Faire un acte de magie puissant l'avait aidé pour se calmer. Il avait l'impression que sa Magie s'était apaisée et qu'il ne risquait plus de faire de la magie incontrôlée. Mais surtout, il avait pu parler de ses parents. Quand il en discutait avec Sirius, il avait toujours cette petite pointe de tristesse, mais aussi une énorme joie. Parce que personne ne lui avait jamais parlé de ses parents. Le fait qu'une nouvelle personne puisse lui en parler le remplissait de joie. Le professeur Lupin était très drôle et il racontait les histoires comme personne, sans en rajouter des tonnes comme le faisait Sirius.

Ils s'étaient donné rendez-vous dans une semaine pour le prochain cours sur le Patronus et Harry était impatient à l'idée de pouvoir discuter à nouveau avec le professeur.

Après avoir passé un coup de Miroir à Sirius dans une salle de classe vide, il s'enveloppa dans sa cape d'invisibilité pour se rendre à la bibliothèque pour y chercher Hermione. Il fut surpris de voir Hermione et Susan assises à la même table. Il était rare qu'elles travaillent ensemble. Susan parlait trop pour Hermione et Susan ne comprenait pas les explications de Hermione. Pourtant, elles semblaient en pleine réflexion. Harry se glissa derrière elles.

– Je suis sûre que c'est la rune pour l'air, dit Susan d'un ton catégorique.

– Non, je pense que c'est celle pour dire ciel, souffla Hermione, regarde, la troisième branche est trop courte.

– Si seulement Harry était là. Je ne comprends pas pourquoi il se cache. Je voudrais juste lui parler. Tu es sûre que tu ne l'as pas vu ce matin ? demanda anxieusement Susan.

– Il est derrière vous, dit Harry en se dévoilant.

Susan mit ses mains devant sa bouche en laissant échapper un cri de stupeur. Hermione sursauta violemment en renversant son encrier, avant de frapper Harry avec son livre.

– Arrête de faire ça ! grogna-t-elle en essuyant l'encre d'un coup de baguette.

– Comment as-tu fait ? s'enquit Susan.

– Cape d'invisibilité, dit Harry qui se dit qu'avec toute l'aide qu'elle lui avait apportée, Susan était digne de confiance.

– Waouh, siffla Susan alors qu'elle prenait l'étoffe entre ses mains. Tu m'étonnes que tu ne te fasses pas prendre dans les couloirs.

– Sinon, c'est la rune du nuage, on la reconnaît facilement au milieu, elle a un côté plus gros que celle pour dire le ciel.

Susan et Hermione notèrent l'information sur leur parchemin.

– Bon, maintenant, tu me racontes ce qu'il s'est passé hier, ordonna Susan d'une voix autoritaire.

Harry lança une bulle de silence et raconta toute son aventure à Susan. Elle semblait à la fois horrifiée et impressionnée par tout ce que Harry avait fait. Elle n'avait pas l'air de lui en vouloir qu'il l'ait "utilisée" pour parler à sa tante.

– Attends... Tu as suivi un criminel sans te poser de questions ? souffla Susan interloquée. Mais pourquoi ?

Elle semblait n'avoir retenu que cette partie de son histoire.

– Parce que... parce que s'il était innocent, ça voulait dire que j'aurais pu avoir une famille. Partir de chez les Dursley.

Susan posa une main réconfortante sur son bras en se mordant la lèvre inférieure. Elle ne savait pas tout ce qu'il avait vécu, mais Harry avait déjà laissé entendre que ses moldus étaient terribles. Elle savait que Harry était orphelin et le fait de savoir que ses moldus ne l'aimaient pas la rendait très triste. Elle sentit ses yeux se mouiller légèrement en pensant à tout ce qu'il avait pu vivre pour avoir si peu envie de retourner dans sa famille, pour suivre un criminel sans se poser de questions, pour gonfler sa tante comme un ballon...

Harry sourit en sentant la petite main de Susan sur son bras. Il était si heureux qu'elle le croie, qu'elle ne pose pas de questions et lui fasse confiance à ce point. Sans même hésiter. Il avait pensé qu'elle lui en voudrait pour tout ça. Jamais il n'aurait pensé qu'elle aurait manifesté un total soutien. Il se dit que la Poufsouffle était vraiment une perle.

– Tu ne m'en veux pas ?

– Bien sûr que non ! s'exclama Susan. Tu ne pouvais rien dire. Sinon le plan n'aurait pas marché ! Quelle histoire... Et tu dis que ma tante est sur le coup ?

– C'est ce que nous a dit le Chef des Aurors.

– Elle est géniale. Elle va prouver son innocence, assura Susan.

– Tu penses vrai...

– Est-ce que tu veux vraiment me poser cette question ? demanda Susan en fronçant ses sourcils.

Harry se dit que non. Susan semblait avoir cru à son histoire sans hésiter et il n'avait pas besoin de lui demander si elle pensait Sirius innocent. Dès que Harry le lui avait dit, elle l'avait cru. Il hocha la tête de gauche à droite.

– Vous allez peut-être pouvoir passer Noël ensemble, dit Susan qui semblait heureuse pour lui.

– Ça serait super.

Harry sourit largement à cette idée, avant de se tourner vers Hermione qui les fixait.

– Et toi, Hermione ?

– Je suis un peu déçue que tu ne m'en as pas parlé, avoua la brune. Mais je comprends. J'ai juste besoin de digérer le fait que tu m'aies caché trois mois de ta vie.

Harry hocha sa tête et comprit qu'il ne pouvait pas en attendre plus de son amie. Au moins, elle lui parlait. La confiance devrait revenir peu à peu. Il savait que Hermione pouvait se sentir blessée, parce qu'elle connaissait beaucoup de choses. Elle savait pour Voldemort, Quirrell, le basilic, les Dursley... Le fait que, malgré toutes leurs aventures, il lui ait caché ça, pouvait légitimement lui faire de la peine. Il espérait juste qu'elle surmonterait ça rapidement car il avait besoin d'elle.

– Il ne pouvait rien nous dire, dit Susan en levant les yeux au ciel. Sinon le plan allait capoter. Comme si tu n'avais jamais gardé un secret ! ajouta-t-elle agacée.

Hermione rougit légèrement. Susan ne savait pas tout ce qu'ils avaient affronté. Elle ne pouvait pas savoir que ce secret était juste quelque chose qui n'était encore jamais arrivé dans leur amitié. Jamais Harry et Hermione ne s'étaient volontairement cachés quelque chose.

– Bon, raconte-nous tout ! dit Susan en se tournant vers Harry, surexcitée. Comment est Sirius ? Je veux tout savoir !

– Hannah arrive, informa Hermione en voyant la Poufsouffle se diriger vers eux.

– Elle me harcèle depuis hier, souffla Susan. Je crois qu'elle a hésité entre m'enfermer dans une salle de classe ou me torturer pour que je lui avoue tout ce que je savais. J'ai dû lui jeter un sort de silence hier soir pour m'endormir. On peut lui dire ? Elle ne dira rien, je te promets. Elle est un peu commère, mais elle sait garder les secrets.

– Oui, confirma Harry amusé.

Quand Hannah les eût rejoints et après avoir promis d'être discrète, Harry se fit un plaisir de raconter tout ce qu'il avait vécu depuis trois mois, sous les exclamations enjouées des filles. Même Hermione se prit à lui poser des questions sur son parrain et ses vacances au Square Grimmaurd.

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Le lundi matin, après son footing avec George, Harry se dirigea instinctivement vers la table des Poufsouffle. Il ne se sentait pas d'affronter Ron avec lequel il n'avait pas reparlé depuis le samedi soir. Harry savait que garder le secret pouvait aboutir à ce que Ron lui en veuille et il pouvait le comprendre. Il avait laissé un Mangemort dormir avec son meilleur ami, lui avait caché une partie importante de sa vie et lui avait fait croire que Sirius cherchait à le tuer. Ron avait eu peur pour lui, avant d'avoir peur pour lui-même en comprenant que son rat aurait pu l'assassiner s'il l'avait voulu.

– Harry ! dit Hannah en lui faisant une place. Tu viens en territoire inconnu ?

– Je suis courageux, s'amusa Harry en attrapant des pancakes. Je peux affronter des blaireaux.

– Il ne faut pas les sous-estimer, ricana Hannah.

– Je le sais depuis que je te connais, avoua Harry. Vous êtes gentils, donc on se confie. Vous êtes sans doute la maison qui connait le plus de choses sur les autres élèves. Avec ça, Poufsouffle pourrait tous nous écraser.

Hannah ricana sans nier ce fait et commença à lui parler de Drago Malefoy.

– Il sort avec Pansy.

– Parkinson ? répéta Harry en haussant un sourcil en regardant la table des Serpentards. Ils ne vont pas du tout ensemble.

Susan se détourna de sa conversation avec Justin en dévisageant Harry.

– Ils ne vont pas ensemble ? répéta Susan sous le choc. Tu passes trop de temps avec Hannah, dit-elle en claquant sa langue contre son palais.

– Je lui apprends à analyser les couples, se défendit Hannah.

– Tu lui apprends à faire des commérages, rectifia Susan. Lui qui était si innocent. Il ne connaissait même pas le nom des autres élèves et maintenant il juge les couples. Qu'est-ce que tu lui as fait Hannah ?

Harry rougit en songeant que Susan n'avait pas tort. Il n'était pas rare qu'il lui demande le nom d'un de leurs camarades de leur année ou non. Susan semblait connaître presque tout le monde et en savait énormément sur chaque personne. Harry s'était rendu compte que connaître le nom des gens et leurs traits de caractère était très utile. Il savait qui saluer à présent, avec qui il n'aurait pas d'affinités et qui était en couple avec qui (ce qui était toujours utile).

– Je le forme, dit Hannah en boudant.

Susan éclata de rire. Harry lui assura qu'il aimait bien les analyses pointues et souvent très justes de Hannah sur les autres élèves. Cette dernière sourit avec vantardise à Susan qui leva les yeux au ciel et lui lança une pomme.

Justin et Harry parlaient du cours de Botanique quand Hermione les rejoignit. Elle lança un sourire léger à Harry qui fut soulagé de voir que sa meilleure amie ne semblait plus lui en vouloir.

Hermione avait longuement réfléchi. Elle lui en avait voulu, évidemment. Parce qu'elle avait pensé qu'ils se disaient tout. Harry était son premier ami et elle s'était sentie blessée à l'idée qu'il ne lui fasse pas confiance. Mais elle aussi cachait quelque chose. Elle se souvenait parfaitement d'avoir promis au professeur McGonagall de garder son Retourneur de temps secret. Et les enjeux du secret de Harry étaient aussi importants que les siens. Il avait dû garder le secret, parce que la vie de Sirius était en jeu. Tout comme la vie des autres était en jeu avec son Retourneur de temps.

Son retournement s'expliquait aussi par la dispute qui avait eu lieu entre elle et Susan, cette dernière faisant valoir que Harry n'avait pas eu le choix et que lui tourner le dos comme ça n'était pas digne d'une amie. Hermione avait été piquée au vif, avant d'admettre qu'elle avait raison. Harry avait fait des erreurs, mais s'était excusé. Elle n'allait pas gâcher leur amitié pour ça.

Harry fut surpris de voir deux hiboux se poser devant lui. Il récupéra d'abord la Gazette du sorcier, avant d'attraper un petit hibou entre ses mains, qui semblait surexcité et portait difficilement un gros paquet sur lequel était accroché une lettre.

– Il est chou, sourit Hannah en prenant le hibou entre ses mains qui hulula de plaisir

Harry commença par détacher la lettre du paquet, se doutant que cela venait de son parrain.

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Harry,

Je t'envoie une lettre rapide. J'ai plusieurs choses à te dire :

J'ai pris contact avec un avocat qui s'appelle Alan Maxwell, il s'occupait des affaires des Black quand mon père était en vie. Il a accepté de me rencontrer. Je réfléchis encore à la demande de Scrimgeour. Je suis un peu inquiet à l'idée d'aller au Ministère. Je ne sais pas ce que tu en penses...

J'ai joint à cette lettre une autorisation de sortie pour Pré-au-Lard. Étant ton parrain, je suppose que cela suffira pour Dumbledore. Je me demandais si tu accepterais que je vienne avec toi pour ta première sortie - sous la forme de Patmol bien entendu ? Même si le mandat d'arrêt est levé, je ne veux courir aucun risque. Surtout que j'ai lu que les Détraqueurs restaient à Poudlard. Tu me manques beaucoup... (Tu vois, cette fois, je te demande avant de venir !)

Je voudrais ensuite savoir si tu accepterais de passer Noël avec moi ? Je sais que je ne suis pas encore déclaré innocent. Si le procès a lieu avant Noël, ça ne posera pas de problème. Dans le cas contraire, peut-être que Dumbledore pourrait l'accepter ? Je ne t'oblige à rien. Les Noëls à Poudlard sont toujours très amusants (nous avons passé le Noël de notre quatrième année avec ton père à Poudlard quand j'ai refusé de retourner chez mes parents. Le Noël suivant, j'ai été invité chez les Potter et c'était merveilleux, je te raconterai). Tiens-moi au courant pour que je prévienne Kreattur (je crois qu'il veut acheter un élevage entier de dindes de Noël si tu acceptes de venir...)

Maintenant que tu n'as plus de rat à attraper, tu peux enfin profiter de ta jeunesse ! Fais des blagues, travaille un peu et amuse-toi. L'adulte que je suis prend le relai.

J'espère que tes amis et ta petite Poufsouffle ne t'en veulent pas trop. Dis-leur que c'est entièrement de ma faute.

Dans le paquet tu as des gâteaux de la part de Kreattur (il a mis la soirée à les préparer pour toi).

Tu peux donner le hibou à ton ami Ron puisque c'est de ma faute s'il n'a plus d'animal de compagnie.

Passe-moi un coup de miroir quand tu peux !

Tu me manques.

Et, encore merci à toi. Je n'y serais pas arrivé sans toi. Tu es le digne fils de tes parents.

Sirius Orion Black,

La Noble et Très Ancienne famille Black

Toujours Black.

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– C'est Sirius, souffla Harry à Hermione en lui donnant sa lettre.

Elle la parcourut du regard et sembla ravie pour lui.

– Je suis contente pour toi.

Hermione semblait sincère. Si elle avait été blessée que Harry ne lui ait rien dit, elle devait avouer être ravie de savoir que Harry allait pouvoir quitter les Dursley. Elle avait été horrifiée de savoir tout ce que Harry avait vécu chez ces gens. Black n'était pas la personne qu'elle aurait personnellement choisie, mais rien ne pouvait être pire que les Dursley. Elle voyait les yeux pétillants de Harry quand il avait reçu la lettre de son parrain, les changements qu'avait entraîné Sirius en à peine un mois. Oui, elle avait hâte de rencontrer l'homme qui avait pu apporter tant de joie à son meilleur ami.

– Servez-vous, dit Harry en ouvrant le paquet dans lequel se trouvaient des dizaines de douceurs.

Il récupéra immédiatement une part de tarte à la mélasse et le sucre qui fondit dans sa bouche le transporta au Square Grimmaurd quand, après une session harassante de duels, Sirius et lui prenaient un goûter riche en sucre. Il lui manquait tellement. Hannah sembla trouver les tartes au citron à son goût et Harry les lui laissa avec joie. Il partagea le reste avec les autres Poufsouffle.

Il espérait pouvoir le voir rapidement et ferait tout pour qu'ils puissent passer Noël ensemble. Son premier Noël avec un membre de sa famille. Il se sentait si heureux et excité à cette idée qu'il avait envie de partir de Poudlard sur le champ pour le revoir. Ça s'annonçait fantastique.

"Ta petite Poufsouffle" ! lut Susan qui avait attrapé à la lettre à son tour.

– Oui, je lui ai parlé de toi.

– Il ne connaît pas mon prénom ? grinça-t-elle.

– Il est juste amusé à l'idée que tout Poudlard ait cru qu'on sortait ensemble. Je vais donner le hibou à Ron, dit-il.

Harry se leva pour donner le hibou à Ron qui sembla touché par l'attention. Harry ne prit pas le temps de rester à la table des Gryffondor. Ils devraient parler à un moment, mais pas tout de suite.

– Il va se calmer, dit Hermione quand il revint s'asseoir à ses côtés.

– C'est Ron, dit sèchement Hannah. Il est comme ça.

– Tu ne l'aimes pas beaucoup, remarqua Harry.

– Non. Parce qu'il est évident que tu ne pouvais pas en parler. Et il n'est même pas gentil !

– Il est vexé, expliqua Harry. Il dormait avec un Mangemort, murmura-t-il pour que personne d'autre ne puisse les entendre, depuis deux mois et je ne lui ai rien dit.

– Je peux comprendre qu'il soit en colère, admit Susan.

– Pas moi, dit sèchement Hannah. C'est ton ami, il devrait te soutenir quoi qu'il se passe.

– Il m'a toujours soutenu.

Hannah grinça des dents, mais ne répondit rien, parce qu'elle savait qu'ils ne s'entendraient pas sur ce point. Harry savait tout ce que Ron avait affronté pour lui : les araignées, la Chambre des Secrets, l'échiquier géant. Personne à part Hermione ne pouvait comprendre ça.

Hermione lui tendit la Gazette qu'elle avait déjà feuilletée.

– Lis la première page, ordonna-t-elle.

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ÉDITION SPÉCIALE

SIRIUS BLACK : ASSASSIN OU VICTIME ?

Ce qui s'annonce comme le procès du siècle

Hier, le bureau des Aurors a informé la presse que Peter Pettigrow avait été retrouvé vivant. Pettigrow était censé avoir été assassiné par le criminel Sirius Black. Le chef des Aurors Rufus Scrimgeour a indiqué que de "nouveaux éléments avaient conduit à rouvrir l'enquête Black". L'apparition de Peter Pettigrow sème en effet le doute sur la culpabilité de Sirius Black.

Le chef des Aurors a également fait savoir que Sirius Black, membre de la grande famille Black, avait été emprisonné douze ans sans bénéficier d'un procès ! Ces révélations mettent en cause la gestion des affaires de l'après-guerre par le Directeur de la Justice Magique de l'époque, Mr Barty Croupton, et par le chef du Magenmagot, Albus Dumbledore, toujours en poste.

Le mandat d'arrêt à l'encontre de Sirius Black a été levé, mais le Ministre de la Magie a indiqué que les Détraqueurs protègeraient Poudlard jusqu'à ce que Sirius Black soit déclaré innocent.

Pour le moment, Sirius Black ne s'est pas présenté dans les locaux des Aurors pour se faire entendre.

Le procès sera fixé dès que possible.

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Harry sourit largement. La phase quatre de l'opération Gruyère était en marche.

Il croisa le regard de Remus qui était à la table des professeurs et qui lui lança un clin d'œil imperceptible.

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Sirius arriva dans le cabinet de l'avocat de son père dans un tourbillon de flammes vertes avec appréhension. Il fit une entrée impeccable et remercia intérieurement sa mère pour tous les cours de cheminette qu'elle lui avait imposés pour que son arrivée soit "digne d'un Black".

Il lança un petit sourire à la secrétaire qui le regardait stupéfaite. Il ne savait si c'était parce que son entrée était parfaite, à cause de son charisme ravageur ou si c'était parce qu'il était Sirius Black. Un homme qui, il y a quelques jours, était recherché et menacé du Baiser du Détraqueur.

– Mr Black, dit-elle finalement après une hésitation. Maître Maxwell va vous recevoir. Une tasse de thé ? Café ? Gâteau ?

– Non merci... Miss... ?

– Appelez-moi Amy, répondit-elle en souriant à son tour en rosissant légèrement.

Sirius, malgré la prison, restait toujours aussi beau. Si les traces d'Azkaban étaient toujours là, il avait repris du poids et il se sentait en meilleure forme grâce aux potions de Mihai. Ses séances de psychomagie l'avaient beaucoup aidé à se sentir mieux dans sa tête et son sourire n'était pas feint. Il ne serait plus jamais le même, mais il avait retrouvé tout son charme d'avant Azkaban. Son père lui avait toujours appris à se montrer impassible. Mais il avait remarqué dès son plus jeune âge qu'il pouvait obtenir tout ce qu'il voulait rien qu'en souriant. Et il ne s'en était jamais privé pour arriver à ses fins.

– Vous pouvez me certifier qu'aucun Auror ne sera présent ? demanda Sirius un peu anxieux.

Amy eut un mouvement de recul et semblait scandalisée à l'idée qu'elle puisse prévenir les Aurors.

– Nous garantissons la sécurité de tous nos clients. Personne ne saura que vous êtes passé chez nous.

– Je ne voulais pas vous offenser. Comme vous le savez, j'ai été recherché pendant...

– Le mandat d'arrêt a été levé, vous pouvez donc vous promener dans le monde sorcier sans problème, assura Amy d'une voix professionnelle.

Sirius se sentit très soulagé en l'apprenant.

– Maître Maxwell vous informera sans doute de cela, mais les moldus ont également passé une annonce indiquant l'arrêt des recherches et une possible innocence. Toutefois, nous ne pouvons que vous conseiller de faire profil bas jusqu'à votre procès. Les Détraqueurs sont toujours à votre recherche.

Sirius grimaça. Un Détraqueur n'abandonnait pas comme ça sa proie.

– J'ai lu qu'ils étaient toujours à Poudlard.

Amy pinça ses lèvres en hochant la tête.

– C'est un scandale, souffla-t-elle.

– Vous travaillez pour Maxwell depuis longtemps ?

– Cela fait quatre ans, depuis ma sortie de Poudlard. J'étais à Serdaigle, expliqua-t-elle en montrant d'un signe de main une tasse sur lequel était gravé le blason de sa maison. Maître Maxwell est le meilleur.

– Merci Amy, dit une voix grave derrière eux.

Sirius se retourna pour dévisager son avocat. Alan Maxwell semblait être un sacré personnage. Il était plutôt petit et tassé, et pourtant il en imposait. Il portait une robe de sorcier qui laissait entrapercevoir une tenue moldue parfaitement adaptée. Il avait un bouc noir, des cheveux en brosse et un regard assez dur, acéré qui ne laissait rien passer. Après avoir inspecté Sirius, il lui lança un léger sourire et tendit sa main.

– Mr Black, quel plaisir de vous rencontrer.

– De même.

– Suivez-moi. Amy, pourrez-vous me faire le rapport pour l'affaire Dikson ? demanda l'avocat en tendant un gros dossier à la secrétaire.

– Évidemment ! dit-elle en attrapant le dossier avec impatience.

– Je la forme pour qu'elle puisse devenir avocate à mes côtés, expliqua Maxwell alors qu'ils entraient dans son bureau.

– Oh. Ça doit être intéressant comme boulot, grimaça Sirius qui n'y connaissait rien en droit magique.

– C'est un métier terrible, avoua Maxwell sans cesser de détailler Sirius. Beaucoup d'injustices à réparer.

– En effet.

– Ça reste passionnant. Les affaires ne sont jamais les mêmes. Les avocats sont essentiels pour notre système judiciaire.

– Je n'en ai jamais eu, rappela Sirius.

– C'est ce que j'ai cru comprendre.

Sirius contracta sa mâchoire un instant. Il sentait son cœur battre à l'idée que quelqu'un allait l'écouter. À part Harry, il n'avait raconté son histoire à personne. Il n'avait confiance en personne, mais le nom de Maxwell était dans les affaires de son père et il était sûr que son père s'était entouré des meilleurs pour gérer la famille Black.

– Mon père m'a laissé votre nom.

– C'était un ami. J'ai été attristé d'apprendre son décès.

– Je l'ai appris en m'échappant d'Azkaban, grinça Sirius. Je savais qu'il était très malade, mais bon... Personne n'a pensé à m'inviter pour l'enterrement.

La mâchoire de Maxwell se contracta comme s'il hésitait à rigoler ou non.

– Je peux vous faire confiance ?

– Nous garantissons une confidentialité totale à nos clients, assura Maxwell. Les avocats font un serment magique de respecter le secret des entretiens. Sauf s'il s'agit d'un crime grave qui pourrait mettre en danger d'autres personnes. Et d'autres exceptions plutôt complexes.

– Je ne veux pas retourner à Azkaban, lâcha Sirius en un souffle.

C'était la seule chose qu'il voulait. Être sûr qu'il ne retournerait pas à Azkaban. Être sûr qu'il pourrait avoir la garde de Harry.

– Racontez-moi tout. Sans rien omettre.

Sirius eut l'impression de parler pendant des heures. Il lui parla de Poudlard et de sa transformation en Animagus. De ce qu'il avait fait après Poudlard. De ses recherches, de son travail. De Lily et James. De la guerre. Des batailles, de l'Ordre du Phénix, du traître, du Gardien du Secret. De la nuit où tout avait basculé. D'Azkaban. De son évasion et de Harry. Beaucoup de Harry. De leur plan pour retrouver Peter. De l'arrestation de Peter.

À la fin, il accepta avec joie un grand verre d'eau. Maxwell semblait à la fois impressionné et très inquiet à l'idée de tout ce qu'il avait pu vivre.

– Si tout ce que vous dites est vrai... Il s'agit de la pire injustice que notre système judiciaire ait connue.

– Vous ne me croyez pas ?

Maxwell hésita un instant.

– Je n'ai pas pour habitude de demander à mes clients s'ils sont innocents ou non. Au début de ma carrière je le faisais. Puis, j'ai compris que, souvent, les gens mentent. Maintenant, je les défends simplement.

– Ce n'est pas très moral, grimaça Sirius.

– Je ne suis pas là pour être moral. Je suis là pour m'assurer que chaque accusé puisse faire valoir son point de vue et soit respecté. Qu'il ait un procès équitable. Vous, vous n'avez rien eu de tout cela.

– Je suis vraiment innocent ! plaida Sirius.

– Ce n'est pas moi qu'il faut convaincre. Mais vous avez pointé des éléments intéressants.

– Le Chef des Aurors pense que je suis innocent.

Sirius lui tendit la lettre que Harry lui avait faite passer.

– Oh... dit Alan très impressionné. C'est plutôt positif. Vous m'autoriseriez à passer au Bureau des Aurors pour discuter de l'affaire ?

– Faites tout ce que vous voulez, du moment que je suis déclaré innocent.

Alan hocha la tête. Il devait avouer que cette histoire allait sans doute être l'apogée de sa carrière, déjà florissante. Il avait un gros succès dans le monde magique et était très respecté. Quand Alan avait lu dans la presse qu'ils avaient retrouvé Pettigrow, il avait été intrigué car cela posait en effet des doutes sur la culpabilité de Black.

Mais il l'avait été encore plus en recevant une lettre de Sirius Black lui demandant d'assurer sa défense. Il avait accepté parce qu'il connaissait bien Orion Black, le père de Sirius. Mais savoir qu'il y avait une chance pour qu'il soit réellement innocent et qu'il révèle un dysfonctionnement majeur du système judiciaire... Oui, ça allait être plus amusant que prévu.

– Je veux être innocenté, répéta Sirius, mais surtout je veux la garde de Harry.

– Harry Potter ?

– Oui. Je veux la garde totale. Je veux qu'il soit retiré de ses moldus. Dumbledore l'a placé là-bas, mais je pense qu'il a été maltraité.

À ce moment, le cœur de Alan palpita. Comme quand il savait qu'il allait avoir une affaire extraordinaire, une affaire qui prenait aux tripes, une affaire à retentissement médiatique, une bonne affaire. Sirius Black s'avérait encore plus intéressant que prévu.

– Pouvez-vous...

Alan fut interrompu par l'arrivée d'une chouette dans le bureau, qui était passée par la fenêtre ouverte.

– Hedwige ? fit Sirius interloqué.

Hedwige hulula en se posant sur la table d'un air fier. Elle tendit la patte et Sirius prit le paquet qui y était accroché.

– Elle est très belle, remarqua Alan qui ne semblait pas dérangé par l'arrivée impromptue de l'oiseau.

Hedwige se redressa d'un air suffisant.

– C'est la chouette de Harry, dit Sirius en souriant. Elle lui est très dévouée.

Le cœur de Sirius tambourina quand il ouvrit le petit paquet.

Sirius était toujours content quand il recevait quelque chose de son filleul. Les lettres étaient toujours très détaillées. Mais les paquets... Cela faisait longtemps que Sirius n'en avait pas reçu un. Il était enveloppé avec soin et Sirius en fut intrigué.

Quand il l'ouvrit, il tomba sur un joli carnet en cuir de dragon. Sur le dessus étaient gravées les armoiries de la famille Black ; une grande lettre B dorée sur laquelle s'entrelaçaient deux serpents. Le carnet était pourpre : la couleur des Black.

Sirius sourit avec plaisir en voyant le magnifique cadeau que son filleul lui faisait.

Il prit la petite lettre qui accompagnait le présent.

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Cher Sirius,

Joyeux anniversaire !

Tu te demandes sans doute comment j'ai pu savoir que c'était ton anniversaire ? C'est ta mère qui me l'a dit quand je suis venu chez toi.

Le carnet que tu as entre les mains est un carnet magique. Ça te permet d'écrire ce que tu veux dedans. Personne ne peut le lire sans ton autorisation. Si quelqu'un n'est pas autorisé, il reçoit un sortilège de ton choix (je t'ai laissé la possibilité de le choisir, vous avez un don dans la famille Black pour protéger vos affaires).

Il y a un mode d'emploi à l'intérieur. Tu peux autoriser les personnes que tu souhaites, pour certains contenus, que tu peux organiser par catégories. Je me suis dit que c'était plus simple de rassembler tout sur les objets là-dedans, plutôt que tous les parchemins que tu vas finir par perdre. En fait, j'ai repris l'idée de Regulus, sans avoir besoin d'un code compliqué.

Harry James Potter

Toujours Décoiffés (je te la laisse pour cette fois... mais juste parce que c'est ton anniversaire !)

PS1 : un million de fois oui pour Noël et Pré-au-Lard ! Tu me manques aussi.

PS2 : j'ai un super nom de code pour les objets : l'opération Puzzle.

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Sirius sourit largement en comprenant la dernière phrase. Puzzle était parfait. Parce que ça faisait référence au nom réel de Voldemort, "JEUdusor". Mais surtout, le but de l'opération était de réunir chaque morceau, de l'histoire et de l'âme de Voldemort, comme un puzzle. C'était parfait. Digne d'un Maraudeur.

– Désolé pour ça, dit Sirius en regardant Hedwige repartir dans un battement d'ailes.

– Aucun problème. Maintenant, racontez-moi tout ce que vous savez sur Harry.

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