PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

N/A : Merci à tous pour l'accueil que vous faites à cette histoire. Je suis très touchée. J'espère que cette suite vous plaira ! Le chapitre est un peu plus long que d'habitude, mais je ne me voyais pas couper en plein milieu. Bonne lecture !


Partie 2. Chapitre 9.

"Patronus"

Alan Maxwell avait de grands principes qui lui permettaient d'être excellent et de faire son travail de la meilleure façon qui soit. Il se concentrait uniquement sur le dossier qu'il avait devant lui. Il s'assurait que chacun de ses clients ait la meilleure défense possible et un procès équitable. Et c'était tout. Pas d'affect, pas de sentiments. Il se concentrait sur le dossier, les preuves, les droits de la défense. Et il donnait tout ce qu'il pouvait. Il se droguait à l'adrénaline que lui procurait un procès, à la plaidoirie finale qui le mettait en transe et au verdict. Rien de plus. Tout ce qui comptait, à la fin, c'étaient la victoire et les Gallions qu'il empocherait.

Il se fichait bien de savoir si son client était coupable ou innocent. Il ne vivait que pour son dossier, que pour les preuves qu'il contenait. Parce qu'il avait compris, avec l'expérience, qu'un client pouvait mentir. Et Alan ne voulait plus découvrir devant le Magenmagot que son client était bel et bien coupable alors qu'il avait désespérément cru à son innocence. Il ne voulait plus ressentir l'impuissance, observant son client avouer tous ses crimes alors qu'il venait de plaider l'acquittement.

Mais surtout, il ne voulait pas savoir si son client était réellement innocent. Parce que, s'il l'était et qu'il ne parvenait pas à lui éviter la condamnation, il ne voulait pas se sentir responsable. Les sentiments et l'attachement qu'il pouvait avoir envers un client pouvaient mener à sa perte. Et Alan ne le voulait pas. Alors il s'était blindé. Il était devenu le meilleur, regardant certains de ses confrères tout abandonner à cause de la culpabilité.

Jamais il n'avait dérogé à ses grands principes. Il n'avait jamais cru désespérément à l'innocence d'un client. Il se laissait toujours une marge de manœuvre, au cas-où, pour être sûr de ne pas se sentir coupable si la personne était condamnée ou si elle avouait ses crimes.

Jamais... Jusqu'à ce qu'il rencontre Sirius Black.

– Mr Maxwell ? dit Amy en déposant la théière sur son bureau. Je vous apporte l'édition spéciale qui est arrivée ce matin.

– Parfait, dit sournoisement Maxwell. Vous l'avez lue ?

– Bien sûr, dit-elle sur le ton de l'évidence.

– Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

– Que c'est du grand Maxwell, dit-elle très amusée. L'opinion va sans doute se tourner du côté de Black après ça.

Alan regarda l'édition spéciale de la Gazette du Sorcier avec un petit sourire satisfait.

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ÉDITION SPÉCIALE - SIRIUS BLACK

"Un innocent emprisonné à tort pendant douze ans" : entretien exclusif avec l'avocat de Sirius Black.

Sirius Black. Ce nom parle forcément à tous nos lecteurs. Condamné à la perpétuité pour avoir assassiné treize personnes en lançant un seul sort, Sirius Black est également le seul à s'être échappé de la prison de haute sécurité Azkaban.

Le monde sorcier s'accorde à dire qu'il n'existe pas de pire criminel que Black...

Pourtant, il a été porté à notre attention (et à notre plus grand effroi) que Sirius Black, issu d'une des familles les plus riches de l'Angleterre, n'avait jamais eu de procès !

Malgré les crimes dont Sirius Black a été accusé, l'absence de procès est un scandale pour notre communauté. Chaque sorcière et sorcier a en effet le droit de faire valoir sa défense, d'avoir la possibilité d'expliquer ses actes, d'avoir un procès équitable, mais surtout d'être présenté à un tribunal. Sans cela, notre justice ressemblerait à celle des trolls.

Si personne ne doutait de la culpabilité de Sirius Black, cette conviction a été remise en question le 1er novembre dernier, soit douze ans jour pour jour après l'arrestation du prétendu criminel.

En effet, le Chef des Aurors, Rufus Scrimgeour, a annoncé, au cours d'une conférence de presse, avoir procédé à l'arrestation de Peter Pettigrow (prétendument assassiné par Sirius Black). Il a indiqué avoir réouvert le "dossier Black" en raison d'éléments "faisant douter de la culpabilité de M. Black". Il a, de surcroît, levé le mandat de dépôt à l'encontre de Sirius Black, qui est considéré comme innocent et libre jusqu'à ce qu'il soit présenté devant le tribunal criminel.

L'avocat de Sirius Black, Maître Alan Maxwell, nous a accordé un entretien exclusif pour nous parler de l'affaire Black en toute transparence. Ce qu'il nous a raconté dépasse l'entendement, nous parlant d'un "coup monté" et de la "plus grosse erreur judiciaire que le monde magique ait connue".

Toutes les informations sont à retrouver dans cette édition spéciale !

Interview exclusive : l'avocat de Sirius Black parle de ce qu'il s'est vraiment passé le 31 octobre et 1er novembre 1981 (p. 3)

L'absence de procès : qui est responsable ? (p. 5)

Le procès à venir (p. 7)

Analyse juridique et preuves de l'innocence de Sirius Black (p. 10)

Peut-on se remettre d'un séjour à Azkaban ? (p. 12)

Alan Maxwell : sur la nécessité de réformer notre système judiciaire (p. 20)

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Alan avait dérogé à tous ses principes pour Black. Il avait commencé à croire à son histoire, avant de se fustiger intérieurement pour sa faiblesse. C'était trop gros. Rien de tout ça ne pouvait être vrai. Même si Black semblait vraiment sincère, il ne pouvait pas y croire. Il ne voulait pas penser qu'un homme avait pu être emprisonné à vie, sans procès, et de façon injustifiée.

– Il est innocent, lui avait affirmé Amy.

Mais Alan ne pouvait pas lui faire confiance sur ce point. Amy était trop innocente, elle ne voyait que le bon et ne s'était pas encore rendue compte que les clients pouvaient être la plus grande faiblesse d'un avocat et mentir sans sourciller.

Puis, Alan s'était rendu au Bureau des Aurors. Il avait eu la surprise d'être accueilli par Rufus Scrimgeour et Amelia Bones, ce qui ne lui était jamais arrivé en vingt ans de carrière. Ils lui avaient donné le dossier de l'enquête et lui avaient fait part de toutes les recherches qu'ils avaient effectuées. Ils semblaient si convaincus de l'innocence de Black que Maxwell avait commencé à y croire aussi.

En entrant dans son bureau et en lisant, à la fois le rapport très détaillé rédigé par le Chef des Aurors et le dossier entier, il avait été persuadé à son tour que Black était innocent et qu'il devait absolument l'aider. Ça l'avait tué, littéralement, de constater cette injustice. Il avait longuement hésité à prendre l'affaire, apeuré à l'idée d'y mettre ses tripes, avant de se dire que c'était pour un tel dossier qu'il faisait ce métier. Il devait aider Black. Parce qu'il était innocent, aussi fou que ça puisse paraître.

À la grande surprise d'Amy, il avait passé des heures sur le dossier. Il avait repris toutes les preuves, les avait tournées de toutes les manières possibles, avait rédigé de longs rapports sur le procès à venir, avait recueilli des témoignages sur l'enfance et l'adolescence de son client, sur ses relations avec les Potter et avait pris plusieurs rendez-vous avec Black pour discuter de l'affaire. Le fait qu'il le croit réellement innocent lui avait ajouté un stress supplémentaire et Amy avait été obligée de courir chez un potionniste pour lui ramener un philtre de paix.

Il avait demandé à Black de venir plusieurs fois avant le procès pour qu'ils puissent s'entraîner à toutes les éventualités, répéter son témoignage et se préparer aux questions que pourrait lui poser l'avocat de Pettigrow. Alan lui posait des questions pièges, le poussait à bout, reprenant chaque preuve, chaque déclaration, chaque moment de la vie de Black pour que rien ne puisse lui échapper. Il fallait que Black soit prêt. Il fallait qu'il soit innocenté.

Amy était sous le charme et se plaisait à observer leurs joutes oratoires. Maxwell devait avouer que, pour quelqu'un ayant passé douze ans à Azkaban, Sirius Black était encore bel homme. Il avait un regard qui se perdait parfois dans le vide, voilé par la peur, mais il était beau, charmant et amusant. Alan ne s'en faisait pas pour ça.

Ce qui l'inquiétait plus, c'était le fait que Black était très impulsif. Il devait l'entraîner à garder son calme, parce que c'était ce qui pouvait faire basculer un procès. La presse serait présente et Black devait présenter une image parfaite. Il devait montrer qu'il était une victime dans l'histoire. Il devait être charmant, séduire l'opinion et rester calme, même quand il verrait Pettigrow.

Pour assurer leurs arrières, Maxwell avait prévenu la presse. Il avait contacté le directeur de la Gazette et un journaliste spécialisé dans les affaires criminelles. Il leur avait apporté des preuves non classées, avait parlé de la version des faits de Black et ils avaient été si choqués par l'histoire (et appâtés à l'idée d'un scoop) que le rédacteur en chef avait décidé d'en faire une édition spéciale.

– Sirius a passé un coup de cheminette. Il vous remercie. Il dit que c'est parfait.

Alan sourit largement. L'édition spéciale était excellente. Les articles étaient clairs et accessibles à tous. Ils posaient des bases, expliquaient et, surtout, jetaient le doute sur la culpabilité de Sirius. C'était tout ce qu'il fallait.

Alan savait qu'il avait de grandes chances de gagner le procès, ce qui le soulageait mais, en même temps, le rendait très fébrile par peur que quelque chose tourne mal.

Si Black voulait simplement être déclaré innocent, Maxwell voulait surtout s'assurer qu'il puisse retrouver un semblant de vie normale et continuer les affaires de sa famille. Alan savait que les Black avaient de nombreux investissements que Sirius allait sans doute reprendre. Et pour cela il lui fallait des soutiens. Un acquittement au Magenmagot n'était pas toujours compris du public qui n'y voyait qu'un criminel remis en liberté. Alors, s'assurer en amont que la communauté sorcière soutienne Black, avant même le procès, était du grand génie. Du génie Maxwell.

– J'ai croisé une de mes voisines de palier, dit Amy, elle semble convaincue qu'il a été emprisonné à tort.

– Il va falloir continuer comme ça jusqu'en mars. Il faut faire pleurer dans les cheminettes sur l'injustice qu'il a subie. On va mettre le paquet. Comment a-t-il tenu en sachant qu'il était innocent? Et surtout, il faut qu'ils parlent du fait qu'il s'est échappé pour protéger son filleul de Pettigrow, dit-il, mû par une soudaine illumination. Il faut le faire passer pour une victime. Comme quelque chose qui aurait pu arriver à n'importe qui.

– Le journaliste m'a contacté, il m'a dit que la Gazette était en rupture de stock. Il semble avoir gardé des cartouches et va faire des articles réguliers jusqu'au procès.

– Parfait. Je vais lui suggérer des idées.

– Le procès n'est qu'en mars. C'est très tard. Pour quelqu'un ayant passé douze ans à Azkaban sans procès, j'entends, dit Amy en grimaçant.

– Ça va jouer en notre faveur, assura Maxwell en souriant machiavéliquement. On va l'utiliser pour montrer à quel point le système judiciaire n'est pas adapté.

– C'est si injuste... souffla Amy.

– La vie est injuste, Amy. Plus vite vous le comprendrez...

– Oui je sais, plus vite je pourrai faire mon travail.

– Plus vite vous pourrez vous détacher de vos affaires, corrigea Alan amusé de voir Amy lever les yeux au ciel. Ce métier vous broie si vous n'y faites pas attention. J'en ai vu plus d'un se retirer de ce métier à cause de la culpabilité de ne pas avoir sauvé un client. Je ne veux pas que ça vous arrive.

– Je sais, Mr Maxwell.

– Bien, vous pourriez me trouver tout ce que vous pouvez sur la façon de retirer une tutelle ? Des procès qui auraient eu lieu, de la jurisprudence, des articles... je ne sais pas... Tout ce que vous pouvez trouver qui puisse nous aider.

– C'est comme si c'était fait, patron, affirma-t-elle en se précipitant vers son bureau pour procéder aux recherches demandées.

Si Alan était persuadé de pouvoir, d'une part, faire innocenter Black et, d'autre part, lui rendre sa puissance économique d'antan, sa volonté d'obtenir la garde de Harry Potter était problématique.

Alan connaissait évidemment les exploits du jeune Harry Potter, le garçon-qui-a-survécu. Mais tout ce que lui avait raconté Black à son sujet l'avait vraiment intrigué. Il n'y avait pas forcément cru au départ. Mais plus il passait de temps avec Black et plus il commençait à y croire, parce que tout ce qu'il disait semblait si sincère. Cet homme lui faisait décidément mettre de côté tous ses principes et ça ne lui plaisait pas.

À sa grande surprise, il avait reçu une lettre très longue de Harry le remerciant de prendre en charge la défense de Sirius et lui demandant s'il était possible que Black devienne son tuteur légal. Il avait parlé des Moldus qui le détestaient, du testament qui n'avait jamais été ouvert et de tout ce que Sirius avait fait pour lui. Alan ne pouvait pas dire qu'il avait été ému, mais plutôt intrigué. Qu'est-ce qui avait pu pousser ce garçon à vouloir qu'un ancien criminel s'occupe de lui ?

En attendant de pouvoir rencontrer Harry, Alan avait décidé de faire des recherches. Changer de tuteur légal n'était pas courant dans le monde magique. D'autant plus quand il s'agissait du célèbre Harry Potter. Il ne savait pas encore comment il allait s'y prendre. Tout ce qu'il savait c'était que l'un des moyens d'y parvenir restait la presse.

Sirius avait accepté de livrer un témoignage exclusif après le procès, mais avait tenu à choisir le journal. Alan avait compris que la Gazette était hors-jeu, étant à la solde du Ministère. Alan avait simplement insisté pour être présent lors de l'interview et pour que Sirius parle de sa relation avec Harry dans son témoignage. Il fallait engager leur première pierre.

Mais Alan restait inquiet. Il allait dans l'inconnu et craignait que ça ne marche pas. Avoir l'opinion publique était une chose, convaincre des juges de retirer la garde d'un enfant pour la donner à Black en était une autre.

Enfin, quand Sirius lui avait dit que Dumbledore pourrait poser problème, Alan avait grimacé. Parce que Dumbledore était puissant et allait être difficile à contourner. Il devait se préparer et jouer finement. Mais, après tout, il n'avait pas été élu meilleur avocat de l'année par Dalloz Magazine à dix reprises pour rien.

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– Tu es toujours d'accord pour que je vienne ? s'enquit Sirius.

Évidemment ! dit Harry à travers le Miroir. On se retrouve à Pré-au-Lard ?

– Oui. Je ne pense pas avoir assez de forces pour transplaner et Mihai me l'a déconseillé donc je vais demander à Kreattur.

Je suis content de te voir.

– Moi aussi, affirma Sirius.

Je peux amener Hermione ? Elle veut venir avec moi, dit Harry d'un air gêné.

– Bien sûr ! dit Sirius, un grand sourire étirant son visage. Je dirais même que c'est obligatoire. Je veux absolument la rencontrer.

Tu ne diras rien de stupide ? soupira Harry en voyant l'air malicieux de son parrain.

– Je suis un ange, tu me connais.

Oui, c'est justement parce que je te connais que je dis ça.

– Je ne vais pas t'embarrasser, promis ! Et puis, je serai sous la forme de Patmol, je pourrais juste aboyer.

Ok. À samedi alors !

– À samedi, Harry. Fais attention.

Oui, je fais attention.

– Je ne te crois plus. Essaie juste de ne pas te faire tuer.

Sirius soupira en raccrochant le Miroir. Il avait tellement hâte de revoir son filleul. Ça ne faisait que trois mois et demi qu'ils étaient séparés, mais il avait l'impression que ça faisait des années. Il avait attendu douze ans avant de le revoir et, à présent, il ne pouvait même pas passer une journée avec lui sous sa forme humaine. Il en était encore réduit à se cacher, par crainte de voir son âme aspirée. Parce qu'il savait que, si les Détraqueurs le trouvaient, ils lui donneraient le Baiser sans même s'intéresser au fait que le mandat d'arrêt avait été levé contre lui. Il trouvait ça terriblement injuste.

Quand Harry lui avait raconté que le directeur avait refusé qu'il vienne chez lui pour les vacances de Noël, il avait été dans un tel état de rage qu'il avait cassé des tas d'objets dans la maison et avait frappé dans le sac de frappe laissé par Harry de toutes ses forces, en imaginant que c'était la tête de Dumbledore. Jamais il n'avait haï autant quelqu'un que Dumbledore.

Même sa mère avait été horrifiée quand il lui en avait parlé et avait insulté le directeur dans toutes les langues qu'elle connaissait (et Walburga en connaissait un nombre conséquent). Sirius était content de voir que sa mère le soutenait sur ce point, malgré tous les différends qu'ils avaient pu avoir.

Malgré tout, il pouvait comprendre les craintes de Dumbledore : il ne semblait pas être le mieux placé pour s'occuper de Harry. Il avait passé douze ans à Azkaban et tout le monde savait à quel point la prison rendait les détenus fous à lier, surtout quand ils étaient enfermés dans le quartier de haute sécurité, deux Détraqueurs postés de part et d'autre de la cellule.

Mais Sirius restait le parrain de Harry, celui qui aurait dû avoir sa garde. James et Lily voulaient qu'il s'occupe de Harry. Mais, ça, personne ne pouvait le savoir, puisque le testament des Potter n'avait jamais été ouvert. Sirius se demandait souvent ce que ça aurait pu changer s'il l'avait été.

Maxwell lui avait dit que récupérer la garde de Harry allait être compliqué. Lui qui avait espéré qu'une fois Pettigrow attrapé, tout irait bien, il s'était fourvoyé. Il avait l'impression qu'une montagne se dressait devant lui. Il se sentait fatigué, épuisé devant tous les combats qu'il avait encore à mener. Il avait peur que Harry retourne chez ses moldus. Il craignait Dumbledore car, qui était-il face au Grand Albus Dumbledore ?

Ce qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi Dumbledore voulait à tout prix que Harry retourne dans sa famille qui le maltraitait, protections de Lily ou non. Dumbledore n'avait-il vraiment rien vu ? Pensait-il vraiment qu'il valait mieux que les Dursley aient la garde d'Harry plutôt que lui ? Et, par Merlin, pourquoi un directeur d'école s'impliquait autant dans la vie d'un de ses élèves ?

Il n'arrêtait pas de penser que, peut-être, Dumbledore faisait ça pour que Harry reste sous sa coupe, pour qu'il puisse l'utiliser pour la guerre qui se préparait, sachant que jamais Sirius n'accepterait que Harry soit entraîné dans une guerre qui le dépasse.

Mais il restait fou de rage à l'idée que Dumbledore ne lui ait jamais accordé de procès. Après toutes les batailles qu'il avait menées pour lui, après l'avoir défendu bec et ongle pendant des années, après tout ce qu'il avait fait pour l'Ordre…

Il pouvait comprendre que Dumbledore l'ait pensé coupable, mais cela n'expliquait pas pourquoi il l'avait simplement abandonné à Azkaban, sans lui demander d'explications, sans lui permettre de s'expliquer. Il avait simplement fait comme s'il n'existait pas et c'était ce qui faisait le plus mal : avoir été oublié par un homme qu'il avait tant estimé.

Sirius se sentait si impuissant. Il avait fait partie de l'Ordre dès sa sortie de Poudlard. Il lui avait donné sa vie, sa liberté, ses ressources, ses connaissances en magie noire. Tout. Il avait tant admiré Dumbledore, et pour quoi au final ? Pour rien. Dumbledore ne lui avait rien donné en retour. Il l'avait utilisé, avant de le laisser tomber. Il n'avait vu en Sirius qu'un moyen d'arriver à ses fins.

Et aujourd'hui, malgré le fait qu'il n'ait pas eu de procès la première fois, Dumbledore faisait traîner les choses en longueur. Si Harry pensait que c'était le Chef des Aurors qui en était responsable, Sirius savait que ce n'était pas le cas. Le Président du Magenmagot avait des pouvoirs non négligeables et pouvait faire accélérer les choses, s'il le souhaitait. Et c'était ça le problème ; Dumbledore ne voulait pas avancer son procès.

Au départ, il n'avait pas compris pourquoi. Puis, la conversation avec Harry avait pris sens. Dumbledore ne voulait pas qu'il soit innocenté avant Noël, parce qu'il ne voulait pas que Harry passe ses vacances avec lui. La seule chose qu'ignorait Sirius, c'était de savoir si Dumbledore était vraiment attaché à Harry et voulait le protéger - ce qu'il pouvait comprendre - ou si cela faisait partie d'un de ses grands plans.

Mais Sirius était un Black. Et jamais un Black ne baissait les yeux, Dumbledore ou non. Il allait l'affronter, il allait se battre pour Harry et il allait gagner. Pour son filleul.

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La sortie à Pré-au-Lard qui avait lieu une semaine avant les vacances de Noël attira beaucoup d'élèves qui voulaient acheter leurs derniers cadeaux et profiter du village recouvert d'une fine pellicule de neige.

Harry était sans doute le plus excité de tous les élèves. C'était la première fois qu'il pouvait se rendre au village et Sirius allait l'y rejoindre. Hermione avait tenté de le contenir, alors qu'il l'avait littéralement kidnappée pour qu'ils soient les premiers à partir. Ron les y rejoindrait avec Seamus, Dean et Neville, en fin de matinée, après leur grasse matinée habituelle du samedi. Le professeur McGonagall sembla très amusée en voyant Harry tirer Hermione par la main pour l'entraîner vers le village.

– Il nous rejoint à quelle heure ? demanda Hermione sur le chemin.

– Il sera là quand on arrivera, affirma Harry.

– Il est huit heures, remarqua-t-elle étonnée. Il ne fait pas la grasse matinée ?

– Il sera là, répéta Harry.

Il était sûr que son parrain les attendait de pied ferme. Ou, plutôt, de patte ferme. Ils étaient aussi impatients l'un que l'autre de se revoir.

– Ça ne va pas être dangereux pour lui ? s'inquiéta Hermione. Le mandat d'arrêt est levé, mais beaucoup de personnes le croient encore coupable...

– Non, on a un plan, expliqua Harry qui n'avait pas encore pris le temps d'expliquer à Hermione que son parrain était un Animagus. Quel est le programme ?

– Tu dois absolument voir Honeydukes, affirma Hermione, les yeux brillants. Je dois aussi passer au magasin de plumes, j'ai cassé l'une des miennes. Et il faut que je trouve un cadeau pour mes parents.

– On doit aller à la Cabane Hurlante, aussi, dit Harry qui semblait excité à l'idée de voir l'endroit où Remus se transformait.

– Pourquoi la Cabane Hurlante ? s'étonna Hermione.

– Eh bien... Tu m'en as parlé... ça avait l'air effrayant... Percy m'a dit que c'était un passage obligé, grimaça Harry en regardant le paysage au loin.

Hermione le regarda fixement sans détourner le regard.

– Harry... dit-elle d'une voix menaçante.

– Ok, je vais tout te raconter ! souffla Harry qui ne pouvait pas résister quand Hermione le regardait comme ça. Mais tu ne dois en parler à personne.

– Promis, assura Hermione.

– C'est vraiment un secret absolu, insista Harry inquiet à l'idée que ça soit révélé.

– Tu me prends pour qui ? dit Hermione en levant les yeux au ciel.

– Le professeur Lupin est un loup-garou.

Il s'attendait à ce qu'elle sursaute, qu'elle fronce les sourcils ou même qu'elle s'exclame de stupeur... Mais Hermione se contenta d'un sourire supérieur dont elle avait le secret. Celui qui montrait qu'elle savait mieux que tout le monde et qui agaçait prodigieusement Harry.

– Tu le savais ? devina Harry en levant les yeux au ciel. Bien sûr que tu le savais... Comment ?

– Le cours du professeur Rogue.

– Je suis sûr qu'il l'a fait exprès. Il déteste le professeur Lupin.

– C'est sûr qu'il l'a fait dans ce but. Mais c'est toi qui m'a mis sur la piste, dit-elle amusée en voyant Harry écarquiller les yeux. J'ai été étonnée que tu t'intéresses aux loups-garous et que tu les défendes aussi... vaillamment. Donc j'ai fait des recherches. J'ai vu que les absences du professeur Lupin correspondaient aux jours de pleine lune. Et je me suis souvenue que son épouvantard avait pris la forme d'une lune. Je n'étais pas sûre et j'attendais quelques mois pour confirmer mon idée. Mais ce n'était pas compliqué.

– Ok, tu es bien la plus intelligente de notre année.

– Arrête, rougit Hermione. Et donc, la Cabane ?

– C'est là où il se transformait pendant sa scolarité. Mon père et Sirius se sont transformés en Animagi pour passer les pleines lunes avec lui.

– C'est un acte de magie très avancé ! souffla Hermione, les yeux écarquillés. Ils auraient pu mourir !

– Je sais.

– Oh... comprit Hermione en souriant. Il va nous retrouver sous sa forme d'Animagus ?

– Oui.

– Quand est-ce que tu comptais me le dire ?

– Euh... devant le fait accompli ? dit Harry en rougissant légèrement.

Hermione leva les yeux au ciel, d'un air de dire "les garçons", avant de le bombarder de questions.

Quand ils arrivèrent dans le village, Harry écarquilla les yeux devant la beauté des lieux. Mais son regard fût rapidement attiré par un immense chien noir qui courut presque vers eux en aboyant.

– Patmol, sourit Harry qui se sentait étrangement ému à l'idée de voir son parrain.

Il lui caressa la tête et sentit son cœur se serrer. Sirius lui avait tant manqué. Il était là. Il était avec lui. Il n'était plus seul.

– Patmol, voici mon amie Hermione.

– Bonjour, dit Hermione d'une voix douce, bien qu'impressionnée par l'aspect du chien et sachant qui il était en réalité.

Sirius s'approcha de la petite sorcière et lui lécha la main en aboyant gaiement. Sirius avait imaginé Hermione comme Lily, sans pouvoir s'en empêcher. Il fut surpris de découvrir une petite brune, mais satisfait de voir qu'elle couvait Harry d'un regard protecteur et semblait plutôt à l'aise à l'idée de passer la journée avec un ancien criminel sous sa forme canine.

– Tu as pris du poids, remarqua Harry en détaillant Patmol qui aboya en signe de confirmation.

– Allez, dit Hermione d'une voix joyeuse, on a plein de choses à visiter !

Le trio fit le tour de Pré-au-Lard toute la matinée. Sirius était très heureux de prendre l'air avec son filleul. Harry lui avait tant manqué. Il se sentait plutôt libre, même sous sa forme canine. Le fait de pouvoir se balader dans ce village où il avait tant de souvenirs le rendait à la fois nostalgique et très heureux. Il se souvenait de toutes ses sorties avec les Maraudeurs, des rendez-vous qu'il avait eus aux Trois-Balais, des fois où ils sortaient en douce, de leurs transformations dans la Cabane Hurlante...

– On peut s'installer aux Trois Balais ? proposa Hermione quand l'heure du déjeuner arriva. Mrs Rosmerta fait des tartes à la citrouille succulentes.

Sirius aboya en signe d'assentiment. Harry accepta. Ils avaient fait tout le tour du village et il avait les pieds en compote. Ils avaient dévalisé Honeydukes. Hermione avait trouvé des cadeaux pour ses parents et Harry avait pu glisser à Sirius une montagne de Fondants du Chaudron, qu'il savait être ses sucreries préférées. Kreattur le nourrissait parfaitement bien, mais rien ne valait quelques douceurs.

Alors qu'ils étaient à quelques mètres de l'entrée du bar, Sirius se mit à japper. Ce n'était plus un aboiement heureux, mais plutôt anxieux. Harry éprouva une sensation de froid sans comprendre tout de suite ce que cela signifiait.

L'aboiement s'interrompit brusquement. Harry constata, à sa plus grande frayeur, que Sirius avait repris sa forme humaine. Il était prostré par terre et se protégeait la tête de ses mains.

– Non... gémit Sirius. Non...

– Sirius !

Harry s'apprêtait à lui porter secours quand il les vit. Les Détraqueurs, au nombre d'une centaine, se déployaient en une masse noire autour de Pré-au-Lard en s'approchant d'eux. Le froid glacial pénétra ses entrailles alors que sa vue s'obscurcissait. De tous les côtés, d'autres Détraqueurs surgissaient et les encerclaient.

– Hermione, pense à un souvenir heureux ! hurla Harry qui leva sa baguette, battant des paupières pour essayer de s'éclaircir la vue, secouant la tête pour faire taire le faible cri qui commençait à s'élever en lui.

Harry ne remarqua pas les élèves qui, presque tous dehors, observaient les Détraqueurs approcher avec effroi. Il ne vit pas certains commencer à pleurer ou à crier. Il ne vit pas Hermione blanchir en voyant la masse sombre s'approcher d'eux. Tout ce à quoi pensait Harry c'était Sirius. À Sirius qui était à côté et qui risquait sa vie. Au fait que, si personne n'intervenait, Sirius allait être tué.

L'image d'Azkaban flotta devant ses yeux un instant... Puis il pensa à ses parents, à Voldemort, aux Dursley, au basilic... les yeux jaunes, terrifiants du basilic. Ginny, étendue sur le sol de la Chambre. Hermione, étendue à sa place. Tom... Voldemort qui attendait patiemment de pouvoir revenir. Le procès... Et si Sirius ne s'en sortait pas ? Et s'il devait se cacher à jamais ? Et s'il devait retourner chez les Dursley ?

Autour d'eux, l'atmosphère s'était figée. Le souffle d'Harry se coupa, l'air qu'il respirait semblant s'être solidifié dans sa poitrine, alors que les Détraqueurs s'approchaient encore.

– Spero... Spero... dit-il d'une voix enrouée.

Une sourde désespérance s'insinua en lui : ils étaient si nombreux... Sirius était toujours considéré comme coupable... ils allaient tous mourir. Combien d'élèves allaient périr aujourd'hui à cause de l'inconscience du Ministère ? Par sa faute ? Parce qu'il avait demandé à Sirius de venir... Tout était de sa faute... Il eut l'impression que son âme avait déjà à moitié quitté son corps... Les Détraqueurs s'approchaient comme s'ils aspiraient l'espace séparant Harry de son désespoir. Au loin, un cri. Le cri de sa mère. Sa baguette tremblait dans sa main et il la baissa, se demandant pourquoi il luttait.

Puis, brusquement, un chat et un aigle argentés s'envolèrent au-dessus de la tête de Harry. Les Détraqueurs reculèrent légèrement à l'approche des créatures. Deux personnes se placèrent aux côtés de Harry. Les professeurs McGonagall et Flitwick avaient leurs baguettes pointés vers le ciel, continuant de faire avancer leurs Patronus qui ralentissaient la progression des Détraqueurs.

– Pensez à quelque chose d'heureux Mr Potter, souffla Flitwick d'une voix douce malgré l'effort qu'il devait fournir.

Filius, qui savait que Harry avait beaucoup progressé avec le professeur Lupin, l'encouragea. Avant d'intervenir avec Minerva, il avait vu Harry faire apparaître une fumée blanche. Il savait qu'il avait juste besoin d'espoir. Filius savait qu'ils pouvaient, avec Minerva, maintenir les Détraqueurs à distance, mais il se dit que permettre à Harry d'en réaliser un en conditions réelles ne pouvait pas lui faire de mal.

– Quelque chose d'heureux ? répéta Harry la voix brisée.

– Quelque chose d'heureux. Allez-y... Le professeur Lupin croit en vous... Vous connaissez la formule, Harry.

– Spero... Spero...

– Oui, c'est cela. Allez-y, dit le professeur d'une voix assurée. Vous allez y arriver.

– Je ne sais pas si... murmura Harry les larmes aux yeux.

Soudain, trois nouveaux Patronus rejoignirent ceux des professeurs. Les Détraqueurs s'éloignèrent de plus en plus, encerclés par les Patronus qui brillaient comme une lueur d'espoir.

Harry avait beaucoup moins froid et son esprit était soudain beaucoup moins embrumé. Les cris de sa mère faiblissaient et il put bientôt regarder autour de lui. Il vit certains de ses camarades, Cedric Diggory à leur tête, baguettes au poing, guidant leurs Patronus qui semblaient beaucoup moins brillants que ceux des professeurs mais avaient le mérite d'aider à repousser les Détraqueurs qui commençaient à se disperser.

– Essayez, Harry. Pensez à un souvenir heureux. Pensez à Sirius, souffla Filius qui était ému en voyant certains de ses élèves pratiquer cet acte de magie très avancé.

Harry secoua sa tête pour se ressaisir, l'esprit beaucoup plus clair. Harry pensa alors à la libération de Sirius. Il pensa au fait qu'il allait pouvoir vivre avec Sirius. Sirius qui s'intéressait à lui et qui le protégeait. Ils allaient être une famille, être heureux. Il pensa à toutes les conversations qu'ils avaient eues, le mois délicieux qu'ils avaient passé ensemble. Les rires, la joie. Les entraînements, les discussions autour des tasses de thé et des gâteaux de Kreattur. Le sourire de son parrain.

Sirius. Sirius. Sirius.

– Spero... SPERO PATRONUM ! cria Harry à son tour.

Il y eut une étincelle argentée, puis une lumière incertaine et, enfin, au prix du plus gros effort qu'il n'ait jamais eu à fournir, jaillit alors de sa baguette un animal argenté qui étincelait d'une lumière aveuglante. Ébloui, il plissa les yeux pour essayer de voir ce que c'était. On aurait dit un cheval qui galopait silencieusement. Il le vit rejoindre les autres Patronus et baisser la tête vers les Détraqueurs restants.

L'armée de Patronus chargea les Détraqueurs qui reculaient face à l'assaut, se dispersaient en désordre, s'éloignaient loin du village... avant, soudain, de tous disparaître. Le silence fut assourdissant.

Le Patronus de Harry fit volte-face et revint vers lui. Ce n'était pas un cheval, ni une licorne. C'était un cerf qui resplendissait. Ses sabots ne faisaient aucun bruit et il observa Harry de ses grands yeux d'argent, comme s'il attendait ses instructions. Puis, lentement, il inclina sa ramure.

– Cornedrue, murmura Harry d'une voix brisée.

Mais au moment où il tendit une main tremblante vers la créature, celle-ci se volatilisa. Harry resta immobile, la main toujours tendue devant lui. Puis, il secoua la tête et se précipita vers son parrain qui respirait difficilement, le souffle court.

– Sirius ! s'exclama Harry en s'écroulant à ses côtés, incapable de tenir debout.

Harry avait les jambes et les mains qui tremblaient alors qu'il posait une main réconfortante sur le bras de son parrain. Sirius avait fermé les yeux et semblait sur le point de vomir. Il était blanc. Sirius était à terre. Sirius n'allait pas bien.

– Sirius, répéta Harry qui se sentait soudain très faible.

Il avait froid, il avait peur. Il sentait qu'il n'allait pas bien non plus et sa tête tournait de plus en plus.

– Ça va... murmura Sirius d'une voix cassée, son visage se tordant en une grimace de pure douleur. Laisse-moi deux secondes.

Hermione regardait la scène, les mains contre sa bouche, relativement choquée et tremblant de tous ses membres. La plupart des personnes qui avaient été dehors pendant l'attaque étaient en pleurs, éreintés, épuisés. Leurs pires souvenirs tournant inlassablement dans leurs esprits.

– Mr Black ! s'exclama soudain le professeur McGonagall en voyant Sirius à terre.

Elle semblait ne pas en revenir, ne l'ayant pas remarqué alors qu'elle s'élançait à l'assaut des Détraqueurs. Elle avait les yeux écarquillés et avait porté une main contre son cœur.

Les yeux de Sirius papillonnèrent un instant et il fixa le professeur qui était au-dessus de lui avec un sourire presque charmeur.

– Professeur McGonagall ! s'exclama Sirius en réussissant à s'asseoir en s'appuyant sur l'épaule de Harry. C'est toujours renversant de tomber sur vous.

Harry souffla de soulagement en voyant que son parrain n'avait pas perdu son sens de l'humour. Ça voulait dire qu'il allait bien. Il sentit la main de Hermione sur son épaule qui l'aida pour se remettre sur pieds, les jambes encore un peu tremblantes.

Hagrid, qui venait de sortir des Trois Balais, se précipita vers eux et tendit sa main à Sirius pour l'aider à se relever. Sirius sembla bancal quelques instants et s'appuya sur le demi-géant, une grimace de douleur passant sur son visage avant qu'il ne se recompose un visage neutre.

– Vous allez m'arrêter ? demanda Sirius en jaugeant du regard les professeurs qui l'entouraient.

Il savait que, dans son état, il aurait dû mal à les neutraliser. Surtout le professeur Flitwick qui l'avait formé et qui était le meilleur duelliste qu'il connaissait.

– Bien sûr que non ! assura Filius d'un ton outré.

– Tout le monde aux Trois Balais pour une collation ! hurla le professeur McGonagall à toutes les personnes qui étaient dehors. Filius, nous allons faire un point infirmerie. Des Détraqueurs... attaquer un village... je n'en reviens pas ! Je n'en reviens pas ! cria-t-elle les joues rouges de colère. Hagrid, pouvez-vous prévenir le professeur Dumbledore ?

– Tout de suite.

Hagrid s'assura que Sirius tenait sur ses pieds et que Harry allait bien avant de courir vers le château.

– Mr Potter c'était impressionnant, souffla Filius. Très beau Patronus.

– Merci, professeur. Je n'y serais pas arrivé sans vous et les autres élèves, dit Harry en rougissant jusqu'à la racine des cheveux en voyant le professeur McGonagall acquiescer et Hermione qui ne semblait pas en revenir. Le fait qu'ils soient presque tous partis... j'y voyais beaucoup plus clair.

– Le professeur Lupin nous a tenus informés de vos progrès, dit le professeur Flitwick. Il nous a affirmé que vous parviendriez rapidement à maîtriser le sort. Je vous ai simplement donné un coup de pouce.

– Mr Black, vous allez nous suivre aux Trois Balais, dit Minerva en voyant à quel point Sirius était pâle et tremblait de tous ses membres. Mrs Rosmerta sera ravie de vous offrir un verre.

– Merci, professeur.

Sirius vacilla et Harry se plaça sur son côté droit pour le soutenir, malgré son propre état d'épuisement. Il se sentait vidé.

– Je suis heureuse de vous voir, Mr Black, dit Minerva en souriant sincèrement quand les deux garçons passèrent devant elle.

– Moi aussi, dit Sirius qui semblait avoir retrouvé son panache habituel et sourit largement à son ancienne professeure.

Hermione fouilla dans un de ses sacs pour sortir un morceau de chocolat.

– Merci Hermione, souffla Sirius en regardant la brune.

– Pas de quoi, Mr Black.

– Appelle-moi Sirius, dit-il d'une voix douce. Tu avais raison, elle est très intelligente, murmura Sirius à Harry assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre.

– Tu es impossible, répondit Harry en rosissant. Tu fais toujours ton intéressant.

– Quoi, ce n'est pas ce que tu m'as dit ? s'étonna faussement Sirius. Hermione par-ci, Hermione est la meilleure, Hermione est...

– On a compris, coupa brusquement Harry qui avait à présent les joues de la même couleur qu'un Souaffle.

Harry évita le regard de son amie en entraînant son parrain à sa suite pour se diriger vers les Trois Balais.

Hermione observa Harry et Sirius et fut tout de suite intriguée par la grande complicité qui se dégageait entre eux. Harry souriait, détendu, comme si les Détraqueurs n'étaient plus qu'un mauvais souvenir. Il semblait vraiment heureux et cela lui réchauffa le cœur.

Filius et Minerva se regardèrent un instant, légèrement choqués à l'idée qu'ils avaient failli être attaqués par des Détraqueurs. Heureusement que leurs élèves avaient été là. Minerva donna vingt points à toutes les personnes ayant pratiqué le sortilège du Patronus, avec une fierté non dissimulée.

– Il faut ramener tous les élèves vers les Trois Balais, dit finalement Filius.

– Je te laisse t'en occuper. Je vais chercher du chocolat, nous en aurons besoin.

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Le professeur Flitwick organisa rapidement les Trois Balais pour s'assurer que chaque élève soit pris en charge après l'attaque. Honeydukes avait fourni des montagnes de chocolat gratuitement.

Sirius était encore faible, blanc et inquiet à l'idée d'être arrêté. Pourtant, quand ils s'installèrent à leur table et attendirent qu'on vienne prendre leur commande, personne ne sembla vouloir capturer Sirius. Si certains lui jetaient des regards en coin, aucune animosité ne transparaissait. Tout le monde semblait avoir eu connaissance de l'édition spéciale Black de la Gazette du Sorcier.

Certains élèves vinrent féliciter Harry pour son Patronus, notamment Cedric Diggory. Ils discutèrent quelques instants du sortilège qu'ils avaient tous deux appris grâce au professeur Lupin en attendant d'être servis.

– Sirius Black ! Ça alors ! dit Mrs Rosmerta en s'approchant de leur table.

– Mrs Rosmerta, fit Sirius d'une voix enjôleuse. C'est toujours un plaisir de vous voir.

Mrs Rosmerta rougit furieusement alors que Sirius lui lançait son sourire Black. Harry ne l'avait jamais vraiment vu en action, mais ça valait le détour. Il semblait à la fois plus sûr de lui et terriblement séduisant. Le fait qu'il ait repris du poids et que sa barbe soit parfaitement taillée lui donnait l'air sain, comme si Azkaban n'était qu'un lointain souvenir. Comme s'il ne venait pas de se faire encercler par des Détraqueurs essayant de lui retirer son âme.

– Et moi donc ! Jamais je n'ai cru que tu étais coupable ! La Gazette a expliqué que tu avais été emprisonné sans procès, c'est une honte ! dit-elle sèchement.

– Merci, dit Sirius amusé en sachant que quelques semaines auparavant elle l'aurait sans doute dénoncé si elle l'avait trouvé.

– C'est ma tournée, lança la patronne.

Harry leva les yeux au ciel quand Mrs Rosmerta s'éloigna.

– Quoi ? demanda Sirius en se tournant vers son filleul.

– Tu viens de draguer Mrs Rosmerta.

– Pas du tout. Je l'ai fait ?

– Tu ne t'en rends même pas compte.

Harry soupira de dépit et Sirius rigola avant d'entraîner Harry dans un câlin, sans pouvoir s'en empêcher. Sirius avait besoin de chaleur humaine. Il avait besoin de savoir que son filleul allait bien, qu'il était en vie. Il avait besoin de savoir que lui-même était encore en vie.

Harry ne chercha pas à se dérober et sentit ses yeux piquer en songeant qu'il était heureux d'avoir son parrain à ses côtés. Il lui avait tant manqué. Les deux hommes tremblaient encore et restèrent un long moment enlacés.

Hermione sembla très émue par cette vision, confortée dans l'idée que Black semblait finalement être le meilleur choix possible pour Harry. Jamais elle n'avait vu son ami aussi détendu et souriant avec un adulte.

– Alors, Hermione, c'est ça ? La sorcière la plus douée de la génération, fit Sirius en plongeant son regard dans celui de la brune.

Hermione regarda Harry qui leva Les mains en signe d'excuses.

– Je n'ai dit que la vérité, assura le brun.

– Harry m'a dit que tu lui avais sauvé la vie plusieurs fois, dit Sirius comme si cela suffisait pour la considérer comme une grande sorcière. Merci à toi.

– Merci à vous, dit Hermione en fixant l'ancien détenu.

Ce qu'elle vit la rassura immédiatement. Parce que Sirius regardait Harry avec un instinct de protection qui lui fit chaud au cœur. Sirius avait d'abord demandé à Harry comment il allait, il avait insisté pour qu'il mange son chocolat, avant que lui-même n'en prenne un bout. Il tenait à Harry. Il le protégeait. Ce n'était pas seulement Harry qui était heureux avec Sirius. Sirius l'était aussi. Et ça suffisait à Hermione. Criminel, Animagus ou même Mangemort, elle s'en fichait, elle voulait juste que Harry soit heureux et aimé.

– De ?

– De l'enlever de chez les Dursley, conclut-elle.

Le ton déterminé de Hermione interloqua Harry. Il n'avait pas pensé qu'elle aurait pu être aussi en colère contre les Dursley. Mais Hermione avait été choquée du traitement que lui avait réservé sa famille et la seule chose qu'elle voulait était que Harry n'y retourne plus jamais. Elle voulait le protéger, comme il l'avait protégé depuis plus de deux ans. Et la seule solution que voyait Hermione pour ça, c'était Sirius.

– Bon, parle-moi de toi, Hermione, dit Sirius en souriant largement avant de lui faire un clin d'œil.

Hermione ne rougit pas (à la grande fierté de Harry) et lui parla de son arrivée à Poudlard et de ses parents. Sirius sembla intrigué par leur profession et lui posa des tas de questions. Harry se détendit, soulagé de voir que Hermione ne lui en voulait plus du tout et qu'elle semblait même à l'aise avec Sirius. Sirius lui-même semblait conquis par la sorcière et ne cessait de dévisager Harry d'un air malicieux. Harry songea avec désespoir que Sirius n'avait pas fini de lui parler de Hermione.

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– Mr Black ? chuchota Hermione d'un ton hésitant alors que Harry partait chercher d'autres bièraubeurres.

– Sirius, corrigea-t-il, amusé.

– J'ai une proposition à vous faire. C'est à propos de Noël, dit-elle d'une voix plus assurée.

– Noël ? releva Sirius en fronçant ses sourcils.

– Oui. Je sais que vous attendez votre procès et qu'il vaut mieux que vous fassiez profil bas pendant quelques semaines. Mais Harry est si triste de ne pas vous voir pendant cette période. Vous savez, il n'a jamais fêté Noël avec sa famille.

Sirius serra ses poings. Il haïssait les Dursley encore plus que Dumbledore et se promit que, s'il croisait Vernon un jour, il lui referait le portrait. Hermione fut rassurée de voir que Sirius semblait aussi opposé à l'idée que Harry retourne chez les Dursley. Elle avait eu peur qu'à l'instar de Dumbledore, il insiste pour qu'il y retourne au nom des protections de la mère de Harry.

– Mais cette année, vous pourriez le passer ensemble, plaida-t-elle.

– J'ai proposé à Harry, expliqua Sirius d'un ton déçu. Mais Dumbledore ne veut pas.

– Ce que le directeur ignore ne peut pas faire de mal, ajouta-t-elle malicieusement.

Sirius releva la tête, les yeux pétillants de surprise, alors qu'il fixait Hermione.

– Harry m'a dit que tu respectais le règlement à la lettre, releva justement Sirius en haussant un sourcil.

– Au diable le règlement, dit sèchement Hermione. On parle de Harry et de Noël. C'est une fête de famille. Il a déjà trop souffert.

– Il t'a raconté, n'est-ce pas ?

– Oui. Les Dursley sont des... des monstres ! dit-elle d'une voix tremblante.

– Tu ne me connais pas. Je suis un criminel, rappela Sirius. Pourquoi voudrais-tu que je passe Noël avec ton meilleur ami ?

– Vous êtes innocent, dit Hermione avec force. Et Harry est heureux avec vous. Ça me suffit.

Sirius était content de voir que Hermione fasse passer le bien de Harry avant ses précieuses règles et qu'elle croyait en son innocence. Sirius était rassuré de voir que Harry était soutenu.

– Tu as un plan ? demanda Sirius intrigué.

– Bien sûr, dit Hermione d'un ton supérieur. Je vais proposer à Harry de venir chez moi pour Noël. Mes parents viendront nous chercher. Il va penser passer Noël avec nous, mais quand on arrivera...

– Je serai là pour venir le chercher ? devina Sirius qui avait à présent les yeux brillants d'excitation. C'est fantastique ! Une idée brillante !

– Merci, rougit Hermione.

– Merci à toi, dit Sirius d'un ton sérieux.

Il avait presque les larmes aux yeux à l'idée de passer Noël avec son filleul. Sa tête débordait déjà de tout ce qu'ils pourraient faire tous les deux, de ce qu'il allait devoir préparer pour que tout soit parfait. Sa rencontre avec les Détraqueurs, qui l'avait beaucoup chamboulé, sembla s'évanouir en un instant.

– Mes parents seront d'accord, expliqua Hermione. Je leur ai déjà dit que vous étiez innocent et ils semblaient me croire. Je vais vous...

– Hermione, dit Sirius en levant les yeux au ciel. Je ne suis pas si vieux.

Cette fois, Hermione rougit.

– D'accord, soupira-t-elle. Je vais te donner l'adresse et un mot que tu pourras leur donner quand tu iras les voir, ils comprendront que ça vient de moi, dit Hermione en griffonnant rapidement une lettre à ses parents. Moi, je me charge de sortir Harry de Poudlard.

Sirius se retint de l'embrasser sur les deux joues pour la remercier.

– Il manque quelque chose, dit finalement Sirius en attrapant le papier.

– Quoi donc ? demanda Hermione dont le cerveau était en ébullition.

– Un nom.

– Un nom ?

– Mais oui, pour l'opération kidnapping. Il faut toujours donner un nom aux opérations. C'est la base des Maraudeurs. Tu sais ce que sont les Maraudeurs ?

– Harry m'a expliqué. Mais, pour le nom, je ne sais pas.

– Je vais y réfléchir, je t'envoie une lettre dès que j'ai pris contact avec tes parents, dit Sirius d'une voix douce alors que Harry revenait avec les boissons. Merci, Hermione.

En voyant le regard attendri que Sirius posa sur son filleul, Hermione sut qu'elle avait fait le bon choix. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à convaincre le professeur McGonagall.

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La professeure de Métamorphose s'installa à leurs côtés.

– Sirius Black, dit-elle en souriant largement, presque émue à l'idée de le voir aussi en forme. Mon meilleur élève.

– James était votre meilleur élève, corrigea Sirius.

– Sans aucun doute, affirma la professeure. Je me souviens encore de la fois où il a transformé des élèves en poussins.

– Il était doué, confirma Sirius.

– Vous l'étiez tout autant, dit Minerva en posant son regard acéré sur Sirius qui déglutit difficilement. Devenir Animagus aussi jeune et sans contrôle est une grande prouesse magique.

– Ça a été plus simple que prévu, dit Sirius sans se démonter.

Minerva étira son visage en un sourire fier et Hermione comprit qu'il serait peut-être plus simple de la convaincre.

– Sirius Black, ça alors ! s'exclama le professeur Flitwick qui avait terminé de faire le tour de ses élèves. Mon meilleur élève. Vous savez que je l'ai formé en Duels lors de sa septième année ? expliqua-t-il à Harry et Hermione.

– Vous m'avez tout appris, dit Sirius, très heureux de revoir Filius.

Les deux professeurs le bombardèrent de questions sur sa transformation en Animagus et la façon d'en rajouter de Sirius les fit sourire. Ils semblaient rassurés de voir que Sirius n'avait pas trop changé. À part cette part d'ombre qu'il avait dans les yeux, il semblait presque normal, comme avant. Et le regard qu'il portait sur Harry, à la fois fier et protecteur, les fit fondre.

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Dumbledore arriva bien trop vite à Pré-au-Lard. Accompagné de Mrs Pomfresh, il prit des nouvelles de ses élèves avant de s'avancer vers la table de Sirius et Harry qui était très animée. Le professeur McGonagall rigolait avec Sirius et le professeur Flitwick discutait des prouesses de Black avec Harry et Hermione.

– Sirius, dit Dumbledore avec bonhommie en interrompant les conversations.

Sirius posa une main protectrice sur le bras de son filleul – ce qui n'échappa à personne – avant d'hocher la tête en direction du vieil homme. Il ne le lâcha pas du regard et la haine qu'il lui transmit fit vaciller Dumbledore un instant.

– Monsieur le directeur, dit Sirius avec froideur.

– Comment vas-tu ?

– Aussi bien qu'après avoir été attaqué par des Détraqueurs, ironisa Sirius. Surtout quand je viens d'apprendre que vous aviez repoussé mon procès à mars.

– Oh... dit Dumbledore, un peu gêné alors que la conversation avec le professeur Flitwick s'interrompait. Tu sais, Sirius, il y a beaucoup d'affaires importantes à traiter. Tu as aussi besoin de temps pour préparer ta défense et...

– Je comprends, dit Sirius d'une voix tranchante, un homme ayant passé douze ans à Azkaban sans procès n'est pas une affaire urgente.

Dumbledore semblait ne pas savoir où regarder alors que Sirius continuait de le dévisager. Harry semblait furieux à présent.

– Vous m'avez dit que c'était le chef des Aurors qui avait repoussé le procès ! s'exclama Harry d'un ton furieux en fixant le directeur.

– Harry, mon garçon, je viens d'apprendre pour ton Patronus corporel, c'est un acte de grande magie, éluda le directeur alors que Sirius levait les yeux au ciel.

– Merci, monsieur le directeur.

Harry rosit légèrement, mais garda dans un coin de sa tête que Dumbledore était responsable de la date du procès. Il lui avait menti. Pour quelle raison aurait-il fait cela ? Pourquoi aurait-il repoussé le procès aussi tard ?

– Monsieur le directeur, qu'est-ce que je vous sers ? demanda Mrs Rosmerta.

– Une bièraubeurre, merci Mrs Rosmerta.

– Sirius, autre chose ? dit Rosmerta d'une voix presque sensuelle.

Harry ricana dans son verre et Sirius le tapa à l'arrière de la tête sous les rires de Hermione.

– Les Aurors ont été informés, prévint finalement Dumbledore.

Sirius se figea un instant, avant d'acquiescer en remerciant le directeur.

– Tu vas devoir les voir un jour, souligna Harry en voyant Sirius s'étirer et se préparer à prendre la fuite.

– Pas aujourd'hui. Je ne suis pas en état, dit Sirius d'une voix râpeuse. Mrs Rosmerta je me vois dans l'obligation de refuser votre proposition. Une autre fois ?

– J'y compte bien ! Tu viendras fêter ton innocence ici !

– Tu m'accompagnes dehors ? demanda Sirius en se tournant vers son filleul, ce qui n'était pas nécessaire, Harry s'étant levé en même temps que lui. Hermione, ce fut un plaisir, dit-il en lui lançant un clin d'œil complice. Professeur McGonagall, professeur Flitwick, c'est toujours un plaisir. Dumbledore, grinça-t-il sans même le regarder.

Il avait trop peur de ne pas pouvoir se contrôler et de le frapper. Et il ne fallait pas frapper le directeur de Poudlard et le Président du Magenmagot. Non, il ne fallait pas, même si on en avait terriblement envie.

– À bientôt, Mr Black, dit Minerva, touchée en voyant Harry poser une main sur l'épaule de son parrain.

– Ça va aller ? demanda Harry à Sirius une fois qu'ils furent dehors.

Sirius prit une grande goulée d'air frais qui eut le mérite de lui remettre les idées en place.

– Oui. Je vais appeler Kreattur.

– Passe un coup de cheminette à Mihai, d'accord ? dit Harry, très inquiet à l'idée de laisser son parrain partir seul.

Sirius entraîna Harry dans ses bras en fermant les yeux. Partir allait être difficile. Mais la perspective qu'ils passent Noël ensemble et sous le nez de Dumbledore lui avait redonné espoir. Une sorte de flamme brûlait en lui et il savait qu'il avait une chose à préparer avant l'arrivée de Harry. Il fallait que la surprise soit parfaite et il allait y mettre toute son énergie, même si ça signifiait qu'il n'allait pas dormir pendant une semaine.

– Merci de m'avoir sauvé.

– Je n'étais pas tout seul tu sais, grommela Harry gêné.

– Un cerf... murmura Sirius. Ton père était avec toi aujourd'hui.

Harry était bizarrement ému alors que Sirius plongeait son regard dans le sien. Il avait les yeux qui brillaient et Harry savait qu'il était rare de voir Sirius montrer à ce point ses émotions.

– Je suis fier de toi. Tu es un grand sorcier, Harry.

– Pas tell... d'accord, se reprit-il en voyant le regard de Sirius. On se voit au procès maintenant ? demanda-t-il d'une voix tremblante.

– Je sais que ça va être long, mais je te promets qu'on va être réunis rapidement, assura Sirius qui hésitait entre garder le secret et rassurer son filleul.

– Tu me manques.

– Toi aussi, dit Sirius d'une voix étranglée.

Harry sentit son cœur se serrer à l'idée que son parrain passerait Noël tout seul au Square Grimmaurd.

– Pourquoi Dumbledore fait ça ? murmura Harry en baissant sa tête pour s'empêcher de fondre en larmes.

– Je ne sais pas, murmura à son tour Sirius. Mais il ne pourra pas m'empêcher d'avoir ta garde, je te le promets. Tu m'as sauvé, tu as arrêté Peter. Maintenant c'est à moi de me battre pour toi. Fais-moi confiance.

– Toujours.

Harry fit un dernier câlin à son parrain avant de le voir se transformer en chien et gambader quelques instants. Il attendit que Sirius soit hors de vue pour entrer à nouveau dans le bar, le cœur lourd, la gorge serrée. Il lui manquait déjà. Ils n'avaient pu discuter que quelques minutes. C'était si injuste.

Il vit Dumbledore et sentit une vague de colère déferler en lui. Pourquoi cet homme lui faisait-il subir ça ? Ce n'était pas suffisant de l'avoir mis chez les Dursley, il fallait qu'il l'empêche de voir la seule personne qui comptait pour lui et qui avait pris soin de lui !

– Ça va aller ? souffla Hermione en voyant l'air sombre de son ami.

– Je crois, répondit Harry. Je suis juste triste de ne pas le revoir avant mars.

– Tu le reverras rapidement, assura son amie.

Harry, qui regardait son verre, manqua l'éclat malicieux qui passa dans les yeux de Hermione.

.

– Attaque à Pré-au-Lard ! cria Kingsley en déboulant dans le bureau de son chef.

– Qui ?

– Détraqueurs.

Rufus jura avant de suivre son second.

– Apparemment l'attaque a eu lieu il y a plus de trente minutes, grinça Kingsley qui avait réuni une petite équipe. On ne sait pas ce qu'on va trouver là-bas donc faites attention.

– Tout le monde sait faire un Patronus ? Ok. C'est parti !

Les Aurors transplanèrent directement à Pré-au-Lard en formation de combat. Mais ils furent surpris de ne rien voir en arrivant. Aucun Détraqueur à l'horizon. Les rues étaient vides. Il ne faisait pas chaud, mais rien à voir avec le froid qui accompagnait l'arrivée des Détraqueurs. Quelques personnes étaient dehors et ils entendaient même des éclats de rire.

– C'est une blague ? dit rageusement Rufus.

– Il y a eu une attaque, affirma Kingsley. On a eu un appel de deux commerçants.

Les Aurors remarquèrent qu'il y avait un afflux de personnes aux Trois Balais et décidèrent de récupérer des informations pour comprendre ce qu'il s'était passé. Rufus grimaça en voyant que Dumbledore était là et encore plus quand il vit Harry Potter assis en face de lui.

– Mr Scrimgeour ! apostropha Rosmerta en brandissant son torchon l'air furieux. Des Détraqueurs ! Une centaine de Détraqueurs qui attaquent Pré-au-Lard ! Vous avez intérêt à les enlever et rapidement ! Sinon je vous jure que je me déplacerai et en personne ! Il y a des enfants ici ! Des enfants !

Les conversations aux Trois Balais diminuèrent quand ils virent le chef des Aurors se faire réprimander par la patronne du bar. Rufus sourit simplement sans se laisser impressionner.

– Mrs Rosmerta, j'ai adressé un ordre de retrait dès qu'il a été établi que Black pouvait ne pas être coupable. Si vous avez une réclamation, faites-la passer au Ministre de la Magie qui a jugé bon de garder les Détraqueurs aux abords de Poudlard.

– Oh... rougit Mrs Rosmerta. Un verre ?

– Volontiers.

Les Aurors firent un tour de la pièce pour obtenir des informations et Rufus se dirigea immédiatement vers Dumbledore et Potter.

– Mr Potter ! s'exclama Rufus amusé. Vous êtes toujours là où il y a des problèmes, n'est-ce pas ?

– C'est l'histoire de ma vie, soupira Harry.

Il ne semblait pas savoir s'il faisait confiance à Rufus ou non et l'observait avec curiosité.

– Miss Granger, salua Rufus en reconnaissant la petite sorcière. Professeurs.

Les professeurs lui rendirent son salut. Dumbledore lui serra la main et lui proposa de s'installer avec eux.

– Que s'est-il passé ? demanda Rufus.

– Des Détraqueurs ont attaqué Pré-au-Lard, dit Minerva d'une voix outrée.

– Mais pourquoi ? s'étonna Rufus. Je ne suis pas un défenseur des Détraqueurs, mais cela me semble étrange qu'ils viennent à Pré-au-Lard aussi nombreux.

Harry se racla la gorge en rougissant.

– C'est ma faute, affirma-t-il en regardant Rufus dans les yeux. Sirius est venu me voir. Je pense que les Détraqueurs ont dû le sentir.

– Oh... Un déguisement ?

– En quelque sorte, éluda Harry. C'est ma faute, j'assume totalement.

– Bien sûr que non, Harry, dit Filius. Ces créatures sont attirées par les âmes. Des adolescents réunis dans un lieu... En sachant qu'ils avaient l'interdiction de tuer Mr Black, je pense qu'ils n'ont pas résisté à l'appel.

Rufus fut soulagé de voir que personne n'incriminait Harry. Mais ce qu'il se demandait c'était comment Black avait fait pour passer tous les contrôles. Il mourrait d'envie de lui parler. Il avait tant de questions à lui poser.

– Vous étiez présents ? demanda Rufus aux professeurs.

– Minerva et moi, répondit Filius.

– Une centaine de Détraqueurs, souffla Rufus. Heureusement, personne n'a été blessé.

– Minerva et moi étions, heureusement, aux Trois Balais, expliqua Filius. Nous avons également eu l'aide inopinée de certains de nos élèves.

Le regard que porta Filius à Harry fut équivoque. Rufus siffla avec impression en regardant à son tour le petit brun. Hermione toussa, amusée, dans son café.

– Patronus corporel ? demanda Rufus.

Harry hocha la tête, très gêné à l'idée d'être le centre de l'attention.

– Est-ce que Mr Black est derrière tout ça ? suggéra le chef des Aurors.

– Non, c'est le professeur Lupin, expliqua Harry en grimaçant. Il se trouve que les Détraqueurs me font... m'affectent plus que n'importe quel autre élève. Il m'a proposé de m'aider à les repousser. On s'entraîne depuis quelques semaines, mais c'était la première fois que je faisais un Patronus corporel. Le professeur Flitwick m'a aidé. Les Détraqueurs étaient déjà presque partis quand je l'ai formé.

– Quelle forme ? demanda curieusement Rufus en voyant que Harry essayait de minimiser ce qu'il venait de faire.

– Un cerf, dit Harry en souriant largement. C'est... peu importe.

Rufus ne put détacher son regard du jeune Harry.

– Si une carrière d'Auror vous tente, faites-le moi savoir.

– Je pense que, pour le moment, j'aimerais juste une vie tranquille où je ne risque pas de mourir, répondit simplement Harry.

– Je comprends, rit Rufus. Où est Mr Black ?

Harry lui jeta un regard malicieux.

– Il est parti.

– Il ne veut pas nous voir, n'est-ce pas ?

– Pas aujourd'hui. Il a besoin de temps.

– Dites-lui que je ne l'arrêterai pas. Je veux juste lui parler.

– D'accord, promit Harry en se détendant.

Harry semblait avoir finalement considéré que Rufus était digne de confiance. Ce dernier ne savait pas ce qu'il avait fait pour obtenir la confiance de l'adolescent, mais supposait que le fait que Potter fusille Dumbledore du regard n'y était pas pour rien.

– Chef ? dit Kingsley en arrivant à leur table. Oh, Mr Potter, félicitations, dit l'Auror en souriant. Tous vos camarades nous ont dit à quel point vous aviez été impressionnant.

– Euh... merci. Je n'ai pas réfléchi. J'ai juste...

– Typique d'un Gryffondor, s'amusa Rufus. Réfléchir avant d'agir.

– Vous étiez dans quelle maison ? s'enquit Hermione.

– Serdaigle. Le professeur Flitwick a été mon directeur de Maison, dit Rufus en se tournant vers le professeur de Sortilèges.

– Rufus a formé son Patronus Corporel en quatrième année, expliqua Filius à Harry. Je ne pensais pas un jour voir un autre élève aussi jeune réussir.

– C'est un lion, dit Rufus en voyant Harry se tourner vers lui.

Harry observa Rufus qui avait l'allure d'un vieux lion. Le Patronus lui correspondait plutôt bien.

– Nous devons y aller, dit Kingsley. Je viens d'avoir le Ministre, il ordonne que les Détraqueurs soient retirés immédiatement.

– Le Ministre a sans doute peur du prochain article de Rita Skeeter. Mr Potter, Miss Granger, professeurs, ce fut un plaisir, dit Rufus en se levant.

– Je lui dirai, lança Harry alors que le groupe des Aurors partait. Il viendra vous voir.

– Merci Mr Potter, dit Rufus. Monsieur le directeur, vous nous accompagnez ?

– En effet, je dois retourner au château.

– Drôle d'affaire, n'est-ce pas, dit Rufus d'une voix froide.

– Comme vous le dites.

Rufus et Dumbledore se dévisagèrent avec hypocrisie en se séparant à l'orée de Pré-au-Lard.

– Quel troll, souffla Rufus à Kingsley.

Kingsley rigola avant de suivre son chef et de transplaner.

– Je vais voir Amelia.

– Je crois qu'elle est déjà là, Chef, dit Kingsley en voyant la brune tourner et virer dans le bureau des Aurors.

– Amelia !

– Comment vont-ils ? Tu as vu ma nièce ? cria Amelia au bord des larmes.

Amelia était si forte, si prête à défendre toutes les injustices et éradiquer toute corruption au Ministère, que Rufus avait tendance à oublier qu'elle aussi avait vécu la guerre. Elle avait vu presque toute sa famille assassinée. Il oubliait qu'à chaque attaque qui pouvait viser sa nièce, elle perdait pied.

– Tout va bien, aucun blessé.

Amelia souffla de soulagement et Rufus s'approcha d'elle pour l'entraîner dans son bureau.

– Au travail tout le monde ! lança-t-il à la cantonade.

Il servit un verre à Amelia qui le but d'une traite.

– Je n'ai pas parlé à ta nièce, mais tout le monde allait bien.

– Que s'est-il passé ?

– Les Détraqueurs ont attaqué. Apparemment, Sirius Black a accompagné Harry Potter à Pré-au-Lard. Il pense que c'est de sa faute.

– Comment a-t-il fait pour aller à Pré-au-Lard ?

– Je ne sais pas, grimaça Rufus. J'ai pensé à une métamorphose, il faudra lui demander.

– En tout cas, c'est impossible que ce soit de sa faute. Pré-au-Lard est très loin de Poudlard. Black ou non, ils auraient attaqué.

– C'est aussi ce que je pense. Ils sont hors de contrôle. C'est parce qu'ils savaient que Black n'allait pas pouvoir avoir le Baiser. Ça fait des mois qu'ils sont à Poudlard, ils avaient faim.

– C'est un scandale ! cria Amelia, les yeux flamboyants de rage.

– Garde ça pour Fudge, ricana Rufus qui n'était pas impressionné par ses éclats de voix.

– J'y suis déjà allée. Il était sous le choc. Je crois qu'il ne va pas sortir de son bureau avant longtemps après ce que je lui ai dit, s'amusa Amelia. Il a ordonné de retirer les Détraqueurs.

– Oui, j'ai mis mes hommes sur le coup.

– Heureusement que les professeurs étaient là.

– Oui, dit Rufus en sentant son visage s'étirer en un sourire amusé. Mais ils ont eu de l'aide.

– Qui ?

– Des élèves ont aidé. Potter a fait un Patronus corporel.

Amelia écarquilla ses yeux.

– Mais comment il a fait ? Black ?

– Non, apparemment un professeur de Poudlard. Il m'a dit que les Détraqueurs l'affectaient beaucoup.

Amelia grimaça. Elle-même ne pouvait pas rester proche de ces créatures sans fondre en larmes.

– Un élève a dit à Kingsley que Potter s'évanouissait à chaque fois que les Détraqueurs étaient proches de lui.

– À ce point ?

– Apparemment, les Détraqueurs sont venus pendant un match de Quidditch, Potter est tombé de plus de trente mètres !

– Ils ont attaqué Poudlard et personne n'en a été informé !? cria-t-elle outrée.

– Je pense que Dumbledore a prévenu Fudge, mais qu'il a eu peur. Pour changer.

– Tu défends Dumbledore ?

– Non, mais là je pense que ce n'était pas de sa faute. Jamais il n'aurait consciemment mis en danger ses élèves.

– Sauf Potter ou Black.

– Voilà, s'amusa Rufus. Potter m'a promis qu'il passerait le message à Black.

– Bien. Mais un Patronus corporel ? reprit Amelia. Je veux voir ça.

– On veut tous voir ça ! Tu penses qu'il est trop tôt pour le recruter ?

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– Harry ! fit Susan en arrivant à la table de Harry. Comment tu vas ?

Susan posa sa main sur l'épaule de Harry, l'air inquiet.

– Je vais bien, assura Harry.

Mais son air blanc et triste d'avoir dû quitter Sirius ne semblèrent pas rassurer Susan.

– Tu ne peux pas rester tranquille une fois dans ta vie ? soupira-t-elle. Tu as vu les Aurors ?

– Oui.

– J'ai entendu dire que Sirius était là. Comment il va ?

– Il va bien. Et toi ?

– Je viens juste d'arriver. Avec Hannah on a traîné un peu et on a entendu des élèves parler de l'attaque. Hermione, tu vas bien ?

Hermione hocha la tête et fit un signe de tête en direction du professeur McGonagall. Susan sembla comprendre ce que voulait lui faire comprendre son amie.

– Tu n'as pas eu le temps de visiter du coup ? demanda malicieusement Susan.

– Si, on a vu quelques magasins et...

– La Cabane Hurlante ? Gaichiffon ?

Harry secoua la tête et Susan sourit triomphalement.

– Allez, viens avec moi, je vais te faire une visite digne de ce nom.

– Je ne...

– Tu ne vas pas me laisser seule ? murmura Susan la voix tremblante. Et s'ils reviennent ?

Harry croisa son regard rempli de larmes et capitula. En voyant le visage de Susan s'étirer en un sourire satisfait, il songea qu'il se faisait mener par le bout du nez.

– Hermione ? fit Harry en se tournant vers son amie.

– Je vais rester là un peu, allez-y ensemble.

Harry se fit entraîner dans les rues de Pré-au-Lard par Susan, qui se révéla être une très bonne guide. Peu à peu, Harry oublia qu'il ne reverrait pas son parrain tout de suite et parvint même à sourire. Susan lui raconta toutes les anecdotes qu'elle connaissait et ils passèrent un délicieux moment. Harry regarda avec émotion la Cabane Hurlante, avant de suivre gaiement Susan dans les magasins pour y trouver leurs derniers cadeaux de Noël.

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Une fois Harry parti, Hermione en profita pour mettre son plan à exécution.

– Professeur ? dit-elle en se tournant vers Minerva.

– Oui, Miss Granger ?

– J'ai une faveur à vous demander. C'est à propos de Noël. Comme vous le savez, Harry reste seul toutes les vacances, expliqua-t-elle rapidement par peur d'être interrompue. Mais comme il n'est plus en danger, peut-être qu'il pourrait venir passer Noël chez moi ? Je sais qu'il ne s'est pas inscrit, mais... vous savez que... ça lui ferait du bien. Il a besoin de s'éloigner des Détraqueurs et de Poudlard. C'est Noël !

– Ses moldus n'ont pas signé d'autorisation, dit Minerva, hésitante.

– Ils s'en fichent, affirma Hermione avec détermination. S'il vous plaît, professeur.

– Le directeur...

– N'a pas son mot à dire sur les personnes retournant dans leurs familles, n'est-ce pas ?

– Eh bien, oui, mais...

– Harry n'a jamais fêté Noël de sa vie ! plaida Hermione.

Minerva se sentit légèrement coupable, parce qu'elle savait que les Dursley étaient d'horribles personnes. Elle hésita un instant entre son sens du devoir et son amour de Noël.

Puis, elle hocha la tête. Elle avait compris, évidemment, que le jeune Harry ne passerait pas les vacances avec Hermione. Mais elle avait assez confiance en Sirius pour que tout se passe bien. Le voir aujourd'hui et aussi en forme malgré l'attaque l'avait rassuré.

– C'est d'accord, souffla rapidement Minerva, je vais organiser cela. Mais, Miss Granger, dites à Sirius de faire profil bas.

– Merci professeur !

Hermione lui lança un sourire éclatant et Minerva se sentit beaucoup mieux. Elle n'avait pas protégé Harry quand il était un bébé. Maintenant, elle le pouvait et elle n'allait pas s'en priver. Ce petit avait déjà trop souffert.

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– Sirius ? fit Mihai en entrant dans le salon. Ton elfe est venu me chercher, il était inquiet.

– Détraqueurs, dit simplement Sirius en frissonnant.

Il était assis sur le fauteuil préféré de son père, emmitouflé dans une couverture que lui avait apportée Kreattur. Il n'arrivait pas à se réchauffer. L'attaque était passée depuis deux jours et il n'avait encore rien avalé, frissonnant et revoyant avec horreur ses pires souvenirs.

Jamais il n'avait eu aussi peur de sa vie. Même à Azkaban, jamais il n'avait cru qu'il pourrait subir le Baiser du Détraqueur. Il sentait encore son cœur palpiter et la peur se diffuser dans tout son corps.

– Raconte-moi, dit doucement Mihai en s'installant en face de lui.

Sirius revit un instant sa cellule minuscule. Le froid. L'humidité. L'odeur de mort, l'odeur de peur. Les cris, le silence. Les Détraqueurs. Les souvenirs. Sa cousine qui hurlait. Le silence. La peur. L'ombre frigorifique des Détraqueurs. La flamme qui s'éteignait parfois. L'envie de mourir, d'abandonner... Les fois où il avait voulu laisser tomber.

Et l'espoir. L'espoir qui revenait toujours. Patmol.

Sirius prit une profonde inspiration et il raconta ce qu'il avait vécu, ce qui ne quittait jamais ses rêves. Azkaban.

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Une semaine plus tard, alors que tous les élèves commençaient à préparer leur retour dans leurs familles, Harry eut la désagréable surprise de recevoir une convocation du directeur. Il avait l'étrange sensation qu'ils allaient parler du fait que Sirius se trouvait à Pré-au-Lard une semaine plus tôt. Mais Harry se sentait prêt à défendre son parrain. Il était assez triste à l'idée de passer Noël seul et un rendez-vous avec le directeur le jour des vacances le mettait de très mauvaise humeur.

– C'est quoi ? demanda Hermione en se pelotonnant dans un plaid près de la cheminée, un livre à la main.

– Une lettre du directeur. Il veut me voir demain.

– Oh... dit Hermione en fronçant ses sourcils. C'est à propos de Pré-au-Lard ?

– Oui, dit rageusement Harry. Il veut sans doute me faire un sermon en me disant que ce n'était pas sérieux d'avoir invité Sirius.

Harry n'arrivait pas à savoir si Dumbledore était ou non de son côté. Il avait beaucoup de respect pour cet homme qui était un grand sorcier, mais depuis que Sirius avait la possibilité d'être déclaré innocent, il était devenu fou. Pourquoi retarder le procès si ce n'est pour l'empêcher de voir Sirius pendant Noël ? Pourquoi lui interdire de voir Sirius à Noël ? Pourquoi ne pas vouloir qu'il l'accompagne à Pré-au-Lard ?

– Dommage que tu ne puisses pas y aller, soupira faussement Hermione.

– Comment ça ?

L'attention de Harry fut entièrement consacrée à Hermione. Il entendit même Ron et Dean stopper leur partie d'échecs pour les écouter. Les yeux d'Hermione pétillaient. La seule fois où il l'avait vue comme ça était lorsqu'elle avait proposé de créer du Polynectar. Cela ne pouvait signifier qu'une chose ; Hermione avait un plan.

– Le rendez-vous est demain, n'est-ce pas ?

Harry confirma d'un hochement de tête.

– Tu ne peux pas y aller puisque ce sont les vacances.

– Hermione, je reste à Poudlard pour les vacances.

– Oh, je ne te l'ai pas dit ? s'étonna Hermione en écarquillant faussement les yeux.

Harry sentit son cœur palpiter. Hermione avait définitivement un plan.

– Mes parents ont accepté que tu viennes fêter noël avec nous. Tu sais, on en avait parlé ! Ils ont réglé ça avec le professeur McGonagall il y a des siècles. J'ai dû oublier de te le dire.

– C'est super, Hermione ! Merci encore à tes parents d'avoir accepté, dit Harry qui n'eut pas besoin de feindre la joie tant il était heureux.

– Tu fêtes Noël chez Hermione ? intervint Ron en fronçant les sourcils. Ce n'était pas prévu.

– On en avait parlé il y a quelques semaines. Et c'est vrai que j'avais complètement oublié, inventa Harry.

Hermione sourit d'un air satisfait avant d'encourager Harry à aller préparer ses valises. Ron semblait soulagé de savoir que Harry ne passerait pas les vacances seul. Il avait vu à quel point, depuis une semaine, Harry n'allait pas bien. Le fait de ne pas passer ses vacances avec Sirius, de rester seul et l'attaque encore fraîche des Détraqueurs l'avaient rendu infiniment triste. Ron était content de voir son ami sourire pour la première fois depuis une semaine.

– Tu sais, tu aurais pu le passer au Terrier aussi, dit Ron d'une voix anxieuse, n'ayant pas pensé à lui demander.

– Ne t'inquiète pas, Ron. Hermione me l'avait proposé il y a longtemps, mentit Harry en finissant sa valise.

Harry avait le cœur qui battait à mille à l'heure. C'était la première fois qu'il allait fêter Noël en dehors de Poudlard. Il adorait le château, mais le passer avec une vraie famille, même s'il s'agissait de celle de Hermione, était incroyable.

Il était si heureux. Il ne savait pas comment Hermione avait convaincu McGonagall de le laisser partir, mais ce n'était clairement pas quelque chose qui avait été prévu depuis longtemps. Hermione avait fait tout ça à Pré-au-Lard il y a une semaine, il en était sûr.

En s'endormant, il songea que, peut-être, les Granger accepteraient qu'il puisse voir Sirius pendant les vacances.

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