PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

N/A : Plus de 200 followers, 148 favoris et des milliers de vues sur l'histoire... Un GRAND merci à vous tous ! Je suis très touchée par tout ça alors merci beaucoup pour continuer à lire les aventures de Sirius et Harry qui j'espère vous plairont toujours autant. Voici donc les vacances de Noël qui se dérouleront sur deux chapitres distincts (j'avais hésite à en faire carrément trois mais j'ai préféré limiter à deux quitte à avoir des chapitres un peu plus longs que d'habitude). Bonne lecture à tous et merci encore !


Partie 2. Chapitre 10.

"La Villa Bleue"

– C'est une bonne idée.

– Vous êtes d'accord ? s'étonna Minerva.

– Pourquoi ne le serais-je pas ? C'est Noël après tout.

– Vous avez refusé qu'il le passe avec Sirius, dit-elle d'un ton accusateur.

Dumbledore soupira un instant, ôta ses lunettes et se frotta les yeux, comme s'il portait un grand fardeau sur les épaules. Il semblait faire plus vieux que son âge.

– J'essaie de faire de mon mieux, Minerva. Sirius a passé douze ans à Azkaban.

– Vous l'avez vu à Pré-au-Lard ! dit-elle agacée. Il me semble être parfaitement censé.

– On ne le connaît plus, rétorqua Dumbledore sèchement. Azkaban brise les esprits les plus forts. On ne sait pas comment il va réagir, comment ça a pu l'affecter. Hagrid a été très secoué alors qu'il n'y a passé que quelques semaines. Sirius y a été enfermé pendant douze ans. J'essaie uniquement de protéger Harry !

Minerva pinça ses lèvres parce qu'elle pouvait comprendre que le directeur soit inquiet. Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à la mine réjouie de Harry quand il avait vu Sirius, aux Dursley et à quel point Dumbledore s'impliquait trop dans la vie de Harry, quitte à prendre de mauvaises décisions.

– J'avais demandé à Harry de venir me voir dans mon bureau, dit le directeur. Si vous le croisez...

– Je lui dirai que vous l'avez autorisé à aller passer son Noël avec Miss Granger.

Minerva sourit d'un air satisfait en se souvenant de sa conversation avec le directeur. Elle n'avait pas menti, mais elle n'avait pas non plus dit toute la vérité. Les parents de Miss Granger avaient envoyé une lettre à Minerva lui demandant la permission d'accueillir Harry chez eux. Minerva avait donné son accord et prévenu le directeur, arguant du fait qu'il n'y avait plus aucune menace qui pesait sur Harry.

Le directeur de Poudlard était un grand homme qu'elle admirait. Mais elle avait compris qu'il ne voulait pas que Sirius voie Harry, ce qu'elle ne parvenait pas à comprendre. Il parlait de protection, mais Minerva voyait à quel point Harry était heureux avec Sirius, au contraire des Dursley qu'elle soupçonnait de plus en plus. Elle ne pouvait plus fermer les yeux. Elle avait autorisé Harry à aller chez les Granger, tout en sachant que Sirius allait l'y récupérer rapidement. Ils méritaient bien, tous les deux, de passer un Noël ensemble.

– Dépêchez-vous, dit-elle sèchement aux retardataires qui tiraient difficilement leurs lourdes valises dans les calèches. Mr Dubois, je vous serais gré de ne pas courir dans les couloirs.

Olivier fit une moue d'excuse à sa directrice de maison, ne décélérant pas le pas. Minerva s'apprêtait à lui retirer des points, quand elle vit Harry du coin de l'œil. Il tirait galamment la valise de Hermione, qui arborait un sourire suffisant.

– Mr Potter, appela-t-elle.

Harry se tourna vers sa professeure et sembla incapable de masquer sa joie de quitter le château.

– Professeur, dit-il en s'approchant d'elle. Je vous remercie d'avoir accepté que je passe les vacances avec Hermione.

– C'est normal, Mr Potter. Profitez de vos vacances, dit Minerva en s'autorisant à lui faire un petit sourire.

– Le directeur m'avait donné rendez-vous... commença Harry d'un ton anxieux.

– Ne vous inquiétez pas pour ça. Le directeur a accepté votre départ et vous verra sans doute à votre retour.

– Oh... Cool, dit Harry en souriant largement. Merci de me laisser partir, je sais que ce n'était pas prévu, mais...

– Les parents de Miss Granger nous ont envoyé une lettre nous demandant l'autorisation de vous accueillir. Tout est en règle.

Le sourire soulagé de Harry réchauffa le cœur de Minerva.

– Merci, professeur. Vraiment.

– Ah, Mr Potter, enfin ! dit une voix forte. Ça fait des heures que je vous cherche !

Harry se tourna vers le professeur Bathsheda Babbling qui portait deux rouleaux de parchemins qu'elle mit d'autorité dans les bras de Harry.

– Je viens d'apprendre que vous partiez pendant les vacances, dit-elle d'un ton brusque.

– Je l'ai appris hier, admit Harry en récupérant maladroitement les parchemins. Je n'ai pas eu le temps de venir vous voir avant de partir.

– Aucun souci, Mr Potter, répliqua la professeure. Je voulais juste vous donner des devoirs pour les vacances. Si vous le souhaitez, bien sûr.

– Oh oui, merci professeur !

Harry observa les parchemins avec plaisir, touché par le fait qu'elle ait pensé à lui. La professeur Babbling balaya d'un geste ses remerciements.

– Je vous ai mis la suite du conte à traduire. J'ai également parlé au professeur Lupin qui m'a dit que vous aimiez particulièrement la Défense Contre les Forces du Mal, donc je vous ai donné des Runes à tracer qui sont utiles pour les cercles de protection.

– Oh ? fit Harry, les yeux brillants. On les dessine à même le sol, c'est ça ?

– Exact, cela permet de multiplier la force d'un sortilège ou encore d'isoler un objet particulièrement dangereux, dit la professeure Babbling qui adorait voir à quel point Harry s'intéressait à sa matière. Mais je vous déconseille de vous entraîner, ajouta-t-elle d'un ton sévère, il arrive des choses affreuses à ceux qui le font sans supervision.

Harry se tourna légèrement vers Hermione et Ron qui lui montraient les calèches du regard.

– Merci, à vous deux, dit Harry, visiblement touché. Joyeux Noël !

Minerva et Bathsheda regardèrent Harry courir vers ses amis avant de monter dans une calèche. Minerva ne l'avait jamais vu aussi insouciant et elle fut persuadée, à ce moment, d'avoir fait le bon choix. Sirius allait bien s'occuper de lui.

– Les cercles de protection, les traductions de contes... ce n'est pas du niveau de troisième année, remarqua Minerva.

– Il est doué, dit Bathsheda. Il trace les Runes à l'instinct et il travaille beaucoup à côté, pour approfondir ses devoirs. C'est un élève modèle.

– Lily était comme ça, dit Minerva qui sentit son cœur se serrer en se souvenant de la mère de Harry.

– Oui, Filius m'en a parlé, dit la professeure de Runes.

– Je n'avais jamais vu Mr Potter studieux.

– C'est sans doute parce que ma matière est la meilleure, expliqua Bathsheda d'un air supérieur qui fit rigoler Minerva alors qu'elles entraînaient les retardataires vers les calèches.

.

Harry ressentait une excitation qu'il n'avait jamais connue. En se réveillant, il n'avait eu qu'une hâte ; partir du château. Il adorait Poudlard, mais pouvoir passer Noël chez Hermione, avec une famille, lui procurait une joie incommensurable.

Quand Harry avait essayé de réveiller Ron à six heures du matin pour aller courir, son meilleur ami lui avait jeté un oreiller en pleine figure. Sa valise avait été préparée, vérifiée et re-vérifiée. Il voulait que tout soit parfait.

Hermione était descendue prendre son petit-déjeuner avec Ron et Harry, avant de rejoindre Susan et Hannah parce que Harry l'agaçait à sautiller partout. Ron avait simplement levé les yeux au ciel, mais n'avait rien dit, comprenant sans doute son excitation.

– Merci encore à tes parents de m'accueillir, dit Harry une fois qu'ils furent installés dans leur compartiment.

– Oh, ne t'en fais pas pour ça.

Hermione et Ron ne pouvaient s'empêcher de s'échanger des regards malicieux. Eux seuls savaient que Harry ne passerait pas ses vacances chez les Granger. Hermione avait décidé de n'en parler qu'à Ron puisque ce "kidnapping", comme l'avait appelé son père, n'était pas très légal. Ce n'était pas le moment que Sirius soit accusé d'enlèvement d'enfant, surtout quand il s'agissait du Survivant. Moins de personnes étaient au courant, mieux c'était.

Hermione faisait confiance à Ron pour qu'il garde le secret. Il s'était excusé pour son comportement et semblait réellement gêné à l'idée de ce qu'il avait fait. Hermione savait aussi qu'il n'avait jamais rien dit sur leurs aventures et avait toujours cherché à aider Harry.

– On peut s'asseoir avec vous ? demanda Hannah avant de s'installer aux côtés de Hermione sans même attendre la réponse.

Susan leva les yeux au ciel devant tant d'impertinence avant de prendre place à côté de Harry.

– Une partie de cartes ? proposa courageusement Ron en regardant Susan.

Susan accepta avec plaisir, au grand soulagement de Ron qui distribua les cartes. Ils n'étaient pas amis, pas même des connaissances. Susan ne se souvenait pas lui avoir déjà adressé la parole. Mais elle était prête à faire un effort parce qu'elle savait que ce qu'elle pensait du rouquin était en partie dû à ce que Hannah pensait et elle tenait à se faire sa propre opinion. Harry semblait soulagé de voir que ses deux amis fassent un effort pour lui.

– Impatient ? demanda gentiment Susan au cours du voyage.

– J'ai hâte, avoua Harry. C'est la première fois que je fête Noël en dehors de Poudlard.

Hannah interrompit sa conversation pour se tourner vers le brun.

– C'est ton premier Noël !? s'exclama-t-elle effarée.

– Euh, oui. Je ne m'entends pas avec ma famille, éluda-t-il.

– Tu vas adorer ça, assura Susan en jetant un regard courroucé à son amie.

Hannah rougit en comprenant qu'elle avait été très indiscrète.

– Mes parents sont ravis, mentit Hermione avec aplomb. Ils ne comprennent pas tout ce qui se passe dans le monde magique. Je crois que ça leur fait plaisir d'accueillir un autre sorcier.

– Sans doute, répondit Susan.

– On peut participer ? demanda Hannah à Harry, cherchant à se rattraper.

Le trajet passa à une vitesse affolante. Harry découvrit que Susan était très forte pour cacher son jeu et que Hannah était une très mauvaise perdante. À midi, les jumeaux Weasley firent leur apparition et, après trois parties de cartes, Harry fut certain qu'ils avaient triché pour gagner, sans pouvoir le prouver.

Le train finit par ralentir et Harry sauta sur ses pieds alors qu'ils n'étaient pas encore arrivés.

– Il est fou, murmura Ron à Hermione.

– Attends de voir sa réaction quand il verra Sirius, chuchota-t-elle à son tour.

– Tu as intérêt à tout me raconter en détail, insista Ron amusé.

Hermione et Ron échangèrent un regard typique de ceux qui préparent une surprise et qui sont impatients de la révéler.

– Bonnes vacances, dit Susan en s'approchant de Harry pour lui dire au revoir.

Harry lui décrocha un sourire éblouissant.

– Toi aussi Susan. Écris-moi pour me raconter ton Noël.

– Oh... s'amusa Susan, tu sais, ce sera comme d'habitude. Ma tante va m'obliger à porter un pull de Noël affreux pour la tradition. Je t'assure qu'elle est beaucoup moins impressionnante avec un bonnet d'elfe sur la tête.

– Remercie-la pour moi.

Harry n'oubliait pas qu'Amelia Bones avait rouvert le dossier Black, croyait en son innocence et s'attelait à monter un dossier d'accusation contre Peter.

Susan lui fit un petit signe de la main pour lui dire au revoir, mais Harry la serra rapidement dans ses bras, sans même comprendre pourquoi il le faisait. Susan l'observa un peu sonnée, avant de sourire largement.

Harry se tourna vers Hermione et Ron en se raclant la gorge, les joues rouges.

Ron, qui s'était interrompu dans sa phrase, étira son visage en un sourire ironique. Harry croisa son regard et il sut qu'il devait éviter son meilleur ami parce qu'il ne voulait surtout pas parler de ce qu'il venait de se passer.

– Hermione, on y va ? Tes parents nous attendent ? coupa Harry en voyant Ron ouvrir la bouche.

– On ne va pas en parler ? se plaignit Ron déçu.

– Non, sinon je te jette un sort.

– Susan Bones, dit Ron qui retenait visiblement de rigoler. Qu'est-ce qu'il disait il y a un mois déjà ? demanda-t-il à Hermione.

"Susan est une amie", récita Hermione en imitant à la perfection le ton de Harry.

– Oui, une amie, répéta Ron en lui lançant un clin d'œil amusé.

C'est une amie, insista Harry en rougissant. C'est juste pour la remercier, pour sa tante. Laissez tomber.

– Oui, Harry, bien sûr, dit Ron d'un ton rempli d'ironie.

– Oh, je vois ta mère, Ron, coupa Harry soulagé de voir Molly au loin.

Le trio se dirigea vers les Weasley, Harry tentant d'oublier les regards narquois de ses amis sur lui.

– Harry, mon chéri ! dit Molly en prenant Harry dans ses bras après avoir salué Ron et Hermione.

Harry se raidit et Hermione sembla être la seule à s'en apercevoir. Il était rare que Harry engage un contact ou soit à l'aise avec ça, d'où son étonnement en l'ayant vu enlacer, même rapidement, Susan. Elle était inquiète pour lui, ce qui expliquait pourquoi elle avait senti son ventre se tordre quand elle l'avait vu faire.

– Ron ne nous avait pas dit que tu passais Noël avec nous. Nous sommes enchantés ! lança Molly.

Hermione et Ron grimacèrent d'un même mouvement. Harry rougit légèrement en se demandant comment il allait se sortir de ça, voyant les yeux remplis de joie de Molly se poser sur lui.

– En fait, Mrs Weasley, je vais chez Hermione.

– Chez Hermione ? dit Molly, étonnée, avant de couler un regard vers les parents de la brune qui attendaient au loin.

– Oui, ils m'ont proposé de passer Noël avec eux.

– Je pensais que le directeur ne voulait pas que tu passes Noël en dehors de Poudlard, remarqua-t-elle.

Ron lui avait sans doute raconté son entrevue avec Dumbledore.

– Il ne voulait pas que je passe Noël avec Sirius, mais il n'a rien trouvé à dire pour Hermione, expliqua Harry.

Au mot "Sirius", les lèvres de Molly se pincèrent, mais elle ne fit aucune remarque. De toute évidence, elle semblait d'accord avec le directeur et cela mit Harry mal à l'aise. Il adorait les Weasley et il ne voulait pas que sa nouvelle relation avec son parrain l'éloigne de la famille qui l'avait si bien accueillie l'été passé.

– Nous aurions pu t'accueillir, affirma Molly, un peu gênée. Ce n'est pas très sûr pour toi.

– Tout va bien, Mrs Weasley, assura Harry. Sirius n'est pas à ma recherche. Je serai en sécurité chez Hermione.

Molly ne semblait pas convaincue.

– Harry et Hermione doivent y aller, maman, dit fermement Ron en voyant sa mère essayer d'argumenter. Harry, envoie-moi une lettre rapidement.

– Pourquoi ?

– Pour me raconter tes vacances, dit Ron sur le ton de l'évidence.

Hermione sourit largement, comprenant le sous-entendu de Ron, avant de prendre le bras de Harry pour l'entraîner à sa suite.

– Merci, Mrs Weasley, dit Harry en voyant qu'elle le couvait des yeux d'un air protecteur et inquiet. Joyeux Noël !

Les Weasley lui répondirent tous en chœur, avant que Harry ne suive Hermione pour retrouver les parents de cette dernière.

– Hermione ! s'exclama le père de la brune en la prenant dans ses bras, ému de la revoir.

– Tu dois être Harry ? s'enquit la mère de Hermione en lui faisant un sourire chaleureux.

– Merci de m'accueillir, Mrs Granger, dit Harry en souriant à son tour.

– Appelle-moi Karen, assura-t-elle d'une voix douce.

– Et moi Richard, dit le père de Hermione en lui tendant sa main.

Harry fut soulagé de cet accueil. Il ne connaissait pas les parents de Hermione mais ils semblaient adorables. Ce qui le rassurait aussi était que Karen ne lui avait pas fait de sourire maternel ou d'embrassade. Elle l'accueillait comme un ami de sa fille et c'était ce qui lui fallait. Il adorait les Weasley, mais l'effusion de Molly était parfois difficile à supporter.

– Allons-y, nous avons un peu de route, dit Richard en tirant la valise de Hermione derrière lui.

– J'ai cru qu'elle n'allait pas te lâcher, murmura Hermione qui semblait un peu en colère. Elle a cru que je t'enlevais ou quoi ?

– Elle est juste triste que je t'ai choisie plutôt qu'elle, répondit Harry un peu gêné. Je ne voulais pas les mettre mal à l'aise.

– Si elle voulait t'avoir, elle n'avait qu'à te demander, rétorqua sèchement Hermione.

Harry ne répondit pas, sachant que dans ces moments il valait mieux laisser Hermione décompresser dans son coin.

– Je vous remercie de m'accueillir pour les vacances, dit Harry une fois dans la voiture des Granger. Je sais que ce n'était pas prévu et que tout a été organisé au dernier moment.

– Ne t'inquiète pas Harry, assura Karen. Nous sommes ravis de t'avoir à la maison.

– Hermione nous a beaucoup parlé de toi, assura Richard avant de leur demander comment s'étaient passés leurs premiers mois à Poudlard.

.

La maison des Granger était charmante et déjà remplie de décorations de Noël. Les Dursley n'installaient qu'un grand sapin, la tante Pétunia craignant que les décorations de Noël ne salissent son intérieur. La vision des petits pères-Noël, des guirlandes aux murs et même des peluches de Noël remplissait Harry de joie. C'était exactement ce dont il avait rêvé comme décorations quand il était plus jeune.

Les parents de Hermione les écoutèrent parler de l'école avec intérêt.

– Et toi Harry, quelle est ta matière préférée ? s'enquit Richard qui semblait à la fois perdu et émerveillé par les pouvoirs de sa fille.

– Les Runes, affirma Harry. C'est un peu comme le latin, expliqua-t-il en voyant leurs regards interloqués.

– Oh... dit Karen intéressée.

– On fait des traductions. Il y a aussi un genre de... nouvel alphabet. C'est génial. Mais j'aime bien aussi la Défense Contre les Forces du Mal. Le plus intéressant est de combiner les deux matières, ça permet de faire des sorts plus puissants.

– Mhm, ce n'est pas un peu dangereux ? demanda Karen, les yeux écarquillés.

Hermione se tendit imperceptiblement et Harry ne le vit que parce qu'il la connaissait par cœur. Elle le regarda un court instant et il comprit qu'il ne devait pas trop en dire. Il ne savait pas ce que Richard et Karen savaient, mais il était évident que Hermione leur avait caché de nombreuses choses.

– Nous sommes bien encadrés, assura Harry d'une voix claire.

– Parfait, sourit Karen qui semblait soulagée. Nous sommes un peu dépassés par tout ça.

– Voir Hermione uniquement pendant les vacances, sans même savoir ce qu'elle fait est très difficile pour nous, dit Richard d'une voix tendue.

– Je peux le comprendre, admit Harry un peu gêné. Vous ne pouvez pas communiquer par hibou ?

– Si, mais ce n'est pas pareil, grimaça Karen. Je ne comprends pas pourquoi Hermione ne peut pas avoir un portable, ce serait si simple.

– Je te l'ai dit maman, soupira Hermione comme si elle avait déjà eu cette conversation un millier de fois, la magie et la technologie ne sont pas compatibles.

Karen profita de la présence de Harry pour le bombarder de questions, le voyant plus loquace qu' Hermione. Harry fit du mieux qu'il put pour rassurer les Granger et leur promettre qu'ils étaient parfaitement en sécurité et encadrés.

Une heure était passée quand la sonnette retentit. Les Granger se redressèrent immédiatement, sourires aux lèvres, leurs yeux fixés sur Harry.

– Notre invité est arrivé, dit mystérieusement Richard.

Harry se demanda si quelqu'un de la famille de Hermione venait passer les fêtes chez eux. Il n'osa pas poser la question et attendit, alors que Richard revenait dans la cuisine suivi par un homme. Il semblait avoir l'âge de des parents de Hermione, des cheveux châtains courts et une moustache qui aurait pu rivaliser avec celle de l'oncle Vernon.

– Bienvenu, dit chaleureusement Karen en se levant pour accueillir l'inconnu.

– Bonjour monsieur, dit poliment Harry.

L'homme inconnu dévisagea Harry avant qu'un sourire malicieux n'étire son visage. Les Granger rigolèrent, comme s'ils participaient à une grande blague. Harry haussa un sourcil en se tournant vers Hermione pour avoir des explications.

– Bonjour ? répéta l'inconnu qui souriait toujours. Et c'est comme ça que tu m'accueilles ?

Sous les yeux médusés de Harry, l'homme sortit une baguette magique de sa poche et enleva ses enchantements. Un homme aux traits toujours un peu tirés, mais débordants de joie, apparut devant lui. Des cheveux mi-longs qui tombaient avec élégance sur son visage. Une barbe de trois jours parfaitement bien taillée. Des yeux gris qui pétillaient de joie. Devant lui se trouvait son parrain, Sirius Black.

– Qu'est-ce que... souffla Harry.

Il courut à moitié vers Sirius et l'enlaça si fortement que son parrain en eut le souffle coupé. Sirius sembla ému par cette marque d'affection et posa ses bras autour de son filleul.

– Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Harry, sous le choc.

– C'est évident, non ? fit Sirius dont la voix flancha légèrement. On passe les vacances ensemble !

Harry mit quelques secondes à comprendre ce que signifiaient les paroles de son parrain, avant que son visage ne s'étire en le plus grand sourire qu'il ait fait de sa vie. La perspective de passer deux semaines avec Sirius venait de lui enlever un poids dont il n'avait pas eu conscience d'avoir sur les épaules. Il se sentait léger et très heureux. Son cœur tambourinait comme si, lui-même, ne croyait pas en sa chance. Il n'en revenait pas, il n'avait rien vu. Comment était-ce possible ? Comment Sirius avait pu passer outre la surveillance de Dumbledore ?

– Super, dit simplement Harry avec une telle émotion dans la voix que Sirius l'attira dans un nouveau câlin en fermant ses yeux.

– Tu es content ? demanda Sirius qui craignait toujours que son filleul ne souhaite pas le voir.

– Je n'ai jamais été aussi heureux, assura Harry.

Puis, il se tourna vers les Granger qui semblaient très émus par leurs retrouvailles. Hermione avait cet éclat malicieux dans les yeux que Harry ne voyait pas souvent. Comment ne l'avait-il pas vu ? Il posa sur elle un regard rempli de reconnaissance.

– Merci, vraiment, à vous tous.

– Hermione a tout organisé, affirma Richard qui coula un regard fier sur sa fille. Sirius est venu nous voir pour nous parler du plan. Nous avions juste à t'amener ici.

– Elle nous a dit que le directeur ne t'avait pas autorisé à voir ton parrain, enchaîna Karen. Nous vous avons juste donné un petit coup de pouce.

Harry regarda Hermione qui avait les yeux brillants d'émotion.

– C'est Noël, dit simplement Hermione sur le ton de l'évidence. Je ne voulais pas te laisser seul alors que Sirius était là.

Harry écarquilla les yeux car il savait qu' Hermione n'avait pas été de suite enchantée à la perspective que son parrain, qui avait passé douze ans en prison, s'occupe de lui.

– Sirius ? releva Harry amusé.

– On a bien discuté, je lui fais confiance, assura-t-elle en rosissant.

Sirius sourit, alors que Harry s'approchait d'elle pour la serrer dans ses bras, incapable de prononcer un mot.

– Merci pour tout, murmura-t-il à son oreille, très touché.

– Pas de quoi, répondit-elle d'une voix émue. Maintenant, tu as intérêt à profiter de tes vacances.

– Promis. Tu as prévenu qui ? s'enquit-il.

– Seulement Ron. Je ne me voyais pas lui cacher une telle chose.

Harry hocha la tête, soulagé, car il aurait été difficile pour lui de lui mentir à nouveau.

– Vous avez une fille très intelligente, dit Sirius sérieusement qui venait à son tour de remercier Hermione.

Les parents de Hermione se pâmèrent de joie, alors que Harry se tournait vers son parrain.

– Tu ne m'as pas dit le nom de l'opération.

– Le nom ? répondit malicieusement Sirius.

– Tu m'as dit que tout plan devait avoir un nom. Un truc de Maraudeur, insista Harry.

– C'est l'opération "noyer le citron", répondit Hermione d'une voix amusée.

– Je suppose que Sirius a choisi, ricana Harry.

Sirius leva les mains au ciel en signe de repentance.

– Ça collait bien, non ?

– Tu as déjà fait pire.

Les au-revoir avec la famille de Hermione furent très chaleureux.

– Nous aimerions beaucoup vous inviter à dîner, dit Karen en saluant Sirius. Après tout, Harry est censé passer les vacances chez nous.

– Nous pouvons dire avant la rentrée ? dit Sirius.

– Ce serait parfait, affirma Richard. Comme ça, nous raccompagnerons Harry sur le quai avec Hermione.

Une fois arrivés au Square Grimmaurd, Sirius et Harry se regardèrent un long moment avant d'éclater de rire. Ils avaient passé la surveillance de Dumbledore. Ils avaient deux semaines rien qu'à eux.

.

Harry retrouva le Square Grimmaurd avec un plaisir manifeste. Ce n'était pas la maison la plus accueillante, malgré les travaux qu'y avait fait Kreattur, mais le fait d'être avec son parrain surpassait l'aspect sinistre des lieux. Il avait dormi dans une chambre qui, bien qu'impersonnelle, valait cent fois la minuscule chambre des Dursley.

Il avait quinze jours avec son parrain. Ça lui paraissait à la fois long, parce qu'il n'avait même pas imaginé pouvoir passer un jour avec Sirius, et court parce que ça allait passer trop vite. Il comptait profiter de chaque minute. Jamais il ne remercierait assez Hermione pour ce cadeau.

Quand il descendit prendre son petit-déjeuner, il passa devant le portrait de Walburga qui semblait ravie de le revoir. Elle lui demanda de lui raconter tout ce qu'il s'était passé en quatre mois et Harry se fit un plaisir de tout lui dire. Elle fut horrifiée quand il lui parla des Détraqueurs, soulagée quand il lui parla de Peter et furieuse quand il en vint à Dumbledore.

Quel homme abject ! T'empêcher de voir ta famille ! Mon Sirius !

– Il veut me protéger, affirma Harry, un peu vexé de voir la mère de Sirius aussi catégorique.

Walburga leva les yeux au ciel en voyant Harry si candide.

Tu es sûr de cela ? demanda-t-elle d'un ton supérieur dont elle avait le secret.

– Oui. Il a peur parce que Sirius a passé douze ans à Azkaban.

Ce dont il est responsable, rappela-t-elle. Il a laissé l'héritier de la plus grande fortune d'Angleterre derrière les barreaux. Pourquoi ?

– Parce qu'il le pensait coupable.

Oui, c'était aussi plus commode.

– Commode ? releva Harry, le nez froncé.

Oui, commode. C'était plus simple de le savoir en prison. Il le croyait coupable, certes, mais il ne voulait pas s'embêter avec un procès. Il savait que Sirius allait s'opposer à lui pour avoir ta garde. C'était plus simple pour lui de ne pas l'avoir dans l'équation et pouvoir faire ce qu'il voulait avec toi.

– Je ne pense pas qu'il soit comme ça, dit fortement Harry. C'est le directeur de Poudlard, il protège ses élèves.

Il ne t'a pas protégé, Harry. Il a tout fait pour que tu sois isolé, pour que tu affrontes ces dangers tout seul. Il t'a contrôlé dès le début.

– Il ne pouvait pas m'aider.

Tu le penses vraiment ? C'est un adulte, c'était à lui de régler les problèmes, pas à un enfant.

– Je ne crois pas que...

C'est un directeur d'école et pourtant il choisit de te placer chez des gens qui détestent la magie en n'ouvrant pas le testament de tes parents. Non, il voulait que tu sois isolé du monde magique dès le début. Sirius n'aurait fait que compliquer les choses. Le Survivant élevé par des Sangs de Bourbe, ricana-t-elle. Quel scandale !

– Ne les appelez pas comme ça !

C'est ce qu'ils sont. Ils t'ont traité comme un moins que rien et ne me dis pas que le directeur n'en savait rien.

– Pourquoi il ferait ça ? fit Harry, les yeux écarquillés.

C'est évident. Il a besoin de toi à ses côtés. Tu le vois comme un grand homme, comme l'homme qui peut te sauver. Il pourrait te demander ce qu'il veut que tu le ferais.

– Pas du tout !

Si. Avant de connaître Sirius, tu l'as défendu, tu as fait tout ce qu'il voulait. Tu t'es battu pour Poudlard, tu as affronté des dangers sans sourciller. Maintenant, tu connais Sirius et il va te protéger. Mais s'il n'avait pas été là, Dumbledore aurait continué à te laisser seul et à t'utiliser.

– Je ne pense pas qu'il soit si manipulateur.

Tu es aveuglé. Un jour, tu comprendras.

– Je ne pense pas, affirma Harry sur un ton de défi.

Pourquoi aurait-il repoussé le procès alors ? Mis à part t'empêcher de voir Sirius. Et pourquoi le ferait-il ? Parce que, plus tu es proche de Sirius, plus tu t'éloignes de lui. Plus tu réfléchis. Moins il a la main sur toi. Je ne serais pas étonné qu'il t'ait prévu une place dans son plan pour lutter contre le Seigneur des Ténèbres.

– Je suis un enfant, il n'a pas besoin de moi.

Alors pourquoi t'a-t-il laissé affronter tous les dangers seul ? Si tu es un enfant, tu as le droit de vivre comme un enfant. Il t'a placé chez les Sangs de Bourbe et il se fiche que tu y sois heureux ou non. Il t'a laissé affronter le Seigneur des Ténèbres et le Basilic. Dumbledore t'a privé de ton enfance et tu ne le vois même pas.

– C'est n'importe quoi, rit Harry. C'est le directeur, il protège les élèves.

On ne dit pas "n'importe quoi", reprit Walburga agacée. Je suis d'accord avec toi, il protège ses élèves. Tous, sauf toi.

Harry mangea son petit-déjeuner sans entrain. La conversation avec Walburga l'avait un peu retourné. Il avait conscience que le directeur avait fait des erreurs, notamment s'agissant du procès de Sirius, mais il ne pouvait pas penser qu'il ait été aussi manipulateur que cela. C'était un grand homme. Certes, il faisait des erreurs, mais qui n'en faisait pas ? La mère de Sirius n'était qu'un tableau. Dumbledore voulait le protéger, ce qui était compréhensible. Non, il ne pouvait pas avoir prévu un grand plan dans lequel Harry l'aiderait à combattre Voldemort. Il n'était qu'un enfant.

– Tu es prêt ? fit Sirius en débarquant dans la cuisine sourire aux lèvres.

– Euh... Ça va ? dit Harry en voyant son parrain sauter sur place.

– Super ! affirma Sirius en lui prenant le bras pour le forcer à se lever. J'ai une surprise pour toi.

– Une surprise ?

Harry fronça son nez. Il connaissait bien Sirius et il ne savait pas à quoi s'attendre. Les surprises n'étaient pas toujours bonnes et il craignait de faire face à une mauvaise blague.

– Oui, une surprise ! dit Sirius excité. Tu vas adorer.

– Heu... cool ?

– Oui, cool. Nous partons.

Harry écarquilla les yeux. Le mandat d'arrêt contre Sirius était levé, mais il restait difficile pour lui de se promener dans les rues tant que le procès n'avait pas eu lieu. Il valait mieux faire profil bas jusqu'à mars et Harry pensait que Sirius l'avait enfin compris.

– Où est-ce qu'on va ?

– Tu vas voir, s'amusa Sirius.

– Ce n'est pas dangereux ?

– Mais non. Je maîtrise.

Harry ravala la remarque qu'il avait sur le bout des lèvres. Sirius semblait si heureux qu'il ne voulait pas gâcher ça, mais il savait aussi que Sirius n'avait pas la même notion du danger que lui et qu'il avait tendance à s'emporter. Harry s'assura qu'il avait sa baguette sur lui, au cas-où. Plus jamais il ne voulait que Sirius soit en danger.

– Tu es sûr que...

Harry fut interrompu par l'apparition de Dobby qui semblait aussi excité que Sirius.

– Dobby, sourit Harry un peu rassuré.

Il savait qu'au cas où, l'elfe pourrait sortir son parrain d'une situation compromettante.

– Si Maître Potter veut bien me faire l'honneur, dit Dobby en tendant la main.

Harry la prit sans hésiter et fut entraîné dans un tourbillon de couleurs. Il atterrit sur ses deux pieds, vacillant légèrement. Il regarda autour de lui et prit une grande goulée d'air salée qui lui remit les idées en place.

Sirius apparut à ses côtés et posa une main sur son bras pour s'assurer qu'il allait bien.

Ils étaient sur une plage de sable, dans une sorte de crique. Elle était de taille moyenne et complètement vide. La plage était entourée d'immenses rochers et d'arbres qui l'isolaient parfaitement. Ils étaient complètement seuls. Ils étaient dans un cocon, à l'abri de tout.

Le sable était fin et doré, les vagues faisaient un doux bruit, apaisant, au gré du vent. Les goélands raillaient, ce qui donnait à l'ensemble un air de vacances. Harry avait l'impression de rêver.

Le regard de Harry se perdit dans l'immensité de la mer devant lui. C'était la première fois qu'il la voyait et elle était telle qu'il l'avait toujours imaginée ; sombre, agitée par le vent d'Angleterre, et infinie. Puis, il tourna son regard vers la maison, sur la plage, qui se fondait parfaitement au décor idyllique.

– Bienvenue à la Villa Bleue, annonça Sirius un peu crispé. Je te fais visiter ?

Harry suivit son parrain sans pouvoir prononcer un mot, la gorge sèche. Il ne pouvait s'empêcher de regarder tout autour de lui quand ils arrivèrent devant l'immense maison qui était tout simplement magnifique.

On y entrait en passant par une grande terrasse blanche, recouverte de pots contenant des fleurs multicolores. Harry se demanda comment Dobby avait pu qualifier la maison de "petite" quand il lui en avait parlé.

Les murs lambrissés et laqués de blanc étaient ornés d'immenses photos de coquillages en noir et blanc. Le mobilier était immaculé et la plupart des accessoires choisis par Sirius étaient en verre ou en métal. L'ensemble aurait semblé austère sans la vue somptueuse sur la mer, les tapis aux couleurs chaleureuses qui recouvraient le parquet en bois sombre et les rayonnages remplis de livres en tout genre. La cuisine ouverte sur le salon était très moderne, en matériaux bruts.

Le premier et le deuxième étages étaient constitués de deux chambres occupant l'immense espace ouvert, seules deux poutres de soutènement rompant le volume et séparant le lit de deux espaces : l'un pour la salle de bain et l'autre pour un immense bureau. Des plantes vertes étaient posées dans chaque coin de la pièce. Les chambres étaient décorées avec goût et simplicité, dans des tons dorés avec quelques touches de rouge. Une bannière de Gryffondor avait été accrochée dans la chambre de Sirius dont les murs étaient tapissés de photos.

Le troisième étage comportait des chambres d'amis et un espace dédié à Dobby que Harry reconnut en y voyant une accumulation de chaussettes sur le sol. Le grenier était en réalité un coin bibliothèque avec des fauteuils ultra moelleux, une cheminée qui crépitait et des étagères si hautes que Harry n'en voyait pas le haut. Une pièce qu'Hermione aurait sans doute qualifiée de paradis.

Ils descendirent dans le sous-sol, toujours en chantier. Sirius lui expliqua qu'ils avaient prévu d'y faire une salle d'entraînement et de sport, mais qu'ils avaient été pressés par le temps. À l'arrière de la maison se trouvait un petit potager que Harry imaginait sans peine rempli de fruits et légumes, sous les bons soins de Dobby.

– Voilà... Comment tu trouves ? Tu peux arranger comme tu veux, bien sûr. J'ai pensé que les couleurs blanches c'était bien pour qu'ensuite on puisse mettre nos décorations et... Dobby est à ta disposition après tout, il pourra aussi acheter de nouvelles choses ou changer les peintures. Et voilà...

Harry tourna sur lui-même dans le salon, incapable de dire un mot, soufflé par la beauté des lieux. Sirius n'avait décidément pas hérité du goût de sa mère. La maison leur ressemblait énormément : elle était cosy, chaleureuse et surtout lumineuse. C'était une maison de rêve.

– C'est très beau, lâcha Harry sous le charme.

– Il n'y a pas de têtes d'elfes, rit Sirius, un peu anxieux.

– Quel dommage, ironisa Harry. C'est... je n'ai pas de mots. Ça ressemble au paradis.

– Vraiment ?

Le visage de Sirius s'étira en un sourire soulagé, comme s'il avait eu peur que cette merveille ne plaise pas à Harry.

– J'adore. C'est splendide... Je n'ai pas les mots. Et toi, ça te plaît ?

– Beaucoup. Mais c'est surtout grâce à mon immense talent, se vanta Sirius.

– Je ne peux pas te contredire sur ça, rit Harry. C'est magnifique. Les couleurs, les tapis sont jolis... J'adore tout ! Vous avez dû y passer des heures !

– Quand Hermione m'a proposé le plan "noyer le citron", on a mis le paquet avec Dobby et Kreattur. Ils avaient déjà bien avancé, mais il restait pas mal de choses à faire, notamment pour la décoration. On voulait tous les trois que ça soit prêt pour ton arrivée. Il reste le sous-sol, mais on aura le temps de l'agencer dans les prochains mois et aussi quelques petites choses à modif...

– C'est parfait, coupa Harry en voyant que Sirius était stressé. C'est magnifique. Merci Sirius.

Harry tourna son regard rempli d'émotions vers son parrain en se demandant quand cette sensation de bien-être allait disparaître. Sirius sourit tranquillement, rassuré à l'idée de voir Harry aussi détendu dans cet endroit. Il avait voulu que tout soit parfait pour l'accueillir. Parce que son filleul méritait mieux qu'une vieille maison remplie de magie noire.

– J'ai relié le Square Grimmaurd et la Villa Bleue par cheminette, informa Sirius. Tu es autorisé à t'y rendre quand tu le souhaites, Dobby a acheté de la poudre de cheminette. J'ai déjà entouré la maison de protections, mais je te propose de faire un Fidelitas pour ici, si ça te convient. Au moins le temps que le procès soit passé. Ensuite on pourra alléger notre défense.

– Bonne idée, affirma Harry rassuré à l'idée que son parrain soit enfin en sécurité et loin de la maison qu'il détestait.

– Dobby habite ici et Kreattur a tenu à rester au Square Grimmaurd, mais il continuera de nous préparer les repas. Tu sais comment il est.

Harry sourit car il savait que Kreattur n'allait pas les laisser mourir de faim.

– On va être heureux ici, affirma Harry avec émotion.

Sirius ne répondit pas et entraîna Harry dans un câlin en songeant au fait que, enfin, ils étaient chez eux.

Sirius et Harry visitèrent le village dans lequel se trouvait la Villa Bleue et auquel ils accédaient en montant un petit chemin sableux. Le petit village était typique de la campagne anglaise. Sirius insista pour qu'ils renouvellent la garde de robe de Harry dans les nombreuses petites boutiques qui s'y trouvaient. Il avait tenté de lutter mais Sirius semblait si heureux à l'idée de lui offrir tout ça qu'il n'avait pas eu le cœur à lui faire de la peine.

Ils ne s'attardèrent toutefois pas très longtemps, Sirius devant renouveler ses sortilèges de métamorphose régulièrement et craignant que quelqu'un ne puisse les reconnaître. Ils préféraient faire profil bas jusqu'au procès.

Harry passa le reste de la journée à découvrir chaque recoin de sa nouvelle maison, appréciant chaque élément de décoration, chaque pièce, chaque meuble. Il passa une heure à investir sa propre chambre et fut ravi de voir que Sirius lui avait gardé quelques photos qu'il pouvait lui aussi accrocher sur ses murs. La plupart représentaient ses parents quand ils étaient jeunes et Sirius lui avait promis qu'il y en aurait d'eux très rapidement. Harry accrocha également quelques posters qui représentaient les Flèches d'Appleby, l'équipe de Quidditch préférée de Sirius.

Dans la partie bureau, Sirius lui avait installé une petite bibliothèque remplie de livres soigneusement sélectionnés : Défense, Runes et même des livres de Quidditch. Harry s'était demandé si Sirius les avait achetés ou si Walburga était secrètement adepte de ce sport. Tout était parfait.

.

Un hurlement le fit sursauter. Un deuxième le fit frissonner tant il était rempli de terreur. Puis, ce fut le silence. Les gens finissaient toujours par se taire à Azkaban. Sirius était dans sa petite cellule, recroquevillé sur lui-même. Il se sentait mal, triste. Mais il n'avait pas peur. Ça faisait déjà six ans qu'il était à Azkaban, mais ça lui paraissait être une vie entière. Il le savait parce qu'il s'était assuré de ne jamais perdre le compte. Tous les jours, il espérait qu'on vienne le sortir de là. Un espoir rapidement étouffé par les deux Détraqueurs postés devant sa porte de cellule. Il se transforma en Patmol, parce que la culpabilité devenait trop forte. Coupable. Responsable. Peter. Il entendait des gens sangloter, crier, supplier. Mais il savait que ça ne servait à rien. Personne ne venait ici. Il était seul. Le bruit des vagues était angoissant tant elles étaient violentes, terrifiantes, prêtes à vous engloutir. L'odeur acide de la peur lui brûla les narines. Un autre hurlement déchira le silence.

Sirius se réveilla aux aguets, perdu, oscillant entre son cauchemar et la réalité. Il dut se retenir de gémir de peur par crainte de se réveiller dans sa minuscule cellule. Son cœur battait à toute allure et il pouvait presque sentir l'odeur de moisissure de sa cellule, entendre les râles sourds des Détraqueurs et cette sensation de froid qui ne le quittait jamais.

Mais il était dans un lit moelleux et confortable. Il était à la Villa Bleue. La cheminée de sa chambre crépitait doucement et il entendait au loin le bruit des vagues. C'était un bruit apaisant, doux, au contraire de la mer déchaînée d'Azkaban.

Il mit du temps à se rassurer et à sortir de son cauchemar. Il allait bien, il n'était pas à Azkaban, il était en sécurité. Il allait bien. Il souffla de soulagement en attrapant le verre d'eau qu'il avait laissé près de son lit. Il se releva en se prenant la tête entre les mains. Il se sentait mal et craignait de ne pas réussir à se rendormir après ça. Est-ce que cette peur le quitterait un jour ?

Cela faisait longtemps que ses rêves n'avaient pas été aussi puissants. Il avait presque entendu les gémissements de peur et les hurlements.

Soudain, il entendit un bruit sourd au-dessus de sa tête et, mû par un instinct de parent inquiet, se précipita vers la chambre de son filleul. Il ouvrit doucement la poignée et resta un instant interdit en voyant que Harry était tombé de son lit. Il gémissait et se débattait à même le sol, les poings serrés. Son visage crispé reflétait une peur qui fit froid dans le dos à Sirius. Il se tordait comme s'il était à l'agonie, alors qu'il s'était entortillé dans les draps qui lui collaient à la peau.

Sirius resta un instant stupéfait, se demandant comment réagir, comprenant que les cris qu'il avait entendus ne venaient pas de son cauchemar. Il secoua courageusement la tête et s'approcha de Harry. Il posa une main douce sur son épaule pour tenter de le réveiller, avant de voir qu'il était brûlant et qu'il s'agitait de plus en plus.

– Harry. Harry ! Harry, réveille-toi bon sang !

Le cri de Sirius transperça le cauchemar de Harry qui ouvrit brusquement les yeux et se redressa en regardant frénétiquement autour de lui.

– Quoi ? haleta Harry en état d'alerte, prêt à s'emparer de sa baguette. On est attaqués ?

Le cœur de Sirius se serra en une peur panique. Qu'est-ce qu'on avait pu faire à un enfant pour qu'il soit, en pleine nuit, prêt à se défendre pour sa propre vie ?

– Tout va bien, dit Sirius d'une voix douce sans trop le brusquer. Tu faisais un cauchemar. Tu m'as fait une peur bleue.

Harry regarda autour de lui et remarqua qu'il était tombé de son lit. Son teint s'assombrit de honte.

– Désolé, murmura Harry.

– Ne t'excuse pas, dit Sirius d'une voix forte. Tu es brûlant, je vais te chercher de l'eau.

Sirius descendit rapidement dans la cuisine pour laisser à Harry le temps de se remettre. Il s'appuya un instant contre le comptoir de la cuisine et maudit tous les adultes de la création qui n'avaient pas vu que son filleul n'allait pas bien.

Il ne savait pas quoi faire. Que fait-on dans ces moments là ? Lui-même faisait des cauchemars depuis son adolescence, mais sa mère était folle, il avait vécu dans une maison qui lui flanquait la frousse et avait passé douze ans à Azkaban.

Harry avait treize ans. Comment pouvait-il avoir des cauchemars aussi violents ? Et Sirius était sûr que ce n'était pas la première fois. Quand il lui en avait parlé en août, Sirius n'avait pas compris que c'était à ce point. Il ne pensait pas que son filleul gémissait de peur, qu'il se débattait dans son sommeil comme s'il était attaqué, que ses cauchemars le bouffaient littéralement.

Sirius hésita à passer un coup de cheminette à Mihai pour lui demander des conseils, avant de se rappeler qu'il était le parrain de Harry. Harry n'avait pas besoin d'un psychomage, mais d'une personne qui tienne à lui. Ce qu'il n'avait jamais eu dans sa vie. Il avait besoin d'un membre de sa famille. Il avait besoin de son parrain.

Sirius prit une grande inspiration en se demandant s'il allait bien faire les choses. Il avait peur de se tromper, de brusquer son filleul. Il ne fallait pas qu'il se ferme. Il fallait qu'il soit là pour lui, sans se montrer envahissant. Il prit soudain conscience que ces douze années n'avaient pas été de tout repos pour Harry et qu'il allait devoir assurer et assumer le rôle dont on l'avait privé pendant douze ans. Il ne pouvait plus l'abandonner, pas au moment où Harry était le plus vulnérable.

Il attrapa un verre d'eau glacée et une potion de calme que Mihai lui avait préparée pour les cas d'urgence. Il remonta rapidement dans la chambre de Harry qui s'était réinstallé dans son lit et regardait le mur sans oser tourner la tête vers Sirius.

Sirius se crispa un instant, se souvenant de l'état dans lequel il était quand il faisait ses cauchemars dans le dortoir des Gryffondor. Il se souvenait de James qui avait été terriblement inquiet, avant de trouver le moyen de le calmer, en lui parlant d'autre chose et en riant. Un moyen très James qui avait toujours aidé Sirius. Parce que Sirius n'avait jamais pu supporter l'air inquiet de Peter ou les attentions étouffantes de Remus.

– Tiens, dit Sirius en posant les deux liquides sur la table de chevet de Harry.

Ce dernier n'hésita pas et but les potions d'une traite.

– Je vois que tu as mis mes affiches, remarqua Sirius en fixant les murs.

– Mhm... dit Harry sans oser regarder son parrain.

– Avant, les supporters tiraient des flèches à l'aide de leurs baguettes magiques quand les poursuiveurs marquaient un but. Un arbitre a eu le nez transpercé donc ils ont interdit la pratique.

Harry se tourna légèrement vers Sirius, très intéressé.

– C'était aussi l'équipe préférée de ton père. À notre sortie de Poudlard on a assisté à tous les matchs de la Ligue et ils ont gagné. Maintenant... Eh bien, je crois qu'ils sont moins bons, mais ça reste une super équipe.

– J'aimerais bien les voir, dit finalement Harry, la voix tendue.

– On pourrait, affirma Sirius qui espérait réellement pouvoir assister de nouveau à un match. Dès qu'ils gagnent, ils lancent un sortilège qui fait apparaître des flèches dans le ciel.

– Je suis désolé de t'avoir réveillé, interrompit soudain Harry.

– Ne t'inquiète pas pour ça. De quoi est-ce que tu rêvais ?

– Je ne m'en souviens pas, mentit Harry.

Sirius décida de ne pas le brusquer plus que nécessaire. Harry lui parlerait quand il se sentirait prêt.

– Tu as le droit de faire des cauchemars, dit doucement Sirius. Moi aussi j'en fais.

Harry le regarda d'un air de dire "oui, mais toi tu as été en prison pendant douze ans".

– Avant, expliqua Sirius. Quand j'étais à Poudlard.

– Oh ?

– Combien de fois ton père m'a remis dans mon lit, rit Sirius pour détendre l'atmosphère.

– Mon père faisait ça ?

– Bien sûr.

Harry se détendit légèrement en comprenant qu'il n'était pas le seul à qui cela arrivait.

– Maintenant c'est moi qui te remets dans ton lit, dit gentiment Sirius. Je ne vais pas te juger Harry.

– Merci.

Harry posa sur lui des yeux remplis de larmes. Sirius fut soufflé en voyant le regard de Lily si hanté.

– Tu veux que je reste avec toi cette nuit ?

Harry n'osa pas acquiescer et se détendit en voyant Sirius se transformer en Patmol. Il se blottit aux pieds de Harry qui souffla de soulagement. La respiration de Harry fut bientôt plus régulière et, grâce à la potion, il s'endormit rapidement.

Sirius resta alerte et ne ferma pas l'œil de la nuit, le visage crispé de Harry se débattant contre ses rêves lui restant en travers de la gorge.

.

– Cela vous convient-il, Maître Sirius ? s'enquit Dobby.

– Oui, c'est parfait. Merci Dobby. Et remercie Kreattur de ma part.

L'elfe sourit de toutes ses dents avant de disparaître. Sirius avait demandé à Dobby de faire passer le message à Kreattur que Harry avait besoin de réconfort. Il s'était surpassé et le brunch qu'il leur avait concocté était digne de Poudlard. Sirius n'avait pas dormi de la nuit et hésitait entre soutenir Harry dans cette épreuve ou se rendre illico à Poudlard pour demander aux adultes pourquoi personne n'avait aidé son filleul.

Quand Harry émergea de son sommeil et descendit dans la cuisine, les cheveux encore plus ébouriffés que d'ordinaire, l'air hagard, Sirius lui lança ses chaussures de sport. Le visage de Harry s'étira en un sourire soulagé. Il attrapa une part de gâteau qu'il mangea rapidement avant de s'élancer derrière Sirius.

Courir sur la plage, alors que les vagues allaient et venaient, que le soleil perçait tranquillement la fine couche de neige qui était tombée dans la nuit fit un bien fou à Harry. La plage était méconnaissable : blanche, lumineuse, imposante. Harry se sentait tout petit et il appréciait le vent glacé qui lui remettait les idées en place. Sirius et Harry couraient d'un même rythme, sans parler et c'était tout ce qui lui fallait pour le moment.

– J'ai installé un sac de frappe dans le sous-sol, dit Sirius quand ils revinrent de leur footing.

Harry se contenta de hocher la tête et descendit au sous-sol pendant de longues minutes qui parurent des heures à Sirius. Il savait qu'il devait le laisser évacuer tout ça, dans son coin, que Harry avait besoin d'un moment à lui, pour se remettre, parce qu'il se sentait honteux à l'idée d'avoir été vu dans cette position de faiblesse. Mais Sirius n'avait qu'une envie : descendre et faire un câlin à son filleul pour lui montrer qu'il n'était plus seul.

Sirius savait qu'il devait être patient. Harry n'avait compté que sur lui-même pendant plus de douze ans. Il considérait Sirius comme quelqu'un qui tenait à lui, mais n'avait pas compris ce que cela signifiait. Il n'avait pas compris que Sirius serait là pour tous ses cauchemars, pour ses larmes, pour ses moments de joie et pour tout ce qu'il traverserait dans la vie. Sirius devait lui prouver qu'ils étaient une famille et qu'ils allaient se soutenir, quoi qu'il arrive.

Quand Harry remonta, il semblait si apaisé que le cœur de Sirius se serra. Comment ce petit garçon pouvait garder autant de choses en lui ? Il trouvait ça terriblement injuste. Il observa Harry avaler son brunch avec appétit, comme pour combler le vide qu'avait laissé la nuit.

– Tu te sens mieux ? demanda doucement Sirius.

– Oui. Je suis désolé de t'avoir réveillé, dit Harry en rougissant de gêne.

– Tu ne me déranges jamais, Harry. Je suis là pour toi, tu sais.

Harry le regarda, les yeux remplis d'espoir.

– Désolé, s'amusa Sirius, mais tu es coincé avec moi.

– Ça me va.

– Parfait. Je veux que tu viennes me réveiller quand ça ne va pas. Tu me parles dès que tu en ressens le besoin.

Harry le fixa sans trop y croire avant de trouver dans le regard de Sirius quelque chose qui le rassura.

– Je ne veux pas être...

– On est une famille, dit Sirius d'une voix tranchante. Je serai là pour toi, que tu le veuilles ou non.

Harry hocha sa tête en signe d'assentiment, avant d'étirer son visage en un sourire satisfait. Sirius savait que la confiance pouvait prendre du temps. Harry ne le voyait pas encore comme quelqu'un sur qui compter dans ses moments de faiblesse et Sirius allait lui prouver qu'il avait tort.

– Je suis désolé de ne pas avoir compris que tes cauchemars étaient aussi violents. Ça t'arrive souvent ? s'enquit Sirius.

– Ce n'est rien.

– C'est quelque chose, dit Sirius, agacé de voir Harry minimiser les choses. Écoute, je sais qu'on t'a toujours encouragé à te taire, à être fort et courageux. Mais ce n'est pas parce que tu fais des cauchemars que tu n'es pas un Gryffondor.

– Je le sais ! se défendit Harry dont les joues avaient pris une teinte écarlate.

– Non, tu ne le sais pas. Ces cauchemars ne sont pas normaux, Harry, tu ne peux pas rester comme ça.

– Ce n'est rien, répéta Harry en grimaçant. Tout le monde fait des cauchemars, c'est juste... Le changement d'environnement.

– De quoi tu rêves ?

– Je ne me souviens pas.

Sirius soupira en voyant Harry se fermer.

- Écoute, on fait tous des cauchemars. Mais pas aussi violents. Tu n'es pas invincible. Avec tout ce que tu as vécu c'est même étonnant que tu sois aussi équilibré. Tu es loin d'être faible et je pense que tu l'as montré en affrontant Voldemort plusieurs fois, assura Sirius.

Harry le regarda comme s'il hésitait à le croire.

– Ne t'excuse pas pour quelque chose dont tu n'es pas responsable, termina Sirius d'un ton plus doux. Quand tu te sentiras prêt, tu pourras m'en parler. Je ne te forcerai pas. Mais je veux que tu saches que je suis là.

– Je le sais, Sirius.

– Non, mais un jour tu le sauras.

Sirius était furieux à présent. Parce que tous les adultes que Harry avait côtoyés auraient dû s'apercevoir de quelque chose, ils auraient dû lui parler des épreuves qu'il avait subies au lieu de faire comme si rien ne s'était passé. Il avait affronté un Basilic et personne n'était venu le voir en lui demandant s'il allait bien. Il avait tué un professeur, bien que ça ne soit pas de sa faute, et personne ne lui en avait parlé ! Comment les professeurs avaient-ils pu être à ce point négligents ? Comment Mrs Pomfresh avait-elle pu passer à côté de l'état de santé catastrophique de Harry ?

– Personne ne le sait ? s'enquit toutefois Sirius.

– Non. Ça n'arrive pas souvent. Je veux dire, j'ai souvent des cauchemars, mais c'est rare que je...

Sirius hocha La tête en voyant Harry regarder son assiette, gêné.

– Tu mets des sortilèges de silence autour de ton lit, comprit finalement Sirius.

– Oui, dit franchement Harry qui ne se sentait pas de lui cacher une telle chose. Je ne veux pas que mes camarades s'inquiètent.

Il n'osa pas dire que ça lui était arrivé une seule fois et qu'il ne voulait plus jamais revoir la peur dans les yeux de Ron et l'inquiétude dans ceux des autres.

– Tu continues de courir ? dit Sirius pour changer de sujet en voyant que Harry était gêné.

– Oui, tous les jours.

– Tu as remarqué quelque chose ?

– Oui, j'avais moins de cauchemars, admit Harry. Mais ils sont revenus depuis les Détraqueurs... murmura-t-il d'une voix hachée.

Sirius grimaça et se tendit en se rendant compte que l'attaque des Détraqueurs au stade de Quidditch, puis à Pré-au-Lard avaient sans doute affecté Harry plus qu'il ne l'avait pensé. Il n'avait pensé qu'à lui, sans se souvenir que Harry aussi y était sensible.

– Ils sont partis de Poudlard, ça va s'atténuer, assura Sirius.

– J'espère, murmura Harry d'une voix crispée. Comment tu as fait toi, quand tu avais des cauchemars ?

– C'était difficile au début. Et puis, j'en ai parlé à ton grand-père. C'était un grand homme, sourit Sirius. Il m'a accueilli comme son fils quand je me suis enfui de chez moi. Un soir il m'a trouvé dans le jardin en train de prendre l'air, parce que j'avais eu un cauchemar et je lui ai tout raconté. Ça ne part jamais vraiment, mais le fait d'en parler m'a aidé. Aujourd'hui, j'en parle à Mihai. Et le temps y fait beaucoup.

Harry hocha la tête avant de changer de conversation. Sirius comprit qu'il ne voulait plus en parler. Mais il espérait que, quoi que les Détraqueurs aient fait ressortir qui flanquaient à Harry des cauchemars, celui-ci oserait lui en parler un jour.

.

Remus atterrit lourdement sur le sol, un peu troublé par le fait qu'il venait de transplaner avec un elfe de maison. Il regarda autour de lui et fut étonné en voyant la maison autour de lui qui, bien que décorée avec goût, laissait une désagréable sensation de froid.

– Bienvenu chez moi.

Remus pivota pour se retrouver face à Sirius. Quand Remus avait accepté de le rencontrer, il n'avait pas imaginé qu'un elfe de maison viendrait le faire transplaner en "lieu sûr pour voir Maître Sirius". Mais il avait accepté de suivre l'elfe, prêt à tout pour revoir son ami.

Sirius était debout contre un mur, les mains dans ses poches. Il avait l'air serein. Une barbe parfaitement taillée, des joues plus rebondies que sur la photo de la Gazette du Sorcier et son éternel sourire amusé au coin des lèvres.

– Tu as l'air en forme, souffla Remus, un peu impressionné.

– Merci, sourit Sirius. Toi aussi.

– La pleine lune n'est pas pour tout de suite.

Les deux amis se regardèrent un peu gênés, avant de rigoler devant l'aspect incongru de cette rencontre. D'un même mouvement, ils s'approchèrent et s'enlacèrent, se donnant des tapes dans le dos, heureux de se revoir.

– Je suis désolé, dirent-ils d'une même voix. Non, c'est moi. Je t'assure que c'est moi.

Leurs yeux pétillèrent alors qu'ils s'installaient dans le salon où Kreattur avait pris le soin de déposer deux tasses de thé fumantes.

– Un peu de lait et un demi sucre, c'est ça ? dit Sirius en lui tendant sa tasse.

– Tu te souviens de ça ?

– Bien sûr, dit Sirius amusé.

Ils se dévisagèrent un long moment, s'observant, se jaugeant du regard, sans savoir quoi se dire. Ils se parlaient depuis plus d'un mois par lettres interposées, mais le fait d'être face à face, après douze ans, était différent. Sirius avait beaucoup appréhendé leurs retrouvailles. Et s'ils ne s'entendaient plus ? Et si Remus ne le croyait plus ? Et s'il lui en voulait pour ce qu'il avait fait ?

– C'est la maison de mes parents, expliqua Sirius en voyant le regard de Remus vagabonder sur les murs remplis de tableaux et de livres en tout genre.

– Oh.

– Oui, pas mal de mauvais souvenirs, grimaça Sirius. Mais on a refait la décoration.

– Je me doute, rit Remus qui se souvenait des descriptions funestes que Sirius avait pu lui faire quand ils étaient plus jeunes. Harry t'a aidé ?

– Mhm, confirma Sirius. On n'habite plus ici maintenant. Mais la maison a une bibliothèque fournie et je crois que Harry aime bien discuter avec ma mère.

– Ta mère ? s'horrifia Remus.

– Eh oui, qui l'aurait cru ? C'est son tableau, évidemment, mais elle adore Harry. Elle veut lui apprendre tout ce qu'elle sait.

– Et Harry lui parle ?

– Je crois qu'il l'aime bien aussi. À part son point de vue sur les moldus, elle connaît beaucoup de choses du monde magique et ça intéresse beaucoup Harry.

– Il a vécu chez des moldus, ce n'est pas étonnant qu'il cherche à en savoir plus, consentit Remus qui avait aussi ressenti cette soif d'apprendre chez le garçon.

– Merci de lui avoir appris le sortilège du Patronus, dit finalement Sirius en souriant largement.

– C'est normal. Les Détraqueurs ont un effet terrible sur lui.

– Oui, je crois qu'ils font ressortir des souvenirs désagréables, admit Sirius. Mais maintenant il sait se protéger.

– Il m'a montré son Patronus, se souvint Remus les yeux brillants. Cornedrue. Je n'en reviens pas qu'il l'ait fait à Pré-au-Lard devant de vrais Détraqueurs. Il était prêt à y arriver en cours, mais ça reste un acte de grande magie.

– C'était impressionnant, admit Sirius. Il dit que les Détraqueurs étaient tous partis, mais ce n'est pas ça qui est important. Il a fait un Patronus corporel à treize ans ! Même Lily n'y était pas arrivée.

– C'est exactement ce que je lui ai dit, confirma Remus.

– Harry m'a dit que tu étais un professeur génial.

– Je suis touché, sourit Remus en rougissant. J'aime beaucoup enseigner.

– Ça ne m'étonne pas.

Les deux amis parlèrent un instant de Poudlard et des cours que Remus donnait.

– Je ne t'en veux pas, dit finalement Sirius en voyant que Remus cherchait à éviter la conversation tout autant que lui.

– Tu devrais, dit Remus d'une voix sourde. Je ne t'ai pas cru, je t'ai laissé tomber.

– Tu ne pouvais pas savoir. Je veux dire, tout le monde le pensait, toutes les preuves étaient contre moi.

– Je t'ai jugé par rapport à ta famille, c'est... ce n'est pas digne d'un Maraudeur.

– Et moi alors ! dit Sirius en plissant les yeux. J'ai dit à James que tu étais le traître parce que tu es un loup-garou. J'ai tout fait pour que tu t'éloignes de nous et j'ai laissé Peter entrer un peu plus. Je l'ai laissé...

La voix de Sirius flancha un court instant.

– Je pense que Peter nous a bien eus, tous les deux, dit finalement Remus. Il savait qu'on allait se monter les uns contre les autres. Il avait juste à passer inaperçu pour mener son plan à terme.

Ils se regardèrent, un peu amers à l'idée d'avoir été bernés par celui qu'ils appelaient leur ami.

– Je ne t'en veux pas, assura Sirius fortement.

– Moi non plus.

Les deux amis se regardèrent en souriant, souhaitant laisser derrière eux ce passé sombre. Il fallait avancer à présent.

– Je suis quand même désolé de ne pas avoir tout fait pour t'obtenir un procès.

– Ce n'est pas de ta faute, tu n'es pas le président du Magenmagot, dit Sirius d'une voix acide.

Remus rigola doucement en hochant la tête.

– En effet. Je ne comprendrai jamais pourquoi Dumbledore a fait ça. Et pourquoi il repousse ton procès à présent.

– Tu le penses aussi ? demanda Sirius, les yeux écarquillés, heureux de ne pas être le seul à l'avoir compris.

– C'est évident, dit Remus. On sait bien que le président du Magenmagot a des pouvoirs considérables. Surtout si les Aurors te croient innocent, il fallait une raison impérieuse pour le déplacer aussi tard.

– Harry ne l'a pas encore compris, je n'ose pas lui dire.

– Pourquoi ?

– Parce qu'il admire tellement Dumbledore, souffla Sirius de dépit. C'est son modèle. Je ne veux pas qu'il soit déçu.

– C'est très noble de ta part, rassura Remus. Tu le laisses faire ses propres expériences et se faire ses propres opinions.

– Oui, mais je commence à le regretter. Il me parle de Dumbledore qui veut le protéger, mais c'est des conneries tout ça. Dumbledore ne voulait même pas que je rencontre Harry.

Remus grimaça en se souvenant que Harry lui avait dit que le directeur ne voulait pas qu'il passe Noël avec son parrain, ce qui l'avait mis très en colère. Remus avait pu comprendre les inquiétudes du directeur, mais trouvait ça très injuste. Après tout ce que Sirius avait vécu, on lui refusait de voir la seule personne qui avait cru en lui.

– Il finira par le comprendre, laisse-lui du temps.

– J'espère. Comment trouves-tu Harry ? s'intéressa Sirius.

– Il ressemble beaucoup à James physiquement, dit Remus d'une voix pleine d'émotion.

– Sauf les yeux. Au début, c'était dur. Mais tu verras, avec le temps ça passe. Et puis il est différent de James et même de Lily, il a sa propre personnalité.

– Il est doué en tout cas. Très intelligent, très vif. Tu l'as bien entraîné, remarqua Remus.

– Il est génial, sourit Sirius de fierté. Je n'ai pas fait grand-chose, tu sais. Il était déjà très doué, il avait simplement besoin...

– D'un coup de pouce ? suggéra Remus.

– C'est ça. En tout cas, je suis content que tu l'apprécies. Je crois qu'il veut reformer les Maraudeurs, avoua Sirius. Il semble y être très attaché depuis que je lui en ai parlé.

– Je sais, dit Remus. C'est lui qui m'a harcelé pour que je te contacte. Il est très... déterminé.

– Borné, oui ! Pire que James, s'amusa Sirius. Il m'a raconté qu'il avait défendu les loups-garous face à Snivellus.

– J'en ai été très touché, confirma Remus, ému.

– Comment Snivellus a pu devenir professeur ? soupira Sirius, effaré. Il ne t'en fait pas trop voir ?

– Non, ça va, dit Remus en grimaçant. Il n'est pas ravi de me côtoyer, mais il me prépare la potion Tue-Loup, ce qui est une grande avancée pour moi.

Sirius grimaça, car il savait que la potion était hors de prix et que Remus n'avait sans doute pas les moyens de se l'offrir.

– Quand je pense que Harry l'a attaqué involontairement, dit Sirius avec un petit sourire. Je lui ai dit qu'il aurait pu au moins l'assommer. Après tout, il est si injuste avec lui.

– Ça ne m'étonne pas de toi, rit Remus. Severus était furieux. Il voulait le mettre en retenue jusqu'à la fin de l'année. Mais Minerva a été claire ; on ne punit pas un élève qui fait de la magie involontaire.

– Minerva... répéta Sirius les yeux rêveurs. Comment tu fais pour les appeler par leurs prénoms ?

– Ils m'ont obligé, reconnut Remus. Ce n'est pas simple au début. Le pire c'est sans doute le directeur, je crois que jamais je ne pourrai l'appeler Albus.

– Mhm... grinça Sirius.

Remus savait que Sirius ne portait plus le directeur dans son cœur et il y avait de quoi. Pourtant, Sirius semblait si détendu et heureux que Remus se dit qu'il y avait sirène sous roche.

– Harry est avec toi pour Noël, n'est-ce pas ? devina Remus.

Sirius sursauta et dévisagea Remus un long moment.

– Je peux te faire confiance ? soupira le brun d'un ton crispé.

– Je suis prêt à en faire un serment ! s'exclama Remus avec force.

Maintenant qu'il avait retrouvé Sirius, il était hors de question de le trahir de nouveau. Il ne savait pas pourquoi Dumbledore était devenu fou à ce point, mais il allait s'assurer de tout faire pour que son ami ait enfin le procès et la vie qu'il mérite.

– Je ne t'en demande pas tant, dit Sirius, rassuré. Dumbledore ne doit pas le savoir.

– Au diable, Dumbledore, dit Remus d'un ton sec.

Sirius écarquilla les yeux un court instant, perturbé à l'idée que Remus ait autant de ressentiment à son égard.

– Comment as-tu fait ? enchaîna Remus sans voir les interrogations dans les yeux de Sirius. Harry m'a dit que le directeur ne voulait pas que vous vous voyiez pendant les vacances.

Sirius étira son visage en un sourire malicieux, en un sourire si Maraudeur que le cœur de Remus se serra de joie.

– Tu connais Hermione ? dit Sirius avant de raconter son plan.

– Cette petite est étonnante, admit Remus. La sorcière la plus intelligente que j'ai rencontrée.

– Je l'ai sentie très attachée à Harry. Que penses-tu de Ron ?

– Ils sont moins proches qu'on me l'avait dit, répondit Remus. Mais il est très attaché à Harry aussi.

– Je ne peux pas m'empêcher... Harry me dit qu'il est parfois jaloux.

Remus souffla un instant.

– Oui, je pense qu'il l'est un peu. Mais c'est un véritable ami. Il ne ressemble pas à Peter si c'est à ça que tu penses, assura le professeur. Il est loin d'être un suiveur et... Je ne sais pas mais je sens qu'ils sont attachés l'un à l'autre.

Sirius se sentit soulagé. Il savait que Harry l'adorait et savoir que, malgré la jalousie, Ron restait un vrai ami le rassurait prodigieusement.

– Il a besoin d'amis sur qui compter, dit Sirius en souriant. Ça me rappelle les Maraudeurs.

– Qu'est-ce qu'on riait ensemble, dit nostalgiquement Remus.

– Allez, fini les larmes, raconte-moi ta vie depuis qu'on s'est quittés ! dit joyeusement Sirius en sortant une bouteille à son père qui ne lui en voudrait pas de fêter ses retrouvailles avec un vieil ami.

.

Harry, quel plaisir !

– Bonjour Mrs Black.

Walburga lui lança un regard appréciateur alors que Harry inclinait légèrement sa tête devant le tableau.

Sirius n'est pas avec toi ?

– Non, il discute avec Remus, expliqua Harry qui s'était promis de laisser les deux amis tranquilles pour leur première rencontre, mais qui ne se voyait pas rester seul à la Villa Bleue.

Il est avec le monstre, ricana le tableau.

– Ne l'appelez pas comme ça, dit sèchement Harry, un peu vexé. Il n'a pas voulu ça.

Mhm. Je dois dire que je m'attendais à mieux de la part de mon Sirius.

Harry leva les yeux au ciel, agacé. Il savait que Walburga avait peur, mais ce n'était pas une raison pour l'appeler comme ça.

Tu as mis les décorations de Yule ? s'enquit-elle d'une voix plus douce en voyant qu'elle avait vexé Harry.

– Yule ? reprit Harry. C'est quoi ça Yule ?

Walburga écarquilla les yeux.

Comment ça, c'est quoi Yule ? Tu ne connais pas ?

– Non... admit Harry en rougissant.

Enfin ! Tu ne connais pas les traditions ?

– Heu, non. Quelles traditions ?

Walburga jura dans une langue étrangère que Harry ne connaissait pas. Il rit doucement en se souvenant que Sirius avait aussi cette fâcheuse habitude.

Les traditions sorcières évidemment ! Rien à voir avec celles des Sangs de Bourbe, dit-elle d'un ton pincé.

– Donc Yule c'est quoi... Noël ?

Pas du tout, dit-elle d'un ton suffisant. On fête Yule lors du solstice d'hiver.

– Ça consiste en quoi exactement ?

Cette fête symbolise la renaissance du soleil et elle permet à tous de faire un point sur l'année qui s'est écoulée. Les maisons doivent être décorées dans un certain style. On allume les cheminées constamment, on installe des plantes vertes et il faut laisser entrer le soleil. C'est une fête de famille qui se célèbre en petit comité.

– Est-ce qu'on offre des cadeaux comme à Noël ?

Non, dit-elle d'un ton pincé. Toutefois, on laisse généralement un petit présent pour les plus jeunes.

– Pourquoi on ne le fête plus alors ?

Comme toutes les traditions, soupira Walburga. L'arrivée des Sang de Bourbe a tout chamboulé. Nous sommes passés à cette infamie qu'est Noël. Mais il ne faut pas oublier qui nous sommes, Harry. Nous sommes des sorciers et les sorciers doivent célébrer leurs fêtes traditionnelles.

– Je ne vois pas pourquoi on les aurait interdites.

On ne les a pas interdites,s'amusa Walburga. On les a fait oublier. Pour que les Sangs de Bourbe se sentent intégrés.

– C'est insensé. Justement, s'il y a des traditions, pourquoi ne pas les suivre pour s'intégrer complètement ?

C'est le problème, dit Walburga d'un air triomphant. Les Sangs de Bourbe ne veulent pas s'intégrer. Ils arrivent avec ce qu'ils pensent être les meilleures fêtes et remplacent toute notre identité.

– Ils n'ont pas vraiment le choix, dit Harry. Je ne savais même pas que ça existait.

Dumbledore a enlevé le cours de traditions sorcières quand il a été nommé, ce qui est une infamie, dit-elle d'un ton dégoûté. Il les a remplacés par ses répugnantes fêtes moldues au nom de l'intégration. Avant, nous étions tous réunis autour de ces fêtes. Quel dommage.

– Il y a d'autres fêtes sorcières ?

Bien sûr ! s'exclama Walburga. Les fêtes sorcières rythment toute l'année, chez les vrais sorciers évidemment. Le 2 février nous célébrons l'arrivée du printemps, la fin de l'hiver, le réveil de la nature. Pour l'occasion, on allume des bougies dans toute la maison. On fait généralement de grands festins et c'est le moment de renforcer les protections familiales.

– Ces fêtes sont associées aux saisons, n'est-ce pas ?

Exact, dit-elle d'un ton fier. Les sorciers ont toujours été très proches de la nature, même si cela a parfois été oublié. C'est pour cela que nous avons des cours de botanique. Les saisons sont très importantes, que ce soit pour cueillir des ingrédients, faire des potions ou même pour lancer certains sorts.

– J'ai vu ça dans les Runes, souffla Harry. Les cercles de protection sont plus puissants au moment de la pleine lune.

En effet. C'est ça être un vrai sorcier, c'est connaître la saisonnalité et la respecter, la fêter comme il se doit, pour que nos sorts et potions soient les plus efficaces possibles. C'est pour cela que les Sangs Purs sont magiquement plus puissants, parce qu'ils apprécient la Magie.

– La Magie ?

Oui, c'est comme cela que l'on appelle cette saisonnalité. C'est la Magie qui fait les changements, il faut la fêter et la respecter.

Harry songea que cela ressemblait fortement à certaines religions qui faisaient des offrandes à leur dieu. Sauf qu'ici, c'était la Magie qui était mise à l'honneur.

– Mais c'est vrai ?

Bien sûr ! dit Walburga, outrée qu'il la remette en question. Je peux admettre que certaines choses soient surfaites, mais la Magie n'est pas à prendre à la légère. Si tu l'as de ton côté, tu peux faire de grandes choses.

– À Poudlard on ne nous dit pas ça. Ça n'empêche pas certains d'être très bons.

C'est une école, dit sèchement Walburga. Dans la vie professionnelle, les sorciers accordent de l'importance à la Magie. Notamment les Maîtres en enchantements, en potions ou encore en guérison. C'est ce qui explique pourquoi si peu de Sangs de Bourbe sont engagés. Ils n'arrivent jamais à leur niveau, puisqu'ils ne respectent pas la Magie.

– Oh... Mais ils peuvent apprendre ?

Oui, dit-elle après un instant d'hésitation. Mais beaucoup ne le souhaitent pas et c'est ce que nous leur reprochons. Ils arrivent avec leurs traditions et veulent nous les imposer sans respecter les nôtres.

– Donc, c'est pour ça que beaucoup de nés-moldus retournent dans leur monde après Poudlard ?

Oui.

– Mais pourquoi ne pas leur laisser la chance d'apprendre ?

Je ne sais pas.

Harry songea que l'éducation à Poudlard manquait vraiment d'une telle explication. Il était sûr que les nés-moldus n'auraient aucun problème à s'intégrer si on leur donnait la possibilité d'apprendre. Comme intégrer un tel code si on ne vous expliquait même pas qu'il existait ?

Après la fête de la lumière, il y a l'équinoxe de printemps, le 21 mars, reprit le tableau. C'est le moment où le pouvoir de la lumière égale celui des ténèbres. C'est le meilleur moment pour réaliser des sortilèges dits de magie pure.

– Comme le Patronus ?

En effet, dit-elle d'un ton appréciateur. C'est aussi le moment pour brasser des potions de régénération et de guérison, comme la potion de Sommeil sans Rêves que tu sembles apprécier. Le 30 avril nous célébrons Beltane.

– Qu'est-ce qu'on célèbre ?

La lumière, la vie. L'été qui arrive. L'amour.

Harry trouvait ça incongru que Walburga célèbre l'amour, mais n'osa pas faire de remarque par peur de la vexer.

On plante un poteau qui est décoré de rubans, de fleurs et de guirlandes qui symbolise l'union sacrée de la Magie. C'est l'union parfaite entre les ténèbres et la lumière. L'apogée du printemps. Les fleurs finissent d'éclore et c'est le meilleur moment pour les cueillir. Chaque enfant plante un arbre qui symbolise la croissance. Nous avons un petit jardin derrière le Square Grimmaurd où se trouvent tous les arbres qu'ont plantés les garçons.

Harry sourit en imaginant un petit Sirius, suivi de près par un petit Regulus, plantant leurs arbres sous le regard attentif de Walburga.

Ma fête préférée est célébrée le 21 juin. C'est une fête aussi importante que Yule. C'est le solstice d'été. C'est le moment pour pratiquer des sortilèges très puissants. On allume de grands bûchers jusqu'au coucher du soleil, on lance des étincelles, on le fête en famille. C'est aussi le meilleur moment pour les divinations et pour honorer les grands esprits de famille.

– La Divination ? s'enquit Harry un peu étonné.

La Divination est une affaire de croyances, reconnut Walburga en sentant le dégoût dans la voix de Harry. Mais il a été prouvé que certains sorciers sont sensibles à cette forme de magie, ils ressentent quelque chose de plus.

– Oh... Je pensais que c'était un peu... fumeux.

Ça l'est un peu, admit Walburga, amusée. Mais ça reste un moment de grande puissance magique, très émouvant. Toi qui apprécie les Runes tu sauras que si tu veux réaliser un cercle de protection tu dois le faire à ce moment car tu es le plus puissant. Les herbes récoltées ont également plus de vertus.

– Vous avez parlé des esprits de famille...

Oui, il existe une croyance qui veut que nos ancêtres décédés et de grands sorciers tels Merlin, Morgana ou Salazar, veillent sur nous et constituent des sortes d'esprits de famille. Je n'y ai personnellement jamais cru, mais certains sorciers disent y être sensibles, à l'instar de la Divination. Dans tous les cas, nous les honorons pour qu'ils nous apportent prospérité et Magie.

– Ça doit être fort, dit Harry, les yeux brillants.

Ça l'est. Ensuite nous avons le 22 septembre qui est l'équinoxe d'automne. C'est une fête plus sombre, c'est l'approche de l'hiver. Généralement, on évite de réaliser de grandes potions blanches. On ne fait pas d'outrages à la Magie et on prend soin de nous. On renforce les protections autour de nos maisons et on prépare l'arrivée de l'hiver.

– C'est un peu le blues de l'hiver, s'amusa Harry.

Mhm, fit Walburga en levant les yeux au ciel. Et enfin il y a Samhain ou la Nuit des Ancêtres. C'est le début du cercle de la Magie. J'aurai dû commencer par cette fête car c'est la plus importante. Elle se célèbre le 31 octobre.

– C'est Halloween, c'est ça ?

Halloween n'existe pas, dit sèchement Walburga. Ce sont les Sangs de Bourbe qui l'ont inventé pour se moquer de nous, avec leurs costumes ridicules et leurs habitudes dégoûtantes.

– Mais il y a un fond de vrai, il y avait vraiment des sorcières qui fêtaient ça.

Oui. Ils ont voulu nous imiter mais, comme toujours, en ont fait quelque chose d'infect.

– Donc, pas de bonbons, citrouilles ou déguisements ? s'amusa Harry.

Par Salazar, non ! C'est le moment où on entre en contact avec nos disparus.

– Ce n'est pas ce qu'on fait au solstice d'été ?

Pas exactement. En été ils nous protègent, ce sont des esprits de famille déjà en paix. En automne, on s'occupe des morts, on s'assure qu'ils soient passés dans la Magie la plus pure, en paix. Il y a des rituels qui permettraient d'entrer en contact avec eux. On transmet également des connaissances entre les personnes les plus âgées et les plus jeunes. C'est un moment de connaissance et d'acceptation.

– Donc c'est plus puissant que juste les bonbons... fit Harry placidement.

Ça n'a absolument rien à voir, affirma-t-elle. C'est une fête délicieuse.

– C'est dommage qu'on ne le fasse plus à Poudlard, ça aurait plus de sens qu'Halloween.

Ce n'est pas parce que ça ne se fait plus que ça ne se fera plus jamais,dit Walburga, amusée. Dumbledore a voulu que le monde magique et le monde moldu soient identiques, que tout le monde soit intégré.

– Mais c'est n'importe quoi, dit Harry. Justement, si on veut que les nés-moldus s'intègrent, il faut leur donner les clés de notre monde. Pas étonnant que vous ne n'aimiez pas les nés-moldus. Vous avez peur pour vos traditions.

En effet.

– Mais la solution, au lieu de les mettre de côté, ne serait-elle pas simplement de leur apprendre tout ça ?

Je ne sais pas, Harry. Les Sangs de Bourbe ne veulent pas s'intégrer. Regarde ton adorateur de moldus.

– Je pense plutôt qu'ils ne le peuvent pas. Parce qu'on ne leur donne pas les clés pour s'intégrer. On leur fait croire qu'ils sont comme tout le monde, mais au moment de trouver un emploi, ils n'ont aucune chance s'ils ne connaissent pas tout ça.

N'oublie pas Harry que les Sangs de Bourbe ne méritent pas notre pitié. Ce sont des voleurs de magie qui devraient être éliminés.

Harry hésita entre rigoler ou être horrifié par les idées de Walburga, sans doute partagées par d'autres Sangs Purs. Il se dit finalement que ce n'était pas une bataille à mener. Walburga n'était qu'un tableau et il ne pouvait pas changer ce en quoi elle croyait.

– Où est-ce que je peux trouver des décorations pour Yule ?

.

– Comment ça s'est passé avec Remus ? demanda Harry, emmitouflé dans un plaid et buvant une tasse de chocolat chaud envoyée miraculeusement par Kreattur.

Il s'était posé sur la terrasse où Sirius avait posé des fauteuils enchantés qui diffusaient une douce chaleur, même en extérieur. Harry appréciait en observant la mer et songeait qu'il ne pourrait plus jamais se passer de cette vue paradisiaque.

– Très bien, sourit Sirius. On était contents de se revoir. Il me croit et... oui, je pense qu'on s'est retrouvé comme avant. Ça m'a fait du bien de le voir.

– Tu ne l'as pas invité ici ?

– Je n'ai pas osé. C'est ta maison.

Notre maison, corrigea Harry. Je te rappelle que tu m'as fait tout un discours il y a quelques jours sur le fait qu'on soit une famille. Tu es ici chez toi aussi.

Sirius sembla touché par les mots de Harry.

– Ça ne te dérangerait pas ?

– Tu lui fais confiance ? demanda simplement Harry.

Sirius ne réfléchit qu'une demi seconde.

– Sans aucune hésitation.

– Alors oui, tu peux l'inviter ici. Je l'aime bien.

– Il ne m'a dit que du bien de toi.

– Tu peux l'inviter pour le réveillon, proposa Harry soulagé de voir son parrain si heureux. Je ne sais pas s'il fait quelque chose, mais il m'a semblé assez seul.

– Je pense qu'il doit rester à Poudlard le jour de Noël mais oui, pourquoi pas pour le réveillon. Je vais lui demander. Il sera content de ta proposition.

Sirius sourit si largement que Harry crut que son visage allait se fendre en deux.

– Si tu l'es aussi, ça me va, sourit Harry.

Sirius sentit son cœur se serrer en comprenant que Harry faisait tout ça pour lui.

– Ça sera plus simple quand tu seras innocenté, dit Harry franchement.

– Si je le suis.

– Tu appréhendes ?

– Un peu, admit Sirius en grimaçant. J'ai peur que Peter retourne sa veste et qu'ils me renvoient à Azkaban.

– Les preuves sont avec toi cette fois, assura Harry. Tu as contacté Scrimgeour ?

– Pas encore.

– Je pense qu'on peut lui faire confiance.

– En quel honneur ? ironisa Sirius qui savait que Harry avait du mal à faire confiance aux figures d'autorité.

– Je ne sais pas. Il a insisté plusieurs fois sur le fait qu'il te croyait et il est proche d'Amelia Bones qui est convaincue que tu es innocent.

– Et tu sais ça parce que...

– Parce que Susan me l'a dit.

Sirius remarqua instantanément le rosissement sur les joues de Harry, mais avant qu'il ne puisse se moquer, Harry lui jeta un regard glacial qui lui fit ravaler son commentaire.

– Avant que tu ne dises quelque chose, c'est une amie.

– Oui, bien évidemment c'est une amie, dit Sirius d'un ton rempli d'ironie. Bon, si Susan dit que sa tante est digne de confiance, on peut la croire.

– Exact, dit Harry sur un ton de défi.

– C'est un risque, soupira Sirius plus sérieusement en attrapant à son tour une tasse de chocolat chaud. Ils peuvent m'envoyer à Azkaban jusqu'au procès s'ils ont peur que je m'enfuie de nouveau.

– Pourquoi tu n'y vas pas avec ton avocat ?

– C'est une bonne idée, admit Sirius. Au moins il pourrait me protéger et il s'assurera que je rentre le soir.

– Tu m'as dit qu'il était doué.

– Je vais y réfléchir. En parlant de mon avocat, il voudrait te rencontrer.

– Oh, pourquoi ? demanda Harry, les yeux écarquillés.

– Je pense que c'est pour cette histoire de garde. Il veut être sûr que c'est bien ce que tu veux, grinça Sirius. Je crois qu'il a été un peu étonné et qu'il veut s'assurer que je ne cherche pas à t'enlever.

– Bien sûr ! dit Harry avec force. On va y aller.

– Super, dit Sirius soulagé que Harry espère toujours qu'il ait sa garde. Je vais organiser ça pendant les vacances. Il aura sans doute des questions sur les Dursley.

– Pas de problème, je peux en parler avec lui si tu penses qu'il est de confiance, dit Harry.

Il grimaça intérieurement car il n'était pas sûr de vouloir parler des Dursley. Mais il devait le faire pour Sirius, pour la garde.

– Il l'est. Je pense vraiment qu'il va me sortir de là.

– C'est tout ce que j'espère, Sirius.

.

.