PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

N/A : Comme d'habitude, un grand merci à toutes les personnes qui viennent lire l'histoire ça me touche beaucoup ! Voici la deuxième partie des vacances de noël. Le chapitre est encore plutôt long. Ensuite il reste deux chapitres, puis ce sera l'heure du procès ! Bonne lecture !


Partie 2. Chapitre 11.

"Yule"

– Toi, tu as parlé à ma mère, s'amusa Sirius en sortant de la cheminée après une séance avec Mihai.

Harry rougit en voyant Sirius détailler la décoration que Dobby et lui avaient mis en place. Ils avaient tout récupéré au Square Grimmaurd et mis plusieurs heures pour que tout soit absolument parfait.

Ils avaient allumé toutes les cheminées et installé des centaines de bougies, sur les tables et les meubles, du salon et des chambres, qui brûlaient à l'infini.

Un immense sapin, qui représentait la protection, avait été installé dans le salon, ainsi que des sapins de taille moyenne dans les chambres. Harry avait dérogé à la tradition sorcière et y avait accroché des tas de boules de noël et de guirlandes, à la façon moldue, qu'il avait achetés dans le village. Des guirlandes fournies étaient accrochées à même les murs et scintillaient grâce à un sort que Dobby avait mis en place.

Chaque pièce comportait des plantes vertes et des pommes de pin qui donnaient un air très chaleureux à l'ensemble. Harry avait résisté à l'envie d'acheter des petits pères noël qui ne symbolisaient pas vraiment Yule, même si la fête était déjà passée.

Walburga avait insisté pour qu'il accroche des clochettes dans chaque pièce, connues pour disperser les énergies négatives d'un lieu, ce dont Sirius et Harry avaient bien besoin. Elle lui avait également montré l'endroit où elle cachait ses pierres précieuses, notamment l'onyx dont les effets étaient décuplés en cette période, pour qu'il les place dans chaque coin de la maison.

Dobby avait installé un chaudron en or massif dans un coin du salon dans lequel il avait fait infuser des bâtons de cannelle, des clous de girofle et des lanières d'écorce d'orange qui embaumaient la pièce avec délice. Kreattur avait participé en cuisinant des biscuits à la cannelle et au pain d'épices qui avaient été déposés dans un grand bocal en verre en forme de sapin.

– Je sais que la fête est déjà passée, mais je me suis dit que c'était bien pour notre noël. C'est peut-être un peu trop mais...

– C'est parfait, coupa Sirius. J'adore Yule.

– Tu respectes les fêtes sorcières ? s'amusa Harry qui savait que Sirius s'était rebellé contre sa mère et le voyait contester tout ce qu'elle pouvait dire à travers son tableau.

– C'est bien la seule chose sur laquelle j'étais d'accord avec ma mère, dit-il d'une voix remplie de nostalgie en attrapant un gâteau à la cannelle. Délicieux, dit-il en fermant ses yeux de plaisir. Yule est une fête importante.

– Ta mère m'a dit que le cours de traditions sorcières avait été supprimé, avec les traditions.

– Oui, c'est d'ailleurs quelque chose qui a été beaucoup critiqué à l'époque, reconnut Sirius. Beaucoup de nés-moldus ignorent même qu'il existe des fêtes sorcières, alors qu'elles sont essentielles, rien pour la récolte des plantes, la formulation de certains sorts et même la fabrication des potions.

– C'est ce que ta mère me disait.

– Elle a parfois raison, grimaça Sirius. Mais ne lui dis pas que j'ai dit ça.

– Je trouve ça dommage que ça ait été supprimé.

– Moi aussi. Ta mère trouvait ça scandaleux... C'est moi qui lui ai tout appris. Tu sais, elle était très naïve quand elle est entrée à Poudlard, pleine de bonnes intentions et voulant montrer que les moldus aussi étaient doués. Et puis avec les années et, surtout à la sortie de Poudlard, elle a compris qu'il lui manquait beaucoup de choses essentielles pour s'intégrer. C'est pour ça qu'elle m'a demandé de lui apprendre toutes les traditions et de lui parler du monde magique dans son ensemble. Ensuite, elle a milité pour qu'on réinstaure un tel cours, au même titre que l'Etude des Moldus. Elle avait compris qu'au lieu de les intégrer, les nés-moldus étaient désavantagés. Mais avec la guerre ça n'a jamais abouti.

– J'aurai adoré savoir tout ça en entrant à Poudlard, soupira Harry.

– C'est sûr. Je comprends que Dumbledore ait voulu intégrer plus les nés-moldus. Il voulait montrer que les moldus pouvaient aussi nous apporter des choses. Mais ce n'était pas la bonne stratégie, ça a continué à amplifier la haine contre les moldus.

– Il y a peut-être des livres à ce sujet ?

– Je pense que tu peux regarder au Square Grimmaurd. Tu pourrais parler de ça avec Hermione, je suis sûr que ça pourrait l'intéresser.

– Super idée ! Une partie de bataille explosive te tente ?

– Tu ne préfères pas que je t'écrase aux échecs ? s'amusa Sirius.

– Tu aimerais bien me battre surtout, dit Harry d'un ton rempli de défi en allant chercher le jeu.

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Remus arriva par la cheminée, venant du Square Grimmaurd, un peu gêné. Il avait longtemps hésité avant d'accepter de venir pour le réveillon. Il se sentait un peu mal à l'aise à l'idée de s'inviter dans ce réveillon qui était censé être une fête de famille. Le premier réveillon où Sirius et Harry pouvaient être réunis. Mais il avait senti que Sirius voulait vraiment qu'il soit là, en témoignait la dizaine de lettres qu'il avait reçues pour le supplier de venir.

Sirius semblait rassuré de le voir et le sourire qu'il lui lança rassura immédiatement Remus. Sirius l'enlaça avec force, comme s'il avait craint qu'il ne décommande au dernier moment – ce à quoi Remus avait fortement songé.

– Joyeux noël, dit Remus en lui tendant un sac rempli de cadeaux.

– Il ne fallait pas, dit Sirius en levant ses yeux au ciel.

Mais son sourire se fit encore plus large, alors qu'il l'entraînait à sa suite par le bras.

– Bienvenue à la Villa Bleue, dit l'ancien prisonnier en lui montrant les lieux.

– C'était la maison de James et Lily, constata Remus ému.

– Exact ! On a juste changé deux trois choses. Presque tout en fait, reconnut Sirius. Les Mangemorts avaient pris un malin plaisir à tout casser. Donc, il y avait pas mal de boulot. Mais regarde j'ai laissé le tableau coquillage que tu avais offert à Lily pour un de ses anniversaires.

Remus fut touché qu'il s'en souvienne et parcourut du regard le salon qui, effectivement, ne ressemblait plus à celui qu'il avait connu. La décoration était magnifique et le soleil qui se couchait sur la mer donnait à l'ensemble un air de vacances reposant.

Sirius lui servit un verre et lui intima de se mettre à l'aise. Remus n'avait pas l'impression de se trouver avec un ancien criminel qui avait passé douze ans en prison, mais avec un vieil ami qui le recevait dans sa maison. Sirius semblait être en forme et, malgré ses habits protocolaires, parfaitement à l'aise dans les lieux.

– Les décorations de noël sont très belles, dit Remus.

– Merci, intervint Harry en entrant dans le salon. C'était mon idée, mais les elfes m'ont aidé.

Harry portait une robe sorcière verte qui faisait ressortir ses yeux. Il avait toujours ses éternels cheveux ébouriffés et semblait très content de voir son professeur. Remus sentit sa tension se relâcher quand Harry lui tendit sa main, les yeux pétillants si semblables à ceux de Lily. Remus avait eu peur que Sirius n'ait insisté pour qu'il vienne sans le demander à Harry.

– Bonjour Harry, je te remercie pour l'invitation.

– Pas de souci professeur, répondit Harry en rosissant.

– Tu peux m'appeler Remus, si tu le souhaites.

– Heu... Je vais essayer, grimaça le brun. Mais vous... tu es le bienvenu ici, assura-t-il comme s'il avait peur que Remus ne se sente pas à sa place.

Remus sourit au fils de James pour le remercier de cet accueil. Il observa Harry jeter un regard rempli d'émotions à Sirius, ce dernier posant une main protectrice sur son épaule. Ces deux-là semblaient s'être trouvés.

Sirius apporta les amuses-bouches dans un grand plat en argent. Il sautait presque de joie à l'idée d'avoir son filleul et son meilleur ami avec lui pour le réveillon, comme si rien ne s'était passé.

– C'est moi qui ai cuisiné, informa Sirius d'un ton fier.

Remus eut un mouvement de recul instinctif, alors que Harry lâchait l'amuse-bouche qu'il avait déjà attrapé.

Sirius porta sa main au cœur, vexé, alors que Harry et Remus grimaçaient de dégoût en regardant le plat.

– Désolé, mais tu n'es pas le meilleur cuisinier du monde, grinça Harry. Même le profes... enfin... Remus le sait.

– Vous êtes des sans cœurs, bouda Sirius. C'est noël je vous rappelle, vous devriez faire semblant.

– Nous sommes honnêtes, rectifia Harry. C'est ça, être une famille.

Le visage de Sirius s'étira en un sourire si large que Remus eut l'impression qu'il allait se fendre en deux. Il regardait Harry avait une telle émotion et un tel amour que Remus se sentit de trop.

Pourtant, Harry fit tout ce qu'il put pour qu'il se sente intégré et lui posa des tas de questions sur sa vie et sur les cours de Défense, s'énervant quand il parla de la discrimination à l'encontre des loups-garous. Harry lui posa des millions de questions sur ses parents et Sirius auxquelles il se fit plaisir de répondre.

Sirius semblait être le même qu'il avait quitté il y a des années et, rapidement, Remus se détendit. Sirius le faisait participer et le couvait du même regard qu'il avait à Poudlard ; inquiet et amusé. Il semblait ne pas avoir été impacté par Azkaban. Bien sûr, Remus voyait son regard se voiler parfois, son corps se tendre sans raison, mais la présence de Harry semblait l'apaiser énormément. Il était souriant, amusant et bientôt ils racontèrent leurs plus grandes blagues de Maraudeurs à un Harry extatique.

Remus n'avait pas fêté noël depuis des années. Jamais il ne s'était senti aussi bien que quand il était avec les Maraudeurs. Quand James et Lily avaient été assassinés, Sirius emprisonné et Peter tué, il avait arrêté de le fêter. Parce qu'il avait pensé que jamais il ne pourrait être heureux de nouveau. Pourtant, ce soir-là, il lui sembla qu'il pouvait retrouver cette sensation de bonheur et de légèreté. Parce qu'il se sentait enfin accepté et à sa place. Et ça faisait du bien.

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La soirée fut délicieuse. Après minuit, Harry s'effondra de sommeil sur le canapé et Sirius le porta jusque dans son lit. Il le couvrit avec soin et s'assura que la cheminée produisait encore des flammes. Il couva son filleul d'un air inquiet et espéra que les clochettes accrochées au-dessus du lit l'empêcheraient de faire des cauchemars.

Quand il redescendit il fut heureux de voir que Remus n'en avait pas profité pour prendre la fuite. S'il avait semblé très tendu au départ, Remus semblait s'être amusé et Sirius en était soulagé. Revoir son meilleur ami le remplissait de joie et il n'aurait pas voulu qu'il se sente de trop.

Il avait oublié à quel point Remus pouvait être intelligent et drôle à la fois. Harry avait semblé beaucoup l'apprécier et, en voyant leur complicité et leur respect mutuel, Sirius avait compris que leurs cours de Patronus n'avaient pas été consacrés qu'aux sortilèges.

– Merci de m'avoir invité, dit Remus. C'était succulent.

– Tu fais partie de la famille, quoi que tu en penses.

– Je ne sais pas trop...

– Tu es un Maraudeur, affirma franchement Sirius.

– Oui. Oui j'en suis un, reconnut Remus en sentant son cœur rater un battement.

– Je suis content qu'on soit d'accord sur ce point, sourit Sirius.

Remus sentit son cœur palpiter d'impatience à l'idée que, peut-être, leur complicité pourrait revenir telle qu'elle était.

– Harry est un garçon étonnant, dit Remus en voyant que Sirius jetait des regards inquiets à l'escalier qui menait à la chambre de Harry.

– Il est génial, confirma Sirius. Je ne pensais pas que vous étiez si proches.

– Proches, je ne sais pas. Je pense qu'il aime bien quand je lui parle de ses parents.

– C'est super. Il aime bien qu'on lui en parle et ça me rassure de savoir que tu peux veiller sur lui là-bas.

– Il semblait ne pas savoir grand-chose sur eux, dit Remus en fronçant ses sourcils.

– Les Dursley ne lui en parlaient jamais.

Remus fronça ses sourcils en entendant le ton meurtrier de Sirius quand il parla des Dursley.

– Tu sais, ils ne lui avaient même pas dit le nom de ses parents... dit Sirius qui semblait furieux à présent. Ce sont des... Je n'ai pas de mots. Je crois que je pourrais finir à Azkaban pour de vrai si je les croise un jour.

– Tu veux bien me raconter ? demanda Remus d'une voix inquiète.

Sirius se rendit compte que parler de tout cela avec quelqu'un, et pas seulement à Mihai, lui faisait énormément de bien. Il lui raconta tout ce que Harry lui avait dit, sur les Dursley et ses premières années à Poudlard (à l'exception des choses trop personnelles), ce qu'il avait lui-même constaté et cela lui enleva un poids des épaules qu'il ne pensait pas avoir sur lui. Remus semblait horrifié, mais pas étonné.

– Tu ne sembles pas surpris, remarqua Sirius à la fin de son récit.

– Minerva et Filius m'ont parlé de leurs doutes.

Ce fut alors au tour de Remus de raconter sa conversation avec les professeurs, leurs doutes et leurs craintes s'agissant de Harry.

– Minerva a essayer de parler à Harry après ça, mais il n'a rien dit.

– Tu m'étonnes, ricana Sirius. Les adultes ne l'ont jamais aidé. Ça m'étonne même qu'il arrive à te faire confiance. Il faut croire que tu as le truc avec les enfants.

– Ce qu'il a vécu... Je ne comprends pas comment Dumbledore a pu laisser ça, dit froidement Remus. Ce n'est qu'un enfant !

– Tu penses qu'il savait pour les Dursley ? songea Sirius. Et qu'il l'a laissé affronter Voldemort la première fois pour qu'il... je ne sais pas en fait... Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il n'a rien fait.

– Il y a quelques mois je t'aurai dit non sans hésiter, dit franchement Remus. A présent, je sais qu'il t'a laissé à Azkaban sans procès, a envoyé Harry chez les Dursley et l'a laissé affronter à la fois Voldemort et un basilic sans sourciller et sans lui apporter de soutien par la suite. Je me demande ce qui lui est passé par la tête.

Sirius fut surpris par la véhémence de Remus, mais rassuré. Il ne savait pas s'il aurait supporté que son meilleur ami idolâtre Dumbledore qu'il détestait à présent. Il avait craint que Remus ne se sente encore redevable de cet homme lui ayant permis d'aller étudier à Poudlard. Il avait toujours eu un respect immense pour Dumbledore, expliquant l'étonnement de Sirius.

– Tu sembles un peu plus critique que je ne l'aurai pensé, admit Sirius.

– Dumbledore fait n'importe quoi avec Harry, soupira Remus.

– Harry pense qu'il cherche à le protéger.

– Oui, il cherche sans doute à le protéger, confirma Remus. Je ne pense pas qu'il lui veuille du mal, mais il fait de très mauvais choix pour assurer cette protection. Tout ce qu'il s'est passé pendant les deux premières années de Harry, le fait qu'il ne veuille pas que vous passiez noël ensemble... Je pense qu'il a un plan et ça ne me plaît pas.

– Je pense qu'il veut entraîner Harry avant la guerre, dit Sirius d'une voix sourde.

– La guerre ? s'étonna Remus.

Sirius hésita un court instant, avant de se souvenir que Harry lui avait donné son assentiment pour parler à Remus.

– Voldemort va revenir.

– Bien sûr, dit Remus d'une voix tranchante. Je l'ai compris dès l'instant où Minerva m'a parlé de la pierre philosophale. Mais Harry n'est qu'un enfant !

– C'est un enfant, confirma Sirius. Mais il l'a laissé affronter les épreuves de la pierre, il a affronté Voldemort à onze ans. Onze ans ! Et je suis persuadé que le Ministère n'est pas informé.

– Tu penses que ça fait partie de son plan ?

– Je n'en suis pas sûr, mais tout ça... ce n'est pas clair.

– Je suis d'accord, affirma Remus. Et le fait qu'il n'ait rien dit à personne...

– Harry il est... Ils l'ont laissé affronter ça, il a sauvé Poudlard deux fois et personne n'est venu lui demander s'il allait bien, souffla Sirius de dépit. Il m'a dit pendant les vacances qu'il pensait avoir tué Quirrell.

– Ce n'était pas de sa faute !

– Nous on le sait, dit Sirius en grimaçant. Mais il n'a que treize ans. Et comme aucun adulte ne lui a parlé... Il pense que c'est normal. Il a été seul toute sa vie.

– Avant que tu n'arrives.

– Je l'ai laissé aussi, admit Sirius. J'aurai dû rester près de lui cette nuit-là.

– Tu as été le seul à t'inquiéter pour lui, à l'aider, affirma Remus. Sans toi, ils l'auraient sans doute laissé comme ça sans jamais lui apporter de soutien ou d'explications. Tu es là pour lui à présent.

– Je suis inquiet, tout le temps. J'ai peur de le faire fuir, j'ai peur qu'il ne veuille plus de moi, admit Sirius d'une voix tendue.

– C'est être parent, dit philosophiquement Remus. James était pareil, tu te souviens ? Mais Harry est attaché à toi, je le sais, il me parle tout le temps de toi.

– C'est vrai ? s'émut Sirius.

– Bien sûr, confirma Remus en souriant. Il t'adore. Il te voit comme quelqu'un de fantastique.

Il sembla à Sirius qu'un poids s'enlevait de ses épaules. Il avait si peur d'échouer en tant que parent. Est-ce qu'on cessait un jour d'avoir des doutes ? Est-ce que, un jour, il saurait quoi faire sans avoir peur de se planter prodigieusement ? Est-ce qu'un jour il arrêtait d'avoir cette peur panique de voir Harry souffrir ?

Il ne pouvait s'empêcher de penser que James aurait été un père formidable et qu'il ne faisait qu'un pauvre substitut, pas à la hauteur. Harry méritait tellement mieux que lui.

– Je n'ai jamais eu de figure paternelle, expliqua Sirius. A part le père de James pendant quelques années. J'essaie juste... Je ne sais pas comment faire. Je suis un criminel.

– Tu n'es pas un criminel. Tu es un homme bien.

– Harry m'a suivi, dit Sirius d'une voix tendue. Il m'a cru sans hésiter. Il a suivi un criminel sans sourciller. L'autre soir, quand je l'ai sorti d'un cauchemar tu sais ce qu'il m'a dit ?

– Quoi ?

– Est-ce qu'on est attaqué ? Quand je l'ai vu la première fois, il cherchait les issues pour s'échapper. Je... il me semble si... Il est fort tu sais, dit Sirius la voix enrouée. Mais j'ai peur parce qu'il commence à comprendre que tout ce qu'il a vécu n'est pas normal. Il ne va pas bien et j'ai peur qu'il craque.

– Comme le soir d'Halloween, se souvint Remus. Il a fait de la magie involontaire contre Severus. C'était léger, mais il semblait vraiment prêt à exploser magiquement.

Sirius écarquilla ses yeux. Harry lui avait raconté ce qu'il s'était passé, mais il n'avait pas compris que c'était si grave. Il pensait simplement qu'il s'agissait d'une perte de contrôle légère, qui pouvait arriver à tout sorcier.

– Tu penses qu'il était prêt à laisser sortir sa magie réellement ?

Sirius savait que les enfants notamment pouvaient avoir de grosses crises de magie et la faire sortir, pouvant détruire beaucoup de choses sur leur passage. Mais ce n'était que des enfants. Harry était un adolescent bourré de magie. La laisser sortir pouvait être dangereux, à la fois pour lui, mais aussi pour les autres. Sirius se souvint que Harry avait gonflé sa tante comme ballon et comprit que ce n'était pas seulement un coup de colère, mais sa magie qui était véritablement sortie, heureusement sans trop de dommages.

– J'en suis persuadé. C'est pour ça qu'on a commencé les Patronus aussi tôt, admit Remus. Quand il est venu me voir, je pouvais presque voir ses cheveux crépiter. Il m'a fait penser à Lily.

– Heureusement que tu étais là, je n'ose pas imaginer... Je pensais que c'était juste une petite perte de contrôle, comme avec sa tante. Tu sais ce qu'il s'est passé ? Oui, eh bien je pensais que c'était pareil, juste une émotion forte, la magie réagit et c'est tout. Je ne pensais pas qu'il pouvait laisser sortir sa magie comme ça.

– Il garde trop de choses en lui, grinça Remus. Avec ce que tu m'as dit ce n'est pas étonnant. Il a vécu avec de l'adrénaline depuis toujours. Toi tu lui offres un cadre sécurisant. Il va relâcher la pression. Et ça...

– Et ça peut faire mal, termina Sirius.

– Il faudrait qu'il en parle, conseilla Remus. Il doit avoir des traumatismes, ce qui ne serait pas étonnant avec tout ce qu'il a vécu. Les adultes n'ont rien fait pour l'aider, il a assimilé le fait que c'était normal, de devoir se contenir toute sa vie. Par Merlin, ce petit a vécu des choses horribles et on l'a encouragé toute sa vie à se taire... Il faut qu'il évacue et qu'il comprenne que tout ça n'était pas normal. Mais le temps qu'il le comprenne, sa magie peut prendre le relai.

– Comment pour le protéger ?

– Exact. Harry a vécu des émotions fortes et sa magie a toujours été là pour le protéger. A présent, dès qu'elle sent que Harry est en danger ou soumis à une forte pression, elle réagit comme les enfants.

– J'essaie de lui parler de tout ça, de Poudlard, de ses cauchemars... Je compte lui faire voir un psychomage, mais ça devra attendre les grandes vacances, grimaça Sirius. On fait du sport, il court et ici il peut évacuer. Mais Harry ne veut pas discuter, il pense que tout ça c'est normal ou alors que je vais le voir comme un faible, tu imagines ? Lui, faible.

– C'est encore un enfant. Il attache beaucoup d'importance à ce que tu penses, mais tu es sur la bonne voie.

– Je suis si en colère contre les professeurs. Personne ne l'a aidé. Ils ont tous fait comme si tout était normal. Et s'il faisait vraiment sortir sa magie en plein Poudlard ?

– Tout va bien se passer, assura Remus. Il n'est pas soumis à un gros stress pour le moment. Il faut juste qu'il arrive à se contrôler, il va y arriver. Tu n'as pas pensé à la méditation ?

– Euh... non. Ce n'est pas trop mon style, ricana Sirius. J'étais plus à taper dans le tas je te rappelle.

– Lily faisait ça, se souvint Remus. Quand elle avait trop d'émotions.

– Je me souviens surtout des entraînements de Sortilèges qu'elle faisait jusqu'à finir allongée sur le sol en respirant à peine, ricana Sirius. James venait me voir à chaque fois parce qu'il était paniqué. Il ne savait pas quoi faire.

– Quand Mary a été assassinée... se souvint Remus en grimaçant douloureusement. Elle a mis une journée à redescendre.

– Je ne veux pas que ça arrive à Harry !

– Sirius, il est comme sa mère. Il est sensible et personne ne lui a laissé la possibilité d'être un enfant. Il est frustré par tout ça, en colère. Il va falloir qu'il évacue. Si tu ne peux pas le faire voir un psychomage pour le moment, la méditation peut lui permettre de se recentrer quand il sent que c'est trop pour lui.

– C'est un peu délicat. Il ose à peine me parler de ses cauchemars, souffla Sirius.

– Je peux lui montrer, si tu veux.

– Tu ferais ça ?

– Bien sûr, dit Remus.

– Tu penses que ça peut l'aider ?

– Oui. Après il faut que ça lui plaise, mais on peut toujours essayer. Lily le faisait pour se recentrer. Elle allait sur la plage, tu ne te souviens pas ?

– Je ne pensais pas qu'elle méditait, dit Sirius intrigué. Juste qu'elle observait la mer.

– Elle n'en parlait pas beaucoup. Vous avez tous les deux des familles dérangées, mais pas la même façon d'y répondre. Elle le faisait quand on l'agaçait trop.

– Quand James l'agaçait tu veux dire, ricana Sirius. Nous étions des anges.

– Je ne suis pas sûre qu'elle le pensait.

Remus et Sirius rigolèrent un long moment.

– Je lui apprendrais à la rentrée, promit Remus. Il me semble aller très bien de toute façon, ces vacances ont été bénéfiques. C'est quand il est soumis à un grand stress, des émotions fortes que sa magie peut s'emballer. Malheureusement, le fait que tu sois dans sa vie ne doit pas l'aider.

– Pourquoi ?

– Parce qu'il tient à toi, dit simplement Remus. Il ne veut pas qu'il t'arrive quelque chose donc il suréagit.

– Ses amis ont déjà été en danger et ça ne lui est jamais arrivé.

– Il était dans le feu de l'action, expliqua Remus. Et il a pu faire de la magie. Je veux dire, il s'est battu contre Quirrell, le Basilic... ça l'a vidé. Il a passé des jours à l'infirmerie après ça. Parce qu'il avait tiré sur la corde.

– Je n'avais pas vu ça comme ça.

– En fait c'est ça, quand sa magie prend le dessus il doit la canaliser en s'épuisant magiquement ou alors en arrivant à se convaincre qu'il n'est pas en danger. Il doit évacuer ce trop-plein, cette pression qu'il a en lui et qui n'a jamais pu sortir. Ça arrive souvent chez les enfants qui ont été victimes de maltraitance, dit Remus en lui expliquant ce que lui avait dit le professeur Flitwick.

– Tu penses qu'il va s'en sortir ? s'enquit Sirius.

– Il me semble très équilibré, assura Remus d'une voix si franche et assuré que Sirius le cru instantanément.

Sirius semblait soulagé à l'idée que son filleul soit entre de bonnes mains. Il espérait que Harry arrivait à la fois à parler de ce qu'il avait vécu, de ses sentiments, mais aussi à surpasser toutes ses émotions. Comment les Dursley avaient pu faire ça ? Comment les adultes avaient pu le laisser avec de tels traumatismes ?

– J'ai une question à te poser, à propos de Harry justement, dit Sirius d'une voix tendue.

Il y avait pensé depuis qu'il avait repris contact avec Remus et ne savait pas comment aborder la question. Remus posa ses yeux clairs sur Sirius.

– Tu te demandes pourquoi je n'ai pas été chercher Harry chez les Dursley quand il était plus jeune ? devina-t-il.

Sirius souffla de soulagement, amusé de voir que son ami arrivait encore à lire en lui comme un livre ouvert.

– Dumbledore, dit simplement Remus.

Sirius sentit une vague de fureur déferler en lui.

– C'est pour ça que tu sembles si critique ? devina Sirius.

– Exact. Il m'a manipulé et je n'aime pas ça.

– Tu veux bien me raconter ?

– J'ai essayé de retrouver Harry, expliqua Remus. J'ai appris qu'il avait été placé chez Pétunia, après tout, c'était la dernière personne de sa famille. Mais je savais aussi qu'elle détestait Lily.

– C'est peu dire... grogna Sirius qui se souvenait des larmes qu'avait versées Lily la dernière fois qu'elle avait vu sa sœur.

– J'ai pris contact avec le professeur Dumbledore. Il m'a assuré que Pétunia était heureuse d'avoir son filleul chez elle et qu'elle allait s'en occuper. J'ai laissé passer quelques temps et j'ai tenté de les contacter. Tous mes hiboux m'ont été retournés.

– Comment est-ce possible ?

– Dumbledore a mis une barrière qui empêchait quiconque de prendre contact avec Harry ou les Dursley. Il m'a dit que Pétunia ne voulait aucun contact avec le monde magique. Je lui ai juste demandé de voir Harry de façon ponctuelle, pour lui parler de ses parents, tu vois.

– Je suppose qu'il a refusé ?

– Oui, dit Remus d'une voix blanche. Il m'a dit que Harry devait vivre comme un garçon normal, loin de la magie, avec sa famille. Et il a...

Remus rougit en regardant ailleurs.

– Non... Non ! dit brusquement Sirius les yeux écarquillés de rage. Il t'a dit que ce n'était pas sûr pour Harry si tu le rencontrais ? Parce que tu es un loup-garou ?

– Oui, avoua Remus très gêné. Il ne l'a pas dit explicitement, mais c'est ce que j'ai ressenti.

– Et je suppose que tu l'as cru ?

Le silence de Remus fut éloquent.

– Ce petit...

Sirius jura dans plusieurs langues étrangères, une manie qu'il avait prise de sa mère et dont il ne parvenait pas à se défaire.

– Tu parles roumain ? fit Remus en entendant la dernière insulte.

– Mihai a une très mauvaise influence sur moi. Continue, désolé.

– Donc... oui, je me suis dit qu'il avait peut-être raison. Si Harry était heureux je n'allais pas intervenir dans sa vie. Alors j'ai attendu, tout en continuant à relancer Dumbledore. J'étais persuadé que Harry allait bien, que Dumbledore s'assurait qu'il allait bien et qu'il savait tout ce qu'il y avait à savoir. Après tout, la sœur de Lily savait. Aux onze ans de Harry j'ai repris contact avec Dumbledore en lui disant que Harry voudrait peut-être entendre parler de ses parents. Il m'a dit que Harry connaissait déjà tout sur ses parents.

– C'est n'importe quoi ! Même si Pétunia lui avait parlé, elle ne connaissait pas James !

– Je sais, moi aussi ça m'a surpris. Mais Dumbledore semblait vraiment avoir à cœur le bien être de Harry donc j'ai attendu. Puis, j'ai reçu une lettre de Hagrid qui m'a demandé si j'avais des photos à donner à Harry. J'y ai vu ma chance et je lui ai demandé si Harry accepterait de me rencontrer.

– Et, évidemment, tu n'as jamais eu de réponse, dit Sirius.

– Oui. Je pense que Hagrid en avait parlé à Dumbledore, soupira Remus. J'ai voulu aller directement chez les Dursley, mais j'avais peur. Il me disait que Harry était heureux, que Pétunia n'aimait pas le monde magique, ce que je pouvais comprendre. Et, je ne voulais pas m'imposer.

Sirius le regarda avec un mélange d'effarement et d'amusement en voyant qu'encore aujourd'hui Remus ne comprenait pas à quel point il pouvait être attachant.

– Donc tu as attendu ?

– Oui. Je pensais que c'était parce qu'il voulait protéger Harry. Mais en fait, de la même manière que toi, il ne voulait pas que je le voie.

– Mais pourquoi il fait ça ?

– Pour garder le contrôle ? proposa Remus en grinçant des dents. Je n'arrive pas à trouver d'autres raisons. Il a mis Harry en danger et il savait que, si Harry avait eu des contacts avec nous, ça n'aurait pas été possible. Il voulait être son référent. C'est pour cela que je pense que Dumbledore a un grand plan qui nécessite Harry.

– C'est un enfant, souffla Sirius.

– Je ne vois que cette solution. Il veut garder le contrôle, le préparer à je ne sais quoi, être sûr qu'il aura la main sur lui... Dans tous les cas, j'ai fini par me dire qu'il avait raison et que ce n'était pas sûr pour Harry qu'il me côtoie.

– Et je me suis évadé, dit placidement Sirius.

– Oui. Il m'a proposé le poste et j'ai accepté en me disant que c'était ma chance. Quand je l'ai vu... je n'ai pas osé. Parce que...

– Parce que tu avais peur qu'il te rejette quand il comprendrait qui tu étais, dit Sirius. Mais Remus, tu es un Maraudeur, tu es un homme bien. Qui pourrait te détester pour ce que tu es ?

– Plein de gens, dit Remus en levant ses yeux au ciel. Tu ne vois que le bien, mais je t'assure que personne ne veut traîner avec un loup-garou.

– Qu'est-ce que t'as dit Dumbledore avant la rentrée ?

– Que Harry avait vécu des choses difficiles et qu'il fallait le laisser venir vers moi. Je n'avais aucune idée qu'il ne savait rien du tout sur ses parents... Quand je l'ai vu, il m'a fait penser à James tout de suite, mais il avait les yeux de Lily. Ça m'a fait un tel choc... Et lui, il était secoué par les détraqueurs. Par la suite, je l'ai vu si heureux avec ses amis... Je n'ai pas osé lui rejeter tout le passé au visage. Quand il est venu me voir pour les Patronus, j'étais très content de pouvoir passer du temps avec lui, souffla-t-il ému.

– Tu n'avais pas envie de lui parler ?

– Si, mais c'est délicat. Quand tu es professeur il y a une distance à avoir. Je n'ai pas eu le courage, l'occasion... Et, enfin, il a attrapé Peter. J'ai compris qu'il te connaissait et cette fois j'ai eu peur que...

– Tu as eu peur que je lui aie dis des choses sur toi, devina Sirius en levant ses yeux au ciel.

– Je ne pouvais pas savoir ! se défendit Remus. Finalement, c'est lui qui a deviné tout seul.

Sirius sourit fièrement.

– Et qui m'a dit que tu ne m'en voulais pas. Et on a discuté. Fin de l'histoire.

– Dumbledore est quand même un beau troll des montagnes !

– Tu penses qu'il savait pour les Dursley ?

– Il n'a pas intérêt, dit froidement Sirius. Sinon je le démolis.

Remus frissonna en voyant que Sirius était très sérieux.

– Mais je pense qu'il veut protéger Harry, dit finalement Sirius. Enfin, c'est ce que Harry croit. Je peux comprendre qu'il ait peur pour lui. Un criminel et un loup-garou ça ne fait pas rêver pour une éducation. Et puis il m'a parlé de cette protection du sang... ça l'a sauvé en première année donc ça se comprend. Mais ce n'est pas pour ça qu'il fait les bons choix. J'ai surtout peur qu'il ait vu les maltraitances et n'ait rien dit, uniquement pour ces fichues barrières. Si c'est le cas je ne réponds plus de rien !

– Qu'est-ce que tu comptes faire à présent ? s'enquit Remus.

– Récupérer la garde de Harry. Frapper les Dursley et frapper Dumbledore.

Remus éclata de rire à la vision d'un Dumbledore frappé par Sirius.

– Je vais t'aider, assura Remus.

– J'espère bien. On doit sauver le fils de Cornedrue.

– Tu l'as déjà sauvé.

Sirius jeta un regard reconnaissant à Remus alors qu'il lui parlait des divers plans qu'il avait envisagés.

.

– Sirius, Sirius, Sirius ! cria Harry en déboulant dans la chambre de Sirius qui mit son oreiller sur son visage.

– Urmph ?

– C'est noël ! Qu'est-ce que tu fais ? Dépêche-toi ! Il y a des cadeaux partout !

– Quelle heure ? grogna Sirius en se rendormant à moitié.

– Six heures, murmura Harry en rougissant.

– Six heures ! cria Sirius avant de prendre son oreiller pour le lancer sur Harry de toutes ses forces.

– Allez, lève-toi je ne veux pas les ouvrir sans toi.

– Qu'ai-je fait pour mériter ça ? souffla Sirius en tirant sa couette pour la remonter sur son visage.

– Tu adores ça, s'amusa Harry.

– Pas du tout. Je ne suis pas du matin.

– Mais c'est noël !

– Ça sera noël dans deux heures aussi. Patiente un peu.

Harry soupira et jeta sur son parrain le grand verre d'eau qu'il avait rempli avant de venir. Sirius se leva si vite que Harry n'eut pas le temps de le voir. Sirius attrapa sa baguette et poursuivit Harry en secouant ses cheveux humides tel un chien. Il changea les cheveux de Harry en un bleu pervenche avant de le chatouiller en représailles pendant dix bonnes minutes.

– Je... te... déteste ! rit Harry qui peinait à reprendre son souffle.

Sirius lui fit un clin d'œil amusé avant de bâiller à s'en décrocher la mâchoire, maudissant les enfants sur toutes les générations. Harry lui donna un petit coup de coude en passant alors qu'ils descendaient dans la cuisine où les attendait un petit déjeuner de roi.

– Waouh ! dit Harry les yeux écarquillés. Dobby, Kreattur.

Les deux elfes apparurent dans un pop sonore.

– Maîtres, dirent-ils en s'inclinant.

Harry remarqua que Dobby avait mis un bonnet de noël à grelot absolument affreux. Sirius pouffa.

– Vous vous êtes surpassés.

– Merci, Maître Harry.

– Vous n'allez jamais m'appeler Harry ?

Les deux elfes hochèrent leur tête en signe de dénégation.

– Bien, regardez sous le sapin.

Kreattur découvrit un abonnement à Sorcière Hebdo qui proposait des recettes absolument sublimes. Dobby mit dix minutes à se remettre de la vision des chaussettes dépareillées que Harry avait trouvées à Pré-au-Lard.

– Cet elfe est de trop bonne humeur pour moi, soupira Sirius une fois qu'ils furent partis. Au moins, Kreattur ne pleure pas.

– Il était content de l'abonnement que tu lui as pris, dit Harry amusé.

– Allez, ouvre tes cadeaux, petit.

Harry fusilla son parrain du regard. Sirius se contenta de passer une main affectueuse dans ses cheveux pour les ébouriffer. Harry avait reçu énormément de choses de ses amis et fut touché de voir que Susan avait pensé à lui offrir un petit quelque chose.

– Tiens, c'est de ma part, dit Sirius qui lui tendit un gros paquet.

– Tu m'as déjà acheté plein de choses ! s'exclama Harry qui avait reçu une tonne de cadeaux de la part de son parrain.

– Ce n'est rien, assura Sirius en souriant largement.

Harry haussa un sourcil et découvrit une jolie boîte en bois ouvragée. Quand il l'ouvrit, il tomba sur plusieurs carnets en cuir, de différentes couleurs et tailles.

– Ce sont les carnets de ta mère, expliqua Sirius. Quand ils se sont cachés avec ton père, elle me les avait confiés. Et elle m'avait demandé... non, elle m'avait ordonné de te les donner. J'ai mis un temps fou à les récupérer. Ils étaient dans mon coffre, avec le Miroir à Double Sens, et j'ai dû négocier avec les gobelins pour les recevoir sans avoir besoin de me déplacer.

Harry attrapa le premier de la pile et l'ouvrit avec émotion, découvrant la jolie écriture ronde de sa mère. Il y avait des schémas, des ratures, des dizaines d'étapes, des pâtés d'encre, mais ces carnets avaient été à sa mère. Sa mère avait écrit dedans. C'était son écriture. Harry vit que les carnets étaient numérotés sur le dessus et s'empara du premier avidement. Quand il l'ouvrit une lettre s'échappa et Harry l'attrapa les mains tremblantes.

Mon fils,

Si tu lis ce mot, c'est que Sirius a fait son travail en te confiant mes carnets. J'espère que tu es heureux. Sache que nous veillerons toujours sur toi, où que nous soyons. Nous t'aimons, ton père et moi, plus que tout.

Dans cette boîte tu trouveras tous mes carnets d'expérience. J'ai commencé à les écrire en troisième année quand j'ai inventé mon premier sortilège. C'était une amélioration d'un sortilège déjà existant, mais je voulais à tout prix en garder une trace. Tu trouveras toutes mes expériences, réussies ou non, dans le domaine des sortilèges.

Certains sont couplés avec des Runes, d'autres avec de la Magie plus noire, mais Sirius t'expliquera. Ils couvrent plusieurs années, certaines expériences sont réussies, d'autres non, des sortilèges inachevés, des petits mots à ton attention, mes recherches dans le domaine... Ces carnets représentent toute ma vie professionnelle et j'espère que tu y trouveras ton bonheur.

Je t'aime, plus que tout, mon petit ange.

J'espère que tu n'auras jamais à lire cette lettre mais, si c'est le cas, ne perds jamais espoir. Nous t'aimons de tout notre cœur et nous serons toujours avec toi.

Ta mère qui t'aime.

PS1 : Ton père, qui t'aime aussi très fort. Mais qui t'apprendra à être un Animagus parce que c'est beaucoup plus cool que des carnets.

PS2 : Patmol approuve le message

PS3 : Lily va lancer un sortilège à Cornedrue et Patmol pour voir si être Animagus est plus "cool" qu'être transformé en bouton

PS4 : Pardon, Lily-jolie. Harry, prends soin de toi, sois heureux et fais des blagues, autant que tu peux

PS5 : JAMES !

Harry sourit largement, les larmes aux yeux, en lisant le mot que lui avait laissé sa mère. Sirius l'attira contre lui en voyant qu'il était bouleversé. Sirius lui-même était bien incapable de lire cette lettre sans se mettre à pleurer. Il se souvenait comme si c'était hier du moment où Lily l'avait écrite, se disant que jamais Harry ne la lirait, prévoyant d'en écrire une nouvelle rapidement, plus sérieuse. Elle avait tant de choses à dire à son fils. Jamais ils n'auraient pensé manquer de temps.

Harry mit un long moment à se remettre, mais cela ne sembla pas déranger Sirius qui ne lui fit aucune remarque sur ses larmes.

– Elle parle de sa vie professionnelle, dans la lettre, commença Harry en fixant l'écriture de sa mère.

– Oui. A Poudlard elle avait accepté un apprentissage auprès du professeur Flitwick pour devenir Maîtresse des Sortilèges et ensuite accéder au rang de professeur. Mais avec la guerre, elle s'est tournée uniquement sur la recherche. Elle avait déjà créé des Sortilèges pendant sa scolarité. Quand le Ministère a appris ça, ils l'ont recruté comme chercheuse.

– Ça consiste en quoi ?

– Elle a été financée pendant deux ans pour faire des recherches en Sortilèges et en Runes. Elle était missionnée pour créer des Sortilèges, notamment des sorts qui permettaient de protéger les maisons. C'était très en vogue à l'époque. Il existe peu de sorts vraiment efficaces contre des attaques de Magie noire.

– On peut créer des Sortilèges ?

– Eh oui, s'amusa Sirius. Les sorts ne tombent pas de nulle part, il faut les créer. Ta mère était très douée pour ça.

– Oh, ça a l'air intéressant, dit Harry qui avait hâte de lire les carnets comprenant qu'il y avait dedans des sorts qui n'avaient encore jamais vu le jour.

– Oh oui, très. Comme elle l'explique, elle cherchait à combiner à la fois les Runes et les Sortilèges. Ensuite elle a découvert des sorts de Magie noire qui pouvaient être utiles, c'est pour cela qu'elle m'a demandé mon aide. Nous sommes partis en Roumanie parce qu'ils sont spécialisés dans les rituels de protection et qu'elle voulait les utiliser, mais ils sont proches de la Magie noire donc, elle avait besoin de moi.

– Ça a l'air complexe.

– Ça l'est, confirma Sirius. Ça peut prendre des années. On avait trouvé de bonnes pistes grâce à ce que j'avais récupéré de la Roumanie, mais il lui aurait fallu des années pour être au point. Je suppose que tu trouveras ses recherches dans les derniers carnets.

Harry avait les yeux brillants à l'idée d'en savoir plus sur ses parents. Il ne s'était jamais posé la question de savoir comment on créait un sortilège, mais ça avait l'air passionnant.

– Et mon père il faisait quoi comme métier ?

– Ton père n'avait pas besoin de travailler, s'amusa Sirius. Au décès de tes grands-parents il a hérité d'une grosse somme d'argent. Il s'est engagé dans l'Ordre dès la fin de Poudlard. Il a fait des investissements et il a fait passer beaucoup de lois, notamment pour les créatures magiques. Il a réussi à instaurer une loi qui permet aux loups-garous de trouver du travail. Avant ils étaient obligés de cacher leur condition ou de travailler dans l'Allée des Embrumes, même si forcément ça n'a pas fondamentalement changé les choses c'était une grande avancée. Ça a beaucoup aidé Remus.

– Il était membre du Magenmagot ?

– Non, il a fait jouer ses relations professionnelles.

– Comme Lucius Malefoy ? devina Harry qui avait entendu le père de Ron en parler.

– Exact. Ce sont des investisseurs, ils proposent des choses, invitent des gens à dîner et distillent leurs idées. C'est ça le pouvoir.

– Oh... Et toi ? Tu as fait quoi après Poudlard ? Tu disais que tu avais aidé ma mère, pointa Harry en regardant son parrain qui se figea.

– J'ai été engagé par le Ministère, concéda Sirius le visage fermé.

– Le Ministère ?! s'exclama Harry incrédule.

– Eh oui, c'est fou, n'est-ce pas ? Je travaillais au Ministère et aucun d'eux n'a réussi à me faire avoir un procès, dit-il d'un ton amer. J'y travaillais en parallèle de l'Ordre.

– Tu faisais quoi au Ministère ? s'étonna Harry qui avait du mal à imaginer son parrain travailler pour le Ministère.

– J'étais une Langue de Plomb. Je travaillais au Département des Mystères. On y étudie toute sortes de choses, des sorts, des époques, des objets... Tout y est confidentiel, dit Sirius en voyant Harry prêt à lui poser des questions. Moi j'ai été affecté au département "Magie Noire", avec ma famille j'étais considéré comme un spécialiste.

– Et tu faisais quoi ?

– Top secret, murmura Sirius sur le ton de la confidence. Mais sinon, beaucoup de recherches, création de sorts, étude de la Magie noire, d'où le voyage avec ta mère en Roumanie. J'ai adoré ce travail. Je pouvais voyager, c'était passionnant et dangereux. Avec Lily on a passé deux ans à chercher des combinaisons Magie noire et Sortilèges.

– Le Ministère autorisait la pratique de la Magie noire ?

– Oui, il faut pouvoir lutter contre des sorts noirs donc il y a des recherches toujours contrôlées sur ce sujet.

– Et pour l'Ordre ?

– Je faisais des recherches pour l'Ordre, ça se recoupait. On s'est battus aussi, beaucoup, grinça Sirius. Nous étions si peu... Mais bon, le fait de faire des recherches sur les sortilèges qu'ils utilisaient contre nous nous permettait d'avoir un peu d'avance.

– Ça te manque ?

– Un peu, avoua Sirius. Mais j'ai beaucoup de choses à faire maintenant. L'opération Puzzle c'est un peu le prolongement de mon travail.

– Je vois, dit Harry en fronçant ses sourcils d'inquiétude en songeant aux objets qu'ils avaient encore à trouver.

– Et plus jamais je ne travaillerais pour le Ministère, dit Sirius d'une voix coupante.

Harry ne pouvait qu'approuver. Lui-même s'était promis de ne jamais travailler pour des sorciers capables de mettre l'un des leurs en prison sans procès. Il attrapa le premier carnet avec avidité, prêt à se plonger dedans.

– Comme tu as une affinité avec le Patronus, tu devrais trouver un sortilège qu'elle avait inventé là-dedans, dit-il en cherchant rapidement parmi les carnets. Sans doute dans ses dernières années, soit pendant sa septième, soit après Poudlard. Elle avait trouvé le moyen de transmettre un message par le biais du Patronus. C'était intraçable et on était sûr de la fiabilité. Ça nous a beaucoup aidé dans l'Ordre.

– Cool ! fit Harry les yeux brillants. Merci, Sirius.

Sirius balaya ses remerciement d'un signe de la main.

– Ce n'est rien.

Sirius observa Harry un long moment alors qu'il dévorait le premier carnet en se disant que son plus beau cadeau de noël était de pouvoir passer noël avec lui.

.

– Tu ne m'as pas dit comment tu avais trouvé Remus, dit Sirius le soir même au coin du feu.

– Il est super ! dit Harry. C'est juste un peu étrange d'être avec son prof à noël. Vous êtes trop mignons tous les deux.

– Mignons ? releva Sirius outré.

– Oui, vous rigolez ensemble, vous avez plein de souvenirs, c'est adorable. Et Remus raconte les histoires mieux que toi. Toi tu en rajoutes toujours trop.

– Moi ? fit Sirius la main sur le cœur. Je suis le plus honnête homme du monde !

– Bien sûr, ricana Harry. Tu veux parler du dragon ? Remus m'a dit que c'était complètement faux. Personne ne peut monter sur un dragon comme ça.

– C'est pour les filles, Harry, dit Sirius en levant ses yeux au ciel. Il faut savoir les appâter.

– Tu peux aussi leur raconter la vérité.

– Et qu'est-ce que ça aurait de drôle ? demanda-t-il en lui lançant un clin d'œil. Tu devrais essayer sur ta Poufsouffle.

Harry rougit violemment.

– Arrête avec ça.

– Je suis fait pour t'embêter. C'est ma nature même, Harry.

– Elle me connaît. Je ne vais pas lui mentir sur ça.

– Tu es bien comme ton père. C'est pour ça qu'il a eu du mal avec ta mère. Il lui aurait parlé du dragon c'était bon.

– Je croyais qu'elle trouvait déjà qu'il se la racontait ? s'amusa Harry. A mon avis, s'il avait été plus gentil, ils seraient sortis ensemble bien avant la septième année.

– Mais ça n'aurait pas été amusant. Je revois Lily lancer des sorts à James. James lui courir après. Non, je n'aurais raté ça pour rien au monde, ricana Sirius.

– Et donc, Remus va revenir pendant les vacances ?

– Non, il doit surveiller Poudlard, soupira Sirius.

– Tu vas le revoir vite, assura Harry.

– Tu le verras plus vite que moi.

– Tu penses qu'il pourra venir nous voir pendant les grandes vacances ?

– Je lui demanderai, je pense qu'il en serait ravi, dit Sirius qui se sentit rempli de joie en sentant que Harry avait déjà acté le fait qu'ils allaient passer leurs vacances tous les deux. Il m'a aussi proposé quelque chose...

– Mhm ?

– Il voudrait t'apprendre la méditation.

– La méditation ? répéta Harry avec un mouvement de recul. Ça n'a rien à voir avec la Divination ?

– Non, rassure-toi, grinça Sirius qui savait que son filleul avait eu une mauvaise expérience. Il t'expliquera mieux que moi mais il m'a dit que... Le fait que tu aies perdu le contrôle lors de Halloween... Ça permettrait de calmer ta magie.

– Oh... rougit Harry. Ce n'était rien.

– Ta mère était comme ça, affirma Sirius pour le rassurer.

– Vraiment ?

– Oui, quand elle avait une grosse émotion. Ça a commencé en sixième année, quand elle a perdu ses parents et que sa sœur ne voulait plus lui adresser la parole. Elle était souvent en colère et... Elle ne savait pas comment gérer sa peine alors sa magie prenait le relai.

– Comment elle a fait pour s'en sortir ?

– Comme tu as fait avec Remus, un entraînement magique, dit Sirius d'un ton doux pour ne pas le brusquer.

– Le Patronus ?

– Oui. Remus l'a fait pour drainer ton énergie. Comme ça te demandais beaucoup de magie, ça t'a juste épuisé et ça permet de contrôler ton flux magique pour qu'il n'explose pas.

– Oh...

Harry se sentait affreusement gêné.

– Ta mère a eu des crises aussi. Quelques-unes. Généralement, elle faisait un entraînement très poussé de Sortilèges pour se calmer. Mais Remus m'a aussi dit qu'elle avait réussi à aller mieux avec la méditation. Je suppose que ça pourrait aussi t'aider pour tes cauchemars.

Harry se ferma légèrement en entendant Sirius parler de ça. S'il n'était plus tombé de son lit, il devait avouer que ses cauchemars avaient refait leur apparition de façon plutôt violente depuis l'attaque des détraqueurs à Pré-au-Lard.

– Tu peux y réfléchir, dit Sirius en voyant que Harry s'était écarté de lui. Je ne t'oblige à rien, Remus non plus. Mais écoute-le, il est souvent de bons conseils.

– Est-ce que ça veut dire que je suis faible ? Si je me laisse guider par mes émotions... souffla Harry.

– Bien sûr que non ! dit Sirius d'une voix franche. Ça veut simplement dire que tu as beaucoup de magie en toi et que tes émotions prennent parfois le dessus. Comme quand tu es enfant.

– Donc je suis un enfant ?

– Harry tu as vécu des choses traumatisantes. Il n'est pas rare que quelqu'un qui ait vécu ne serait-ce qu'un quart de ce que tu as vécu perdre le contrôle. Je t'assure que tu es parfaitement normal et que ce n'est pas grave.

– Mais si je perds le contrôle. C'est comme si... Je ne sais pas me contrôler.

– C'est ta magie qui te protège, expliqua Sirius. Comme quand tu étais petit. Tes actes de magies involontaires ont toujours été pour te protéger de fortes émotions ou des dangers. Tu as eu peur et ta magie a réagi. Aujourd'hui elle te protège toujours. Quand tu as peur, quand tu as une forte émotion, elle se souvient et elle cherche à te protéger.

– Mais je peux régler ça ? s'enquit Harry en regardant ses mains.

– Oui. Comme je te l'ai dit, soit tu fais un entraînement intensif que ce soit de magie ou de sport qui t'épuise totalement, soit tu apprends à contrôler tes émotions. Mais ça prendra du temps. Tu y arriveras, comme ta mère, expliqua gentiment Sirius. Elle a réussi à contrôler ses émotions et tu le feras aussi.

– Tu penses que la méditation peut aider ?

– Je ne sais pas, dit honnêtement Sirius. Ce n'est pas mon style, mais pourquoi pas ? Tu ne perds rien à simplement essayer.

Harry hocha sa tête.

– Tu es un grand sorcier et ce n'est pas parce que tu perds parfois le contrôle que tu es faible, au contraire. Ça fait de toi quelqu'un d'humain.

Harry n'en était pas sûr et se sentait légèrement anxieux à l'idée d'être aussi sensible à ses émotions. Pourquoi était-il comme ça ? Il se souvenait qu'il avait perdu pied avec Sirius pendant le mois d'août. Il avait tant de colère, tant de peine et de peur en lui. Tout cela à cause des Dursley ? De Poudlard ? Il trouvait ça incroyable de ne pas l'avoir remarqué avant. Il n'était pas fou. Il avait peur que Sirius voie en lui quelqu'un de faible, qui ne savait pas se défendre. Pourtant, il voyait que Sirius semblait avoir en lui une foi immense ce qui lui réchauffait le cœur.

– Tu as produit un Patronus à treize ans Harry ! s'exclama Sirius qui comprit les doutes de son filleul. Même ton père a mis des années à le maîtriser. Ce n'est pas grave de faire des cauchemars.

Harry se perdit dans ses pensées, tandis qu'il pensait à ce qui le faisait perdre pied depuis quelques mois. Il avait entendu ses parents. Il avait entendu son père se sacrifier pour sa mère et lui. Il avait entendu sa mère pleurer en entendant James mourir. Elle aussi, elle s'était sacrifiée pour lui. Tant d'amour... Ils l'aimaient tous les deux, plus que tout.

– Qu'est-ce qui te tracasse ? demanda Sirius en voyant l'air triste de Harry. Je ne voulais pas te parler de ça, mais je pense que c'est important qu'on en discute. Tu n'es pas faible, Harry.

– Quand les Détraqueurs sont près de moi... commença Harry d'une voix anxieuse.

Il avait peur de la réaction de Sirius. Parce que ce que son parrain voyait devait être bien pire que lui.

– Dis-moi... demanda Sirius d'une voix douce.

A l'exception de Remus, personne ne le savait. Harry prit une inspiration en se disant qu'il fallait qu'il en parle. Ça le minait trop pour qu'il garde ça pour lui. Il voyait ses parents en rêve, dans ses cauchemars. S'il voulait apprendre à se contrôler, il fallait absolument qu'il puisse dormir et qu'il ne pense plus à ça.

– J'entends le moment où Voldemort tue mes parents, lâcha Harry en fixant le feu. Voldemort arrive et mon père... il dit à ma mère de fuir parce qu'il va le retenir. Et j'entends Voldemort qui le tue et après... il propose à ma mère... il lui dit qu'elle peut partir, qu'elle ne l'intéresse pas. Mais ma mère... elle se sacrifie pour moi... Elle le supplie de ne rien faire. Et j'entends le rire de Voldemort...

Sirius prit une grande inspiration, sous le choc, le cœur tambourinant de peine, avant de poser une main réconfortante sur l'épaule de Harry.

– Comment tu te sens par rapport à ça ?

Harry souffla de soulagement en voyant que Sirius ne semblait ni en colère ni triste. En fait, il était plutôt inquiet pour lui.

– Triste... mais en même temps... Je n'avais jamais entendu leurs voix, murmura Harry d'une voix cassée. C'était... comme si j'apprenais à les connaître. Et tu sais, mon père s'est sacrifié pour nous. Il lui a dit de fuir pour me mettre en sécurité. Je sais qu'il l'aimait. Et elle aussi. On ne se sacrifie pas pour quelqu'un sans l'aimer.

– Leur dernier acte d'amour aura été de te protéger, Harry, dit Sirius d'une voix cassée avant d'entraîner Harry dans une étreinte. Merci de me l'avoir dit.

– Merci à toi. Je vais parler à Remus, mais je ne te promets rien.

– Prends le temps qu'il te faudra. Je t'assure que tu es un garçon parfaitement normal et que tu vas arriver à gérer tout ça, avec le temps.

Ils restèrent comme ça pendant un long moment, à observer le feu, juste eux deux. Les Survivants.

.

– Maître Harry ? dit Dobby.

Il était dans le salon en train de faire sa traduction de Runes et l'arrivée de Dobby le fit sursauter de peur, renversant son encrier sur son parchemin. D'un coup de baguette, Sirius épongea l'encre qui s'était déversée.

– Oui, Dobby ?

– Maître Harry a dit à Dobby qu'il rencontrerait les autres elfes de maison pendant les vacances de noël.

– J'avais oublié ça, avoua Harry en grimaçant.

– Je peux les faire venir ?

– Oui.

Deux elfes se présentèrent à Harry et le saluèrent en se baissant, le nez presque sur le sol. Ils semblaient enchantés de le rencontrer. Harry les trouva tout de suite très sympathiques. Il y avait Mifsti qui était la plus ancienne elfe de la famille Potter et Elti qui était son fils. Son mari était décédé il y a quelques années.

Mifsti était heureuse de revoir Sirius qu'elle avait connu quand il était venu s'installer chez les Potter. Elle lui assura qu'elle n'avait jamais cru en sa culpabilité, ce qui sembla toucher Sirius. Harry refit le lien et leur donna les mêmes consignes qu'il avait données à Dobby. Mifsti semblait très heureuse qu'un Potter reprenne les rênes.

– Combien ai-je de maison, en fait ? s'enquit Harry.

– Vous en avez cinq, Maître Harry, dit Mifsti.

– Oh. On peut les visiter ?

– Evidemment, Maître Harry, dit Mifsti qui semblait amusée. Nous pouvons vous faire transplaner dans vos trois autres domiciles d'Angleterre. Vous avez également deux maisons à l'étranger, mais il vous faudra utiliser un Portoloin international pour y accéder. L'une est en Amérique puisque Maîtresse Lily y a effectué des recherches pendant quelques mois.

Harry regarda Sirius qui confirma d'un signe de tête.

– Les Américains avaient développé un centre d'étude sur les Sortilèges. Lily a adoré y vivre, même si ça n'a pas duré longtemps. Elle y est restée quatre mois, puis nous sommes partis en Roumanie et elle est tombée enceinte. La maison était assez simple, si je me souviens bien.

– Oui, c'est la plus petite maison des Potter, confirma Mifsti. L'autre maison à l'étranger se trouve en Suisse. Les Potter faisaient beaucoup d'affaires là-bas. Ces deux maisons n'ont toutefois plus d'elfes et, si vous souhaitez vous y installez, il faudra nous informer pour que nous y effectuions des travaux.

Harry acquiesça.

– Tu penses que tu peux t'en occuper ? demanda-t-il à Sirius.

– Evidemment ! J'en serai ravi.

Harry avait en effet remarqué à quel point Sirius adorait la décoration. Il avait tout planifié pour la Villa Bleue et avait bon goût. Il ne voulait pas que ses autres maisons pourrissent et Sirius semblait être le plus à même de s'occuper de tout cela pour le moment.

– Ça ne va pas trop t'encombrer ?

– Pas du tout, assura Sirius.

– Et en Angleterre ?

– Vous avez la Villa Bleue, énonça Mifsti. Ensuite, la grande maison s'appelle le Flâneur, c'est de là que vient le nom des Potter. Les parents de Maître James y habitaient.

– La maison ? Le château tu veux dire ? ricana Sirius. C'est immense. Pas étonnant que James ait eu la grosse tête après ça. Je suis content que tu aies choisi de vivre ici, le château est trop... trop.

– Maître James et Maîtresse Lily ont également préféré habiter à la Villa Bleue, confirma Mifsti.

– Mes parents ont vécu ici ? dit Harry d'une voix tordue par l'émotion.

– En effet.

– Mais Godrics Hollow ? dit-il en fronçant ses sourcils.

– Ils y ont vécu uniquement pour se cacher, expliqua Sirius. Ils étaient très heureux à la Villa Bleue, mais ce n'était pas sûr parce que tout le monde savait qu'ils y habitaient. Quand on l'a rénové avec Kreattur et Dobby la maison avait été saccagée, sans doute par des adeptes de Voldemort.

– Oh. Et pourquoi ils ne sont pas allés au Flâneur si c'est si bien protégé ? demanda pertinemment Harry.

– Ils y sont resté quelques mois en partant de la Villa Bleue, dit Sirius d'un ton triste. Ils y ont été attaqués. Ils sont passés très près de la mort et se sont même battus contre Voldemort lui-même, frissonna-t-il perdu dans ses souvenirs. C'est à ce moment qu'on a compris qu'il y avait un traitre dans l'Ordre. Et un traitre très proche de nous... En tout cas, avant tout ça, ils étaient très heureux à Villa Bleue.

Harry sourit, soulagé de savoir qu'il arpentait les mêmes lieux où ses parents avaient été heureux, avant que la guerre n'assombrisse et ne détruise leur futur.

– Je m'occupe du Flâneur avec Elti, continua l'elfe. Vous pourrez évidemment vous y installer si vous le souhaitez.

– Tu souhaites rester travailler là-bas ? demanda Harry.

– Oh oui. Mifsti est très contente de s'occuper de la maison des Potter. Il y a beaucoup à faire.

– Ils avaient des serres magnifiques, se souvint Sirius.

– Nous faisons pousser toutes sortes de plantes qui sont à la disposition de Maître Harry quand il le désire, confirma Mifsti.

– Et il y a un terrain de Quidditch, ajouta Sirius en rigolant.

– Cool ! siffla Harry les yeux écarquillés. Et la troisième ?

– Il s'agit d'un appartement sur le Chemin de Traverse. Il n'y a aucun elfe de maison qui y habite et il faudra sans doute y faire des travaux.

– C'est là où j'ai vécu en sortant de Poudlard, expliqua Sirius avait un petit sourire rêveur. Ton grand-père m'a laissé m'y installer gratuitement. Quel homme... Il t'aurait beaucoup plu.

– Vous pouvez appeler Mifsti dès que vous en avez besoin, assura l'elfe en souriant largement. La maison sera prête à vous accueillir dès que vous le souhaiterez.

– Nous viendrons peut-être pendant les grandes vacances ? suggéra Harry en coulant un regard vers Sirius.

Mifsti hocha la tête et disparut dans un pop sonore. Harry se sentait épuisé par toutes ces informations. Il savait qu'il devait y avoir beaucoup de souvenirs dans le Flâneur et ne se sentait pas d'y aller maintenant.

– Ça ne te dérange pas ? s'enquit Harry.

– Pas du tout, assura Sirius. Nous irons quand tu te sentiras prêt.

Ils discutèrent longuement des grands-parents de Harry. Ce dernier s'endormit dans son assiette et Sirius le transporta dans sa chambre en se demandant ce qu'il avait fait pour avoir un filleul aussi incroyable.

.

Harry lisait le journal qui expliquait que Sirius était innocent et avait quitté Azkaban pour protéger son filleul de Pettigrow. Harry adorait le journaliste qui avait pris en charge l'affaire Black. Il était très clair, concis et très convaincant. Accentuer le fait que Sirius s'était échappé pour le protéger était un coup de génie qui allait beaucoup apporter, que ce soit pour le procès ou la demande de garde.

– Il fait un super travail, reconnut Sirius qui observait son filleul.

Ils s'étaient installés sur le table du salon, face à la mer, ayant du mal à travailler chacun dans leur chambre. Ils avaient besoin d'être ensemble.

– Susan m'a dit qu'Amelia collectionnait tous les articles en prévision du procès.

Sirius sourit malicieusement.

– Susan, n'est-ce pas ? releva-t-il en haussant un sourcil amusé.

– Arrêtes. C'est une amie.

– Mais oui, évidemment.

Le ton ironique de Sirius ne lui échappa pas, mais il fit comme s'il n'avait rien entendu.

– Qu'est-ce que tu fais ? demanda Harry en voyant que Sirius était plongé dans des tas de papiers.

– C'est la liste des investissements des Black et des Potter, soupira Sirius. Je commence à y regarder comme j'ai du temps.

– Je peux regarder ?

Sirius lui tendit un paquet de parchemins sur lequel était inscrit le nom de "Potter". La liste était impressionnante et était remplie d'informations que Harry ne comprenait pas. Il y avait des chiffres, des pourcentages, des lettres...

– Heu... Tu arrives à comprendre ça ?

– Bien sûr, s'amusa Sirius. J'ai été formé à reprendre les affaires des Black pendant mon enfance. Jusqu'à mes quinze ans du moins. J'ai oublié deux trois choses, mais les gobelins m'ont bien aidé.

– Tu es en contact avec les gobelins ? demanda Harry un peu surpris.

– Oui. C'est comme ça que j'ai récupéré les carnets de ta mère. Tu m'avais dit qu'ils me pensaient innocent, donc ça a été plutôt simple. J'ai parlé avec Bogrod qui est ton conseiller, il m'a donné accès aux investissements des Potter et à tes comptes pour que je puisse les gérer à distance. J'ai un peu perdu la main, mais ça va vite revenir. Alan m'a aussi aidé pour quelques trucs juridiques.

– Et ça consiste en quoi exactement le boulot de tuteur ?

Sirius balança sa chaise sur deux pieds en repoussant les feuilles loin de lui.

– Ça consiste à s'assurer que tu aies de l'argent quand tu seras majeur, que tes comptes soient bien gérés. Comme tu as beaucoup de parts, dans diverses sociétés sorcières, il faut que je m'assure que ces sociétés te paient bien ce qu'elles doivent te payer. Il faut aussi conclure de nouvelles alliances, garantir les autres. Cette partie a été suspendue pendant mon emprisonnement, mais les gobelins se sont assurés que toutes les dettes soient payées.

– Oh, je vois, dit Harry qui trouvait ça très complexe. Et moi je dois faire quelque chose ?

– Pour le moment, non. Une fois le procès passé nous irons à Gringotts pour faire un point. Si tu m'y autorises, je vais m'assurer que les alliances soient maintenues, en conclure de nouvelles. Et ensuite, eh bien, je vais te former.

– Me former ?

– Oui, pour quand tu seras majeur. Tu auras tous les comptes et investissements pour toi et il faut que tu saches quoi en faire.

– Je suis obligé ? souffla Harry en grimaçant.

– Non, bien sûr que non, assura Sirius. Je ne t'obligerais à rien. Mais tu verras, c'est moins compliqué qu'il n'y paraît. Et c'est très important pour la fortune des Potter.

– On pourra aller dans le coffre des Potter ?

– Je pense que oui, dit Sirius. Je suis moi-même allé plusieurs fois dans le coffre des Black, pour ma formation. Je pense qu'on pourrait y faire un tour pour voir ce qu'il y a dedans.

– Qu'est-ce qu'il y a dans les coffres ?

– Tout un tas de choses. Des souvenirs de familles, des armes, des livres, des photos... Tout ce qu'une personne veut mettre en lieu sûr. Je pense que ton père s'était assuré que tu puisses tout récupérer le moment venu, dit Sirius.

– Cool. Bogrod m'a dit que je pouvais accéder aux biens du coffre.

– Ça ne m'étonne pas de tes parents. Tu vas voir, c'est très amusant, on trouve toujours des trésors cachés d'une vieille tante folle, rit Sirius. C'est sans doute mieux que dans le coffre des Black où tu ne dois toucher à rien par peur de subir une malédiction sur dix ans.

– Charmant.

– Il y a un dragon qui garde ton coffre.

– Un dragon ?! s'exclama Harry les yeux écarquillés.

– Les Potter sont très riches, expliqua Sirius. Les Black en ont également. C'est de là qu'est venue toute mon inspiration. Tu veux regarder avec moi rapidement ?

– Heu, j'ai des Runes à faire.

– Mhm. On en parlera plus tard, souffla Sirius qui se souvint que lui-même n'aimait pas ce genre de cours quand il était plus jeune. J'essaierai de rendre ça plus sexy.

– Ça m'étonnerait que tu y arrives, grinça Harry qui trouvait ça terriblement barbant.

– Il y pourtant des investissements que tu vas adorer, assura Sirius en lui montrant un contrat entre les Potter et la société Nimbus. Ne t'inquiète pas, tu y prendras vite goût.

.

Alan et Amy attendaient impatiemment l'arrivée de Sirius Black et Harry Potter.

– Je n'en reviens pas, dit Amy pour la troisième fois.

Alan soupira, mais ne releva pas. Il devait avouer qu'il était lui-même impatient à l'idée de rencontrer le garçon-qui-avait-survécu et de voir quelles relations il entretenait avec Sirius.

– Harry Potter, soupira Amy les yeux rêveurs. Vous savez que mes parents...

– Je sais, dit sèchement Alan. Ça fait trois fois que vous me racontez que vos parents vous ont lu les histoires de Harry Potter quand vous étiez petite.

– Pas la peine d'être désagréable.

Alan lui jeta un regard furieux, prêt à lui dire qu'il restait son patron, quand des flammes vertes éclairèrent la cheminette. Alan se redressa, prêt à accueillir son client. Un petit garçon brun apparu dans l'âtre de la cheminée, vacilla, avant de s'étendre abruptement sur le parquet. Amy poussa une exclamation inquiète alors que le brun se relevait difficilement, un peu sonné.

– Ça va, grommela-t-il en attrapant la main tendue d'Amy.

– Vous allez bien ?

– Oui, merci, dit Harry en grimaçant, époussetant sa robe remplie de suie. Euh... ajouta-t-il en croisant le regard d'Amy.

– Amy. Je suis l'assistante de Maître Maxwell. Vous devez être Mr Potter ?

– Appelez-moi Harry, dit-il en tendant sa main.

– Si tu m'appelles Amy, dit-elle au mépris de toutes les règles protocolaires que lui avait imposées Alan depuis son arrivée dans le cabinet chargé par l'air gauche du petit brun.

Harry s'apprêtait à dire bonjour à Alan, quand la cheminette s'illumina. Sirius sortit de l'âtre avec une grâce inimitable, l'air serein, aucune trace de suie sur ses vêtements. Amy laissa échapper un soupire de satisfaction.

– Je te déteste, murmura Harry ébahi.

– Le talent, le talent. Tu ne peux pas comprendre, s'amusa Sirius qui ébouriffa les cheveux de son filleul.

Harry leva ses yeux au ciel en voyant Sirius se vanter à ce point.

– On y va Mr Potter ? s'enquit Alan après avoir salué la petite famille.

Harry jeta un regard anxieux à son parrain qui lui fit un clin d'œil rassurant.

– Amy, je vous ai déjà parlé de mon voyage à dos de dragon ? demanda Sirius en se tournant vers l'assistante.

– Non, mais j'adorerai l'entendre, assura-t-elle en rigolant.

– Elle sait que ce n'est pas vrai au moins ? murmura Harry à l'avocat.

– Tout le monde a besoin de rêver, Mr Potter, répondit Alan amusé.

Harry et Alan s'installèrent dans le petit salon attenant au bureau de l'avocat, se jaugeant du regard.

Alan n'avait pas d'à priori sur Harry Potter, préférant jauger les personnes de visu. Mais il était surpris de voir à quoi il ressemblait. Il le trouvait petit et pas très impressionnant pour quelqu'un qui avait tué le plus grand mage noir quand il n'était encore qu'un bébé.

– Un thé ? demanda Alan.

– Non, merci.

– Sirius m'a indiqué qu'il voulait obtenir votre garde.

– Oui, confirma Harry. Vous pensez que c'est possible ?

– Est-ce vraiment ce que vous souhaitez ? s'enquit Alan.

– Bien sûr ! affirma Harry avec véhémence. C'est tout ce que je veux.

Alan fut surpris, mais ne laissa rien paraître.

– Pourquoi ?

– Pourquoi quoi ? soupira Harry qui sentait que l'homme ne le prenait pas au sérieux.

– Pourquoi vous voulez que Sirius ait votre garde. Il a été en prison pendant douze ans et...

– Il est innocent ! interrompit Harry avec fureur.

Quand Alan vit Harry prêt à défendre Sirius à ce point, les yeux brillants d'une détermination peu commune, il se dit qu'il avait sans doute mal jugé Harry. Il avait l'air d'être très attaché à Sirius.

– Je le sais, je le sais, dit doucement Alan pas impressionné par cet éclat de voix. Mais quand il s'est présenté à vous, il était encore considéré comme un criminel. Qu'est-ce qui a pu se passer pour que vous en veniez à le considérer comme quelqu'un susceptible de demander votre garde.

Harry éclata d'un rire sans joie. Sirius lui avait dit qu'on pouvait lui faire confiance, même s'il semblait difficile à appréhender.

– C'est simple. Les Dursley sont horribles.

Et il lui raconta tout, recoupant tout ce que Sirius avait déjà dit à Alan.

– Je vois, dit finalement Alan qui semblait légèrement ébranlé à l'idée que le garçon-qui-a-survécu ait vécu de telles choses.

– Vous pouvez faire quelque chose ?

– Ça ne sera pas simple, mais je vais essayer.

Alan lui raconta rapidement le plan qu'il avait prévu et Harry se détendit légèrement. A la fin de l'entretien il en vint à l'idée qu'il n'aimait pas beaucoup l'avocat mais qu'il semblait compétent. Et c'était tout ce qui comptait.

– Vous allez l'innocenter, n'est-ce pas ? demanda avidement Harry.

– Je vais tout faire pour y arriver, Mr Potter.

Alan se dit que, décidemment, cette petite famille le faisait remettre en question toutes ses croyances, mais que le garçon-qui-a-survécu était simplement un gamin. Un gamin qui avait déjà vécu trop de choses difficiles.

.

– Tu ne m'as pas encore parlé de l'opération Puzzle, dit Harry alors que Sirius était concentré pour poser sa carte.

– Tu veux me faire perdre.

– Absolument pas, dit sournoisement Harry alors que la carte de Sirius explosait dans ses mains.

– Je te déteste.

Harry ricana en empochant les bonbons qui étaient en jeu.

– J'ai trouvé pas mal de choses, admit Sirius en sortant son petit carnet que lui avait offert Harry et qui ne le quittait plus. Tu peux y jeter un œil, mais ce n'est pas joli à voir. Même moi qui m'y connais en Magie noire, ça dépasse l'entendement.

– Je te fais confiance, grimaça Harry voyant Sirius frissonner de dégoût.

– Ma mère m'a donné beaucoup d'informations sur Tom Jedusor. Maintenant j'attends d'être innocent pour aller discuter avec certaines personnes.

– Certaines personnes ?

– Oui, des personnes qui auraient eu des contacts avec Tom Jedusor quand il n'était pas encore Voldemort. Je pense notamment à un ancien professeur à moi. Ils étaient apparemment très proches et je me demande... Je ne sais pas, mais ça vaut le coup de tenter.

– Tu ne vas pas faire ça tout seul ! dit Harry effaré.

– Non. Non, bien sûr que non. Je ne serai pas de taille à y faire face à un Horcruxe tout seul. Il va me falloir une équipe.

– Une équipe ? s'amusa Harry. On parle d'une bataille contre l'âme de Voldemort, pas d'un match de Quidditch.

– C'est le même principe, ricana Sirius. Les morceaux d'âmes c'est le Vif d'or. Pour l'attraper il me faut des batteurs qui me protègent et des poursuiveurs qui détournent l'attention.

– Tu as des idées en tête ? Je peux en être ?

Sirius lui jeta un regard glacé qui fit perdre son sourire enjoué à Harry.

– Hors de question. Tu en as déjà éliminé un, ça ne te suffit pas ?

– Je peux aider.

– Je préfèrerais que tu profites de ton enfance, grinça Sirius. De toute façon tu es trop jeune pour utiliser la magie en-dehors de Poudlard.

– Tu penses prévenir les autorités ?

– Tu penses aux Aurors ? Je ne sais pas. Je sais que Amelia Bones est une bonne personne, mais je ne connais pas le Chef des Aurors... Et s'il ne me croyait pas ?

– Tu peux toujours essayer, dit Harry. C'est quand même leur travail de s'occuper de la magie noire, non ?

– En effet. Mais bon, il faut que ça reste relativement secret.

– Raison de plus pour n'en parler qu'à peu de personnes.

– Comment tu peux dire ça alors que tu viens de me proposer d'en être ?

– Parce que je savais que tu refuserais, s'amusa Harry. Je n'ai pas plus envie que ça de m'approcher des morceaux de Voldemort. Un m'a suffi. Mais je ne veux pas que tu sois blessé...

– Je vais les rencontrer après les vacances, je pourrais leur en parler, reconnut Sirius.

– Attends de voir s'ils sont de confiance.

– Et Remus ?

Harry sourit malicieusement comme s'il s'était attendu à ce que son parrain lui pose la question.

– Quoi, Remus ?

– Est-ce que je peux lui dire ?

Harry leva ses yeux au ciel.

– Pourquoi tu ne pourrais pas ?

– Parce qu'on est une équipe, dit franchement Sirius. Je ne veux pas que tu t'impliques plus que ça, mais je veux te tenir au courant. Je t'ai promis de ne pas te mettre de côté et ça veut dire que tu vas m'aider à choisir la meilleure équipe. Je ne ferai rien sans ton accord.

– Ça me touche, admit Harry. Mais tu n'as pas besoin de mon avis pour Remus, je pensais que c'était évident qu'on allait lui parler de tout ça.

Sirius se sentit soulagé, comme si un poids s'ôtait de ses épaules. Il ne s'était pas vu cacher à Remus une telle chose, alors que lui-même semblait persuadé que Voldemort était de retour.

– Il a les compétences, admit Sirius. Il ne connaît pas trop la magie noire, mais il était très bon en Défense. Je pense qu'il peut aider. Je vais lui en parler.

– On a besoin de Remus, confirma Harry. Tu réfléchis pour Amelia et Scrimgeour, ensuite on avisera...

– Merci, Harry.

– Pas de quoi. C'est à ça que sert une équipe. On fait la revanche ? dit Harry en battant les cartes.

.

– On va être en retard ! fit Harry en grimaçant.

– Mais non. Richard m'a dit qu'il nous attendait pour vingt heures.

– Il est déjà vingt heure quinze, Sirius.

Sirius leva ses yeux au ciel en enroulant une mèche de cheveux de Harry autour de sa baguette.

– C'est peine perdue.

– Je te rappelle que j'ai été ami avec ton père. Je sais coiffer un Potter.

Harry essaya de s'enfuir, mais Sirius le retenait fermement.

– Arrêtes de gigoter !

– Mais c'est nul.

– Les parents sont nuls, dit philosophiquement Sirius.

– Hermione me connait. Elle n'a pas besoin que je sois coiffé.

Sirius souffla, retint Harry quelques minutes avant de s'écarter d'un air satisfait. Ce n'était pas parfait, mais il n'avait pas perdu la main. Les cheveux de Harry, loin de leur capharnaüm habituel, étaient savamment ébouriffés. Harry dut admettre que ce n'était pas simal que ça.

Sirius l'avait forcé à mettre une chemise qui lui grattait les bras. Harry se sentait ridicule. Il avait refusé catégoriquement le nœud papillon proposé par Sirius et se sentait étrange dans ses nouveaux habits, propres et à sa taille. Choses qu'il n'avait jamais eues.

– Les robes sorcières me manquent.

Sirius ricana sans montrer qu'il regrettait ce qu'il faisait subir à son filleul. Il portait une chemise noire qui lui allait parfaitement bien.

– Allez, on y va. Dépêche-toi, on va être en retard, fit malicieusement Sirius.

Harry leva ses yeux au ciel. Sirius avait insisté pour qu'ils se préparent pendant des siècles. Tout ça pour le dîner chez les Granger. Harry trouvait ça hallucinant. Comment un homme ayant passé douze ans à Azkaban pouvait s'inquiéter de sa tenue ? Surtout pour les Granger. Harry était sûr que, même en pyjama, Hermione l'aurait accueilli avec plaisir.

– C'est une question de principe, expliqua Sirius. On n'arrive pas chez les gens en souillons.

– On croirait entendre ta mère.

– Tu devrais surveiller ton langage quand tu parles aux adultes, grinça Sirius en lui donnant un coup de coude.

Il n'avait pas été rare que Harry utilise la cheminée de la Villa Bleue pour se rendre au Square Grimmaurd afin de discuter avec la mère de Sirius. Si elle avait toujours ses vues sur les moldus, elle l'avait beaucoup aidé à comprendre les vues des Sang Pur et leur peur de voir leur monde chamboulé. Et elle adorait se plaindre de ses deux enfants, ce qui était très distrayant.

– Dobby ! appela Harry distinctement.

Le petit elfe apparut et prit la main de Harry et Sirius pour les mener chez les Granger. Harry jeta un dernier coup d'œil à la maison qui allait lui manquer quand il serait à Poudlard. Mais c'était pour peu de temps, se rassura Harry.

– Les elfes ont l'habitude de transporter les sorciers comme ça ? demanda Harry.

– Non, Maître Harry.

– Les sorciers ont toujours sous-estimé le pouvoir des elfes, fit Sirius.

Ils disparurent dans un tourbillon de couleurs. Harry sentit ses deux pieds se poser sur le sol, mais sa tête ne suivit pas. Tout tourna autour de lui et il sentit à peine ses genoux faiblir. Il se rendit compte qu'il était tombé par terre en voyant le parquet boisé devant lui. Sirius rigolait tellement qu'il se tenait les côtes. Richard, le père de Hermione, se retenait visiblement de sourire.

– Comment tu as fait pour tomber? fit Sirius. Il n'y a même pas de secousse.

– Voyons ! Ne te moque pas de ce pauvre enfant ! fit Karen outrée.

Harry sentit une main douce se poser sur son bras. Il l'attrapa et se retrouva face à son amie Hermione. Elle avait relevé ses cheveux en un chignon haut et Harry la trouva très jolie.

– Salut, Harry. Tu sais faire tes entrées.

– Et encore, tu n'as pas vu quand il prend la cheminette, ricana Sirius en saluant Hermione.

– Tu as coiffé tes cheveux ? souffla Hermione en le regardant.

– Sirius, grommela Harry. Tiens, joyeux noël.

– Oh ! fit Hermione en rosissant. Mais j'ai déjà reçu le livre que tu m'as acheté, Potions de grands succès.

– Je parie que tu l'as déjà lu ?

Hermione rougit et son silence parla pour elle. Elle ouvrit le petit paquet et fut surprise d'y trouver une magnifique plume d'hippogriffe.

– Tu m'avais dit que tu n'avais plus de plume, expliqua Harry.

– Merci, Harry. Elle est magnifique, dit Hermione en souriant.

Sirius donna une bouteille de vin sorcier à Richard et des fleurs à Karen.

– Ce sont des fleurs magiques ? demanda Karen un peu inquiète.

– Non, rit Sirius, ça vient du fleuriste de notre village.

– Tu as réussi à sortir comme ça ? demanda Richard intéressé en saluant chaleureusement Sirius.

– Harry a été les choisir. Je peux me transformer, mais je ne voulais pas prendre le risque.

– C'est une bonne chose, confirma Karen. Comment se sont passées vos vacances ?

– Splendides. Et les vôtres ?

– Parfaites, confirma Richard. Installons-nous.

Harry prit place aux côtés de son amie.

– Tu as pris des couleurs, remarqua Hermione.

– Oui. On habite dans une maison proche de la mer.

– Ça a l'air génial.

– C'est la première fois que je voyais la mer, avoua Harry avant de raconter ce qu'ils avaient fait pendant les vacances.

Karen pinça ses lèvres. Elle avait été touchée par ce que sa fille lui avait raconté et ne comprenait pas comment des gens pouvaient délaisser à ce point un membre de leur famille.

– Et vous ? demanda Sirius.

Hermione se lança dans une liste de toutes les choses qu'elle avait faites avec ses parents. Elle semblait heureuse d'avoir pu passer du temps avec eux.

– On ne la voit pas assez souvent, grommela Richard.

– C'est trop long, confirma Sirius. Je ne m'en étais pas rendu compte avant d'avoir Harry. Oh, vous supportez l'équipe de Manchester ? dit-il en remarquant l'écharpe de l'équipe de football accrochée sur un portant.

– Hermione supporte l'équipe, dit Richard amusé.

– J'adore le foot, admit Hermione en rosissant.

– Comment tu peux aimer ça et pas le Quidditch ? fit Harry intrigué.

– Le Quidditch est trop dangereux.

– Vous pouvez me rappeler ce qu'est le Quidditch ? demanda Karen.

Harry se fit un plaisir de lui expliquer toutes les règles du jeu et les différents matchs qu'il avait pu pratiquer ou voir. Karen semblait horrifiée par l'existence des cognards.

– Ça a l'air fantastique, dit Richard rêveur. Quel dommage que nous ne puissions pas venir à Poudlard.

– Il y a toujours les matchs de la Coupe de la Ligue, dit Sirius. Je pourrais t'y emmener si je suis déclaré innocent.

– Quand tu seras déclaré innocent, dirent Harry et Hermione d'une même voix.

– Je suis ravi de voir que les enfants sont plus optimistes que moi.

– Peter Pettigrow a été arrêté, il a avoué, je ne vois pas ce qui pourrait mal tourner, affirma Hermione. Et le Chef des Aurors te croit innocent.

– C'est ce que j'ai entendu dire. Comment tu as trouvé Scrimgeour ? s'enquit Sirius en regardant la petite sorcière.

– Intriguant, répondit Hermione. Il a l'air très compétent. Harry m'a fait passer quelques articles et il semble que la Gazette soit de ton côté.

– C'est ce que j'ai vu, fit Sirius. Mais je préfère ne pas m'emballer. Il faut encore que j'attende trois mois.

– Pourquoi aussi tard ? s'enquit Richard.

– Je te l'ai dit, papa, soupira Hermione. C'est le directeur qui a fait traîner les choses.

Harry dévisagea Hermione en se demandant quand elle avait arrêté de vénérer le directeur.

– Je ne comprends pas, dit Richard en fronçant ses sourcils. Le directeur d'une école est aussi le président d'un tribunal ? Ce n'est pas incompatible ?

– Oh si, fit Sirius. Pour les moldus ça l'est. Dans le monde magique on est moins regardant. Et Dumbledore est un grand sorcier. C'est une sorte de récompense pour services rendus à la société sorcière.

– Comment peut-il faire les deux ?

– Je crois que c'est un vampire, il ne dort pas, dit Harry d'un ton sérieux.

– Parle-moi des cours, Harry, fit Karen alors que Sirius et Richard débattaient du système politique magique.

Harry discuta avec Karen de tous les cours qu'ils avaient. Elle semblait ravie d'en savoir plus sur ce que sa fille faisait.

– Hermione ne parle jamais du monde sorcier, se plaignit Karen.

Harry se sentit rougir. Il savait qu'elle n'en parlait pas parce qu'elle avait peur de ce qu'elle pourrait leur révéler. Harry avait prévenu Sirius : les Granger ne savaient pas quels dangers ils avaient affrontés et ne devaient pas le savoir. C'était trop dangereux, trop compliqué à comprendre.

– Je pense que c'est difficile pour Hermione parce qu'elle est entre deux mondes, dit Sirius sérieusement. La maman de Harry était aussi une née-moldue.

– Vraiment ? fit Karen intéressée.

– Oui. Elle ne parlait jamais du monde sorcier à ses parents et vice-versa. Je ne l'ai entendu parler des objets moldus que quand nous sommes devenus réellement proches.

– Mais pourquoi ? N'avons-nous pas des choses à prendre de chacun ? demanda Richard interloqué.

– Le monde sorcier est très replié sur lui-même. Il ne veut pas s'étendre. Les nés-moldus n'ont pas trop le choix. Soit ils se fondent dans le moule des sorciers, soit ils retournent dans le monde moldu.

– Donc ils ne peuvent pas être les deux ?

– Si, mais c'est difficile, reconnu Sirius. Hermione a des codes moldus et dans le monde sorcier elle peut se sentir perdue. Heureusement, elle a une grande capacité d'adaptation, mais certains nés-moldus n'arrivent jamais à se faire à leur nouveau monde.

– Pourquoi ne pas s'ouvrir aux nés-moldus ?

– La peur, dit Sirius.

Hermione semblait vouloir détourner la conversation, mais Richard semblait très intéressé par les explications de Sirius.

– Nous sommes un petit monde. Nous avons nos spécificités. Si les moldus arrivent ils vont vouloir tout changer, selon certains, et détruire à terme le monde magique. Je pense au contraire que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres.

Richard et Karen semblaient tristes à l'idée que leur fille ait du mal à trouver sa place. Et ils ne pouvaient pas l'aider, ce qui était le plus difficile.

– Mais Hermione me semble être une jeune fille très intelligente, elle va arriver à trouver sa place comme la mère de Harry, assura Sirius.

Hermione sourit en remerciant Sirius du regard, avant d'orienter la conversation vers des sujets moins inquiétants.

.

Les au-revoir avec Sirius furent déchirants, mais moins pires que les précédents. Harry savait que Sirius allait tout faire pour avoir sa garde et qu'il voulait réellement vivre avec lui de façon définitive. Harry avait confiance en lui. Ce n'était qu'un au-revoir.

– Fais attention à toi, supplia Sirius.

– Toi aussi. Prends contact avec les Aurors. Ou au moins avec Amelia Bones.

– Promis. Passe-moi un coup de miroir si ça ne va pas. Mange bien et...

La tirade de Sirius fut interrompue par Harry qui fit un câlin à Sirius.

– Toi aussi tu vas me manquer.

– Tu me manques déjà trop, grimaça Sirius. On se voit au procès.

– Ne fais rien d'inconsidéré.

– Jamais, assura Sirius.

.

Les Granger avait préparé une chambre pour Harry, mais il eut du mal à trouver le sommeil sans le bruit des vagues en toile de fond. Il tournait et virait dans son lit. Il entendit frapper et eut la surprise de voir Hermione se faufiler dans sa chambre.

– Je n'arrivais pas à dormir, expliqua Hermione. Raconte-moi tout.

Harry lui raconta en détail ses vacances, alors qu'elle s'installait en tailleur sur le lit, face à lui.

– Il est très gentil, dit Hermione qui semblait très heureuse à l'idée que Harry ait passé un bon moment avec son parrain.

– C'est le meilleur. Je suis si content qu'il soit resté avec moi.

– Tu as l'air en forme. Ça fait plaisir à voir.

– Je suis simplement déçu que le procès soit si tard. J'espère qu'il ne fera rien d'inconsidéré.

– Comme toi ? dit malicieusement Hermione.

Harry rougit légèrement, sachant qu'il pouvoir être aussi impulsif que Sirius.

– Tes parents, ils ne savent rien du tout ? demanda Harry.

– Je ne veux pas leur faire peur.

– Tu sais, ils seraient rassurés si tu leur parlais un peu. Qu'est-ce que tu leur dis quand tu es avec eux ?

– Je parle des cours, mais rapidement. De mes amis. En fait je fais comme s'il s'agissait d'une école normale. Ils ont été terrifiés quand j'ai été pétrifiée.

– Ils ont été informés ?

– Le professeur McGonagall. Ils ne voulaient pas que je revienne cette année. Mais le directeur leur a envoyé une lettre d'excuses. Mais sinon, non, ils ne savent rien. Ils ne savent rien sur ce qu'on a fait en première année, ni sur le Polynectar ou sur le basilic. Ils pensent que c'était simplement un mauvais sort. Et ils ne savent rien sur le fait que tu as joué un rôle dans tout ça.

– Je pense que c'est la meilleure chose... Mais ils sont tristes de ne pas connaître cette autre partie de ta vie.

– J'ai juste peur de mélanger les deux mondes. Ils avaient l'air si terrifiés et...

– Ce sont tes parents, dit Harry amusé. Ils s'inquiètent pour toi. J'ai eu l'impression que Sirius les avait rassurés.

– Oui. C'est bien qu'ils parlent avec un sorcier adulte.

– Même s'il s'agit d'un criminel ?

– Ils sont au courant que ce n'est pas un criminel. Je leur ai parlé dès que tu as attaqué Pettigrow.

Harry sourit en voyant à quel point elle avait été prévoyante. Comme toujours.

– Je vais essayer de leur parler plus souvent, assura Hermione qui se rendait compte à quel point pouvoir parler de Poudlard était agréable. Ils avaient l'air heureux d'en savoir plus.

– Je peux te prêter Hedwige sans problème. Je sais que tu n'as pas de hibou.

– Ça serait super ! souffla Hermione.

– J'aime bien raconter mes journées à Sirius, tu vas voir ça va te faire du bien de pouvoir discuter plus souvent avec eux. Si tu ne veux pas inquiéter tes parents, tu peux juste remplacer "potions" par "chimie" par exemple. Mais tu es une sorcière et une née-moldue, tu ne pourras pas changer ça. Tu peux simplement faire en sorte que les deux mondes se rencontrent.

– Tu as raison. J'ai voulu tout cloisonner, mais c'est trop difficile. Il faut que je comprenne que je n'appartiens ni à l'un, ni à l'autre, mais aux deux. Et mes parents sont si heureux que je sois une sorcière.

– Tu vas trouver l'équilibre, promis Harry.

– Tu as eu des nouvelles de Dumbledore ? enchaîna Hermione un peu inquiète.

– Non.

– Je trouve ça scandaleux qu'il ait repoussé le procès, dit Hermione. Je suis persuadée que c'est parce qu'il ne voulait pas que toi et Sirius passiez noël ensemble.

– Mais pourquoi il ferait ça ? Et tu n'es pas censée vénérer l'autorité ?

– Si. Mais là c'est trop. Je ne sais pas pourquoi il fait ça, mais je n'aime pas ça.

– La mère de Sirius m'a dit la même chose.

– C'est un bon directeur. Mais il fait tous les mauvais choix avec toi.

– Je ne sais pas trop. Ce n'est qu'un procès après tout. Et puis, quand Sirius sera innocenté tout ira bien.

– Il va pouvoir avoir ta garde ?

– Il faut qu'il en fasse la demande, pourquoi ?

– Dumbledore tient à ce que tu retournes chez les Dursley, pointa Hermione. Pour les protections de ta mère.

– Il ne s'opposerait pas à ça. Il fait ça parce qu'il a peur que Sirius soit un peu perturbé par son emprisonnement. Mais quand il sera innocenté, Dumbledore ne posera pas de problème, assura Harry.

Hermione grimaça, mais n'ajouta rien, peu convaincue.

– Il t'a quand même laissé là-bas alors qu'il sait que ça ne se passe pas bien chez eux. Je ne comprends pas pourquoi il s'implique autant dans ta vie.

– Je ne sais pas, Hermione.

– En tout cas, tu as l'air heureux avec Sirius.

– Il est génial.

Le parquet grinça, ce qui fit sursauter les deux amis.

– Je vais retourner dans ma chambre, dit Hermione en chuchotant. Si mes parents me voient ici je serais consignée à vie !

– Demain, tu pourrais vérifier mon devoir de Potions dans le train ?

– Uniquement si tu vérifies mes Runes, s'amusa Hermione en sortant de la chambre à pas de loup. Bonne nuit.

– Bonne nuit, Hermione.

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